Une semaine que j’ai commencé ce carnet
– Note écrite à 19 ans
Une semaine que j’ai commencé ce carnet
– Note écrite à 19 ans
10 h 45. Je suis dans le bus, à l’arrêt, attendant qu’il démarre. Ce matin : pas allé en cours. Allé à Montparnasse pour la carte demi-tarif. Je pars vendredi à 7 h 30. Ce soir vu des films chez D*** de M***, S*** et Y***. Demain je leur montrerai les miens.
Après ça je suis allé voir « Thunderball » aux Champs-Élysées avec Mindla B***. Fille très gentille. Nous avons parlé de ses parents qui se sont réfugiés de Pologne en Russie (elle est juive) et en Israël… Comme moi elle a été écœurée par James Bond. Maintenant je rentre.
Je remarque que j’ai moins de plaisir et le temps d’écrire ces notes de depuis qu’avec le cours normal de la vie a repris pour moi l’action, dans laquelle on s’oublie quelque peu.
Ce matin : violente discussion avec René sur la standardisation et la déshumanisation dans la société future… Je disais que cette peur de l’uniformisation est le résultat d’un bourrage de crâne et que d’autre part, au sein d’une relative standardisation, les personnalités des individus n’en éclataient que mieux.
– Note écrite à 19 ans
J’écris moins sur ce carnet. Peut-être qu’un meilleur équilibre exige cela… ? Et l’explique…
– Note écrite à 19 ans
« Cinéfficative » — « Cinéfficace »
– Note écrite à 19 ans
« 2 francs seize » — « 2 françaises »
– Note écrite à 19 ans
Grandeurs et négritudes militaires
– Note écrite à 19 ans
Exploiter les formules toutes faites
(Parler américain)
– Note écrite à 19 ans
« Les fleurs de Tarbes » – Paulhan : la terreur ou la non-coïncidence entre le signe et la chose. Elle provient du fait que le mot exprime toujours à l’origine la réalité profonde d’une chose, mais le critique (le public) ne sait plus retrouver cette identité. Le mot finit par vivre d’une vie autonome, bien qu’on cherche tout le temps à le faire signifier le plus intensément possible. (*) Quête peu fructueuse. Paulhan = retour à l’identité originelle signe-objet – classicisme
(*: peut-être à cause de cela justement. Mais on ne peut pas s’abandonner à l’autonomie des signes non plus (Surréalistes → échec).
– Note écrite à 19 ans
Impossible de terminer ma nouvelle de science-fiction. Ça fait trois semaines que j’essaye et je n’ai même pas écrit plus de 10 lignes. Impression décourageante d’être incapable de rien faire. Sans raison objective, je pense que, n’ayant pas réussi cela, je ne pourrai rien faire du tout. C’est peut-être pour ça que je m’accroche avec tant d’opiniâtreté. Mais si je fais fausse route ? Si c’est le texte lui-même qui est mauvais. C’est peut-être mieux que je m’aperçoive que je vais faire une erreur et que j’arrête, plutôt que d’écrire une saloperie en étant content de moi.
– Note écrite à 19 ans