Poème de la femme
J’étais petite enfant lorsqu’un jour, ma mère,
me prenant par le bras, me dit :
« Il y a un oiseau mort par terre,
Tourne ta tête… »
Plus tard, jeune fille, mon chagrin m’a dit à l’oreille :
« Ne regarde pas cet amour mort,
Tourne ta tête… »
Enfin, quand j’allais être un jour fille-mère, un homme m’a dit :
« Si tu ne veux pas voir cet enfant mort,
Tourne ta tête… »
Toute ma vie durant, je l’ai tournée, ma tête,
pour ne pas voir les oiseaux, les amours, les enfants et les hommes morts,
mais aujourd’hui je ne veux plus fuir la réalité,
je veux regarder ce qui est mort
pour voir sur son corps et sa face
comment il a vécu
et pour savoir
comment vivre…
– Note écrite à 19 ans