Carnet 42 – Du 8 juin 1987 au 14 août 1987
Suite du 08/06/1987 :
VÉCU – ARGENT – AMOUR
Je commence mal ce carnet :
« Quand on n’a pas les moyens de subvenir aux besoins d’une famille, il ne faut pas chercher à le faire… »
(Le faire ? Quoi ? = Fonder une famille où chercher à subvenir à ses besoins ?) C’est bien là mon problème.
Cf. G. mettant en cause ma conduite d’échec.
Dois-je, par humiliation, repousser l’amour d’une femme ? Elle ne veut que notre bonheur, après tout.
Mais hier, j’ai dit : « Que c’est difficile d’être heureux ! »
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Mais merde ! Il est 19h40. Je suis là à regarder la montre… ! Quand je pense à l’époque où je rentrais à 3h du matin et où je me fichais pas bien mal d’elle et ne me souciais même pas de lui passer un coup de fil… !
Ça la gênait, sans doute : sa réponse = son travail. Pas me quitter ! Elle ne m’en a jamais menacé… !
Et moi : non seulement, je l’en menace, mais je n’arrive pas à le faire… !
Pourquoi n’y avait-il pas de manque en moi et en est-il aujourd’hui ?
Je n’arrive pas à être heureux dans une situation où personne n’est en manque (ça, G. me l’avait bien montré !)
Donc j’hésite entre :
– Chercher à revenir en arrière et recréer du manque en elle
– Qu’on s’aime et soit heureux sans manquer l’un de l’autre. Mais l’idée même qu’elle pourrait ne pas manquer de moi si je décidai de l’y « contraindre » me rend furieux et me fait lui en vouloir, donc m’empêche de l’aimer sereinement.
09/06/1987
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE – PROJET « BRITISH GRAVES »
Rue près Champs-Élysées. Je vois deux marteaux-piqueurs → British Graves : rappel des fusils-mitrailleurs de la guerre.
10/06/1987
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE – PROJET « BRITISH GRAVES »
Je viens de m’apercevoir que GAVRES et GRAVES, c’est les mêmes lettres !
VÉCU – TÉLÉVISION – « MOI JE » – TF1
Il faudrait trouver des idées de sujets « de société » style « Moi Je » pour les nouveaux programmes Bouthier-Breugnot dont on peut penser qu’ils ressembleront à ce qu’ils faisaient sur A2…
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Suite des événements avec Mathilde :
Lundi soir : elle rentre. Je ne veux pas l’accompagner à la gare. Je regarde la télé (« Mariage de Maria Braun »), elle s’y intéresse avec moi. Elle insiste pour que je vienne l’accompagner. Je fais un (beau) geste : je dis que je ne regarderai pas la fin du film, je vais l’enregistrer et on regardera la fin ensemble, reprenant le moment vécu là où on l’a laissé.
En chemin, elle dit que ça la fait flipper de partir. Envisage de prendre l’avion. Je l’en dissuade : raisons d’argent + risque de ne pas avoir de place. Au train, on envisage qu’on se retrouve à Venise. On y renonce : pas d’argent, pas assez de temps.
On convient qu’elle me rappellera.
C’était avant-hier, elle devait me rappeler hier soir : elle ne l’a pas fait !
Ça me choque. Mais il y a moins de colère en moi, c’est au-delà de ça. Une tristesse devant tant de déceptions, alors que, dans l’excitation du projet de Venise, nous avions effleuré quelque chose que j’aime profondément et dont je nous croyais complices, étroitement unis…
Peut-être y a-t-il une vraie raison à ce qu’elle n’ait pas appelé ?
Voyons : vraiment, n’y a-t-il pas eu une fois où j’ai dit que j’appellerais et où je ne l’ai pas fait ?
Je ne sais pas. Je ne crois pas. Mais j’ai peut-être oublié ?
Pourtant, non, je ne crois pas.
Je n’arrive pas à m’extirper de la déception… !
Je « regarde » un film sur Canal+ (codé) ou un type, dans une boîte, intervient pour récupérer sa nana qui danse avec un autre…
Une blessure reste en moi, c’est de ne n’avoir pas cassé la gueule à ce grec qui avait essayé d’embrasser Mathilde dans l’eau…
Quand je pense qu’après ça, je l’ai vu, avec ses copains, à la terrasse d’un bistrot et que je ne suis pas allé lui foutre mon pain… !
Il faut dire qu’en restant les seins à l’air devant ce type, elle avait tort !
17/06/1987
ÉCRITURE – PROJET « UN AUTRE MONDE »
Pour film « Autre monde » :
Mec qui ouvre parapluie dans lieu clos avec assemblée → tout le monde se récrie et conjure par rituels gestuels…
18/06/1987
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Une idée : pourquoi ne pas faire des mots croisés audiovisuels (à la place des définitions : sons ou images ?)
Commentaire du 12 juin 2018 :
Aujourd’hui je trouve cette idée excellente, très intéressante, très jubilatoire ! Mais n’a-t-elle pas été réalisée depuis ? Si ce n’est pas le cas, ce serait à faire…
– Commentaire écrit à 71 ans
19/06/1987
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(Vendredi)
Suite événements avec Mathilde :
Retour d’Italie. Elle m’explique qu’elle y était mal, n’a pas pu m’appeler (carte téléphone achetée, mais ne marchant pas, hôtel sans téléphone dur à trouver, trouvé tard).
Lundi. Mardi. Mercredi. Jeudi. Vendredi : pas de baise. Elle n’a pas envie.
Ensuite, période de 2, 3 jours où je n’ai pas envie (en fait j’en ai envie, mais mon ressentiment et mon désir de ne pas être en demande me font adopter cette conduite).
Je la « viole » deux fois (main dans la chatte) dont une le samedi soir, en revenant de dîner chez Dominique M. (mauvais état avant, pendant et après.)
Dimanche : je passe la journée à faire du Letraset pour le logo de « Ma Vie Bijou »… !
Début semaine : baise. Mais elle : « Tu ne me pilonnes pas assez longtemps ! »
Elle a ses règles. Ne veut pas faire l’amour (« Je pue ») → un soir (mercredi 17 ?) : Elle me masturbe. Je lui demande de me mettre doigt au cul. « Pas ce soir… ! » → Colère en moi. Je lui reproche de ne pas s’excuser, de ne pas « reconnaître » que c’est mieux ainsi (avec le doigt) → elle le fait. Je jouis.
Hier, jeudi : je lui achète un gode pour se branler pendant ses règles (elle ne le comprendra que parce que je lui explique). Je le choisis vibrant et en plastique, comme elle l’aime.
Pendant toute cette période :
1/ Boulot qui continue, l’absorbant toujours autant mais elle commence (?) à en avoir marre et connait – cause difficultés économiques – des moments de dépression.
2/ Elle dit plusieurs fois qu’elle a peur de l’avenir.
3/ Elle dit qu’elle m’aime, qu’elle, elle trouve que l’amour est toujours bien ensemble, mais que je souffre de tout, pas seulement à cause d’elle, que je lui en veux et qu’il ne peut rien se passer tant que je lui en veux (dans voiture, en revenant dîner M.) je réponds : « Qu’il se passe quelque chose et je ne t’en voudrai plus ! » (Position inverse).
Hier soir : dîner au resto chinois → maison. Elle regarde télé, je continue grille mots croisés commencée hier (« travail » sur ma nouvelle Mots Croisés) → on va au lit sans « vraiment savoir » si on a envie de faire l’amour.
Lit : Grande discussion. Elle parle du sexe : dit qu’elle a appris à aimer ça avec moi, qu’elle doit « entrer dans ma tête », se montrer, qu’elle aime que je la regarde mais que je manque de tonus (« Je finis de jouir par ta queue, je jouis de tout ce qu’il y a avant ») → elle développe ça :
– Pas actif (voyage : les vieilles pierres de Grèce # sa « flânerie » aux USA.
Parle du fait qu’elle a toujours dû me pousser à agir (pédalo en Grèce – promenades dans Venise alors que moi, je restais dormir).
– Parle du fait que je m’auto-dévalorise, ne suis pas content alors que j’ai un métier intéressant et fais des choses intéressantes (« Moi je »)
– Évoque l’époque où je ne lui disais pas que je prenais mon pied alors qu’elle me le demandait constamment.
Me demande comment je ressentais les choses alors.
Je réponds qu’on peut ne pas se connaître soi-même et que j’ai pu être satisfait « sans le savoir », en me persuadant du contraire.
Commentaire du 12 juin 2018 :
Cette notion d’être satisfait mais de se persuader du contraire rejoint la fin de mon commentaire précédent concernant mes besoins sexuels et la certitude que je ne pourrais pas trouver une femme y répondant pleinement : en effet, j’ai écrit à la fin de ce commentaire : « Mon honnêteté intellectuelle me pousse à envisager également l’éventualité que j’aie sous-estimé la sexualité des femmes au profit de la mienne au service d’une stratégie d’échec fondée sur une crainte de la castration. » En disant à Mathilde que j’avais pu « être satisfait « sans le savoir », en me persuadant du contraire, je pensais donc déjà que ce n’était pas la « performance féminine » qui était en cause mais ma propre manière de la considérer ! Mais il est vrai que j’ai aussi écrit dans ce commentaire que mon propre psychanalyste m’avait révélé qu’il ne pouvait en être autrement ! Le tragique de ma situation d’alors n’était que le tragique de la condition humaine en général…
– Commentaire écrit à 71 ans
« Tu ne le disais pas ! dit-elle et le lendemain (!) tu me faisais des crises… » → Moi : « Tu ne me demandais pas si on allait bientôt recommencer… » + à mes crises : des raisons.
(Après discussion, je vais au salon lui disant de rester dormir (3h du matin), elle passe pour aller au WC : Moi : « Je préfère ceux qui font des crises à ceux qui font des affaires » (mon analyse : qu’elle a trouvé en son travail un substitut (sexuel) »)
Je lutte contre ces idées de passivité et de morosité : j’explique qu’il y a en moi un homme d’action refoulé, qu’il y a le problème de l’argent et qu’il fallait qu’elle m’y pousse, certes, mais que je bougeais quand elle me le demandait (que certains actes, c’est moi qui les ai provoqués et organisés (vacances neige – vacances Grèce)
Que certains ont certainement une image de moi d’homme d’humour et que c’est vrai que je ne vis pas la vie béatement, en me contentant de la course au fric, que je me pose des questions, etc.
→ Impression en moi de désapprobation
« Je ne peux supporter d’être désapprouvé dans des parts si essentielles de moi. »
Elle : « Mais toi, il y a bien des parts de moi que tu n’approuves pas ! »
Moi : « Parce qu’elles étouffent les autres, que j’aime, comme s’il y avait dans mon lit une autre femme que celle que j’y ai mise… »
Impression générale en moi : elle s’est enfermée dans une situation d’où elle ne peut plus reculer → peu de temps à me consacrer (*)
Interruption : téléphone. C’est elle : « Tu as trouvé mon petit mot ? » (Après discussion hier soir, j’étais allé dans le salon, décidé à la laisser dormir. Elle est venue me rejoindre, se mettant à cheval sur mes cuisses : « Pourquoi tu restes seul, j’ai besoin de toi ! ») → On va se coucher, au passage, dans la salle de bains, sur miroir, j’écris au crayon de maquillage : « Je t’aime et te désire ». Ce matin : trouvé « Same – Mathilde »)
(Mathilde s’aime ? ← S’aime parce que je l’aime ? Ne s’aime pas si je ne l’aime pas ? Je suis rongé par le doute là-dessus et ne cesse d’osciller entre ressentiment et certitude qu’elle a besoin de mon amour, aussi viscéralement que je le souhaite et que je suis responsable (**) de notre situation en ne lui ayant pas assez, en temps voulu, montré mon désir et ma satisfaction)
Puis elle me dit qu’elle va aller manger chez ses parents ce soir et qu’elle voulait me prévenir, quand même…)
(*: Blessure narcissique de cette histoire d’activité et de morosité. Mais voir là → (**)
Je suis pris dans une boucle fermée sur elle-même.
Après tout, même déçue par moi, elle ne m’a pas quitté et n’a pas adopté cette attitude de ressentiment, de récriminations qui me caractérise et me fait me haïr de n’avoir pas autant d’amour et de tolérance.
(Elle : « J’oublie le mal… ») Moi, je me souviens et même ressasse (n’est-ce pas ce que je suis en train de faire sur ce carnet ?)
(Je le lui ai demandé hier soir : « Pourquoi tu ne m’as pas quitté ? »
Elle : « Parce que j’étais lâche, puis : « Parce que je t’aime, si je te quittais, ça serait pour te montrer ce que tu avais, mais c’est en ayant ce qu’on a, en en profitant qu’on le voit… »
Moi : « Tu as eu raison, c’était une bonne attitude. »)
Depuis quelques jours (très peu d’ailleurs), je n’ai plus été violent.
Elle m’a dit qu’elle en était contente, mais sentait que ce n’était pas réglé pour autant, qu’elle souffrait de ne pas me rendre heureux.
Moi : « Et toi, est-ce que je te rends heureuse ? »
Ça l’a fait réfléchir, cette question.
Comme si, depuis toujours, elle n’a pas douté (pas voulu douter) (?) qu’elle était heureuse.
À un moment, elle a parlé du sexe (si intime entre nous qu’elle ne pourrait plus le faire avec un autre – et moi de répondre qu’on disait ça et qu’on recommençait…)
« Mais, a-t-elle dit, je ne peux réaliser avec toi le reste de mes rêves » (→ et c’est là qu’elle a parlé des voyages et de nos différentes façons de voyager…)
J’hésite – douloureusement – entre pulsion de créer une demande compulsive en elle, d’essayer de créer du manque
et de vivre comme elle – qui aime la vie et la trouve belle – en jouissant des instants bons, sans chercher de garantie de leurs prochaine répétition. Elle : « Je sais qu’ils vont revenir… »
Moi : « Il y aura toujours quelque chose, ce sera tes règles, après : ton boulot, après : tu seras partie, etc. »
Elle : « Non, je sais qu’ils reviendront bientôt… »
Écrire aussi le sentiment que j’ai qu’elle est bien avec moi, qu’elle aime rentrer à la maison, me retrouver, passer des moments avec moi. C’est vrai. Je m’en veux de vouloir des drames alors que le quotidien peut être doux (elle reconnaît volontiers que son boulot empêche ce quotidien d’être plus important).
Elle m’a dit : « Tu es ma poésie. »
J’ai répondu : Je suis le repos de la guerrière… »
Ce matin – c’est pourquoi j’écris ici – je me suis réveillé dépressif, très mal dans ma peau.
Et pourtant :
– Téléphoné à M. (acte positif, non-blocage dans une position de ressentiment)
– Allé à la pharmacie pour ma cicatrice œil
– Allé à la Sécu pour mes bulletins de salaire pour remboursement.
J’aimerais m’abandonner à elle (***) (comme je l’ai fait en la baisant avant l’Olympia, au point d’en pleurer d’amour)
mais quelque chose m’en empêche.
Je lui ai dit hier soir : « Je t’ai donné ce que tu demandais : mon désir et ma demande » (elle a marqué un temps sur ce mot, ne s’expliquant pas mais je crois avoir compris qu’elle voudrait que je lui donne ma satisfaction.)
Pour la demande, lui ai dit que je ne pouvais accepter de prendre le risque de m’abandonner (voir plus haut : (***) à mon désir, avec le risque de souffrance si elle me suit pas dans le sexe…
et que c’est pourquoi j’avais besoin qu’elle me provoque (parlé de mon manque d’assurance # la plupart des autres hommes qui n’attendent pas)
→ Ce matin, j’ai médité là-dessus : rapport avec nos parents (cf. psy), je voudrais une femme qui me rassure en « compensant » mon rapport avec ma mère, elle voudrait, sans doute, un homme qui la rassure en jouant le rôle d’un père non-absent (comme elle dit que le sien a été – cf. conversation restaurant repas anniversaire Mimi. Son père : « J’ai pris mes enfants comme ils étaient » → on en a parlé : elle a convenu qu’il n’a pas éduqué ses enfants, mais j’en déduis aussi qu’elle a grandi dans cette habitude de s’accommoder des différences entre les êtres (elle m’a dit hier soir : « Je comprends en vieillissant qu’il y a des différences… »)
→ Elle voudrait que j’accepte la différence, tout en la désirant (reproduction du père positif + jouissance impossible avec le père, cause interdit de l’inceste)
Moi, au début, la différence entre nous ne me gênait pas parce que je me sentais sûr d’elle, de son désir, de son amour (****)
Aujourd’hui je veux reculer les limites de son désir, de son amour. J’ai créé un rapport de forces (mon « départ » de quatre jours) et me sens humilié de l’avoir perdu (elle a plusieurs fois répété : Je ne le vois pas comme toi. »)
Et aussi : « Tu es plus amoureux qu’orgueilleux… »
Et « Tu m’appartiens… »
Moi, je suis tenté de me complaire dans cette humiliation et de tout prendre comme des démonstrations que j’ai raison, qu’elle ne m’appartient pas (plus) (ainsi l’histoire du doigt dans le cul. Le lendemain matin, je lui ai dit : « Alors, reconnais que c’était meilleur avec le doigt dans le cul… »)
(****: Qu’est-ce qui m’a fait régresser ainsi ? à ce stade de non-acceptation de la différence, à ce stade de recherche stérile de la toute-puissance ?
Que je jouissais avant de sa demande et de ne pas la satisfaire (ne pas lui dire qu’elle me satisfaisait, la laisser dans le doute, par sadisme, par jouissance de dominer – je sortais de l’histoire avec Colette… !) Aujourd’hui, je ne sens plus en elle la même inquiétude et ça m’irrite.
Ce n’est pas très « joli » à dire, à constater, mais c’est ainsi.
Elle s’est donné une autre satisfaction narcissique (son travail et l’estime des gens qu’elle y rencontre, leur désir aussi (cf. ce chinois qui s’est jeté à genoux et d’autres hommes…)
Ne pas oublier que moi, je n’ai pas de rassurement sur ma séduction !
Cela dit, je sous-estime peux être (et ce « peut-être » est ma torture) sa satisfaction sexuelle avec moi et la souffrance qu’elle ressentirait si elle en était privée (après tout, en Asie, elle a bien rêvé de moi, érotiquement – et cela s’est répété, ici, il y a peu de temps.)
Mais la dernière baise où elle m’a dit : « Ce n’est pas assez long… » m’a inquiété.
Pourtant, hier soir, elle a bien dit qu’elle jouissait de tout ce qu’il y avait avant ma queue en elle et finissait de jouir par elle… !
Ainsi, je vais de pensée en pensée contradictoires et je m’épuise solitairement.
Simplement, au cœur de ma dépression, surgit comme maintenant, précisément, la force en moi d’être actif et non dépressif, sinon heureux.
Les années auront fait de moi un enthousiaste refoulé.
J’ai la nostalgie de mes enthousiasmes. Cela, elle ne peut le comprendre.
VÉCU – AMIS – RUE DE LA CHINE
(15 h)
Événement remarquable à noter : reçu hier, de Jean-Marie C., la photocopie d’un texte de Barbey d’Aurevilly sur ma rue, la Rue de la Chine !
Cela m’a profondément touché et je n’en ai remercié, lui ai parlé de la valeur de ce sens du geste symbolique (en ai parlé à Mathilde, lui désignant ainsi le genre de signes, de preuves, que j’aime, ce que l’on fait pour l’autre, pour lui montrer quelque chose – de C., c’est le désir d’amitié, de sympathie.)
Je lis le texte à l’instant et j’y trouve :
« Ah ! Cette rue est clémente pour les affligés et charitable pour les aigris (que je suis ! !), car à la pensée que de pauvres gens sont couchés dans ce gigantesque hôpital aux longues salles pleines de lits blancs, l’on trouve bien enfantines et bien vides ses souffrances et ses plaintes, puis l’on rêve aussi devant ces cottages (!) cachés dans la ruelle à un délicieux refuge, une petite aisance qui permettrait de ne travailler qu’à ses heures et de ne pas hâter par besoin la confection d’une œuvre.
Il est vrai qu’une fois rentré dans le cœur de la ville, l’on se répète avec raison peut-être qu’un accablant ennui vous opprimerait dans l’isolement de la maisonnette, dans le silence et l’abandon du chemin ; et pourtant, chaque fois que l’on vient se retremper dans la douce et triste rue, l’impression reste la même ; il semble que l’oubli et que la paix cherchés au loin dans la contemplation de monotones plages se trouveraient là, réunis au bout d’une ligne d’omnibus, dans ce sentier de village perdu à Paris, au milieu du joyeux et du douloureux tumulte de ses grandes rues pauvres. »
! !
AGNÈS
Un mot d’Agnès me revient (elle me l’a dit alors que nous marchions, après la violence terrible du dimanche où Mathilde est partie) : « Tu ne veux pas qu’on t’aime » !
Là est le nœud.
Pourquoi ?
Pourquoi je ne le veux pas ?
Je préfère les situations de conflits, de ressentiment. La voilà, ma triste manière d’aimer.
Pourtant, là tout de suite, je sens en moi le raisonnable désir d’écrire à Mathilde qu’elle m’a donné du bonheur, que j’ai été bien avec elle et lui en suis reconnaissant, que cette relation m’a été douce et que je veux qu’elle dure encore, qu’elle m’apporte la paix en ce bref passage sur la Terre.
Pourquoi est-il si difficile de dire des mots d’amour et de tendresse ? Pourquoi me réfugier dans la rageuse exigence du sexe considéré comme un combat et de la jouissance comme une victoire qu’on arrache ?
C’est peut-être qu’il y a en moi, ce qu’il n’y a pas en elle – parce qu’elle est Femme et moi Homme ? – le goût du combat et de la mort ? Que Sexe et Violence s’entrelacent pour moi et que mordre, griffer, serrer convulsivement sont les gestes d’amour qui me paraissent d’autant plus précieux qu’ils sont dangereux, chargés d’animalité… ?
J’ai oublié d’écrire tout à l’heure, à propos de notre discussion d’hier soir, qu’elle m’a dit qu’elle avait peur parce que, peut-être, je voyais en elle mieux qu’elle-même (mais ma mémoire me trahit, là ; n’est-ce pas qu’elle voulait dire que je voyais clair en la voyant plus détachée de moi ? Il me semble pourtant qu’elle a exprimé une peur du sexe… Oui, elle a dit : « Les hommes me font peur, pourquoi ? » Et j’ai répondu, en gros : « Parce qu’on a peur de souffrir. Les hommes aussi ont peur des femmes. »
MUSIQUE
Écouter : « La sorcière du placard à balais » de Landowski (opéra enfant)
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(0h20 – Le Dauphin. Suis venu bouffer)
Je me rappelle le mot de Mathilde (après que je lui ai parlé des hommes qui, en général, ne demandent pas qu’on leur mettre doigt au cul… Elle : « Ah bon ? »
Moi : « Tu es une gosse… »
Elle : « Tu me maltraites toujours… ! »
ÉCRITURE – NOUVELLE « LA CHIENNE NOIRE »
Cet après-midi repris carnets des débuts Colette. Écrit 10 pages de la nouvelle « La chienne noire » (vrai titre : « Ma chienne noire »… ?)
Bien travaillé. Repris presque telles quelles les notes du début, sur le silence, le mystère. J’arrive au moment où il va falloir inventer, raconter la fiction que je greffe sur mon histoire vraie…
VÉCU – SANTÉ
Retiré radios poumons aujourd’hui : normales…
Vu le Dr Maryse Colas. Toujours aussi gentille. Ça me fait du bien, sa gentillesse…
VÉCU – TÉLÉVISION
Message de M6. Rendez-vous avec Catherine Régnier décommandé. Rappeler après le 10 juillet, quand elle aura la grille de rentrée…
Ai appris par B. Marey d’FR3 que 2 clips sur les 3 Interclasses ont été primés (plus que la moyenne : 1 sur 3, vu le nombre de prix…)
VÉCU – ÉCRITURE – PROJET « BRITISH GRAVES – LE VOYAGE DE DEUIL » – HISTOIRE – GUERRE – LES AUTRES
Ne pas oublier de noter que l’autre jour, en cherchant doc pour « British graves » à la Fnac, tombé sur un type qui feuilletait bouquin sur libération de l’Alsace.
Il m’a montré une photo : « Vous voyez, là, c’était mon char… »
S’en est ensuivie toute une conversation (plutôt un monologue de sa part) sur la guerre, la mémoire, la France et les juifs…
Ça m’a marqué. J’aurais dû lui demander ses coordonnées. J’ai été bête.
En essayant d’écrire, je m’aperçois à quel point, je suis égoïste.
J’aimerais maintenant m’intéresser davantage au monde…
23/06/1987
ÉCRITURE – NOUVELLE « LA CHIENNE NOIRE »
Je viens de décider que, dans la nouvelle « La chienne noire », le personnage ne tuerait pas la chienne, mais l’abandonnerait (ou s’en irait de la maison ?) et qu’elle trouverait un nouveau maître (le personnage pourrait même dire qu’il a eu de ses nouvelles et qu’elle a mis bas).
VÉCU – SANTÉ – TABAC
(13 h – terrasse bistro rue de Vaugirard)
Je viens d’aller chez la docteur Delahaye (mésothérapie) pour injection par aiguille produit à points d’acupuncture (nez – oreille) → pour ARRÊTER DE FUMER !
Elle me dit que ça diminue le désir de fumer. Mais le désir est là, et bien là !
Peu importe : ça aura montré que la décision m’appartient. De plus, elle m’a bien dit – ce dont je me doutais – il fallait en même temps surveiller mon alimentation pour ne pas grossir !
Ce qui m’aide et m’exalte, c’est de me « visionner » (comme elle dit, curieusement, car sait elle à quel point ce terme me convient ?) dans l’avenir re-oxygéné, re-actif, re-musclé. Différent tout en restant moi-même… ! (L’artiste que je suis, par exemple, et dont les activités de contemplation de création combleront les moments remplis par la cigarette).
(Je viens de voir passer une fille qui fumait de la main droite, paquet de cigarettes (Royales) dans la gauche… Je me suis dit : elle a de la chance !
« Se maintenir en bonne santé est le fruit d’une lutte de chaque jour », a-t-elle dit !
Une raison, sinon la raison (?) pour laquelle je veux arrêter de fumer est de pouvoir baiser plus fort, plus longtemps sans être essoufflé…
VÉCU – CINÉMA
Hier : projection court-métrage monté par Monique B., au Club de l’Étoile, rue Troyon.
Pot au bistrot après.
Présence de l’actrice Marina Pastor, jolie blonde aux yeux bleus allongés…
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – SEXUALITÉ
Avec Mathilde, ça va mieux.
Hier soir : baise j’éjacule trop vite.
Ce matin, je remets ça et la baise assez longtemps pour son goût ! !
(Hier soir : discussion sur sexualité où elle avoue qu’elle est naïve).
Hier matin : violente engueulade d’elle, au téléphone, avec un imprimeur (qui aura mis 10 jours pour lui faire le travail : une lettre et une carte de visite !)
On y va ensemble.
Histoire stressante.
Ça me permet de me rendre compte de ce qu’elle vit tous les jours. Elle me dit qu’elle s’arrange pour ne pas me le faire supporter (mais que ça la gêne de dire ça…) ← élégance de sa part.
(Suite page précédente) Discussion hier soir avec Mathilde sur sexe :
– J’explique que, une fois processus éjaculation commencée, je ne peux pas l’arrêter.
Elle : « Je peux jouir longtemps. »
(Moi, je flippe fort parce que je me dis qu’un autre pourrait baiser plus longtemps. Elle : « Je ne sais pas. Ils peuvent, les autres ? »
Je ris, la traite de naïve. Elle dit qu’elle n’aime pas ne pas savoir, mais qu’elle ne veut savoir que si ça me sert.
Elle dit : « Pour savoir, il faudrait que je fasse l’amour avec un autre ? » Mais contredit cette idée par : « Ça ne marcherait peut-être pas – Ça n’a pas marché (pétrolier) – ça pourrait marcher un peu puis qu’on s’aperçoive que ça ne suffit pas, qu’il faut s’aimer – j’ai déjà vécu (K. – T. : c’était pas pareil »
Elle dit que nous : beaucoup de préliminaires et elle aime ça.
Un moment, elle parle du désir qu’elle aimerait vérifier chez les hommes (« Qu’on me drague, on ne m’a pas draguée… » – « Qu’il me le disent. Je dis : « Mais enfin, ça ne se dit pas ou alors c’est qu’ils voudraient concrétiser (par exemple Gabriel L.…) or ils te sentent fidèle… » »
Je lui dis d’en parler avec une femme. Elle ne sait pas qui.
VÉCU – TÉLÉVISION
Samedi après-midi : finale Interclasse Tout l’Univers, aux Pyramides de Port-Marly…
Mes 3 clips : tous primés (dont « Le cidre » prix du Public – lecteurs de Télé sept jours : 70 000 votants ! !) → Essayer de maintenir et développer contact avec Livre de Paris. Appelé Onseray. Il me dit que, justement, il voulait que je vienne demain à émission Europe 1… !
25/06/1987
VÉCU – MAISON – AMIS – AMOUR – Agnès
(0h15)
Grande, grande, grande satisfaction aujourd’hui : fini le rangement commencé samedi dernier (suite à la réception d’un avis de virement automatique de 500 Fr. alors que mec de la banque m’avait dit que : virements auto terminés. Terminés, en effet, pour les 1500 et 1000 débités chaque mois (1500 sur 32 mois, 1000 sur 24 mois), mais il y avait aussi 500 Fr. sur 24 mois (qui ne cesseront qu’en octobre).
→
Effectué un fabuleux rassemblement papiers impôts en vue de négocier un accord en septembre (étalement sur 32 mois + mensualisation impôts 88) → me mettrait ainsi à jour…
En ai profité pour ranger tous les papiers. (Ça m’a pris trois jours !)
Au cours du rangement, ai été saisi d’une grande angoisse : où étaient les films : « La saisie » – Naissance Agnès – Films Zyf (« Un rêve » + « Courrier du cœur »)
Retrouvé :
1/ « La saisie » (dans autre boîte avec autre étiquette ! connard ! (ainsi que copie pistée de « Delphine ». Croyant que c’était la naissance d’Agnès, j’ai chanté et dansé. Mais me suis rendu à l’évidence : pas ça ! → Appelé serrurier. Jeune mec gentil. M’a expliqué : marteau + burin (ça ne vaut pas 450 Fr. !)
→
Cave ouverte : j’ai fouillé. Retrouvé :
1/ Bouteilles Cahors 78 (achetées avec Colette dans le Périgord en 81, 82 ? Achetés avec Colette ! Et oui ! Trahison !)
2/ Films Zyf (« Courrier du cœur » tourné sans moi + « Un rêve » tourné avec moi et Emma. Souvenir ! Ai appelé Zyf, là tout de suite. Claire a répondu. Elle est allée le voir. Il « dormait » trop fort… Furieux, moi !
3/ Naissance Agnès ! Oui ! Oui ! (Avais appelé Jocelyne : « Non je ne l’ai pas et je te le réclame depuis assez longtemps ainsi que les petits films. »
– « T’inquiète pas, Jo. J’ai tout retrouvé, je vais t’appeler pour te le dire ! Jo, je t’aime ! (Je suis bourré). Comme je suis heureux d’avoir retrouvé les films de la naissance de Gnouchy !
Retrouvé aussi :
1/ Film non développés de la fête danse d’Agnès. Je vais le faire développer.
2/ Cassettes (déjà repérées) de messages et conversation téléphone enregistrées
Ai mis « fuckings » avec Colette → me suit branlé dessus, mais elle n’arrêtait pas de dire « Aïe ! Chéri, tu me fais mal ! » Connasse !
Ce soir je suis bourré
et satisfait ! !
(0h50)
Zicmu à la radio (Radio Libertaire)
Jazz (énigme = qui ?)
Agnès, je t’aime.
Zyf, je t’aime.
Je pense à vous deux ! !
(01h)
Envie de fumer, c’est terrible.
Pense aussi à Jean-Noël H. (← C’est Jean-Robert (12/12/87)
Jean-No. Tu me manques, où es-tu ? (← Le 25/07/87 : repensé à cette phrase : ce « no », cette négation, (ce manque ?) me paraît plein de sens par rapport à Jean (M. ?) et à « gens » (l’autre)…
Commentaire du 13 juin 2018 :
D’autant plus qu’en effet ce n’était pas Jean-Noël mais Jean-Robert et que son diminutif – employé par sa femme – était « Jean-Rob »
– Commentaire écrit à 71 ans
C’est important, cette ouverture de la cave. Ça faisait combien de temps qu’elle était fermée ? ? ? ?
Je ne sais plus !
26/06/1987
ÉCRITURE
Hors carnet, j’ai noté (sur feuille volante retrouvée en rangeant…)
09/05/1982 : « … Les échos assourdis des triomphes anciens… » (En effet, ils étaient déjà loin, en 82, les triomphes de 79…) (2014 : from Internet : pas fait)
29/06/1987
VÉCU – TRAVAIL – ARGENT – ANGOISSE
(13h35)
Le beau (très beau) temps est enfin là… Et ça m’angoisse !
Depuis ce matin, suis en proie à forte angoisse.
(Se calme un peu, là, peut-être…)
Pourquoi ?
Pas de boulot. Retour des inquiétudes sur l’avenir (fric) (+ reconnaissance par les autres.)
(18h15)
Ce matin : allé à la banque. Les Congés Spectacles ne sont pas encore arrivés !
Il me restait 6000 Fr. sur le compte.
Retiré 4000 pour payer le plus pressé :
– EDF – PTT – huissier loyer – Soisty
Je fais attendre : électricien – G. – redevance télé – G.…
Début juillet, j’attends :
Congés Spectacle = 17 000 (?)
Assedic = 7000
Droits d’auteur = 5000 (?)
Total = 29 000 (ce serait bien !)
Quel dommage, pour une fois que j’ai un peu de fric devant moi, que je sois obligé de la dépenser à cause chômage !
J’aimerais tellement avoir un petit (oh, petit !) pécule devant moi. Juste pour la satisfaction…
VÉCU – SANTÉ – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Hier 12h : couru avec Mathilde au bois de Vincennes (suite arrêt fumer + régime) Un peu après le début de la course, mon pied cogne dans une racine → je tombe (et me fais un peu mal, au genou gauche et aux mains). Après, on en parle, avec Mathilde. Elle interprète ça comme ça : c’est mon « moi » ancien (celui qui bute « dans les racines » (!) que j’ai laissé sur le sentier, derrière moi, me relevant, moi, pour continuer ma course (belle image !)
écriture – VÉCU – AMIS – NOUVELLE « LA CHIENNE NOIRE »
Cet après-midi : ai eu rendez-vous (café Costes) avec Jean-Pierre B..
Il a lu la première page de la nouvelle « La chienne noire ».
Je dois lui envoyer la photocopie de tout ce qui est déjà écrit…
Positif, ces rencontres avec Jean-Pierre…
CINÉMA – LECTURE
Lire « L’errance dans le cinéma contemporain » par Annie Goldman chez Veyrier (175 Fr. ?)
VÉCU – ARGENT – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
(20h10)
Suis déprimé, mécontent, de mauvaise humeur : me suis aperçu tout à l’heure, en rentrant à la maison (après 1/ poste 2/ bistrot 3/ toubib… ! !) que j’avais oublié mon sac plastique avec 600 Fr. de cassettes vidéo dedans ! ! Probablement à la poste. Y suis retourné : pas retrouvé, bien sûr ! !
On dirait que je vérifie ce que disait G. : je veux être pauvre ! (→ Je n’avais pas acheté 600 Fr. de cassette vidéo depuis je ne sais même plus combien de temps !)
30/06/1987
ÉCRITURE
Un « mot » de moi :
« Les petits besoins découragent la patience, les grands l’engendrent… »
30/06/1987
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Mot de Mathilde sur mon carnet :
Mathilde – « Excitée »
Roberto – « Non »
Mathilde – « En a marre »
Roberto – « Non »
Mathilde – « Tintin, quoi »
Roberto tourne pages
Mathilde – « Ceinture, le sexe »
Roberto tourne pages
Alors quoi faire ?
Roberto me regarde étonné parce que j’écris sur son carnet à lui
Je m’en fous
Comme ça tu sais ce que je pense et pourtant combien je t’aime
………
zob et merde
– Alors c’est pour aujourd’hui ou pour demain
Roberto : pour demain »
05/07/1987
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(7h30 – gare TGV)
Ceci (notes des pages précédentes) est un témoignage, pénétré jusque dans ce carnet (comme un éclat qui s’y serait planté…) de ce que je ressens, en effet (ou plutôt ne ressens pas) depuis quelques temps : pas d’appétit sexuel pour Mathilde (ni pour personne, d’ailleurs…) et une vague tristesse, un vague désenchantement (dans la série « reproches », je reproche à Mathilde son métier (pas pour le temps que ça lui prend, comme je le faisais avant, mais parce que « le commerce, ça ne m’a jamais intéressé, c’est pas à 40 ans que ça va commencer… »
Elle s’en sent diminuée, dévalorisée, méprisée.
Elle est partie à Narbonne, vendredi matin, dans ces conditions.
Elle a appelé (de l’aéroport de Perpignan), en arrivant. Laissé message qu’elle m’aime. Rappelé samedi fin de matinée, mais j’étais à l’agence de voyages pour arranger départ Agnès et le mien…)
J’ai mis de l’» enchantement » dans ma vie hier, grâce à la caméra vidéo, en filmant le chemin de fer de petite ceinture, en le longeant et en grimpant parfois dessus… Ce fut un grand moment. Je me demande ce que donnera le son (micro caméra…)
J’ai mauvais caractère. Je suis dur, parfois. Je ne suis pas agréable à aimer.
Moi qui faisais tant de ramdam pour la baise, c’est moi qui n’en ai plus envie maintenant… !
Ici : deux pages restées blanches, avec, noté en travers : « Page sautées… Pourquoi ? Ça m’est déjà arrivé… (qu’est-ce qui remplit ce blanc ?)
(Bar du TGV)
J’ai du mal à sortir de la spirale du reproche.
Si j’en sors, c’est pour entrer dans celle de la culpabilité.
Il me faut un coupable. L’autre ou moi, c’est selon.
Je me dis que cette façon d’» être au monde » est folle, mauvaise, génératrice de tristesse et de malheur.
Mais, parfois, l’idée me vient que non, que je suis – malheureusement – dans la vérité et que nous sommes tous coupables, coupable d’être, tout simplement, d’être ces individus finis, bornés, séparés, condamnés par nature à décevoir l’Autre, à justifier ses reproches – parce qu’on ne peut pas lui apporter la satisfaction.
Oui, c’est ça : coupable parce que condamné !
Simplement, mon « infantilisme », c’est de regimber, de me révolter contre cette culpabilité et de vouloir – dérisoire enfant ! – l’annuler… Ou alors, accablé par la certitude que c’est impossible, de m’abîmer dans une tristesse profonde, signe évident d’une blessure qui effraye les autres et les éloigne, ou désespère et contamine les plus résistants…
Ainsi, je sais mes maux mais n’en ai point la cure… !
TÉLÉVISION – RÉFLEXION
Je pense à la haute improbabilité que les « décideurs » me distinguent, moi, dans la masse des réalisateurs, si nombreux, si pressés… « Robert Cappa… » ? Pourquoi lui ? Pourquoi pas Olivier « Varlot »… ? (J’invente ce nom et me dis qu’il y a de réelles possibilités qu’il existe vraiment… !)
S’il n’y avait que quelques réalisateurs à Paris, ce serait beaucoup moins probable, mais, vu le nombre… pourquoi pas « Varlot » ?
VÉCU – MÉDITATION
(16h44 – Gare de Montchanin (pas celle du TGV, l’autre, l’» ancienne », dans le train qui va partir en direction de Dijon)
Ai somnolé, allongé sur banc, terrassé par sommeil (me suis levé tôt – trop ! – ce matin, pour prendre le train).
Petite gare tranquille.
Saurai-je un jour pourquoi les gares, les voies ferrées, sont des lieux si importants pour moi ?
Est-ce à rattacher à la fascination qu’exerçait sur moi le port d’Alger ?
Lieux de partance, de vacances, d’errance, points de départ de voyages qui fascinent le Sagittaire que je suis ? Début de réalisation de pulsions refoulées, voire ignorées…
J’ai 40 ans passés ! Qu’ai-je fait ?
Tout à l’heure, à l’aéro-club, préparé tournage semaine prochain avec des types qui ont construit leurs avions eux-mêmes.
Ils sont un exemple. Et aussi ce programmeur qui s’est construit son bateau puis a tout quitté pour s’en aller dessus… !
Ça me fait songer à Mathilde qui dit qu’elle veut finir sa vie sur un bateau. Moi, je ne sais pas naviguer, je ne sais pas voler, je ne sais rien faire.
C’était dans la série : « Tout est toujours aussi noir… », un épisode de plus… !
05/07/1987
AGNÈS
À noter, l’autre jour (jeudi : cross autour du lac du bois de Vincennes) : Agnès découvre les jeux avec les mots :
« C’est sympa, les sapins ! »
Elle en est joyeusement étonnée…
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
En tournage : mec parle devant micro. Il bouge les lèvres, mais pas de son… C’est un micro « spécial »
06/07/1987
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
(Idée datant d’hier soir, au lit, à l’hôtel, mais trop fatigué pour me relever et la noter…)
X marche sur un objet (hors champ) qui couine, genre jouet en caoutchouc. Le ramasse : c’est un godemiché en caoutchouc…
ÉCRITURE – VIE – MORT – RÉFLEXION
Vie. Mort. C’est tout ou rien. Mais, à l’intérieur du « tout », rien n’est « tout ou rien »…
VÉCU – MORT
(13h05 – Saint-Jean de Losne – bistrot au bord de la Saône, sous charmille de vigne vierge)
Pris voiture FR3 à la station ce matin.
Partis, par petites routes, pour repérage pilote Alain Doucet cet après-midi.
Fort agréable, ce café, au bord de l’eau, ainsi que toutes ces petites routes, les champs, les arbres…
Pourtant cette angoisse en moi, cette tristesse ne se démentent pas.
Difficultés à vivre, à aimer la vie.
Je l’aimerais pourtant, tellement, s’il n’y avait pas la mort… !
Oh, comme je l’aimerais…
De même j’aimerais si fort une femme, si je croyais possible la fusion des sentiments, l’identité des sensations, des impressions…
Bornés, séparés, finis. Nous sommes ainsi et je ne m’en remets pas…
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Je passe devant une maison qui a des « dés » (avec des points, comme pour jouer…) de chaque côté du portail d’entrée…
→ Faire un film sur ça : les décos d’entrée (cf. boîte aux lettres en forme maison…)
L’image qui est donnée à voir dès l’entrée…
VÉCU – CINÉMA – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
(13h45 – forêt à côté de Tavaux. Route, alors là : minuscule… !)
Devant les paysages que je traverse, je me dis que mon plaisir serait parfait si je les filmais… !
Cela me rappelle un extrait d’article noté en 78 (retrouver cela) ou l’auteur parlait du rassurement qu’apportait le cadrage cinématographique, la protection qui permettait alors de s’aventurer dans la Nature considérée comme représentant symboliquement la Mère, une mère dangereuse… ← de là, sans aucun doute, mon angoisse. C’est une peur. La nature, même domestiquée, cultivée, jardinée, reste pleine de dangers.
Et c’est à ce cosmos périlleux que j’appartiens (comme on dit qu’un enfant est « de » quelqu’un, je suis de cette nature…
« De cette nature » peut s’entendre aussi comme exprimant la peur que j’ai de moi-même… (exprimant que je me ressens comme périlleux, effrayant…)
VÉCU – AVIATION
(19h30 – hôtel resto « Pourcheresse » près Musée de Dôle… ! Retour à un endroit où je suis déjà passé… !)
Cet après-midi : une satisfaction : ai vaincu mon appréhension (← j’allais écrire : « vécu » !) et ai fait un tour en passager avec Alain Doucet en voltige…
Boucle. Tonneau. Renversement en virage…
C’était fort, mais je n’ai pas fermé les yeux… !
J’en suis tout content !
Au retour, pour la première fois, il m’a laissé les commandes… !
Pour la première fois de ma vie : eu un manche à la main, pieds aux pédales de gouverne et j’ai – même si c’est l’espace de quelques secondes – piloté… !
Quels progrès en moi !
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – MORT – SUICIDE
Je repense au suicide de Jean-Claude.
L’autre (son nom ?), le prof de gym, courtisait la sœur de Joël Y. (son prénom ? Oh mémoire !)
Du fait du suicide de Jean-Claude, le prof de gym n’avait plus – et à jamais – aucune chance… !
Raconter (? ?) cela ?
Comment un homme s’assure – dans une rivalité avec un autre – la suprématie et la possession d’une femme par l’anéantissement ! Paradoxe qui introduit l’absolu.
Commentaire du 13 juin 2018 :
En complément, noter précieusement que la jeune veuve avait eu ensuite une relation avec le prof de gym et l’avait mis dans la même position que Jean-Claude, (position qui avait conduit ce dernier au suicide) : elle avait rendu jaloux le prof de gym en couchant avec un autre (ou d’autres, je ne sais plus) homme(s) à proximité immédiate de lui (dans autre chambre d’une même maison ?) Elle m’a raconté cela (j’aurais dû noter tout de suite) et c’est là, je crois, qu’elle m’a dit : « Jean-Claude est intouchable, c’est un cristal… », expression de son intense culpabilité (et du désir de remonter à avant la « fêlure du cristal » créée par son infidélité)
– Commentaire écrit à 71 ans
07/07/1987
ÉCRITURE
Les débuts du cinéma : « Premier regard, première gare… »
10/07/1987
AGNÈS
(Paris)
Fini tournage avions. Récupéré tirages photos Agnès à Pierrefitte…
Magnifique série. Sort très bien en 18 x 24 (et une en 40 x 50, choisie par Agnès).
Je me suis retenu de pleurer jusqu’ici…
Puis, arrivé ici : éclaté en sanglots. Je me sens si coupable, quand je vois ce visage rieur, innocent, cette adorable petite fille, dont j’étais fou…!
(« Comme un géant »… « Elle a trois ans, je suis fou d’elle… ! ») Un géant… ! Tu parles !
J’ai pleuré sur ma culpabilité, sur ma lâcheté, sur ma connerie.
On ne fait pas d’enfants si c’est pour les quitter…
René, mon frère, lui, au moins, et en paix avec sa conscience et avec ses filles…
Quant à moi, Agnès est bien en droit ne me faire des reproches…
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Sinon : rentré hier soir. Mathilde m’attendait, ayant très envie de moi et très belle, très désirable…
Fait l’amour très longtemps (le plus longtemps depuis qu’on est ensemble).
Étrange ! Moi qui m’inquiétais de ne pas « tenir » assez longtemps… !
(Deux fois hier + une ce matin)
Mathilde : « C’est parce que tu as arrêté de fumer ? Je te trouve plus puissant… !
LITTÉRATURE – SALINGER
Lu que Salinger avait une villa au sommet d’une colline entourée de bois et reliée par tunnel à un blockhaus où il écrit… ! !
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Une fille s’aperçoit un jour, par hasard, après séparation avec un mec, qu’il avait écrit sous la table, à l’envers, comme s’il avait espéré qu’elle voit à travers…
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Une « œuvre » dans un musée des Sciences humaines… :
Projection de films de famille + présence dans un coin du propriétaire des films qui est à la disposition des visiteurs-spectateurs pour leur donner complément infos à films (muets).
13/07/1987
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(15h15)
Mathilde partie hier soir à Cologne. Ce matin, suis reparti continuer film sur chemin de fer Petite Ceinture.
Reparti du point où arrêté la dernière fois (près Cours de Vincennes). Allé jusqu’à la Seine. Là : plus de batterie ! Revenu (suis à la maison) pour recharger batterie.
Ça progresse, je suis content ! !
15/07/1987
VÉCU – VIDÉO
Continué hier à tourner film Petite Ceinture (allé jusqu’à la rue de Vaugirard…)
Filmé passage véhicules militaires qui revenaient du défilé.
M’a rappelé le 14 juillet 63 où j’ai filmé pour la première fois ! Avec caméra empruntée à Nini… il y a 24 ans !
Pourtant je n’ai pas le sentiment d’une régression. Au contraire, dans cette façon de tourner, de prendre des « notes cinématographiques » grâce à la légèreté de la caméra, la modicité du prix de la bande et le micro incorporé, je trouve une authenticité qui fait que je ne regrette pas la frime et le clinquant des films faits pour les autres…
ÉCRITURE
Parodie : « Le Nouvel Observat’faire… »
LITTÉRATURE – PINGET
Pinget (« Le harnais ») :
« Monsieur Songe n’aime plus quitter sa maison, et parfois appelé à le faire il dit à son ami Mortin mon pauvre je pars la mort dans l’âme. L’autre hausse les épaules et répond mon pauvre, partir ou pas elle t’a jamais lâché d’une semelle. »
VÉCU – PEINTURE
Marie-Berthe me raconte l’histoire de ce peintre qui avait vendu ses meubles pour boire. Sa femme gueule. Il peint des meubles en perspective sur les murs…
16/07/1987
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
(SF)
Proust expliqué par la biologie. On excite certains neurones et on ressent la petite madeleine, on revoit Combray…
ÉCRITURE
Magasins de fringues. Je lis « Dure limite ». C’est « Durée limitée »… !
IDÉE PLASTIQUE
Meuble en « diapos » éclairées de l’intérieur (cube-table basse) (?)
19/07/1987
Plusieurs idées :
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
SF = (inspiré par Jacques G. avec qui dîné à la même table au mariage Christine) (il passe beaucoup de temps à Lyon loin de sa femme)
→
On fournit aux hommes d’affaires en déplacements fréquents et prolongés une copie, un double de leur femme… (éviter de refaire « Solaris »)
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Riche personnage aimant les films. Il se fait faire film et comme il en a marre de revoir les mêmes plans, en fait changer certains, de temps en temps, pour être surpris…
(…)
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
D’après Cocteau « La mort d’un poète doit se sacrifier pour le rendre immortel… »
→
SF : invente machines pour apprécier œuvre d’art (au sens de goûter) → extinction de l’espèce. Il subsiste ces machines qui passent dans archives stockant œuvres humanité et note œuvres…
20/07/1987
Autres idées :
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(Suite discussion avec Mathilde)
Un marché dans le cercueil… = (toujours les mêmes formes… !) → Innover dans le cercueil.
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Un sculpteur fait moulage de votre corps (tête et partie du corps) tel qu’il sera après votre mort… En partie putréfié et bouffé par les vers, en partie reconnaissable.
Il fait un malheur avec ça… Tout le monde veut se faire faire son « portrait post-mortem »…
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
(Je médite sur « ce qui ne peut pas être rêvé » : y a-t-il des images, des formes, des mouvements, qui ne peuvent être visualisé dans un rêve ?
Je pense alors à un calcul très compliqué (exemple 3212 que divise 1326) et dont le résultat serait juste… alors ?
Commentaire du 23 septembre 2015 :
Cette idée est intéressante s’il ne s’agit pas d’un « calculateur prodige » à l’état de veille
– Commentaire écrit à 69 ans
Domaine de spéculations excitantes ou souvenir d’un résultat connu à l’état de veille ?
VÉCU – TÉLÉVISION
(11h15)
Demandé nouvelles « Lune » à Jean-Claude H.. Monsieur a mal pris le mot que je lui ai laissé.
Engueulade violente.
D’autre part : mot écrit de B. me demandant de laisser Emmanuel B. choisir intervenants dans interviews…
Ça va mal !
Je peux faire une croix sur FR3 Dijon, ce me semble…
Qu’ils aillent se faire foutre…
→ Ça s’est arrangé… !
21/07/1987
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Quelqu’un, X, après la mort de Y, est persuadé que Y n’est qu’absent, pas mort, qu’il est quelque part.
Mais comment le trouver ? Impossible. Il faut le faire revenir, mais comment ?
Il décide de lui faire peur, de lui faire du « chantage » : il s’attaque à la femme (et) aux enfants de Y…
Et, en effet (sous quelle forme ?) Y reparaît ! (Y pourtant tenté peut-être que, par la mort, les siens le rejoignent… ? ?)
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Aujourd’hui flotte en moi un sentiment d’insatisfaction, de mécontentement.
Pourquoi ? Suite à l’engueulade avec Jean-Claude H..
Appelé hier soir Mathilde, lui ai dit que ça s’était arrangé. « Tant mieux, m’a-t-elle dit, j’étais mal. Ne te mets pas dans ces états-là… ! »
→ Je m’en veux donc de me mettre dans ces états là. Mais il faudrait analyser précisément ce mécontentement.
De quoi est-ce que je m’en veux (et qui me rend triste en même temps) (?) :
– Pas vraiment de ma colère, car je la crois justifiée. Je ne me sens pas coupable
Je m’en veux d’une de ces trois choses (ou des trois ?) =
– De souffrir dans ma colère (amitié déçue, ouaf ouaf !) d’être un type sensible qui en prend toujours plein la gueule… et qui est démuni devant les conflits (cf. G.)
– D’aggraver le conflit (vieux thème) au lieu de négocier (cf. Mathilde : « Oui, je négocie parfois… »
Moi : « Pas en dehors de certaines limites… » (mais qui les fixe ?)
– D’avoir écrit ce mot qui a mis H. en colère. De ma maladresse. (J’aurais dû prévoir que Monsieur plaiderait – violemment – qu’il est « débordé »… !
De tout cela, je ne sais vraiment pas ce qui me gêne le plus… !
22/07/1987
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
(Comique) : Pendant toute une conversation, un personnage parle en louchant parce qu’il regarde une mèche qui lui pend devant les yeux…
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Succession de mecs qui sautent d’un avion en parachute avec sangle d’ouverture automatique. Un nouveau saute : il entraîne l’avion dans sa chute… !
Commentaire du 23 septembre 2015 :
Ce nouveau pourrait être un gros.
– Commentaire écrit à 69 ans
23/07/1987
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Des mecs kidnappent un néofasciste. Ils le circoncisent… !
24/07/1987
ÉCRITURE
Un personnage puissant dit : « Je vais remettre de l’ogre là-dedans… »
ÉCRITURE
« Commission d’étiquette » pour « commission d’enquête »…
25/07/1987
VÉCU – TÉLÉVISION
(15 h – terrain de Till Chatel. Championnat de France de voltige)
Temps gris… !
La voltige me barbe.
Je ne crois pas avoir vraiment envie – même si j’ai besoin de travailler – de faire régulièrement une émission d’aviation…
CINÉMA OU TÉLÉVISION – FICTION – RÉALITÉ – RÉFLEXION
(19h15 – hôtel)
Tout à l’heure je passe devant un arbre et y vois un parapluie coincé entre les branches.
Me dis que ce serait drôle (?) de « fictionner » des objets dans un arbre comme des fruits…
Je me dis ensuite qu’on n’y croirait pas.
Me fait repenser au dialogue avec Agnès pendant vacances (naturel # artificiel) → cinéma : faire croire que choses artificielles sont naturelles : difficile. Inversement : difficile aussi le faire croire que ce que je filmais en suivant le chemin de fer de petite ceinture avait été placé là par moi… Difficile aussi de faire de la mise en scène avec du réel…
VÉCU – TÉLÉVISION
(20h35)
Je regarde à la télé (canal 9. Quelle chaîne ? Quel pays ?) Un numéro de music-hall que je trouve adorablement marrant : mec et chien avec mêmes lunettes vertes qui font les mêmes mouvements… ! (Allemagne)…
VÉCU – ÉCRITURE
(22h45)
Regardant à la télé Polac et ses intellectuels qui m’impressionnent, je vais pisser. J’entre la salle de bains, je me vois dans la glace, je me dis : « Tu es vilain ! » et je me réponds : « Je sais… »
SOCIÉTÉ – SOCIOLOGIE – RÉFLEXION
J’entends parler de Baudrillard comme du sociologue de notre époque de communication…
Époque de communication… ? Je repense à tous ces gens, dans cet aéro-club tout à l’heure… Communication ? Les êtres me paraissent toujours aussi opaques…
IDÉE DE DESSIN OU DE PHOTOMONTAGE – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Décor de maisons avec décor à moitié sorti du sol = meubles = parties au-dessus du sol… (quelles ?)
26/07/1987
ÉCRITURE
Il assoupissait des morceaux de pain…
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Idée de court-métrage ?
Plan séquence (fixe) « Moteur » → Début du plan → bruit de ronflement au son → fin ronflements → « coupez ! » → Fin du film…
ÉCRITURE
« À l’ombre d’un dattier, on a du temps au-dessus de/devant (?) soi… »
Commentaire du 23 septembre 2015 :
Peut-être mieux : «… du temps pour soi… »
– Commentaire écrit à 69 ans
27/07/1987
ÉCRITURE
« Bela Browning portait un nom d’arme… »
« Bela Browning était aussi dangereuse que son nom le laissait penser… »
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
(Inspiré d’une conversation avec Jacques G., opérateur de FR3 qui, hier, était mal à l’aise en avion…) « Si j’avais pas l’œil dans le cadre, j’aurais dégueulé (…) Même quand je filmais pas, je gardais l’œil à l’œilleton… Je préfère filmer, ça me sécurise… »
→
Un caméraman, placé dans un contexte dangereux, ne cesse de filmer.
Après, on regarde film qu’il a fait. C’est tout autre chose que ce qu’il y avait en réalité. Transposé à travers sa subjectivité.
28/07/1987
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE – PROJET « SIDA »
Je me dis que l’idée du sculpteur faisant moulage X décomposé pouvait venir dans la nouvelle « Sida ».
ÉCRITURE
Un homme dit à une femme : « Tu es salaud avec moi… » (dans quelles circonstances ?)
29/07/1987
ÉCRITURE
Carolyn, la femme de Kit Carson, le héros de l’Ouest…
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
(Cf. R. Caillois « Mythe et l’homme ») (mante qui mange mouche offerte par mâle)
→
Couple humain où femme mange pendant baise ! (→ Ça peut terrifier un enfant…) Que signifie ?
VÉCU – TÉLÉVISION – AMIS – JEAN-CLAUDE H.
(20h15 – re-engueulade avec Jean-Claude H. au sujet du devis « Lune » qui ne sera décidément pas prêt avant septembre… !
Il me dit que je ne gueulerais pas comme ça avec quelqu’un d’autre… (qu’un « copain », veut-il dire…)
Commentaire du 22 septembre 2019 :
J’aurais dû lui répondre qu’un vrai copain se serait occupé de mon projet sans trainer…
– Commentaire écrit à 72 ans
Ça me culpabilise.
Ainsi, je me dis que je « profite » de ma situation vis-à-vis de Mathilde et que je ne violente que des femmes → honte et culpabilité…
ÉCRITURE
Le plaisir qui provient du fait de manger un sorbet est un plaisir ab sorbet…
LITTÉRATURE – CAILLOIS – « LE MYTHE ET L’HOMME »
« Rien ne prouve que l’individu ait précédé la société, ou inversement… »
30/07/1987
ÉCRITURE
(Dijon)
Je vois, écrit à l’entrée d’un parking :
Ouvert de
7h30 à 1h
Fermé
dimanche et jours fériés
Accès
Miséricorde (! !)
Fermé à
20 h
ÉCRITURE
Beaucoup de choses qui nous entourent sont « de la technique abandonnée »…
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE – PROJET « BRITISH GRAVES » – « LE VOYAGE DE DEUIL »
Pour nouvelle « British Graves » :
L’adolescente réfléchit sur prononciation d’un même mot suivant langue (cf. moi pensant à Sonia : « pidjama # pyjama) → elle se demande quelle est la « version originale ». Elle « relativise », jusqu’à ce que quelqu’un plein de bon sens lui dise qu’il suffit de savoir dans quelle langue est « né » le mot…
31/07/1987
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Écrit dans mon carnet par Mathilde :
« 12h – (illisible) – Mathilde
Toujours et encore.
Je vous A…E
or I L…E You
Mathilde
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE – PROJET « BRITISH GRAVES » – « LE VOYAGE DE DEUIL »
Pour nouvelle « British Graves » : l’adolescente fait des fautes de français (fautes avec un Français… ?)…
03/08/1987
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Faisable avec la V8 :
Je viens de voir à l’instant un système rotatif d’arrosage qui ressemblait un hélicoptère ou un ULM (?) abandonné).
→ Filmer ainsi des trucs (?) en les prenant pour autre chose par le commentaire… ?
ÉCRITURE
« Bien qu’il soit droitier, il écrivait d’une manière un peu gauche… Quoi que son écriture fut droite ! »
VÉCU – MUSIQUE – JAZZ – MICHEL ROQUES
(12h15 – hôtel)
Je regarde à la télé (programme local) Michel Roques. Du très beau jazz. J’avais déjà remarqué ce nom…
ÉCRITURE
(Relatif à note du même jour plus haut)
« Son écriture, quoiqu’un peu gauche, était tout de même droite… Il ne se débrouillait pas mal, somme toute (laquelle était égale à un puisqu’entre sa gauche et sa droite se trouve l’individu…)
Il écrivait certains nombres plus épais que d’autres (ainsi le mille, car il avait mis en plein dedans) et certains mots d’une manière assez raide (ainsi la « bourse » car, avare de nature, il écrivait sans bourse délier… »
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Deux personnages discutent pour comparer deux surfaces respectives (cf. océan Atlantique et Pacifique dans « Radio days », de Woody Allen) → méthode pour être fixé : l’un des deux découpe l’océan 1 et 2 sur mappemonde-carton (à plat), en fait 2 boulettes de papier et :
a/ pèse chacune
b/ mesure diamètre chacune ?
c/ avale chacune et dit que première (ou deuxième ?) a le plus de mal à passer…
d/ brûle les deux et mesure le temps que chacune met à brûler) ce qui n’est pas mal, concernant des océans ou des pays…) (par exemple, des pays en guerre…)
04/08/1987
VÉCU – SONS
(11 h du matin – salles de montage FR3 Dijon. J’attends la « productrice »…)
J’écoute les bruits venant des salles de montage voisines : phrases plusieurs fois répétées (« meilleurs souvenirs, il y en a beaucoup… ») et les rembobinage et accélérations en avant qui donnent à ces lieux l’aspect salle de torture avec gémissements, cris aigus ou alors asile de fous, avec rires hystériques, gloussements et émission de sons bizarres, incompréhensibles… (avec, de temps à autre, comme chez les fous, un morceau de langage clair, enfin lumineux (souvent très intéressant)… !)
ÉCRITURE.
Je pense aux adjectifs qui changent une phrase (« Après-midi ensoleillée en montagne… » → après-midi ruinée de soleil » (inclus dans Manuscrit « Les deux femmes du mort ») → « pourrie de lumière (cf. Resnais : « pourrie de musique ») → « pourrie de pureté » (paradoxe !)
ÉCRITURE
Il désirait écrire mais n’avait jamais osé. Il y songeait pourtant, envisageant de produire, dans un premier temps, des nouvelles, ce qui eût été une manière de sauter le pas. Ne dit-on point : « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles » ?…
ÉCRITURE
S’il était vrai que l’âme soit immortelle et que les morts nous observent, quelle souffrance ce serait de nous voir nous tromper, souffrir et mal vivre, pour eux qui ont perdu la vie ! Grâce à mon athéisme, je peux, au moins, me réjouir que cette souffrance-là ne soit pas ! Ils ne souffrent plus, ni par eux, ni par nous…
05/08/1987
ÉCRITURE
Une mère maquerelle : la « petite marchande d’allumeuses… » !
06/08/1987
ÉCRITURE – PROJET « MOTS CROISÉS »
Pour nouvelle : « Mots croisés » : nés dans un journal US en 1913
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – TÉLÉVISION
(Pour « fausse réalité » de Bouthier, à la rentrée (?) (d’après Agnès K… » = messagerie Minitel où, en direct, un agonisant commente ses derniers moments (puis un assistant) et les minitélistes « l’accompagnent »…
ÉCRITURE
Sacha Guitry : « Le silence après Mozart, c’est encore du Mozart… »
→ Moi : « L’écran blanc après Bresson, c’est encore du Bresson… »
07/08/1987
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – TÉLÉVISION – PROJET « BULLE »
Je me suis mis à vraiment réfléchir – enfin – au projet « Bulle ».
Envie de commencer par ma définition :
« Bulle : morceau de temps et d’espace fragile, bref et beau… »
et de remplacer par des bulles des productions répondant à l’un ou tous ces critères (exemple : note de musique sortant d’une enceinte HP…)
09/08/1987
ÉCRITURE – LITTÉRATURE – PAVESE
(23 h devant librairie « Compagnie » rue des Écoles, face rue de la Sorbonne)
Je parle à Mathilde (devant livres Pavese : « Travailler fatigue » et « La mort viendra et elle aura tes yeux » de comment j’avais lu ces titres : « Lavorare stanca » = « Travailler fatiguée » et « avra i tuoi occhi » = « elle aura tes yeux » (elle te ressemblera) → discussion : avoir ou « prendre » « Il faut lire le livre » dit-elle…
Et je lui dis, en lui léchant le cou, « La réponse est dans la langue ! »
ÉCRITURE
« Communiquer », c’est bien mais « nu, niquer », c’est mieux ! (ou « niquer nus », c’est mieux !)
11/08/1987
ÉCRITURE
Sketch drôle :
Speakerine télé qui fait des lapsus « signifiant » : « recunnu » au lieu de « reconnu »…
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Un clip mouvementé à la télé. Un téléspectateur croit que la télé ne marche pas (cause trucage). Il tape sur la télé → le clip se transforme en film de Bresson… !
12/08/1987
CINÉMA – CATHOLICISME – RÉFLEXION
Vision du « Jésus » de Zeffirelli (deuxième film).
– « Nul n’est prophète en son pays… » ← après avoir été baptisé par Jean, Jésus vient prêcher à la synagogue de Nazareth. Il dit que la prophétie est accomplie (impliquant l’arrivée du Messie : royaume de Dieu sur la Terre). Il est repoussé comme blasphémateur.
– André et Philippe, les premiers apôtres, ont d’abord suivi Jean le Baptiste. Il les a envoyés à Jésus puis Jean, fils de Zébédée, puis Simon-Pierre (frère d’André (originaires de Capharnaüm → Simon-Pierre doute lorsqu’André lui présente Jésus. Jésus le fait appareiller alors qu’il rentrait bredouille de la pêche → pêche miraculeuse.
Capharnaüm :
Jésus fait sortir le démon du corps d’un possédé. C’est le premier miracle (?)
Mathieu est d’abord collecteur d’impôts (!) Jésus demande à aller dîner chez lui !
Chez Simon-Pierre, Jésus soigne le paralytique (« Tes péchés sont pardonnés ») « Lève-toi et marche ! »
(Je pleure tout seul en voyant certaines scènes… !)
Repas chez Mathieu : parabole du fils prodigue (colère du frère aîné qui obéit au père, qui ne lui a même pas offert un agneau ! Mais Simon-Pierre qui détestait Mathieu vient se repentir et dire qu’il était un homme stupide).
Jésus ramène à la vie une fillette morte (Thomas ne croit que ce qu’il voit. « Pour douter à ce point, il faut que tu aies besoin de certitudes ».)
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Un « scoop » des photos de Jésus enfant, la période dont ne parle pas la Bible…
14/08/1987
VÉCU – ARGENT
Mois d’août sans vacances (je veux faire des économies pour pouvoir m’engager dans un remboursement à long terme des impôts en ayant une petite réserve pour les mois sans travail (malheureusement, je commence par un mois sans travail… ! Cécile J. m’a appelé, de FR3 Dijon, mais à une demi-heure près, un autre réalisateur a répondu au message avant moi…)
Le seul projet un peu réel auquel me raccrocher, c’est ce film de 3 minutes (!) que m’a offert, gentiment, G. (série « Mot à mot ». J’ai hérité du mot « Bulle ».
Gambergé (nuit sans sommeil). Trouvé une structure satisfaisante, mais, maintenant qu’il faut mettre quelque chose dedans : je reste sec !
VÉCU -PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Ce matin, réveillé avec déprime
(rêvé que je courtisais une femme sans succès).
Toujours cette impression que je ne suis pas, comment dire ? « en règle » avec mon destin, que je triche sans cesse, y compris (et surtout) avec moi-même.
Pas de succès contemporain parce que pas « dans le ton » de l’époque, mais pas non plus de réussite « absolue » car pas un grand artiste.
J’arrive à 41 ans et je me dis : « Si l’on fait le bilan, il n’est pas brillant. Si l’on envisage l’avenir, il est de plus en plus réel, de plus en plus présent que cette affreuse réalité, toujours repoussée grâce à l’espoir, devient effective : je ne ferai pas de films ! ! (Je veux dire de films personnels, écrits par moi…)
→ Pourtant je me dis que j’en ai faits ! Que j’en fais d’une certaine façon (bulle), que j’en ferai sans doute. Alors quoi ? Qu’est-ce qui me manque, au fond ? Cette chose que j’affecte de mépriser : le succès ?
Oui, sans doute : à la fois un succès et la conviction personnelle, intime, de la qualité de mon œuvre… ← (? ?) (! !) (prétentieux !)
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – TÉLÉVISION
(Pour le « faux vrai » de Bouthier ?) : Un type croit (ou veut faire croire ?) que Coluche était le Christ revenu sur terre (voir comparaisons possibles) et qu’il a ressuscité (il a le film de la résurrection. ?)
→ (Suite) Lecture interview de Claude Gaignebet (Nouvel Obs N°1188) (…) Un discours écrit ne peut pas se défendre. Et, à la limite, lorsque la bonne manière de le lire n’existe plus, il n’a plus de sens… »
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Un film compréhensible des seuls X (X = mathématiciens ? logiciens ?). Après une série de plans, l’un d’eux prévoit le plan suivant, « Bien sûr, il ne pouvait en être qu’ainsi… »
VÉCU – CHOSES VUES – SCULPTURE
A Ivry, place de la République, il y a une sculpture intéressante (pas le temps de voir : j’attends le bus…)
→ J’y vais ! (sculpture-fontaine)