Carnet 41 – Du 14 mars 1987 au 8 juin 1987
14/03/1987
CARNETS – CRÉATION
Ça fait deux fois déjà, ces derniers jours, que j’ai des idées que je jugeais sur le moment intéressantes, mais, comme c’était au moment où je m’endormais, je n’ai pas eu la force de me lever pour les noter et je les ai oubliées !
Ça m’agace. Est-ce une grande perte ou non ?
Je ne puis le dire puisque je les ai oubliées… ! J’ai juste le souvenir de leur avoir accordé de l’importance…
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Mathilde et moi avons reparlé de nos problèmes actuels. En ce qui concerne son amour pour moi, Mathilde a reconnu qu’elle avait changé. « Au début, a-t-elle dit : je n’avais que ça… » Voilà ma grande nostalgie, celle du temps où elle n’avait « que ça »… !
MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
Je voulais noter ici que les derniers mots de ma lettre « de rupture » à G. (« (…) votre désir de vous débarrasser de moi… c’est aujourd’hui chose faite. », C’est un revécu de l’abandon, la perte, le « débarras » du chien Bobby. Ça éclaire bien, d’ailleurs, cette tentation permanente de la rupture par rapport à quoi je suis si mal à l’aise : que je me fasse jeter, c’est la même chose…
Au plan réel, pourtant, une incertitude me gêne profondément, celle de ne pas savoir, de ne plus me souvenir si G. m’a ou non répondu lorsque je lui ai demandé si je pouvais interrompre la cure pour la reprendre plus tard. Je me souviens de son : « Quelle est la question ? » et de l’avoir clairement reformulé à ce moment-là, mais de réponse : point !
15/03/1987
AGNÈS – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
(19h40)
Je viens de raccompagner Agnès à Eaubonne et ça s’est mal passé entre nous. Pour la première fois, je crois, je lui en ai voulu.
J’avais parlé de mon projet « France interrogée » et, comme j’y pensais et ne parvenais pas à m’arrêter à une solution satisfaisante, j’ai tapé sur le volant.
Agnès m’a dit alors de « ne pas m’énerver comme ça… »
En fait, ce coup sur le volant reflétait l’excitation que j’ai à cogiter sur une idée, à m’approcher d’un résultat intéressant. C’était une manifestation en fait positive.
J’ai dit à Agnès que c’est parce que je me laissais aller avec elle que j’agissais ainsi et, que, au lieu de m’en faire reproche, elle devrait plutôt bien le prendre.
Agnès, au fait de mes problèmes avec G., m’a répondu ceci : « Tu crois que quand tu fais quelque chose parce que tu es bien avec quelqu’un et que tu te laisses aller, ça ne gêne pas les autres !… »
Je l’ai mal pris. Lui ai dit : « Je me le tiens pour dit. Je garderai mes idées pour moi et leurs manifestations… »
Ai fait la gueule jusqu’à Eaubonne.
Une fois arrivés, elle m’a dit au revoir, s’est aperçue que j’étais mécontent, m’a demandé ce que j’avais → mutisme de ma part → elle est rentrée.
Je m’aperçois que rares sont les gens qui m’ont accepté tel que j’étais. Pas ma propre fille, en tout cas.
Je me suis dit que c’est exactement l’histoire des pets avec G. qui se répétait ( c’est le cas de l’écrire… !)
Depuis quelques temps, Agnès m’a fait plusieurs remarques sur mon mauvais caractère, ma nervosité aussi, cet après-midi : « Tu n’es pas indulgent ni avec toi-même ni avec les autres… Surtout pas avec toi-même… »
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Suis mal ce soir.
J’en veux au monde entier.
Suis mécontent de moi, fondamentalement.
Problèmes d’argent, bien sûr, de situation sociale et puis je juge sévèrement mon incapacité d’aimer vraiment.
Ainsi j’en veux à Mathilde de m’avoir délaissé pour son travail.
Je me dis que cela vient de moi.
Lorsque moi, je l’ai délaissée, je n’aurais pas admis qu’elle se révoltât, mais moi, je me révolte. Moi, j’exige.
Je lui reproche aujourd’hui de ne pas m’avoir fait des reproches, de n’avoir rien exigé, de ne pas s’être vengée quand je l’avais trompée, de ne pas être devenu violente quand je la laissais sexuellement en manque…
Je ne veux plus être piégé par l’amour, mais, avec Mathilde, je jouissais qu’elle le fût, elle…
Je rêve parfois à me mettre en règle avec moi-même : à aimer une femme, à lui être fidèle, mais je recule alors, horrifié, devant la dépendance où je me vois retomber en ce cas.
Ce qui m’a plu en Mathilde, c’est qu’elle était, elles, dépendante, souffrant du manque, animée par le désir, et pas moi. C’était une situation nouvelle pour moi.
Peut-être pas si nouvelle, d’ailleurs. Avec des succès divers, n’est-ce pas la situation dont je me suis toujours efforcé de jouir ? (et que j’ai obtenue parfois…)
J’en veux, par exemple, à Mathilde d’avoir passé ce week-end à Amsterdam à « jouir » sans moi, sans manque de moi.
Mais n’en ai-je pas fait autant ? Auparavant…
Je me dis alors : elle n’avait qu’à ne pas l’accepter, alors… !
Projetant sur elle ma propre manière de réagir. Incapable que je suis aujourd’hui d’accepter une situation nouvelle où je ne suis plus « tout » pour elle…
AGNÈS
De même Agnès s’éloignant de la voiture sans un mot, c’est pour moi quelque chose de très pénible à vivre.
Et je me suis pris à désirer qu’elle me téléphone « pour parler », comme je le désirais pour Colette, comme je l’attendais…
16/03/1987
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(11h45)
Bureau production Dijon vide et triste. Temps gris. Acheté mauvaises saucisses parce que j’avais fin : mal au ventre ! Je suis transi, très peu dormi cette nuit. Ai sommeillé dans le train, très fatigué. De plus, il se met à neiger !
Hier soir, écrit lettre à Mathilde. Elle devait rentrer le soir, ne la voyant pas arriver suis allé chez Claire lui emprunter de quoi acheter billet de train pour venir ici.
Entre-temps, Mathilde est rentrée.
Discussion orageuse (j’ai retourné le matelas puis suis allé dormir dans le salon).
Mathilde : « Je ne suis pas heureuse (…) Je suis débordée (…) Je suis en crise (…) Je n’ai plus envie de rien (…) Je ne veux pas te rendre malheureux, je vais partir (…) et aussi : « Tu as été en crise toi aussi, je n’ai pas réagi comme toi… » (← raisonnement évoqué dans note d’hier).
Mais nous sommes différents : ce manque de patience en moi, cette exigence, me font mal…
ÉCRITURE
(Inventé 🙂
Un acteur :
« Je ne travaille pas mon personnage, c’est mon personnage qui me travaille… (2014 : from Internet : pas fait)
RÉFLEXION – PENSÉE
Une question : est-ce que penser, c’est fatigant ? (bien que ça ne fasse pas appel à des muscles…) Pourquoi faut-il parfois faire des efforts pour penser ? Pourquoi y renonce-t-on parfois ? (fatigue ou refoulement ?)
19/03/1987
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(8h30 – local technique FR3 Dijon, attendant équipe pour partir tourner…)
Hier soir : appelé à l’hôtel de Mathilde (vers 23 h – 23h30 ?) Elle n’avait pas appelé jusque-là parce que « pas retrouvé le papier avec numéro de l’hôtel »…
Pas contente parce que moi, je n’avais pas appelé !
J’ai répondu qu’il ne fallait pas inverser la situation que c’était à elle de venir à moi…
Longue discussion, entrecoupée de raccrochages (2 fois, je rappelle après, 1 fois, c’est elle), je m’emporte violemment, devient cru, grossier, la menace de la tabasser, gueule mon humiliation, mon désir de retrouver ce dont je me sens dépossédé : le temps où elle était à moi.
Je raccroche après son : « Qu’est-ce que ça veut dire ? (être à toi) » et autre parole (laquelle ?) (*) qui me fout en rogne parce qu’elle confirme cette « lointaineté » qui me met en rage chez elle.
Elle dit que je n’ai pas à lui en vouloir, qu’elle ne m’en veut pas bien qu’elle pourrait (de mon « indisponibilité » d’avant).
Des mots d’elle qui font mal et me mettent en rage :
« Tu m’en as donné aussi, des coups (moraux) »
« Tu n’étais pas disponible (lorsque je lui reprochais de n’avoir plus rien fait pour m’exciter depuis qu’elle travaille (je gueule fort contre son travail qui me l’a « volée »)
« C’est sexuellement que ça ne va pas : je n’ai plus envie de rien… » (dans cette conversation : « Tu trouverais normal que j’aille voir ailleurs ? – « Oui » et « N’attrape pas le Sida… !)
Je menace de la tabasser. Elle se rebiffe : « Si tu fais ça, on se quitte, ça ne sert à rien. »
Je lui dis que je régresse à l’époque Colette (c’est vrai, je retrouve les mêmes merdes qu’à cette époque : sommeil difficile – réveil empoisonné par pensée du gâchis – colère – manque – irrésistible humiliation de sauter sur le téléphone)
« Ne parle pas d’elle, ça ne m’a pas intéressé, ce que tu m’as raconté, je n’ai pas envie de vivre ça… »
Avant-dernier appel : je lui dis qu’il faut qu’elle manque de moi pour venir à moi.
(Elle : « Les mecs peut-être, une femme, c’est plus elle fait l’amour qu’elle en a envie… ») + que je ne rentrerai pas jusqu’à ce qu’elle m’appelle…
Dernier appel : je lui dis que j’ai réfléchi : puisque tout vient de moi, il faut qu’on se quitte.
« Réfléchis » dit-elle.
Elle aura beaucoup dit « Je t’aime » au cours de ses coups de fil, mais je suis trop en colère pour que ça me fasse du bien…
(*: Cette fois-là, j’ai raccroché parce que je lui avais dit que je voulais qu’elle m’excite, même si comme femmes « des magazines » Elle : « Je ne les aime pas, ces femmes, ce n’est pas moi ! » (Moi : (frustré, retrouvant la dichotomie réel – fantaisie, qu’elle avait un temps, abolie: « Salope ! » Et je raccroche).
(12h35) = « Coupure déjeuner » (moi, je suis coupé, quelle que soit l’heure).
J’ai fui les autres, entrés pour bouffer dans un self ignoble d’un quartier « moderne » et je me suis réfugié seul dans un bistrot après avoir acheté – enfin – des journaux.
J’ouvre Libé, « offert » à des écrivains et la première phrase que je lis, c’est, dans l’éditorial d’Élie Wiesel :
« Aujourd’hui, nous le savons : l’opposé de l’amour n’est pas la haine, mais l’indifférence… » (l’indifférence est aussi, écrit-il, l’opposé de : la foi – la culture – l’art – la paix (indifférence à la paix et à la guerre).
Je trouve donc, en une phrase, résumé ce que je ressens ce moment : que cette haine terrible, cette colère terrible qui sont montées en moi sont encore – désespérément – la continuation de mon amour pour Mathilde, comme elles l’étaient de celui pour Colette. Ce qui me donne des envies de la frapper, de la tuer ! c’est qu’elle se soit endormie hier soir après que j’ai raccroché, à un moment, et qu’il ait fallu que je rappelle et la réveille, c’est qu’elle ne m’ait pas appelé de Suisse ni d’Amsterdam, ce qu’elle ne m’écrive pas, clouée dans l’instant par l’irrépressible besoin d’un contact avec moi, c’est qu’elle soit sans urgence, sans fièvre…
Décidément je redécouvre quelque chose d’oublié dans le confort de l’habitude : on n’a jamais fini de souffrir !
Avant, on était heureux, on se transmettait notre bonheur, aujourd’hui on se transmet notre souffrance !
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
(17 h de retour à la station FR3)
(D’après le souvenir du jouet de Krystelle, Casper, le petit fantôme, muni d’une ficelle sur laquelle on tirait et qui débitait des phrases : « Tu veux bien être mon ami ? Je suis Casper le fantôme. Je me suis fait peur tout seul » (c’est cette phrase qui crée cette idée because accident d’ULM, conclusion des moniteurs : « Il s’est fait peur tout seul… »)
Court-métrage :
– Générique sur fabrication en usine → l’objet fini
– Objet en rayon, une vendeuse le donne à mère
– CM = plans successifs sur moment où on tire la ficelle
1/ l’enfant ravi sous les yeux des parents
2/ l’enfant seul et triste dans sa chambre
3/ l’enfant tirant alors que parents se disputent et que la mère s’en va avec lui (elle emporte le gosse : « Laisse ça ! », elle jette le jouet
4/ le père seul, tirant mélancoliquement sur ficelle, etc. (?) ← S’en tenir au nom du jouet + « Tu veux bien être mon ami ? » (Triste)
19/03/1987
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Renseignements téléphoniques = image de synthèse. Les correspondants sont localisés dans quartier, dans l’immeuble
Commentaire du 27 septembre 2015 :
Prémonition de toutes les innombrables « localisations » qui se sont développées depuis grâce à l’informatique et à Internet.
– Commentaire écrit à 69 ans
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
(23 h 05)
Elle m’a appelé : « Rentre. J’ai besoin de toi. J’ai envie de toi. » → Il faut que j’écrive ici, clairement, le soulagement que j’ai éprouvé à entendre cela.
« Mathilde, oui, tu as sur moi un pouvoir, oui, j’ai besoin de toi, oui, je te désire, oui, je t’aime. Je t’ai lu hier au téléphone la phrase d’Elie Wiesel et tu m’as dit : « C’est à moi que je suis indifférente… » Comment peux-tu être indifférent à l’être que tu es, dont ma haine ne m’a tout de même pas empêché de reconnaître, d’apprécier les qualités ? »
20/03/1987
VÉCU – SIDA
(Nouvel Obs numéro 2228 – 20 au 26 mars 87 = SIDA = contagion par échange de sang ou voie de passage entre sang et sperme…
→ « Rumeur mortelle » :
« L’histoire de la « meuf canon » draguée en boîte qui disparaît à l’aube, laissant sur le tiroir de la salle de bains ce message tracé au rouge à lèvres : « Bienvenue au club Sida ». Ou l’histoire du « baiseur fou », contaminé, qui ne veut pas mourir seul et disperse avec frénésie son foutre maudit. »
Écrit ça dans un resto. Un assistant d’FR3 vient s’asseoir près de moi. On parle de ça et il me raconte couple d’homos dont l’un = séropositif → ils ne font plus l’amour ensemble mais vont le faire avec d’autres… !
(1/ Amour = ne pas baiser ! 2/ Agressivité meurtrière envers l’extérieur…)
21/03/1987
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
(Je ne sais pas si je l’ai déjà notée 🙂
Panneau d’oculiste. Un mec lit les lettres de loin et ça fait, lettre par lettre, un message :
« V… O… U… S… E… T… E… S… M… E… N… A… C… É… »
VÉCU – PEINTURE – CINÉMA – HITCHCOCK
(18h40)
À la télé un peintre qui aime le mot « suspense » et cite Hitchcock = Claude LAZARD (?)
(26 mars ← galerie du Centre)
23/03/1987
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
(Suite de la note du 21/03/1987)
Ça peut-être le liseur qui transforme les lettres et donne l’une après l’autre celles d’un message (parce qu’il est surveillé ?) ou l’oculiste qui fait passer message ? (en choisissant les lettres)
VÉCU – TÉLÉVISION – FEMMES – SYLVIE F.
Bistrot « Les lumières de Belleville ».
Je reviens d’une projection d’un téléfilm (« Les cinq dernières minutes » !) de G..
Soporifique !
Rencontré là Sylvie F. qui m’a dit qu’elle me ferait relire mes lettres lorsque je ne serai plus fâché… (« Je ne t’avais pas promis la Lune… Tu as été sévère…) Bof !
25/03/1987
ÉCRITURE (TGV Paris Dijon pour aller faire du plateau)
Impossible d’écrire : ça vibre trop !
Un joli titre :
« Un être et des étés… » (2014 : from Internet : pas fait) (inclus dans Manuscrit « Les deux femmes du mort »)
ou
« un être et ses étés… »
ou
« des êtres et des étés… » → « Deux êtres et des étés »
27/03/1987
ÉCRITURE – LITTÉRATURE – LECTURE
(12h25 station FR3 Besançon)
« Horace Walpole » est un nom qui me fait pénétrer dans un univers de littérature
VÉCU – TÉLÉVISION – TRAVAIL
(19h40 TGV pour Paris)
Aujourd’hui, pour moi, il faudrait, tout en tout en travaillant comme je le fais pour gagner ma vie, trouver la force d’écrire. Il y a des choses que j’aurais sûrement envie d’écrire (je suis sûr que l’envie m’en viendrait en le faisant, comme l’appétit en dormant) : la nouvelle (?) sur les mots croisés, le scénario de « L’amour de loin »…
Ce serait bien… !
30/03/1987
VÉCU – DANSE – BÉJART – SOCIÉTÉ – CHOSES ENTENDUES
(17 h)
Je passe des coups de fil et j’écoute – distraitement – Béjart à la télé. Je chope ça : antiquaire ayant mis panneau : « Il ne suffit pas qu’un objet soit ancien, encore faut-il qu’il soit beau… » (!)
Béjart parle de la valeur « nouveauté » et précise qu’il en va de même pour ce qui est nouveau…
VÉCU – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Appelé le CNC. Rappeler à partir du 10 avril pour savoir si « La mort dans l’œil » va en plénière.
Plénière le 27 avril !
31/03/1987
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(11 h La Périgourdine place Saint-Michel. J’attends Mathilde pour aller acheter un costume pour moi (ai vu, dimanche, aux Puces où on se baladait, une coupe qui me plaît et me rajeunissait… »
Difficile pour Mathilde de quitter son travail ainsi, en pleine matinée… ! (Hier encore, comme elle avait prévu un rendez-vous en soirée parce que je devais aller dîner chez Maman : engueulade car dîner décommandé et moi mécontent non du fait qu’elle travaille mais du manque d’une manière tendre de me le dire…)
VÉCU – CINÉMA – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL » – PROJET « LUNE » À FR3
Remis ce matin scénario de « La mort dans l’œil » à la violoniste du quatuor (contactée via Philippe B. des C., de l’INA, from Michel F.)
Hier, idem pour Jean-Luc B., réalisateur opérateur décorateur (branché sur lui par Jean-Claude H. pour décor Lune FR3 Dijon) Il doit faire le « maquillage » du microscope…
La réponse du CNC approche et ça commence à me rendre légèrement anxieux… !
VÉCU – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) – INCONSCIENT
Reçu il y a deux jours une lettre de G..
Elle contenait une autre enveloppe, avec un carton : « Voilà qui va vous confirmer l’existence de mon inconscient… » Sur l’enveloppe, en gros : « inconnu » (symbolique ! ! !) Il m’avait répondu mais adressé sa lettre au 39 rue de la Chine !
Dans sa réponse, il parle de ma haine du langage liée à une « intense nostalgie d’une relation de corps et de gestes… » (avec ma mère, bien sûr, ajouterai-je… !)
Il me propose de le recontacter quand je le souhaiterais pour une reprise des séances…
03/04/1987
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE – PROJET « IMAGE QUI S’USE »
Une image (?) qui s’use au fur et à mesure qu’on la regarde…
04/04/1987
VÉCU – HABILLEMENT – APPARENCE – ARGENT – TÉLÉVISION – GUY DARBOIS – AMIS – DOMINIQUE M. – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – SEXE
(09h attendant départ train en gare (Saint-Lazare) pour Rouen…) (opération « Interclasses » en Normandie avec moyens techniques Dijon…)
Nouvelles des derniers jours :
1/ Je me suis acheté un costume (« Chino ») bleu marine. Avais envie d’être propre et présentable, précisément aujourd’hui, ne serait-ce que vis-à-vis des enfants et puis côté « manifestation officielle »…
2/ Envoyé samedi dernier chèque maman (23 000 Fr.) et FR3 (3000 et quelques…)
Hier vendredi : pas encore arrivés ! Ça me fout la merde. Je comptais pouvoir retirer du fric pour mes repérages de la semaine prochaine. Obligé de m’arranger avec le chargé de production de Rouen, mais il est malade ! (paludisme).
3/ Hier, à A2, rencontré dans un couloir Guy Darbois (ancien des « Dossiers de l’écran » nommé responsable de l’acquisition des court-métrages à A2). Il prenait un ascenseur mais comme il n’a pas couru assez vite pour l’avoir, il m’a tout de même serré la main !
Lui ai dit : « J’ai un court-métrage sur le feu… »
– « Un court-métrage de fiction, avec comédiens ? »
– « Oui »
– « Oui, oui. »
– « Je l’ai déposé à la subvention. Mais les court-métrages sont automatiquement achetés quand ils ont la subvention ? »
– (avec son « air » que je lui connais depuis 16 ans…) « Non, non… »
– « Ah bon, c’est ce qui s’est passé avec mon dernier… »
– « Par qui ? »
– « Patrick Brion… »
– « Non, non… »
– « Eh bien je viendrai te voir… »
– « Mais oui… »
Beurk !
4/ Hier soir, conversation téléphonique avec Dominique M. et sa copine Dany.
Lui a aimé « la mort dans l’œil ». Elle aussi, ils sont d’accord pour dire qu’il manque un « petit quelque chose » à la fin. Pour, dixit Dominique, « montrer qu’ils ont été marqués par ce qui leur est arrivé, qui est tout de même énorme… »
Et elle : « J’aime bien. Et puis les personnages sont sympas (? !), ils n’ont pas de réalité psychologique, mais ce n’est pas le propos, je crois… »
(pas de « réalité psychologique »… C’est quoi, ça, au juste ?)
Comme je parlais, dans la conversation, des réactions de déprime face aux difficultés de ce métier sans sécurité aucune, cette fille, d’un ton très catégorique, très professoral (professeur, elle l’est… !) m’a dit que je n’étais pas assez « positif » et que c’était pour ça que je me plantais (!) (Comment le sait-elle, que sait-elle de mes « plantages » ?) et qu’il fallait « ne plus avoir d’égo »… Alors là, tout allait bien… !
Cette conversation m’a – curieusement – beaucoup agacé (plus qu’il ne faudrait, infiniment plus).
Je me sens fragilisé en ce moment.
5/ Avec Mathilde en ce moment, ça ne va pas fort. Relations sexuelles inexistantes ou difficiles. Je ne suis pas satisfait, je me sens aigri, agressif…
Je lui reproche de ne rien faire pour m’exciter, de n’avoir pratiquement plus envie de faire l’amour.
Elle a conscience de me décevoir et cela la rend malheureuse. Mais rien ne change pour autant…
Tout à l’heure, du hall de la gare, je l’ai appelé pour lui dire « Je t’aime »
– « J’ai entendu » a-t-elle répondu…
SOCIÉTÉ – GENRES – RÉFLEXION
In « Nouvel Obs » (3 au 9/4/87) article sur scène de ménage (Gérard Petitjean) :
(…) « C’est dans les cours de récréation qu’il faudrait chercher la cause des mésententes ultérieures. Les garçons n’excluraient personne de leur jeu dont ils discutent les règles à l’infini avec passion. Au contraire les filles joueraient plutôt par petits groupes de deux ou trois en se rejetant, s’excluant et se réconciliant peu après, développant ainsi empathie et sensibilité…
→ (Cf. Carole Gilligan : « Une si grande différence » Flammarion.
Autres bouquins :
– « La scène de ménage » de F. Flahaut – Denoël
– « De la guerre conjugale » – Irène Pennachioni (éditions Mazarine)
– « Couple, réalités et problèmes » Georges Tordjmann Hachette
– « Le couple, sa vie, sa mort » Jean Lemaire. Payot
05/04/1987
ÉCRITURE
Village d’Escurieux… (Est-ce curieux ?)
VÉCU – TÉLÉVISION – INTERCLASSES NORMANDIE – CULTURE – ARGENT
Hier samedi me suis retrouvé, pour la première fois de ma vie, en position de juge ! Et seul en plus… ! C’était moi qui notais (en plus il fallait mettre des notes !) les scénarii présentés par les six classes finalistes du concours organisé par Hachette…
Je me suis retrouvé en contact avec des commerciaux… Ni pires ni meilleurs que d’autres en tant qu’hommes, mais leur fonction de faiseurs de fric leur colle à la peau…
J’ai découvert que la vente d’encyclopédies par porte-à-porte marche très bien, non plus comme avant pour « faire bien, dans les bibliothèques mais pour les enfants, pour améliorer leurs résultats scolaires.
Réflexe de temps de crise, de chômage. Le retard scolaire, c’est la hantise…
Décidément la crise profite à certains… (le Livre de Paris, filiale d’Hachette, 10 régions, plusieurs agences par région, le pays est bien quadrillé… !)
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – ARGENT – EXPLOITATION – ART
(19 h)
Cet après-midi, nouvelle querelle, une de plus, avec Mathilde sur le thème de son métier, du commerce et de la haine (le mot n’est pas trop fort) qu’il m’inspire.
Elle m’a laissé devant la maison (elle allait chez sa sœur Patricia – on y était passés mais je ne voulais pas y retourner car il y avait ses parents (je n’ai pas oublié les mots de la mère, un soir où on venait prendre les enfants pour les emmener au restaurant : « Un enfant, ça ne s’achète pas… Il n’y a pas de « bidon » chez moi… Si on n’était pas là, comment est-ce que vous feriez ? » J’ai conçu depuis cette petite phrase meurtrière, bien féminine et bien maternelle, une répulsion définitive pour ces gens-là… Mathilde, elle, trouve trop d’intérêt à ce « relais » maternel (en ce qui concerne les enfants) pour s’offusquer de ces mots…)
En me laissant, Mathilde m’a dit : « Je te gêne… ! » puis « Alors ? » (Parce que je ne descendais pas et que la voiture était au milieu de la rue…)
Je trouve Mathilde égoïste sur le plan des idées et généreuse sur le plan pratique et moi généreux sur le plan des idées mais égoïste sur le plan pratique… !
Elle aime son métier. Je voudrais qu’elle ne l’aime pas. Elle a bonne conscience, je voudrais qu’elle se sente coupable.
C’est un combat perdu pour moi. Et totalement inutile.
Pourquoi une telle haine en moi contre ceux qui gagnent de l’argent ?
Jalousie, bien sûr, enrobée dans les raisonnements pseudo-politiques…
En même temps, la pensée me revient qu’il y a du vrai dans ce que je dis, quand je parle de système inégalitaire où l’on « ne prête qu’aux riches »… que j’ai raison de reprocher à Mathilde de fermer les yeux sur les gens qui fabriquent en Asie pour des salaires de misère des bijoux qui seront vendus ici dix fois plus cher que la part qu’ils en auront touchée… Système d’intermédiaires qui touchent au passage et font gonfler les prix, système créateur de misère, d’impossibilité de se procurer des biens pourtant théoriquement offerts à tous, système générateur de vol, de délinquance…
Inévitablement, le mot vient à l’esprit : plus-value…
J’ai tort et raison.
J’ai toujours été piégé dans ce genre de situation.
Il y avait de quoi alimenter à la fois ma colère et ma culpabilité…
Mathilde voudrait qu’on « oublie » quand on est ensemble. Elle ne veut plus « subir » comme elle a subi. L’argent lui donne ce pouvoir et celui de dire merde quand elle en a envie. « Mais je n’en ai pas toujours envie… » dit-elle.
Quand je lui parle de l’exploitation de la main-d’œuvre en Asie, elle répond que chacun agit comme il l’entend, que pour sa part elle a choisi ce qui était bon pour elle. Je lui réponds qu’on croit choisir mais qu’on ne choisit pas.
« Moi, dit-elle, je veux sincèrement que tu réussisses, quels qu’en soient les moyens… »
– « Même si je devais être malhonnête ? »
– « Mais moi je ne suis pas malhonnête. Je travaille… »
– « Ce n’est pas toi qui malhonnête, c’est le système… »
etc.
et aussi :
Moi : « Moi, si je réussis, ce ne sera pas en vendant ce qui se vend, mais en me battant pour imposer mon talent… »
(En définitive, pour moi, vendre selon la demande, c’est diabolique, moi, je vends de l’invendable (ou du difficilement vendable)…
Pas les mêmes intérêts, pas la même façon de penser, de réagir, de se situer dans le monde…
Une fois de plus, je constate que la fusion est impossible.
Une fois de plus, je constate que j’essaye de faire que l’autre soit moi.
Une fois de plus je constate que, n’y parvenant pas, je sabote l’amour, que je charge de mes plus grandes déceptions donc de ma plus forte haine…
Une femme qui voudrait la paix, je lui impose la guerre…
Une fois de plus, je constate que je suis destructeur et autodestructeur (destructeur d’automobiles ?)
De plus, je suis aigri, vindicatif, haineux, jaloux !
Je dis du mal de son milieu, elle traite les comédiennes de « putes ». « C’est une entreprise commerciale aussi ! » Je réponds que c’est un art.
Elle : « Je n’ai pas besoin de toi… pour recevoir des leçons de générosité (cause gens qui racontent leur vie = jeu de séduction flattant le narcissisme, donnant un sentiment de sûreté de soi qui permet de sourire et même de rire…)
06/04/1987
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – ARGENT – CONFLIT
(7h10)
Couché dans salon. Réveillé à 5h30 (retour à choses connues…)
Hier soir : cassé deux verres et une bouteille sur la table. Il y a des éclats partout (j’ai nettoyé, passé l’aspi, mais ils sont minuscules et s’insinuent partout jusque dans l’ordinateur d’échecs…)
Après cette querelle sur le thème de l’argent, une vieille chanson me revient en mémoire « Rockfeller, Rockfeller » (prononcé : Roquefelé)
Exemple de charge signifiante de quelque chose d’apparemment insignifiant…
Commentaire du 11 juin 2018 :
Aujourd’hui, en transcrivant cette note, une interprétation s’impose irrésistiblement à moi : les éclats de ma colère enrayant mon « jeu d’échecs » (ma stratégie d’échec) et l’argent venant « fêler » mon « roque », terme d’échec désignant une manœuvre de mise à l’abri du roi : il y a dans tout cela une richesse de sens qui se dégage presque « naturellement » et qu’il n’est pas nécessaire de formuler : tout lecteur un peu averti le saisira.
– Commentaire écrit à 71 ans
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE – PROJET « IMAGE QUI S’USE »
(10h30)
Je reviens sur idée de l’image qui s’use au fur et à mesure qu’on la regarde…
Pourquoi pas le contraire… ? Elle s’use et disparaît petit à petit si on ne la regarde pas… ! !
Aussi, pour la sauver, car elle est belle (peinture ? fresque ? photo ?) crée-t-on une chaîne de gens qui se relaient pour venir la regarder… Si interruption → détail disparaît → faire que initiés savent et se relaient mais petites interruptions forcées (guerres – catastrophes) Montrer ça au cours des âges (costumes différents…) Voir suite plus loin…
Belle idée, ça !
Suite idée :
À la fin, on passe dans notre futur : homme du futur regarde toujours, mais il ne reste plus qu’un trait ou deux… !
Enfin : tous les personnages qui ont regardé réapparaissent (résurrection) et, au fur et à mesure, l’image se recompose…
À la fin : personnage représenté devient vivant, sort de l’image et part avec les autres…
(Il faudrait amener l’idée que ce personnage leur apporte le bonheur définitif (dont ils ont eu une petite part en le contemplant) : c’est pour cela qu’ils maintenaient cette chaîne et sauvegardaient l’image…
Je suis con ou quoi ? Le bonheur attendu, c’est ça, c’est la résurrection il suffit que l’image se recompose au fur et à mesure de la réapparition des regards d’heure, pas besoin qu’elle devienne vivante… (c’est too much et « pas bien », « pas pur ») par contre = réapparition un personnage + 1 élément image = excellent.
08/04/1987
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
(Ce matin, en me faisant chier pour atteindre téléphone mural à l’hôtel) (Bolbec)
Un hôtel. Une femme de chambre frappe à une porte de chambre. « Entrez… »
Tout va bien, Monsieur ?
Le type est debout sur une commode, en train de téléphoner. Le téléphone mural est placé dans un coin de la pièce, tout en haut…
L’homme : « Oui, ce qui manque, c’est une table pour écrire… »
On le retrouve plus tard avec une « table basse » dont les pieds font 2,20 m de haut… !
VÉCU – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Lundi soir : vu contact portrait Catriona chez Jean-Marc… Senti le frémissement de la réussite… Belle et bien dans la ligne du scénario… Les différents éléments de la « belle idée » : écran blanc, yeux fermés, explications du mari, viendront bien et prendront tout leur sens dans le flux de l’action… Le texte viendra éclairer l’image image et apportera la force de l’émotion, son évidence…
VÉCU – TÉLÉVISION – « TERRE DES BÊTES » – ALAIN BOUGRAIN-DUBOURG
Tout à l’heure : message de « Terre des bêtes » sur répondeur. Je rappelle Thierry, il me dit qu’Alain Bougrain-Dubourg a mis un autre réalisateur sur le même coup que moi (chevaux accompagnés par bêtes plus petites : chèvre mouton etc. = une idée de moi, que je lui ai apportée !)
Incroyable sans-gêne de ceux qui ont le pouvoir !
Le rapport de forces est pour eux : que dire ?
Gueuler ? J’y songe…
Je pèse le pour et le contre…
« Always the same old Story… ! » Je devrais être habitué maintenant, mais ça me dégoûte toujours… !…
09/04/1987
VÉCU – GUERRE – MÉMOIRE – femmes – pascale
(Courseulles, bord de mer. Restaurant « La crémaillère ») (13h30)
Beau soleil sur cette large bande de sables, de petites vaguelettes viennent lentement y mourir…
Comme les jeunes Canadiens, les « Little Black Devils » du « Royal Winnipeg Rifles ». C’est Juno Beach… Je suis hanté par ce souvenir de mort, bien sûr. Je savais que j’y penserais (c’est drôle : avant-hier, sur autoradio, entendu chanson d’un type qui disait : « La nature est si belle qu’on n’arrive pas à imaginer la guerre… »
Traversé des tas de petits villages déserts, patinés par les siècles, français jusqu’au bout de la moindre venelle…
J’imaginais la langue anglaise résonnant dans ces ruelles, et l’allemande…
C’est un thème qui a une certaine permanence en moi : cf. « British graves »…
J’aimerais le faire un jour, ce film… (encore un… !)
« On va l’avoir » m’a dit Bourboulon, appelé hier soir (en parlant de la subvention…) Mais il ne s’était pas occupé de la vente à la télé… !
Tout à l’heure, quitté Caen et décidé de ne balader en longeant la mer. Le hasard m’a ramené en un lieu que je ne croyais pas situé par ici (complètement oublié être venu par ici… !) = Fontaine-Henry, tournage « Voyageurs de l’histoire » et Pascale…
Je me suis arrêté à une cabine dans le village et je l’ai appelée, comme ça, pour dire qu’en cet endroit, je pensais à elle, je me souvenais… Mais elle n’était pas là !
CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Demain : premiers résultats… Nous saurons si la première haie a été franchie… !
VÉCU – TÉLÉVISION – INTERCLASSES NORMANDIE – ENFANCE – INNOCENCE
Ce matin : préparation tournage, en classe, avec les enfants…
Très frappé par ses enfants, par la préfiguration tellement évidente des adultes qu’ils vont être…
Les petites Géraldine, Diane, j’en suis amoureux…
Le petit François-Xavier est un type super et Sébastien est secret et intéressant…
Déjà, l’humanité complexe, secrète, dans une classe de CE1 CE2…
Et déjà : les affinités, les préférences et les antipathies… (de ma part – encore que pas vraiment d’antipathie de ma part – donc de la leur aussi, sûrement… (constaté à Lanquetôt : gêne et les autres, surtout les filles…)
La société est là, en miniature… Mais ils ont encore quelques chose qu’ils n’auront plus : la spontanéité, l’innocence… Ils m’émeuvent profondément. Tout ça est fragile, tout ça est menacé !
VÉCU – AGNÈS
(0h15)
Je rentre à mon hôtel (Terminus à Tourlaville, près de Cherbourg) et je suis soudain, imprévisiblement, saisi par une terrible culpabilité vis-à-vis d’Agnès, culpabilité de ne pas m’être assez occupé d’elle, de l’avoir irrémédiablement blessée par le divorce et ce qui me revient, une fois de plus, c’est le souvenir d’Anne m’expliquant que « Bilbo Bagin » (Baguin, prononcé par la petite voix d’Agnès, elle avait cinq ans et demi à l’époque… !) c’était Bilbo le Hobbit de Tolkien…
J’ai déjà demandé à Agnès (car ce souvenir revient souvent, d’une façon assez obsessionnelle) : elle ne s’en souvient pas…
10/04/987
VÉCU – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL » – ÉCHEC – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – DÉSESPOIR – DÉPRESSION – AGNÈS
(12h40 – parking CES Diderot, Tourlaville)
Tout à l’heure, vers midi, appelé le CNC : « Ça été négatif » m’a répondu la voix
Retour à la désespérance.
(Cour du collège)
Le plus dur maintenant est de rester digne et d’assurer mes devoirs envers les autres alors que je n’ai qu’une envie, c’est d’être seul…
Non. J’ai tout de même la pulsion – dérisoire et inutile – de prendre d’autres (?) à témoin de ce que je ressens comme une injustice majeure…
(18h20 – snack-bar sur autoroute, retour à Paris)
Difficile d’écrire tout ce que j’ai ressenti, successivement depuis cette fatale minute où j’ai su…
Cet après-midi : repérage cidre dans ferme avec un brave monsieur (Dugardin), normand aux beaux yeux bleus qui comprenait bien que j’aie à « me renseigner » sur les choses… !
Puis retour et, à Bayeux, soudainement, une fois de plus, la pensée d’Agnès m’a submergé. Il a fallu que je murmure son nom, en pleurant : « Gnouchy, Agnès, fifille »… interminablement…
Puis autoroute et, peu à peu, la combativité m’est revenue.
1/ Voir Bourboulon, le chiffrer en 16. Voir si faisable avec achat droits-commande : brancher Jean-Jacques Bernard
2/ Si ça non plus ne marche pas, le faire en vidéo.
Tout ça cogne, blesse, mais ne tue pas !
Irréductible bonheur de vivre !
C’est vrai que je vis, que je ne suis pas mort et que c’est énorme.
Mais il est vrai aussi que ma vie se réduit par rapport à mes espérances à la plus stricte expression…
Pas de satisfaction dans la séduction.
Difficultés d’argent, de survie professionnelle.
Pas de satisfaction dans la création… !
ÉCRITURE – PROJET « MOTS CROISÉS »
Tout de même, en moi, l’artiste lutte et se débat :
Pensé, en roulant, à ma nouvelle sur les mots croisés :
Le jeune, une fois le vieux mort, remplirait la grille mais il buterait sur quelques mots, deux ou trois, qui seraient lourds d’une signification pressentie par rapport au vieux et à sa mort.
Mais, alors que, commençant à remplir la grille, il s’était senti très proche du vieux, le jeune, se rendant compte qu’il ne réussira jamais à remplir la grille (le vieux lui donnait toujours les « ultimes solutions ») se sent alors très seul, très malheureux de la mort du vieux et très désespéré personnellement…
12/04/1987
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – MICHAEL – ZELDA – AGNÈS – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – COLÈRE
(16h05 – bistrot sur les Boulevards, près du Rex d’où je suis sorti, fou de rage.
Agnès me critiquant parce qu’en colère (Zelda ne voulant pas voir le même film que prévu. Entré avec Michael et Agnès tandis que Mathilde et Zelda allaient dans autre salle…)
Colère parce que :
1/ suis allé chercher ma mère et jérémiades et critiques acerbes contre moi et Mathilde dans la voiture
2/ discussion à table entre mère et Mathilde
l’une pour l’ancien système, l’autre disant qu’elle « aime » notre siècle.
J’ai imposé le silence, après avoir dit que l’enjeu de la discussion était elles-mêmes et leur position dans la vie.
Je suis en colère contre Mathilde et ce travail dont je suis le dindon de la farce…
Je lui ai dit que j’allais la quitter.
Il est vrai que cette situation sur laquelle je n’ai aucune prise me rend fou de rage et que je ne réussis pas à la supporter…
VÉCU – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL » – JEAN-JACQUES BERNARD
Samedi matin : appelé Jean-Jacques Bernard. Il m’a dit qu’il avait pensé de lui-même à m’aider…
Pensé à un pré-achat de Canal+ qui entraînerait le Fond de création audiovisuelle (→ 60 000 Fr.) Mais il va falloir le faire en 16.
En 16, j’aurai des combines que je n’aurai pas en 35.
J’ai déjà une caméra, l’éclair ACL de Dominique M.…
Le son : OK par Michel F..
Pour le montage, je pense que je peux trouver une table sans problème.
Mixage ? Voir Neurice à Dovidis ?
L’éclairage, c’est le point le plus compliqué. Pensé à celui de la Sertis (Lavalle en Égypte pour une semaine).
Mais il faudra sûrement louer une partie (HMI pour scène extérieur de nuit)
Jean-Jacques Bernard m’a raconté le passage du texte en sous-commission : 6 personnes. Lui et Patricia Bardon l’ont défendu. Les 4 autres : idée faible – pas de progression dramatique – fin faible – « néo-fantastique »… ! !
Il faut un minimum de budget pour labo (pellicule = Jean-Marc P. va voir par Pasteur !) Donc : traiter avec Bourboulon. Pas là cette semaine. Entre-temps : Jean-Jacques Bernard m’aura branché (il appelle lundi) sur Canal+.
Prévenu Jean-Philippe B., Dominique M., Jean-Marc P., F. (aux prises avec graves problèmes Carole ?) – Zyf – L. – Catriona.
Je repense à ce terme de « néo-fantastique – » employé dans cette sous-commission CNC.
Je pense que c’est lié à l’utilisation du microscope, de la technique scientifique moderne… Et alors ? Est-ce une faute esthétique ? Quel mal y a-t-il à mélanger science et mystère ?
C’est drôle, j’en parlais, de ça, des « thèmes » archaïques du fantastique revisités… » Ce qui me paraissait, à moi, un argument en faveur du projet a joué contre lui.
Il ne faut jurer de rien !
Et dans aucun domaine : je vois bien aujourd’hui ma propre fille, en l’amour inconditionnel de qui j’ai tant voulu croire, se dresser contre moi et me juger… «
« Tu ne vaux pas mieux ! » m’a-t-elle dit, s’indignant que je sois mécontent que Mathilde soit allée voir « Angel heart » avec Mickey Rourke, ce qui me rendait jaloux…
11/04/1987
VÉCU – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Pensé aujourd’hui à quelques modifications pour « La mort dans l’œil »…
1/ Portrait yeux fermé : vu celui tiré par Jean-Marc.
Boucles d’oreille, maquillage, coiffure, posture droite : ça ne va pas. Ne tire pas assez dans le sens d’une morte.
Faire :
– Appuyée contre fond
– Cheveux défaits (chignon mais mèches folles collées de sueur)
– Maquillages pâleur extrême
– Expression douloureuse
2/ Dialogue Maurice après avoir découvert portrait yeux fermés :
Microscopiste : « Je sais pourquoi je n’ai plus d’image sur l’écran : on lui a fermé les yeux… Dans le portrait… Elle a l’air d’une morte ! »
3/ Texte fin :
François : « Elle est sortie du coma ! »
Microscopiste : « Comment ? (Un temps) Je sais ce qui s’est passé… J’ai fait le point sur l’image que j’ai maintenant à l’écran : c’est celle d’un œil fermé… un morceau de paupière ! J’étais sur le point de trouver… Il m’ont empêché de continuer… Ils ont préféré tout arrêter en fermant l’œil… Pour m’empêcher de voir dedans… ! »
(Un temps)
François : « Je vous remercie beaucoup… Je passerai vous voir… »
Microscopiste : « Je suis heureux pour vous… au revoir… »
Je reviens sur le 2/ précédent :
– Préférer :
Le microscopiste aperçoit par hasard, au détour d’un mouvement de tête, le portrait aux yeux fermés. Il baisse le téléphone, le pose, s’approche du portrait, revient précipitamment à l’appareil :
Microscopiste : « On lui a fermé les yeux… Dans le portrait ! » (Ou « Elle a les yeux fermés ! »)
François part en courant.
(Mieux parce que maintenant l’explication relation œil fermé-image grise écran est donnée après. Donc ne pas anticiper…)
(Le « Elle a l’air d’une morte » est inutile. L’image le dira).
18/04/1987
VÉCU – SOUVENIR – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
(01h – regardant concert Herbie Hancock à la télé. Il vient de jouer « Cantaloupe Island ». Michel S. le jouait, chez Eugène, à Montmartre, quand on montait le voir, Colette et moi… Résurgence du passé…
Ils jouent. C’est bien… !)
Pensé à la fin. Regardé portrait Catriona yeux fermés, découpé carré dedans ! Essayé carré blanc (!), carré noir.
Ça ne rend pas beaucoup ! Je le craignais.
Pensé alors à une autre fin (né de l’idée – pages précédentes – d’un point fait sur image micro : image de paupière : le microscopiste, après avoir raccroché, saisit le tableau, le regarde, va se placer devant l’écran et regarde, à travers la découpe, l’écran. Jeu de rapprochement et de mise au point pour que l’image du morceau de paupière dans l’écran vienne s’inscrire dans la découpe. (Impossible avec découpe grandeur « réelle » (dans le récit) mais photo agrandissable → grand poster détail
→ grande découpe = on peut filmer à travers… !)
Faire générique de fin là-dessus ? Avec changement de point (photo – écran).
(Détail pratique : alors monter poster sur châssis pour que rien sous papier photo).
Je pensais à faire ce jeu-là, mais sans l’amener par l’action du récit. Mieux ainsi, je crois…
Par contre, je suis encore très hésitant pour la transformation du portrait → image de « morte ». Ajouterai un sens parasite, je le crains…
Jean-Jacques Bernard n’a toujours pas parlé de moi à Burosse de Canal+… !
Ainsi va la vie… De même : difficulté à obtenir présence des gens (L. – L. – musiciens – etc.) C’est ainsi quand les gens ne sont pas liés par l’argent…
19/04/1987
VÉCU – TÉLÉVISION – SYNDICALISME
(0h50)
Suis allé chez G.. On devait s’y retrouver à plusieurs. Il n’y a eu que moi, d’abord, puis V., venu assez tard…
G. a l’idée de créer une « guilde » des réalisateurs.
V. a proposé un compromis : un « club » (car il ne veut pas prendre R. de front et R. veut faire aussi une guilde, mais plus tard…)
Écrit (moi) une lettre que G. veut envoyer à quelques types pour faire une réunion le 28 avril (il est pressé car il veut être présent à Cannes…)
Était-ce une réunion historique, aujourd’hui ? Ce serait bien rigolo ! Au court passage chez G., celui-ci m’a parlé des besoins de la Cinq en programme français car elle est attaquée (par la 6) pour diffusion US excessive…
Ai tapé en vitesse une page sur les clips historiques et l’ai filée à G. qui doit la leur donner…
Une chance… ?
ÉCRITURE – HUMOUR – JEU AVEC LES MOTS
« Dansez dans la transe… » (2015 : from Internet : fait)
VÉCU –
20/04/1987
CRITURE – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL » – AMIS – ZYF
Je viens d’appeler Zyf (pour lui parler de mon idée du microscopiste élevant le portrait pour regarder écran travers découpe).
Toujours le même rapport entre nous : je me plains qu’il ne parle pas…
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
(14h05 – couloir A2)
Quand ce n’est pas l’angoisse de mourir qui m’étreint, c’est celle de vivre… !
(14h34 – même lieu)
La documentaliste avec qui je dois visionner n’arrive toujours pas ! Je me suis assis par terre dans le couloir et je joue aux échecs sur l’ordinateur…
21/04/1987
VÉCU- CINÉMA – TÉLÉVISION – CANAL+ – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Enfin une bonne nouvelle : j’appelle Bourboulon et il me dit que Canal+ aime beaucoup le scénario de « La mort dans l’œil » et qu’ils sont presque prêts à faire le pré-achat… !
Ils doivent en reparler la semaine prochaine… !
Enfin !
22/04/1987
VÉCU – AMIS – ZYF – LITTÉRATURE SENTIMENTALE
(13h15 – bistro rue Bayard près RTL. Terrasse côté ombre, en face : le soleil. Le ciel bleu. Oh volupté du beau temps !)
Ce matin, reçu de Zyf nouvelle « Nous deux » : « L’habit ne fait pas le moine », « rewrité »… Il avait marqué « cadeau »… Ça m’a touché, il est touchant, ce Zyf… !
Ainsi se trouve vérifié qu’on peut attendre certains mots d’affection et en recevoir d’autres… !
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – SEXE
Ce matin : Corinne, sœur de Mathilde, m’a appelé de « Ma vie bijoux » pour que j’appelle en Italie, pour des marmottes…
– « Comment ça va ? » m’a-t-elle dit
– « Comme ça peut aller quand on est seul… » ai-je répondu.
– « Pleure pas, tu la reverras… » a-t-elle plaisanté…
Ça m’a énervé !
Mathilde, hier soir, je me masturbais dans notre lit et j’ai eu très fort envie que tu sois là et de voir ton beau cul dressé en l’air, zébré par la ficelle d’un string, pendant que tu me sucerais la queue… !
23/04/1987
VÉCU – TÉLÉVISION – PHILIPPE G.
Hier Philippe G. m’a accusé de « mauvaise volonté » (pour une connerie de lettre de téléspectateur que je n’arrivais pas à bien lire…) Ça m’a blessé. J’en ai rêvé…
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – SOLITUDE – DÉPRESSION
Comme je travaille beaucoup en ce moment, je n’ai pas le temps de penser mais, de temps en temps, je traverse des moments de dépression et je me sens très seul.
Pourtant, j’ai des copains, des gens gentils, serviables, qui croient en ce que je fais… !
C’est peut-être ma propre méchanceté qui me déprime et me donne des envies de pleurer…
24/04/1987
INTERNATIONAL – CATASTROPHE – NUCLÉAIRE – TCHERNOBYL
J’entends au JT : « Tchernobyl, un an après » et je suis véritablement stupéfait : il s’est écoulé un an ! Je n’arrive pas le croire. !
VÉCU – ÉCRITURE – PROJET « L’IMAGE DE PIERRE » – AMIS – JEAN M.
J’ai l’impression que le temps s’est accéléré, depuis quelques années…
J’attrape un nom au hasard du JT : celui d’un terroriste : « Badaoui »… Trop drôle : celui que nous avions donné, Jean M. et moi, à notre président « chef » des terroristes, dans « L’image de Pierre » et cela me flanque une vieille nostalgie de Jean, une vieille tristesse ! Qu’une amitié puisse ainsi se défaire, dans le silence, la distance… Tout ce que je hais, tout ce qui me fait mal… !
Et tout ça pour vivre quelle vie ? pour quel petit morceau d’existence au milieu de ce vertigineux océan de néant ?
25/04/1987
VÉCU – TÉLÉVISION – PHILIPPE G.
Nouvel accrochage avec Philippe G. au montage, alors que je dis que c’est lui qui a la décision de montage et que ça l’énerve car il se sent attaqué et dit que ce n’est pas vrai.
Moi je pense que c’est un manipulateur, quelqu’un qui se sert de moi parce que je suis docile. L’idée me traverse d’arrêter de tourner avec ce type. Mais j’ai besoin de travailler !
VÉCU – LECTURE – « SHOAH »
Depuis que je le lis, je suis obsédé par « Shoah ». Ça me revient tout le temps, dans la journée… !
VÉCU – TÉLÉVISION – PHILIPPE G.
(21 h 05)
Pris G. à part, au moment où il s’en allait et l’ai averti de ne pas recommencer à me taxer de « mauvaise volonté » et, en plus devant des tiers…
« Je fonctionne dans la provoc et le délire… » m’a-t-il répondu. Et il m’a, bien sûr, reproché d’être susceptible.
J’en ai marre que ce soit toujours cet aspect de ma personnalité qui ressort… !
Il m’a aussi donné des conseils. « Tu fais des conneries et ça m’énerve quand tu te fâches avec Bougrain-Dubourg, par exemple… »
Lui ai répondu que si on mettait un autre journaliste sur un sujet proposé par lui, il en ferait sûrement autant…
(Je sais plus – malheureusement – ce qui a suivi cela, précisément…)
(Fallait-il accepter cette « course de chevaux » imposés par Bougrain ?
Je ne le crois pas !) «
« Il faut baisser le froc… » a-t-il dit…
Bref. Je ne sais ce qui ressortira de ça…
28/04/1987
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Même série que téléphone en haut du mur à l’hôtel…
« Ce mur est parfait pour moi… ! » = Trop « direct ». Trouver mieux… (« Je suis quelqu’un qui a les pieds sur terre… » (?)
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Pour film « Sans scénario » : une fenêtre avec marqué « médecin » ou « Docteur » ou « Médecine » ou « Soins » : les gens font la queue pour s’avancer devant la fenêtre. L’un s’avance. Le « Docteur » lui fout une claque. Il secoue la tête : « Ah ! Je me sens mieux ! Merci docteur… »
Le docteur : « C’est 200 Fr. ! »
Commentaire du 11 juin 2018 :
Allusion de mon inconscient à la « cure » avec le docteur G. et au fait que je « payais pour souffrir ».
– Commentaire écrit à 71 ans
30/04/1987
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – DÉPRESSION
(Seul dans pièce AB Films, attendant Frédéric Bourboulon)
Je ne sais pourquoi, ce matin, inexplicablement, une chape de tristesse, de dépression, s’est abattue sur moi.
Sentiment de solitude.
Mathilde me manque (reçu ce matin une carte d’elle de Bangkok, datée du 16 !
Quelques mots rapides seulement, mais elle me dit qu’elle pense à moi… !
VÉCU – CHOSES VUES – CINÉMA
(19h30 – Gare de Lyon)
Chouette image :
Un train à quai. Phares allumés. De face. Une voiture, vue de face, phares allumés, roule le long du train, venant vers moi du bout du quai (au fond : lumière du jour…)
02/05/1987
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – CINÉMA – FRÉDÉRIC BOURBOULON – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
(0h10. Dimanche soir. Demain matin je prends le TGV pour aller monter à Dijon)
Bilan de ces derniers jours :
– Reçu votre courrier de Mathilde et, samedi matin, elle m’a téléphoné.
Lui ai dit qu’elle me manquait, que je trouvais ça long, que j’avais hâte qu’elle rentre…
– Bonnes nouvelles de Bourboulon : il est allé au CNC. Fond d’aide à la création audiovisuelle fonctionne automatiquement même pour produits isolés, pas en série (comme court-métrage) si premier diffuseur = une télé. Il suffira que Canal+ fasse une lettre : pas besoin d’attendre leur budget de septembre ! ça se précise !
AGNÈS
Agnès passé week-end avec moi (inclus 1er mai). Très bons moments (grosses rigolades…) On s’entend très bien. (Elle avait amené sa chatte Ciboulette). (Pas noté que Poum était mort, il y a quelques temps…)
VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – ANGOISSE – MORT – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Rêvé de Colette cette nuit (est-ce parce que Monique B. m’en a parlé ? Elle m’a dit qu’elle avait arrêté de travailler à Images de France « pour élever son enfant »… Évidemment !
Ça m’énerve de rêver d’elle, de penser à elle. Pourtant, ça m’arrive souvent !
Retrouvé, ces jours-ci, le sentiment de mort que j’ai éprouvé à me sentir négligé par elle…
Pensé à L., je me dis parfois que je vaux mieux que lui et parfois que c’est absurde, que ça ne signifie rien…
M’est arrivé de retrouver le désir fou qu’elle me regrette ! Qu’elle regrette que ça n’ait pas été avec moi qu’elle a fait sa vie…
Sursauts du besoin de se valoriser…
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – PEUR – AGRESSION – SEXE
Souvent, comme ça, dans la rue, j’éprouve une peur légère, diffuse, sans objet précis. Pas une angoisse, je précise : une peur. Sentiment de ma fragilité, peur d’être attaqué, agressé (surtout quand je sors du 147) (sex-shop)
03/05/1987
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
(17h50 Montage Dijon)
Fernand R., preneur de son, entre dans la salle avec une blouse d’un blanc éclatant… !
Ça me donne une idée de parodie de pub :
Le technicien entre dans « salle technique » avec blouse blanche.
« Avec Ariel, l’image est plus belle… ! » → Ça se met à étinceler dans les écrans… ! (Et ils explosent… ?)
VÉCU – TÉLÉVISION – INTERCLASSES NORMANDIE
(20h50 – restaurant de l’hôtel « Arcades » mais, cette fois-ci, cause celui-ci complet, je suis descendu à celui qui est en face de FR3… Petit hôtel vieillot, bien ringard, bien flippant (mais je ne flippe pas trop…)
Montage du premier film « Interclasses » (celui de Tourlaville, sur le cidre à l’ancienne) bien avancé. Retardé pour raisons techniques (console son pas réglée, qu’il a fallu remplacer). Curieusement, je suis satisfait de ce petit film, j’en suis fier comme si c’était « plus » que ça n’est… ! Le monteur (Félix, le rouquin) m’a dit : « C’est d’un autre niveau… » (que C., qui a fait les films de la région Bourgogne…)
Ça m’a flatté considérablement.
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – PEUR – AGRESSION – SEXE
Je reviens sur ma peur en sortant du 147. Castration, en allant me masturber ? (Cf. ce que disait Inès C. qui, en quelques mots, en avait décidément dit beaucoup !) Oui, bien sûr, certainement.
Je repense que G. faisait déjà ce lien, me semble-t-il. Et aussi celui de la Femme et du Cinéma (dans mon choix de carrière).
AGNÈS
Pendant le week-end Agnès a reparlé de sa haine des murs en briques rouges (elle y est revenue plusieurs fois, elle l’évoque avec insistance) me disant qu’elle n’en saurait sûrement jamais l’origine…
Moi, je repense à ceux du Pré-Saint-Gervais (elle aussi s’en souvient bien) et je me dis qu’elle y a sûrement été – mais « sans le savoir » – malheureuse…
Ah, si l’on pouvait revenir en arrière… !
AGNÈS (suite de la note plus haut)
Qu’est-ce que je ferais, en ce cas-là ? Je resterais avec Jocelyne, pour Agnès ? Pour qu’elle ne souffre pas de ce divorce ? Peut-être… !
J’aurais pu – c’est vrai – comme me l’a d’ailleurs dit Jocelyne elle-même – rester avec Jocelyne et avoir des aventures (je l’ai fait d’ailleurs…) Alors pourquoi l’avoir quittée… ?
Pour vivre quelque chose dans le genre Colette sûrement, ce que je me suis d’ailleurs empressé de faire… !
Quel gâchis !
Est-ce une chance, ma relation avec Mathilde ou bien quelque chose de « mérité », de logique, disons, au fil d’une évolution de ma part… ! ?
VÉCU – TÉLÉVISION – RÉUSSITE – LOOK
Jacques C. parlait tout à l’heure de Jean-Paul J. en disant qu’il réussissait parce qu’il avait « le look »… !
Ça m’a foutu froid dans le dos !
Aujourd’hui, il faut de la « présence » (devant derrière la caméra). Autrefois, au contraire, nous nous effacions derrière nos émissions…
04/05/1987
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – PEUR
Hier soir je voulais noter – mais j’étais trop fatigué pour rallumer et écrire :
Plusieurs fois par jour, alors que je suis en train de penser et je me que je m’aperçois que, somme toute, je n’ai pas trop d’ennuis vraiment désagréables auxquels penser, la pensée me vient : qu’est-ce que je penserais si je me savais condamné à brève échéance par une maladie mortelle, par exemple. J’ai peur alors de la peur que j’aurais à ce moment-là… Je me demande comment je pourrais le supporter… !
VÉCU – TÉLÉVISION – INTERCLASSES NORMANDIE
Ce soir je me sens bien moins fier et content de mes « Interclasses ». Sans doute parce que le second est beaucoup plus pauvre et terne que le premier et que les rushes du troisième paraissent statiques. Et oui : pas de travelling ! Ça, c’est du luxe…
Montage : tout à l’heure, Félix le monteur préparait des fondus enchaînés que j’ai prévu de faire… Je me suis aperçu que, sauf erreur, en 12 ans de carrière, je n’ai jamais eu droit à placer un seul enchaîné dans aucun de mes films (rajout du 24/09/1990 : « Si : dans « Autopsie d’un sacrifice », par exemple)
VÉCU – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
(21h25) (restaurant « Corot » (! !).
Comme de temps à autre – mais rarement, somme toute – la pensée me revient que je suis à Dijon, ville où G. vient régulièrement.
(C’était en écoutant émission à dominante psychanalytique sur France Culture).
(Générique de fin : « Y a pas de papa » par Nougaro : drôle !)
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Je regarde mon walkman, vide de cassette et il me vient une idée : type qui enregistre un texte capital, mais il n’y a pas de cassette dans le magnétophone… ! (Je veux dire qu’il le fait exprès)
ÉCRITURE
« Mon cœur est une éponge qui grossit au fur et à mesure qu’elle s’imbibe… de chagrin… »
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – PSYCHANALYSE – LECTURE – FREUD
Freud : la mélancolie = « l’ombre de l’objet est tombée sur le moi… »
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
J’écoute au walkman dans chambre hôtel : « Dont leave me this way ». Les paroles disent : « Please, baby… »
Prosternation devant quelqu’un posé comme « grand » mais celui qui sort grandi de la chanson, c’est celui qui chante…
Ça me donne une idée : suite de chansons sur ce thème et on montre les chanteurs-chanteuses avec comédiens-comédiennes qui sont ceux devant qui ils se prosternent : ce sont des minables ! (Montrer subtilement leur minabilité).
VÉCU – MUSIQUE – CHANSONS – VARIÉTÉS – JOHNNY HALLYDAY
Chanson d’Halliday :
« J’oublierai ton nom. Et cette certitude me fait plus mal encore…
J’aimais cette blessure, c’était toi encore… »
05/05/1987
ÉCRITURE
Que se passe-t-il à l’Electric Hôtel… ? Pourquoi l’Electric Hôtel ? Parce qu’on s’y électrocute ? Parce que tout y est électrique ? (gadgets) parce qu’il y règne un état d’esprit général « électrique » ?
Les mots et les choses…
VÉCU – MUSIQUE – SOFT – MACHINE
Soft Machine : album « Seven » (?) (Prononcé Sivenn) : morceau très « illustration sonore »)
Idem : Zappa. Album « Studio Tan »
VÉCU -TÉLÉVISION
Ce soir, passe à « Moi je » le sujet « Chers ennemis téléspectateurs ».
Et je suis là, à Dijon, à l’hôtel, sans télé.
Pourtant j’aurais aimé le voir… Je n’ai pas osé demander aller chez quelqu’un…
VÉCU – ÉCRITURE – LITTÉRATURE – LANGAGE – RÉFLEXION
Drôle : je pense aux mots, pour ma nouvelle « Mots croisés » et j’entends à la radio : « Le mot n’est pas différent des choses… » !
Je chope : « On a l’impression que c’est le langage qui est tellurique chez vous… plus que les éléments qui ont une certaine harmonie… » et je repense à G. : « Il n’y a pas de contradiction dans la nature »
ÉCRITURE
« Terre et mots »
(me fait penser à « Terremoto » (tremblement de terre en italien)
VÉCU (?) – ENFANCE – ESPIÈGLERIE – RITUEL
Un petit garçon qui sert les plats avec espièglerie dynamite sans le savoir (?) Le rituel de la restauration…
VÉCU – PSYCHANALYSE – RÉFLEXION
Je repense à une émission que j’écoutais ici même hier soir : psychanalyste dialoguant avec un enfant dessinant (il lui disait « vous » !) L’enfant met en scène dans le dessin un Sébastien et un Grégory (« Grégorille »…) Psychanalyste fait référence à Saint-Sébastien et Saint Grégoire… ! N’est-ce pas exagéré ? Cet enfant connaissait-il ces deux saints et leur histoire ?
Non, vraiment je ne le crois pas… !
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Une usine de fabrication de transistors.
Imaginer un mec, en bout de chaîne, dont le boulot est d’allumer les transistors pour vérifier qu’ils marchent… !
Malgré les interruptions, il arrive à suivre les émissions de France Culture (il s’est arrangé avec copain pour que postes = réglés sur France Culture…) !
VÉCU – MUSIQUE – SOUVENIRS -MÉMOIRE – OUBLI
(23h25)
J’écoute Frédéric Mey « Une cruche en pierre ».
J’avais oublié jusqu’à son nom. Pourtant je l’avais acheté moi-même. Je l’écoutais. Pour moi, c’est un souvenir de l’époque de Jocelyne. Quelque chose de très lointain, où celui même que j’étais n’est plus qu’une silhouette floue…
VÉCU – AMIS – GÉRARD L. – CINÉMA – CRITIQUE
J’écoutais tout à l’heure Gérard L. faire le critique à France Culture.
Il parlait d’un film « auquel, disait-il, un cinéaste comme Hitchcock nous aurait fait croire. »
La rage et le désespoir m’ont saisi à la pensée que je ne serai jamais un tel cinéaste, révéré, admiré, faisant office de référence…
CINÉMA – RÉFLEXION – ÉCRITURE – PROJET « UN AUTRE MONDE »
Mon « vrai » cinéma, mes « vrais » films, je les garde en moi, même pas formulés explicitement, même pour moi-même, pas écrits ni même pensés, pas voulus… ! Autocensuré à mort. Je sais qu’il y a en moi une possibilité d’exaltation extraordinaire. Je sais que ce que je vis n’est qu’une pâle copie, fade et terne, d’une création autrement plus riche, plus neuve, plus singulière – mais la peur intense de la frustration que j’éprouverais à voir cette exaltation rester stérile me fait m’écarter des chemins que je juge impraticables… ← TEXTE IMPORTANT, JE CROIS… !
J’en ai marre des films à scénario, à « intrigue », avec des « personnages », commandés, et de l’» émotion »… !
Marre de l’émotion, marre de l’identification, car c’est de ça qu’ils veulent parler, je veux « refaire le monde », rien de moins.
Marre de ce monde, tel qu’il est, et se généralise même dans les coins les plus reculés.
Marre que les rites, les institutions, les rapports de travail ou de plaisir soient toujours aussi désespérément identiques, permanents, répétitifs.
Je veux faire des films (un film, peut-être ?) pour nous laver le regard, nous laver le cerveau. Jouer avec le monde, mais à travers le jeu, amener à le regarder vraiment, lieu de voir seulement.
Remettre en question les mots et les choses et aussi les actes.
Je voudrais faire un documentaire sur un monde qui n’existe pas ou plutôt sur un monde arrangé dans un autre ordre que l’actuel, où l’on retrouverait les mêmes éléments, mais qu’on verrait d’un autre œil, grâce à l’étrangeté que créerait de nouveaux rapports, ou bien des éléments incongrus à la place où je les mettrais et dont l’incongruité rejaillirait sur les éléments voisins.
Mon problème, dans un tel cas, serait : quoi faire des sentiments ?
Quoi faire des « intrigues », de la « ruse » des individus ?
Si je montre un type qui entre dans un pavillon de banlieue sur lequel est écrit « Banque » et que le type pose un poulet sur le comptoir pour avoir quelque chose en échange, je me fous, actuellement, de pourquoi le type veut échanger son poulet. Je sens confusément qu’il faudra pourtant l’intégrer !
06/05/1987
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Un gigantesque échiquier où jouent des armées verte, bleue, rouge, etc.
Quatre joueurs à la fois, jouant chacun pour soi…
ÉCRITURE – PROJET « UN AUTRE MONDE »
Je vais commencer à prendre des notes pour ma grande œuvre (cf. note d’hier…)
Scène de la « banque » : le poulet peut aller rejoindre d’autres objets ou animaux « campagnards » mais les employés de banque sont en costard cravate et jupe-chemisier de soie → contraste !
Un client ne veut que de la monnaie → il apporte un tas d’objets de peu de valeur (lesquels ? feuilles d’arbres – mousses – cailloux ?) On lui donne en échange (toujours banque égale troc) 4 , 6, 8, 10 « mulets » : (mulet égal unité de monnaie) (un mot pour un autre, sera une des règles de mon univers-bis…
Un titre = « On en a marre (ou « Y en a marre… ») des films à personnages et à histoires » ou « des films à scénario… » ? ?
Retour sur scène banque : il peut y avoir sur place des « spécialistes » chargés d’estimer la valeur des dépôts. Lors d’un dépôt « inhabituel », une employée peut téléphoner à un spécialiste consulté plus rarement…
Aurais-je une veine « comique », sans l’avoir jamais su ! (Je me rappelle de Christine à la Claverie me disant qu’elle appréciait mon humour !)
VÉCU – MUSIQUE – CHANSON
(21h30 – bistrot pour bouffer après 147…)
« Petite Nathalie… » passe à la radio (Herbert Léonard). (Faisait ricaner R. et P.)
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – CULPABILITÉ
À noter aussi une pensée qui revient très souvent (autant que celle de la peur de la peur…) : je suis étonné de « ne pas être en peine », de jouir de la vie et de ma liberté, de ne pas être condamné à quelque chose…
Reflet d’une culpabilité profonde
CINÉMA – ROSSELLINI – NÉORÉALISME
Rossellini, parlant du néoréalisme :
« Ce réalisme, c’était seulement de la réalisation… »
VÉCU – CINÉMA OU TÉLÉVISION – ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE »
Demain, c’est la Sept qui régale, mais à la table d’FR3…
Ceux-là, je vois ça d’ici, ils vont me renvoyer « Mélissa » dans les dents…
Rejeté par les « cultureux » comme par les commerçants :
Qu’est-ce qui me reste ? Que dalle…
(Queue d’âne ?)
08/05/1987
CINÉMA – RÉFLEXION – « SIBYLLE »
John Berry raconte l’anecdote d’un boxeur démoli par les combats qui explique sa carrière par le fait d’avoir eu une victoire au premier match…
J.B. dit que lui aussi a eu un premier succès et n’a plus « quitté le ring depuis »…
Ça me fait penser à « Sibylle » et à la suite, moins glorieuse…
09/05/1987
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Plein de lettres de l’alphabet étalées sur une table. Un type doit former une phrase en utilisant toutes les lettres. Le type construit une phrase qui annonce qu’elle va se déglinguer elle-même…
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(19 h)
Suis venu au parc de la Villette (pas loin du Dragon toboggan).
Le soleil se couche. Il fait très beau, très bon.
Mathilde, je n’arrête pas d’avoir envie de toi.
10/05/1987
Deux idées :
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE – PROJET « SIDA »
1/ Fiction :
Un mec (pas beau mec) couche avec une belle fille inconnue. Elle part en laissant l’inscription « Bienvenue au club Sida ». Il ne sait pas si elle le lui a vraiment refilé. Il a envie de la tuer. Il la retrouve (par hasard ?). Il achète un revolver, prévient qu’il la tuera si elle l’a contaminé, la suit (prévient les mecs avec qui elle va coucher… Peut-être fait-il ça (identification) et ne dit-il rien à la fille ? Mais on sait qu’il a l’intention de la tuer…), la fait chier…
TÉLÉVISION – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
2/ Idée d’émission Télé :
« Le jeu du mensonge » (basé sur parole de Mastroianni à Cannes, avec Poivre d’Arvor, émission de cet après-midi) : « On répond toujours les mêmes réponses aux mêmes questions ». → Faire une interview d’une vedette où elle se réinvente une autre vie, une autre carrière (charge à elle d’être convaincante). Seuls quelques points sont vrais : les spectateurs doivent les découvrir.
Deuxième partie : l’animateur reprend point par point et on rectifie et reconstitue la vraie carrière (on peut même faire venir des invités qui sont censés avoir eu une incidence sur la vie de la vedette et vont eux aussi raconter des mensonges).
12/05/1987
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE – PROJET « SIDA »
Je reviens sur l’idée de la fiction Sida :
Oui, il la retrouve par hasard (indispensable : la fille essaime dans des lieux tels qu’on ne puisse pas la retrouver (province au cours voyages boulot ?). Il ne veut pas la tuer, non (bien que l’idée lui en traverse l’esprit). Il la suit, la piste et contacte types qu’elle rencontre afin qu’ils ne couchent pas avec elle.
Vrai sujet : les réactions des mecs. Le refus de la prévention (à la fois machisme, ignorance du problème et pulsion de mort !) (*)
Réactions possibles, entre autres : « Qu’est-ce qui me prouve que tu dis la vérité ? Est-ce que ce n’est pas une fille qui t’a envoyé balader ? Dont tu veux te venger ? Est-ce que tu n’es pas un mythomane, un type qui invente ça pour la faire chier, elle, et les types à qui tu le dis ?
(* : Occasion aussi d’évoquer le besoin de sexe, ce manque profond en nous, les insécurités, les incertitudes que ça comble, en nous…)
Il faut montrer que c’est un besoin justifiable, prendre surtout le contre-pied des positions moralisantes type « C’est une punition divine pour des gens qui sont immoraux… »
11/05/1987
ÉCRITURE
« Réfléchir sans parler est inutile pour les autres, mais parler sans réfléchir leur est nuisible. »
CINÉMA – CITATION
Toscan du Plantier :
« Le public adore l’idée que le film est passé en salle. »
(…)
« Peut-être qu’un jour il ne restera que des salles témoins, mais elles seront d’une importance incroyable. »
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
« Je loge à la page 12… »
ou bien :
Un type arrive à la réception d’un hôtel et demande s’il a du courrier.
Le concierge : « Quelle est votre numéro de page ? »
Client : « 12 ! »
VÉCU – CHOSES ENTENDUES – SIDA
(13h25 – bistrot face FR3)
Un groupe (gens de médecine ?) évoque un fait divers : (pas clair mais je n’ose pas demander des précisions) un toubib contaminé SIDA qui baisait ses patientes sous anesthésie… !
AGNÈS
Souvenir : Agnès disant qu’elle lisait un livre gros comme ça en deux heures…
Moi : « Évidemment, si tu ne lis que les numéros de page… ! »
12/05/1987
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Court-métrage où un mec fuit la caméra. Il la retrouve toujours (Il la fuit, il fuit → pano → on la redécouvre dans le champ et on passe sur le plan qu’elle tourne…)
À faire en vidéo. Pour s’amuser. Tourner moi-même avec la V8 → on découvre la deuxième caméra par pano ou alors dans plan fixe, pas visible de suite par le gars (derrière lui ou vu par lui, seulement après qu’il se déplace, mais nous la voyons avant lui…).
Caméra seule, sans opérateur, sur pied
(voir suite idée plus bas)
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(19h45)
Je suis mal et en colère. Appelé Ma Vie Bijou pour avoir nouvelle de Mathilde car elle n’appelait pas. C’est elle que j’ai eue ! Elle n’était pas passée à la maison donc n’avait pas trouvé mon mot avec mon numéro ici.
Conversation fade, sur la fatigue du décalage horaire, etc.
Puis, à un moment :
Elle : « Tu ne te demandais pas si je t’oubliais ? «
Moi : « Non (…) Pourquoi, tu pourrais ?
Elle : « Je ne sais pas… ! »
J’en suis devenu muet, puis amer…
J’ai beau me dire qu’elle dit ça en réaction à l’idée que moi, je pourrais l’oublier et que c’est le vieux jeu amoureux de créer perversement du doute pour assurer un pouvoir (oh, le vieux truc éculé, qui me ramène en arrière !) J’en ai tellement marre, précisément, de ce jeu, que ça m’angoisse et me met en colère.
Quel écart, toujours, entre l’attente et la réalité de ce qui advient !
Oh que je voudrais de la passion ! Mais elle est morte, pas d’illusion !
Je ne suis la préoccupation centrale de personne !
Ce qui m’énerve prodigieusement c’est de ne pas réussir à ne pas réagir à ce genre d’incident !
CINÉMA – GODARD – ÉCRITURE
(23h 20. Couché, walkman)
Émission sur la nouvelle vague.
Godard dit que « cinéma est évangélique et que ce n’est pas par hasard si l’écran est blanc… » (suite ?)
Moi : le cinéma a besoin d’être inscrit sur quelque chose de pur. Mettez une seule tache sur un écran et vous ne pourrez pas projeter. Le cinéma ne tolère pas l’impureté… !
VÉCU – CINÉMA – NOSTALGIE
(23h55)
L’émission était sur Anna Karina, en fait (« Les rendez-vous d’Anna K. »)
Très bonne émission.
Et puis, revenant sans cesse, la musique de « Pierrot le fou », qui me serrait le cœur. Pensé à Jocelyne. Pensé à toi, Jocelyne, qui m’as aimé.
Notre jeunesse…
Pensé à Voltaire, à Bernard D. (C.).
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Repensé à mon idée de court-métrage (voir plus haut)
« Quelle caméra ? » me suis-je demandé.
Penser à l’ACL de Dominique M.. Le cinéma dans la vidéo. La nostalgie du cinéma. D’où l’idée d’inverser le mouvement : l’acteur ne chercherait pas à fuir la caméra mais, au contraire, a être filmé par elle…
ou alors (oui!) combiner les deux ! !
Faire
(Le stylo n’a plus marché et j’ai dû renoncer à écrire et chercher le sommeil qui n’est venu que tard dans la nuit… !)
VÉCU – MUSIQUE – RADIO
Me renseigner sur musique générique de l’émission « Les poissons d’or » (minuit sur Radio France ? 95 MHz
15/05/1987
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Bilan de ces derniers jours :
– Retour de Mathilde = pas la conflagration sexuelle espérée
Plus autre mots d’elle angoissants :
À propos de son absence :
« C’est d’autant mieux quand je vous retrouve. Je suis comme tout le monde. C’est humain : on a des doutes… ! »
D’où colère et tristesse chez moi : « Que tu le vives comme une obligation à laquelle tu ne peux pas te dérober, d’accord, mais pas comme quelque chose que tu justifies. Triste qu’il y ait besoin de ça pour vérifier ses sentiments ! »
Et toujours elle regrette ses paroles…
Mais seulement après que j’ai fait la gueule.
« Ne me fais pas la gueule, dit-elle, explique toi ! »
– « Mais je le fais toujours ! » ai-je répondu. Et c’est vrai, je crois. C’est toujours vrai, je m’explique toujours, autant que je le peux, du moins…
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Repensé à ce projet de court-métrage (page précédente) : pas viable.
Commentaire du 27 septembre 2015 :
Pourquoi ? Au contraire, je l’aime beaucoup aujourd’hui…
– Commentaire écrit à 69 ans
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE – PROJET « SIDA »
Repensé au projet Sida. Je tourne autour, je cherche.
Pensé plusieurs choses :
1/ Peut être inverser : c’est un mec qui dissémine le mal. Si une femme, je serai accusé de misogynie… !
2/ Pensé à que le facteur de dissémination joue plusieurs rôles, tous les rôles dans toutes les histoires d’amour avec partenaire incarnant les espoirs d’amour des différents personnages. Moyen de faire ressortir :
A – Dimensions des besoins désespérés d’amour (qui sont les facteurs de dissémination réels et non une « dépravation » sexuelle.
B – Le danger de mort
C – Le besoin de prendre des précautions
Mais problèmes = si ce sont des partenaires rencontrés réellement, alors la dimension imaginaire est superfétatoire, elle vient à contresens du scénario
→
Ne faut-il pas alors que tout soit imaginé par le premier (la première) contaminé… ?
Problème : la force énorme de la volonté meurtrière du contaminant est telle qu’il est difficile d’en venir à ce que je veux : une réflexion sur le désir envers des partenaires X non-meurtriers volontairement… (cela si le contaminant joue tous les rôles…)
Peut-être alors : flash-back de la contaminée sur les partenaires de sa vie (ceux d’avant le Sida, ceux d’après, comment ceux d’après sont liés à ceux d’avant par la permanence du besoin d’amour…
Idée de la quête amoureuse. Les déceptions, le manque, la souffrance.
Réhabilitation du besoin sexuel.
Plein d’idées fourmillent en moi : à l’instant : la contaminée va revoir ses ex. Pour certains, peut-être : résurgence du désir mais rapports impossibles cause Sida !
(met bien en lumière : Sida = saloperie castratrice…)
Autre idée : remonter la chaîne des couples de la contamination… (chaîne imaginée par la contaminée n’ayant pas identifié les contaminants), les partenaires imaginaires de cette chaîne pouvant être des gens vu au hasard des rues, des cafés… (mais pas de lien avec le contaminant = problème. Lien trop artificiel…)
Autre idée : la contaminée parle aux gens, au hasard des rues, des cafés, etc. Elle leur dit ce qu’il en est pour elle, les met en garde. Certains se dérobent, apeurés. D’autres lui parlent, lui disent qu’ils vont l’écouter, faire attention et parlent de leur vie sexuelle (cf. supra = leurs espoirs, leur quête d’amour…) et aussi (ça justifie alors le contaminant meurtrier) de la guerre amoureuse, de la volonté de destruction, du manque de tendresse, de compassion…
En fait, c’est le thème : « Qui aurait pu faire ça parmi les gens que j’ai aimés, ou qui m’ont aimée ? Et pourquoi… ? À cause d’untel, d’unetelle, de leurs parents, de moi… À cause de la vie, de sa dureté, à cause d’eux-mêmes… ? » (Nota = dans cette version : répétitivité de l’annonce du mal et des circonstances par la contaminée → ellipse systématique…)
Problème = ça ressemble trop à la recherche systématique du « salaud » dans les différentes existences.
Autre idée : la contaminée imagine des histoires d’elle avec des partenaires éventuels, imaginés, si elle n’avait pas su qu’elle était contaminée.
Autre idée : l’histoire est celle de la contaminée (n’ayant pas identifié le contaminant) après la contamination, jusqu’à ce qu’elle soit fixée sur la contamination…
Histoire de ses rencontres avec tel et tel homme avec qui elle ne peut plus coucher, à qui elle dit et pourquoi, et qu’elle provoque à la réflexion.
Fin ouverte : on ne saura pas si elle est ou non contaminée ?
Mais là encore, problème : pourquoi un contaminant volontaire ? Pourquoi pas un simple test qui découvre la contamination ?
Transmission de la pulsion de mort ? Elle porte la mort en elle, transmissible. Introduite en elle par la pulsion de mort d’un homme. Tentation de la vengeance sur un bouc émissaire, dénonciation des égoïsmes des partenaires, de leur bêtise, de leur indifférence, qui justifierait qu’elle transmette à son tour le mal du monde ressenti, subi par elle et son incarnation possible en elle… Elle est belle, désirée, courtisée et par beaucoup de cons, de salauds…
Possible aussi que les types, mis au courant par elle réfléchissent et se demandent s’ils auraient pu, eux, faire ce que le contaminant a fait et pourquoi… Qu’ils se mettent à la place du type. Bien sûr : réaction vertueuse de leur part : moi, transmettre le Sida volontairement : jamais ! Mais elle les pousserait, les piègerait. Les mettrait à sa place à elle : si une femme le leur avait collé sciemment ?
Idée dérivée : par moments, elle pourrait, obsessionnellement, superposer sur les types successifs, le visage du contaminant, les remplacer par lui, pendant de brefs instants. La culpabilité naissante en elle de sa tentation de vengeance meurtrière la poussera à un mouvement inverse de sympathie envers ces hommes, un regard compatissant sur leurs faiblesses, leurs besoins, leurs rêves et leur désespoir (aspect valorisant le besoin sexuel) (ce que je cherche aussi, en même temps qu’à sensibiliser au problème Sida).
À la fois cons, salauds et aussi vulnérables, tendres, en recherche d’amour…
Parvenir au thème : saisissons l’occasion de cette grande peur pour changer l’amour, changer notre attitude et vivement demain, lorsqu’on aura trouvé la parade, pour baiser à nouveau, s’aimer à nouveau mais autrement, avec moins d’indifférence, de haine, plus de respect, de connaissance des besoins de l’Autre…
Fin possible : le contaminant revient la voir. Il révèle qu’il n’était pas contaminé, a fait ça pour la faire souffrir, vérifiant ainsi ce qu’on aura appris durant le film : les haines nées de la frustration et de la déception. (Il lui montrera son test : négatif). Elle est libérée… !
La fin : elle fait la même chose que lui : ment, mais pour une raison inverse : séquence de fin : un homme la drague. Elle dit : « J’ai le Sida » = elle continue à faire ce qu’elle faisait… On devine que c’est pour les mêmes raisons.
Ou alors :
L’homme : « Venez prendre un verre… »
Elle : « Non ! »
L’homme : « Pourquoi ? »
Elle : « Parce que vous ne me connaissez pas, que je ne suis rien pour vous… »
ou alors :
Proposition de l’homme. Elle accepte mais demande qu’ils prennent des précautions
ou alors :
Elle rejoint un des hommes du film, celui qui l’a le plus intéressée, qui a été le plus vrai. Il l’aimait, elle aussi. Ils peuvent enfin faire l’amour ensemble. Sans précautions.
16/05/1987
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – VIOLENCE
(8h50)
Ça va très mal.
Cette nuit : violence sur Mathilde. Violence sur thème déjà habituel : rage, frustration.
Mais maintenant, si je fais mine de m’éloigner, elle ne vient plus me chercher.
S’est levée ce matin : pareil… !
Quelques mots-clés :
Mathilde : « Toi, ta création, moi : mon métier, pour moi c’est la même chose (…) Avant (quand on s’est connu) je n’avais pas trouvé ma voie (mais j’ai toujours été indépendante (…) Tu veux tes preuves… (à propos de son frère) : tu es jaloux. Je sais ce qu’il vaut. Il a dormi dans sa voiture, tu n’aurais pas fait… ! »
Je revis Colette
Commentaire du 11 juin 2018 :
Plus tard, ma vie devait lui répondre : je n’ai pas dormi dans ma voiture, mais j’ai vécu huit ans dans un foyer Sonacotra et j’ai travaillé pendant plusieurs années dans des centres d’appels pour des sondages ou des opérations commerciales : pour moi non plus, ce n’était déjà pas facile mais ça allait l’être encore moins !
– Commentaire écrit à 71 ans
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Dessin de Mathilde dans mon carnet le même jour :
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Quelques instants plus tard :
« Je ne m’accorde pas beaucoup de vie personnelle. Je n’en ai pas besoin… » ← tout est dit !
(Un peu avant : « Je ne suis pas une femme d’intérieur. Ça toujours été comme ça. Si ça a cassé avec mon mari, c’est parce que ça devenait une vie conjugale… »)
« C’est comme ça que je suis. C’est comme si, une télévision, tu voulais en faire un cinéma… » (quelle comparaison riche de sens, à moi formulée… !)
Ça me fait penser à G. : « Ce n’est pas mal d’être soi. On est soi, c’est tout. »
→ Je me heurte à la barrière du moi.
ÉCRITURE
« Les mois ont remplacé l’émoi… » (2015 : from Internet : pas fait)
Les mois distincts, différents, non fusionnels…
Là est mon problème, à nouveau : l’impossible fusion… !
18/05/1987
AGNÈS – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – VIOLENCE – DÉPRESSION
Dimanche matin : violence extrême. (Gifle de moi, coup de brosse dans le visage par elle, moi lui lançant des choses à la tête, la saisissant (Agnès me retenant en hurlant d’arrêter, que je suis fou…)
Agnès lui disant de partir. Elle est partie avec les enfants qui assistaient…
Pourquoi ?
Dimanche matin au réveil : je lui dis mon analyse : ces dernières années = pas de jouissance forte entre nous. Alors elle a investi son énergie sexuelle dans son entreprise. Je dis que si pas de jouissance ← parce qu’elle m’excitait pas. N’était pas active.
Elle le reconnaît et pleure, disant qu’elle est nulle, qu’elle ne sait pas, n’y arrive pas, que c’est dans son être. Je dis que problème : pas au niveau de l’être, mais du faire…
Puis la conversation revient sur son entreprise : « Toute façon, je ne peux plus reculer. On a trop de dettes. Mon père nous a prêté de l’argent, il a mis sa maison en hypothèque… »
→ début de la colère en moi. Idée que j’ai emprunté 23 000 Fr. à ma mère et 6000 à des copains pour le loyer, pour la survie quotidienne et qu’elle investit en empruntant !
Surgissement de l’idée – longtemps refoulée – qu’elle travaille pour elle, pas pour nous !
Je lui dis alors, tendant un doigt menaçant : « Alors tu vas payer… ! »
Elle se rebiffe alors : « Arrête de me faire ce geste. Tu ne vas pas me commander. Même mon père ne m’a pas commandé, qui tu es, toi, pour le faire ? »
Moi : « Oui, je veux commander, je veux que tu me demandes des autorisations… ! »
Elle : « Je n’en ai jamais demandé. Je ne le ferai pas ! »
→ Violence de ma part. Elle ajoute alors : « Ça va, arrête : j’ai choisi ! » → re-violence et elle s’en va.
(La question qu’elle paye, qu’elle partage les obligations du ménage avait déjà été abordée. Elle avait accepté de le faire, mais je sentais bien qu’elle n’était pas d’accord avec moi sur le fait que je trouve scandaleux qu’elle m’ait contraint à l’exiger… qu’elle ne l’ait pas provoqué d’elle-même.
D’ailleurs, elle ne voulait pas noter ses dépenses de course afin que je paie ma part et je l’avais forcé à prendre la moitié du fric des courses, samedi, au Prisunic…)
Hier soir, elle me téléphone :
– « Je ne rentrerai pas. Ce n’est plus possible ! »
Moi : « Je m’en doutais de toute façon » puis « Au revoir » et je raccroche.
Ce matin, retrouvé les réveils infernaux du temps de Colette est là, je suis entré en « retraite du monde », c’est-à-dire en dépression…
VÉCU – TÉLÉVISION – NICOLE RICARD – CONTAMINE
Suis allé déjeuner à la cantine d’A2. Rencontré Nicole Ricard. Elle traverse la rue pour venir me dire bonjour.
Je suis un auteur, dit-elle, mais ce n’est pas abouti… « Je ne sais pas si vous n’auriez pas intérêt à vous mettre avec quelqu’un pour écrire… »
Je ne lui enverrai pas ma lettre…
J’ai soif de considérations, d’égards…
Et aussi :
Nicole Ricard : « Ici on s’intéresse surtout à Jeanne d’Arc et Louis XI… » (Contamine)
20/05/1987
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(Gare Montchanin après repérage de « De la Bourgogne à la Lune… » avec Lavoué).
Mathilde venue hier soir à la maison. Elle dit qu’elle ne peut pas me donner ce que je veux (qu’elle m’excite sexuellement). Je lui dis de partir. Elle fait sa valise puis dit qu’elle ne veut pas s’en aller. Elle reste. On fait l’amour. On s’endort.
VÉCU – TÉLÉVISION – ÉCRITURE – PROJET « LA QUESTION DE… »
Parlé à Véronique O. de mon projet « La question de… » Elle ne conseille d’en parler à Denis Chegarray qui va être producteur et aura un créneau d’» interactivité ». Je cherche à le joindre.
Eu P. Bauchy, de Canal+, au téléphone. Il n’est pas sûr d’avoir sa rallonge et pas sûr non plus de pouvoir y inclure mon projet (il a déjà des engagements). Ça se présente mal !
VÉCU – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
L’autre jour, enregistré musique Patrick avec quatuor à cordes (qui n’était qu’un trio d’ailleurs !) Belle musique, convenant parfaitement au film, lui donnera un sombre éclat, une atmosphère intense. Influence hermannienne évidente, mais avec style personnel.
Malheureusement, quand je vois les difficultés que j’ai à monter ce film, je me demande si ce travail préparatoire n’est pas inutile (idem pour travail avec comédiens, lundi soir encore, avec Daniel L. et Maurice…)
21/05/1987
CINÉMA – CITATION – LOUIS – JOUVET
Un mot de Jouvet (à Blier) : « L’important dans le cinéma, c’est d’avoir une chaise… ! »
SEXE – HUMOUR – ESPRIT – BAUDRILLARD
Un mot de Baudrillard : c’est dans une orgie. L’homme se penche à l’oreille de la femme : « What do you do after the orgy ? »
Une des choses les plus spirituelles que j’ai jamais lues !)
25/05/1987
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Deux mecs se tiennent par la barbe : « Je te tiens, tu me tiens, etc. » → « Le premier de nous deux qui rira aura une tapette… »
L’un des deux éclate d’un grand rire : « Ah, ah, ah ! »
À ce moment, surgit un type, petit doigt en l’air avec une voix féminine : « Me voici ! »
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – DESSIN
Lampe à trépied en pattes de biche avec abat-jour : scène de cerfs, biches…
Lampe à trépied en pieds de femme avec abat-jour : corps de femme…
29/05/1987
VÉCU – ÉCRITURE
J’en suis arrivé au point où plus rien n’est rêvable…
30/05/1987
VÉCU – CHOSES LUES – FAIT DIVERS – MISÈRE – MARGUERITE DURAS
Lu dans le Nouvel Obs de cette semaine un extrait du prochain bouquin de Marguerite Duras.
Elle parle de ce fait divers qui m’avait bouleversé à l’époque : le suicide d’un couple avec leurs deux enfants sur les rails du TGV. Or Marguerite Duras dit que la femme n’a rien dit, laissé aucune parole. C’est faux, j’avais noté à l’époque un extrait de son journal intime, cité dans l’article de Libé (du jeudi 8 juillet 1982 ?). J’avais écrit : « Je note dans Libé un « fait divers » qui me bouleverse : Gilles et Denise se suicident avec leurs deux enfants (Nathalie – 7 ans et D. – 3 ans) en s’asseyant sur les rails du TGV. Denise a noté sur son carnet intime : « Comprendre n’est pas juger car lorsqu’on a compris on ne peut plus juger… »
Pour la deuxième fois (après Monod, qui est mort avant que je le fasse, j’ai très envie d’écrire à un écrivain, très envie d’écrire à Marguerite Duras pour lui dire que cette femme – contrairement à ce qu’elle affirme – avait parlé…
VÉCU – AMIS – JEAN-PIERRE B. – ÉCRITURE
Hier Jean-Pierre B. m’a conseillé d’écrire des nouvelles. Ça, au moins, en effet, ça existerait, en soi, sans délai de réalisation (de publication, certes, mais tout de même…)
Alors j’ai complété mon « Imaginairecollection » et j’y distingue les idées suivantes susceptibles d’être « nouvellisables » :
- Voiture s’éloignant, rapetisse. Type la ramasse. Court – Fantastique (?)
- Metteur en scène si pauvre qu’il dort dans son décor. Court – Réaliste (?)
- Spirale. Personnage diminue de taille. Court – Fantastique
- amours anciens. Lui maintenant vendeur électro-ménager. Elle vient acheter avec son mari. Moyen – Réaliste
- British Graves. Long – Réaliste
- Boîte aux lettres maison miniature. Enfant saccage la boîte aux lettres. Court – Réaliste
- Jeu électronique bombardier. Mec survole sans lancer bombes. Court – Réaliste
- Vent en salle montage. Court – Fantastique
- Amnésique. Vocabulaire d’un seul mot : « Un. ». Court – Fantastique – Réaliste ?
- Maison Sologne. Mec et fils ne se rencontrent pas. Fenêtre. Moyen – Réaliste ?
- Succession des âges de haut en bas fenêtres → en bas cercueil. Court – Fantastique
- « Fausses » devinettes. Court – Fantastique ?
- Chambre avec deux fenêtres : mêmes éléments dans les deux. Moyen – Fantastique
- Bébés dans œufs géants. Rapetissent en vieillissant. Moyen – Fantastique
- L’homme qui veut faire parler son chien. Long — Réaliste
- Mots croisés. Long – Réaliste
- Personnages dédoublés → deux auteurs. Moyen – Réaliste
- Tout (actes – dialogue) est dédoublé. Court – Réaliste
- Photomaton. Photos d’un meurtre. Court – Réaliste
- Femme : partout où elle va = belles femmes. Court – Fantastique
- Mec se réveille-matin jour où il va rencontrer sa femme. Long – Fantastique
- Enfant fait faire des bonds au temps. Court – Fantastique
- A et B ne se connaissant pas se rencontrent partout. Moyen – Fantastique
- A et B. B vieillit, A reste jeune. Moyen – Fantastique
- Image qui s’use si on ne la regarde pas. Moyen – Fantastique
- Bienvenue au club Sida. Long – Réaliste
Il y a deux veines là-dedans :
1/ Veine « fantastique »
2/ Veine « réaliste »
Je retiens des idées qui permettent des textes longs, en mélangeant les deux veines :
- Numéro 4 : Amour ancien électroménager (longueur moyenne – réaliste)
- Numéro 5 : British Graves (long réaliste)
- Numéro 15 : L’homme qui veut faire parler son chien (long réaliste)
- Numéro 16 : Mots croisés (long réaliste)
- Numéro 20 : Femme : partout où elle va : belles femmes (?) (court ou moyen fantastique)
- Numéro 21 : Mec se réveille trois ans avant (long fantastique)
- Numéro 24 : A et B. B vieillit, A pas (moyen fantastique)
- Numéro 26 : Bienvenue au club Sida (long réaliste)
Écrémons encore :
Qu’est-ce qui m’intéresse vraiment et a assez de corps ?
British Graves
L’homme qui veut faire parler son chien
Mots croisés
Mec se réveille trois ans avant
A et B. B vieillit, A pas
Bienvenue au club Sida
6 nouvelles
4 réalistes – 2 fantastique
Les 2 fantastiques portent sur le thème du temps qui passe et nous change.
Les 4 autres :
1 sur le temps aussi (British Graves), 2 sur le langage (le chien – les mots croisés) – la dernière sur les conflits hommes-femmes.
02/06/1987
(Mardi)
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – RUPTURE
Je suis parti.
Dimanche soir.
L’ai rappelée, du métro Gambetta, pour lui « donner une chance ». De quoi ? De redevenir passionnée envers moi, par manque.
Quitte ou double.
Je crée le manque où j’entérine la séparation.
Je ne sais pas.
Une part de moi me dit que je suis fou, que je poursuis un vain espoir, qu’on ne change pas quelqu’un.
Moi, je dis que c’est ce que je veux (que j’avais et que j’ai perdu) ou rien.
Je ne lui ai pas laissé de moyen de me joindre autre que par message sur le répondeur que j’interroge régulièrement.
Mais elle ne m’en a pas laissé.
Je veux qu’elle me supplie, mais pour de bon, pas comme elle l’a fait dans sa dernière phrase au téléphone, phrase qu’il m’a fallu lui souffler et qu’elle a dite sans conviction.
Je l’ai senti, le lui ai dit, et raccroché et suis parti.
Elle m’a dit que c’était moi qui lui avais inculqué que la passion était mauvaise et qu’elle avait agi comme je le voulais.
Peut-être vrai, mais j’ai changé. Par manque ? Parce que je la voyais s’affirmer, me négliger ?
Je suis un macho. Je ne suis pas sicilien d’origine pour rien.
Ce sera ce que je veux ou rien.
J’irai jusqu’au bout.
Tant pis si je souffre.
Je revis Colette autrement et de la même façon.
VÉCU – TÉLÉVISION
Vie professionnelle :
– Mader au téléphone. Il me parle de « nouvelles série » de la Sept : téléfilms pas chers.
Je rapplique l’après-midi même à la SFP avec le synopsis de « L’amour de loin »…
– Message de Renaud B. : Gérard Louvain, appelé par Dominique Cantien, réclame des idées.
Renaud en a une (jeu de cinéma) qu’il voudrait que je réalise + lui ai parlé de « La question de… » Il a trouvé ça bien et doit me faire rencontrer ce Gérard Louvain…
Ce Louvain sera-t-il un vain coup ?
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – SOUFFRANCE
En tout cas, j’ai mal.
Moins qu’avec Colette peut-être (car ce n’est plus la première fois), mais j’ai mal… !
Je me dis, sur l’origine de ça, que :
1/ Problème d’argent.
À une époque, elle ne voulait pas travailler. Si j’en avais eu les moyens, j’aurais subvenu à ses besoins. Les choses se seraient passées autrement.
Comment ? Reste à voir.
En tout cas : la Loi du fric a joué.
2/ C’est ma faute.
Je ne l’ai pas assez désirée en temps voulu. J’ai refusé de l’épouser, de lui faire un enfant → elle a investi sa libido dans le travail.
Tout ça est vite vu.
Je ne ferai pas des tonnes de littérature comme avec Colette.
Assume, mon pote, assume.
04/06/1987
VÉCU – TÉLÉVISION – ARGENT – TRAVAIL – CHÔMAGE – ANGOISSE
Ça va décidément très mal, et de tous les points de vue : appelé Cécile J., à Dijon, qui m’a dit que production réduite considérablement.
Je me retrouve une fois de plus le bec dans l’eau et, dans le contexte « sentimental », c’est particulièrement pénible.
Je vais essayer d’aller vers B B. (Breugnot – Bouthier). En attendant, je compte pour juin sur : Assedic – rediffusion « Moi je » – congés spectacle. Ça permet de « voir venir » un peu…
Vivre avec l’angoisse et le manque. Inévitable… !
En tout cas, la piste qui semblait ouverte par Renaud B. ne paraît pas vraiment efficace. Pas pour tout de suite, en tout cas…
Et puis même : quand je l’entends me parler de ces types (Moine – Louvain) je vois bien le genre « requins » (cf. « Le vieil homme et la mer »)
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – MANQUE
Je veux noter ici l’étonnement avec lequel je découvre – avec Mathilde comme avec Colette – que l’Autre ne manque pas de moi… !
(20h10 – café boulevard Sébastopol attendant rendez-vous dîner chez Patrick et Claire)
Bu beaucoup de bières. Légère ivresse.
Mal à la bite. Envie de pisser douloureuse. Pourtant pissé deux fois.
AGNÈS
Viens d’appeler Agnès, lui disant ne la prendrai pas ce week-end. Ai menti. Dit que travaillais à Dijon. M’a-t-elle cru ? Je ne crois pas. Ai senti son silence… !
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – MON PÈRE – FEMMES
Elle pense que j’ai tort.
Non. Pas tort. Elle ne pense pas en termes de torts et raisons.
Elle pense qu’elle fait ce qu’elle peut.
Est-ce que je veux plus qu’elle ne peut ?
Vieille question. Cf. Colette…
J’ai bu beaucoup de bières… Est-ce que je commence à me bourrer, comme Papa ?
Papa, je pense à toi.
Ce midi, une jolie fille s’assoit à côté de moi, à la cantine. Un rayon de soleil tombe sur elle (il fait gris en ce mois de juin…)
Elle dit : « Quel bonheur ! » Je dis : « C’est le soleil ? » Elle dit : « Vous pensiez que c’était vous ? » Je dis : « Je n’ai plus ce genre d’illusions… »
05/06/1987
VÉCU – AMIS – PATRICK C. – LOGEMENT
(15h30)
Hier soir, chez Patrick et Claire :
Patrick : « Je veux bien que tu t’installes ici, mais pour combien de temps ? » Puis : « Tu es trop complaisant envers toi-même… »
Je devais rester dormir chez eux. Je dis : « C ‘est pas tombé dans l’oreille d’un sourd ! » et je suis parti.
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Ce matin, suis allé à la maison voir s’il y avait une lettre d’elle. Il n’y en avait pas. Ai tourné en rond dans l’appartement, puis j’ai téléphoné à Ma Vie Bijou. J’avais « décidé » d’avoir une explication avec elle et de rompre si je n’obtenais pas ce que je veux (repensé à ce qu’a dit Patrick hier soir : « Moi, à ta place, je n’attendrais pas. Ce serait en face-à-face, oui ou non, et ça saignerait… ! ») Elle n’était pas à Ma Vie Bijou. Y suis allé. L’ai trouvée à son bureau. Elle ne s’attendait pas à me voir. Sommes sortis parler à une terrasse de café.
Elle n’est pas revenue sur son refus de laisser un message sur le répondeur.
Elle m’a dit qu’elle n’avait pris les enfants aucuns de ces derniers jours, exprès, au cas où je rentrerais…
M’a dit qu’elle avait mal dormi. Puis parlé de son projet d’être moins prise par son travail.
La conversation est ensuite venue sur la sexualité.
Le fait a surgi : elle a moins de besoins sexuels que moi.
Commentaire du 12 juin 2018 :
Voilà quelque chose qui m’apparaît aujourd’hui, à l’heure des bilans : l’importance extra-ordinaire de mes besoins sexuels, largement au-dessus de la moyenne, générateurs de la masturbation que je n’ai jamais cessé de pratiquer depuis l’âge de 13 ans. C’est une donnée dont j’aurais dû prendre conscience très tôt et avec laquelle j’aurais dû compter tout au long de ma vie en comprenant que trouver une femme ayant les mêmes besoins et donc susceptible de me satisfaire et me retenir auprès d’elle serait extrêmement improbable pour ne pas dire impossible (cf. Colette me disant après notre rupture : « Je me demande comment tu faisais pour en avoir tout le temps envie ? ». Mais je manquais de références, c’est pourquoi je n’ai cessé avec toutes mes compagnes de m’en culpabiliser de façon torturante et en souffrant de mon attachement à elles qui était pour moi une frustration et une dépendance (qui ne l’aurait pas été pour l’immense majorité des autres). La conclusion à laquelle je suis parvenu aujourd’hui, dans ma vieillesse, c’est que je n’étais tout simplement pas en mesure d’avoir une compagne, que ce soit Jocelyne, Colette, Mathilde, Annick ou tout autre, sans en faire aucunement porter la faute sur elles. C’est pourquoi je finis ma vie tout seul, cependant je ne vis pas cela comme la catastrophe que l’on promet à un homme (« Tu vas finir ta vie tout seul ») mais comme une liberté.
Cela dit mon honnêteté intellectuelle me pousse à envisager également l’éventualité que j’aie sous-estimé la sexualité des femmes au profit de la mienne au service d’une stratégie d’échec fondée sur une crainte de la castration. Mais lorsque j’ai revu mon psychanalyste, le docteur G., longtemps après avoir terminé ma cure avec lui, je lui ai demandé : « Mais comment fait-on pour échapper à son propre déterminisme ? » Et il m’a répondu : « Mais on n’y échappe pas… » : une phrase qui ouvre beaucoup d’interrogations sur les limites de la psychanalyse… Comme quoi on finit sa vie davantage avec des questions qu’avec des réponses…
– Commentaire écrit à 71 ans
Elle aime faire l’amour avec moi et prend son pied, mais ça lui suffit. « D’autant plus que c’est fort » a-t-elle dit. Et : « Je suis honnête : je ne pourrai pas le faire tous les jours… ! Plus souvent, oui, mais pas tous les jours… Je sais comment je suis… J’ai vécu avec un homme pendant 11 ans… ! »
J’ai essayé de lui dire qu’elle ne connaissait pas elle-même ses besoins. Mais je crois que je ne le croyais pas moi-même, malheureusement !
Elle a dit que, pendant le mois en Asie, elle n’avait pas eu de besoins sexuels, mais qu’elle rêvait de moi (rêves érotiques). Les rêves n’expriment-ils pas des désirs ?
Je lui dis que j’avais résisté au fait de devenir amoureux d’elle car je redoutais d’en arriver là : lui en demander beaucoup, sexuellement, et qu’elle ne suive pas…
C’est bien là mon problème : je vis mal la dépendance dans laquelle je suis entré, mais je voudrais qu’elle soit dépendante.
Lui ai reproché, lorsqu’au début je me dérobais à son désir, de ne pas s’être battue pour obtenir mon désir et d’avoir dévié son énergie sexuelle sur son travail (Ça été mon analyse lorsqu’à un moment, elle a dit : « C’est compliqué, je ne comprends pas… ! » « Je me suis battue ! » a-t-elle dit.
En définitive, cette « explication » n’a rien apporté, à part une promesse (une de plus, de sa part) d’» essayer » de faire davantage l’amour, « mais je ne peux pas le programmer » m’a-t-elle dit. Et combien c’est vrai !
Je me retrouve depuis que je l’ai quittée (elle devait absolument voir son programme informatique) dans un doute terrible.
Il faut cependant noter qu’au début de la conversation, elle m’avait dit : « Je voudrais laisser le travail et qu’on aille cet après-midi à la maison faire l’amour) »).
Lorsqu’elle allait partir, je lui ai reproché de ne pas me dire ça.
Elle m’a dit : « Tu es de mauvaise foi, je te l’ai dit tout à l’heure. »
– « Redis-le ! ai-je rétorqué : rappelle-toi quand tu me demandais de te dire « je t’aime » et que je te répondais « Je viens de te le dire », tu disais « Redis-le moi… » Elle a répondu alors : « Mais j’ai envie de te demander de le redire. Je ne t’en veux pas pour ça… ! »
En fait, je lui en veux de ne pas m’en vouloir.
(Elle avait dit, à un moment du dialogue : « Je ne te fais pas de reproche, moi, tu peux faire ce que tu veux. » J’ai répondu que, justement, c’était ça qui était grave. → à interroger psychanalytiquement, ce besoin qu’on me fasse des reproches… ! (ce qui permet une atmosphère de drame, des disputes et d’extérioriser mon agressivité…)
Elle n’est plus en demande par rapport à moi et c’est ça que je voudrais maintenant, j’avais la paix quand c’était elle qui était en demande… !
Ce que je me dis, c’est que c’est sans issue autre que de ma part, car mon absence ne produira pas de manque, au contraire !
Ce dilemme terrible est torturant, c’est : faut-il s’acharner à essayer de changer quelqu’un ? Faut-il rompre ? Faut-il l’accepter telle qu’elle est, telle qu’elle est devenue… ?
Je n’arrive pas accepter la situation, je n’arrive pas non plus à la transformer, ni par les reproches (inefficaces), ni par la rupture (douloureuse).
Je ne sais pas quoi faire
Me rappeler que j’ai « enchaîné » sur Mathilde en quittant Colette.
Là, je me retrouverais seul !
Une question capitale se pose à moi, revenant avec insistance : pourquoi ne puis-je pas revenir au début, lorsque je n’étais pas dépendant d’elle, pas complètement satisfait sans doute mais satisfait tout de même, d’une certaine façon ?
J’étais sûr d’elle.
Je la trompais, la négligeais, elle m’aimait quand même. Elle s’accrochait.
La réponse est : je ne peux plus revenir au début et à ma paix des débuts car elle a changé.
Non pourtant, il y a là, je le sens, une clé à trouver. C’est moi qui ai changé. Ce qui ne me dérangeait pas à l’époque me dérange aujourd’hui.
Je n’arrive pas à savoir si aimer consiste à accepter ou à demander ?
VÉCU – TÉLÉVISION
À part ça, eu Véronique O., ce matin : « Ils travaillent sur la grille. Il ne se passera rien avant juillet. »
Heureusement qu’il va y avoir les Assedic, la rediffusion de « Moi je », les Congés spectacles et les droits d’auteur !
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
En tout cas, avec Mathilde, c’est le même scénario qu’avec Colette : je commence par aimer une femme parce qu’elle ne me fait pas de reproches puis j’ai envie qu’elle m’en fasse parce qu’elle est tranquille puis j’ai envie qu’elle ne le soit plus…
07/06/1987
VÉCU – HUMOUR – ÉCRITURE
Mathilde : « Il tombe en débris, ce sac… En débris ou en lambris… ? »
En lambeaux… !
Éclats de rire.
Commentaire du 11 juin 2018 :
Une fois encore je relève cette « signifiance » de petits détails « insignifiants » : les débris, les lambeaux de cette anecdote n’étaient-ils pas ceux de notre relation ?
– Commentaire écrit à 71 ans
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – ZELDA – CINÉMA OU TÉLÉVISION – ÉCRITURE – PROJET « L’AMOUR DE LOIN »
Zelda confond : elle dit : « Loin de l’amour… » au lieu de « L’amour de loin » !
08/06/1987
(Lundi)
Je note suite événements :
Vendredi : soir : soirée Gilberto Gil à l’Olympia à l’initiative Kes P.
Avant, elle vient pour faire l’amour et c’est brûlant et passionné comme j’aime (« Encore, encore, crie-t-elle. Et moi je pleure presque, aussi.) → Olympia. Retour. Bien que crevés, on fait l’amour (je n’avais pas éjaculé avant, exprès).
Samedi : elle va travailler (rendez-vous avec Victor chez client pour impayé).
J’avais dit qu’elle me téléphonerait pour me dire d’aller chercher enfants si elle ne pouvait pas le faire. Je vais déjeuner seul (tabac Gambetta), reviens pour voir si mot sur répondeur : non. Vais chercher enfants. Elle y était ! → Colère chez moi (elle : « Je venais pour qu’on se retrouve… »)
Samedi après-midi : promenade Zelda Trocadéro, patins. Dîner restaurant Alfredo. Michael appelle à une heure du matin, pendant qu’on faisait l’amour.
Dimanche matin : je me réveille mal, angoissé. Je lui dis que je veux rompre, qu’elle parte, elle refuse, dit qu’on fera ce que prévu pour week-end et « Je ne te laisserai plus partir ! » : Ce doit être ça qui m’a fait du bien le dimanche…
On prend Michael et Steeve → pique-nique Bois de Vincennes → parc floral. On parle. C’est bien. À un moment, je parle des confidences que m’a fait Régine « Et toi ? » demande-t-elle. Moi, je n’avais pas de problème avec toi l’époque. J’étais content, je lui ai dit que Victor et toi : bonne association »
Évoquant cela, théâtrale colère, je me lève et m’éloigne. Fait plusieurs jeux avec Zelda. Quand je reviens, elle me dit : « Tu m’as manqué ». Jeux et mots érotiques sur banc → je bande, elle est excitée.
Je trouve que c’est une bonne journée. Que quelque chose s’est passé. Que ça fera date.
Mais aujourd’hui : les enfants m’agacent au réveil + perspective qu’elle aille travailler (Il est 17h35, elle y est) et prenne le train ce soir → je dis que je ne supporte pas de ne pas pouvoir assumer mon rôle d’homme social. Pas de projet économique commun. Elle se dérobe à l’idée de compter les dépenses communes, car je ne veux ni « être volé ni la voler » → je fous ses affaires de MVB en l’air (la griffe sans faire exprès) → tourne en rond, me couche.
Conscience aiguë de ma minabilité sociale → problèmes de virilité « Tu ne peux pas comprendre, tu n’es pas un homme. »
Je n’accepte pas une situation économique que je ne peux pas changer.
Je fais tout le temps des histoires, des reproches.
Suis en demande → ça m’exaspère et j’ai peur de la perdre, de la quitter.
Elle, elle est « normale » (# moi), je me sens anormal, névrosé, triste, de mauvaise humeur, inactif, intello…
Elle ne veut pas compter, s’angoisser (« Je compterai quand je serai vieille. »)
Je me sens humilié.
(Elle : « Je n’ai pas à supporter ton humiliation. »)
Elle voudrait qu’on s’en tienne à nos moments heureux, insouciants, où l’on est bien ensemble.
Je n’arrive ni à la changer ni à me changer.
(19h05)
J’étais resté seul à la maison, elle → MVB.
Elle m’appelle : elle avait crevé. Je dis : « Bon, qu’est-ce que tu veux que je fasse ? » Elle : « Tu répares la roue. Je viens, on va dîner avant que je parte ! »
Je dis que ça ne me plaît pas, qu’au lieu de sortir, elle aurait pu vouloir qu’on fasse l’amour… Elle rit « Pourquoi pas ? » ou « Oui ! » (Je ne sais plus)
Je répare la roue. Lui amène la voiture. Je passe la tête, lui dis que j’ai amené la voiture.
Elle : « Bon, à tout à l’heure… » (penchée sur son bureau, n’en bougeant pas : qu’est-ce que j’aurais voulu ? qu’elle trouve un prétexte pour m’accompagner dehors ?
Tout à l’heure, je récapitulais devant elle ce que j’ai dépensé depuis vendredi midi. Ne trouvais pas d’explication à la dépense de tant d’argent… Et pour cause : complètement refoulé une « gâterie » que je me suis offert l’après-midi… (je ne me souviens de l’étrange détermination avec laquelle je l’ai fait…)