Carnet 4

19 ans

 

Carnet 4 – Du 4 janvier 1966 au 28 février 1966

 

1966

 

04/01/1966 

 

VÉCU

 

notes Robert Cappadoro 103 rue Gorki Blanc Mesnil Seine-Saint-Denis

 


Dans ce carnet j’écrirai sur le même plan mes pensées et ce qui m’arrive, car je pense que ma réflexion et mon effort de culture, c’est aussi ma vie…

 

05/01/1966 

 

VÉCU – CINÉMA

 

Classe préparatoire à l’IDHEC

 

10 heures du matin : je rentre à l’IDHEC. Arrive en retard. Tout de suite : discussions. Surprise – Froideur ? Crainte d’un contact très important pour moi. 

 


Remarque : rapprochement marxisme – christianisme. Mais catholicisme  charité, absence d’un travail # protestantisme  entreprises développées (prêt intérêt). On ne peut donc rapprocher le marxisme du protestantisme mais celui-ci a donné le capitalisme.

 

VÉCU – CINÉMA

 

« L’eau à la bouche » : Agel : monde désuet, loin de nous (les domestiques   Lubitsch – Renoir)

 

CITATION – CINÉMA

 

Marcel Pagnol : le gros plan : « C’est merveilleux de pouvoir isoler une tête sur un écran. Pas seulement parce qu’on la voit mais parce qu’on ne voit plus les autres. »

 

CITATION – CINÉMA

 

« Le théâtre c’est du présent, le cinéma c’est du passé. »

 

LITTÉRATURE :

 

En matière de création, affectivité et intellectualité essaient d’aller de pair.

 

ÉCRITURE

 

« Le slow-gan »

 

LIRE – THÉÂTRE

 

Lire (si possible) « Histoire des spectacles » (Editions de la Pléiade)

 

ÉCRITURE

 

Le gai tumulte de la rue… (inclus dans Manuscrit « L’homme que les plantes aimaient »)

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Science Fiction : idée d’un monde où les éléments se transforment ( Exemple : un tapis roulant qui prend la forme d’un escalier… ) Objets faits d’une matière synthétique, tissu vivant ?

 

VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE – CLASSE PRÉPARATOIRE À L’IDHEC

 

23 h 25 : couché. Je regarde ma chambre. Je l’ai décorée de photos, d’affiches, de dessins ; j’y ai mis des objets (jouets – bouteilles). Je veux ainsi me donner l’impression de vivre et d’être différemment… Ce soir je n’ai pas travaillé mais c’est parce que j’ai eu des choses à faire et j’étais vraiment fatigué. En ce moment, je fume une cigarette, « Blues et jazz party » s’achève…

Correction de la composition de littérature avec Astre    13. Pas mal mais j’ai déformé ma pensée en la systématisant, une fois de plus, je n’ai pas su maîtriser les mots mais j’y arrive mieux qu’avant.

Il y a dans un journal comme celui-ci une tentation de tout mettre, de tout raconter, mais c’est une ambition irréalisable, on ne peut pas maîtriser son existence quotidienne et la condenser, c’est pourquoi je pense à me réduire aux pensées, aux trouvailles.

 

VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE – CLASSE PRÉPARATOIRE À L’IDHEC

 

1er jour sans toi : vie douloureuse. De temps en temps : puissante envie de pleurer au creux de la gorge. Mais Je pense à venir te retrouver dès le dimanche 16.

 

06/01/1966 

 

VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE – CLASSE PRÉPARATOIRE À L’IDHEC

 

Midi. Pas allé en cours. Suis dans la cuisine au Blanc Mesnil. Il y a du soleil dehors sur les maisons et les herbes. J’ai l’impression d’être à Lorient mais cela ne serre le cœur car je ne peux pas traverser la ville pour venir t’embrasser.

 

ÉCRITURE

 

Me mettre à travailler sur le toit de l’aérodrome…

 

ÉCRITURE

 

Il y a là un oiseau mort

tourne ta tête… (  poème avec progression jusqu’à une vision où on ne peut plus tourner la tête : on se révolte.)

 

ÉCRITURE

 

Décès 6

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

L’avion qui passe entre les immeubles, sur une esplanade d’un grand ensemble, et s’envole.

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Idée de texte irrévérencieux : dans une exposition de peinture consacrée à un grand maître très sérieux, vernissage, cocktail, petits fours, ronds de jambe, une femme obsédée sexuelle, ou quelque chose comme ça, voulant acquérir la puissance masculine perce une toile représentant quelque chose de très sérieux en un endroit irrévérencieux…

 

CITATION – LITTÉRATURE

 

Diderot : « Presque toujours ce qui nuit à la beauté morale redouble la beauté poétique… »

 

ÉCRITURE – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE

 

Réunis pour un temps, nous vivons maintenant nos destins séparés…

 

CITATION

 

« I saw him standing there… »

 

ÉCRITURE

 

Mots qui finissent en « isme »

… héroïsme…

… nationalisme…

… patriotisme…

 

ÉCRITURE

 

« Michèle », des Beatles : j’aime bien ça…

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Histoire d’un type qui veut se suicider et qui, avant, fait le tour de tous les gens qu’il connaît pour en tirer quelque chose et n’en obtient que des réponses mitigées… (mais je m’aperçois que c’est le « Feu follet »)

 

RÉFLEXION

 

En URSS, que reste-t-il de la génération qui a vu la révolution ?

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Un type pour se réveiller : son petit réveille-matin, au chevet de son lit, est relié aux cloches d’une cathédrale en face de chez lui… Elle sonnent l’Angélus du matin. Ça réveille tout le quartier, alors il se lève, s’habille. Il a l’impression, en accomplissant les gestes du matin, en enfilant son pantalon, d’être à la fois tous les hommes de la ville entière ( Je retrouve le coq de Chantecler…? ) L’idée devient trop forte à partir de l’habillage, conserver le côté hénaurme, canularesque )

 

07/01/1966 

 

RÉFLEXION

 

J’ai remarqué qu’il se produit à l’intérieur d’une édition comme le Livre de Poche le même phénomène de clivage entre le livre de « qualité » et le livre populaire que dans le reste des éditions. Il se manifeste sous forme de couvertures dont certaines – les populaires – sont faites dans un style platement figuratif tandis que les autres sont plus graphiques, plus travaillées, moins attachées à la représentation des héros qu’à l’esprit du livre.

 

RÉFLEXION

 

Croyance à la résurrection : le primitif voit mourir un chien puis il en voit un autre trottant sur une route, qui lui ressemble étrangement. De même pour un homme  résurrection.

 

VÉCU – CINÉMA

 

9h – 20

 

Ciel nuages roses par la fenêtre de la classe. Histoire de l’art. Baratin du prof sur la peinture grecque.

 

écriture – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – TÉLÉVISION

 

À la télé, en direct : deux scènes très éloignées rapprochées (chacune une moitié de l’écran)

 

RÉFLEXION

 

Est-ce qu’il existe, chez les Grecs, un Dieu de la force, bête et brute ? Je ne crois pas.

 

RÉFLEXION

 

Antée retrouvait ses forces lorsqu’il reprenait contact avec sa mère la Terre. Pour le vaincre, Héraclès doit le soulever.

 

RÉFLEXION

 

Chez les Grecs la courtisane est considérée comme cultivée, intelligente, quelqu’un de bien.

 

RÉFLEXION

 

La rosée : Éros (l’Aurore) pleurant chaque matin sur la mort de son fils Memnon mort à la guerre de Troie.

 

VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE – CLASSE PRÉPARATOIRE À L’IDHEC

 

Si j’écris dans ce carnet, c’est que j’ai pris l’habitude de penser et de parler pendant ces vacances avec toi… Quand tu liras cela, nous reprendrons le dialogue…

 

ÉCRITURE

 

Gorneille

 

VÉCU – CINÉMA

 

Agel parle de l’amour

 

CINÉMA – RÉFLEXION

 

Les sorties de champ et recadrages sont aussi gênants que si un acteur rentrait en coulisse pour revenir en scène tout de suite après…

 

CINÉMA

 

Je viens de voir le premier film que je sois allé voir depuis que j’ai commencé ce carnet : « L’éclipse ». Impression très différente des deux premières fois. Difficile à dire : à la fois plus fasciné et irrité. Le côté « cosmique » est plus difficilement perceptible.

 

VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE – CLASSE PRÉPARATOIRE À L’IDHEC

 

J’ai téléphoné pour savoir, pour les réductions en train. On m’a donné des renseignements sur les cartes demi-tarif. C’est intéressant, je pourrai venir à Lorient à peu près une fois par mois… ?

 

CITATION – CINÉMA

 

« Certains jours, une table, une étoffe, une ? et un homme, c’est pareil… » (« L’éclipse »)

 

VÉCU – CINÉMA

 

Je vais voir ce soir un film de Jerry Lewis

 

ÉCRITURE

 

Dans les bruyères 

il y a par terre

un oiseau mort

Tourne la tête…

 

CINÉMA – RÉFLEXION

 

Avec Jerry Lewis, le gros plan est nécessaire pour souligner des mimiques expressives.

 

08/01/1966 

 

RÉFLEXION – ÉCONOMIE

 

la Rhodésie va acheter du pétrole au Texas…

 

VÉCU

 

Chassang et Senninger : « Les textes littéraires généraux » – « La composition française en Propé »

 

RÉFLEXION – CINÉMA – LITTÉRATURE – RESNAIS

 

En écoutant Agel lire à huit heures du matin un bouquin sur la tragédie, je pense que les livres sont toujours là, qui dorment, et que c’est l’homme, la nuit, le matin, au crépuscule ou à midi, qui les ressuscite, qui s’approprie leur parole pour la lancer au ciel noir, aux nuages gris ou roses; le livre n’est pas vivant, c’est l’homme qui reste éveillé la nuit ou le jour et le livre paraît vivre et être éveillé quand l’homme le lit à haute voix aux autres hommes ou à la nature… (cf. Resnais la B.N)

 

CITATION – LITTÉRATURE

 

Rimbaud : « Nous ne sommes pas au monde… »

 

écriture – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Un homme ligoté, bâillonné, il veut se gratter. ( Il fait des gestes, pousse des grognements : on lui enlève son bâillon; il dit : « Je veux me gratter ! ». On lui remet son bâillon. )

 

CITATION – THÉÂTRE

 

Wozzeck : « Mon âme pue l’eau de vie… »

 

RÉFLEXION – POLITIQUE

 

En écoutant Agel parler de l’armée, de la guerre, je me rends compte à quel point notre enseignement est abstrait et quelle valeur a l’enseignement mi-étude mi-travail en Chine… ! Nécessité du travail physique. Il nous manque des horizons

 

ÉCRITURE

 

Le satyre « Un coup »

 

écriture – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

(sur le sacrifice d’Iphigénie, de Timanthe) on voit Diane qui passe dans le ciel. Elle est de plus petites dimensions que les personnages. Or un Dieu doit être plus grand  plusieurs écrans dont un plus haut et corps du Dieu plus grand

 

écriture – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Gros plan sur les initiales d’un personnage sur un sac à main ou autre chose puis travelling arrière…   ?

 

CITATION

 

« Fin d’un siècle le décès du dernier survivant des hommes nés en la première année de ce siècle, et c’est d’une manière assez variable et arbitraire que les empereurs romains firent célébrer des jeux dits séculaires… »

 

ÉCRITURE

 

Écrire une « ode à l’homme futur » parler de l’émancipation de la femme, de la disparition de la protection masculine. Insister sur la nécessité d’avoir confiance…

 

RÉFLEXION

 

Je me rappelle une après-midi sur la plage des Kaolins, j’ai vu passer dans le ciel un avion à réaction de Lann-Bihoué. Angoisse devant cette technique monstrueuse. Imaginant les fusées, les canons, combats aériens de monstres d’acier, impression de me trouver dans un avenir de guerre. Science-fiction vécue. Effroi.

 

écriture – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Un type achète un gadget qui n’a aucune fonction. Lui ou un gosse en cherche une à tout prix (croyance au « secret » ils cherchent à en tirer quelque chose d’autre.

 

écriture – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

1/ on cadre un mot ( exemple : AUTOMATIQUE )Travelling avant ou Gros Plan 

2/ on cadre MA Cut. 

3/ Gros Plan MA initiales en Gros Plan et Travelling arrière , on cadre le personnage, il révèle son nom « Michel Arsouille » ou quelque chose comme ça.

 

ÉCRITURE

 

Reprendre l’idée de l’homme mutant qu’on découvre peu à peu ( sur une autre planète ) Utiliser un vocabulaire et des tournures science-fiction qui habituellement s’appliquent à des animaux ou à des monstres ( « son pas massif ébranlait le sol, etc… » ) Bonne idée, je crois, à voir.

 

écriture – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Reprendre vieille idée radio. Montrer une simple boîte, un type accomplit dessus une action bizarre  son par dessus, musique, etc…

 

VÉCU

 

Je constate que j’ai plus envie d’être (et que je suis plus souvent) à la maison… Je ne m’explique pas ça (psychanalyse ?) Il est 21 h 30 : je suis couché.

 

VÉCU

 

11 h 30 du matin : je me réveille. J’ai allumé une cigarette. Le matin, cette drogue a la vertu d’augmenter mon pouvoir mnémonique (?) : je me suis rappelé d’une façon très forte en inspirant une bouffée de fumée : la boutique de disques de Grannick, la « Rotonde », les boîtes de nuit des environs de Lorient et aussi dans un éclair, comme dans un avion, j’ai survolé la côte de Larmor avec ses herbes brillantes et sa toute petite brume du matin et la mer calme. Il faut dire que depuis 2,3 jours, il fait très beau quoique très froid, le soleil rayonne lentement dans le ciel. Impression très forte aussi, ancienne : (Lakanal, par la fenêtre du dortoir) ciel bleu, envie de m’envoler, de rencontrer la mer (Piriac en mieux), désir de vacances… 

 


Si je rate Propé il faudra faire une croix là dessus… En regardant les maisons de Blanc Mesnil, par la fenêtre, depuis mon lit, je me dis que ça me plairait ne serait-ce que d’aller à l’aérodrome ou sur le pont voir les voies ferrées mais je me dis qu’il faut travailler (joie là aussi) et je me réserve de voir le soleil à Lorient seulement quand j’irai et peut-être ici de temps en temps…

Swingle Singers sur le tourne disques.

 

09/01/1966 

 

RÉFLEXION

 

Changer de manière de vivre dans les détails (habillement, cigarette, etc….) ne serait-ce pas une « Einfulhung » de l’inconscient ?

 

RÉFLEXION

 

Radio Télévision. Radio en direct : insuffisant. Il faut passer au pouvoir de l’image. Télé en direct = radio en direct plus image (appoint et non centre, bien senti actuellement par l’ORTF mais mal fait)

Ceci dans le sens que quand j’allume la radio, je trafique une boîte, de l’électricité (cf. projet plus haut) et la réalité est décalée : il me faut l’image pour donner un poids à ce que j’entends mais pas le poids de la réalité : télévision = image non envahissante restant confinée au petit écran. Le son au contraire envahit la pièce, bouge dans l’espace. Si bien que le côté radio de la télé est plus vivant que le côté image.

Ce côté vivant manque à la radio mais il est donné dans la télé par l’opposition avec l’image, qui reste limitée. Cela crée un juste équilibre : si l’image était envahissante (tout un mur par exemple)  cela créerait une fascination trop grande, une trop grande illusion.si l’image était au même niveau de pauvreté que le son (photos)  effet aussi limité (mais pas inefficace) que la radio.

 

ÉCRITURE

 

Œil bleu, ciel bleu

 

VÉCU

 

Hier soir, en passant en voiture avec mon frère, vu un mort couché sur la chaussée, écrasé par un autobus

 

VÉCU

 

Je dois envoyer mes vœux à certaines personnes (H. – L. – L. G. – S.(?)

 

RÉFLEXION

 

Comme il est agréable d’avoir une méthode, d’appliquer un plan. On ne se laisse pas prendre au dépourvu et l’on est sûr d’avoir tout calculé, de s’être organisé de la meilleure façon possible.

Après il ne faut pas hésiter à détruire cette méthode, à changer de plan quand la réalité a trop évolué pour qu’il s’y adapte encore…

 

RÉFLEXION

 

Les pistes d’aéroport : des routes qui s’arrêtent… bien plus belles que des routes ordinaires, bien plus bleues, bien plus larges…

 

CITATION

 

« L’anémone et l’ancolie

ont poussé dans le jardin

ou dort la mélancolie

entre l’amour et le dédain. »

(Apollinaire)

 

RÉFLEXION

 

Si j’étais occupé dans l’action, je ne pourrais me souvenir, mais je ne vis pour l’instant que pour l’instant où je rencontrerai une certaine ville et dans cette ville une certaine femme

 

ÉCRITURE – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE

 

Poème de la femme

 

J’étais petite enfant lorsqu’un jour, ma mère,

me prenant par le bras, me dit :

« Il y a un oiseau mort par terre,

Tourne ta tête… »

Plus tard, jeune fille, mon chagrin m’a dit à l’oreille :

« Ne regarde pas cet amour mort,

Tourne ta tête… »

Enfin, quand j’allais être un jour fille-mère, un homme m’a dit :

« Si tu ne veux pas voir cet enfant mort,

Tourne ta tête… »

Toute ma vie durant, je l’ai tournée, ma tête, 

pour ne pas voir les oiseaux, les amours, les enfants et les hommes morts,

 mais aujourd’hui je ne veux plus fuir la réalité, 

je veux regarder ce qui est mort 

pour voir sur son corps et sa face 

comment il a vécu 

et pour savoir 

comment vivre…

 

VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE – CLASSE PRÉPARATOIRE À L’IDHEC

 

6 heures du soir. Je n’ai pas travaillé. Je suis allé me promener à l’aéroport où j’ai bu un café, vu un quadrimoteur décoller et enregistré sur disque un poème que j’enverrai à Jo si je suis sûr que l’enregistrement soit bon car j’ai des ennuis de ce côté-là.

 

VÉCU

 

En ce moment : à « Salut les copains » : vieilles chansons du « Musée ». Il y a trois ans : Neuilly/Seine

 

VÉCU

 

Je vais essayer de travailler

 

CINÉMA

 

La lettre de « Vivre sa vie » : point de vue du graphologue

 

RÉFLEXION

 

Dans les bandes dessinées, pourquoi ne pas faire le texte des ballons en écritures variées suivant les moments, les caractères ?

 

VÉCU

 

22 h : je n’ai pas du tout travaillé aujourd’hui

 

CINÉMA

 

Pinter a travaillé avec Losey sur « The servant »

 

CITATION – LITTÉRATURE

 

« Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles,

la blanche Ophélia flotte comme un grand lys

Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles.

On entend dans les bois lointains des hallalis. » (Rimbaud)

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Réclame pour « Harakiri » : « Volez-le… » La marchande dit qu’elle n’en a plus : elle ment. Alors on met le feu au kiosque  elle va chercher les pompiers. On vole « Harakiri ».

Mais on peut imaginer : on met le feu. Alors elle sort précipitamment tout le stock. Alors on l’assomme et on emporte « Harakiri ».

 

VÉCU – ZYF

 

Théophile Gautier a hésité : peintre ou poète ? J’ai eu tort de me moquer de Zyf qui veut faire les Beaux-Arts. Il a besoin de changer de personnalité. D’ailleurs moi-même ne me suis-je pas remis à écrire ? Peut-être faudrait-il que je lui dise que je l’ai compris (lui écrire)

 

CITATION – LITTÉRATURE

 

Nerval : « Je me dis que la nuit éternelle commence et qu’elle va être terrible. Que va-t-il arriver quand les hommes s’apercevront qu’il n’y a plus de soleil ? » (Aurélia)

 

ÉCRITURE

 

« Ces [longs ?] séjours au pays [breton ?] »

 

ÉCRITURE

 

Suite de superlatifs : « Bien plus belles, bien plus bleues, bien plus rondes, bien plus …, etc… » pendant une page et, à la fin : « Bien plus douces que quoi ? »- J’ai oublié…

Ex : les femmes )

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Suite à mon idée du réveil, cloches d’église  dans un quartier de la ville, les cloches se mettent à sonner à des heures indues, on s’étonne, on s’inquiète et on finit par constater que Mr Untel sort toujours de chez lui peu après que les cloches aient sonné, tout gai, tout frais, sifflotant et le pot aux roses est découvert : il aimait être réveillé par des cloches, ça le rendait gai.

 

10/01/1966 

 

VÉCU

 

Une semaine de passée déjà, heureusement le temps passe vite. On commence la journée par un accident : plus de freins sur la voiture. On a embouti l’arrière d’une camionnette. C’est l’avant gauche qui a porté. Il faudra changer toute la carrosserie avant. Le phare n’a rien eu

 

VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE – CLASSE PRÉPARATOIRE À L’IDHEC

 

J’écris ces notes au rythme de deux pages par jour en moyenne… Je pense que c’est bien (ni trop ni trop peu). Je me rends compte que j’aime rester à la maison, calfeutré, et quand je sors, je pense que je vais rentrer sans histoire, lire, travailler, écouter de la musique. C’est une limitation volontaire. De s’agit pour moi de me donner l’habitude de travailler. Il faut que je réussisse au moins Propé.

moins de cinéma, peu de théâtre, peu de ballets, pas d’horizon mais je me réserve…

Mais voyons clair : n’est-ce pas aussi un repli aux motivations inconscientes ? Jocelyne partie, avec qui j’ai réussi à créer un univers parfaitement harmonieux, n’est-ce pas la peur des autres, du contact douloureux… ?

Il faut que j’entre davantage en contact avec des gens de la classe que j’aime le mieux. Certains d’entre eux peuvent m’être très bénéfiques. 

 

VÉCU

 

Aujourd’hui je téléphone à Victor pour avoir des nouvelles de Michèle. J’ai eu des remords. J’aurais dû le faire avant + ne pas oublier les vœux (H.,L.,S. + Gildas ?) Voir trois pages avant

 

RÉFLEXION

 

Robbe Grillet : « C’est par la forme que l’écrivain est guidé ; pas par une idée à exprimer »

Mais ne peut-on pas penser qu’il y a là une dialectique de la création : d’abord guidé par la forme, l’auteur s’emploie à la maîtriser pour ensuite être à nouveau fasciné et emporté des positions qu’il vient à peine de conquérir et délogé des retranchements confortables de la construction logique et intellectuelle…

 

RÉFLEXION

 

Qu’une petite image crée un petit homme, un petit train, une petite femme, n’est-ce pas renouer avec les traditions populaires : gnomes – lutins – elfes… ?

 

VÉCU

 

On serait bien dans le métro s’il n’y avait pas ces heures d’affluence… !

 

VÉCU

 

Aujourd’hui : journée rapide    (seulement quatre heures de cours) Il a fait gris pour la première fois depuis quelques jours.

 

VÉCU

 

J’ai téléphoné à Victor mais il n’était pas là. Je dois acheter des cartes de vœux ce soir

 

CINÉMA

 

Et que m’importe, à moi, les puristes, les chatouilleux ? Ils braillent parce qu’on fait un trucage, un fondu, parce qu’on se sert de sa caméra… Qu’importe. C’est le public qui juge et lui n’est pas chatouilleux… 

 

VÉCU

 

Marie-Laurence : joli prénom

 

CITATION – MUSIQUE

 

« Au commencement était le rythme et le rythme était Dieu » (Stravinsky)

 

MUSIQUE

 

Bartok utilise le rythme sous le double rapport du thème et de l’harmonie « comme une mélodie »

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

(En passant devant une affiche « Scandale » qui m’avait fait déjà impression. Je me suis rendu compte que cela allait dans le même sens que le plan de « Procès de Jeanne d’Arc » où l’évêque regarde Jeanne par un trou du mur

 

La call-girl peut passer par le trou et venir sur le devant danser son morceau ou faire son strip

 

 

11/01/1966 

 

CINÉMA

 

Ce matin : neige. Plein partout. J’ai acheté une bobine de Panatomic et j’ai filmé. Un peu n’importe quoi d’ailleurs. J’ai essayé de faire le moins possible de mouvement de caméra (ni pano ni zoom) on verra bien ce que ça va donner. Peut-être que la neige arrange tout. Actuellement je suis au Bourget, assis à une table. J’ai réenregistré le poème, pour voir si ce sera meilleur au point de vue audition. Mais au point de vue diction, c’est sûrement moins bon. Je me suis pas allé en cours aujourd’hui : il y avait trop de neige. Je voulais travailler mais je n’ai encore rien fichu. Il faut dire que la neige y est pour quelque chose. Après m’être réchauffé ici, je vais rentrer.

 

CINÉMA

 

Succession de passages de voitures, de piétons. Même sens et sens inverse. Intercaler les plans de chats et de chiens. La neige, qui recouvre tout (*), fait perdre les moyens de situer un objet, ainsi tout semble se passer au même endroit dans une blancheur omniprésente. 

 


Les plans généraux de rues pleines de neige doivent être très courts (et montés à la file ?) 

 


Écourter au maximum les panoramiques

 


Supprimer si possible les zooms

 


Voir s’il n’est pas possible de monter ces plans avec d’autres trucs en 8 mm qui me restent… (exemple : école sous la neige et école sans neige – enfants) 

 


Pour les personnages monter très très court 

 

 

trois personnages différents on reprend le montage (+ G. P. d’objets recouverts de neige (*) : banc – brouette – table. Si trop situé : supprimer…) 

 


Ici tout est dans le montage

 


Aussi : faire se succéder G. P. (mais G. P. situés et plans généraux de rues (par exemple)    impression d’élargissement, de découverte) 

 


Chercher une musique. Orgue ? Ou jazz (Coltrane) 

 


Je rentre

 

ÉCRITURE

 

Zyf : « La vie des mots » (Boris Vian) « des mots plus forts que ça » Richard Antony

… plus grand que tout…

… plus petit que rien…

tout – rien ? ? ? Qui est-ce ?

 

LITTÉRATURE

 

René m’a recommandé « Les choses », un des prix littéraires de cette année… Je m’en méfiais mais il paraît que c’est bon : effrayant de voir tout ce à quoi il faut s’intéresser…

 

12/01/1966 

 

RÉFLEXION

 

Aujourd’hui : verglas + froid. Je me suis fait amener à la Villette en voiture.

Dans le métro où j’écris maintenant, une jeune femme blonde lisait un article du « Nouvel Obs. » Consacré aux « Chinois à la Havane » : je me rends compte qu’il y a beaucoup de gens qui cherchent, qui étudient : elle soulignait soigneusement certaines phrases.

Ces gens-là cherchent la vérité. Mais quoi ? De quoi doute-t-on ? Que le Vietcong ait raison de faire la guerre ? Moi j’ai peur. Mais il y a eu des époques où certaines guerres paraissaient normales, parce qu’elles devaient être faites, si horrible que cela soit ; qui a mis et met en doute que la guerre d’Espagne devait avoir lieu ? On ne discutait pas ; il fallait écraser le fascisme oppresseur. Qui jette la pierre à la résistance française ? Comment peut-on douter du bien-fondé des idéaux de libération ? Comment peut-on douter que les Américains sont les envahisseurs du Vietnam ? Pour nous Français il y a ces guerres d’Indochine et d’Algérie qui faussent le jeu : on a plus de mal à comprendre les peuples opprimés parce que nous avons été les oppresseurs. Alors on aurait honte de reconnaître que les gens qui agissent comme nous avons agi ont tort. Mais ce n’est pas difficile : le droit, la beauté, la justice sont du côté des opprimés, de la misère, de la douleur, du désespoir, de l’indignation. Le Vietcong est dans son plein droit. Les Américains sont les jouets de certaines forces économiques. Ces jeunes gens pleins de santé, aux vêtements propres, au crâne rasé, aux mitrailleuses bien graissées, ont l’impression qu’en allant au Vietnam ils font une croisade, le ciel bleu leur ouvre les bras, à eux, les joyeux et justes défenseurs des buildings et des gadgets… Comment pourraient-il rester à Los Angeles quand il y a des jets qui les attendent, moteurs vrombissant d’impatience, sans billet à payer, croisière aux frais de la liberté et de l’Occident… ?

 

CINÉMA

 

Revues ou journaux qui louent James Bond : revues non cinématographiques : James Bond = phénomène non cinématographique. Le problème est ailleurs, les conséquences de ces films dépassent le plan des recettes (non négligeable)    critique non cinématographique [Commencer par : « Ce texte n’est pas une critique de cinéma… »]

 

le texte entre crochets a été barré

 

RÉFLEXION

 

En regardant cette classe, ces jeunes gens bien propres, je sens monter en moi une colère de plus en plus définitive ; mon mûrissement péniblement gagné ne peut que m’amener à un engagement de plus en plus net.

Je refuse le contact avec ces gens car je n’ai rien de commun avec eux, le contact est impossible entre nous, il n’y a qu’une solution : les attaquer, les détruire ou sinon : s’en écarter car ils ne m’intéressent pas : vermine de l’intelligence et de la verbosité…

 

CITATION

 

« L’homme incertain de ses fins » (Char)

 

LIRE :

 

Breton : « Discours sur le peu de réalité »

 

RÉFLEXION

 

La femme, parler de la femme, éternelle muette, subordonnée

 

RÉFLEXION

 

Ignorer ceux avec qui on n’a rien en commun et écouter ceux qu’on apprécie

 

J’arrive à des rapports bien meilleurs, une part de repli permettant la réflexion, l’enrichissement par les livres, la musique, l’écriture, une part de contacts chaleureux avec les gens, s’intéresser à eux c’est s’oublier, oublier ses mornes ressassements effrayés, ses timidités et ses solitudes désespérantes. Équilibre. Ignorer ceux avec qui on n’a rien en commun et écouter ceux qu’on apprécie, en tirer la substance.

Je remarque que se succèdent maintenant pour moi des périodes de solitude à la maison et de coexistence au lycée. Chacune s’enrichissant de la précédente qui renforce en moi la tendance qui s’épanouit dans cette période, pleinement et chaque fois plus riche, plus équilibrée. Quand je sors de la maison pour aller au lycée, mon temps de solitude ne permet mieux d’entrer en contact avec les gens de la classe.

 

VÉCU

 

Je viens de voir Astre. Discuté dans une salle vide (du journal) Discuté de l’aventure, du journalisme, de la vie. C’est donc décidé : je ferai quelque chose sur James Bond…

 

LIRE :

 

Lire H. G. Wells – Bradbury – Jules Verne

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Après un discours qui est censé avoir influencé un personnage, pour montrer le changement de celui-ci : il ne parle plus avec la même voix.

 

ÉCRITURE

 

« Bruit de tonnerre de ton sac (à main ?) que tu fermes… »

 

IDÉE VISUELLE

 

BD auteurs marxistes critiques apolitiques

 

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Transformer la bibliothèque Sainte Geneviève en dortoir commun pour étudiants : petites chambres séparées par cloison en bois. discipline collective. Le soir, retour du ciné, avec filles, plaisanteries ou rien du tout : très bien comme ça.

 

VÉCU

 

Une semaine que j’ai commencé ce carnet

 

CRITIQUE DE FILM

 

Films de James Bond : analogie avec industrie du disque : disques yéyé qui, réécoutés à la suite, lassent rapidement. Mais ils produisent de prime abord un effet agréable. Pour éviter la fatigue, la radio, la télé vous les diffusent à divers moments, à un rythme soigneusement prévu pour que chaque fois nous réentendions le disque avec plaisir.

Les films de James Bond, c’est pareil. Une fois établi le personnage James Bond nous le retrouvons dans chaque film nouveau de lui, à une sauce différente chaque fois.

Et la sortie de ces films est préparée de façon à nous faire mijoter, à nous faire attendre la réapparition de notre super héros…

Mais de ces films on se lasse vite… « Goldfinger » supporte mal d’être revu plusieurs fois. Pourtant on ne se lasse pas de voir et de revoir « Potemkine » ou [texte interrompu]

   plan de la comparaison films – disques : 1/ films et disques lassent (# bons films qui ne lassent pas)

2/ Il faut le renouveler. Exemple : disques. Films = pareil (influence de la radio) Quand un de ces films ou disques est sorti, on met le paquet dessus (phénomène d’auto-publicité propre à l’industrie cinématographique) avant on fait mijoter le public… On crée un esprit favorable à la consommation

 

13/01/1966 

 

LIRE

 

NOTES DE VISIONNAGE

 

James Bond

 

Cercles mondains

Tueurs (début) = nègres

Emploi de silencieux

À Londres : machines (transmission)

Rythme lent

1re fois qu’on voit James Bond : petite musique

Bond ne connaît pas le Toppling : pas technicien

La coquetterie du revolver. Brimé.

Droit de tuer

Il tient plus à son gun qu’à une femme (cheval du cow-boy)

Éclairage jamaïcain

Il agit seul (ne prévient pas quand menacé)

8 plans pour la première poursuite

Cigarette empoisonnée

Inserts

Histoire trop facile à comprendre

Le blanc est plus habile que les noirs (scène du bar à la Jamaïque)

Musique pseudo-folklorique (racisme) quand noirs ont rejoint le bon camp

Les gens qui ne parlent pas parce qu’ils ont peur : peur pas assez bien rendue

No = chinois

Sauvé par hasard

Mer = belle couleur

Le nègre est superstitieux

Collaboration anglais américains

5 plans pour la chute de la bagnole

On tue dans le silence

Justification du meurtre devant la femme horrifiée

Trois personnages : Bond – nègre – femme. Femme et nègre = simples d’esprit

Sadisme du fou

Il reste consommateur même dans le danger

Politesse chinoise

No : fils d’un chinois et d’une allemande

Sadisme à l’électricité (grilles de la prison)

Déguisé en technicien (radioactivité)

Protection des fusées de Cap Canaveral (vers la Lune)

Quand Bond a accompli sa mission, la fusée part triomphante

À la fin : le danger : lampes qui s’allument et s’éteignent – fumées – cris – agitation = pauvre

Ursula à ses pieds

 

14/01/1966 

 

VÉCU

 

Métro : je vais en cours. Ce matin : pas allé au cours (chauffage arrêté  nuit épouvantable. Suis resté couché) Je note deux idées que j’ai eues hier

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Page totalement blanche ainsi que le verso et seulement au milieu un tout petit dessin ou une toute petite phrase ( caché par la tête du type )

 

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Scène de violence : dans un désert ou une lande ou quelque chose comme ça : un homme est livré à une bande. Ils soulèvent l’arrière d’un camion ( cric ou levier ou quelque chose ) et enroulent un câble à l’essieu. Le câble est très long. Ils attachent le gars au bout du câble et laissent quelques dizaines de mètres de mou au câble. 2 gars tiennent le prisonnier. On met le moteur du bahut en marche, on embraye, on accélère, la corde se dévide. Le choc va être rude. Le gars est entraîné une 1ère fois, il tombe plus ou moins, s’esquinte, à la grande joie des bourreaux. On arrête avant qu’il ne cogne le camion. On remet ça mais là, le type se dégage des gars qui le tiennent et se met à courir vers le camion. La vitesse augmente, la corde se rembobine de plus en plus vite, le gars court pour éviter le choc mais il est obligé d’aller vers le camion où l’attendent des gars ( avec des bâtons ou des fouets ?) Finalement, épuisé, il arrive à 2 ou 3 m du camion, sur la benne, les gars le regardent, le câble est tendu, le moteur tourne au ralenti. Le chef fait un signe, le bruit du moteur enfle, le type est entraîné et vient s’écraser contre la tôle, sa tête cogne, il s’écroule

 

COURS D’HENRI AGEL

 

Roger Leenhardt – « Les dernières vacances »

 

Depuis 1947 : très grand film

Roger Leenhardt = intelligent

Handicapé par son intelligence

Bazin a écrit sur « Les dernières vacances »  « Roman – « miroir qu’on promène… »

Film chronique ( « La comtesse aux pieds nus » – « Le fleuve » – « Monsieur Hulot » – « Les Vitelloni »)

Écriture libre, indépendante, décontractée.

Film au passé, en fonction de la mémoire d’un garçon de 16,17 ans

Contenu : « Je ne peins pas l’être, je peins le passage… » (Montaigne)

Tradition française  Proust – Bergson – Debussy – L’impressionnisme

Passage de l’enfance à l’adolescence

Les deux livres qui ont le plus influencé Roger Leenhardt : « À bord de l’Etoile Matutine » (Mac Orlan) et « Le grand Meaulnes »

Ici : sécheresse apparente = forme de la pudeur

Film se situe en 1932. Société en passage aussi. De la société close à la société ouverte

Sensibilité

avec Berthe Bovy – Odile Versois

Photographie : Agostini

Décors : Barsacq

Montage : Myriam

Production : Pierre Genin

Bande son très importante – Musique * des sons (et musique tout court (piano) – Rythme Mélodie (+ travellings et panoramiques : cf. Grémillon) * = théories les plus modernes (cf. « L’immortelle »)

 

VÉCU

 

Discussion :

Agel : aliénation par rapport au film

Fin du film : réapparition de la tour. Or elle est au début du film.

Tour = battement de cœur du film

Film reçu dans des perspectives disparates (les uns = désespoir – D’autres = constat objectif sur une certaine bourgeoisie – Les autres = poème avec une part d’espoir. Crise surmontée)

Avis :

Constat mais pas objectif. Dosage d’amertume et d’allégresse

Le temps tue les personnages

Film dépourvu de teinte désespérée. Positif

 

RÉFLEXION

 

On accepte que quelqu’un qui a des convictions religieuses explique un film et le critique à travers les convictions religieuses de celui qui a fait ce film et on gueule comme des putois lorsqu’il se passe la même chose dans le domaine politique (exemple : les Chinois traitant les Russes de révisionnistes)

 

CINÉMA

 

Réfléchir sur le gros plan, qui arrête le temps, dans « Les dernières vacances »

 

15/01/1966 

 

DANSE – BALLET VIETNAM – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE

 

J’écris moins. Décidé : je vais à Lorient le 22. J’irai prendre une carte aujourd’hui à la gare.

Idée de ballet ( à travailler )

Thème de base : une gigantesque photo représentant un personnage. Les danseurs et danseuses arrivent autour d’elle et, se rapprochant d’elle, finissent par la dévorer, arrachent sauvagement de larges bouts de papier, émiettant ainsi l’effigie, qu’ils finissent par détruire. ( Je pense qu’on peut en faire un ballet politique  Effigie = prolétaires, Animaux dévoreurs = capitalistes.

Le style du ballet, la façon de danser doit évoquer la voracité et la sauvagerie cruelle des animaux de proie

 

Je pense à plusieurs choses disparates :

1/ mettre finalement le feu.

2/ grignoter l’image, y creuser un trou et passer à travers.

3/ superposer d’autres images ( cartes des pays colonisés ou conquis )

Je compte soumettre cette idée à Jocelyne  Je viens de trouver une modification à cette idée : Image = carte du Vietnam. Animaux dévoreurs = impérialistes américains. En dévorant le Vietnam, ils font apparaître quelque chose d’autre ( une image typique de la société US Drapeau ou Pin-up )

 

 

NOTES DE VISIONNAGE

 

Train

Humour anglais

Sang-froid dans les situations dangereuses

Film « nuptial » James Bond

On trouve « torture » dans des films de James Bond ?

Bagarre train = plans de coupe cut sans raccords. Effrayante

Fille dans les fleurs = pas mal

Hélicoptère = piqué à Hitchcock

Thème de la mer (007 – Russie)

Bateau vedette

Thème du feu

Femme qui tue = vilaine femme

Même équipe de production

 

16/01/1966 

 

VÉCU

 

Hier soir après « Bons baisers » : malade  Suis rentré me coucher. Ce matin : neige toujours là. Froid encore.

Me suis renseigné hier pour carte demi-tarif : plus cher que je ne croyais.

 

ÉCRITURE

 

Il faut que je ne perde pas l’habitude de noter mes idées : ce matin, pensé à un texte satirique : le monsieur à qui les gens qui cherchent à se loger demandent conseil parce que ça fait 10 ans qu’il cherche un appartement et qu’il a « l’expérience »…

 

VÉCU

 

Aujourd’hui je vais déjeuner chez les parents ( on va voir pour le train) puis je compte aller voir le dernier James Bond et ce soir mon frère me propose d’aller voir au théâtre des Champs-Élysées la compagnie Paul Taylor

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Un dictateur qui, pour être à l’abri, converse avec ses interlocuteurs, protégé à l’intérieur d’un blockhaus, par télévision ( les gens avec qui il parle apparaissent sur un écran ) Il est attaqué dans son blockhaus. Les assistants dont on voit les têtes horrifiées sur les écrans ne peuvent rien faire. Il est éliminé

 

17/01/1966 

 

LIRE

 

Lire le bouquin de Goldman (collection Idées) sur le nouveau roman : « Pour une sociologie du roman »

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Dans un cinéma : une voix prévient les spectateurs que ce qu’ils vont voir sur l’écran est « téléguidé ». La voix prévoit et annonce les variations de l’image. Elle fait appel à un spectateur, elle le « téléguide » jusqu’à l’écran où « l’on a besoin de lui ». Le gars s’applique contre l’écran : la lumière se rallume dans la salle : tous les spectateurs sont enfermés dans la salle, à la merci de la puissance qui les tient prisonniers.

 

ÉCRITURE

 

« J’ai vu pleurer la vieille femme,

Blonde, bouffie, aux lèvres mal fardées,

Elle était laide, elle apportait

Les repas des beaux étudiants bourgeois.

Elle n’avait pas le droit de dépasser la dose

Et un jeune et beau garçon

Lui arracha violemment un yaourt des mains…

Bafouée dans son travail, maltraitée par un jeune puceau,

Elle ne put refouler ses larmes…

Ce bel étudiant était satisfait qu’on vienne le servir

Jusqu’au moment où il voulut que la crème soit douce à son estomac…

Étudiants bourgeois, servez-vous vous-mêmes,

Au lieu de bafouer les travailleurs qui vous servent…

Car, un jour, les yaourts, les travailleurs vous les foutront à la gueule… »

 

IDÉE – TECHNIQUE

 

Film qu’on ne passe pas dans une caméra mais on l’impressionne en le mettant simplement à l’air et il enregistre le monde… ( A la projection ? )

 

ÉCRITURE

 

« Crife de confiance… »

 

NOTES DE VISIONNAGE

 

Même style de films de publicité qui passent avec James Bond

Cinémascope

Dès le début = impudiquement sur un cercueil

Décors somptueux

On joue avec la mort

Tout l’arsenal dès le début

(?) avec son réacteur

Vente de drogue chinoise

La secrétaire joue toujours très américain (femme américaine)

Vente de drogue chinoise aux États-Unis

Toujours gros plans inserts

Chevalet de torture : James Bond ridicule

Beaucoup de serviettes de bain

Visons pour exciter les femmes (dégueulasse)

Histoire de plus en plus en plus compliquée

Toujours des plans de bagnoles emmerdants

On sait bien que James Bond ne mourra pas

Braves hommes ! Il ne suffit pas d’acheter un gant de vison, les femmes ne viendront pas se pendre à leur cou

« Votre part équivaut à combien de prix Nobel ? »

Ici : une voiture qui explose

On ne voit pas les autres 00 (agents secrets)

Salles de jeux

La fesse est censée masquer le flic

Il n’explique rien aux autres 00

Raffinement = requin

« Je ne suis pas un passionné »

Exotisme ici aussi

Piscine fermée = dégueulasse

Montage eisenstenien (amour    fête dans la rue) (montage d’attraction)

Bagarre    mitraillette – jouet

Danse de femme à poil

Inserts sur tambour (vieux style)

Montage court (poursuite dans la fête)

Pas de bruit sous l’eau [si]

Ici encore : même situation : James Bond à l’intérieur du camp ennemi. Cette fois-ci : armée américaine

Monde sans enfant (pas pour la famille)

Voir la côte de la centrale catholique

 

entre crochets : rajouté

 

VÉCU

 

10 h 45. Je suis dans le bus, à l’arrêt, attendant qu’il démarre. Ce matin : pas allé en cours. Allé à Montparnasse pour la carte demi-tarif. Je pars vendredi à 7 h 30. Ce soir vu des films chez D. de M., S. et Y. Demain je leur montrerai les miens.

Après ça je suis allé voir « Thunderball » aux Champs-Élysées avec Mindla B. Fille très gentille. Nous avons parlé de ses parents qui se sont réfugiés de Pologne en Russie (elle est juive) et en Israël… Comme moi elle a été écœurée par James Bond. Maintenant je rentre.

je remarque que j’ai moins de plaisir et le temps d’écrire ces notes de depuis qu’avec le cours normal de la vie a repris pour moi l’action, dans laquelle on s’oublie quelque peu.

Ce matin : violente discussion avec René sur la standardisation et la déshumanisation dans la société future… Je disais que cette peur de l’uniformisation est le résultat d’un bourrage de crâne et que d’autre part, au sein d’une relative standardisation, les personnalités des individus n’en éclataient que mieux.

 

NOTES DE VISIONNAGE

 

À noter : les personnages de second plan sont beaucoup moins bien campés dans le dernier James Bond que dans les autres

Toujours contact avec les autres : risque ou arrivée réelle d’une déflagration

James Bond : la ségrégation du vison. Le dernier prolo ne peut pas s’acheter un gant de vison pour exciter sa femme…

Aventure (pour les Américains) : à condition qu’elle soit confortable et pas dangereuse

 

18/01/1966 

 

VÉCU

 

21 h. Je viens de me coucher et d’allumer une pipe. À mon chevet : la radio. Informations. Figon est mort. Assassiné ? J’ai reçu une lettre de Jo me parlant entre autres de l’école de danse. Nous en reparlerons à Lorient. Ce soir je suis à la fois heureux et triste (« a strange kind of happiness »). Triste à en avoir le ventre crispé, comme quand tu as quitté Paris. Bizarrement : c’est à l’approche de mon départ pour Lorient.

J’ai écrit que j’écrivais moins parce que la vie recommençait plus rapide. En effet. Et j’ai été plus ou moins absorbé par la classe. Mais avec quelque chose de différent : ce matin j’ai présenté « Lorient 64 » au 87 rue de Turbigo à S., D., Marie Pierre L., Y., Mindla B. et Gérard L.. Dans l’ensemble ils ont aimé (« Ville en dehors du temps » – « en dehors de la réalité » – « tristesse » – « ville pas au présent »…). Ambiance très différente dans une circonstance comme celle-là de l’ambiance en cours… Différence entre l’action (ici c’est une forme d’action collective) et la discussion stérile et intellectuelle.

J’ai l’impression en ce moment de vivre dans un rêve. Peut-être dû au fait que je suis malade (rhume ?) Et un peu dans les vaps. Mais aussi je pense que j’ai été un peu trop absorbé par la classe ; cependant je suis content car je réalise peu à peu mes plans (c’est-à-dire qu’ils se réalisent eux-mêmes car c’est normal que ça se passe comme ça…) : je m’écarte définitivement des bourgeois intégraux et je gagne la confiance des gens que je trouve les plus intéressants (M. – Y. – L., etc.)

Il y a une chose que je ne réalise pas, c’est que je vais prendre le train pour Lorient…

Impression crasseuse déjà comme d’être enterré à Paris et de ne pas pouvoir en décoller… Cependant ce matin, en revoyant Lorient cet été 64, noyé de soleil tristement rayonnant, écrasé de chaleur, ce film me fascine toujours quand je le vois (ce n’est pas de l’orgueil), j’ai failli pleurer d’émotion ; c’est incroyable ce que j’aime cette ville et toute la Bretagne qui m’a littéralement séduit et envoûté…

Bon Dieu, il me suffit de survoler Groix… Comment dire tout ce que ça me fait… Et la mer, de Groix à Lorient : les montagnes de Kaolins, sur la côte, avec Delphine, qui y court, au loin : Quiberon, Carnac et tout au fond : Piriac. Bleu profond de la mer et du ciel ; nuages mélancoliques…

Il me faut retrouver, patiemment, me réveiller au rêve qui est ici la réalité… Construire la merveille…

Je vais partir, imaginons le voyage : départ au petit matin : Oh ! Que j’aime les départs, les grands départs, les merveilleux départs

 

Non 

 

VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE

 

Je pars vers toi, vers l’amour et la mer…

Amour Amer, que je t’aime, que j’aime en toi les pierres et les vapeurs d’eau, les fleurs et le vent… Oh tes cheveux…

Je volerai vers toi dans les cyclones de fumée, dans les câbles électriques chantera le chant trépidant des techniques lancées en avant et à la suite de l’homme qui aime, souffre, vit et meurt… 

Certes la vie est absurde, du moins le monde inhumain, mais nous la dotons d’un coefficient de merveille qui décuple nos forces et nos désirs de nous mettre à genoux pour embrasser la terre…

Voilà, je sens remonter en moi l’appétit des nuits du port de pêche… Déambulation dans l’ombre chargée de l’odeur marine, avec les pointillés des lumières électriques, les bateaux à quai…

Ah ce que j’ai pu rêver, imaginer, le long de ces quais, de cette mer verte…

Tu as les yeux bleus ! Quelle merveille ! Souvent je m’étonne et suis follement heureux que le sort m’ait donné tant de choses pour en jouir : le soleil, l’herbe, la mer, le sable, l’air, tes yeux, la pierre, le velours, les fleurs…

Mes limites… mes pauvres limites… Pauvre homme que je suis, simple homme, grattant la terre faiblement… Je trouve la vie merveilleuse…

Voilà, mon amour, je sais bien qu’il faut lutter et j’essaie…

Mais quelquefois je me dis que, même si l’impression d’être vaincu, je suis quand même heureux, et heureux d’un rien (de choses qui feraient rire la plupart des gens…) : un rayon de soleil, un éclat de lumière sur une feuille, un grain de blé, un ventre rond de femme enceinte, une miche brillante et brune… Alors, pourquoi m’empêcherais-je d’être heureux ? Pourquoi ne pas tendre le bras et saisir l’hirondelle en vol ?

À Lorient, ceux qui ont vécu (et que je n’aime pas forcément, mais ils ont composé le morceau de musique de mes deux ans maritimes…) Jean, Roselyne, Le F*, Annick, Annie, Yves et tant de visages, tant de corps…

Est-ce que je retrouverai l’impression que j’ai eue quand j’ai vu pour la première fois la place de la mairie, chien battu sous la pluie, enfoncé dans mon pardessus (il était neuf alors…), une brume d’humidité voilait de gris les maisons, adoucissait les angles, ouate de découverte…

 

19/01/1966 

 

FAIT DIVERS

 

Plus que 2 jours… Il est 9 h 35. Je suis dans la cuisine. Au dehors : neige mais soleil du matin. Dans une cave du XXème, 15 Nord africains vivaient autour d’une chaudière. Asphyxie : morts… Cette monstruosité se passe de commentaires… Je réalise combien je suis heureux de pouvoir m’inonder des rayon du soleil… Certains n’ont même pas le droit à la lumière, à la chaleur, pas le droit à la vie. Seul le droit au travail, c’est-à-dire à l’exploitation…

 

INFORMATION

 

D’après un des trois intellectuels communistes américains qui sont allés à Hanoi : 20 % des Américains sont opposés à la guerre…

 

VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE

 

Ce matin, je ne vais pas en cours pour attendre le plombier qui doit venir réparer le chauffe-eau qui ne fonctionne pas ! Cet après-midi : composition de scénario. Je finirais vers 19 h ? Je rentrerai en bus. Ce matin je recopie le thème italien et je fais le devoir d’anglais. Demain jeudi : j’aimerais aller le matin acheter quelque chose pour Jo. Si je fais ça l’après-midi, après avoir déjeuné à Paris, j’irai à Sainte-Geneviève faire ma dissertation.

Après ça je passe à la gare pour la carte et le billet. Je réserve une place et je rentre au blanc Mesnil. Vendredi matin il faudra décoller d’ici à 6 h. Donc : lever 5 h 15. Demain soir il faudra préparer mes bagages. Je n’emporterai pas grand-chose.

 

CINÉMA

 

Je remarque la différence d’accueil entre les gens de Lorient et les élèves de Voltaire devant « Lorient 64 »…

 

VÉCU

 

« I will see the sunrise »

 

CRITIQUE DE FILM

 

[Il est difficile de cerner le phénomène « James Bond ». Personnellement je l’explique en envisageant la façon dont vit l’Amérique – et bientôt l’Europe…]

 

texte entre crochets : barré

 

24/01/1966 

 

VÉCU

 

Minuit 20.Couché. Rentré Paris 

 

moi

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Relier les 2 dimensions dans un même espace par des glissements passant par des surfaces qui masquent et permettent de faire une coupure ( une fois le spectateur habitué, on peut employer le cut ) (fantastique)  on peut y inclure le projet sur les plantes (exactement pareil)

 

 

26/01/1966 

 

CINÉMA

 

On discute tellement parce qu’on ne peut pas être assez souvent près des films ou des œuvres (il viendra un jour ou des millions de copies seront tirées de « Charlot policeman » et tout le monde pourra les voir n’importe quand). Y aura-t-il encore des discussions ? En tout cas sera-ce les mêmes ?

 

27/01/1966 

 

CINÉMA

 

L’Ange bleu – L’Évangile selon saint Mathieu – Ascenseur pour l’échafaud – Soudain l’été dernier

 

SPECTACLE

 

11 h 45. Pris deux places pour « Wozzeck »

 

CINÉMA

 

Je vais voir « The naked kiss » de Samuel Fuller (note sans doute prise après la projection : Sens du grandiose)

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Reprendre l’idée de la pin-up qui sort du trou de la serrure mais en faisant de la serrure un gigantesque décor sur une scène ( opéra ) : la porte étant comme un mur et le cadre de la serrure à quelques mètres du sol. La fille sort, se laisse glisser et fait son numéro ou bien : trou de la serrure à hauteur de la scène voir.

 

 

 

Commentaire du 13 septembre 2019

 

Depuis quelques années maintenant, je réalise des photomontages à base d’images glanées sur Internet que je retravaille dans Photoshop. Pour réaliser ces photomontages je reprends parfois d’anciennes idées. C’est le cas de celle-ci qui a abouti au photomontage ci-dessous (créé en 2019 à 72 ans) :

 

   Commentaire écrit à 72 ans

 

 

CRITIQUE DE FILM

 

J’ai réussi mon papier sur James Bond

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Livre géant (cf. Alger)

 

RÉFLEXION

 

Je refuse l’humour, la dissimulation sous l’ironie, de notre angoisse fondamentale.

La gravité est nécessaire pour nous préparer à la mort. Qu’on songe que la mort est partout présente… quant à moi le rire s’étrangle dans ma gorge… D’ailleurs, à part les imbéciles, plus on vieillit moins on rit…

 

LITTÉRATURE

 

Trouvé « Delphine » chez Nerval

 

IDÉE – SPECTACLE

 

Dans la salle, dialoguant avec l’image : les spectateurs. L’image récite des textes ou accomplit des actions que certains dans la salle peuvent connaître : l’acteur ( le meneur de jeu ) est le catalyseur de la participation du public qui participe en complétant ou en devançant l’image.

 

RÉFLEXION

 

« Yves, fais attention : Nerval aussi voulait jouer Pierrot, il est mort fou… »

 

IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE

 

Pourquoi ne pas transformer « El desdichado » en air d’opéra ?

 

RÉFLEXION

 

Mercredi dernier, j’étais faible, hésitant, soucieux, malheureux, j’ai pris une décision et choisi un chemin dans lequel désormais mes efforts et mon application consisteront à me tenir… (littérature ?)

 

RÉFLEXION

 

Mourir en plein jour ?

 

SPECTACLE

 

« Giselle » inspirée par Nerval ?

 

SPECTACLE

 

Écrire à Jocelyne : pour leur spectacle de poésie, pourquoi ne pas mettre certains poèmes en musique (sur une musique connue bien sûr)

 

IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE

 

Les chaussures pleines de cendres…

 

28/01/1966 

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Nouvelle expression artistique métaphorique par la maîtrise des dimensions du monde : 2 hommes chacun dans un plateau d’une balance pour mesurer leur valeur ( monde où l’homme est en proie à des géants ( les capitalistes ) qui le manient à leur guise. Possible au cinéma ? Par les possibilités de trucage qui permettent une mobilité plus grandes des éléments de l’œuvre ( on peut introduire ou escamoter rapidement )

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Un homme volatilisé ; il reste ses souliers, remplis de cendre, petit nuage de fumée flottant.

 

RÉFLEXION

 

Je ne peux pas mourir. Car si je mourais, ma conscience du monde s’éteindrait et le monde avec elle. Je dois donc nécessairement, même mort, vivre dans les conscience qui restent.

le monde a besoin d’une conscience qui le regarde.

D’où il résulte que la conscience embrasse la totalité de l’univers. Car la moindre portion d’univers hors de portée de la conscience ne peut pas être…

 

Commentaire du 26 septembre 2015 

 

Sous sa mégalomanie et son sophisme apparents, cette note n’est pas si fantaisiste : la conscience humaine produite par le cosmos n’est-elle pas un « miroir » dans lequel il se « réfléchit » et dans lequel il a « besoin » de se réfléchir ? On peut penser que tout ce qui est produit par l’univers à sa nécessité puisque cela existe ! Il en va pour la conscience humaine comme pour la plus petite météorite. 

 

   Commentaire écrit à 68 ans

 

29/01/1966 

 

VÉCU

 

J’écris moins sur ce carnet. Peut-être qu’un meilleur équilibre exige cela… ? Et l’explique…

 

RÉFLEXION

 

Trop s’appesantir sur ses problèmes, trop se regarder, s’introspecter, cela peut être mauvais…

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME

 

Cette nuit : rêves politiques. Impression que mon inconscient se reprend tout entier au seuil d’une joie peut-être nouvelle. Rêves où l’on sent des difficultés mais où on s’emploie les surmonter…

 

NOTES DE VISIONNAGE

 

Trouvé intéressant dans « Bande à part » : un gars dans la salle, au premier rang, arrive en retard. On le voit en bas de l’écran : à ce moment, sur l’écran : Brasseur et Frey avec des bas noirs sur le visage. Aspect irréel.

Gens dans la salle dialoguent avec eux.

Irréalité ? Ce sont des spectres ? Fantastique ?

 

IDÉE – SPECTACLE

 

Personnage ( dans la salle ) plaqué contre l’écran : image d’une porte qui s’ouvre ou d’un pan qui vient le frapper : il est rejeté loin de l’écran. (Si au départ : simple écran (sans acteur dans la salle) les gens croient que c’est un gros plan puis : changement)

 

RÉFLEXION

 

Au départ le public était fasciné par l’art. Il croyait à la réalité de ce qu’on lui montrait (cf. Bazin) maintenant, l’art en équilibre instable. À la fois : illusion et franchise. L’évolution (qui serait un retour) vers un art plus solide, plus « traditionnel » (attention à ce mot), un art classique, ne réclame-t-elle pas un retour à l’illusion pure… ? (Cf. idée de l’image porte qui frappe les gens…) ? ?

Chercher à savoir où est l’art moderne (Pinter. La collection. Décors multiples ?) Comment fonctionne la dialectique ?

 

CINÉMA

 

Faire d’un paysage, sur un écran, un décor, un panorama de carton pour train électrique ou autre, n’est-ce pas humaniser la nature ? Pourquoi le refuser ?

 

VÉCU

 

Tout à l’heure : j’attendais un livre au monte-charge de la bibliothèque Sainte-Geneviève : d’autres étudiants attendaient avec moi. Nous étions là à attendre. Autour : l’étendue de la salle, fronts penchés et notre petit groupe avide de livres, l’une assise sur une chaise, l’un assis sur une table, les jambes pendantes, l’autre assis sur cette même table, d’une jambe, l’autre s’appuyant au sol, un autre debout marchant, attendant…

 

VÉCU

 

Il est 23 h 50, place Saint-Michel. Je viens d’aller voir « Woyzeck ». Autour de moi : « vie nocturne »

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Travelling latéral depuis : « À la mémoire de… etc. »  pour trouver le numéro cette place Saint-Michel etc. « (Voir plaques fontaine Saint-Michel) puis : vie du quartier…

 

30/01/1966 

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Pensé : reprendre l’idée des nuages qui descendent jusqu’à la surface de la Terre puis remontent  c’est la Terre qui se met à battre comme un cœur. Travailler ça. ( Un avion semble s’écraser verticalement au sol )

 

ÉCRITURE

 

Does the spring come now ?

 

CINÉMA

 

Nous désirons parfois saisir l’image du poisson ruisselant, dévorer le poulet rôti à la page 24 de « Femmes d’aujourd’hui », mais, puisque nous ne pouvons pas (encore ?) solliciter l’image, pourquoi l’image ne nous solliciterait-elle pas ?

Ainsi le poisson était « grandeur nature » et il était tentant… Ainsi le « cinéma-réalité », grandeur nature, doit être vrai et en même temps provoquer chez nous des prises de position, des réactions (par le film lui-même ou par des interventions externes ?) 

 


Pourquoi pas un balancement cinéma-vérité    cinéma-objet, balancement par exemple de la considération d’un objet en gros plan à la considération de cet objet en tant qu’image, dans la mesure où cet objet nous répugne et où nous préférons ne pas nous en approcher, ou inversement. N’y a-t-il pas toute une méthode à tirer de ça, par l’utilisation de distances diversifiées… ?

 

IDÉE – SPECTACLE – RESNAIS

 

J’avais déjà pensé au projecteur qui s’allume et éclaire la salle ( Resnais, Muriel. Théâtre = Delphine Seyrig qui éteint les lampes de son appartement ) Ici : un meneur de jeu dans la salle à un pupitre de commandes. Il manœuvre un levier  l’image apparaît : un projecteur braqué sur la salle ( avec quelqu’un qui le manœuvre éventuellement ) Le film serait comme un meneur de jeu qui saurait qu’à tel moment le projecteur serait braqué par exemple à peu près sur la partie droite avant de la salle mais qui, suivant les fauteuils où il y aurait des spectateurs, improviserait, disant « Vous, la jolie spectatrice du 3ème rang, 2ème fauteuil, etc… » et il engagerait un débat.

 

CINÉMA

 

Comme pour la peinture, il y a des zones de distance suivant lesquelles on prend l’image pour réalité ou pour image.

Il faudrait étudier ces zones.

Disons qu’un plan moyen (tel qu’au temps du muet), avec une marge de quelques mètres (combien, voilà la question !) peut ne pas être pris comme image. Le gros plan en revanche n’a pas d’équivoque. Il faut s’éloigner de beaucoup pour établir la réalité (en passant au P.M)

Impression d’être à l’aube d’une nouvelle étude…

 

IDÉE – TECHNIQUE

 

Jusqu’ici : projection seulement sur un écran plat. Pourquoi pas sur un écran convexe ? Avec le parti qu’on peut en tirer.

 

31/01/1966 

 

VÉCU

 

Minuit passé. Est-ce qu’on est le 31 ou le 1er ? Dans deux semaines j’irai à Lorient…

 

IDÉE – TECHNIQUE

 

Reprendre l’idée de varier les dimensions, la taille des objets en faisant varier la focale du projecteur ( on passe ainsi du cinéma-image au cinéma-réalité et vice versa ) Balancement, Glissement. En faisant varier les dimensions d’une porte, on la fait prendre comme une vraie porte ou pour un portail gigantesque, peut-être celui de l’enfer ? Et, en faisant le noir dans la salle, entre les 2, en changeant de décor, d’acteurs, de costumes, etc… on change le spectacle et on donne à l’image une valeur nouvelle et chaque fois différente ( et même antithétique )

 

LIRE

 

Collection Idées : Lucien Goldman « Nouveau roman et réalité »

 

ÉCRITURE

 

« Le parti de l’univers… »

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Statue dans l’eau, émergeant.

 

CINÉMA

 

Changements de plan doivent être rapides ?

 

LITTÉRATURE

 

Aujourd’hui, avec Astre : interprétation de « L’étranger ». Si Meursault tue l’Arabe, c’est parce qu’il voit briller sur le couteau le reflet du soleil  Soleil = père. Nécessité du tuer le père pour devenir soi-même…

 

VÉCU

 

7 h 45. Métro. Lumières défilent dans le tunnel. Mon papier pour « Combat pour la Paix » ne paraît qu’en fin février.

 

VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE

 

Hier reçu une lettre.

 

01/02/1966 

 

IDÉE – SPECTACLE

 

Faire intervenir des éléments géants dans la salle à l’échelle du gros-plan sur l’écran (main, par ex.)

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Travailler l’idée de film sur maquettes d’architecture…

 

CINÉMA

 

Dans le fond : cinéma « nouveau » = comique (voir Pierre Etaix) ?

 

SCULPTURE

 

Hier soir : Giacometti. Les taches sur l’écran… (1945) = un stade. La phase tachiste…

 

ÉCRITURE

 

Écrire une nouvelle ( ? ) où le personnage ( moi ), romantique et immensément triste, hanterait les couloirs du métro et vivrait en contact permanent avec les lutins et elfes des affiches publicitaires, qui se plaindraient à lui d’être ainsi réduits à ce rôle de pitre durant le jour et se rattraperaient la nuit en se baladant partout dans le métro. Parodie de Robbe Grillet dans la description… ?

 

Commentaire de ceci, le même jour : idée des gnomes du métro : mauvais.

 

VÉCU

 

Mon papier a plu à Astre et au secrétariat de rédaction. Samedi dimanche : conseil national du Mouvement de la Paix.

 

RÉFLEXION

 

Loi directrice : la dialectique. Seul moyen d’unir les contraires.

 

VÉCU

 

Est-ce que je vais présenter « Delphine » à toute la classe ? Pour : je réintègrerais ainsi plus ou moins la classe… (surtout vis-à-vis d’Agel). Contre : le fait que c’est moi qui l’aurais proposé… Il faudrait que quelqu’un joue les intermédiaires…

 

VÉCU

 

Today = sunshine.

 

VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE

 

To ignore the [other] people ? Is it possible ? And must we do it ? How could I ignore your fair hair…? But I did not speak about you…

 

Par la suite (quand ?) commentaire sur ce texte entre crochets : « Qui ? » 

 

Puis Commentaire du 10 juin 1999 

 

Je ne savais plus de qui je parlais. Il s’agissait de Madeleine B., une camarade de la classe préparatoire à l’IDHEC, avec qui j’avais eu une aventure d’une nuit et qui s’est suicidée il y a quelques années. J’avais écrit en anglais, ce qui était un subterfuge enfantin pour tenter de camoufler les traces de cette relation en même temps que je les consignais, car en couchant avec Madeleine, je « trompais » Jocelyne, alors que nous étions « ensemble » ( ?) tout en étant dans deux villes différentes, elle à Lorient et moi à Paris … Début d’une longue suite d’ « infidélités » jusqu’à notre rupture… I talked about her hair because it was very soft and beautiful… C’était mon premier contact sexuel avec la femme noire mais je ne savais pas encore quelle importance cela aurait dans ma vie… J’ai revu Madeleine en 91-92 à l’initiative involontaire de Bernard D*. Je suis allé chez elle, au bord du chemin de fer de petite ceinture, juste à côté de la rue Claude Decaen où j’ai habité peu après avoir écrit cette note. Je lui ai donné à lire divers projets sur lesquels elle n’a fait aucun commentaire spécial. Voulant vaguement lui plaire, je lui ai dit qu’elle n’avait pas changé. Et m’a dit que moi si… Devant plus ou moins avoir envie de recoucher avec elle, j’ai dû amener la conversation sur le désir et les sentiments. C’est alors qu’elle a employé cette intéressante expression de « sentiments différés » en vigueur dans sa région. Plus tard je l’ai revue à une manif pour les Assedic du spectacle : elle au bord du trottoir, regardant passer les manifestants, moi parmi ceux qui marchaient, je me suis brièvement arrêté. Elle m’a dit qu’elle n’avait pas appelé car elle s’était absentée. Ce furent nos derniers mots avant son absence définitive. Je suis allé à la Cinémathèque pour la soirée-hommage qui a été organisée après sa mort, soirée où je n’ai pas réussi à m’arrêter de sangloter dans le noir de la salle. Sur ma jeunesse autant que sur elle (témoignage parmi tant d’autres de mon hyper-émotivité). C’est au cours de cette soirée que j’ai vu le long-métrage qu’elle avait réalisé à l’Ile Maurice, sa terre natale. Ni bon ni mauvais, mais intéressant. Souffrant visiblement de son manque de moyens. Des notes sur ces brèves retrouvailles existent sur un autre carnet, mais où ? Elles émergeront un jour…

 

   Commentaire écrit à 53 ans

 

RÉFLEXION – VÉCU

 

What do you want ? To have the power or to have the truth 

 

Commentaire du 4 décembre 2011 

 

Cette note fait suite à la précédente et concerne également mon aventure avec Madeleine B. : je me demandais à moi-même si je devais préférer la vérité (avouer à Jocelyne ce que j’avais fait) ou la manipulation (« the power »), c’est-à-dire le lui cacher… J’ai choisi de ne pas dire la vérité. Mais je l’ai fait plus tard, pour d’autres relations « extra-conjugales », dans les années 70, où « tout se dire » était devenu une sorte d’obligation. Aujourd’hui, je n’ai pas plus d’idées claires et tranchées sur ce sujet qu’à cette époque.

 

   Note écrite à 19 ans

 

CINÉMA

 

« Yoyo » (vu hier soir) = faiblesses mais un gag affreux : le clown sur la scène qui est remplacé par les soldats allemands… Tout le monde est mystifié là-dedans : les soldats français, le clown, embarqué avec les soldats français, et les Allemands parce que, sur cette scène, mitraillette aux poings, ils jouent une pièce de théâtre

 

02/02/1966 

 

RÉFLEXION

 

9 h 30. Voltaire.

Mal au nez. Là encore : dimensions. Je n’ai pas une vision précise de la partie de mon corps qui souffre. J’agrandis mes fosses nasales à la dimension de moi-même : cavernes, couloirs, hantés par la douleur, j’y avance, je m’y engouffre mais je ne les porte pas en moi… 

 


Dimensions des odeurs : grandes odeurs – petites odeurs. Un être énorme doit-il avoir une odeur énorme ?

 

ÉCRITURE

 

« Cinéfficative » – « Cinéfficace »

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Scénario sur le thème de l’imprudence ?

Une équipe pendant une guerre, qui réalise un film dans une zone qui va être occupée vraisemblablement bientôt. À la fin, réalisateur reste seul, le reste de l’équipe disparaît. Au moment du montage, il montera le film tout seul au milieu du studio désert… (à travailler) cinéma imprudent

 

CINÉMA – RESNAIS

 

Existence en Belgique d’une thèse (écrivains – etc….) sur Hiroshima (Institut Solvé ?)

Marguerite Duras. Nouveau roman

Resnais : surréalisme

  Proust : durée « Il a essayé de capter un réel permanent à travers l’écoulement de la durée qui dissout » (Bounoure)

Obsession de la mort (courts métrages)   auteur moderne

Marienbad : recherche des forces vivantes qui s’opposent à la sclérose de la durée (forces du rêve)

« Toute la mémoire du monde » : film de science-fiction. Film atroce (bibliothèque = nécropole) (cf. ce que j’écrivais sur la bibliothèque Sainte-Geneviève)    univers concentrationnaire.

Visite touristique des lieux horribles

Monteur  fragmentation. Temps en miettes dont on ne peut recueillir que les morceaux

Mizoguchi : au-delà du temps

Disparition de l’unité : drame moderne (cf. Pirandello)

Le plus important : sentiment de l’unité (remarque : maladie mentale. Schizophrénie. Télé-Ciné n° 88)

Marguerite Duras : « L’étreinte contient la déchirante distance que rien ne peut abolir. »   mythe de Tristan et Ysolde

L’amour d’Hiroshima se nourrit de l’oubli d’un autre amour. Recouvrement de l’amour allemand par l’amour japonais. En fait lequel des deux recouvre l’autre  fusion

Si on pensait tous les jours à Hiroshima on ne pourrait plus vivre

Nécessité de l’oubli (acte antihumaniste) mais : mécanisme inhumain. Différence entre l’homme et la matière brute : la mémoire. Dignité de l’homme = mémoire.

Tout souvenir est glacé

Poème dramatique. Symphonie. Film musical

Première ambiguïté : amour de Nevers = romance de midinette ou grand amour ? Deuxième : elle veut se rappeler. Oubli = force, force de mort

Agel : à la fin elle a fait un pacte avec l’oubli.

Les fleurs qui poussent vigoureusement  nécessité d’oublier. « Ça continue ». La vie : ce qui ne tient pas compte, ce qui méconnaît  

2 exigences aussi essentielles : immortaliser quelque chose (musée) et la vie (quelque chose d’amoral. La vie n’est pas fidèle.

Si elle retombe dans la blessure de l’amour allemand  masochisme.

Devenir amnésique : sentiment terrible devant lui.

Japonais = comparé à un psychanalyste.

Malaise  blocage

Architecte, qui bâtit. Il essaie de la sauver (cf. Marienbad)

Japonais = détenteur d’une certaine sagesse (Alain Resnais se dérobe devant cela) Sagesse = consiste à comprendre.

Rivière Ota = cyclique. Elle représente une loi fondamentale de l’existence, qui consiste à se vider et à se remplir.

Loi des cycles, loi des métamorphoses.

Il n’y a donc pas à souffrir de voir disparaître l’amour (allemand).

Amour : au moment où il est vécu : éternel – il cède la place à un amour japonais (le japonais s’identifie à l’allemand. Identité au delà de la personnalité des hommes. Flux et reflux de l’amour.

Film destructeur par rapport à une tradition occidentale.

Occident fondé sur le mythe de Tristan et Ysolde. Amour qui brave le temps. Ici : au fur et à mesure du film (prise de conscience) elle comprend la loi des cycles.

La nuit disparaît. Le deuxième japonais annonce un cycle nouveau.

La sagesse : revivre avec autant d’intériorité chaque fois.

Structure circulaire. Dimension extra spatiale et extra temporelle.

1ère intégration : dans le cycle cosmique.

2e intégration : en 1960 il est vain de penser à des petites histoires personnelles.

Qu’est-ce que l’être humain : un lieu est un moment…

Soyons des lieux. Lions notre destin au devenir historique.

Alain Resnais est irrité par son héroïne qui s’attache à une histoire.

Problème final : qu’est-ce qu’elle va guérir ? Elle ne guérira pas tout de suite (Resnais). « Ce film souhaite s’orienter vers une dialectique » mais « il est dans une contradiction perpétuelle »  ambiguïté. Espoir d’adoucissement mais visage tendu de Riva  le contraire.

500 images différentes parce qu’elle n’a pas fait la synthèse.

Agel : film inauthentique

Éléments d’artificialité

Collet : parti pris, au niveau du scénario, de chercher les rapports les plus alambiqués (on mêle des choses différentes + personnage de la femme : son jeu, sa diction sont tellement concertés que  littéraire

Côté irritant de l’héroïne parce qu’elle se sonde

cf. deux films qui ont la même donnée (histoire d’une femme qui prend conscience) : Ingmar Bergman : « Jeux d’été » – Max Ophüls : « Lola Montès »

Allergie à l’amour

Mes commentaires : Agel réagit en vieux bourgeois, défendant les valeurs sacro-saintes du mariage et de l’affection enracinés dans une expérience commune… comme si cela était NÉCESSAIRE… !

Il peut dire cela car il est marié, a des gosses, une situation (de critique bien côté dans les patronages) mais nous, étudiants, petits bourgeois menacés à chaque instant, en perpétuel déséquilibre, dans l’insécurité de la jeunesse et de la pauvreté, que pouvons nous faire d’autre que d’être des intellectuels, pour la femme : pour la femme : d’être une femme « libre », d’une « moralité douteuse »…

Le seul moyen d’échapper à la destruction de l’amour, c’est de « l’émerveiller » comme chaque jour je m’efforce à le faire. Pour des gens mariés, déjà : non. On peut leur reprocher de s’être mal mariés. Mais nous qui voulons vivre ensemble, qui ne sommes pas sûrs, nous ne pouvons pas nous appuyer sur une tradition bourgeoise et sur notre expérience commune… Il reste : la merveille…

Si nous nous accrochons à la peau, n’est-ce pas parce qu’il nous faut nous accrocher quelque part et que nous prenons ce que nous trouvons en premier

Sentiment d’instabilité… Nous sommes les lieux où nous sommes et nous sommes n’importe où… nous sommes n’importe qui… ceux qui attaquent Resnais au nom de l’humain, je leur réponds que, pour nous, l’humain reste à découvrir…

Hiroshima = cri de désespoir… et d’espoir…

 

03/02/1966 

 

IDÉE – SPECTACLE – TECHNIQUE

 

Hier soir : idée. Dans ma chambre : photos    idée

 

 

Il y là création d’un espace par différenciation des plans dans lesquels se placent les personnages. Étudier les combinaisons possibles de 2 écrans ( ou plusieurs )

On peut faire varier la relation des 2 écrans. Par exemple, l’image 2 disparaît. La 1 varie ( passe de profil ou de face par exemple ) A ce moment l’écran 2 se déplace et vient se placer en fonction de la nouvelle image 1. Mobilité des écrans suivant la mobilité des images. Étudier la combinaisons possible de ces 2 écrans (ou plusieurs…)

 

CINÉMA

 

profondeur,sculpture

Discuté avec un gars : pour lui, au cinéma : pas de sculpture. Cinéma = plat

 

04/02/1966 

 

IDÉE – SPECTACLE – TECHNIQUE

 

Projection sur une matière que l’on peut traverser ( nuage de vapeur ?)

 

IDÉE – SPECTACLE – TECHNIQUE

 

 Projection sur des écrans placés dans des plans différents. 

 

 

Changement de dimensions. A travailler. On pourrait synchroniser ( image sur écran 1, image sur écran 2, avec élimination par glissement des écrans qui s’interposent. A travailler).

 

RÉFLEXION

 

Matières plastiques produites industriellement parce que : matières premières abondantes + énergie peu coûteuse (à la base : industrie des pétroles et du charbon)

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Ne pas oublier l’idée du train électrique

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET LES PLANTES

 

Idée des plantes

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Scénario de l’imprudence :

Séquence 1 : le metteur en scène convainc le producteur

Séquence 2 : il traverse la ville agitée par le remue-ménage de la guerre pour trouver une équipe. Aspect précaire. Aspect du cataclysme dont l’amorce est lancée par cette entreprise qui commence

 

05/02/1966 

 

VÉCU

 

5 h du matin. « Blue Note ». Elvin Jones. Derniers instants de liberté – insouciance ?

 

06/02/1966 

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Hier soir, vu « Vitelloni »  Idée ( pour un générique ? ) Le générique du film est constitué par texte en surimpression sur un plan général de rues, la nuit, vues de haut. J’ai pensé que le texte pouvait être celui d’une affiche au départ ( ou un texte d’une dimension différente, synthèse texte-image ( 2 dimensions ) Donc, après, quand on entre dans le décor, qu’on descend dans la rue et que la caméra se retourne et regarde dans la direction où elle était avant : lettres inscrites géantes dans le ciel…  ( on devine l’écran, la salle, la dimension du spectateur, Bouleversement des notions de dimensions… Les lettres fournissent le point de repère inamovible autour duquel s’organise la dialectique des dimensions… Voir les rapports avec la « médiatisation » ( on touche la dialectique )

 

ÉCRITURE

 

« Il écrasa sa cigarette sous son pied, comme une petite bête chaude… »

 

Commentaire du 05 décembre 2011 

 

Piqué sans le savoir à Mauriac (« Thérèse Desqueyroux »)

 

   Commentaire écrit à 65 ans

 

07/02/1966 

 

IDÉE – SPECTACLE

 

Dans une salle de théâtre : beaucoup de gens. Apparaît un géant. Mais ce géant est un nain parmi les géants. Il rencontre un nain parmi les hommes…  ( remise en question sémantique ( rapports avec la Littérature Nain = ? Contenu variable… Parallèle ) Si j’écris un texte, ne pas prononcer le terme de « spectacle total »

 

IDÉE – SPECTACLE – TECHNIQUE

 

Projection à l’intérieur d’un cylindre de toile sur la paroi

 

 

On peut exploiter cela. Par exemple se servir de la toile comme d’un décor. Accrocher des objets sur la face extérieure. Ils apparaîtraient sur le devant en synchronisme avec l’image. Par exemple : une suite d’images séparées par des fondus au noir ( où tout disparaîtrait ) sur lesquelles passeraient des bas-reliefs sur la toile ( éclairés par des projecteurs qui suivraient le rythme des fondus )  défilé de statues dans leur décor propre… ( chercher dans cette direction ) Par exemple : statue d’homme passant en vol plané sur un fond de ciel bleu…

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

 Des coupes dont jaillissent des bustes.

 

 

RÉFLEXION

 

Trouver une inspiration fantastique…

 

09/02/1966 

 

VÉCU – DELPHINE 

 

Pour présentation de « Delphine » : film marin complément du film sur la ville. Il faut le voir comme ça. Parler de la direction d’acteurs. Technique. Conditions de tournage. Rêve

 

Non

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

 

Explosion 2 moins forte que 1 et postérieure. Plan général où le bruit décroît en [s’éloignant]  succession de plans rapprochés : chaque explosion, de près, seule, aussi forte

 

Commentaire du 13 août 1997 

 

Texte entre crochets barré et remplacé par « se rapprochant » avec commentaire : « Plus drôle »

 

   Commentaire écrit à 51 ans

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Offrande aux pieds d’une statue de sainte ( Exemple : boucles d’oreilles ) Alors la statue saisit l’offrande et s’en pare, toute contente.

 

10/02/1966 

 

VÉCU

 

Couché. 11 h 15. Fatigue (vu Benech au Mouvement de la paix aujourd’hui)

 

11/02/1966 

 

CINÉMA

 

9 h 30. Métro. J’ai remarqué que dans un tableau de peinture, le personnage vous suit des yeux. Le cinéma-spectacle devrait avoir cela (Belmondo parlant au public dans les roseaux)

 

NOTES DE VISIONNAGE

 

21 h 10. Projection du film de Madeleine Riffaud. Actuellement, un gars parle. Je ne sais pas qui c’est.

Vietnam à 10.000 km des USA. Climat tropical, chaud et humide (trois mois d’hiver à Hanoi. Aucun au sud) Température habituelle : 35 à 45 °. Nature hostile mais grouillante de vie à la préhistoire (tigre  sangsues d’arbres et d’eau) Arrive le peuple vietnamien

Sud = région riche avec une civilisation connaissant la culture irriguée du riz (sur champ horizontal)  ils ont fait la culture sur paliers

Femmes et hommes y travaillent

Ils ont repoussé la jungle et transformé les terres en rizières

Au XVIIe : arrivée dans le delta du Mékong (riche)

Sécheresse   abandon des villages

Tradition de labeur – de lutte

Génies tutélaires : héros de la nation (lettrés – philosophes – rois – militaires)

80 ans de colonisation (sud   nord   centre)

Empereurs fantoches mais résistance populaire (lettrés)

2e génération : bourgeoisie nationale (par intérêt aussi + utopie = exemple : ils voulaient école en langue vietnamienne de (actuellement : au sud : pas encore   interdit. Cette bourgeoisie répand l’écriture latine.

Soulèvement : répression impitoyable par les Français

1930 : parti communiste indochinois fondée par Ho Chi Minh (qui a appartenu au parti socialiste SFIO en 1911 – 1920 et au PCF après le congrès de Tours de 1920) parce que le PC préconisait l’indépendance des pays colonisés et l’alliance des classes ouvrières

1931 : soulèvement dans le centre (provinces côtières)

Vieille civilisation vietnamienne. Soulèvement paysans qui prennent le pouvoir  emploi de l’aviation (1re fois dans les guerres coloniales) (soulèvement des soviets du Néam (?)    réunions clandestines paysannes (en mai 1932 : célébration de la Commune de Paris)

Le colonialisme a fait mûrir la formation de la nation vietnamienne (   brassage)

Pire famine : 1945 (3 millions de mort)    éclatement du cadre du village. Déplacements de populations suivant les besoins des colonialistes

Tous les chefs du soulèvement vietnamien ne sont pas morts au bagne    1936 : succès du Front populaire. Ouverture des bagnes

2e guerre mondiale : occupation par les Japonais (avec la complicité du gouvernement français). Le peuple n’a pas considéré les Japonais comme des libérateurs

Maquis    insurrection d’août 1945    République démocratique du Vietnam prête à l’amitié avec la France

Les colonialistes tentent de rétablir leur emprise    8 ans de lutte terminés par Dien Bien Phu (1954)

On devait cela au fait que l’armée bénéficiait du soutien de toute population

(Henri Martin libéré en 1953)

20 juillet 1954 : accord de Genève (France – République démocratique du Vietnam – Laos – Cambodge – URSS – Grande-Bretagne – Sud Vietnam – République populaire de Chine) Les USA refusent leur signature mais promettent de respecter les accords

Ngo Din Diem : octobre 55    terreur contre les appliquants des accords de Genève (division de la population en légaux – semi-légaux et illégaux) Troupes spéciales commandées par le frère de Ngo Din Diem conseillées et payées par les USA (250.000 dollars par mois)

Le 6 juin 1959 : proclamation d’une loi instituant des cours martiales avec une seule sanction : la mort.

L’insurrection a commencé au sud du Sud Vietnam.

République démocratique Nord vietnamienne : première victoire = contre la faim (provision de riz) 2e : contre la maladie 3e : contre l’analphabétisme (98% de la population sait lire) Editions en langue vietnamienne

changement dans l’attitude officielle française vis-à-vis de cette guerre (application des accords de Genève) Il faut : condamnation des US – reconnaissance du F. N. L. – relations diplomatiques avec le Nord Vietnam

Chef du front : Guyen Houto

 

12/02/1966 

 

CINÉMA

 

IDHEC : salle de cinéma. Noms à retenir : Grierson et Rotha.

1929 : « Drifters ». Pêche au hareng. Hareng : pas une chose qui tombe du ciel (intersection du courant de 1917 de Lénine et de celui de Zavattini)

Idée neuve de l’écriture : marxiste # formalisme bourgeois

Le cinéma montre « l’inconsciente beauté de l’effort vis-à-vis du travail » (Flaherty)

Ils fondent une société et s’entourent de collaborateurs (Lean – Cornelius)

Ne pas plaquer la beauté : « Elle viendra au moment opportun pour habiter un récit honnête et lucide… »    cinéma moderne

En projection : en voyant « Coal faces », je pense à Hiroshima et à Berthold Brecht

+ « Night mail »

 

13/02/1966 

 

CHOSES ENTENDUES

 

Grippé. 15 h 30. Radio (P. O.)    le Rythme. Dans des milieux sans rythme : perte des références, perte de l’unité du moi.

Toute parole naissante : cadencée (cadence avant les mots du poème) Toute expression verbale : pulsion avant d’être expression. Geste plus ou moins réprimé qui fait irruption verbale

Vie = phénomène rythmique ? Périodique.

Rythme de quoi ? Rythme avant qu’il y ait rythme de quelque chose… Structure avant d’être structure de quelque chose. Pour qu’il y ait rythme il faut qu’il y ait 1/variation 2/retour périodique : que cette variation se reproduise

Si la période déborde le champ de la conscience = plus de rythme

Tendance spontanée à organiser notre perception en périodicité subjective (même si pas de périodicité objective)

Leibnitz : « Pouvoir penser inconsciemment en nombres est le bonheur le plus divin… »

Mitos    Logos

Rythme purement affirmatif # Logos    négation

Langage austère, ascétique # magie du rythme (Platon # poètes)

Poésie : modification de nos rythmes vitaux par perturbation ou création d’une nouvelle harmonie

La poésie devrait être un traitement neuropsychiatrique (plus de lecteurs de poèmes mais mélomanes)

Pour que la poésie agisse, il faut la réciter, la faire chanter (cf. spectacle total)

 

VÉCU – DELPHINE 

 

Présenté « Delphine » à Voltaire. Succès total. Il me reste à présenter mon scénario sur l’imprudence à Agel pour reprendre une position normale vis-à-vis de lui.

Je n’ai pas pu aller voir la chorégraphie de Béjart à l’Opéra (plus de place)

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Valeur « fécondante » de l’Utopie… Lieux utopiques : Bibliothèque,Hôpitaux,Clubs de loisirs,contestant le réel. Utopie = contestation du réel.

 

Commentaire du 5 décembre 2011 

 

Plus tard, cette note devait conduire au projet de télévision « Les lieux utopiques » (non réalisé)

 

   Commentaire écrit à 65 ans

 

14/02/1966 

 

VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE

 

Métro. Vais chercher billet de train. Pars ce soir.

 

RÉFLEXION

 

Réfléchir sur enfants = petits hommes ?

Image grandeur nature enfants    enfants qui passent…

Réfléchir sur le coup du soulier (bouquin de René) 

 

 

VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE

 

20 h 20. Bus. Petit incident amusant mais qui aurait pu me faire rater le train : le bus a coulé une bielle    transbordement dans un autre bus où j’écris actuellement. Je décolle à 22 heures

« Lullabye of Birdland »

 

15/02/1966 

 

ÉCRITURE

 

Lorient. « Théâtre ». 15 h. « Chaque jour qui passe nous persuadera un peu plus de la pourriture indestructible des États-Unis… »

 

VÉCU

 

 

 Comme au cinéma : raccord mouvement – continuité

paroles des personnages    évolution de la « chose »

après le drame on peut repasser en accéléré (cinéma) l’évolution de la chose = évolution du drame

les mots bouffent l’homme mais Vian les utilise : il soigne le mal par le mal ?

« Non, je tirerai rien des objets… »

 

IDÉE – SPECTACLE

 

Projecteur ( passant par trou dans écran ? ) éclairant la salle… 

 

 

RÉFLEXION – ZYF – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE

 

N’est-ce pas en « jouant » les marxistes qu’on le devient le plus sûrement… ? (Art = jeu + réalité… participation    Engagement    (Lorient-Plage Les mouettes) – Jocelyne nous lisait à Yves et à moi des passages de Marx)

 

21/02/1966 

 

VÉCU

 

Métro. 9 h 50,Voltaire midi 10

 

ÉCRITURE

 

« Le smigard hagard »

 

PROJET BALLET VIETNAM – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE

 

J’ai écrit à Jo pour lui donner des idées nouvelles (et synthétiques) pour le ballet. Côté bestial. Côté simiesque. J’attends sa réponse. Je verrai Jean-Jacques après.

 

VÉCU

 

« Le brave soldat Chvéïk » – Présentation de Bloch : « Le bon Chvéïk comparaissait devant un major. Le major était figuré par un dessin animé du cruel caricaturiste Georges Grosz. Un écran occupait soudain tout le fond de l’énorme scène, et une figure synthétique, de dimensions formidables, se composait, trait pour trait, devant le spectateur amusé. Au pied de cette image, Chvéïk bénévole, minuscule, se présentait au garde à vous, en chemise et en caleçon, et saluait militairement… »    (mise en scène en 1928 à Berlin de Piscator)

 

22/02/1966 

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

La caméra se promène dans les rues et rencontre toutes les autres caméras qui filment les rues, les maisons, les places, tous les films tournés dans cette ville…

 

Commentaire du 5 décembre 2011 

 

Idée magnifique. Il faudrait reconstituer le tournage des films réalisés dans cette ville

 

– Commentaire écrite à 65 ans

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

( Pour un scénario sur l’art de persuader ) reprendre l’idée du gars qui vole une caméra et découvre le monde grâce à elle… (?)

 

23/02/1966 

 

ÉCRITURE

 

Le Schmurz : « L’homme en lambeaux… »

 

RÉFLEXION

 

Aujourd’hui : frontières plus flottantes entre théâtre et cinéma.

Diderot       cinéma (temps et espace

Tamiz : sommeil de l’hôte et de l’hôtesse debout tenant un drap. 

 

 

Projet Varda Bourseiller : ciné-théâtre ! ! « La vieille maîtresse » (Barbey d’Aurevilly) (*)

Bretagne    écran

Paris    théâtre

En France : sectarisme (théâtre).

Bluwal : télé : le répertoire classique a « collé ». Illustrer par l’image un texte : faire des décors irréalistes à un texte vraisemblable (Don Juan)

Auteur complet ?

Mutation du cinéma (cousin du théâtre)

Dénominateur commun théâtre-ciné-télé : spectacle (Bluwal)

Champ – contre champ : politesse que le théâtre rend au spectateur : voir l’acteur de face

« La vie n’est pas dans les apparences seulement » (Tamiz)

Problème de l’architecture théâtrale

Noblesse de la chose vue

Cartons : valeur émotionnelle

Recherche moderne : incorporer aux hommes des valeurs émotionnelles différentes    effet d’ensemble – collages – titres – lectures (cf. technique brechtienne)

 

 (*) : « Impossible parce que théâtre et cinéma provoque des réactions (psychologiques) trop différentes pour les réunir dans un même spectacle, dans un même lieu » (il faut réformer le cinéma    et réformer le théâtre)

 

24/02/1966 

 

CITATION

 

« Énantiodromie » (lutte des contraires) (Héraclite)

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME

 

Filles : même schéma oedipien que le garçon (aime sa mère et pas son père)

Elle doit faire un stade de plus (aimer le père et rivaliser avec sa mère).

un stade de plus    cela fausse ses rapports avec les garçons (mariages ratant à cause attachement à la mère)

 

CITATION

 

« Flectere si nequeo superos,

Acheronta movebo » 

(Si je ne peux pas fléchir les dieux, 

je mettrai en branle l’Achéron… » 

 Déclin de l’Occident » Spengler)

 

LECTURE

 

 « Ulysse » peut se lire à rebours (ni avant ni après, ni haut ni bas) Jung

 

VÉCU – DELPHINE

 

Passé Delphine chez T. (ciné club Rencontres au palais de Chaillot)

Le public a sans doute aimé. Mais : amorphe – sans réaction (même pas agressif)

Ah, j’en viens à regretter les corniauds de Bordeaux qui m’engueulaient joyeusement…

 

RÉFLEXION

 

Le créateur qui ne pas besoin de s’exprimer en dehors de sa création : satisfaction réelle ou refuge ?

 

VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE

 

Pour l’instant elle se découvre elle-même à travers moi par la création commune. Mais quand elle se sera trouvée, n’aura-t-elle pas envie de créer seule de son côté ?

 

25/02/1966 

 

VÉCU

 

Reçu ce matin une bobine de diapositives

Métro – 10 h 30

Je regardais le soleil quand le métro est entré dans le tunnel et le soleil a percuté. J’ai eu l’impression que tout explosait. Merveilleux

 

RÉFLEXION

 

Émission de Gavarry – En voyant une émission sur « Nicomède » (Maison de la culture de Caen) : le metteur en scène présente les décors. On les voit en plan général puis on voit les mains du metteur en scène qui détaille le dispositif (décors = maquette). Ce mélange des dimensions ne passionne pas (ne se remarque pas) parce que : didactisme.

Nécessité poétique (*)

Comment définir « poétique » ? Est-ce : croire à ce que l’on voit en sachant que c’est une interprétation, une mise en scène ?

Peut-être (à certains moments) : photos fixes

(*) : Problème : il y a une dimension prépondérante, qui sert de repère – Il s’agit de les équilibrer (synthèse dialectique ? ? ? ? ? ? ? ? ?

 

CITATION

 

« Je veux qu’un noir chagrin à pas lents me consume (…) Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir » (Eurydice dans « Suréna » de Corneille)

 

IDÉE – SPECTACLE – TECHNIQUE

 

 Écran divisé en plusieurs panneaux

 

 

Espace entre les panneaux projection en 1 seule image    décomposition de l’image. Création de l’espace. A exploiter

 

26/02/1966 

 

VÉCU

 

J’ai rêvé de la mer

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

 pour les 2 dimensions :

 

 

Ouvrir les fenêtres, découvrir près des bouteilles des cendriers, etc.

 

VÉCU

 

20 h 15. Je suis à la « Boule d’or » où je venais quelquefois le soir, l’été dernier. Je m’en souviens.

 

ÉCRITURE

 

« L’échancrure de ton corsage… Un chancre sur ton visage »

 

VÉCU

 

Je détourne la bouteille pour ne pas voir l’étiquette

 

VÉCU

 

Récital Jacques Douai : « Simone, il y a un grand mystère dans la forêt de tes cheveux… » (Rémy de Gourmont)

 

VÉCU

 

Thérèse Pallot (femme de Jacques Douai) : chorégraphie

 

27/02/1966 

 

CHOSES ENTENDUES

 

Radio : Nathalie Sarraute : l’auditeur de radio (ou le lecteur) ne doit pas chercher à visualiser les personnages    bien

 

RÉFLEXION

 

Fonction magique de l’auteur d’une œuvre. Le public est perdu, ne connaît pas la signification de l’œuvre. L’auteur de la connaît pas non plus mais c’est, au monde, l’être qui s’en approche le plus    il est investi d’un pouvoir magique auprès du public qui croit rencontrer un mage en le rencontrant…

 

RÉFLEXION

 

Corneille, en inventant le ressort nouveau de l’admiration, s’écartait des règles classiques. De nos jours on préfère Attale à Nicomède, on apprécie les héros dont on a pitié.

Ce point de vue marque donc un retour aux règles classiques de la tragédie (Aristote). On aime en Corneille ce qu’il a de moins original…

Cependant que peut se demander s’il croit vraiment que « l’amour qu’elle [l’admiration pour sa vertu] nous donne pour cette vertu que nous admirons, nous imprime de la haine pour le vice contraire… »

N’est-ce pas là une « thèse officielle » qui sert à masquer des intentions secrètes ?

La « pitié » qu’on a pour Attale est bien particulière à cause de la situation (exemple : Nicomède acte 1 – scène 3) situation de comédie (quiproquo. Attale ne sais pas qui est Nicomède… il le brave et quand il le reconnaît, il se dégonfle)

 

28/02/1966 

 

ÉCRITURE

 

Les mineurs enfermés dans une mine après un accident. C’était samedi. Ils allaient se reposer le dimanche. L’un deux, devenu fou, répète : « C’est samedi, c’est samedi… »

 

LIRE

 

À lire : « Le marxisme et l’Asie » (collection U)

 

LIRE :

 

« L’âge du roman américain » (Charles Edmonde Magny – Éditions du Seuil)

 

VÉCU

 

Le 21 mars : exposé sur les « Instantanés »

 

RÉFLEXION

 

Les couleurs sont des personnages. Elles sont indépendantes. Elles nous échappent… (pour moi)

Mes carnets personnels depuis 1963