Carnet 39 – Du 21 octobre 1986 au 12 janvier 1987
21/10/1986
MES PARENTS – AGNÈS
(23h35)
Je commence ce carnet par une note de tristesse et d’angoisse : tout à l’heure, en rangeant mes cassettes, j’ai passé cassette conversation avec parent (pourquoi a-t-elle été effacée ? Il n’en reste qu’un petit bout…)
J’ai entendu la voix de Papa et celle d’Agnès, petite (trois ans ?). Une émotion, une angoisse terribles m’ont étreint… Presque autant d’entendre la voix de mon petit bout de chou que celle de mon père chéri… Mathilde elle aussi a été bouleversée…
Dura lex, sed lex… !
Que faire d’autre que vivre ?
(0h30
Joie ! Pleurs de joie ! Je viens de vérifier : l’autre face de la cassette est pleine !
J’en ai réécouté un petit bout. Je réécouterai tout plus tard, tranquillement (je suis fatigué). Ça m’a fait beaucoup moins mal que tout à l’heure. Au contraire, je suis heureux d’avoir cette trace de ceux que j’aime tant ! Je vais m’endormir plus paisible…
23/10/1986
VÉCU – TÉLÉVISION
(16h05)
Je sors du direct d’» Aujourd’hui la vie »…
Je suis lessivé…
ÉCRITURE
Je vais rue Labat…
Je reste rue Ici !
(NON)
VÉCU – TÉLÉVISION
Ils m’ont tous dits que c’était bien : je ne m’en rends pas compte !
J’ai l’impression de n’y être pour rien, à part peut-être deux ou trois cadres intéressants que j’ai repérés avant avec le cadreur de la 4 (Jean).
Moyen en multicam, moyen en monocam : voilà mon lot ! Est-ce qu’il faut se consacrer à une seule chose pour y être excellent ? La question est surtout : est-ce qu’il suffit de s’y consacrer ?
(« Au pays des aveugles les borgnes sont rois ! » ) (D’ailleurs R. m’a proposé de la refaire le 4 novembre (elle attendait aujourd’hui : examen !)
Chose intéressante : je me suis un peu lié avec Pradel qui a eu l’air d’envisager de m’employer en janvier (il reprend la direction de la tranche Aujourd’hui la vie).
Ce qui est marrant, à propos d’» Aujourd’hui la vie » , c’est que j’aurais fait l’ouverture (en 70) et la fermeture (en 86) : entre-temps = 16 ans = mort de Nini – naissance d’Agnès – premier départ en 74 – .les trois court-métrages – le passage à la réalisation TV en 76 – le départ en 78 – Colette – mort de Papa (*) – Mathilde…
Et nous voilà ce soir… !
(*: Je l’oubliais ! oubli significatif, s’il en est (voir page 1 de ce carnet)
27/10/1986
VÉCU – TÉLÉVISION
En vrac, ces derniers jours :
Geneviève Moll m’a appelé ce week-end pour me remercier car elle a reçu une lettre lui disant qu’elle était très bien dans le direct…
Vendredi : tournage à « Lui » . Marie Muller a parlé avec le rédacteur en chef : Breugnot et Bouthier se sont faits entuber ! = Aïssa D. leur a monté un bateau sur cette histoire de casting… ! En réalité, ça ne se passe pas comme ça ! Nous, on s’en fout : on fait notre truc… !
VÉCU – AMIS – ZYF – PATRICK C. – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Dimanche : le soir rendez-vous avec Zyf (chez Patrick C.).
Mathilde me fait une scène. J’y vais quand même. Zyf, Patrick, un autre type et moi, on prend un pot tardif au tabac de Pigalle. Qui entre ? Mathilde et Jean-Claude T. !
Elle ne nous aperçoit qu’en sortant (j’ai décidé de rester là et de ne pas réagir) → surprise ?
Elle rentre. Je rentre un peu plus tard : elle me fait la gueule. Ça ne s’arrange que le matin (elle revient vers moi).
Tout à l’heure, je l’appelle pour rendez-vous ce soir (prévu car les enfants sont chez leur grand-mère). Je lui dis qu’elle est bête, elle dit que non, on en est là… !
Patrick C. a lu le synopsis de « La mort dans l’œil » . Il dit que ça lui plaît. Zyf, lui, n’aime pas… ! Je suis cool par rapport à ça.
VÉCU – TÉLÉVISION
Ce matin, lundi : Bouthier m’appelle : il voulait avoir des nouvelles du tournage. Je reste prudent, dis que j’attends les rushes.
(Dimanche, Philippe G. m’a appelé : il ne travaille plus pour « Moi je » , Bouthier lui a donné à choisir entre « Moi je » et le magazine…
Il a choisi, mais lorgne donc à nouveau vers « Aujourd’hui la vie » …
Je redeviens donc – relativement – important pour lui… !
Ce matin : repérage au « Club Nicolo » (musculation) où on tourne, vendredi, Virginie, modèle de Newlook qui bosse là comme attaché de presse…
Femme de tête, efficace, habile et jolie… Le genre de femme qui n’est pas pour moi, autant le savoir… À moins que, par intérêt… ? Mais il faut le savoir aussi, ça !
VÉCU – CHOSES VUES
(16h25 : Le Père tranquille)
Beaucoup de monde. Rumeur. Un chat noir et blanc dort sur la tablette en marbre au-dessus du radiateur…
28/10/1986
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION – AMIS – JEAN M.
(11 h)
J’ai appelé hier Jean M., à son boulot, demandé qu’il me rappelle → rien… Ce matin : appelé aussi. Le fera-t-il ? M’en veut-t-il d’avoir traité sa femme « d’emmerdeuse » (je cherche à le joindre pour annuler un rendez-vous, il était dans le jardin, elle ne me l’a pas dit…)
Il m’a traité de parano, m’a dit que j’exagérais toujours dans mes réactions affectives et que j’étais l’exemple vivant de quelqu’un qui fait des crises et avec qui on reste…
Je me dis que peut-être il ne m’appelle pas parce que ça l’agace, ce côté chez moi « faiseur d’histoires » .
À l’idée de perdre l’amitié de gens, une grande tristesse m’envahit et ce sentiment de culpabilité bien connu avec Colette.
Il y a en moi comme un étonnement et un sentiment d’injustice à penser que les autres ne savent pas qu’il y a ça en moi, cette souffrance si forte, qui devrait éveiller, alerter, faire tourner la tête aux autres… Mais non ! Cette impression : « J’en crève et ils ne réagissent pas… ! » me fait penser à ce que disait G. à propos de cette expérience de mort que j’aurais eue dans ma petite enfance et l’impression de ne pas être secouru…
Quant à la culpabilité qui fait partie de ce complexe de sentiments, ne naît-elle pas de quelque chose de ce genre : « Si je suis en train de mourir, ça doit être ma faute, ça doit être que j’ai fait quelque chose de mal… ! Je suis puni ! »
MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
De temps en temps, des interventions de G. me reviennent. Rétrospectivement. Je les comprends mieux comme si elles avaient mûri en moi. Je me fais souvent l’effet d’un gosse qui ne comprend pas, à l’école.
Et qui, mieux encore, est tellement sûr de détenir la vérité qu’il pense que le Maître à tort, se trompe et qu’il ne l’écoute pas. Ce n’est qu’après que les paroles du Maître reviennent et qu’il les écoutent vraiment.
Ainsi, à propos de cette expérience de mort : G. = il ne s’agit pas de se souvenir, mais de repérer les effets d’un événement infantile dans mon inconscient aujourd’hui.
Parfois, il me semble que le quotidien masque l’essentiel, l’inconscient.
Celui-ci est apparu à la faveur d’une crise violente, comme avec Colette, mais après, dans mon analyse, j’ai l’impression d’un « nivellement » (d’un refoulement ?) Le repérage dont parle G. devient d’autant plus difficile à pratiquer.
ÉCRITURE
Un nom de boutique :
« Couleur look Halles… » (2014 : from Internet : pas fait)
02/11/1986
LITTÉRATURE – LECTURE
Penser à la lecture rapide.
VÉCU – CINÉMA – AMIS – MICHEL L.
Rencontré à la sortie de « Double messieurs » de Jean-François Stévenin, Michel L., pas revu depuis… (?)
Pris un pot. Il a raconté ses mésaventures de film presque commencé et interrompu, qu’il doit reprendre, etc.…
Parlé de mon article sur les dimensions dans « Cinéma » . Il a réagi par un rejet profond de la théorie.
Lui ai envoyé « L’image de Pierre » et « Melissa » avec une petite lettre où je disais ma tristesse car je pensais qu’il était la personne du monde peut-être la plus concernée par l’article et que je le retrouvais, en fait, ironique et arrogant.
L’ai eu au téléphone aujourd’hui : parlé longuement de « L’image de Pierre » . Il m’a fait de bonnes critiques et j’en ai retiré l’envie de le reprendre, d’une façon assez radicale.
Quant à « Mélissa » , il ne l’a pas aimé (personnages de bande dessinée ou alors pas assez de trucages).
Puis conversation sur ma lettre. Pas trop envie de la retranscrire (complexe), mais j’en suis sorti, une fois de plus, assez meurtri. Je serais tenté de dire que si l’on a quitté quelqu’un 20 ans avant, il y avait des raisons et qu’en général, elles restent valables. Mais le problème, c’est que je me demande si j’ai raison d’être moi… (en gros). C’est assez pénible… ! Il y a en lui un réalisme et un refus de la sentimentalité qui existait chez R., qui me fascinent et m’exaspèrent à la fois. Air connu… !
Refus de la sentimentalité n’égale pas refus des sentiments… !
ÉCRITURE
Aujourd’hui, déjeuné avec Jean-Pierre B. à la maison. On parle de Woody Allen. Jean-Pierre dit qu’il n’arrêtera jamais son analyse. Je dis qu’il mourra dans le cabinet de son analyste et celle-ci lui dira : « Ce sera tout pour aujourd’hui ! » (inclus dans Manuscrit « Les deux femmes du mort » )
03/11/1986
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Une question (dans un article Libé sur procréation artificielle) : « Est-ce positif de s’enfermer dans un désir ? » . Je l’applique à ma relation avec Colette. Si je me l’étais posée avant, cette question, telle quelle…
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
(From « Cinéma cinémas » , revu hier soir : Doillon se revoyant parler à acteur après une prise)
A a été filmé.
Il se revoit (c’est A 1 regardant A). Mais A 1 regardant A a été filmé A 2 regarde A 1 et ainsi de suite. (Cf. « La mort dans l’œil » – obsession de l’infini… !)
Trouver la matière humaine à organiser selon cette structure, que ça ait un intérêt… (lequel ?)
05/11/1986
VÉCU – TÉLÉVISION – FEMMES – ÉLISABETH J.
Hier : enregistrement d’» Aujourd’hui la vie » littéraire (la deuxième que je fais). Ça s’est plutôt bien passé à part un moment de panique parce que je n’avais pas fait dégager une caméra assez vite (la scripte ne m’avait pas aidé non plus !) pour faire un plan prévu depuis une seconde place…
Aujourd’hui : proposition sur le tournage d’une séquence (pour « Showbises » ) qui se fait d’habitude en direct, en HF, sans réalisateur !
Découvert deux jeunes gens promis à un avenir dans la télé : Yves Alex et Pauline S. (sœur de Bruno, le truand (?)
Cet après-midi, pendant le tournage : un mot d’enfant (à propos du patineur fou, qui se fait appeler Jésus : « C’est notre père de patins… » ! !
À midi : rencontré par hasard Élisabeth J. ! Déjeuné ensemble. Elle n’a guère avancé, me semble-t-il, bien qu’elle dise que si… ! Elle envisage d’arrêter son analyse (au bout de trois ans…), elle me paraît pourtant loin d’être terminée !
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Je reviens sur note du 02/11 : si je ne suis pas sûr d’avoir raison d’être moi, je peux me dire que les autres n’ont plus… ! (Cf. Colette) = on exporte (projette ?) ses propres erreurs… !
ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Nouvelle idée pour la Mort dans l’œil : remplacer les yeux fermés, à la fin, par une main devant les yeux (ou un œil ? L’œil « maléficié » , bien sûr) mais alors : main d’homme (pour accentuer le côté « intervention extérieure » sur le tableau) ou alors main de vieille (il faudra choisir la « sorcière » en fonction de ses mains).
D’autre part : supprimer dans le portrait, à la fin, la petite découpe du prélèvement (? ? ? ? ?) Peut-être pas ?
À voir…
(21 h)
Je penche actuellement pour :
– Main de vieille femme cachant un œil, en laissant la découpe (très petite)…
06/11/1986
ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
À propos de ça (note du 05/11/1986) : les yeux fermés (plutôt que la main sur l’œil) ont l’avantage de faire croire à la mort de Nadine, que tout le monde croira – malignement – prévoir, d’où la surprise de la retrouver mieux portante…
Pour cette raison, les préférer…
VÉCU – FEMMES
Cet après-midi : eu Tania (brésilienne rencontrée à la fête privatisation TF1) au téléphone.
Moi : « Alors quand est-ce qu’on se voit ? »
Elle : « Ça dépend pourquoi… » (→ silence de ma part. Je ne pouvais pas parler : il y avait la monteuse dans le coin…)
J’ai dit (après le silence)
– « Pour prendre un verre… »
Elle m’a dit alors qu’elle était très occupée (! ! !)
– « Ça ne fais rien, ai-je dit. Et elle (bien sûr) :
– « Mais oui : ça ne fait rien… »
– Moi : « Bonne continuation… »
– Elle : « Vous aussi »
Va fanculo, va !
08/11/1986
VÉCU – TÉLÉVISION
Les déceptions continuent :
1/ Hier soir, on avait aux deux tiers fini le montage du sujet « Sexy folies » . Bouthier est passé et a presque complètement démoli ce qu’on avait fait ! Il faut reconstruire, avec la certitude que ce qu’il voudrait n’est pas dans les rushes !
2/ Je voulais une voix asiatique pour le sujet. Été voir, à boutique Scapa, l’amie d’Édith C., pour son employée asiatique (celle qui avait dit : « Qu’il est bien, ce monsieur, comme il me plaît !)
Mais celle-ci n’était plus là. J’ai appelé un numéro qu’on m’a donné : tombé sur des asiatiques qui parlent très mal le français… Ça m’a exaspéré : pas moyen de la joindre !
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
À chaque frustration comme ça, je me dis que ce n’est rien, que c’est une préparation au grand renoncement final… Et, en même temps : je suis rentré hier soir et je m’en suis pris à Mathilde, une fois de plus (parce que jaloux d’un de ses succès : que son client coréen soit amoureux d’elle, etc. (il s’est jeté à genoux devant elle !).
C’est peut-être ça, une relation véritablement profonde : de supporter comme transitoire, passager, le mordillement de défoulement de votre compagnon de cage… !
Laborit n’a pas inclus ça dans sa théorie : c’est que nous sommes des rats « prisonniers, mais qui savent qu’ils sont des « rats » (et prisonniers…)
ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Nouvelle idée pour la Mort dans l’œil = garder la main de vieille mais qui ferme non un œil, mais les deux ( fait croire à la mort de Nadine, comme les yeux fermés – genre = main qui ferme les yeux d’un mort).
À la fin : rapprocher le tableau yeux fermés de l’écran du microscope…
LES AUTRES – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Le monde est glacé…
VÉCU – FEMMES
(16h45)
Jeannette a rappelé ce matin (voir note plus haut : c’est tout de même mieux que rien… !) mais elle est fiancée… !
10/11/1986
VÉCU -FEMMES
Jeannette m’a dit ce matin (je l’ai rappelée) qu’elle ne pouvait pas le faire…
Bof !
Ça devient caricatural, cette affaire, dans le genre : un coup oui, un coup non… !
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Je repense aux « deux inconnus » de Michel L. (il parlait de nous à 15 ans…)
Ça me donne une idée de scénario : quelqu’un va dans le passé se revoir lui-même, jeune (une astuce quelconque fait que lui jeune ne peut le reconnaître). Ce jeune type est un crétin sûr de lui, têtu, irraisonnable…
Les rapports du moi-vieux et du moi-jeune… Le moi-jeune ingouvernable, fait la rage du moi-vieux…
ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Je réfléchis sur « La mort dans l’œil :
Question :
1/ Les premières scènes (nuit – matin) sont-elles nécessaires ? (On pourrait commencer à Nadine sous respirateur ?)
(Conséquence : à la fin, on n’identifierait pas la main de vieille).
Mais il est vrai : qu’apportent les premières scènes ?
Sinon : continuité :
– Chambre hosto. Nadine dans le coma
– Couloir hosto : incompréhension toubibs
– Living : le prêtre repère le maléfice dans le portrait.
11/11/1986
CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
(02h)
Je reviens là-dessus (note du 10/11/1986) : il faut, je crois, garder la scène du début : le maléfice.
(Début de la maladie), on peut passer directement à Nadine dans le coma.
Aujourd’hui, ce matin, suis allé à Pasteur : deuxième rencontre avec Maurice L.. Vu au microscope (sur écran vidéo) les fibres de papier grossies plusieurs milliers de fois : c’est impressionnant. Trouvé l’image de l’œil tapi dans une cavité, entre les fibres, vraiment pas mal !
J’hésite encore sur quelques points :
1/ début (voir plus haut)
2/ mari là ou pas là pendant recherche ? Si oui, je ne veux pas qu’il soit là au moment découverte yeux fermés (afin que, étant à l’hôpital, il puisse foncer dans la chambre de Nadine et la découvrir guérie…)
Donc : le faire partir (par coup de fil hôpital : « Venez, il se passe quelque chose ! »
→ Il y va : chambre Nadine. Toubib : détérioration → Pasteur : recherche écran blanc. Coup de fil. Mari dans local infirmière. Découverte portrait yeux fermée. Mari se précipite → Nadine mieux → face sur portrait yeux fermé
Ou alors : (après détérioration Nadine) : Il ressort chambre Nadine, appelle microscopiste et écran devient blanc pendant le coup de fil… !
12/11/1986
VÉCU – TÉLÉVISION – ARMAND JAMMOT
(18h45)
J’ai appelé Jammot, cet après-midi.
Il va sortir de l’hôpital demain (après un séjour d’un mois), faire des rayons pendant un mois puis… aller prendre l’air à la campagne…
Je lui ai dit que je l’aimais beaucoup. Il m’a dit que ça lui faisait plaisir.
Je pense que les deux sont vrais… !
Je n’en suis pas sûr – je parlais à ce moment-là, masquant mon trouble sous des paroles – mais je crois qu’il m’a dit qu’il m’aimait bien lui aussi…
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Bureau Lambert à Télé Union : on prépare maquette pédiatrie.
Me vient une idée : une parodie de jeu où l’animateur est une machine et où il arrive des trucs dingues…
13/11/1986
VÉCU – TÉLÉVISION – ARMAND JAMMOT
(10h15 – bistrot Ivry, avant tournage maquette pédiatrie)
Je repense à la conversation téléphonique avec Jammot. Je lui ai dit : « Je vous aime beaucoup… Bien qu’on n’ait pas toujours été d’accord… »
Il me dit : « Ce n’est pas grave. C’est comme ça qu’on affûte les couteaux ! »
Rétrospectivement, cette phrase me fait peur. Que moi, je donne un coup de couteau, ça me rend coupable… (et pourtant, je m’en suis donné à moi-même !)
C’est comme si je le tuais… !
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Le fantôme du réalisateur qui attend près de ses boîtes de films que quelqu’un vienne les exhumer pour les projeter…
15/11/1986
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Un « autre » monde (cette idée vient de ce que je suis persuadé qu’il y a plein de talents méconnus, ou plutôt non révélés, question de hasard, de circonstances manquantes) :
Un monde où on montre des vedettes (de la politique, du sport, du showbiz, etc.) complètement inconnues pour nous aujourd’hui (acteurs) et à des postes totalement anonymes et subalternes : les vedettes d’aujourd’hui : untel en vendeur de voitures (j’écoute Thierry Le Luron disant – radioscopie rediffusée, il est mort il y a deux jours – qu’il aurait sans doute vendu des voitures), tel autre en coiffeur, en serveur, etc.
1/ Justification de notre monde (les « vedettes » de cette fiction sont lamentables : on propulse le vendeur de voitures, le coiffeur, etc. et c’est enfin bien…)
ou bien
2/ Les vedettes de la fiction sont excellentes, quelles raisons ont les « vraies » vedettes d’accepter de faire ce film ?
Si 1/ = on fausse le jeu en ridiculisant les anonymes…
Il y a un problème. Encore une idée fumeuse qui restera purement virtuelle.
LECTURE – À LIRE
« Châteaux fantastiques »
Henri-Paul Eydoux (vu à Versailles avec Agnès)
Éditions Flammarion
16/11/1986
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
On enferme un mec dans une cage.
Avec la cuillère de sa gamelle, il se met à taper sur les barreaux et à chanter (sons cristallins + voix) C’est son chant de désespoir… (cf. Godard « Made in USA » )
18/11/1986
VÉCU – CINÉMA OU TÉLÉVISION – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL » – « SIBYLLE »
Hier soir Maurice L. venu à la maison avec Jean-Marc P.. Ils ont beaucoup aimé « Sibylle » et sont enthousiastes sur le projet de « La mort dans l’œil » . (Un enthousiasme dans lequel j’avais fini d’espérer… C’est toujours quand on ne les attend pas que les choses importantes se produisent… Belle rencontre !)
J’ai fini le scénario ce matin et l’ai envoyé à Solange Videau pour la frappe.
Avec ce projet (« Mort dans l’œil » ), je ne cesse d’avoir de la chance
(1/ M. me branche sur B. : sympa. Il me branche sur L. : enthousiaste, qui me branche sur Jean-Marc P., enthousiaste aussi.
Résultat : j’ai le microscope, le local et les travaux photo gratuits !
De plus, je pense à Maurice pour jouer le microscopiste !
Je crois que je vais vers un beau film… (si on me donne l’argent pour le faire !)
CHOSES LUES
In « Cinématographe » numéro 124 – novembre 1986)
Interview de Alexeï German (réalisateur russe) :
« Un homme blessé à la jambe est emporté sur un brancard et il serre sa botte contre lui, alors qu’il va peut-être être amputé, qu’il n’en aura plus besoin… ! »
(Idem (extrait de « Mon ami Yvan Lapchine » ) : « Ce n’est pas génial, mais c’est nécessaire. »
! ?
19/11/1986
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Quelqu’un qui découvre que « la mort n’est pas un problème » il devient insensible à la mort des autres et laisse se faire des horreurs
ÉCRITURE
Si la femme dit « con » , l’homme diverge… (2014 : from Internet : pas fait)
VÉCU – TÉLÉVISION
(19h30)
Café près porte Maillot attendant projection film Delon où m’a invité Lalanne (Francis) qui était dans la littéraire d’» Aujourd’hui la vie » enregistrée mardi.)
Un petit point professionnel par rapport à l’avenir :
1/ « Aujourd’hui la vie » : F. fait les deux dernières… !
2/ « Sexy-folies » : suis passé tout à l’heure à A2. Vu le sujet : Bouthier est beaucoup intervenu dessus ! Il n’a pas seulement coupé : il a changé, rajouté des choses… Bof ! En ferai-je un autre ? Il n’en a pas été question.
3/ TF1 : une « Baguette magique » en prévision…
Mais ça ne fait que 10 jours de travail…
« Showbises » , B. seront-ils reconduits ?
4/ Maquette pédiatrie : quand le jeu sera-t-il vendu, s’il l’est ? Quand cela sera-t-il un boulot régulier ?
5/ Il faut appeler FR3 Dijon… Raccrocher ça…
Bref, l’avenir est plein de points d’interrogation !
Discuté tout à l’heure avec Jean-Loup Tirmont de son projet échecs. Lui ai proposé une nouvelle structure, plus simple (et inspirée de mon contact avec Télé Union) → jeu avec argent à gagner, situation de jeu simple avec bonne et mauvaise réponse → élimination progressive des candidats ayant mal répondu → cagnotte partagée à la fin entre les restants.
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Il y a tant de gens à qui on est indifférent… ! (et qui nous sont indifférents).
21/11/1986
MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
Séance d’aujourd’hui : une fois de plus : le problème de mon ressentiment envers lui qui me bloque, me paralyse, fait piétiner cette analyse…
Ressentiment parce qu’il m’a menacé d’arrêter la cure parce que je pétais…
Même rage qu’au temps de Colette. Même rage de ne pas être compris dans mes élans (en ce qui le concerne : élan de confiance) (« Il est assez tolérant, je peux péter devant lui… !.Il comprend que c’est une marque de confiance. »
Lui : « Vous avez encore parfois l’illusion que les faits parlent pour vous. Il n’y a que les personnes qui parlent. »
Il rattache mes réactions à mon enfance (« Vous faites tout ce qu’il faut, mais vous ne m’aimez pas… » ) Je lui dis qu’il dit toujours ça, mais que je ne peux plus avoir confiance en quelqu’un qui ne me comprend pas (et qui me menace de rejet).
Lui (en vrac) :
– « Vous n’avez pas fait une fugue après l’histoire du chien ? »
– « Vous vous sentez castré, X ?… »
– « Vous êtes pris dans une situation de transfert… »
Moi : « Un analyste ne reviendra jamais sur ce qu’il a dit, ne reconnaîtra jamais son erreur : question de Pouvoir… »
J’ai failli partir, peut-être comme jamais jusqu’ici. Je me suis demandé pourquoi je continuais…
Lui ai dit aussi : « Vous n’aviez qu’à me laisser péter… J’aurais fini par en parler… »
Ce que je lui reproche, c’est d’avoir laissé un tas de choses inanalysées, lorsqu’elles ne le gênaient pas et d’être intervenu sur celle-là (les pets) parce que ça le gênait, en prétextant de la règle analytique (la parole).
22/11/1986
ÉCRITURE
Quelqu’un s’adresse à quelqu’un dans une foule :
« Comment ça va ? Toi, là-bas, là… ! »
ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
On est samedi : hier, matin, eu Maurice L. au téléphone.. Il me dit qu’il a un contact avec Geol : possible injecter une image vidéo (venant d’une caméra) dans l’image du microscope possible faire un œil vivant. Il parle aussi d’une autre solution que l’œil « dans sa logette » (entre les fibres). Il faut voir ça, on doit aller en rendez-vous chez Geol. Gambergé sur ces données directions nouvelles, pour la fin :
(from Maurice) :
– Microscopiste trouve œil vivant
œil de femme (idem autre)
œil de ? (trouver « créature » pour filmer œil)
(from moi) :
– Eu l’idée qu’il trouve « quelque chose » (à partir du « fond sous-marin » que j’ai choisi, comme troisième illustration scénario) qui « évoquerait » cancer. Ceci a été repoussé par Maurice et Jean-Marc.
Mais, à partir de là : si on disait qu’il a trouvé le dernier œil (plus rien dedans) mais que dans cet œil : formations microscopiques inconnues, genre… « ? » (Nommer un organisme pathologique) ? ?
La version actuelle (tapée) n’est pas mal, cela dit. Il y a cette notion d’éléments inconnus (donc qui pourraient être identifiés) Genre : si on entrait dans cet œil, on continuerait à trouver des choses intéressantes dont le « fond sous-marin » n’est que « l’antichambre » … Mais pas dans l’œil, autour de l’œil. C’est peut-être aussi bien ?
Moins clair peut-être, moins « logique » , mais n’est-ce pas mieux ainsi ? Ça correspond moins aux propos du prêtre : « Au bout… il y a peut-être quelque chose… » Là, ce n’est pas le bout. Mais après tout, c’est normal qu’on l’arrête avant le bout… !
Si : ce n’est pas mal !
MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Je vais mal, en ce moment, ce conflit avec G. me mine.
Après avoir transféré sur Colette, j’ai transféré sur lui. N’est-ce pas le début de la fin de mon analyse : le début et de la fin du transfert ?
← Important !
– Question –
23/11/1986
MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Lentement, je sens grandir en moi le désir d’arrêter l’analyse.
Je suis de plus en plus pénétré de la certitude – comme ce fut le cas pour Colette – d’être fondamentalement indifférent pour cet homme, G.. Je retrouve cette même froideur, cette même distance glaciale.
Je me sens à un tournant très important : ou bien j’arrête ou bien je continue, mais dans de toutes autres dispositions d’esprit à son égard : en cessant le transfert.
Fin du transfert, fin de l’investissement affectif sur lui : continuer mais en me servant de sa technique. Sans désormais plus rien attendre de lui.
Ceci a été – par moment – ma position vis-à-vis de Colette. Elle était intenable car il s’agissait d’une relation amoureuse, mais, dans ce cas précis, c’est peut-être possible. Je ne le sais pas très bien.
Ne rien lui donner (hormis le fric), ne rien attendre de lui (hormis son travail d’interprétation), est-ce possible ?
Y a-t-il une phase (terminale ?) de l’analyse où l’interprétation continue après que le transfert a cessé ?
Dans mon cas, le persistant espoir d’établir avec lui une relation d’amour a pris fin, aussi douloureusement que cela fut le cas avec Colette.
Continuer tout de même la relation – sans céder à la tentation d’une x(?)ème rupture, voilà la question.
Non, décidément : l’analyse, ce n’est pas gai. La lucidité n’est pas gaie !
24/11/1986
VÉCU – TÉLÉVISION – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
(TGV Paris Dijon – je vais pousser des boutons FR3).
Ce qui peut m’aider à continuer l’analyse :
1/ Je trouve que son attitude est une erreur psychologique, mais il est humain, donc faillible. G. n’est pas Dieu.
2/ Il n’est pas moi, ne me comprend pas de l’intérieur. Il est différent. Nous sommes tous différents. Seuls. Seuls ensemble.
Son attitude regarde. La mienne aussi. Ils ne s’emmêlent pas. Réserve.
Pas outrepasser un cadre convenu. Ce cadre : la séance. Une règle : la libre association d’idées formulées par la parole.
ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Relu scénario. Le prêtre trouve peut-être trop facilement le siège du maléfice (le portrait) : penser à introduire une référence explicite à « La lettre volée » d’Edgar Poe.
Faire retaper cette page par Solange ?
VÉCU
7h40 On est en hiver : c’est l’aube (très bleue).
ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
(7h53)
Une idée me vient : et si le prêtre ne savait pas qu’il y a une série d’» yeux emboîtés l’un dans l’autre » … ? S’il se contentait de dire qu’il faut examiner le portrait au microscope ? C’est le microscopiste qui révélerait cet emboîtement. Lorsque le mari appellerait de l’hôpital :
« J’ai trouvé d’autres yeux ! À chaque fois, il y a une tache et il y en a un dedans ! J’en suis au huitième ! »
Ou :
« Dans chacun, il y a une tache et dedans, il y en a un autre ! J’en suis au huitième ! »
et le prêtre dirait :
« Ce n’est plus la peine de chercher : c’est sur ce portrait que le travail a été fait ! Ils sont très malins : c’est ce qu’on voit tous les jours qu’on remarque le moins ! Il faut vite examiner cet œil au microscope… ! Dedans, il y a peut-être quelque chose qu’on pourra identifier… »
Petits détails à changer : lorsque microscopiste trouve le troisième œil :
À la place de « Oui, il y a un œil dedans… » mettre :
« Regardez : il y a encore un œil dedans ! »
Changer :
page 5 (prêtre)
page 6 et 7 (microscopiste)
page 9 (microscopiste
Page 6 : il n’est pas censé chercher la tache dans le deuxième œil
En bas de la page 6 s’en tenir donc à :
Microscopiste : « Ce qu’on voit là, c’est les fibres du papier photo. Là on est dans le deuxième œil… »
puis
page 7 : « Ah, il y a une tache dedans comme dans le premier… (s’exclamant) Regardez : il y a encore un œil dedans ! »
(19h15 TGV du retour)
Après « enfoncer le clou » , dans mon répertoire personnel d’expressions de métier, j’ai l’intention d’adopter : « Tendre la corde de violon » , pour tirer le son le plus intense, le plus dramatique. C’est ce que j’essaye de faire avec « La mort dans l’œil » .
Ainsi (cf. discussion hier soir avec Mathilde sur Maurice L. jouant le rôle du microscopiste), il est vrai que le microscopiste doit être un faire valoir du mari à qui revient la part belle, c’est-à-dire la part émotionnelle. Aussi est-ce le mari qui doit découvrir l’œil (le troisième) dans la tache et s’écrier : « Il y a un autre œil dedans ! »
25/11/1986
ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Aujourd’hui appris que la technique d’injection d’une image vidéo dans celle donnée par microscope ne marche pas. Le technicien de Geol a essayé.
Voilà qui m’arrange plutôt, car je m’orientais en fait vers l’idée d’en rester à ce qui était prévu, c’est-à-dire au stade de l’image fixe.
Non, vraiment : l’œil vivant, ça ne serait pas allé… !
Repensé à l’idée de Mathilde pour le personnage du mari : Jean-François Stévenin.
J’y ai repensé, ça ne serait pas mal ! En ai touché un mot à L. que j’ai vu aujourd’hui pour qu’éventuellement il me branche sur lui…
26/11/1986
ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Page 5 : microscopiste :
« C’est un appareil à balayage électronique. Les électrons rebondissent sur l’échantillon et forment l’image sur cet écran (il désigne un écran vidéo encastré dans le panneau de commande du microscope)
dernier remaniement avant de renvoyer le texte à Solange Videau pour qu’elle retape…
Passé à Pasteur cet après-midi pour récupérer les originaux que Jean-Marc avait commencé à photographier…
Vu photos de fibres faites par Maurice. Discuté avec Jean-Marc. Maintenant c’est à lui de faire…
J’espère que l’œil dans les images rendra bien… !
On verra ça…
Rendez-vous vendredi soir avec Patrick C. pour musique, pour écouter le thème (sur son piano électrique, à moins que je ne trouve quelqu’un qui ait un piano ?)
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Mathilde est partie cet après-midi.
Je suis seul à la maison. J’écris couché dans la chambre.
Je vérifie, une fois de plus, l’exactitude de l’adage (cf. « L’adage idiot d’Albinoni… » ) selon lequel c’est lorsqu’on en est privé qu’on mesure la valeur de quelque chose…
Je repense à ces moments de ma vie où non seulement je me sentais seul, mais j’étais seul ! Au moins aujourd’hui, je sais qu’elle reviendra…
Un type l’a appelée ce midi « C’est personnel… » Ça m’a rendu jaloux. Lui ai dit sur un petit mot de se rappeler que je l’aime et lui ai demandé si elle se souvenait de cette nuit (fuck) ?
Elle m’a laissé un message de Londres, me disant qu’elle m’aimait…
27/11/1986
ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Envoyé texte à rectifier à Solange.
Rétabli la petite phrase du prêtre : « Ils sont malins : on ne pense pas à regarder ce qui vous crève les yeux ! »
Hésité à la mettre, mais il me plaît qu’elle soit là comme une sorte de petite clef pour la compréhension du film : c’est bien ce qu’on lui fait, à Nadine, de lui crever un œil ! C’est le sens de cet emboîtement d’yeux, tel un vecteur, une flèche plantée dans son œil, la blessant mortellement, dans ce qui est le symbole de la vie, au cinéma, c’est-à-dire la vue…
De plus : symbole de castration : c’est François (moi) qui est castré (mort = castration absolue) dans la part féminine de lui-même.
Ceci me renvoie à ma problématique : hésitation entre garçon et fille.
Part féminine = part castrée → la flèche qui se plante dans cette « part féminine » de moi, c’est aussi le sexe masculin… ! ?
ÉCRITURE
Je prélève une note prise en marge du « Temps retrouvé » (Proust parle du regret de n’avoir pas vécu une autre vie, de ne pas avoir été quelqu’un d’autre) :
Ça m’inspire cette phrase :
« La vie est comme une année où il n’y a qu’un seul moi… »
Noté au même endroit du carnet le 11/11/1987 : « La vie passe aussi vite qu’une année… Une année où il n’y a qu’un seul moi ! »
VÉCU – CINÉMA
In « Flagrant délit » , court-métrage de Patricia Bardon (IDHEC 84) : une actrice intéressante (cf. Carole B.) = Clotilde Mollet (n’est pas actrice, elle est elle-même)
(3 h)
Allés au « Republic » voir courts métrages.
Dîné « en bande » Pizza Maya, boulevard Magenta. Venus prendre un verre à la maison : Patrick C., son frère, Herbert, et un jeune réalisateur, Christophe J.
Un peu tard pour bien en écrire. Il faudra le faire une autre fois. Chose à dire, à noter.
28/11/1986
TÉLÉVISION – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – LES AUTRES
Préparation « Baguette magique » : assistant = Alain P. Mec « cassé » . Lui ai tendu passerelle. « On n’est pas habitué » dit-il (proposé de se revoir + plus travailler sur court-métrage (?).
Ce qui m’attriste, c’est cette « non-habitude » des contacts, ce qui me culpabilise, c’est de ne pas l’accepter…
CINÉMA – MUSIQUE – AMIS – PATRICK C.
Dîner chez Patrick C.. M’a fait écouter un thème qu’il avait composé. Joli mais trop « valse » . Ne va pas pour le film, il en a convenu…
Je dois lui envoyer le scénario.
On est venu ici (écouter et enregistrer musiques de Bernard Hermann…)
Mardi 19 h. Empire. Projection « Manèges » .
40 ans
30/11/1986
MUSIQUE
(1h45) (Anniversaire !)
Écouté au mariage Karen : « On the Beach » Chris Rea.
VÉCU – CINÉMA – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
(2h55 couché maison)
Je rentre de la fête mariage Karen.
1/ Revu Marion. Elle n’avait pas de rancune. « Je me suis senti agressée » : quelqu’un qui se défend (parce qu’il se croit attaqué) agresse à son tour : cercle vicieux. Je me suis expliqué sur la question des critiques.
2/ Était là un directeur photo qui vient de faire « Sarraounia » de Med Hondo.
Plongé dans un trip « impulsion » : lui ai proposé faire l’image de « La mort dans l’œil » . Lui ai raconté tout le scénario.
« Intéressant. Original » a-t-il dit. Et il est parti sans même me dire au revoir !
Réaction :
1/ Vexé
2/ Mécontent
3/ Est-ce normal ?
4/ A-t-il menti ?
5/ Trouve-t-il ça vraiment intéressant, mais sans avoir envie de s’emmerder sur un court-métrage ?
6/ A-t-il été gêné de mon attitude « pulsionnelle » ? (Et donc dois-je éviter cela l’avenir ? Question qui fait partie d’une problématique qui n’est pas vraiment nouvelle).
→ C’est d’ailleurs la plus importante pour moi…
C’est symbolique : j’ai 40 ans aujourd’hui et voilà le genre de question que j’en suis encore à me poser !
VÉCU – CINÉMA – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Aujourd’hui : rectifié le tir concernant l’opérateur : appelé Jean-Philippe B. qui a bien réagi : d’accord sur le principe de l’aventure (il a eu une belle phrase : « Ça peut-être une belle aventure… !)
Je dois lui envoyer le scénario.
Également, aujourd’hui : appelé Jean-Marc P. pour lui souhaiter bon anniversaire et, par la même occasion, il m’a dit qu’il avait commencé les trucages.
Je dois voir les premiers résultats demain soir…
VÉCU – CINÉMA – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Pour revenir sur « l’opérateur récalcitrant » : ce qui m’a blessé, c’est que le seul récit de l’histoire n’ait pas suffi à déclencher l’adhésion enthousiaste de ce mec…
Toujours la survalorisation de certaines productions qui fait pendant à son contraire : la dévalorisation excessive… !
MUSIQUE
Manhattan Transfer : « Ray’s rockhouse » Atlantic – WEA
« I’m very well ! »
SOCIÉTÉ – SOCIOLOGIE
In Nouvel Obs N°1151 (article de Jacques Julliard) à propos de « L’idéologie » par Raymond Boudon :
« Les idéologies sont des systèmes d’idées fausses ou tendancieuses auxquelles les individus adhèrent pour des raisons explicables ou cohérentes. » ← (Intéressant, mais évacuation de l’irrationnel, de l’inconscient. Exemple : le fanatisme).
CINÉMA – RESNAIS
Revu au magnétoscope « La vie est un roman » .
C’est tout de même grand !
(Noté un mauvais raccord plan sur plan dont je m’étonne qu’il l’ait laissé passer…)
J’aime beaucoup la musique de ce film (Philippe-Gérard).
« Amour, progrès, bonheur… »
Il y a des moments exquis : « Walter Guarini, Guarini… » – musique dans château de Forbeck, la maquette d’Élisabeth (surtout). Ce qui me plaît le plus, ce sont des moments musicaux. Je ne comprends pas pourquoi il n’a pas fait de comédie musicale, le père Resnais…
VÉCU – AGNÈS – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – MICHAEL – ZELDA
Fêté mes 40 ans avec Agnès, Michael, Zelda et Patricia et ses deux gosses.
Au moment où ils me chantaient « Joyeux anniversaire » devant le gâteau avec bougies allumées, j’ai pensé qu’un jour je me souviendrai de ces visages d’enfants, lorsqu’ils seront plus des enfants…
Ils m’ont fait plaisir (Michael m’a acheté deux bougies parfumées).
01/12/1986
VÉCU – CINÉMA – TÉLÉVISION – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
(Café près de chez Jean-Marc P.)
Je me suis vite dépêché de venir ici. Pourtant :
1/ j’avais promis de m’occuper de « Cendrillon » (de la Baguette Magique) et une fois le tournage fini, l’assistant, Alain, et elle sont allés rejoindre Geneviève au George-V où elle était allée téléphoner.
Je les ai laissés partir seuls. Il est vrai qu’il était convenu qu’elle ne sorte pas ce soir.
2/ problème de son → visionnage à Cognacq-Jay. J’ai laissé l’ingénieur du son et l’opérateur y aller seuls…
Je n’avais qu’une hâte : venir ici, voir le début de concrétisation de mon film.
Retour en arrière : les mêmes espoirs, les mêmes efforts que pour « Sibylle » , sept ans après… ! Pour la même absence de résultat ?
J’en ai marre d’être ce « minable » dont parlait Colette. C’est drôle comme des mots peuvent faire mal tant d’années après… !
40 ans. Quel bilan ?
Sentiment de ratage, attisé par ma mère…
Je suis triste, ce soir…
Ce n’est pas grave : s’il le faut, je pleurerai un bon coup… !
CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Problème de la jeteuse de sort. On ne comprend pas qu’il s’agit d’une vengeance (← conversation au restaurant « Le Bélisaire » avec Jean-Marc P. et sa copine Valérie).
02/12/1986
VÉCU – TÉLÉVISION
Ce matin : mal réveillé (en retard au tournage salon de coiffure). Vraiment peu d’enthousiasme à faire ce pseudo-boulot, si loin de ce que j’avais rêvé.
Lu article dans Libé sur état de la production télévisuelle : mauvais, très mauvais, malgré les grandes déclarations de nos chers « responsables » gouvernementaux, aux déclarations desquels je n’ajoute aucune foi… !
L’avenir n’est pas gai ! Et je me bats, une fois de plus, pour réaliser un film totalement marginal par rapport à ce que Messieurs les Producteurs financent habituellement… !
CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Vu hier essais de Jean-Marc hier soir.
Il recommence samedi…
04/12/1986
AGNÈS
(18h50 Gare du Nord)
Dans le train pour aller à Cernay, à la clinique, voir Agnès qui a été opérée de l’appendicite ce matin…
Jocelyne m’a laissé message hier pour m’apprendre ça…
L’opération s’est bien passée. Je l’ai eu ce matin, mais elle était encore faiblarde…
Pour la première fois, ma petite fille allait être opérée : ça m’angoissait… Moins que Jocelyne, toutefois, qui est restée, dans la voiture, hier soir, effondrée, dans un de ces états somnambuliques que j’ai si bien connus (et que je détestais…)
Terrible de découvrir concrètement que son enfant est exposé à la maladie, à la souffrance… Bien sûr, cette fois-ci, c’est bénin, mais voilà qui réactive ma vieille angoisse et ma vieille culpabilité : avoir mis au monde un être promis à la souffrance et à la mort !
VÉCU – TÉLÉVISION – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Cet après-midi : encore essayé de joindre Jacques Salles : même rebuffade, même humiliation…
Appelé Véronique Fregosi qui m’a demandé un nouveau délai, encore sous le coup des « nouvelles nominations » (3 RPR sur 4 PDG de chaînes publiques de radio télé… !)
VÉCU – MUSIQUE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – MORT
(Maison – 13h40 – dehors : ciel bleu, beau soleil, temps froid).
J’écoute du jazz (piqué à la radio et mis sur cassette, jazz inconnu). Petit air pimpant, ludique… (quintette vibraphone « Alex Rio » ?) à la flûte…
La transparence de l’air me fait penser à ma vie…
J’ai mis longtemps à apprendre à aimer… (et encore, est-ce que je le sais vraiment ?)
(Cf. conversation avec Gilles D. sur la mort : je parlais de ma peur, il me disait que cet instant ne lui faisait pas peur, c’était de laisser sa femme, ses enfants…
Je commence à le comprendre…)
POLITIQUE – SOCIÉTÉ
Les manifs d’hier (contre loi Devaquet)…
Un sondage : de 60 à 70 % des jeunes sont pour la contestation et il y a le même pourcentage, à peu près, chez ceux de droite et ceux de gauche !
Qu’on vienne encore dire qu’il n’y a pas de phénomène de génération (je repense à conversation en 68 avec un petit rouquin (?) (T. le frère de Marie-Odile) communiste à Lorient : « La ligne de démarcation passe au milieu des jeunes… ! » !
Comme l’histoire donne un démenti à ces pompeux remueurs de langue de bois !
TÉLÉVISION – SOCIÉTÉ
Article Libé :
Karlin parle d’un « long tunnel d’au moins 4 ans jusqu’à ce que le public, saturé, réclame une télé de création… »
Je le crains, en effet !
VÉCU – PEINTURE
Repensé à la seule fois où j’ai vu le nom de ce coin où j’ai grandi, les Jardins Miliane : sujet d’une série de tableaux de Paul Klee…
Ironie : transformés par la vision du peintre, ils n’étaient pas reconnaissables !
MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
Séance d’aujourd’hui :
En entrant, quelqu’un s’éclipse.
« On me traite comme un pestiféré ! » dis-je, réclamant plus de naturel et de chaleur humaine.
Puis « Je me sens inélégant » .
Il rapproche les deux attitudes : la première n’étant qu’une version « projective » de la deuxième
Projection : prêter aux autres des sentiments peu agréables contre moi-même, mais qui sont les miens = plus facile de se bagarrer contre les autres que contre moi-même.
M’amène parfois à la dépression ou à la plaidoirie…
J’évoque avec conviction la difficulté à « faire des autres des marionnettes que je bourre de mes sentiments comme des poupées de chiffon… »
– « C’est ça votre grande peur… » dit-il.
CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL » – AMIS – ZYF
Eu Zyf au téléphone : il ne comprenait pas bien la fin de « La mort dans l’œil » . J’ai envisagé de la changer (plus explicative : « Elle est sortie du coma… Vous alliez trouver, alors ils ont arrêté ! »
– « J’en suis heureux pour vous… »
On y réfléchit.
LITTÉRATURE – LECTURE – PROUST
Fini (re)lecture de « La recherche » .
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE – AMIS – JEAN-MARC P.
Jean-Marc → d’après le magazine « Mad » : aquarium ou feu de bois en cassette vidéo (aucun inconvénient habituel : nourrir les poissons, changer l’eau ou couper du bois, souffler sur le feu, etc.)
! !
→ Sujet télé ?
CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
(15 h – café La Chope)
Suis très heureux : trucage œil = excellent !
POLITIQUE – SOCIÉTÉ
(20h30)
Situation politique : mauvaise !
Un étudiant a été tué par flics matraqueurs à moto… !
En un clin d’œil, ça devient plus grave qu’en Mai 68, où personne n’avait été tué directement…
Au-delà de la loi Devaquet, les jeunes veulent une autre société… Ils redécouvrent nos propres revendications : pour une société plus juste, égalitaire…
Mais moi, je pense à ce mort…
Pour moi, c’est fini, le temps où je me grisais de ma propre colère…
À côté de ça : réussite de la privatisation de Saint-Gobain : un million de Français ont acheté des actions… !
Allez comprendre ce peuple : il est plein de contradictions… !
07/12/1986
AMIS – JEAN-MARC P. – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
(Dimanche train à l’arrêt → clinique pour voir Agnès).
Passé déjeuner chez Claire et Patrick. Leur ai apporté photo (tache et œil dans fibre en gros plan)
Leur a beaucoup plu… !
J’ai bon espoir. Je vois ce film se construire, lentement mais sûrement…
Hier, en rentrant du rendez-vous avec Jean-Marc, trouvé un message de lui :
« Je voulais simplement te dire que je suis très heureux de faire ce scénario avec toi… »
M’a beaucoup touché… !
Ainsi, dans la vie, il n’y a pas que des choses hostiles et mauvaises, pas que des gens indifférents ou agressifs, pas que des moments ternes et vides… !
Mais est-ce que je sais l’apprécier… ?
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
(Partant de la constatation que les images envahissent notre vie. Or, d’agréables qu’elles sont, pleine de couleurs, attrayantes, chatoyantes, j’imagine qu’elles peuvent devenir dangereuses et hostiles…) Un mec est victime d’une tentative de meurtre de la part de quelqu’un dans une image (dans la télé ? Sur une affiche ?) D’abord, il n’y croit pas (voir les circonstances), mais ça recommence il est bien obligé de se rendre à l’évidence : il est menacé par des gens dans les images…
Aussi doit-il éviter soigneusement toute image (éteindre la télé, fermer les magazines, marcher dans des rues sans affiches etc.)
Qui l’agresse, dans les images ? Pourquoi ?
Ça reste à voir.
Ça peut être des gens qui en symbolisent d’autres, qui ont des comptes à régler avec lui…
08/12/1986
CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
J’arrive au montage ce matin. Marie-Louise D. avait lu le scénario de « La mort dans l’œil » ce week-end.
– « C’est un prétexte pour tes photos, ce scénario… On ne comprend pas le lien entre ces deux femmes qui rentrent la nuit et cet œil… »
Ainsi se confirme la nécessité de clarifier qui s’est traduite dans les ultimes corrections que j’ai demandées à Solange…
À part ça, je ne sens pas bien cette femme qui m’a laissé des mois sans nouvelles de sa lecture de « Melissa » et de « L’amour de loin » et ne m’en a dit que quelques mots lorsqu’on s’est retrouvés pour un montage…
Là encore : pas de vraie réaction, pas de vraie lecture. Elle s’en fout. Pas grave : moi aussi (qu’elle s’en foute !)
Idem : revu Franck B., ici à Tigre, faiseur de promesses au regard faux et fuyant (oui : les deux à la fois !)
La seule vraie question que je me pose : comment distinguer les gens indifférents des autres ?
L’intérêt ? (Jean-Marc : intéressé par technique photo, Patrick par sa première musique de film). Il s’agit toujours (comme au temps de « La saisie » ou d’» Une seconde jeunesse » ) de gens pas encore blasés parce que pas encore vraiment entrés dans ce métier, encore frais, encore neufs, encore capables d’enthousiasme, de concentration sur un projet…
Ce métier charrie les indifférences comme des bêtes mortes, pattes en l’air.
On ne s’y parle pas…
Je relativise, une fois de plus, mon œuvre : elle n’est pas une clé magique.
Cela dit : se souvenir des réactions au scénario de « Sibylle » . Furent-elles si enthousiastes ? J’avoue que je ne me le rappelle pas.
Il est vrai qu’une commission de sept ou neuf membres lui a filé des sous… !
Enfin : on verra bien !
10/12/1986
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Au téléphone, avant de passer quelqu’un d’autre :
« Ne kistez pas ! »
(11/11/1987 : secrétaire médicale avant de passer médecin qui va annoncer cancer du sein)
AMIS – JEAN-MARC P. – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Hier soir : Institut Pasteur pour photos, avec Jean-Marc.
Pas fait grand-chose (les 20 tirages de la tache + gros plan œil) (j’ai été déçu par les tirages 13×18 – positifs 24×30 rephotographiés → perte…)
Mis au point une couverture (noir avec encart photo tache dans fibre).
Reste le gros morceau : le « crabe sous le rocher » .
Jean-Marc dit que négatif = pas bon.
Mais je me le suis mis dans la tête…
À suivre…
VÉCU – MUSIQUE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Tout à l’heure je regardais à la télé enregistrement de « West Side Story » dirigée par Bernstein lui-même…
Tout à coup, presque sans que je m’y attende, je me suis mis à pleurer, à sangloter… Pourquoi ? Émotion devant cette musique ? Sentiment de mon néant créatif devant tant de talent ? Je crois que c’est ça…
Mourrai-je anonyme ?
Voilà une question qui, dans le fond, ne m’a jamais quitté, mais que je n’ai jamais formulée ainsi, clairement.
CINÉMA – HITCHCOCK
Vu la « Mort aux trousses » (pour la combientième fois ?)
Dans la scène du Mont Rushmore on voit le haut du cyclo !
10/12/1986
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Suite de la cassette-feu de bois ou aquarium (cf. Jean-Jacques S. emportant à Paris un plan de mer filmé en Bretagne) cassette-paysage : les passer sur un téléviseur équipé de rideau voilages…
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Vu à la télé : Arman brûle un piano. J’imagine que quelqu’un qui lui en veut a mis de l’explosif dedans là, ça devient intéressant !
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
En souvenir de quelqu’un qui a été assassiné, quelqu’un porte un masque-moulage du visage du mort percé par les impacts des balles qui l’ont tué…
12/12/1986
CINÉMA OU TÉLÉVISION – ÉCRITURE – PROJET « L’AMOUR DE LOIN »
(3h47 ! ! – Je ne dors toujours pas alors que je dois me lever à 5h pour prendre l’avion → Bordeaux… !)
Je viens de trouver une idée pour « L’amour de loin » : la raison pour laquelle Serge ne peut rencontrer Sarah : c’est qu’en réalité, Serge n’aime pas Sarah.
Serge n’est qu’un acteur, il a été payé (ainsi que Jean-Louis) pour faire ce film, il a été payé par le mari de Sarah !
En effet, elle serait donc mariée. Son mari organiserait ça pour éprouver définitivement l’amour de Sarah qu’il sentirait défaillant. Et, en effet, prise au jeu avec Serge, elle se détacherait de lui. Il découvrirait ses sentiments pour Serge, lui dirait : « Alors ? Tu ne m’aimes plus ? » Elle dirait que non, en effet, et le quitterait. Puis fin du film (comme prévu).
Elle se retrouverait donc seule. Il découvrirait par le fichier – comme prévu – que Serge a été acteur, le retrouverait (idem prévu).
Là, coincé, il lui avouerait la vérité : il a été payé par le mari.
Elle serait d’abord stupéfaite puis mesurerait que toutes les scènes ont donc été écrites par le mari et ce que ça suppose d’amour de sa part, de connaissance d’elle et de regret des débuts de leur amour. Elle irait le retrouver, lui dirait tout ça. Lui l’aimerait toujours → happy end
(← Note : ça supprime le « retournage » par Sarah. Dommage, mais enfin : on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre… !)
J’y repense : j’aime assez ça. Je suis pas encore habitué, mais je sens en moi cette poussée de joie, d’excitation que j’aime… !
VÉCU – CINÉMA OU TÉLÉVISION – ÉCRITURE – PROJET « L’AMOUR DE LOIN »
(5h15)
Le radioréveil s’est mis en marche : je n’ai pas dormi de la nuit !
Petit matin. Maison silencieuse. France Inter… (Louis Bozon: ça fait 50 ans qu’il est là !)
Envie d’essayer de garder l’idée du « remontage » , mais en l’adaptant : pourquoi le mari ne remplacerait-il pas des plans de Serge par les siens… (film en double : avec Serge pour Sarah, sans quoi elle ne le ferait pas. Avec lui, pour lui… = nostalgie de l’amour perdu…)
(← Pensé à ça parce que d’abord : pensé que Sarah après avoir apprit la vérité pourrait imaginairement remplacer plans de Serge par ceux de son mari en un raccourci-résumé de l’histoire…)
CINÉMA – LECTURE – SOCIÉTÉ – DÉLINQUANCE
(7h15 – avion)
In entretien avec Depardieu (« Cahiers du Cinéma » N° 390 :
« Des gens comme lui (« Nez cassé » dans « Police » ) vivent par procuration, ils se rêvent. La première délinquance, c’est celle-là : puisqu’il n’y a pas de caresses, pas d’amour, on s’en invente, on s’identifie. »
Ce doit être pour ça que je n’aime pas la délinquance – viscéralement – parce que j’ai le sentiment obscur qu’elle est substitut de quelque chose, de l’amour, de la vie. Et que ces types croient dur comme fer avoir raison alors qu’ils sont simplement seuls (même s’ils sont seuls à deux ou à plusieurs, avec des complices, là n’est pas la question…)
VÉCU – MA MÈRE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Hier soir : gueulé au téléphone avec maman.
J’ai raccroché. Elle n’a pas rappelé. Elle ne rappelle jamais (Colette).
(Colette, une fois de plus, comme il y a quelques temps (écrit là-dessus dans ce carnet ou celui d’avant), j’écris ce nom que je n’écris presque plus jamais et, dans ma tête, il résonne étrangement. C’est pimpant, enfantin, comme sonorité ce « ette » , comme dans « mignonnette » …
Je n’y avais jamais pensé… !)
ÉCRITURE – PROJET « PHOTOMATON »
(Vu à l’aéroport tout à l’heure : je passe devant une cabine photomaton. Il y avait les quatre photos couleur sorties du tirage dans le petit récipient prévu à cet effet… Quatre photos d’un mec, brun…)
Pensé :
Photo 1 : déclenchement au moment où le mec prend une balle dans la tête (impact – sang jaillissant)
Autres photos : mec nuque contre paroi, yeux fixes…
La personne qui voit ça regarde alors sous le rideau (qui ne descend qu’à mi-hauteur : pieds de quelqu’un : il tire le rideau
1/ Mec mort
2/ Mec qui lui éclate de rire au nez : une blague !
15/12/1986
ÉCRITURE
Société Pomona (Pommes, Oranges, Navets)
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(21h45 – « Le Pub » place Gambetta. Je mange seul, Mathilde, qui est rentrée d’Asie, a mangé chez sa mère (qui lui a gueulé dessus cause enfants…)
Commentaire du 8 juin 2018 :
Je n’ai jamais rien écrit sur cette question de la garde des enfants de Mathilde : je faisais obstruction à l’idée de garder ces enfants afin que cette tâche incombe aux parents de Mathilde qui ne pensaient pas beaucoup de bien de moi (euphémisme) et me méprisaient presque ouvertement. Alors, « pour me venger » , je considérais que ce n’était pas à l’être méprisable que j’étais d’assumer cette responsabilité… Encore une pensée « pas belle » chez moi, mais j’ai décidé d’être vraiment sincère dans la numérisation de ces carnets et de ne pas faire l’impasse sur les pensées « pas belles » que j’y trouve…
– Commentaire écrit à 71 ans
J’aime Mathilde. Pensé à la catastrophe de la perdre…
(cf. Stéphane (pilote aveugle) parlant de la « catastrophe » (de perdre la vue)…
VÉCU – LANGAGE PROFESSIONNEL
Le serveur qui dit « J’suis là… ! Je ne vous laisse pas dormir… ! = Le « nutritif » … (comme on dit « plumitif » …)
16/12/1986
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
(Cabine téléphone bistrot) (bottin ouvert…)
Un nom imprononçable : Mr KRCA… ! ! !
(mettre ça dans un film…
Monsieur comment ?
Monsieur, j’épelle : K… R… C… A… » Il épelle…
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Mecs massés devant ascenseur : lumière allumée au voyant rez-de-chaussée. Il est bloqué. Mecs s’impatientent, gueulent…
Un mec arrive. Il tapote la porte.
La lumière s’arrête au voyant rez-de-chaussée et s’allume instantanément au voyant de l’étage. Quelqu’un, de l’intérieur, ouvre la porte de l’ascenseur. Le mec entre, naturel. Les autres restent babas… !
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
(from cantine SFP)
Une femme s’aperçoit que partout où elle entre il n’y a que des belles femmes ! Conséquences sur elle…
17/12/1986
ÉCRITURE
Qu’est-ce que la comédie / le théâtre sinon des gens qui se mettent d’accord pour mentir ensemble… ? (2017 : from Internet : pas fait)
22/12/1986
AGNÈS – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – MICHAEL – ZELDA
(21h30)
Agnès, Zelda et Mathilde regardent « Flipper le dauphin » à la télé.
Elles rient, s’attendrissent sur cette tendre bête…
Quel dommage qu’il n’y ait personne à prier pour les protéger, leur conserver longue vie et leur assurer le bonheur…
Personne. Sauf moi-même ?
Pas Dieu, mais homme tendre, gentil, aimant…
23/12/1986
AMIS – JEAN-MARC P. – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Jean-Marc m’a appelé : les tirages du scénario sont terminés.
Je n’ai plus qu’à :
1/ les récupérer dans son cagibi (!) où il les a entreposés.
2/ coller les photos dessus
3/ faire faire le brochage (ICP) (500 Fr. les 20)
4/ contacter Bourboulon pour budget dossier. Lui filer le scenar.
4 bis/ finir synopsis pour le joindre au dossier
Ensuite (moins urgent :
– envoyer scénario à Jean-Jacques B. – Jean-Pierre B. – Stévenin – L. – Florence R. – Camille G. – B. – Joe F.
– Avec Dominique B. : minutage
– Dessins d’après photos
– Avec Michel B. : musiciens.
VÉCU – TÉLÉVISION – CHOSES ENTENDUES – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
(FR3)
« Ils ne tournent pas beaucoup… Ils tournent sur eux-mêmes… » (! !)
Il (quelqu’un, qui ?) parle des enfants autistiques : «… ce non-rapport… » → le serveur intervient : « Ce non-rapport de forces… »
VÉCU – ÉCRITURE – HUMOUR
Bourboulon :
« Noyeux Joël… ! »
Moi :
« et Poyeuses Jaques… ! »
VÉCU – AGNÈS
Pari avec Agnès (chanson « C’est la ouate » ) :
Agnès : « Pensive, elle est passive… »
Moi : « Passive, elle est pensive… »
25/12/1986
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Deux mecs de chaque côté d’une table (un jeune et un vieux).
Au fond : une télé.
Ils sont silencieux, tristes.
Le jeune disparaît (fondu). Vieux seul devant table le jeune est dans la télé. C’est le journal télévisé. Le jeune est casqué, en uniforme, en armes, on l’interviewe pour son départ au front…
Le vieux regarde ça tristement.
(Idée extensible à une série d’autres situations – maman et enfant entrant à l’école, etc.)
CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Récupéré aujourd’hui les tirages dans le cagibi de Jean-Marc… !
Ai collé les photos, assemblé les exemplaires…
Demain, je les porte au brochage pour la spirale métallique…
VÉCU – AGNÈS
Premier Noël avec Agnès depuis 1977 !
Gâché par la présence de la Reine Mère…
M’a rendu grognon, mal dans ma peau. Ai écrit petit mot à Agnès pour m’en excuser et lui dire que ma tendresse pour elle est bien là quand même.
28/12/1986
CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Porté scénario au brochage. Fait dessins décalqués sur photos (pas mal). Mathilde doit me faire photocopies. Écris aussi synopsis. Photocopié aussi par Mathilde.
Appelé Stévenin, lui ai laissé un message (L., pour cause d’intérêts diplomatiques personnels n’a pas voulu m’introduire… Celui-là, je dois dîner avec lui et lui montrer scénario du court-métrage. J’ai envie de ne pas le faire : qu’est-ce que ça m’apporterait ? Stévenin rappellera-t-il ? Sûrement pas.
Laisser tomber, d’office, et passer à quelqu’un d’autre ?
Je crois que ça vaudrait mieux. Stévenin : quelqu’un de trop important, déjà.
Difficile à joindre d’abord et puis je prévois les contraintes de temps, de disponibilité, etc.
Aller voir Jacqueline Dane, à la SFP ?
Lundi matin, je dois appeler Bourboulon pour le rencontrer au plus tôt… pour budgéter, paperasses, etc.… Espérons que je n’aurai pas de problème de ce côté-là…
30/12/1986
VÉCU – BILAN – TÉLÉVISION – CINÉMA
Les derniers jours d’une mauvaise année…
86 : l’année du chômage, du tunnel (8 mois !), de la non-réalisation des projets. Quand je pense que les pseudo-voyants et autres astrologues, ces boutiquiers de l’espérance, disaient que 86, c’était l’année du Sagittaire…
Pour moi, ça a été : Sagittaire avant de ne pas s’en servir… !
Enfin, espérons que celle-ci sera meilleure. En tout cas, je la commence avec un « (bon) projet, ce court-métrage… et une bonne base pour un « Amour de loin » qui est à réécrire…
Ne pas oublier non plus de reprendre la fin de « Melissa » et de ne plus faire circuler qu’une nouvelle version, avec une nouvelle fin (plus claire).
Il leur faut de la clarté, de la lumière, comme Goethe (?) sur son lit de mort, mais eux n’ont pas son génie !
CINÉMA OU TÉLÉVISION – ÉCRITURE – PROJET « L’AMOUR DE LOIN »
Depuis quelques jours, j’y pense : trouver quelqu’un pour écrire « L’amour de loin » avec moi ? Qui ? Jean-Pierre B. : il est loin et, aux dernières nouvelles, il était occupé par son roman…
31/12/1986
CINÉMA OU TÉLÉVISION – ÉCRITURE – PROJET « L’AMOUR DE LOIN »
(6h du matin. Ne dormirai pas de la nuit…)
Idée pour « L’amour de loin » :
Générique = écran télé avec série allumages-extinctions (phénomène caractéristique de ça, visuellement) découvrant par bref instant images du « film Serge » .
VÉCU – TÉLÉVISION
(18h20)
Actuellement : une belle petite déprime, comme je n’ai pas eu depuis longtemps…
Motif : ce midi, je passe au bureau de l’ex-» Aujourd’hui la vie » : je tombe dans une conférence (dont personne, bien entendu, ne m’avait informé (on est censé se tenir au courant, n’est-ce pas ? Être présent…)
Or, on me tombe dessus (particulièrement R., pleine d’hostilité à mon endroit (ce n’est pas la première fois, à vrai dire, et moi, j’avale des couleuvres longues comme des trains de marchandises… !) pour cause que je n’avais pas respecté les instructions de Lovicki et MC Thomas concernant des coupes à faire dans « Les pilotes aveugles » … Et, comme je dis que leur désir ne m’avait pas paru précis et, mieux encore, que je ne me souviens pas de ce qu’ils voulaient que je coupe, ça fait rire tout le monde et je sens que je me suis « enfoncé » .
Je cède, bien sûr, disant :
1/ que pour l’avenir, si ce qu’ils veulent que je dise, je me le tiens pour dit (vive satisfaction de R.)… !
2/ que, pour celui-là, il est temps, d’ici le 5, de le couper. Ils n’insistent pas. « C’est un sujet agréable » dit MC Thomas. Je crois qu’ils affirment leur pouvoir juste pour le principe, je ne saurai jamais s’ils trouvent ça vraiment trop long ni s’ils le trouvent bon… !
Bref, plus ça change plus c’est la même chose… En pire !
1987
01/01/1987
VÉCU – TÉLÉVISION – CINÉMA – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
(0h25)
Voilà, l’année est commencée. Et je la commence seul, à la maison. Pas dormi la nuit dernière + déprime (voir page précédente) : je n’ai pas voulu sortir et Victor est venu chercher Mathilde :
C’est drôle, je refais en ce début d’année où j’espère faire un court-métrage, le même coup de la Saint-Sylvestre solitaire qu’en 1978 avant de faire « Sibylle » (froid et neige en moins…)
S’interroger sur cette similitude, cette répétition.
Aujourd’hui, ce que je ressens, c’est surtout de l’amertume, de la colère, à constater combien le destin est injuste par rapport à mes capacités…
C’est bien ce que je ressens, aussi je l’écris, même si une partie de moi me souffle que c’est ridicule…
VÉCU – CINÉMA
Depuis quelque temps, la pensée m’est venue de me demander si c’est vraiment « intéressant » de faire des court-métrages fantastiques (si réussis soient-il, s’ils le sont…) C’est un genre si peu susceptible d’être traité en long métrage… ! À quoi sert de prouver ce que je sais faire dans ce domaine ?
Je n’ai pas assez pensé à cela : faire mes preuves pour qu’on me demande de refaire la même chose, en long, car c’est bien cela, malheureusement, qui se passe, quand ça se passe, quand les court-métrages d’un mec sont pris en considération (voir Krawczyk, Madigan et consorts…)
Mais que faire ? Le thème de l’image et du réel, c’est bien ça que j’aimerais traiter en long métrage : c’est normal d’en faire des courts… !
Être moi-même, librement, c’est la seule solution.
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Je me disais tout à l’heure qu’il y avait en moi une inaptitude au bonheur, une propension à l’angoisse, à la tristesse qui, somme toute, me semblent étranges.
Ça fait six ans que je suis en analyse et je n’en ai toujours pas trouvé l’origine…
La sévérité de ma mère ?
L’introversion de mon père ?
Son côté cyclothymique (car il avait des moments d’expansivité !)
Moi-même : mon seul vrai copain… ! Un copain qui ne me comprend pas toujours, à qui je suis parfois étranger, incompréhensible, mais qui m’aime toujours…
CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Je n’ai pas noté avant que le scénario broché est un très bel objet… Au moins !
02/01/1987
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – TÉLÉVISION
(14h40)
Pulsion de meurtre.
Un sursaut me saisit, me secoue !
Cogner cette salope, lui défoncer la tête.
Je donne des coups dans le vide, mon visage se crispe, je grogne en frappant…
Me calmer !
ÉCRITURE
(Un mec, déprimé, malheureux, qui vient de subir une humiliation, va boire un coup tout seul. Il se parle à lui-même) :
« Je vais aller m’asseoir dans un café… Tranquille, Émile. À l’aise, Blaise. T’en fais pas, Nicolas. Ça va aller, José. C’est des cons, Gaston. (Des larmes lui perdent aux yeux). C’est pas grave, Gustave. C’est rien du tout, Jean-Loup. (Sa voix se brise, car il pleure maintenant pour de bon et ne peut plus parler). (Oui ! Beau dialogue riche de sens, « unanimiste » = tous les mecs malheureux en un seul !)
→ Idée qui peut être exploitable pour « L’amour de loin »
CINÉMA OU TÉLÉVISION – ÉCRITURE – PROJET « L’AMOUR DE LOIN »
En traversant la rue des Pyrénées, idée m’est venue, à l’instant, qu’en introduisant le personnage du mari véritable metteur en scène du film Sarah, je m’étais inconsciemment tracé une voie qu’il me faut peut-être suivre à fond : celle de l’autobiographie. M’inspirer de moi-même, de ma personnalité pour écrire le personnage du mari.
Après tout, si Colette avait été comédienne, n’eussé-je pas imaginé un dispositif pareil ? Aussi nostalgique, aussi désespéré et aussi pervers ?
La happy end suppose que le personnage de Sarah soit, lui, très différent de ce qu’était Colette, capable du revirement final, d’une émotion réelle et porteuse de conséquences durables, d’un bonheur enfin stable, ce qui n’est évidemment pas le cas de cette perverse, qui n’a jamais vraiment pensé à finir sa vie avec moi…
(15h50 – bistrot en face poste rue des Pyrénées)
Je songe à « L’amour de loin » et, considérant l’évolution hautement probable des chaînes de télé vers la médiocrité, le sensationnalisme, le « populaire » (! !), je me dis que « L’amour de loin » , surtout tel qu’il commence se cristalliser (voir plus haut), n’est pas pour la télé et je me demande si ça ne vaudrait pas le coup d’en faire un projet de film (« d’auteur » )…
Dans cette optique, il a pour lui, ce projet, de n’être pas cher…
Il va falloir y penser sérieusement.
En effet, il est symptomatique que F. ait été engagé pour 6 heures d’histoires de détectives (une fois de plus, même s’ils sont journalistes et « branchés » …)
Quelle conjoncture épouvantable ! Voilà pourquoi je ne casse la figure à la R. qu’imaginairement… !
Il faut s’écraser pour conserver son petit job minable !
05/01/1987
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Reprendre l’idée du mec qui se réveille le matin du jour où il va rencontrer celle qu’il a rencontrée 3 ans avant
Commentaire du 27 septembre 2015 :
Beaucoup fait depuis ! Aurait pu être intéressant à l’époque
– Commentaire écrit à 69 ans
VÉCU – CINÉMA – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
(21h30 station Réaumur Sébastopol)
À l’instant : rencontré Stévenin dans un bistrot !
Lui ai parlé de mon projet.
« Je ne peux pas prévoir » a-t-il répondu (je résume car c’était plus long et chaleureux… !) Parlé des essais à faire avec Maurice L.. Impossible de compter vraiment sur lui. « Je ne dis pas non, mais ça se décide au dernier moment… »
Or non, moi, je ne veux pas décider au dernier moment. Il ne manque pas d’acteurs (bien) qui seront plus disponibles, plus longtemps avant.
Aussi ai-je renoncé à lui – malgré ce hasard fabuleux – et le lui ai-je dit (Il était peut-être un peu étonné que je ne m’accroche pas plus). Je me demande si j’ai eu raison, mais je crois que oui.
Après tout : rencontrer les gens physiquement, ça ne veut pas dire grand-chose, ça ne signifie pas qu’on est ensemble au niveau du projet.
On s’est bien serré la main en partant.
Hier après-midi : porté scénarii + synopsis + CV à Bourboulon, rue Poissonnière. Parlé des éléments nécessaires à l’établissement du devis pour la commission CNC.
Je ne me rappelle plus comment ça s’était passé pour « Sibylle » . J’avais déposé tout seul, je crois. Il n’y avait pas besoin de devis à l’époque.
Aujourd’hui, je ne suis pas seul. Même au niveau de l’équipe que j’essaie de constituer bien longtemps avant tournage, je suis moins seul. Je repense aux remarques de ce connard de D. concernant les salaires « Tu ne peux pas payer alors tu obliger de demander… » Il me le faisait sentir, le salaud ! Rétrospectivement, je me dis que j’ai laissé glisser « plein de choses » , çà et là, plein de paroles, d’actes. Moi qui pense que j’étais impatient et que j’ai gagné en patience, je me dis aujourd’hui que j’ai peut-être été plus patient qu’il ne m’a semblé…
Et même, bien sûr, trop patient, dans certains domaines (temps qui passe – inaction – stérilité – attentisme)
Bourboulon est bien, me semble-t-il. Lorsque j’ai évoqué l’éventualité qu’il manque un peu d’argent, il a envisagé un financement complémentaire de leur part…
VÉCU- TÉLÉVISION
Tentatives actuelles :
– Clip « culturel » avec Gonzague Saint-Bris. Contacté. Laissé numéro. Rappellera ? → Moi : rappelé → rendez-vous la semaine prochaine.
– Rendez-vous avec Véronique Fregosi, à Flash Films, pour « Mélissa » . Proposer la série « vidéhorribles » ?
– Rendez-vous avec Liane Vilmont (Elle travaille à l’Ina, secteur archives). Proposer des « clips d’Histoire » ?
07/01/1987
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Des mecs, billets de banque dans les mains, qui les froissent, leur font faire du bruit avec délices… Plusieurs mecs comme ça, dans le même lieu, qui s’entre-regardent, l’air réjoui…
08/01/1987
VÉCU – SOCIÉTÉ – POLITIQUE – SOCIAL – GRÈVES – TÉLÉVISION
Aujourd’hui (comme hier et avant-hier) : coupures de courant. Grèves sauvages.
À la SNCF, les cheminots en sont à leur 23e jour de grève ou quelque chose comme ça… ! (la plus longue depuis 68…)
Ce qui m’écœure, c’est la récupération qu’en fait la CGT (j’ai vu Krasucki, tout à l’heure, à la télé, dire que les cheminots ne manquent pas d’argent pour poursuivre leur grève (et en plus, ils réclament le paiement des jours de grève, tout du moins, ai-je entendu, il est question qu’ils soient récupérés sur les congés. Je ne connais pas exactement la situation, mais je pense que si leurs salaires ne sont pas mirobolants, ce n’est pas les jours de congés qui doivent leur manquer…
Et est-ce justifié (toujours) ?
Je prépare un tournage A2 avec D. et C.
Oh que ça les fait chier, qu’ils manquent d’enthousiasme ! Et ça freine des quatre fers sur les heures de travail ! Le vieux discours !
Moi, ce n’est pas que ce que je filme m’enthousiasme (plus exactement, c’est la manière de filmer qui ne m’enthousiasme pas), mais il faudrait qu’ils aient connu, comme moi, la morsure du chômage, de l’angoisse qu’il charrie, pour qu’ils se réveillent et retrouvent le goût du travail. A2 devenant la grande chaîne publique, c’est loin d’être le cas !
VÉCU – SOCIAL – GRÈVES
(20h10)
Je suis bloqué : plus de métro. Grilles fermées (du moins sur la ligne Clignancourt-Orléans) et bus rarissimes et – évidemment – bondés.
Appelé à la maison, laissé message : on devait sortir avec Nathalie et Kes P. Dit qu’ils viennent me rejoindre…
VÉCU – PEINTURE – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « CLIP CULTUREL COROT »
Acheté bouquin sur Corot (collection Skira, par Leymarie) Très cher : 450 Fr. !
Émotion à revoir tous ces superbes tableaux, pas revus depuis 10 ans : « La cathédrale de Chartres » – « L’église de Marissel » – « Le pont de Narni » – « Vue de Florence » – « Mortefontaine » – « La femme en bleu » – « L’atelier » … et tant d’autres !
Aura-t-il fallu dix ans pour que quelque chose sur Camille Corot se concrétise… ?
Le « bonhomme » Corot.
Oui, homme de cœur, comme je veux le montrer : c’est ce qui apparaît dès les premières pages du bouquin…
VÉCU – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Fait lire « La mort dans l’œil » à Joey F. :
– « Tu as de grandes chances de le faire… »
– « Supérieur à la moyenne des projets que j’ai lus… »
– « Je suis enthousiasmée… »
Moi : « Je lis dans ta pensée que tu aimes, mais que tu trouves ça moins bien que « Sibylle » (elle l’avait qualifié d’» inoubliable » …)
Elle : « Je te fais toujours crédit de la réalisation. »
Bourboulon a déposé les dossiers au CNC.
Pas de réponse avant la troisième commission (avril)
Si le film se fait, il se fera en mai
(« En mai, fais ce qu’il te plaît… ! » )
Jean-Marc P. : toujours aussi chaleureux. Quand je lui ai dit que j’étais très isolé, il a semblé étonné, me disant qu’à sa première venue chez moi, il s’était dit : « Voilà un type qui doit aimer rencontrer d’autres gens… »
Est-ce vrai ? Je finis par me poser la question.
J’ai été franc avec Jean-Marc : lui ai parlé de mon côté « passionnel » , « ventousé » , en disant que, maintenant, j’avais tout de même rectifié le tir…
(sur qui je tire maintenant ?)
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – CAMBRIOLAGE
Hier soir, rentré et trouvé Mathilde qui m’annonce qu’on a été « visités » : ils n’ont rien volé, mais tout était répandu : ils cherchaient les chéquiers et les bijoux… Comme il n’y avait ni l’un ni l’autre !
Toujours la même sale impression.
Vie dure, violente, faite de conflits d’intérêts. C’est un combat, souvent sans affrontement direct, parfois avec… !
09/01/1987
VÉCU – PEINTURE – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « CLIP CULTUREL COROT »
Corot : « Si vous avez bon cœur, cela se verra toujours dans vos œuvres… »
Renoir : « Ce que j’aime chez Corot, c’est qu’il vous donne tout avec un bout d’arbre… »
12/01/1987
VÉCU – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LA MORT DANS L’ŒIL »
Hier, raconté « La mort dans l’œil » à Jean-Philippe B. (rendez-vous au « Père tranquille » ).
Il a beaucoup aimé et est complètement partant… !
Je l’espérais bien, mais c’est confirmé. Je suis content.
Je crois de plus en plus à ce film et je lui vois un bel avenir. Puissé-je ne pas me tromper !
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
Seul à la maison, fenêtres fermées. Le téléphone ne sonne pas.
Je repense à l’époque où je me complaisais à ce silence qui justifiait mon amertume.
Aujourd’hui : ce projet, cet effort…
Si on ne se bouge pas le cul soi-même, les choses n’arrivent pas toutes seules.
(16h55)
Parlé de ce qui précède (les choses qui ne se font pas seules) en séance tout à l’heure : « Sentiment d’injustice » disais-je. « Il ne m’arrive rien. »
Puis parlé de l’analyse : « Je laisse les choses aller à leur rythme. »
Lui (plus tard) : « Il y a quelque chose en vous de l’ordre du : « Ça peut se faire sans moi… » → il rapproche ça du « Je me laisse aller… »
C’est vrai qu’à force d’» avoir le temps » , j’ai l’impression d’être absent de mon analyse.
D’ailleurs, je suis présent, réellement présent, à si peu de choses !
VÉCU – CINÉMA
(19h45 – « Au Père tranquille » )
J’attends rendez-vous avec Jean M.. Dehors, il fait très froid et, ici, un souffle d’air glacé parvient à retardement, chaque fois que quelqu’un ouvre la porte…
Vu hier soir, à la télé :
1/ « Marathon Man »
2/ « La Dolce Vita »
Plus que « Marathon Man » , la « Dolce Vita » est un film d’auteur : le « message » de Fellini y est sensible. Transparent, même, le film laissant voir ledit message jusqu’à être inconsistant, dans sa transparence, manquant, précisément, d’opacité.
Ah, le mâle italien coincé entre ses pulsions de retour à un « primitivisme » oriento (?)-naturel et la répulsion terrorisée que lui inspire la Femme maternelle, inévitable dévoilement de la figure maternelle cachée sous le beau masque du visage d’Yvonne Furnaux.
L’a-t-il assez traité, battu et rebattu, ce thème du malaise masculin (le sien), ce cher Fellini…
Une scène m’a touché par sa simplicité : celle où le père de Marcello, victime d’un malaise au moment de coucher avec une (brave) fille, est simplement assis devant une fenêtre, tout droit sur sa chaise, demandant à son fils : « C’est quel quartier, ici ? » Et ajoutant qu’il ne le connaît pas, et pour cause : c’est le quartier de la vieillesse, de la maladie, de la mort, qui s’oppose à celui, bruyant, passant, éclairé, animé, du centre-ville où défile le carrousel des voitures de ceux qui mène la « dolce vita » … Titre ironique, s’il en est.
Mère Nature, sous les traits d’Anita Ekberg, a baptisé Marcello, dans la fontaine de Trevi, en lui versant de l’eau sur la tête et, par là, en l’initiant à cette religion naturelle (« C’est elle qui a raison, c’est moi qui me goure ! » dit-il, en la rejoignant dans la fontaine), mais Marcello n’a pas su voir que ce qu’il cherche est là, tout près de lui.
C’est ce que lui dit Yvonne Furnaux, mais il repousse avec horreur son amour « agressif, collant, maternel… »
Laissée seule sur la route, elle cueillera des chardons (je crois, des fleurs en tout cas)…
Pauvre Marcello, pauvre Federico… !
Ces quelques notes sur l’opacité nécessaire d’un film me ramènent aux dures critiques dont fut victime « L’image de Pierre » .
Je crois vraiment que toute une part du public (celle susceptibles de venir voir nos films) est devenue intelligente, cultivée. Le temps n’est plus où l’on découvrait avec intérêt qu’il existait des auteurs de films, qui avaient quelque chose à exprimer, d’une manière bien à eux.
Il faut jouer encore plus finement : conserver cela, mais en « claquant le beignet » à ce public cultivé (oui, il s’agit bien d’un rapport de forces, c’est lui qui veut ça… !) en se montrant à la fois intelligent et maître de son moyen d’expression, mais suffisamment, précisément, pour « jouer » avec le public et se montrer plus fort que lui, en le frustrant après l’avoir excité. Ce n’est rien d’autre qu’un avatar du jeu de la perversion amoureuse.
Je vois bien que ce qui plaît dans « La mort dans l’œil » , c’est la frustration finale qui les valorise en leur permettant de se dire : « Ah ! Il y a un mystère et l’auteur n’en sait pas plus que moi ! » Ce qui, somme toute, revient, sous les dehors de la perversion, à jouer le jeu de la vérité, car n’est-il pas exact qu’on n’en sait pas plus que ses spectateurs ? Mais l’honnêteté n’égale pas la naïveté… En 1987, malheur aux naïfs, ce sont les grands vaincus d’aujourd’hui !