Carnet 35

Carnet 35 – Du 20 décembre 1985 au 21 mars 1986

 

20/12/1985

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

Je suis vraiment anxieux de connaître les réactions à « Mélissa ».

On est vendredi, je devrais avoir le texte mardi prochain (cadeau de Noël !). Je suis plus sceptique sur les dessins. Pourquoi les dessinateurs mettent ils toujours autant de temps à faire les choses ? (Ou plutôt à se décider à les faire…) (Est-ce parce qu’il s’agit d’un travail de commande ?)

 


Ce qui me plaît dans « Mélissa », c’est sa perfection, sa pureté. Pas un atome de graisse. Un film « musclé » (cf. moi = gros…)

 

VÉCU

 

(20h10)

 

Bloqué par grève de métro (pas pu aller à séance), suis dans un bistrot, essayant de téléphoner à G., mais queue terrible au téléphone !

Dehors : embouteillages…

Prise d’otages au palais de justice de Nantes. C’est surtout la télé que voulaient les truands (au moins autant que la liberté) (*)

 

(21h35)

 

(*: La meilleure preuve en est : un flash spécial à l’instant : ils se sont rendus… !

 

LANGAGE – ÉCRITURE

 

Une faute de langage de quelqu’un à la télé :

« Devant l’église du visage… »

 

21/12/1985

 

CINÉMA – ACTEURS

 

Oshima dit : « Il ne faut pas expliquer aux acteurs. Si vous expliquez, vous obtiendrez ce que vous voulez, mais vous perdrez tout le reste… »

 

Encore et toujours le rapport de forces… ! Pourquoi ? Pourquoi ça : « Vous perdrez tout le reste… »

En première analyse, ça peut passer pour une volonté de laisser l’acteur libre, de ne rien lui imposer afin qu’ils ne soit pas obnubilé et ne perde pas son inventivité…

Mais, à y regarder de plus près, n’est-ce pas, plus subtilement, un manque de confiance en l’acteur, l’incrédulité devant l’idée qu’il puisse à la fois écouter et ajouter, c’est-à-dire, en fait, une telle volonté de contrôler qu’elle se transforme en son contraire… ?

 

MUSIQUE

 

« Spring Song »

Sibelius

(entendu dans voiture avec Mathilde)

 

29/12/1985 

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

(0h

 

Aujourd’hui : fait les comptes  déprime considérable.

J’envisage d’arrêter l’analyse (Je dois déjà 3000 Fr. à G.…) Plutôt, si possible, de l’interrompre

Pourtant, ces derniers temps : une satisfaction = terminé « Mélissa » (tapé – tiré – envoyé (à des copains)

Mais, là encore : envisager l’échec (j’ai relu les notes de lecture sur la première version : cette sacro-sainte psychologie… !)

En quelques jours, à la télé : deux films cités en référence : « L’homme qui rétrécit » et « Les chasses du Conte Zaroff… »

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – DÉPRESSION – MORT

 

Derrière ma déprime se profile la mort…

Comme toujours…

Mais, riche, en serais-je moins mortel ?

Non, mais cela me permettrait de jouir mieux de ma vie…

 

31/12/1985

 

VÉCU – CINÉMA – SENTIMENTS 

 

Je vois la lumière jaune du ciel matinal (un petit bout), par la fenêtre et je me dis que seule la lumière du soleil est (relativement) immuable, une fois passée la couverture des nuages… Soleil, nuages, qui influencent notre humeur, nos joies et nos tristesses.

Je pense à ces accélérés fantastiques de la Terre vue de très loin avec ses écharpes de nuages virevoltant autour d’elle…

Qu’est-ce que donnerait un accéléré des sentiments humains ?

 

1986

 

01/01/1986

 

VÉCU – CLASSE PRÉPARATOIRE À L’IDHEC – MÉMOIRE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION – DÉPRESSION

 

À la télé : je regarde « Hatari »… et je repense à Voltaire, à Jean-Noël C., à Jean-Jacques S., à la séance où C. avait passé la bande son d’» Hatari », dans le préfabriqué de Voltaire, Édith P. amoureuse de Jean-Jacques, je repense à tous ces gens à qui je me sentais si inférieur. Pourquoi ? Parce que, devant mes frustrations, moi, je me mettais en colère. Cette colère en moi m’étouffait. Je les voyais comme au-dessus de ça… Capable de se comporter avec élégance, contrairement à moi, balourd, grossier, inélégant, infantile.

Je sais maintenant que ce que je leur attribuais (à tort ou à raison), c’était la capacité de résister correctement ou plutôt d’accepter la frustration suprême : la mort…

 

Je commence cette année dans la déprime. La vie est violente (et lente)…

 

07/01/1986

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – HOMOSEXUALITÉ – TÉLÉVISION – ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

Café en bas TF1. Je sors du bureau de Marc B..

Ce type est adorable avec moi.

Il y avait là, au secrétariat, la dénommée Viviane, l’antillaise avec qui j’étais allé à Lille voir Rachida…

Elle me faisait la gueule. Je ne savais pas pourquoi, je le lui ai demandé, elle m’a dit que je lui avais dit quelque chose de « blessant et grossier », mais n’a pas voulu me dire quoi. Je reconnais bien là la susceptibilité antillaise.

Je ne sais pas ce que j’ai pu lui dire, (peut-être évoqué un désir homosexuel pour Rachida ?)

Elle a eu cette attitude butée et « silencieuse », à la Colette, mais j’ai senti qu’elle n’était pas si fière que ça de son attitude

 Je vous le dirai quand j’aurai fait le ménage dans ma tête, j’ai votre numéro… ») + j’ai parlé des gens qu’on aide et qui s’en foutent, ou que l’on veut contacter en vain : « Si vous me mettez dans cette catégorie… »

 

« Melissa » : Marc B. l’a commencé. Il vient dîner le 31, on en parlera. 

Véronique F. débordée au téléphone.

Nicole Ricard : j’essaye de la coincer demain.

 

Il faut continuer à me battre.

Tout à coup, en une sorte de flash, m’apparaît le côté fantastique de ce projet, ce qu’il aurait d’original tout en étant agréable (dixit Dominique M.), c’est-à-dire populaire…

Il faut faire Mélissa !

 

J’ai une (petite) mission. Je le vois vraiment comme ça. Et j’en tirerai bénéfice… Il y a là une modernité et je serai un de ce qui y auront participé, mais pas la modernité « branchée » des groupes rock, une modernité qui a ses racines dans une filiation = cinéma fantastique + « serials »…

 

VÉCU – ARGENT – DETTES

 

J’ai fait une demande de crédit personnel de 30 000 Fr. !

Obligé pour payer dettes immédiates (loyer en retard – Jocelyne en retard – G. en retard – etc.)

J’attends la réponse.

 

TRAVAIL – TÉLÉVISION

 

Boulot pour survie :

 

 – Cette semaine à Lyon : TVR

 – Marc B. me fait faire 2 directs

 – Contact avec S. de l’UAP (rendez-vous mardi prochain)

 – Je cherche à joindre Jacqueline J. pour exploiter retombées favorables du feuilleton Sertis.

 

VÉCU – ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » – PROJET « L’IMAGE DE PIERRE » 

 

Dans la série « mauvaises nouvelles » :

 – Refusé au prix Apple

 – Jean au CNC : « L’image de Pierre »  = « pervers, tordu, compliqué… » – « Semble relever d’une conception aberrante du cinéma… » (! ! !)

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – ARGENT

 

Mathilde : engueulade à cause Victor à qui je disais que je voulais être respecté, mais que je respectais aussi ceux qui vivent comme lui, pour l’argent. Exempte : j’ai soutenu Mathilde dans son entreprise alors que j’aurais pu exiger qu’il en soit autrement. Mathilde : « Je ne te dois rien ! »  Les ai plantés là et suis allé me coucher.

Un mot de Sabrina : « Nous (id est : la famille U.), on n’aime pas les gens cultivés. Mais ce n’est pas grave : tu peux la laisser en entrant… »

Quel merveilleux résumé !

On croit rêver tant c’est précis !

Ces gens-là ne fonctionnent qu’à deux choses. L’argent ou la notoriété… Mais si l’on n’a ni l’un ni l’autre…

 

VÉCU – FEMMES 

 

Olivia L., rencontré l’été dernier à fête Pierre D. : l’avait désirée (vaguement). Elle m’a relancé plusieurs fois (par amitié, intérêt personnels et professionnel).

M’avait invité à une fête. N’y suis pas allé, ne me suis pas excusé.

Ras-le-bol des désirs inassouvis et des tentations ambulantes et sereines…

 


Dans un café : rencontré Salma. Voulais l’appeler. M’a dit n’avoir pas le téléphone. Lui ai donné le mien. A dit qu’elle m’appellerait (? ? ?) 

 


En ce moment, avec les femmes, ça ne marche jamais ! (Cf. Marguerite rencontrée par Quintin. Lui ai joué franco : vous veux. Appelez-moi si vous me voulez… pas appelé

Caroline : écrit lettre tendre. Pas de réponse. Téléphoné pour demander raison du silence : pas de raison !

 

Ah, si j’étais beau !

Ce serait différent…

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

Jusqu’ici, les réactions à « Mélissa » sont toutes favorables :

 

 – Christophe V. + +

 – Zyf + +

 – Laurent H. + +

 – Nathalie P. + +

 – Franck B. + +

 – Michel F. + +

 – Dominique M. + +

 – Quintin + +

 – Jean-Marc Cappa +

 – Régine (copine Victor) +

 – Anne-Marie R. (Sertis) +

 – Solange V. +

 

Quelques remarques de ces gens-là :

 

V. : lorsqu’on apprend la motivation de Zoltan (pygmalionnisme), ça paraît dérisoire : il faudrait creuser l’ambiguïté sadique de Zoltan.

 

Ne comprennent pas la fin (le tournage) : Mathilde – Jean-Marc – quelqu’un d’autre (?)

 

F. : les deux filles sur les genoux du metteur en scène = faute de goût + ne pas le tourner en vidéo

 

Dominique M. : il reste quelque chose après lecture – mais voudrait plus de psychologie des personnages.

 

Jean-Marc : « agréable »…

 

Anne-Marie R. : préférable en série où on retrouverait un personnage + ne comprend pas la réalisation des trucages. 

 


Tout à l’heure appelée Nicole Ricard. Elle m’a donné un rendez-vous le 15 !

 

09/01/1986

 

VÉCU – ARGENT – BANQUE – TÉLÉVISION

 

Téléphoné Mademoiselle Sonnet 42 61 51 81

17 h téléphoner J.

 

10/01/1986

 

VÉCU – TÉLÉVISION – ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

Lyon. Deuxième jour ici pour la TVR. Ça s’est bien passé (premier journal télévisé. En fin de journée : j’avais un coup de barre, aussi : petite merde au début : j’ai lancé un magnéto trop vite, mais c’est aussi à cause des papelards qui n’étaient pas clairs…)

Hier, le hasard a fait que le producteur d’une des émissions que j’avais à faire a eu l’idée de mettre des gens assis sur une platine d’électrophone (avec un disque qui tournait) : ça m’a rappelé quelque chose !

Ça m’a d’ailleurs amené à réfléchir à « Mélissa » et je pense que F. a raison : il faut dramatiser au maximum et ne pas compter sur les trucages. Ils apporteront une note, une couleur particulière, mais pas plus. La peur, la tension reste à construire…

Le choix des cadres, les mouvements seront à cet égard capitaux 

 


Retrouver la nécessité du découpage de « Sibylle ».

 

PEINTURE – ÉCRITURE – PROJET « L’IMAGE DE PIERRE » 

 

Pour peinture « Image de Pierre » :

Pandro Quilici

(exposé en janvier 86 à la galerie du Dragon)

 

13/01/1986

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

Une (la première) réaction défavorable à « Melissa », celle de Sabine R.-N. (lui évoquent « Batman », elle n’aime que la psychologie). Elle reconnaît que c’est « bien ficelé »…

Par contre, autre réaction favorable :

 – Karen, sa copine Marion (« bien mené »)

 

FEMMES – TÉLÉVISION

 

La fille rencontrée au bistrot (tunisienne, Salma) n’a, bien sûr, pas appelé… !

 

Tout ça est d’un prévisible !

Idem, professionnellement, je rappelle Monsieur Le Bris, de FR3 Rennes, qui disait si fort qu’il ne se laisserait pas imposer de réalisateurs par C. : il me fait dire de m’adresser à lui !

C’est d’un grotesque !

 

14/01/1986

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE »  – TÉLÉVISION

 

Autres bonnes réactions à « Mélissa » : celles de Régine, de TF01 et de son mari. À prévoir, d’ailleurs, un inutile déjeuner avec eux…

 

(16h45)

 

Je sors d’un rendez-vous avec S. de l’UAP. Films à faire (peut-être) pour le Service Audiovisuel de l’UAP (film de formation, avec acteurs). Mais pas tout de suite (Mars ?) Ma situation immédiate reste très préoccupante…

 

12/01/1986

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE

 

« Tout d’abord une nuit formidable (lingerie et amour, baise etc.) ensuite matinée formidable (culotte très large, baise amour etc.)

Ensuite restaurant où tout ce qui précède m’obsédait durant tout le repas

Une fois n’est pas coutume, c’est Mathilde qui se sert du petit carnet rouge.

Je vous aime, Robert Cappa » (écrit par Mathilde dans mon carnet)

 

Commentaire du 21 avril 2018 :

 

Ce sont des élans comme celui-là – absolument magnifique – qui me la rendaient précieuse et m’attachaient à elle, malgré les obstacles névrotiques en moi.

 

   Commentaire écrit à 71 ans

 

16/01/1986

 

(0h30)

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE »  – TÉLÉVISION

 

Hier, rendez-vous avec Nicole Ricard.

Je lui ai remis le scénario de « Melissa ». Elle a été charmante, pas du tout brutale comme elle l’est parfois.

Seule ombre à mon espoir : les menaces d’» hersantisation » d’A2 qui stopperait la production.

F. a vu Capin : il a été réticent il y a cinq ans, car, dit-il : « Les Français n’ont pas la tête fantastique »…, mais les choses ont changé en cinq ans. Il y a, je crois vraiment, cet « appel d’imaginaire » dont je parle dans mon bla-bla de fin de scénario.

 

Enfin réussi à joindre Catherine M., lectrice à la SFP. Charmante également. Quelle différence avec le monde du cinéma !

 

Une remarque de Nicole Ricard : coproduction argentine peu souhaitable. Le faire en Espagne (les extérieurs)

Autres réactions positives :

 – Michèle H.

 – Sylviane (Claverie) 

 

17/01/1986

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE »  – TÉLÉVISION

 

Marc B. va (?) m’obtenir un rendez-vous avec David Niles. C’est Nicole Ricard qui a prononcé son nom, disant qu’ils étaient intéressés par des co-pros, évoquant l’équipement de David Niles, mais disant qu’ils n’avaient pas le temps de démarcher…

 

(19h15)

 

FEMMES – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

Me revoici dans « mon » tabac (l’Obligado ! Ça a tant fait rire Jean M.… !)

Parlé avec Régine (TF 01) tout à l’heure. Elle a été étonnamment sincère sur elle-même, aussi l’ai-je été aussi, parlant de mon problème avec le désir des femmes…

Elle m’a dit alors une chose toute simple et qui a touché juste : « Si tu te trouves gros, fait en sorte de maigrir… ! »

Je me suis alors aperçu que je désirais plaire tel que je suis, c’est-à-dire gros ! Que je n’étais pas prêt à suivre un régime, à faire du sport, dans le but d’être assez plaisant pour avoir des aventures… Ai parlé de ce que je crois être (?) mon véritable désir : trouver une femme que j’aime et qui m’aime, que je désire et qui me désire et m’arrêter à elle, jusqu’à la fin de ma vie.

J’ai alors évoqué la culpabilité que cela entraînait en moi vis-à-vis de Mathilde…

 

Plus j’y pense et plus je me dis que j’oublie l’amour, dans tout ça… 

 


Elle a dit aussi : « Je ne suis jamais sortie avec des hommes beaux, car c’est sale à l’intérieur… » et « Je ne ferme jamais les parenthèses… » 

 


Je repense au « Maigris… » et je me demande (cf. G.) si je ne cherche pas à me (faire) plaindre de ne pas séduire

 

ÉCRITURE

 

Caisse d’oncle ? dit-il.

 

MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION – FEMMES

 

(02h)

 

Beaucoup parlé de cette conversation avec Régine en séance tout à l’heure.

G. m’a montré le paradoxe dans lequel je la piégeais. Je distribue les cartes.

Je dis que j’en cherche une qui me désire gros. Il dit : « C’est autre chose, ça, c’est comme la privatisation de la télé… (j’en avais parlé comme de quelque chose qui m’empêcherait de faire « Mélissa » et que je redoutais…)

Ainsi une femme qui me désirerait casserait-elle mon jeu, c’est pourquoi (autant que la privatisation de la télé), je la redoute.

Quant à Mathilde, elle est cette femme, mais, comme dit G. « Ça ne vaut pas… ! » (Ça m’a beaucoup fait rire. J’ai ri puis ajouté : « Je ris, mais c’est le drame de ma vie ! »)

 

Oui : chose importante pour moi : ne pas être désiré, croire que je ne le suis pas, ne peux pas l’être.

 

Après tout, c’est, sous d’autres formes, la continuation de ce qui se passait avec Colette…

Dans un cas, je pousse mon désir à fond, dans l’autre, je le ramène à zéro (blocage de toute demande sexuelle. Focalisation sur la masturbation). 

 


Oui, vraiment : très désagréable de découvrir qu’on est soi-même à l’origine de ses propres échecs, de ses propres frustrations, de ses propres souffrances. Surtout de découvrir qu’on ne peut plus faire quelque chose qui est si commode : accuser l’autre… ! C’est vexant pour moi, je me sens battu car mes reproches ne fonctionnent pas. 

 


J’imagine que Colette, elle, a dépassé le stade des reproches. Elle est au-dessus de ça. Ça me met en colère. La même colère ancienne, qui revient…

 

20/01/1986

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

Autres réactions à « Mélissa » :

 – Olivier D. : « J’ai bien aimé… » Mais n’a pas compris la toute fin. Décidément : à clarifier…

 – Alain I.-C. : pas amateur de fantastique. A pourtant marché. Suggestion : premier jeu sans savoir à quoi ça sert. (Nota : ça retombe quand on sait « à quoi sert » Cora (certainement non négligeable dans sa réaction : le fait qu’il est lui-même scénariste, « en concurrence » avec moi). A aimé le côté « télévision dans la télévision »… Trouve que Cora ne doit pas être caricaturale, la voudrait plus ambiguë (pas gênant que Zoltan = caricatural !) A été dérouté. Aime être dérouté. Aimé côté manipulation, aime être manipulé !

 

21/01/1986

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

Autre réaction positive : Frédéric Bourboulon : « Ça fonctionne bien » Ça repose sur l’actrice jouant Mélissa = plusieurs registres.

 

22/01/1986

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

Notes pour « Mélissa » :

 

1/ Pourquoi, pendant fuite Simpson-Mélissa, leur voiture ne tomberait-elle pas en panne. D’où  fuite à pied dans beaux paysages…

 

2/ Mélissa avec bandeau, quand on l’amène au domaine : un pano, après l’avoir suivi en gros plan qui la quitte et va sur… sur quoi ? sur le lieu ou sur Zoltan l’observant (idem Cora ?)

C’est la jouissance du spectateur dont le regard fonctionne alors qu’elle est en proie à la castration.

 

 – Pour générique (?) je tourne autour de l’idée d’une ballade en travellings enchaînés de très gros plans sur câblages électroniques, transistors, circuits imprimés, etc.

 

Relié à Mélissa elle-même, mais comment ?

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE

 

(14 h)

 

Déjeuné avec Mathilde. Je ne sais plus comment, la conversation vient au sujet de la séduction des femmes par les hommes. Mathilde dit que c’est « naturel » qu’il en soit ainsi (que les hommes fassent les « travaux d’approche »…)

D’où colère chez moi. Je lui dis que j’ai la haine des femmes et que je lui en veux a elle que notre relation ait mis tant de temps à s’établir.

 

Maintenant je me sens honteux, coupable de cette colère et dévalorisé, affaibli par elle…

 

Au cours de la conversation, Mathilde a rejeté les choses sur moi. C’est bien cela qui me court en tête. J’essaye désespérément d’accuser les femmes, mais c’est ma propre responsabilité qui me revient à la gueule.

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

Revenons à « Melissa », ça, au moins, c’est concret. Autre bonne réaction : Renaud B.…

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION – ÉCRITURE – FEMMES 

 

Finalement, je fais payer aux femmes que je rencontre la note de toutes celles qui ne m’ont pas consommé… 

 

23/01/1986

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE »  – MISE EN SCÈNE – TRAVAIL – CHÔMAGE

 

Les paroles de Jean R. sur nécessité de ne pas filmer platement un scénario + conversation téléphonique hier avec Michel F. sur nécessité de se poser problèmes de mise en scène m’amènent à me poser des questions sur moi-même, sur mon peu de préparation à la mise en scène.

Dès que problème : solution scénaristique. Exemple : quelques lecteurs ne comprennent pas la fin de Mélissa (tournage feuilleton). J’en parle à F. et lui propose :

Solution 1/ série de flashs montrant départ de Mélissa et Cora, leur installation ensemble, Cora allant à un casting avec Melissa qui est engagée aussi  épilogue

ou solution 2/ petite phrase de Cora avant ou après verre jeté à figure Zoltan.

Il me répond : « Moins fort que ce qui est écrit… » Se demander comment donner sensation du temps passé et de l’échec de Zoltan (cheveux ? – vêtements- ?) trouver solution de mise en scène !

Il a raison.

Il est temps que je réagisse en metteur en scène !

 

(15h30 bistrot « Comédiens » face Buttes-Chaumont)

 

À toute description, préférer l’action ! (Exemple : sur le plateau de Zoltan, il faudra savoir qui fait quoi…)

 


Croisé Daniel L. qui me dit que, pour la fiction, tout est bouché et que même des gens qui ont vingt ans de métier dans la fiction n’arrivent pas à travailler…

 

24/01/1986

 

CINÉMA – VÉRITÉ – ÉCRITURE – PROJET « MÉLISSA »-» LE DRAGON ROUGE »

 

(Bistrot « L’Écluse » aux Halles, celui du foie gras délicieux et de la tranquillité…)

 

Je lis dans le Nouvel Observateur un article sur le film « L’histoire officielle » de Luis Penzo (argentin).

Il y est dit : « François Truffaut jugeait infilmable l’horreur des camps de concentration nazis. Son argument principal : il serait immoral et mensonger de faire interpréter des morts vivants par des figurants maigres… »

 

Face à ce problème, Zoltan dirait : « La solution est de faire vraiment maigrir les figurants, de les soumettre aux même mauvais traitements. Là, on obtiendrait quelque chose que non mensonger. » Mais d’immoral ?

Bien sûr, une autre immoralité

 

TÉLÉVISION – ÉCRITURE – PROJET « MÉLISSA »-» LE DRAGON ROUGE » – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

Eu Sidonie Herman, de chez David Niles, ce matin, au téléphone.

Rendez-vous pris non pour la semaine prochaine, mais pour celle d’après…

 

Vieux coup de blues aujourd’hui. Je vois se reprofiler le spectre de l’échec, de l’enlisement dans les sables du néant. Ce genre d’expériences qui me font me dire qu’à tout prendre, ma colère d’autrefois était préférable à cette résignation à laquelle il faut me résoudre, ne trouvant à ma vie aucun motif d’excitation, de joie, vivant mon quotidien dans une morne habitude, ne m’évadant que dans le rêve stérile de la masturbation, ne croyant peu à peu plus à l’amour, conservant au fond du cœur une terrible haine des femmes, une terrible jalousie, une terrible sensation de temps gâché…

 

Bouffée de rage en moi, soudaine, contre Colette qui m’a vu écrire « Mélissa N°1 », m’a vu essayer de le proposer, m’a vu subir des refus, sans un mot d’aide, de consolation, de soutien…

 

Envie soudaine de lui écrire pour hurler, comme dans le temps, que, cinq ans plus tard, je reprends le même combat, seulement plus usé, plus fatigué et qu’elle n’en sait rien, n’en veut rien savoir, aveugle, sourde à mes cri, comme toujours, et que je la maudis jusqu’à sa mort d’être coupable de silence !

 

Oui, je sais : « Pas coupable d’être soi-même… »

Autant accuser les montagnes être immobiles sur fond de ciel ou le soleil de se lever le matin.

 

Quelle solution ? Partir, tourner le dos à ceux qui, en étant eux-mêmes, nous font souffrir ?

Oui, c’est la solution que j’ai choisie, jusqu’à ce que je ne puisse éviter histoire d’amour avec la mort, cette super-Colette, aveugle, sourde elle aussi, est de plus en plus meurtrière… Sans passion… !

 

26/01/1986

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÊVES – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – ARGENT – POUVOIR – ÉCHEC

 

Plusieurs choses à noter :

 

 – Remarquer la fréquence actuelle de mes fantasmes masturbatoires à base d’adultère.

Un mari et une femme vont dans une soirée au cours de laquelle la femme couche avec un autre homme. Le mari est sollicité par une autre femme. Ils assistent ensemble aux ébats de la femme. La femme qui sollicite le mari est parfois noire. L’épouse et l’autre femme se retrouvent dans la salle de bains, ont des rapports homosexuels et se livrent à des rapports à trois avec le mari ou l’homme avec qui l’épouse est allée.

Je sens confusément que cet adultère me renvoie un adultère (redouté et fantasmé) de mes parents.

 

 – Conflit avec Mathilde à propos de son frère Victor dont je suis jaloux. Échange de phrases révélateurs :

Mathilde : « Je comprends que tu te révoltes parce que personne ne t’a aidé… »

Moi : « Je n’ai pas eu de sœur, moi, pour faire affaire avec moi…

 

Je note connotation sexuelle de ce « faire affaire » ensemble…

 

Nostalgie d’une sœur et de rapports incestueux avec elle.

 

 – Ce midi : repas avec parents de Mathilde, elle, Victor et moi.

 

Je parle de la vendeuse qui travaille pour lui en centre commercial, disant qu’elle me paraît « bien ».

Il explique que, rentrant d’Asie, il lui a dit : « Si tu faisais ce chiffre (d’affaires : minable), pourquoi tu n’as pas remballé ? » J’interviens, disant qu’il ne l’aurait pas accepté.

Il m’explique, me traitant de « con qui ne comprend rien » qu’il l’a dit exprès, pour la « faire flipper »… et que si elle est « bien », c’est parce que lui, alors qu’un jour elle envisageait de céder aux sollicitations d’un autre commerçant, a su « taper du poing sur la table » et se faire respecter.

Je dénonce cette attitude perpétuelle de rapports de force, de manipulation des êtres comme des objets.

On s’en tient là.

 

Je me sens triste, cet après-midi, à la suite de ça.

Les êtres « efficaces », adaptés à cette société de rapports de forces et de manipulation, nous conditionnent et nous sommes obligés de nous aligner sur eux, nous, les inadaptés, les faibles, les loosers.

 

À noter qu’au-delà d’une apparence de divergence morale et d’une idéologie de la dignité et du respect, c’est bel et bien, en effet, de jalousie à l’égard d’un homme qui obtient ce qu’il désire qu’il s’agit chez moi.

 

Ce pouvoir de l’argent me fascine et me révolte, comme le pouvoir du cul chez les femmes.

D’où cette attitude dépourvue de sérénité qui confine au désarroi.

 

Encore constaté-je que je ne me sens plus diminué par un conflit de ce type.

 

Si je suis un « looser », encore convient-il que je l’assume…

 

C’est un choix de vie chez moi.

 

Si l’on savait tout ce qu’on choisit sans même le savoir !

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

J’entrevois déjà un nouvel échec avec « Mélissa » et ne sais comment m’y préparer…

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – ARGENT – POUVOIR – ÉCHEC

 

Re-engueulade avec Mathilde au sujet de Victor.

Elle : « Moi, j’accepte la différence… » et : « Si tu as échoué jusqu’ici, c’est peut-être toi qui l’as voulu… »

 

SANTÉ

 

Je ne parle jamais ici de mes douleurs dans les bras (surtout le droit).

Il va falloir que j’essaie de faire ces analyses (calcémie) pour que le toubib me file du calcium (revoir Monsieur Bouzitat ou retourner chez Colas ?)

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION – DÉPRESSION – SEXE – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

En ce moment, je me sens très mal, mais c’est insidieux, ça s’est installé en douce en moi, je traîne un dégoût terrible de la vie et surtout de moi-même…

 


Le lit pue tellement je me masturbe et m’essuie sur les draps ou me couche après m’être masturbé sans me laver…

 


De temps en temps je sors les photos nues de Colette et me masturbe dessus…

 


Si Mathilde savait tout ça 

 


Ce malaise, en ce moment, c’est le sentiment de castration.

 

C’est pourquoi je regrette mes colères (encore qu’il m’en reste quelques-unes) : la colère, c’est avant

 

Cette impuissance, c’est après…

 


 (04h)

 

(Je viens de le refaire) (me masturber)

 

27/01/1986 

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Je viens d’appeler Alex. Parlé longuement de lui, de psychanalyse.

Demandé nouvelle de Colette. Il m’en a donné : elle est enceinte…

 

Cette nouvelle me touche, tout de même. Elle marque – concrètement, réellement – la fin de notre histoire.

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

Ce matin, alors que Mathilde partait, l’ai engueulée, lui ai dit que je lui en voulais.

 

Elle m’a rappelé, malheureuse.

J’ai eu un mot raisonnable : « Je suis parano et je cherche à t’entraîner dans ma parano… » 

 


Bienheureux ceux qui ne se mettent pas en colère…

 

(02h)

 

AGNÈS

 

(2h du matin)

 

Aujourd’hui, ce soir, suis sorti dîner avec Karen et Marion.

Rentrés après le repas (métro).

Rentré à la maison, ai fini de lire « Belle du seigneur ». Lu la fin, leur suicide.

Bel et grand amour que le leur, qui préfère se saborder que de se rendre au temps qui l’assiège et le grignote.

C’est si important, l’amour, bien plus important que mes misérables préoccupations de plaire et séduire.

C’est bien ce que j’ai compris, ce soir, et en dînant et en lisant, les deux mis bout à bout, d’abord cette preuve que je peux plaire à une femme, en ne la soulageant pourtant pas de sa souffrance puisque je ne lui apporte pas l’amour… Puis cette image d’amour et de mort, de temps qui passe et quand je lisais Ariane se remémorant son enfance, je pensais à Agnès, à l’enfance d’Agnès.

Oh, pourvu que j’ai le temps de vivre assez pour lui dire combien je l’aime, mon enfant chérie, mon « petit bouchon », ma Gnouche, ma Gnouchy !

Oh, grand amour de ma vie, sache combien ton père t’a aimée. Je pleure en te l’écrivant. Je voudrais tellement que tu sois heureuse. Tout à l’heure, j’ai pensé au garçon qui viendra dans ta vie et j’ai eu un élan vers lui, le désir de l’aimer, comme un fils, par amour pour toi.

Je ne peux pas regarder les photos de ton enfance sans frémir, de culpabilité, de souffrance. J’enrage de voir que certaines, inexplicablement, se sont collées les unes aux autres…

 

LECTURE – COHEN – « BELLE DU SEIGNEUR » – AMOUR – PASSION – RÉFLEXION

 

Solal, courageux Solal, que je t’admire de ton courage de mourir avec ta bien-aimée.

Je me rappelle Inès me disant : « Tu m’aimes ? Alors sautons par la fenêtre ensemble… »

 

J’ai pensé à commencer une phrase par « O, saloperie de temps… », mais non : pas salaud, ni bon ni mauvais. D’où vient la morale, le bien et le mal ? Juste de cet instinct de vie en nous, du biologique… Mais d’où vient cet instinct ? Qu’est-ce que le plaisir ? La souffrance ?

Le plus difficile à admettre : n’avoir jamais d’explications… Que les choses soient, tout simplement, sans passé auquel remonter, sans avenir qui dénouerait tout…

Je suis la conscience par laquelle l’Univers se referme sur lui-même, se boucle et (se) réfléchit…

 

Je me sens si petit, j’ai si peur dans tout cet espace. Mais je sens, étrangement, la sérénité au fond de moi.

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

À ce mouvement intérieur de ce soir, la nouvelle de la future naissance d’un enfant de Colette et Marc n’est pas étrangère.

Si tu as trouvé l’amour, en dehors de moi, sois heureuse…

 

ÉCRITURE

 

Un titre (pour quoi ?) :

« Ce ch’minement… »

Quel est-il, ce ch’minement ? (Le mien ?)

Avait d’abord pensé à :

« C’t’acheminement… »

Acheminer quoi ? Par quels chemins ? Quelles fondrières ?

 

29/01/1986

 

SANTÉ

 

Douleurs dans le bras droit de plus en plus fortes…

 

Je vais retourner consulter…

 

30/01/1986

 

LECTURE

 

À lire :

« Gödel Escher et Bach » de Douglas Hofstadter (Inter Éditions)

 

31/01/1986

 

VÉCU – TÉLÉVISION – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION – RÊVES

 

Cette nuit, j’ai rêvé que quelqu’un me disait (une femme, je crois…) : « Tu ne sais pas te vendre… » (phrase entendue dans la réalité ( Alain L.).

 

03/02/1986

 

(15h15 Obligado)

 

TÉLÉVISION – AGNÈS – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

Appelé Gilles D. ce matin.

« Tu fais toujours de la télé ? Je ne te vois plus ! » (…) « Tu es aujourd’hui comme si tu avais démissionné hier… La fiction à la télé, ce n’est pas la fiction… Il faut cesser de la considérer comme l’aboutissement suprême… »

Je garde de cette communication téléphonique une sorte de sentiment nostalgique, une peine étrange, un parfum de mémoire où ma vie me revient en pleine gueule, toutes ces années passées en un clin d’œil (leurs filles ont 25 et 23 ans !)…

Je suis bien à l’époque du bilan et il n’est pas très réjouissant… ! Je n’ai pas su faire… Mon analyse me montre que je n’ai pas voulu savoir faire

Inconnu (pas seulement du public) après 10 ans de métier… !

Cette tristesse prenante est d’autant plus lancinante que ce coup de fil recoupe une conversation hier soir dans la voiture avec Agnès où il s’avère qu’elle a repris la « thèse » de ses grands-parents maternels (et de sa mère) selon laquelle ma mère est « responsable » de ma séparation avec Jocelyne, donc de son propre malheur à elle, Agnès…

Elle a exprimé aussi, avec une netteté qui m’a sidéré, qu’elle s’était chargée d’un poids trop lourd pour elle (cf. G. m’expliquant qu’elle devait à la fois trouver du plaisir à la situation du divorce et en même temps s’en sentir coupable…)

 

Je lui ai expliqué, comme jamais, je crois, aussi clairement qu’une des raisons de mon départ était que j’étouffais dans ce cadre de vie (parents de Jocelyne) et lui ai expliqué que les vacances de Noël 77, j’avais demandé à Jocelyne que sa mère ne vienne pas, qu’elle n’en avait pas tenu compte et que j’étais donc parti, en janvier 78.

 

Mais – chose importante – j’ai su, en y réfléchissant, lui dire que je méprisais ses grands-parents parce que moi, j’étais un « artiste ».

Lucidité sur moi-même bien désagréable surtout qu’auJ. je suis confronté à la non-réalisation de ce projet originel.

 

Orgueilleux sans ambition, prétentieux sans moyens, fantasmeur sans préparation.

 

Qu’il est cruel, le sévère jugement de Françoise D. qui me revient, par-dessus les années. Cruel mais juste !

Je n’ai rien su construire, ni ma vie ni mon œuvre…

 

TÉLÉVISION – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

(19h25 tabac Le Malar coin rue de l’Université près de Cognacq-Jay)

 

J’attends dans ce bistrot l’heure du début du travail sur l’émission « Transcontinental ».

C’est émouvant parce que ce sera la première fois que je réaliserai « officiellement » sur le studio 4 qui est le studio où j’ai commencé comme assistant, il y a 15 ans !

En même temps, je mesure à quel point ces quelques lignes recoupent ce que j’ai écrit plus haut… !

Cet après-midi : séance… Ai pleuré comme peut-être jamais auparavant… 

 


Ce qui émerge de mes larmes, c’est la culpabilité…

 


G. en séance, après mes pleurs (plutôt au milieu d’eux) :

« Ce que vous vivez là, vous l’avez vécu avec votre père… »

 – « Ce chagrin ? »

 – « Ce chagrin, ces reproche, ces promesses… Vous étiez un petit enfant qui se sentait très coupable… »

( reproches = sa menace d’arrêter la cure + la fin des séances + promesses = « Je vous respecte. Je suis honnête. » 

 


On me dit ce qu’il faut faire, ce qu’il faut être.

Non, je ne veux pas confondre force et violence, sérénité et indifférence, communication et verbiage, existence et exhibition…

 

04/02/1986

 

TÉLÉVISION – AMIS – GILLES D. – ÉCRITURE – PROJET « L’IMAGE DE PIERRE »

 

Bistrot (ex le Laffont, coin rue de l’Université-avenue Rapp)

Je suis là, seul. J’ai acheté, une fois de plus, une revue de cinéma (Positif) et j’ai lu une interview de Claude Miller sur ses débuts dans le cinéma.

 

Ma mélancolie ne me quitte pas, tenace, profonde.

 

Je constate avec inquiétude que je me sens de mieux en mieux seul

 

(Ce n’est qu’apparence, bien sûr) 

 


J’hésite à faire ce que j’ai dit : faire lire « Mélissa » à Gilles D..

« J’ai la dent dure… » a-t-il dit. En effet, il a toujours eue… Et l’ironie facile.

 

L’ironie – trait commun à tous ces gens qui m’ont tant complexé : J., D. et tant d’autres…

 

Je pense que si Gilles D. critique tellement la fiction à la TV (qui est effectivement souvent médiocre), c’est qu’il n’est pas un auteur et n’a jamais été motivé pour faire les bureaux avec son scénario et une « sacoche de la Fnac » (comme il dit).

Tendance générale  à exporter aux autres ses propres conduites…

 


Je ne suis pas vraiment « déstabilisé », mais ce qui me préoccupe c’est de commencer (d’essayer de commencer) si tard

 


Ce matin, au courrier, « L’image de Pierre » en retour de Gaumont.

Lettre-type avec un mot de Marie-France Trémège : « Outre cette lettre-type, je reste à votre disposition pour que nous en parlions… » 

 


Un type rentre et s’assoit dans le bistrot. C’est un journaliste TV (quel est son nom ?) connu à l’époque de Colette.

Il a grossi.

Le temps a passé. 

 


On se dit trois mots. Je lui demande : « Et l’écriture ? » (Il disait préférer rester chez lui à écrire plutôt que voir une femme deux ou trois fois par semaine…) Il me dit : « J’en ai besoin quand ça va mal, là, ça va bien… »

Il parle fort, il sourit.

Il est bien inscrit socialement.

J’aurais voulu lui parler autrement.

Mais non !

C’est triste, je trouve.

C’est superficiel.

 

Tant de gens y tiennent, à cette superficialité… 

 


J’écoute une bande de jeunes (17 – 18 ans ?) BCBG, à une table voisine…

Ils parlent beaucoup, de sujets généraux : politique – économie – « idéologie »…

L’une des filles s’enflamme, leader narcissique et exhibitionniste.

Ils sont attendrissants.

En un sens…

 


J’ai parlé avec Christian de D. (c’est son nom). C’est moi qui l’ai presque forcé à venir s’asseoir à ma table.

J’ai traversé la surface des choses. Trouvé un type ouvert et intelligent.

Je me rends compte à quel point je suis fragile en ce moment.

 

05/02/986

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE »

 

Conversation téléphonique avec Alain L. : il reproche la fin : « Regardez comme je suis intelligent : je vous ai couillonné… », dit que le public (toujours lui) n’appréciera pas.

Autre réaction :

 – mieux en série

 – mieux en 52 minutes qu’en 90.

 

Comme plusieurs réactions se recoupent sur cette fin (ellipse déguisée en continuation de la scène tourne-disques), il faut certainement en tenir compte et les digérer pour recracher cette fin sous une autre forme.

J’y pense et, pour l’instant :

Notes « Mélissa – Le dragon rouge » non transcrites car incompréhensibles

 

06/02/1986

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

Je viens de voir Nicole Ricard, elle n’aime pas la nouvelle version… !

 

08/02/1986

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

(Soir)

 

Laissé passer du temps par rapport à ça (réaction Nicole Ricard).

Choc très rude.

Sur le moment : chape de mort habituelle.

Nicole Ricard trouve cette version trop compliquée, que le jeu avec la vérité démobilise le spectateur, fait baisser la tension.

Cela dit, elle a quand même proposé de le faire lire à deux lecteurs, un qui l’avait déjà lu et l’autre non…

On verra. J’ai défendu mon projet, dit que lorsque Cora atterrit sur platine électrophone, on y croit, ce coup ci.

(Cela dit, à retenir de ce qu’elle dit : il faudrait « qu’on ait l’impression qu’au moment de l’affrontement avec Cora en régie, Zoltan devienne réellement fou (de rage) ». 

 


Attendons réactions des lecteurs…

One more time, let’s wait and see…

 


Catherine M. de la SFP m’a appelé, parlé au téléphone assez longuement.

Elle craint que les chaînes trouvent ça trop sadique + aimerait que le « moralisme » soit mieux établi à la fin (trouve la fin actuelle trop faible).

Proposé de le donner à lire à M., ancien truquiste, futur successeur (?) de Spade.

Marrant qu’il s’agisse d’un truquiste. Aurais-je enfin mes chances ?

 

Je trouve que j’en manque beaucoup.

(Nicole Ricard, dont j’attendais tant : c’est justement à elle que ça ne plaît pas !)

(Cf. « Sibylle » à l’INA… !)

 

AMIS – ZYF – CINÉMA – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

Reçu lettre de Zyf, en réponse à la mienne, qui reprenait une de moi non-envoyée plus complètement.

Commencé à lui répondre par lettre-fleuve…

Lettre-bilan.

 

Vu ce soir « Harem » avec Mathilde et Agnès.

Scénario poussif, sujet raté. J’enrage.

Dany, copine de Dominique M., m’a dit l’autre soir, alors que je disais ne plus aller au cinéma par réaction devant mes insuccès, que c’était « mesquin ».

Oui, je ne suis pas un « bon caractère ». J’assume ma « mesquinerie ». Elle n’est pas communicable.

 

Je me heurte à l’incommunicabilité en ce moment.

 

16/02/1986 

 

AGNÈS

 

Depuis dernières notes :

Dimanche dernier : m’ennuyant, j’arrange un dîner des B. à la maison, mais Mathilde fait la gueule : je me mets en colère, la frappe. Agnès, présente, en larmes, essaye de m’arrêter, me gifle. Bagarre générale : Mathilde s’y met aussi, casse miroir, me tape sur la tête avec téléphone, se bat avec Agnès.

Ça s’arrange quand je vais téléphoner à Jocelyne pour ramener Agnès et m’en aller ailleurs.

Mathilde s’excuse. Réconciliation

Plus tard, j’en parle avec Karen et Marion.

Marion parle de « chantage ». Ça me remue.

Je pense depuis à cette idée de chantage (cf. Colette).

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

Autres news : rendez-vous avec Sidonie Herman à Captain Vidéo. J’y vais (après avoir interrogé mon répondeur au cas où… (le rendez-vous d’avant annulé et elle n’avait pas mon téléphone. Je le lui avais donné.)

Elle n’est pas là, n’a laissé aucun message. Ça me met dans une colère noire.

J’avance donc mon rendez-vous avec Véronique F.. Elle me dit que Philippe L. lira Mélissa, mais que pour l’instant : pas de fric. Pour TF1 : trouver un producteur qui avance l’argent…

Elle me tient un discours sur coproduction qui est non-fiable, compte tenu de l’instabilité actuelle des appareils en place. 

 


Entrevu Oscar B.-F.de passage à Paris.

Il me précise l’histoire producteur argentin : Trantel, filiale d’une boîte allemande. Ils ont, paraît-il, envoyé une lettre à VSP : pas de nouvelles de ceux-là. Rien à en attendre et, de toute façon : inintéressants… 

 


Véronique F. me parle de Dona Clara, me disant qu’elle devrait avoir un pouvoir réel sur Cora.

Méditant là-dessus et sur réaction de Nicole Ricard (+ lectrice de TF1 disant que chute après fausse fuite de Simpson), je me dis qu’il y a un peut-être, en effet, un moment faible actuellement lorsque Cora reste seule : pas d’action, pas de vrais partenaires.

 

Il faut donc « scénariser » cette partie

Notes « Mélissa – Le dragon rouge » non transcrites

 

Indéniablement, le texte actuel a été écrit trop vite. Ce sentiment que je ressentais que c’était « trop facile », trop rapide, se révèle justifié a posteriori.

Notes sur le découpage :

 

Il faut se foutre de l’espace vrai, en découpant.

Il n’existe pas lorsque le spectateur regarde. 

 


Mise en scène, penser mise en scène.

 

Décrire chaque plan comme si je ne connaissais pas le suivant, mais toujours se rappeler qu’il est chargé de tous ceux qui l’ont précédé.

Mesurer cette charge, cette trace, elle est parfois profonde, parfois légère.

 

Penser à Sonthonnax : le test de la main mère tenant main bébé, ceux qui y avaient vu un pont… !

 

Réduire la marge d’erreur d’interprétation, ne pas espérer la supprimer tout à fait.

(Cela signifierait détenir La Vérité : impossible).

 

Me méfier de mon plaisir. Me rappeler que je suis un intellectuel pervers, esthète et cultivé.

 

Se méfier du contre-emploi, même de celui des idées…

(ex : Dona Clara, moi disant à F. que personnage debout derrière une porte fermée = plus fort que si dans la pièce : FAUX ! C’est une idée de scénariste).

 

FEMMES 

 

Reçu de Caroline R. une réponse « tardive, mais pensée… »

Une plainte, un défi, une question…

 

SOCIÉTÉ – VIOLENCE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

Vu reportage aux « Enfants du rock » sur Motley Crue : à la fin d’un concert, un des mecs montre sa queue à la caméra, un autre ouvre une boîte de bière avec les dents.

Violence, agressivité.

Pensé à Karen.

Incontournable retour de l’agressivité, de la violence.

J’aime et je vis avec qui en a le moins possible envers moi, quelqu’un avec qui mon chantage marche… C’est la vérité…

 

La violence de l’autre me fait très peur parce qu’elle est une image la mienne, c’est celle-là qui me fait vraiment peur.

 

Les musiciens de Motley Crue vivent certainement mieux que moi car ils n’essaient pas de refouler leur violence.

 

Les êtres humains, en général, aiment les rapports de violence. S’en souvenir tout le temps. Ils les aiment soit pour être dominés soit pour dominer (cf. un mot de Caroline, elle parle dans sa lettre d’» adversaires pas à la hauteur » ou quelque chose comme ça… !)

 

17/02/1986

 

AMIS – ZYF

 

Pas parlé ici de la lettre à Zyf que je suis en train d’écrire : réponse à sa réponse à ma propre lettre double puisque j’y joignais une lettre écrite en avril-mai et non-envoyée…

 

19/02/1986

 

ÉCRITURE – PROJET « HISTOIRES VIDÉHORRIBLES » 

 

Hier : rendez-vous avec Jean-Louis Horbette de FR3, sur recommandation de Jocelyne Leblanc.

Il a l’air intéressé par l’idée d’une série « Histoires vidéhorribles »…

Eu Jocelyne Leblanc ce matin : elle aime beaucoup « Melissa »…

Serait-ce la sortie du tunnel ?

 

Je me prends à espérer et à rêver : je me vois responsable d’une série, contactant des auteurs, définissant un cadre, un axe d’écriture, assurant la cohérence de l’ensemble…

 

24/02/1986

 

TÉLÉVISION – FEMMES 

 

Le 20 : Repérage à l’hippodrome de Vincennes. Découvert un monde étonnant : placé sous le signe du fric, traversé par les pulsions ténébreuses de la passion…

 

Samedi : suis passé voir Caroline R. à 9h30 du matin. Je vais à un rendez-vous à la Sertis et reviens. Elle s’est recouchée, elle s’endort. On est allongés côte à côte. Au bout d’un moment, je m’en vais, lui laissant un mot lui me disant de me rappeler…

 

Ce départ me marque, j’y repense…

 

Je suis hésitant dans mes désirs. Je me mets en tête des histoires mal nourries de mes désirs…

Désirs faibles, incertains.

Je ne fantasme plus comme avant, je ne m’illusionne plus de cette manière violente que j’ai connue…

 

AMIS – FEMMES 

 

Jeudi 20 : direct… Qui je retrouve comme accessoiriste occasionnel : Serge H. ! (Condisciple en terminale à Lorient en 1965)

Je vais dîner chez lui mardi soir.

Il a gardé l’esprit spontanéiste, instantanéiste de mai 68.

 

Vendredi soir, après séance à larmes et à conflits, suis allé dîner chez Anne.

Beaucoup parlé avec son copain Pierre du vidéodisque sur lequel il travaille (informaticien) pour le Musée de la Villette…

 

25/02/1986

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

En quelques jours : du positif… ! =

 – Horbette FR3

 – Rendez-vous avec Tim Newman à Captain vidéo

 

+ Hier soir : appel de Meyer B. qui ressurgit du néant à propos de « L’image de Pierre » + ce matin, au téléphone : M., de la SFP qui a lu « Mélissa » et va en parler…

 

Rien de sûr dans tout ça, rien de concret, mais tout de même : un début de quelque chose… 

 


Le gros problème, c’est qu’il n’y a pas de fric sur les chaînes, chacun se renvoie la balle pour investir de l’argent…

 

Passé le premier barrage concernant le projet lui-même, une fois établi qu’il est intéressant, c’est la situation globale, les difficultés financières dont tout le monde parle qui ressurgissent…

 

C’est pourquoi je pense à remonter la filière argentine jusqu’aux Allemands…

Ont-ils du fric, eux ?

 

28/02/1986

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

La vraie question est : est-ce qu’ils peuvent en mettre dans un film réalisé par un français… ?

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

Tout à l’heure, au montage, Claire E. ne me dit qu’elle a noté dans mon attitude une tendance au « plongeon », à l’élan…

« Ça doit être bien agréable pour une Maman… ! » dit-elle…

Je ne me rends pas compte…

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – MICHAEL – ZELDA

 

Hier soir, Mathilde au téléphone avec Jean-Claude T.

Elle veut qu’il prenne les gosses le mercredi, il ne veut pas. Elle se plaint qu’il ne s’occupe pas assez de ses enfants. Elle veut que les enfants le lui disent. Elle ne le demande pas à Zelda, mais à Michael : il se défile…

Conversation avec Zelda. Celle-ci pose des questions pleines de sens :

 – « C’est toi qui as voulu le quitter… ? »

 – « Je veux aller à l’école à côté de chez Papa… »

 – « Comment tu as fait des enfants… ? »

 

LECTURE – CITATIONS – GRAINVILLE

 

Phrases extraites de « Le paradis des orages » de Patrick Grainville :

 

P. 17 : « Il n’y a pas de stratégie de la séduction. Il faut se laisser prendre et aimer pour de bon. La meilleure règle est la croyance. Ce qui n’exclut pas une frange de calcul, une variété de ruses adjuvantes et sincères. »

 

« Elle s’interdisait d’aimer, elle s’interdisait de souffrir. Elle avait donc souffert de déception, de jalousie dans ces lointaines enfances où tout se trame. »

 

P. 19 : « Les amours ne se ressemblent qu’en apparence. Certes, ils commencent et finissent toujours identiquement. Mais dans le détail rien ne les confond. C’est la science du détail qui fait défaut aux amoureux légers. Moi, précieux, poignant, sournois, sondeur, formidablement fétichiste, je ne suis tant subjugué que par les petites différences. Et elles pullulent, ces luxuriantes pour les amants minutieux. Un défaut rend celle qu’on aime plus émouvante, c’est par cette brèche infime que notre passion s’introduit et s’enracine. »

 

P. 25 : « L’innocence n’est jamais originelle, elle est une conquête intérieure. »

 

P. 28 : « Un mot : je ne suis pas incapable d’amour. L’obsession rapace n’exclut pas la tendresse et le don (…) Car c’est d’amour qu’il s’agit comme d’une lame de fond. Je ne crois pas au désir brut. Seule l’aura de l’amour rend le désir poète. »

 

P. 37 : « De toute façon, aimer implique tôt ou tard un compromis. Notre amie se lasse bientôt de faire nos cent volontés. »

 

P. 61 : « Je sais que je ne suis pas guéri d’une naïveté enfantine, puisque j’attends. »

 

P. 80 : « Je sais qu’aucune femme ne nous pardonne jamais vraiment nos fautes. L’amour mémorise, amasse ses rancune en les masquant. »

 

IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE

 

Une idée : j’ai été très effrayé lorsque un jour, en pissant dans ma baignoire, j’ai vu se former sur le fond d’émail blanc une flaque qui avait la forme de mon visage !

 

03/03/1986

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

Vu Tim Newman, de Captain Vidéo, tout à l’heure.

Pour me dire que « Melissa » est bien, il me dit que l’avis des secrétaires est important : la sienne l’a lu jusqu’au bout !

Quel triomphe !

Ces gens-là s’occupent d’argent, de montage financier, mais les scénarios eux-mêmes, la matière vivante des films, la sève nourricière, ils laissent aux secrétaires le soin de les juger ! Quelle profession grotesque, quel gaspillage, quelle légèreté !

C’est « l’insoutenable légèreté de l’audiovisuel »…

Et il faut faire avec ça… !

Comme prévu, Tim Newman renvoie la balle dans le camp d’Horbette, Véronique F. l’ayant renvoyé dans le camp du privé (avance de trésorerie) et Nicole Ricard aussi.

 

AGNÈS – FEMMES – RÉFLEXION

 

Agnès a envie de retourner à la Claverie, image pour elle d’un monde « bab » (baba cool), « sensibilité » à laquelle elle se sent rattachée (par ses parents, entre autres).

Il est question qu’elle y aille, seule, à Pâques.

Moi, ça me rendrait bien nostalgique, elle n’a pas l’air de craindre ça… Tant mieux !

Hier soir, elle m’a questionné sur mes amours avec Framboise. Curiosité pour la vie sexuelle des parents…

Quand je lui ai dit que Framboise était « givrée », elle m’a dit que beaucoup de femmes avec qui j’avais eu une relation l’étaient…

 

J’aime sa liberté par rapport à moi, sa liberté de penser. Je redoute malgré tout qu’elle ait été marquée par moi, par ma faiblesse, qu’elle en soit héritière et mal préparée à l’inévitable cruauté du monde et de l’amour.

Je lis encore « Le paradis des orages » et j’y trouve une idée genre : « Il est inévitable qu’on se quitte… » : ça m’arrache un « pourquoi ? » Pourquoi cette évidence ?

L’évidence que l’autre fera défaut tôt ou tard m’a toujours déchiré. C’est l’assurance d’une solitude irrémédiable que je n’ai jamais encore pu accepter…

La fidélité de Mathilde est venue très vite, après ma rupture catastrophique et délicieusement masochiste, occulter cela, combler ce vide d’un trop-plein affectif qui, peut-être, me laisse gavé, somnolent.

Cette somnolence, Colette l’a déchirée de zébrures, d’éclairs, secouée de coups de tonnerre qui me réveillaient en sursaut et me précipitaient, à l’inverse, dans l’insomnie…

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – TRISTESSE

 

Hier soir, en s’endormant, Mathilde m’a dit, dans un demi-sommeil : « Tu ne m’aimes plus ! »

Quelle tristesse, ces mots désolés, ils me poignent le cœur…

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

Je rêvais de nouvelles fracassantes, d’un moment triomphant où l’on me dirait : « Oui, vous allez faire Mélissa ! » mais je sais maintenant que ça ne se passera pas comme ça. Ça se fera par étapes, la première étant (peut-être) déjà passée, sans même que je le sache…

 

MUSIQUE

 

Entendu hier soir, en fond sonore dans un film de Duvivier, un morceau de musique. Dans l’action, ça passait sur une radio, j’entends avant le morceau, l’annonce du titre par un speaker : « Concerto pour Rossignol et orchestre, de Jean Wiener…

Et je reconnais ce merveilleux générique de France-Musique (?) que j’écoutais à la radio, à Lorient, dans les années de ma jeunesse.

Une lointaine nostalgie m’a traversé. Je veux trouver ce morceau, réécouter ma jeunesse, remonter la mémoire du fond du puits…

 

Commentaire du 22 avril 2018 :

 

Aujourd’hui qu’il y a Internet et qu’on peut tout trouver ou presque, j’ai recherché ce morceau, mais je ne l’ai pas trouvé (si ce n’est cinq ou six secondes du début, lesquelles n’ont donné encore plus envie de retrouver le morceau entier !). Par contre, je me suis rendu compte que d’autres avaient la même nostalgie et recherchaient comme moi ce morceau, mais en vain, eux aussi…

 

   Commentaire écrit à 71 ans

 

05/03/1986

 

CHOSES ENTENDUES 

 

Hier soir, une phrase rapportée par Jean-Pierre B., il l’avait entendue à l’âge de 19 ans, prononcé par un maghrébin sur un quai de métro : « Nous sommes tous ignorants, mais nous n’ignorons pas tous les mêmes choses… »

 

ÉCRITURE

 

Une phrase me vient pour commenter ma jouissance dans la masturbation :

« Violent, absurde, interminable et ridiculement court… » 

 

TÉLÉVISION – ÉCRITURE – PROJET « HISTOIRES VIDÉHORRIBLES »

 

Une idée récente (de Michel F.) : inclure « L’image de Pierre » dans les « histoires vidéhorribles »…

 

(Encadré – début encadré) Une idée récente (de moi) :

Personnage fil rouge : Mélissa, qui devient Lucie dans l’image de Pierre : personnage d’une jeune femme à qui il arrive plein d’ennuis, plein d’histoires, plein d’aventures… Un personnage de victime qui s’en sort toujours… Et la vidéo est toujours présente dans toutes ces histoires qui lui arrivent (Encadré – fin encadré)  CLIGNOTANT ROUGE ! ! ! ! !

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – TÉLÉVISION

 

Coup de fil avec Michel F. ce matin : il ne parle d’une situation : gens enfermé et « vidéotés » et sachant qu’ils le sont (# Mabuse)

Je parle du direct  synthèse : un studio où gens pris en otage. Les bandits (?) exigent direct.

Durée. Tension  certains viennent parler devant caméra, s’adresser à famille, proches, etc.

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – TÉLÉVISION

 

Je tourne aussi autour de l’idée d’un vidéoman (quelle profession ?) obligé de réussir ses manips sous peine de… de quoi ? Pourquoi ? Comment ? Je ne sais pas

Je pense juste cette menace liée à une erreur éventuelle (cf. Averty lorsqu’il se trompait : « Si c’était un Boeing, on serait tous par terre… »)

 

ÉCRITURE – PROJET « L’IMMEUBLE »

 

Je pense aussi à mon idée de « l’immeuble » : les « voyeurs » seraient en fait, eux-mêmes, voyeurisés : ils seraient filmés par caméra-vidéo, en train de mater les comédiens-habitants mais ne le sauraient pas.

 

AGNÈS

 

Agnès, l’autre jour, me dit : « J’aimerais avoir une caméra à la place des yeux… »

Vieux rêve du voyeurisme absolu, de la mémoire intégrale, de la disponibilité permanente au spectacle du monde.

Agnès me plaît de plus en plus. Nous sommes de plus en plus proches.

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME

 

Discussion hier soir avec Jean-Pierre B. sur l’œuvre comme suture après expulsion des ressentiments anciens (cf. mes « rapport » avec Dominique L.).

 

ÉCRITURE – PROJET « L’IMMEUBLE »

 

Retour sur l’idée de « l’immeuble » adaptée à la vidéo :

Si on suppose que le « metteur en scène » a fait filmer les « voyeurs » pour les faire chanter, on pourrait imaginer une construction à rebours, en partant de la bande magnéto d’un véritable film découpé (plans sur acteurs – plans sur voyeurs) mais d’où les plans sur acteurs auraient été effacés.

Donc point de départ : un film montrant la vie banale + vides, creux (la question étant : qu’y a dans ses creux ?).

Il y aurait un meurtre dès le départ. La cassette « effacée » partiellement ne serait qu’une « épreuve », la cassette entière existant ailleurs.

1re question : pourquoi ces « effacements » ? (Si cassette effacée par la victime du chantage, elle serait effacée en entier). (Explication possible : l’effaceur n’avait pas le temps d’effacer tout, il a effacé un bout, puis avance rapide, effacer un autre bout, etc.)

Autre question : comment caser « Melissa » (victime) là-dedans ?

(Nota : si Mélissa-Lucie = peintre dans l’image de Pierre, il faut qu’elle soit partout – Peintre = pas du dimanche).

 

06/03/1986

 

PUBLICITÉ – DIMENSIONS – ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

Pub pour « Seven up » : plan large platine disque avec danseurs sur disque  juke-box.

 

08/03/1986

 

ÉCRITURE – PROJET « HISTOIRES VIDÉHORRIBLES » 

 

Hier : Horbette m’appelle pour me donner rendez-vous mardi prochain. Il ne me dit pas s’il a lu « Mélissa ». Je ne le lui demande pas.

On va voir ce qu’il en sort. Sérieux espoir, mais ne pas s’emballer…

 

Appelé F. – par fidélité – pour chercher d’autres idées de scenar. Pas (encore ?) trouvé.

 

ÉCRITURE – VÉCU – FEMMES 

 

Reçu photo et CV de Olivia L. + petite lettre « spiritualiste » écrite en vers « blancs » ou plutôt gris car la régularité des pieds était bancale…

J’ai répondu en vers moi aussi… !

« Écoute un peu ce cri que je renvoie…

Il répond par la rage à celles dont les voix

disent aimer mon âme et mêlent aux miens leur Moi

mais qui, devant mon corps, demeurent sans émoi…

 

No time to loose…

 

CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « HISTOIRES VIDÉHORRIBLES »  – VIDÉO

 

Je pense à « Blow out » de Brian De Palma. Repérer les « points de fixation » de l’Imaginaire, comme cette nécessité pour un sondier de fabriquer un « bon » cri d’horreur (tout le film part de là et y revient. Cf. « Boucle étrange » de Hofstadter, comme « Sibylle »…

Idem mais pour vidéo.

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – VIDÉO – PIRATAGE

 

Me demandant : « Qu’est-ce que la vidéo ? », je pense au récepteur de TV dans le foyer.

J’imagine un type A, un technicien vidéo, qui décide pour une raison x (?) de pirater régulièrement la réception d’une personne B, ce piratage consistant en quoi ? Ça ne peut pas être une émission régulière, car elle devrait être annoncée dans les revues TV (trop compliqué).

Penser aussi au vidéodisque. Interactivité… (correspondance entre le choix du « visiteur » et la réalité ?)

 

10/03/1986

 

ARGENT – BANQUE – CHÔMAGE – DÉPRESSION

 

Ce matin : lettre recommandée de la banque = interdit de chéquier pendant un an  Déprime  je passe à TF1 et A2 pour attestations roses d’employeurs. Je vais demain matin aux Assedic.

Quant au boulot : rien ! ou presque (une journée le 18/03/pour Récré A2 + 2 directs pour Thérèse S. en avril… !)

J’enrage d’avoir raté l’UAP, ça m’aurait mis à l’abri.

Projet : émission en tant que producteur pour B. (« La France interrogée »)

 

ÉCRITURE – PROJET « HISTOIRES VIDÉHORRIBLES » 

 

Notes pour rendez-vous avec Horbette demain :

 

1/ A-t-il lu le scénario : ? L’a-t-il aimé ? Faire mousser

 

2/ compte-rendu contacts :

a/ Captain vidéo pour série

b/ SFP pour série – copro France – ne savent pas l’un l’autre

c/ Argentine Trantel  Allemands ( série ?

 

2 bis/ Proposer « Image de Pierre » en deuxième numéro (apporter scénario + cassette Sibylle + Képi noir)

 

3/ Proposer un pilote

 

4/ idées Michel :

 – Huis clos en direct

 – Mabuse (gens filmés mais qui le savent)

 – Homme amoureux d’une image venue d’ailleurs (+ « Le coucou ») dérivé : adaptation de « La caméra invisible »)

 

5/ Si pas série = moyen de faire un téléfilm unitaire ?

 

6/ Ma présence comme « coordinateur » de la série ?

 

7/ Auteurs ? Les rechercher ? Proposer F..

 

8/ Quels autres partenaires possibles que Captain Vidéo ?

 

9/ Me donner boulot en attendant.

 

10/ Budget ?

 

11/ Rencontrer Thierry C. ?

 

12/ changer écriture fin (?)

 

13/ avenir FR3

 

11/03/1986

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

Dans l’univers de la bureautique ultramoderne : l’administratif (ve) colle sur dossiers et papiers des pastilles « parlantes » ainsi, dès qu’il arrive le matin, il entend les « voix » des dossiers en urgence qui l’appellent, chacun rappelant depuis quand il est en attente, à quel point il est important, pour quelle raison, etc. 

Par qui les pastilles sont-elles « chargées » ? Par un ordinateur de bureau 

Développement…? 

C’est une idée de comédie intéressante.

 

12/03/1986

 

ÉCRITURE – PROJET « HISTOIRES VIDÉHORRIBLES » 

 

Entrevue avec Horbette : il semble réellement intéressé et désireux de monter cette série.

La preuve concrète : il m’a dit : « On peut vous acheter le scénario (de « Mélissa »), si j’achète un scénario et que je ne le tourne pas, ça paraîtra idiot ! »

Malheureusement, l’entrevue a été interrompue, car il a été appelé chez la présidente ! On se revoit mercredi prochain. Je me prends à espérer vraiment… ! (« J’espère Noël… ») 

 


Vu l’autre nuit sur la Cinq : « La cinquième dimension ».

Quelques scénarii intéressants :

   Un type bourré provoque un accident. Il sort de sa voiture cabossée, découvre un bar plein de monde. Le patron du bar lui propose de l’acheter pour 1600 $. Il n’en a que 1100, un type mystérieux lui prête le complément. À partir du moment où il a fait cette dette, tout le monde lui fait la gueule. Il découvrira, resté seul avec le prêteur, que c’est l’autre conducteur qu’il a tué dans l’accident et que le bar (désormais vide et poussiéreux) est son enfer.

 

 – Une petite fille adorable est invitée à un mystérieux « zoo des enfants ». Ses parents, horribles personnages qui se disputent tout le temps, l’y amènent. La petite fille entre par l’entrée réservée aux enfants, elle parcourt une galerie où, par des hublots, elle découvre une succession de couples de parents parmi lesquels elle peut en choisir de nouveaux ! Elle choisit un couple de « repentis ». 

 


 (Bistro Montreuil « Les Monédières »)

 

Si l’image de Pierre se fait dans la série « Histoire vidéohorribles », une conséquence de l’adaptation nécessaire m’apparaît, à laquelle je n’avais pas pensé : puisqu’il n’y a plus de projection de diapos, je ne peux plus faire la surimpression œil de Pierre- objectif du projecteur que j’avais prévu à la fin… ! Ainsi disparaîtrait cette idée qui ne plaisait pas à R., mais à laquelle je tenais…

 

À moins de le conserver sous une forme « symbolique » exempte : surimpression puis travelling arrière et on découvre que le rond lumineux = objectif d’un projecteur ancien (type caméra-projecteur Lumière) dont Pierre lui-même tourne la manivelle (? ? ?)

 

 Non ! Décidément non. Too much.

Projecteur, simplement, peut-être, et un écran (projection de l’image animée) (l’image de ce qu’il a en tête en mourant) : « Nuit de noces ») : métaphore du cinéma – inconscient (cf. rêve de Françoise Anglès, se voyant dans une soirée genre Césars derrière l’écran des projections id est en analyse. Rêve de fin d’analyse).

 

13/03/1986

 

AGNÈS

 

(Café Costes 1h10)

 

À la radio : Sting (« Russians »)  (Plus tard : cette chanson repasse. Ce n’est pas « Russians », mais la chanson sur le loup-garou écoutée sur la FM la nuit) 

 

Commentaire du 16 septembre 2015 

 

Je n’arrive pas à me rappeler de quelle chanson je parlais, peut-être : «Moon Over Bourbon Street » 

 

   Commentaire écrit à 69 ans

 

Je pense à Agnès. Cette chanson, « Russians », restera sans doute comme symbolisant son début d’adolescence. Elle s’éveille à la conscience de l’injustice, de l’absurdité, de la tristesse du monde.

Comment éviter tout cela à nos enfants ?

Malheureusement, c’est impossible… !

 

ÉCRITURE – PROJET « HISTOIRES VIDÉHORRIBLES » 

 

Tout à l’heure, j’appelle F. pour lui demander combien est payé un scénario à l’achat. Au cours de la conversation, il me dit que, s’il écrit un scénario pour la série, il aimerait le faire avec moi… Ça me fait plaisir.

 

Quand on s’est vus il y a quelques jours à Antenne 2, avant que je voie Horbette, je lui ai dit que j’aimerais qu’il ait eu une idée « enthousiasmante ». « N’essaye pas de contrôler… » m’a-t-il répondu, en gros.

Une fois que j’ai vu Horbette, il m’a dit : « Maintenant il va falloir se batte pour que toi, ou nous, gardions le contrôle du choix des réalisateurs… »

Ça me paraissait contradictoire, ces deux discours, mais, réflexion faite, c’est très logique, au contraire.

Tout ce qui va dans le sens de sa liberté/son pouvoir est bon pour lui. S’il accepte qu’on discute un scénario de lui, c’est qu’il sait que ça peut être bon pour lui. La mise en scène, par contre, ça m’étonnerait qu’il la partage… !

 

Je constate ça sans parano, sans amertume. Il a raison, c’est comme ça qu’il faut faire…

 


Je réfléchis aux moyens d’avoir le contrôle du choix des scénarios et des réalisateurs.

Prévoir dans la conversation avec le co-pro que c’est Horbette qui a ce choix et m’entendre avec lui pour qu’il me le laisse. Certes, ce brave homme m’a bien dit que le fantastique n’était pas son domaine, et me fera-t-il confiance à ce point ?

Après tout, pourquoi pas ?

 

Dans cette optique, F. m’est très utile, car il est mieux branché que moi sur les talents (mais peut-être pas tant que ça.)

 

AGNÈS (transfert sur blog regroupé avec note Agnès précédente ce jour) 

 

Sting à nouveau. Retour d’Agnès… (ce coup-ci, c’est bien « Russians »)

 

VÉCU

 

J’aime cet endroit, Costes : on se croirait dans un décor…

 

ÉCRITURE – PROJET « HISTOIRES VIDÉHORRIBLES »  – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

Jean R. au téléphone. Je lui dis que j’hésite à le prendre car je regrette qu’il se dérobe à travailler avec moi sur le scénario. Il me répond que c’est désagréable car il s’agit d’un chantage.

Conversation interrompue car je dois amener Zelda chez le dentiste.

 

Depuis, en moi, même, sentiment de gêne, de honte, de culpabilité qu’avec Colette, même interrogation : ai-je raison de demander ce que je demande (de l’exiger) ?

 

Cf. Nicole R. : « Tu demandes là où ce n’est pas possible… »

 

Exigence d’amour !

(Antinomique dans les termes mêmes…)

 

Se contenter d’un technicien qui fait son boulot…

 

Pas de demande affective dans le travail. C’est la seule règle. Cf. G. : « Vous ne pouvez pas exprimer ce que vous souhaitez obtenir ? »

 

14/03/1986

 

RÉFLEXION

 

La pub à l’intérieur des films, c’est :

La Joconde divisée en morceaux

 

et entrelardée d’images pub :

 

 

 

VÉCU – FEMMES – ROSINE – ACTRICE 

 

Tout à l’heure, je quitte Jean Marc D., pas revu depuis cinq ans ! Après avoir passé un moment au bistro avec lui. Au moment où je vais traverser la rue Mazarine, une blonde à lunettes noires s’interpose : « Vous êtes bien Robert Cappa ? » Étonné, je dis oui, elle se présente : « Rosine Y. ! »… !

La vie a de ces rebondissements !

 

Elle n’a pas beaucoup tourné, elle se sent mal employée, elle en a marre des rôles de garces et voudrait jouer les « femmes bonnes ». Elle se dit prête à co-écrire…

Elle a apparemment (mais non ! elle « fait semblant » !) tout oublié de notre ancien conflit. À un moment, tout de même, il lui revient qu’elle avait « réécrit Julien » (bizarre qu’elle ait retenu ce prénom…)

« Quelque chose qui me touchait de près… » dit-elle.

Elle a écrit un scénario qui se passait dans un autobus et qui s’appelait « la naissance ».

 

CITATION

 

From « Gödel Escher et Bach » :

un extrait d’un koan zen :

« Plus d’eau dans le seau, plus de lune dans l’eau. »

 

Illusion et réalité.

Ceux qui veulent croire et ceux qui veulent ne pas croire ( applicable aux « HVH » ?)

 

MUSIQUE

 

Morceau de piano

le mercredi 19/03 sur FIP

dernier morceau avant « Jazz à FIP » à 19h30

 

19/03/1986

 

TÉLÉVISION – AMIS – MARC B.

 

Vu Marc B. pour projet « France interrogée ».

Lui, ça l’intéresse, mais restera-t-il ?

D’autre part – comme souvent dans ce métier, où l’on reste aussi souvent sans rien faire pendant des semaines – il risque d’y avoir embouteillage entre ce projet et les « Histoires vidéhorribles », si ça se faisait…

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÊVES – RESNAIS – RÉFLEXION – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE

 

Rêvé d’Alain Resnais, une fois de plus. Une fois de plus, il m’honorait de son amitié…

Interprétation ?

 

À part ça : rien… ! Le néant. Le vide. La masturbation, c’est tout. Vaste renoncement

Malgré mon néant, mon inertie, mes accès de mauvaise humeur (nés du désespoir de me voir inerte), Mathilde est toujours là, aimante, rarement en colère, rarement reprochante, toujours désireuse de ma présence, du mariage et (récemment) d’un enfant.

Je m’esquive à chaque fois…

Je n’ai pas de quoi être fier…

 

20/03/1986

 

VÉCU – ÉCRITURE

 

Parfois des mots, des phrases me rentrent dans la tête et me reviennent souvent, obsédant, ainsi : « L’as-tu lu et lireli » (récré A2)

« L’as-tu lu ? » Et « Lis, relis… »

Pourquoi ?

 

VÉCU – ENFANCE – ÉCRITURE

 

Ouvrant la fenêtre de la cuisine, ce matin, sur temps gris, feuilles mouillées par la pluie, odeur de nature. M’a évoqué la Bretagne et ce que j’en aimais… Comme les montagnes bleues d’Alger. J’étais jeune, ces déclencheurs d’imaginaire me laissaient entrevoir des lendemains pleins d’espace et de vie. Il n’en a rien été et aujourd’hui c’est de ces déclencheurs dont je croyais qu’ils n’étaient rien en eux-mêmes que j’ai la nostalgie ! Comme un enfant qui serait attiré par la poignée, luisant dans l’ombre d’un éclat doré, d’une porte ouvrant sur une pièce pleine de promesses. Une fois entré dans la pièce, plus grand : déception ! Et après : nostalgie de la fascination du bouton de porte…

 

21/03/1986

 

CINÉMA 

 

Cinéma (Forum des Halles) pour voir « Inspecteur Lavardin » de Chabrol.

Depuis quand ne suis-je pas venu au cinéma ? (Et à plus forte raison seul).

 

ÉCRITURE – PROJET « HISTOIRES VIDÉHORRIBLES » 

 

Hier, appelé Jean-Pierre B. pour lui proposer de travailler un scénario pour la série « Histoires vidéhorribles ».

 

Il a pensé à reprendre « La méthode rose » alors que Dominique L. lui a promis – mais sans résultat apparemment – de le monter pour la télé.

Que ce soit la Méthode rose ou autre chose, je jubile – si la série se fait et si JP y participe – à la pensée de la réaction de Dominique L.

 

VÉCU – SOCIÉTÉ – TERRORISME

 

Tout à l’heure, dans le métro, station « Les Halles » : haut-parleur : « Par suite d’un incident, nous sommes obligés de fermer la station… »

Après toutes ces bombes et encore celle d’hier aux Champs-Élysées, on pense de plus en plus aux attentats… !

 

CINÉMA – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

Cet après-midi, pris d’une pulsion aussi profonde que rare, je suis allé voir deux films :

 – « Inspecteur Lavardin »

 – « Vaudeville » de Jean Marbeuf.

Je suis allé voir ce dernier d’après les mots de Jean R. : « C’est un très beau film… »

Moi, j’ai trouvé un film pendant lequel j’ai somnolé et dont il ne me restera probablement pas grand-chose !

Pourquoi est-ce que j’essaie toujours (disons aussi souvent), de forcer les choses en voulant attirer des gens différents de moi à ce point ?

 

ÉCRITURE – PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE » 

 

Notes pour la fin de « Mélissa » : après la scène du tourne-disque, il faut que Mélissa soit emmenée en Europe comme elle est venue, par « rapatriement sanitaire », que Cora l’accompagne (genre quelqu’un de sa famille, avec faux passeport) et qu’elle soit là lorsque Mélissa se réveille (où ? dans une chambre meublée louée pour la circonstance ? Dans une camionnette fermée ?)

 

Revoir problèmes :

 – Limousine vitres en verre teinté (un peu cliché).

 – Yeux bandés (limitatif, empêche que Mélissa voit des choses intéressantes (exemple collusion Zoltan police locale, expliquant qu’il ait monté son domaine aussi loin de France…)

 

IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE

 

 ( En lisant phrase de Gödel Escher et Bach : « Les symboles sont quasi isomorphes aux objets » ), imaginé un être dont la pensée soit constituée de symboles totalement isomorphes aux objets. Id est, dans un espace donné, apparaitraient des objets, des êtres liés par des actes, qui seraient la pensée de l’être en question…(*)

Fabuleux problème de la traduction de cette pensée dans la notre !

(* : ils apparaitraient et disparaîtraient à la vitesse de la dite pensée… Ou bien ils resteraient et s’entasseraient là où serait la personne, puisqu’ils seraient réels ! ( Camion de déménagement pour les transporter lorsqu’elle se déplacerait ? 

 

22/03/1986

 

MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

Hier, séance « intense »

 

J’avais manqué lundi et mercredi dernier, comme souvent ces temps-ci.

« Vous faites comme si de rien n’était » dit-il.

Il insiste pour me montrer que je fais comme si ces absences n’avaient pas de sens.

Il parle de tentative de le manipuler (puisqu’il lui est arrivé d’être obligé de m’écrire pour m’avertir qu’il ne pourrait pas me recevoir ou bien parce que je n’étais pas venu à plusieurs séances dont j’avais demandé le déplacement)

 

Je parle de l’importance centrale pour moi de la demande, que peu de gens m’ont demandé des choses, qu’entre lui et moi, il y a le fait indépassable que ce ne sera jamais lui qui demandera.

 

Il parle du sentiment d’abandon. Il rattache mes absence à la « perte » de Bobby (dit que je veux lui faire ressentir ce que j’ai ressenti). Je lui fais remarquer que Bobby, lui, avait demandé aide et protection en grattant à la porte.

 

Je rattache ces absences à mon attitude de prise de distance par rapport aux femmes : « Jeu » érotique (ou plutôt qui devient auto-érotique, affirmation de ma capacité à me passer d’elles).

Il dit : « Important = jeu érotique avec lui.

Moi : « Oui, si colère, colère parce qu’il « ne veut pas jouer avec moi » (ne se laisse pas manipuler).

 

On est revenus aussi sur le point de savoir si je devais, chaque fois que je vais manquer une séance, demander une solution de remplacement.

Je dis que si on aime quelqu’un, on sait ce qu’il veut et qu’il n’a plus besoin de le demander (cf. Colette)

Lui : « Le fait de demander vous est parfois insupportable »

J’évoque ça avec Colette.

Mes carnets personnels depuis 1963