Carnet 29 – Du 6 juin 1983 au 14 novembre 1983
06/06/1983
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
La semaine dernière il s’est passé des choses importantes…
Le problème de la « vie ensemble » s’est posé d’une manière plus aiguë avec Mathilde.
Lundi : commandement d’huissier → je peste sur Colette qui m’a « mis dans la merde » → réaction de Mathilde : « Tu ne sais pas te démerder… » id est : jalousie envers Colette dont j’étais dépendant alors qu’elle, Mathilde, me propose de vivre ensemble et que je refuse alors qu’elle est prête à tout partager avec moi, y compris les emmerdements…
Mardi : j’interromps ici en apercevant que j’ai déjà noté ça (carnet précédent)
Je reprendrai donc à vendredi soir : elle devait venir à la maison. 10h15 : pas là. Je l’appelle. Voix très triste, très malheureuse. Elle parle de déception. Elle dit qu’elle ne viendra pas (culpabilisation par rapport à ses gosses…) Je raccroche et je pense que c’est fini.
Le lendemain, j’aborde les choses dans cette idée. (← Ça aussi je l’ai déjà écrit…)
Qu’est-ce que j’évite d’écrire, ainsi ?
C’est ce qui s’est passé hier.
Matin. Coup de fil Mathilde (elle avait déjà laissé message trouvé vendredi soir et m’avait appelé pour qu’on se voie (prévu pour le dimanche soir) ← (ainsi, en me rappelant, elle me témoignait qu’elle ne voulait – ne pouvait – pas rompre.
Attitude identique chez Colette. Simplement : plus de dialogue avec Mathilde qui a pris l’initiative du dialogue, à plusieurs reprises…)
Elle me rappelle et je la sens agitée, malheureuse. Lui propose de venir.
Elle vient. N’explique pas l’origine précise de la crise, mais je la devine familiale. On fait l’amour, puis elle pleure. Je suis très ensommeillé (rentré à 3h du matin avec Agnès du méchoui de Sabine R.-N.), mais je lui dis : « Je dors, mais je suis avec toi… »
Elle vient avec nous au déjeuner J. G. (?) Bonne ambiance.
Soir : on raccompagne Agnès. Retour : on a envie de faire l’amour (sa petite robe courte d’été m’excite depuis qu’elle l’a mise à midi…) Elle propose qu’on aille le faire en forêt → forêt de Montmorency. Elle enlève ses chaussures → marche dans les chemins. Discussion (à propos sexe) : « Vous en parlez salement… »
Je lui cite : « L’amour est sale surtout quand c’est bien fait… »
Elle parle du côté « vicieux », « cochon », en moi. Elle est réticente (← cette partie de la discussion était avant la forêt, dans la voiture.
En forêt : elle me questionne sur ce qu’est pour moi un couple. Le problème de la vie ensemble revient et on se retrouve dans la même position : « Je te donnerai ce que tu me demandes quand tu me donneras ce que je te demande… » (je demande à ce qu’elle entre dans mes fantasmes sexuels, elle demande qu’on vive ensemble).
Ça se conclut par le fait que je la saisis et la baise (d’abord par derrière, debout, puis couchés sur veste → piqûres de moustiques…)
On rentre → télé dans le salon. On fait l’amour puis discute.
Discussion sur désir, sexualité… (à la télé : « Comtesse aux pieds nus » qu’on finit par éteindre…)
Elle me stupéfie en disant qu’elle a « autorisé » Samuel et Michel à coucher avec d’autres, pendant leur relation…
Dit qu’ils répondaient que « ça ne les intéressait pas… »
Dit qu’elle ne le fera pas « pour baiser » parce que trop profonde, ce serait mépriser le type… (← résumé : « Ni eux ni elle ne le faisaient : contradiction entre propos apparents et internes).
Parle du risque, si on couche avec quelqu’un, de tomber amoureux de lui…
Dit qu’elle a pensé que j’avais pu avoir des relations ailleurs (je l’avais dit), mais qu’elle « n’y pensait pas », que « c’était « mon affaire… »)
← Mais là encore : contradiction car, quand je lui dis que non – (pas tout à fait faux : c’était si peu satisfaisant avec Colette) – , elle me dit : « Je l’aurais senti. Je sens toujours ces choses-là… »
Donc, elle a été rassurée sur le Présent.
Par contre, sur l’avenir, je fais ce que je redoute aujourd’hui être la connerie…
Je dis que je veux être « honnête » et lui parle des contradictions en moi entre les « trois parts » :
1/ part de l’» après-analyse » : qui a dépassé la jalousie comme fixation œdipienne
2/ Part qui cherche l’» échange des désirs » avec la femme. Part fusionnelle. Fantasmatique.
3/ Part qui lui ressemble et désire être fidèle → c’est là que je dis : « Je ne veux pas vivre avec toi parce que j’ai peur de t’être infidèle… »
Ce que je retourne, en une tentative désespérée de faire une pirouette, en « Si tu acceptes que je sois infidèle, je vivrai avec toi… »
Elle me demande alors si je me rends compte de ce que je dis, qu’est-ce que je cherche ?
Moi, flippant, dis : « Tant pis : j’assume… »
Elle dit qu’elle ne me gueulera pas dessus parce qu’elle n’est pas concernée (me renvoie à moi-même).
Ensuite (réaction de défense) : « Je n’ai pas d’inquiétude sur l’avenir de ma vie amoureuse… » et : « Je vais être honnête moi aussi : si je rencontre quelqu’un et que je l’aime, qu’il me demande de vivre avec lui, je dirai oui » (si bonne entente sexuelle # avec Michel).
Ça me fait flipper → quand on se couche : moi : « J’aimerais mieux que tu me dises : je vais me faire aimer de toi… » Elle : « C’est bien ce qui se passe… »
Auparavant, ma réaction à sa réaction de défense « optimiste » a été : « Je souffrirai de te perdre. Personne n’est remplaçable… »
(Auparavant, à propos de mon attitude face au fait éventuel qu’elle couche ailleurs, je parle de « choc du réel »…
Et aussi on fait ensemble le parallèle : Elle : « Peut-être que je te trompe en ce moment… »
Moi : « Si tu parles de la relation avec Michel, oui… Je n’en suis pas jaloux parce que je ne me sens pas inférieur intellectuellement, créativement, à lui… »
Elle : « Moi, c’est peut-être pareil sexuellement… »
(Chacun des deux se rassure…)
Elle me cite, me disant que je l’ai « soufflée » : « Tu vois, Mathilde, on ne vivra jamais ensemble… »
On s’endort dans des gestes de tendresse. Je veux refaire l’amour, mais on l’a fait deux fois (forêt + coussins) et ça me brûle (← crêtes de coq brûlées).
Matin : je me réveille avec une angoisse « colettienne » ← il faut l’analyser. Peur d’avoir perdu Mathilde + peur de me perdre en elle. ← C’est cette contradiction qui crée mon malaise ! !
Elle aussi est mal, elle me dit : « Je ne veux pas te perdre », ou « Je ne veux pas qu’on se quitte… » Me demande quand on peut se voir.
On doit se voir ce soir.
Le soir : séance où je veux dire tout ça. La contradiction dans laquelle je suis.
Geste de parler d’infidélité : me fait penser à celui de dire à Colette que je l’avais trompée.
Ce dont je ne lui ai pas parlé, c’est du désir de vivre seul pour être libre, vraiment libre de baiser ailleurs, ou plutôt de baiser chez moi, d’amener qui je veux…
Contradiction entre le Désir et l’Amour…
(Le matin : elle me dit : « Je veux me faire belle pour toi… » et, quand on a fait l’amour hier matin : « Il m’excite ce mec… Moi : « C’est parce que tu m’excites… »
07/06/1983
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(10h15)
J’attends, dans café coin avenue Simon Bolivar et Rue Pradier pour récupérer voiture garage (pot d’échappement détaché pour la cinquième fois… !)
Pensé tout à l’heure qu’un de mes désirs actuels serait que Colette m’appelle, en témoignant sa dépendance (sexuelle) à mon égard : « Ça ne va pas avec Marc L.… » (référence à mon « Tu me plais plus qu’elle… » (à propos de Mathilde).
À la suite de ça : sentiment qu’elle ne le fera pas… Que c’est ce qu’elle a toujours refusé (la dépendance et son expression…)
Dur pour moi de sortir d’une dépendance si grande.
Encore plus dur de sortir de l’idée même de dépendance sexuelle. De la fixation à une partenaire.
(Ce matin, me suis réveillé comme hier, près de Mathilde, dans cette angoisse qui se rattache à la fixation…)
Rapport de forces : « Non. Je ne suis pas dépendant de toi… » ou bien « soit dépendante de moi comme je le suis de toi… »
Évidemment une impasse…
FEMMES – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION – CINÉMA
Rencontré tout à l’heure, en bas de la tour Montparnasse (alors que je venais d’essayer de téléphoner à Marine pour la voir) Chantal K., rencontrée samedi soir au méchoui de Sabine R.-N..
Son attitude (distante, voire gênée – mais n’était-ce pas parce qu’elle était avec quelqu’un d’autre, une copine ?) m’a fait un peu flipper par la suite.
J’ai analysé ce flip : sentiment d’être rejeté. Tout à fait clair que ça se connecte à Colette avec qui la surimpression se fait par le biais que Chantal est veuve (id est en noir, noire…) Mais cette veuve et, en fait, une « veuve blanche » (c’est ce qu’elle m’a dit de son attitude à la suite du suicide de son mari. Tout ça recouvre, très vraisemblablement, un désir très refoulé de meurtre à l’égard du mari, ce qui me renvoie au désir de meurtre en Colette à mon égard (par le silence actuel), id est au désir de tuer le Père…
Et, en négatif, au désir de meurtre en moi… Désir le plus souterrain, le plus refoulé.
Angoisse d’être rejeté = désir de rejeter (ce dont j’ai parlé en séance hier soir, que ce soit Jocelyne, Colette ou Mathilde, c’est la Mère et la dépendance à son égard dont je désire me débarrasser…)
D’où cette angoisse qui est à double fond car, au-dessous de l’angoisse pour ainsi dire « visible », il y a l’angoisse (idem cauchemar) du désir qu’on parvient mal à refouler (cauchemar)
Le flip s’est accentué quand j’ai discuté avec Michel B. en régie 4 à Cognacq-Jay sur l’» avenir de la Télévision »…
Il parlait de
1/ Avenir noir du point de vue créatif
2/ Rupture avec Évelyne. Michel = personnage indépendant (encore Colette).
3/ Nos rapports lui et moi. Le fait qu’il n’appelle jamais.
Et moi : parlé du passage au Cinéma. Y ai pensé après à la cantine. Sentiment de difficulté.
Difficile sublimation qui perpétue les attitudes névrotiques…
Je m’interroge d’ailleurs pour la première fois, et c’est pourtant un vaste domaine qu’il faudra explorer, sur le choix que j’ai fait du secteur de sublimation : la création cinématographique… Secteur encombré, rendant la sublimation si difficile qu’on peut se demander s’il n’a pas été choisi exprès pour ça (outre autre raison…)
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION – CINÉMA
Repensé à ce que je demandais à Colette : exprimer son manque de moi (id est de l’avatar du Père).
Elle a passé toute sa vie à refouler ce sentiment de manque, comment s’y serait-elle abandonnée ? Trop dangereux pour elle. Outre que les formes que prenait mon Manque était si excessives qu’elles disqualifiaient d’avance celles que pouvait prendre le Sien… ← (une « autre » hystérie…) (elle ne m’a rejoint dans mon hystérie que lors de la scène du commissariat… « Je vais te faire payer » = désir de punir…)
08/06/1983
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Il est 16h30. Je suis à la maison. Chaleur d’orage, étouffante.
Le moins qu’on puisse dire est que ça ne va pas bien…
Résurgence en moi de la colère à l’égard de Colette et de la jalousie.
S’il est exact que c’est moi, comme dit G., qui l’ai poussée dans le lit d’un autre, il faut reconnaître qu’aujourd’hui, j’assume ça très mal…
En fait, au prix d’une fuite.
(La seule pensée d’aller rue Saint Vincent de Paul apporter son cadeau à Krystelle et déposer rôtissoire et guitare a fait revenir en moi les sensations « oubliées » qui sont liées à Colette).
Aujourd’hui : sentiment de malaise lié aussi au travail, à la dépendance dans laquelle je suis perpétuellement et l’insécurité qui l’accompagne.
L’absence de Pouvoir dans et sur ma vie.
Je pense à ce projet (« L’image de Pierre ») et je me suis demandé ce qui se passera s’il échoue… (C. : « Tu n’en mourras pas… »)
Non. On ne meurt pas. Mais est-ce qu’on vit ? Qu’est-ce qu’on vit ?
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
À l’instant, un flip terrible s’empare de moi en repensant (via Michel B.) à Momo et à ses paroles : « Roberto, ce que je trouvais avec toi, maintenant je le trouve avec d’autres… »
Ce qui me fait penser que Colette pourrait dire exactement la même chose.
Enfuis les jours, à jamais enfuis dans le temps, la mémoire et même l’oubli…
Rayé, remplacé, remplaçable…
Comment ne pas voir :
1/ que c’est la nostalgie de l’enfant irremplaçable pour sa mère qui s’exprime là… La nostalgie de ce type de lien, de ces liens…
2/ que ce que je refoule (mais qui émerge quand même) (et qui, donc, m’angoisse), c’est mon désir et ma capacité de remplacer l’objet perdu…
Le plaisir d’avoir remplacé (de savoir qu’on pourra remplacer, qu’on remplacera) l’objet perdu et parfois troublé par le souvenir de la violence du remplacement (vécu comme mort, comme la mort en moi – subie et donnée).
Ce malaise d’aujourd’hui, c’est le sentiment de la Mort…
10/06/1983
CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « L’IMAGE DE PIERRE »
(17h25)
Hier : journée importante : Jean M. est venu pour la première fois travailler avec moi sur « L’image de Pierre », à la maison…
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Je m’aperçois qu’une des choses que je « digère » le moins, c’est l’idée que Colette prenne son pied avec un autre (en l’occurrence Marc L.) autant qu’avec moi…
Cela m’amène à Mathilde et à l’idée que je supporterais en fait très mal qu’elle baise ailleurs…
La Jalousie est toujours en moi.
Mais n’est-ce pas, en fait, l’idée qu’une femme qui m’aurait aimé et qui baiserait avec un autre aussi fort qu’avec moi, en fait : aimerait cet autre autant que moi… ?
Et, en négatif, n’est-ce pas l’angoisse (et la tentation), pour moi, d’aimer aussi fort ?
J’en reviens à l’idée de ce meurtre que je n’en finis pas d’accomplir…
Et à cette question : aimerais-je ? Comment aimerais-je ? Est-ce que je mens à Mathilde quand je lui dis que je l’aime ? Qu’est-ce que l’amour ? D’où vient cette nostalgie en moi de la fidélité ?
N’y a-t-il place, dans ma vie, que pour des amours plus ou moins brèves qui seraient détruites par le choc de la réalité de la femme baisant ailleurs ?
D’où vient ce tabou si puissant sur l’infidélité de la femme… ?
Car, en fait, je m’autorise, sans trop de culpabilité, des relations sexuelles multiples, mais je me sens détruit par elle si la femme en fait autant…
Castration ?
13/06/1983
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(lundi)
Ce week-end aura été important :
Samedi après-midi : allé chez Marine chercher caméra pour filmer spectacle danse Agnès.
Parlé de Colette, Marine a deviné qui était « sa relation… » Elle m’a dit quelques petites choses qui m’ont suffi pour prendre conscience clairement du projet de Colette.
Se « caser » avec Marc, l’épouser, je le pense maintenant, et éventuellement avoir un enfant avec lui… Jamais l’aspect « réaliste » de Colette, son désir d’être riche, comblée, d’avoir un homme friqué et qui, sans enfants, s’occupe de sa fille, ne m’a autant sauté aux yeux.
Mes yeux s’ouvrent enfin, précisément.
(Ce matin, alors que j’évoquais mes difficultés de boulot et d’argent, Mathilde m’a dit : « Ce n’est pas dramatique : tu es un homme… ! »
Et là est bien la question : je suis en train d’accepter l’idée que je suis un homme, que je ne suis plus un enfant et que j’ai des responsabilités et un combat à assumer…)
La question de mon avenir se pose.
Je pense qu’il consistera à – enfin – m’investir totalement dans mon projet cinématographique.
C’est pourquoi – entre autres – je refuse de vivre avec Mathilde.
Mais je m’en culpabilise.
Cependant je lui ai dit, ce matin : « Ça ne sert à rien, la culpabilité… » Et elle en était d’accord.
Elle m’a surpris car, hier, (terrasse café rue de Buci) : conversation à propos d’une discussion violente qu’elle a eue avec Michel qui critiquait son projet de fusion. J’ai dit alors, à propos du fait qu’elle « m’avait » : « C’est peut-être ce qui t’est arrivé de pire » (← culpabilité) Elle a réagi, dans la soirée : « Je ne me laisserai pas assassiner… Ne t’inquiète pas pour moi. »
Elle s’est endormie. J’ai eu du mal à le faire. Résisté (et je m’en félicite) au désir de reproduire schéma colettien : la réveiller, discuter, faire une scène (contre « l’abandon »)
Ce matin, nos corps se trouvent, dans le sommeil.
Elle me surprend car il me semble (mais est-ce vrai ?) que c’est en intégrant consciemment mon refus de vivre avec elle qu’elle continue la relation avec moi… (hier soir : « Mais alors, tu ne t’es pas rendu compte que je t’aimais… »)
Ce matin, alors que j’expliquais ma souffrance et ma culpabilité de ne pas pouvoir mener de front deux créations : un foyer et ma création, elle m’a dit : « On verra… Mais c’est vrai que ça me ferait chier que ce ne soit pas avec toi que je construirai ça… »
FEMMES – DOMINIQUE
À part ça : samedi soir : fête Dominique B.. Rencontré Dominique : elle me dit : « Ça me ferait très plaisir de te revoir… » – « Je suis heureuse de t’avoir rencontré… » Senti le Désir. (dansé ensemble – « Personne légère… ») et attouchements, légers baisers…
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Cette nuit, il y a eu en moi le projet d’arrêter la relation avec Mathilde.
C’est bien l’existence de ce projet qui me fait problème.
Ai-je eu raison de lui dire : « Je t’aime » ? Est-ce vrai ?
Est-ce que le fait que j’ai du mal à la quitter le prouve ?
Et, d’abord, pourquoi la quitter ?
À cette question, je ne peux donner d’autre réponse que : elle a pris trop de place dans ma vie et me gêne pour baiser ailleurs librement… Pourtant elle me laisse tout à fait libre (« J’ai moi aussi des choses à faire… » a-t-elle dit ce matin…) mais j’ai peur des interférences. Et j’ai peur aussi de la perdre, de me retrouver seul, sans amour (ou avec un autre amour, moins intime) C’est à cause de cette peur, peut-être, que je veux faire une fuite en avant en la quittant.
Problème, en ce moment, aussi de la masturbation.
G. me montre que, bien que j’ai des relations sexuelles satisfaisantes présentes et possibles, je continue à me masturber id est à me castrer (← C’est pour me rassurer là-dessus, je pense, que je désire avoir des rapports sexuels multiples.
J’ai l’impression parfois que je m’oriente vers la fidélité.
Est-ce parce qu’elle n’a pas le même problème de peur de la castration que la femme est plus fidèle que l’homme ? (← Je crois que j’exporte abusivement mon problème aux autres hommes…)
14/06/1983
MUSIQUE – « SIBYLLE »
Lio « Si belle, si belle… » (et inutile)
(je pense, c’est la première fois : « Sibylle, si belle… »)
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Ce matin, téléphone a sonné. C’était Colette. Raisons coup de fil : matérielles (objets à récupérer) plus « pour avoir de mes nouvelles » (« Et toi aussi, je pense… ») Vus à 13h à Images de France. Déjeuner dans brasserie à côté rue de Courcelles puis un moment sur un banc Parc Monceau. Je donne de mes nouvelles, explique que je ne me suis plus manifesté, « pour ne pas gêner… » Disant que je me suis investi dans long métrage, que c’est ma voie. (Je lui dis que c’est une façon de continuer à lui parler. Elle dit que ce film est lié à nous, que ce ne serait pas possible de l’en dissocier…) Elle me félicite. Elle dit qu’elle est heureuse de me voir.
(Suite le jeudi 16)
– Parc Monceau) Elle me dit qu’elle souhaiterait qu’on soit nos « meilleurs amis » respectifs, que c’est à moi qu’elle peut dire les choses (je lui dis que je ne l’ai jamais repoussée, que je ne crois pas ( ?) que je le ferais, elle me dit que j’ai beaucoup donné et qu’en somme c’est à son tour, qu’elle peut m’apporter beaucoup. Je souris. On parle de ses projets de prendre un appartement pour elle (avec un coin pour Krystelle) « Tu es content de moi ? »
En marchant, elle me prend le bras (« Tu te souviens, la première fois qu’on est sortis ensemble ? » et m’embrasse (mais pas de baiser sexuel.)
Je la raccompagne à son travail – en chemin : Moi : « Tu n’as pas envie de moi ? » Elle : « On repart là dedans ? Ça nous a fait assez de mal ! C’est vrai : je t’ai appelé. C’est égoïste. Si je m’écoutais… » Moi : « Si tu t’étais écoutée : tu n’aurais jamais eu de mal à me dire : « Chéri j’ai envie de toi, je te désire, on n’en serait pas là aujourd’hui… »
On se quitte. Elle me dit que « c’est elle qui m’appelle » sauf si j’ai envie d’appeler pour dire bonjour. Avoir des nouvelles.
(J’ai promis de passer chez sa mère apporter objets plus cadeau Krystelle.)
17/06/1983
FEMMES – DOMINIQUE
Hier soir : rendez-vous avec Dominique (l’ai appelée mercredi matin). Je passe la prendre chez elle (lui apporte des pois de senteurs mauves) → pot chez Dominique B. → cinéma (« Riz amer ») (Jean-Marie P. vient avec nous ainsi que copine de Dominique, Claudine) ensuite → restaurant (« Parc aux cerfs ») En sortant, dans la voiture, je pose ma tête sur ses genoux. Elle me caresse les cheveux. Mon visage remonte vers le sien, nos lèvres, doucement, s’atteignent… Et le monde explose…
Elle me demande de la raccompagner.
Ce matin, je l’appelle. Elle me parle de ses « peurs » et du désir de me découvrir (Rythme) Image de « la montagne avec laquelle elle fait corps, en la gravissant » (Moi, je lui avais dit que j’avais hâte de me fondre avec elle…)
On doit passer la journée de demain ensemble.
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – ALINE GAGNAIRE
Je m’aperçois, en relisant ces notes, que je n’ai rien noté de la crise la plus grave (en tout cas la plus violente) que nous ayons traversée, Mathilde et moi…
Lundi soir : repas chez Aline Gagnaire… Or il y a, entre Aline et Mathilde, un vieux problème, un vieux contentieux.
Aline est jalouse de la jeunesse et de la maternité de Mathilde (de plus, il y a le trip « si nous étions jeunes tous les deux, elle et moi… »)
Mathilde le sent et en est blessé. Elle se sent niée.
Avant ce repas : rendez-vous, Mathilde et moi, au Châtelet. Elle a acheté une jolie robe rose courte. Elle me plaît. Chez Aline, je lui demande de remonter sa robe pour me montrer son corps pendant qu’Aline est montée chercher ses nouveaux tableaux. Elle refuse.
En sortant : flip sur le thème : « La femme refuse de réaliser mes fantasmes ».
Colère à la suite d’une phrase précise (à propos porte-jarretelles, bas et lingerie : « Pour vous, les hommes, c’est facile… » → tension. Affrontement. Mathilde me dit : « On va pas se quitter. Tu me fais chier… » et part dormir dans le salon → violence. Je renverse les coussins sur lesquels elle s’était couchée, la jetant par terre. « Je ne suis pas à la hauteur de tes fantasmes. Il vaut mieux arrêter… » Valse-hésitation sur ce thème. « C’est notre dernière soirée. » → Le lendemain matin : « Je ne veux pas te quitter. Je ferai un effort… »
Le lendemain soir : discussion sur les fantasmes et la différence de fonctionnement érotique homme-femme.
Là, elle est en vacances avec ses parents et enfants…
20/06/1983
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
(Lundi matin)
« Colette, tu n’avais pas envie de rendre un homme heureux… »
ÉCRITURE
(Train Paris-Lille)
Quand il entra en prison, on lui expliqua qu’il commençait un long voyage… Et on lui demanda si, dans sa cellule, il préférait une place côté fenêtre ou côté couloir…
21/06/1983
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
(Hôtel de la Bourse – Lille – 18h40)
Flip intense en moi en ce moment. D’autant plus intense qu’il reste en moi, dans ma solitude. Et c’est précisément les échappements, les écoulements de cette angoisse, de ce malaise, qui sont remis en cause, le bien-fondé de ma communication avec les autres. Ce doute sur les autres, sur les limites de la communication, vient assurément d’un mal-être chez moi.
Colette et toutes mes difficultés avec elle me tournent en tête. Le film se dérobe, ne se précise pas. Le temps passe. Je piétine. Ça ne va pas.
Je trouve que je manque de courage. Colette m’a donné des leçons de solitude que je n’arrive pas à mettre en pratique.
D’un autre côté il y a en moi cette peur d’aimer, ce refus d’être aimé, cette manière de placer la satisfaction dans un Impossible qui rend l’intérêt que je peux prendre à vivre faible et limité.
23/06/1983
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Un type passe dans la rue avec poubelle pleine (il va la jeter) embouteillage : depuis une voiture arrêtée un mec l’appelle. il vient à lui : le mec lui met un détritus dans la poubelle. gueule du type ! il s’en va avec sa poubelle.
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
L’angoisse en moi, j’en rends Colette responsable. Je la rends responsable de ce sentiment complexe d’angoisse, d’infériorité, de vulnérabilité, de malaise.
Un flash, soudain : la tenir contre moi pour nous précipiter ensemble sous un bus…
« Tu voudrais que je sois angoissée ? »
Ses mots me reviennent.
Lutte terrible en moi pour admettre que j’ai été cela… (que je le suis encore ?) (pour changer cela…)
27/06/1983
(Lille)
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Premier jour de tournage à Lille (pour « 30 millions d’amis »…)
À la fin du travail, en rentrant à l’hôtel, il me vient subitement, sans raison apparente, la conscience claire que ce que j’ai le plus désiré chez Colette, c’est qu’elle me supplie. Et c’est la seule chose que je n’ai jamais obtenu d’elle.
Son désir n’allait pas jusqu’à la supplication.
Et il me revient en mémoire une intervention de G. alors que j’évoquais « une femme qui supplie, qui pleure… » = « Qu’est-ce que ça vous évoque, une femme qui pleure ? »
Je me souviens avoir répondu : la Vierge Marie…
Vierge Marie : ma mère avant son mariage avec mon père.
Quelle idée sadomasochiste des rapports de mes parents me suis-je faite ?
Ce qui me revient aussi, ce sont tous ces moments de solitude que j’ai connue pendant la période Colette.
30/06/1983
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(Jeudi 01h – Hôtel « La chênaie » à Locquignol)
Mathilde est revenue de vacances, vendredi dernier.
Samedi : mariage de Marine et Christian (j’étais témoin) : pour ne pas arriver en retard : gymkhana sur l’autoroute bouchée.
Au retour : amour fort (elle avait pour le mariage un ensemble rose et un string rose en satin achetés spécialement…)
Hier soir, l’ai appelée, d’ici, de l’hôtel. Elle me dit : « Quand je t’ai, plus rien n’existe que toi… »
01/07/1983
Et voilà : ai rompu avec Mathilde.
Ça s’est passé cette nuit.
Démarrage sur le problème du Désir, une fois de plus.
Même scénario : je n’accepte pas que la Femme ne soit pas désirante (l’ai caressée pourtant, pendant la nuit. M’étais réveillé après rêve (mauvais) où Colette (qui était une autre femme) me parlait des hommes avec qui elle était, qui avaient des enfants…
03/07/1983
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
(Dimanche 11h15)
Ça s’est passé le jeudi. Le vendredi soir, elle m’a rappelé. Le son de sa voix m’a troublé et m’a fait vaciller… Elle m’a demandé « On peut se voir ? » Je lui ai répondu : « Tu veux que je vienne te chercher ? » Et c’était reparti.
Je suis paumé. Complètement perdu.
Ne sachant pas ce que je veux…
Et je n’arrive pas, malgré tous mes efforts, à chasser Colette de mes pensées. En rentrant du tournage dans le Nord, ai trouvé un modèle qu’elle m’envoyait pour le vélo de Krystelle. Elle me disait de l’appeler au bureau avant jeudi soir. Ai compris qu’elle partait en vacances. Ai très mal vécu cela (je le vis encore mal). Ainsi cette image qui me faisait souffrir, pendant nos ruptures, d’elle en vacances avec un autre homme, au bord de la mer, au soleil, bref : en vacances. Ainsi cette image est devenue une réalité.
C’est ce passage à l’acte de mon fantasme (comme disait G.) qui me frappe et me trouble.
Je me suis aperçu ce matin à quel point je lui en voulais de ne plus être touchée par le fait que moi j’avais ou pouvais avoir des relations avec d’autres femmes…
Il s’agit d’un déplacement de fidélité de sa part.
Quel sera mon avenir ? Que sera ma vie ? Que veux-je en faire ? Que puis-je en faire ?
La joie, en moi, parfois et l’oubli, l’insouciance, reviennent.
Pourtant l’obsessionnalité ne perd pas ses droits sur moi : j’ai rendez-vous mardi matin avec une voyante, la mère d’Yves, copain de Michel, pour qu’elle me parle de Colette…
10/07/1983
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – ZELDA
Je viens de vivre une scène étrange, « monstrueuse »…
J’étais couché, écrivant, pendant que Mathilde dormait.
Dans la chambre d’enfants : Agnès, Michael et Zelda…
(Au moment du coucher, Michael et Zelda avaient refusé d’aller au lit, j’avais menacé d’intervenir, réclamant qu’ils obéissent à leur Mère… Étais allé à la cuisine, disant qu’ils devaient être déshabillés quand je reviendrais…
Michael s’est exécuté, mais la petite était assise, bien droite, sur le tabouret, habillée.
Je l’ai empoigné, l’ai dévêtue très rapidement et l’ai couchée. Elle a tapé une crise de nerfs, trépignant dans le lit, hurlant, pleurant.
La mère n’a pas cédé, a vite dit bonsoir et a éteint → sortie de nous deux.
Puis larmes, endormissement difficile (un peu plus tard.) L’ai envoyée faire bises du bonsoir, bien qu’elle dise que, quand elle faisait ça, Zelda recommençait de plus belle. Cela n’a pas été le cas.
Après film à la télé, Mathilde et moi allons nous coucher… C’est là que se situe la scène : pendant que j’écrivais, j’entends la voix d’un des deux enfants (que j’identifie mal, ne les pratiquant pas souvent) dire : « Papa » ou « Maman »… C’est d’abord le désir de savoir si c’était Papa ou Maman qui était ainsi appelé, qui m’a fait me lever pour ouvrir porte de leur chambre puis m’installer sur la banquette à côté (Si ça avait été Zelda, grondée par moi, qui appelait son Papa, cela me paraissait lourd de sens).
Mais, comme je le pensais bien, c’est Maman qui était appelé par Zelda (j’avais identifié lequel des deux parlait en dormant).
Sur un « Maman », je me lève et arrive à la porte. La petite était assise, les yeux ouverts. Je m’approche. Elle réclame coussin, je ne me souviens plus si déjà, là, je lui ai fait dire « s’il te plaît ».
Je crois que oui, en lui disant qu’elle doit être gentille.
Je vais chercher le coussin et l’oblige à dire merci (en lui tirant l’oreille).
Mais peu importe au fond les détails, ce qui compte c’est la pulsion sadique en moi qui m’a frappé (retrouvé sadisme que j’avais eu envers enfants de Marie Odile T.) et aussi le désir de Toute Puissance, dont j’éprouvais, en voyant ce visage d’enfant, non-souriant, dans la pénombre, yeux grands ouverts, soutenant mon regard, à quel point il était fou. Je me suis senti fou, à cet instant. Je lui ai fait dire « Merci », je n’ai pas pu introduire en elle le désir de dire merci. (Je repense là au « Je t’ordonne d’être spontanée » de G.) (Pensé, en effet, à Colette, muette sous mes coups de ceinture, indomptable, irréductible.)
Ma folie est ainsi, une recherche, fatalement vaine, du contrôle de l’Autre jusque dans sa volonté.
Il m’apparaît fondamental, également, que le Sadisme s’exerce sur des enfants. Dans tout cela, quelle place prend l’enfant que j’étais ?
Je dois ajouter :
– Une notion sexuelle (corps nu ou presque de petite fille) → désir de masturbation en moi et même, tout à l’heure, par la porte entrouverte, de coït…
– Colère en moi contre ce chagrin d’enfant et ce qu’il entraîne : la réclamation de la mère.
Au plan des actes, je n’ai rien fait de monstrueux, néanmoins je n’oserai jamais raconter cette scène à Mathilde.
L’idée qui me vient, concomitamment à cette scène, c’est qu’on ne peut se fier à la sincérité de l’Autre.
Sans doute parce que je sens ainsi affleurer à la surface consciente les remous de mon inconscient glauque. Je me dis qu’il en va de même pour tous, qu’ainsi Colette, qui prenait tant son pied avec moi, le prend peut-être plus encore avec L. parce qu’elle satisfait avec lui un projet inconscient (coucher avec son père), que je suis un dissimulateur et que, sachant que les autres ne devraient pas croire en moi, je ne peux, moi, croire en personne ← encore le fantasme de toute-puissance !
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME- SEXE
Je viens de me masturber. Cette masturbation alors que Mathilde dort à côté, s’accompagnait d’une haine à son égard. Idem ce que je ressentais en me masturbant au lieu de baiser Jocelyne (sentiment de régression).
Beaucoup de choses m’apparaissent maintenant avoir été permanentes bien que masquées, dissimulées sous un camouflage.
Ainsi la dimension de haine, de rejet, m’apparaît, en moi. Moi qui suis soi-disant tellement tourné vers l’Autre.
18/07/1983
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – ZELDA
(Train de nuit Paris-Albi)
La scène précédente (avec Zelda) j’ai osé la raconter à Mathilde (pas en totalité cependant, pas avec toutes les réflexions qu’elle m’a inspirées…)
Ce que je veux noter aujourd’hui – à son propos – si la notion de castration (masturbation) liée à une petite fille qui préfère sa maman à moi (idem Colette).
Il m’apparaît aujourd’hui que peut-être cela renvoie à un vécu infantile où j’aurais voulu « jouer » avec une petite fille et où, à mon grand dépit, elle aurait préféré et recherché sa mère…
VÉCU – AGNÈS – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Après moteur voiture cassé pour cause de surchauffe, rentrés à Paris avec Agnès (de Veneux où j’étais chez René qui n’avait récupéré à Ablis) pour prendre le train à la Gare d’Austerlitz.
Donné rendez-vous à la gare de Lyon à Mathilde qui nous a emmené au train.
Sur quai, devant wagon, évoqué ses mots de samedi, au téléphone : « Tu as été ouvert, tu avais des désirs, mais est-ce que, lorsqu’on a été ouvert, on est ouvert à l’autre, à l’écoute de l’autre » Lui ai demandé d’expliquer. Elle explique : elle voulait dire qu’on ne peut être ouvert à l’autre, le désirer, que si l’autre est ouvert, nous désire.
Réciprocité déjà évoquée lors d’une conversation boulevard Saint-Germain, un soir, suite à notre quasi rupture d’un jeudi soir (où nous avions su en reparler).
D’autre part, elle me pose la question : « Est-ce que tu crois qu’on vous fuit lorsqu’on est comblé ? » Elle me dit que coup de fil de trois heures (sans doute avec Michel) où on lui a dit qu’elle comblait et que c’est pour ça qu’on la fuyait (crainte de perte d’identité parce que trop absorbante.
Je lui réponds, assez sèchement parce qu’un peu en colère (parce qu’en racontant, elle avait employé « chéri » au style direct, comme si « on » le lui avait dit) id est : Michel), je suis sûr que c’est lui) : = « Si je te fuis un jour, ce sera parce que tu ne me combleras pas… » (point de vue radicalement contraire).
29/07/1983
VÉCU – ARGENT – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(La Claverie)
Coup de fil à Soubrier à propos message qu’il m’avait laissé sur dépassement découvert.
Au terme d’une discussion « animée », il m’enjoint, à mon retour de vacances, de changer de banque.
Désarroi en moi. Flip. Toujours le problème du Pouvoir que je subis.
Sentiment qu’il y a des restrictions inévitables à faire à mon plaisir. Sentiment de Mort à travers des choses imposées, inévitables (comme la Mort…)
Je veux noter séjour de Mathilde ici (à la Claverie).
Très beaux jours.
Très belles baises.
Excitantes, vicieuses, déchaînées.
Plus de problèmes à propos fantasmes.
Elle est entrée avec moi, complètement, dans le monde de l’érotisme.
L’ai appelée hier soir : « Ça devient compliqué, notre histoire, ça prend des allures futuristes… »)
30/07/1983
CHOSES ENTENDUES
Un mot rapporté par Vincent (Claverie), dit par son père : « Les domestiques, ce n’est plus comme avant : maintenant, ils font ça pour de l’argent… »
Un mot pareil peut-il s’inventer ?
04/08/1983
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
De retour à Paris (rentré hier matin).
Mis Agnès au train pour Lorient. Obligé de sauter du train en marche parce que je discutais avec bonne sœur pour qu’elle s’occupe d’Agnès pendant le trajet. Cause retard.
Je traîne toujours. Tout à l’heure encore : en retard pour rendez-vous banque avec Auvray.
S’interroger sur la signification de ces retards chroniques (cf. Agnès à l’école quand elle était petite). Ces retards me font honte et me donnent mauvaise conscience (on me fait honte avec, aussi. Cf. R. K. l’autre jour : « Ne soyez pas en retard, Robert… »
Une forme de pouvoir sur moi que je donne à quelqu’un (qui ?)
De quels retards anciens s’agit-il ?
11/08/1983
ÉCRITURE – PROJET « L’IMAGE DE PIERRE »
On avance bien, Jean et moi, sur le scenar « Image de Pierre »…
– Trouvé, seul, à la Claverie la « fausse piste » du début (Pierre photographe – coïncidence photos Pierre-tableaux Lucie – série photos faites par Pierre pendant 48 h amnésie Lucie, se réveille chez elle et découvre scène des lieux peints par elle pendant ce laps de temps…)
– Trouvé avec Jean un système pour que Lucie récupère photo → parents + pierre liquidé par l’organisation
– Pensé ce matin, tout seul, la solution pour problème pénétration Pierre chez Marceau = faire Marceau travailler le soir au labo plutôt que chez lui. Accès + facile (détails à régler).
Pensé aussi à relation Lucie-Pierre (il y a déjà quelques jours) :
Pensé que Pierre peut refuser à Lucie réalisation des images non par jeu sadique, mais par mécontentement parce qu’elle lui a refusé réalisation de ses propres fantasmes.
Lucie rétablit les choses en négociant : donnant-donnant. Mais elle va même plus loin et lui assure une très grande satisfaction.
Le Pouvoir que vous confère le Désir de l’Autre n’est pas forcément vécu comme une oppression si on satisfait ce désir (par désir, en miroir)
J’ajoute un troisième élément aux deux premiers (Désir – Pouvoir) = la satisfaction.
« Il y a quatre attitudes face au Pouvoir qu’engendre le Désir : on l’exerce, on le subit, on le combat ou on le partage… »
Passage à une vision positive (certainement lié à mon vécu avec Mathilde) (cf. jours à la Claverie…)
18/08/1983
VÉCU – ARGENT – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME- RÉFLEXION – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE
Vieux carnet, confident imaginaire, double et mémoire de moi-même, je reviens toujours vers toi dans les mauvais moments. Et c’en est un, assurément…
Ce matin, je décroche le téléphone : tonalité d’occupation ! On m’a coupé… Ça me pendait au nez. Depuis, je suis dans l’interrogation : comment payer les 2000 balles que je leur dois ?
Emprunté de l’argent à plein de gens : 2000 Fr. à René. 500 Fr. à Zyf. Et je dois 1200 Fr. à la Claverie pour les 15 jours passés là-bas. Sans compter les 5000 Fr. passé par Maman avant les vacances (j’oublie 1500 Fr. Mathilde pour plan épargne logement).
Je ne peux pas rester sans téléphoner. Le dernier lien qui me rattache au monde extérieur.
Je me sens ainsi très isolé. Pourtant Mathilde m’aime. Elle ne cesse de me le dire. D’un amour « normal », c’est-à-dire fait d’élans et d’agressivité.
J’en viens à savoir cela : comme dit Julien Clerc dans sa chanson « Femmes » : « Je n’en connais pas de facile… »
Pendant le retour en voiture du week-end du 15 août : passé à Castelnaudary chez la mère de Joël (méchoui). Nous nous sommes engueulés, Mathilde et moi. Sur l’argent précisément (m’étais arrêté à Narbonne pour retirer de l’argent. Et, à la banque, ils avaient ordre de saisir mon chéquier !) Discussion sur la situation : « Ça ne peut pas durer ! » Puis « Après tout, ce n’est pas mes oignons… » (Cap au nord puis au sud…)
J’ai compris après que ce discours se branchait sur ma volonté de ne pas tout partager avec elle. Elle a émis une demande (exceptionnelle chez elle) que je n’ai pas satisfaite → colère chez elle.
De mon côté : me suis aperçu qu’à travers elle, c’est contre ma mère que je me mettais en colère.
Sentiment d’infériorité infantile, via le problème de l’argent. Révolte contre la culpabilisation exercée sur moi (elle a d’ailleurs dit, à un moment : « Je ne suis pas ta mère, après tout… »
Tout cela était, pour une grande part, dans ma tête, vu et dramatisé par moi, mais pas seulement. Pour la cause de sa réelle agressivité : voir plus haut…
Ainsi je suis amené à voir que l’agressivité est au cœur de tout rapport offre-demande, à fortiori tous rapports amoureux. Pour supporter cela il faut une estime de soi-même que je n’ai pas en ce moment (cf. problèmes de fric).
J’ai beaucoup de mal à émerger de l’histoire Colette. Je pense à elle souvent. M’interroge toujours. C’est précisément cette incertitude qui est la plus pénible, en ce qu’elle recouvre une incertitude sur moi-même. La haine pour elle cache la haine pour moi.
Au cœur de tout ça : un rêve de Mathilde, cette nuit : je lui disais que j’aimais toujours ma « petite femme ». Elle m’avait sollicité et je lui avais cédé.
À noter, il y a une dizaine de jours : message de Krystelle me demandant « Comment ça va ? » Lui ai répondu par un mot sur une carte. Elle m’appelait « Papa », j’ai signé « Roberto ». Durable malentendu, cette affaire de paternité. Colette et Krystelle : pas la même chose vis-à-vis de moi.
22/08/1983
VÉCU – SEXE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Plusieurs choses à noter (avec Mathilde) :
Nuit. Faisions l’amour. Lui demande de me dire : « Je suis ta chienne… » Elle refuse. Compris après pourquoi : elle voulait la réciproque (« Je suis ton chien ») C’est le possessif qui est ici en cause = peur de se perdre dans l’autre. Peur de l’aliénation.
Cet incident a été recoupé par un autre : refus d’utiliser le godemichet. Chez moi : colère. Ressentiment. Conclusion à tirer : je ne veux pas tomber dans le trip : « Gueule réactionnelle », car ce refus de l’aliénation que je sens chez elle (bien que je la sente contradictoirement prête à s’y abandonner), c’est aussi le mien.
Au nom de ce refus, je ne souhaite pas qu’elle bascule dans les mêmes souffrances que moi avec Colette (encore qu’une part de moi le souhaite, mais se dit qu’aucune femme ne s’aliènera autant que moi).
Quant au coup du gode, je déplore ce refus de la femme, sa répugnance à satisfaire certains de mes fantasmes. Mais je ne parviens pas à croire à une femme qui serait vicieuse pour moi (là : danger : si elle est vicieuse, pourquoi ne le serait-elle que pour moi ?) Sentiment de désillusion tempérée par une vision « réaliste » du type « mais si, c’est possible… » (une femme vicieuse, mais pas Mathilde. Au fond : trop « pure ». Elle rejette le gode parce que c’est « une autre démarche ».
Suite à tout ça : ne suis pas tombé dans le trip « gueule réactionnelle » mais me détourne d’elle.
(Exemple cette nuit : on baisait. Je lui demande de se mettre en 69 sur moi et de se caresser (elle venait de le faire), mais elle me dit qu’elle « ne peut pas (physiquement), alors je lui dis « Arrêtons… » Après, elle veut que je l’embrasse et je refuse (elle : « Tu es bizarre »).
Nouveau, ce refus. Chez moi. Parce que j’ai le sentiment de n’avoir rien à perdre.
Sentiment aussi de l’impasse où j’étais et serai, de toute façon, et avec n’importe laquelle – avec Colette en voulant forcer son désir soit par la supplication soit par le jeu de la fausse monnaie.
Ainsi, ayant éprouvé l’inefficacité de cette démarche, je ne souhaite pas que l’autre la fasse vis-à-vis de moi (du moins pas Mathilde, mais peut-être est-ce parce que je ne le désire pas très fort).
25/08/1983
MORT – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
La seule question vraiment importante, la seule que j’aimerais poser à chacun d’entre nous, c’est : « Comment vas-tu mourir ? » Mais personne ne petit répondre. Pas d’une manière absolument crédible.
29/08/1983
VÉCU – SANTÉ
À nouveau : crêtes de coq sur le gland. Aussi mal à la tête (bizarre : comme si j’avais reçu un coup sur la tête).
Rapproché les deux choses : mal à la tête – mal à la « tête de nœud » (les crêtes de coq provoquent une irritation qui rend la fellation moins agréable).
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Encore un problème ce week-end, entre Mathilde et moi. Retrouvé le tableau des sentiments « colettiens »…
Réfléchis que le godemichet que je désire voir la femme s’enfiler, c’est un moyen pour moi qu’elle ait un pénis.
Image de l’autosuffisance. Que l’homme ne peut pas donner. Aussi : annulation de la castration.
VÉCU – SANTÉ – MORT
Ce matin : violente douleur au cœur.
Comme une déchirure.
Cela a mis longtemps à passer. Peut-être une demi-heure.
Pensé à la mort, dans la douleur.
Cette douleur précise du corps m’a montré combien nos douleurs confuses de l’âme sont plus supportables puisqu’elles ne nous empêchent pas de vivre.
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Samedi j’ai dit (pensée déjà formulée tant de fois) : « Si on se met en colère contre quelqu’un, c’est qu’on l’aime… » Elle a contesté ce point de vue.
Il serait peut-être temps, pour moi, en effet, de ne plus confondre l’amour et la haine…
Ah ! Un amour qui ne contienne pas la colère… !
LANGAGE – ARGOT – HUMOUR – SEXE
Godemichet = Dieu (God) Miché…
Qu’est-ce qu’un miché ? (en argot)
Commentaire du 10 avril 2018 :
« Miché » signifie en argot « client pour une prostituée) », ce que j’étais à l’époque… Le godemichet que je demandais à Mathilde de s’introduire, cela pouvait donc être moi et faire d’elle la prostituée : vieux fantasme de l’homme (cf. la maman et la putain)
– Commentaire écrit à 71 ans
30/08/1983
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – SEXE
Flash-back : Mathilde sur autoroute Narbonne qui s’était mise nue.
– L’amour la nuit dans la voiture, arrêtée dans un chemin (grillon) au milieu des vignes.
Flash-back sur une discussion :
Moi : « Je me suis rendu compte que les relations sexuelles, si fortes qu’elles aient parue être, ne suffisaient pas à retenir une femme… »
Elle : « Et bien, tu t’es trompé… »
Oui. C’est vrai que je doute de mon pouvoir sexuel sur une femme.
22/09/1983
VÉCU – SEXE – AMIS – FEMMES KAREN ÉLISABETH – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Très long temps d’interruption… !
Pourquoi ?
Cela me paraît être signifiant, symptomatique de cette période d’évolution importante dans laquelle je suis…
J’écris moins parce que je vis plus… Des choses plus importantes…
J’aurais d’ailleurs du mal à résumer le (presque) mois qui viens de s’écouler.
Depuis cette « rentrée » de septembre.
Je noterai cependant tout de suite un événement important : soirée du lundi 19 : repas au restaurant avec Patrick (C.), Karen et Élizabeth. Puis boîte (la Scala) puis fini la nuit à la maison. Avons fait l’amour au vu les uns des autres (Patrick et Élizabeth, Karen et moi).
Soirée importante. J’ai poussé la porte d’un domaine nouveau.
Ce qui prédomine en moi, en ce moment : la remise en question de la Jalousie.
Je m’oriente de plus en plus vers un idéal qui consisterait à aimer profondément, complètement une femme, à être aimé d’elle pareillement et que chacun de nous deux soit complice de l’autre pour accepter ses désirs « ailleurs » et même, parfois, les partager…
Idéal de conciliation.
26/09/1983
MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION – MA MÈRE
(2h40)
Séance de ce soir :
J’évoque conflit avec ma mère (samedi au téléphone) et je dis que c’est la première femme qui me piège.
En cas d’amour étouffant ou de reproche, avec une femme, il y a possibilité de rupture. Mais peut-on fuir l’amour d’une mère ? On est paralysé par la culpabilité.
Autre moment de la séance : je reviens sur l’intervention de G. après que j’ai dit que je voulais « interpréter » l’attitude de Colette (en la rattachant au triangle œdipien).
G. m’avait dit : « De quels droit feriez-vous de telles interprétations à une femme qui ne vous est rien ? »
Je reviens donc sur cette notion du « droit », en demandant à G. ce qu’il pense de ce qui fonde et limite ce droit.
Il me renvoie à ce que j’ai dit de mon conflit avec ma mère.
Comme je dis que je ne comprends pas, que ce n’est pas clair, il me dit : « Vous avez été très clair en parlant du droit de l’amour » (j’avais dit que je m’autorisais l’interprétation de l’attitude de Colette au nom du « droit de l’amour » = désir d’élargir la connaissance qu’une personne a d’elle-même + l’envers : désir de vengeance en démolissant l’édifice d’illusions qu’elle s’est construit.
J’étais fâché après G. qui ne soit pas plus clair.
C’est après la séance que j’ai compris :
Le droit de l’amour peut ouvrir la porte à des attitudes étouffantes, agressives, blessantes.
Ce n’est donc pas un droit applicable (puisque le seul interdit à respecter, c’est de ne pas blesser l’autre).
L’idée qu’on se fait du droit, la morale, le surmoi provient de l’exemple de l’amour parental.
VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Un repère : suis allé ce soir chez Christophe V., qui travaille à Images de France. Pour m’appeler, il n’avait plus mon numéro, il l’a demandé à Colette. Elle l’avait oublié. Il a fallu qu’elle cherche dans son agenda !
Elle lui avait d’abord donné le numéro d’Images de France… ! Id est son numéro « à elle « … Genre : » Ne l’appelle pas lui. Appelle-moi, moi… » et aussi : » Je ne connais que mon numéro. Je ne connais que moi. »
Étrange de voir, de l’extérieur, un désir auquel je suis totalement étranger, chez quelqu’un qui m’a été si proche…
Quel rapide oubli !
Quelle disproportion entre mon amour et le sien !
Cela me fait penser à une de ses phrases, dans les derniers temps où l’on s’est vus : « J’ai l’impression qu’on n’a jamais vécu ensemble… »
27/09/1983
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(10 h)
Je viens d’appeler Mathilde à son travail. Je voulais lui dire que je regrettais qu’elle ait eu mal dimanche soir (godemichet qui l’avait irritée). Senti dans sa voix que ce n’allait pas. Elle m’a dit « Il faut que je te parle… »
Sentis tout à coup « quelque chose »…
Quelque chose de différent de toutes les fois où il y a eu malaise entre nous. Je sens venir la fin.
Je pense qu’elle réalise enfin que je ne l’aime pas vraiment, que mon désir est faible.
Aussi, chaque jour m’apporte la confirmation qu’il faut s’attendre à tout.
La solitude. Come-back.
Il faut savoir ouvrir les yeux (on ne peut les garder toujours fermés).
AGNÈS
Ce week-end, Agnès a confié à Mathilde qu’elle préférait s’attendre toujours au pire…
Durable souvenir de sa blessure.
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – ANGOISSE
Ce matin, comme rarement, depuis longtemps : morsure de l’angoisse (au ventre)…
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
(16h15)
Je reviens sur ce coup du téléphone de Colette. Je m’aperçois que j’ai répondu de la même façon qu’elle. J’ai « oublié » à quoi correspond le 720 53 17… ! Numéro d’Images de France où je l’ai appelée si souvent.
Même volonté forcenée d’échapper à la dépendance, de se libérer de l’autre en l’oubliant…
29/09/1983
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Hier, Mathilde m’a appelé. Hier soir. Lui ai proposé qu’on se voie.
Elle est venue.
Là : discussion.
J’ai lâché le morceau. Ce que je n’osais pas dire depuis si longtemps : que mon désir pour elle a baissé, que j’ai des désirs ailleurs. Et qu’en conséquence, je dois assumer les conséquences : quelle est libre également de faire ce qu’elle désire.
Discussion sur la relativité et le merveilleux (prolonger ce matin, car elle est restée dormir).
Décidé de « laisser-faire le temps » et « prendre de la distance », de se voir moins souvent.
Mise en application : elle va reprendre les affaires qui étaient ici.
Ce matin : déprime.
Séance d’hier : j’ai dit à G. que j’étais bien obligé de m’apercevoir que j’allais mal…
Régulièrement : retour de la pensée de Colette.
Mathilde : « Tu ne t’es pas encore remis de ce que tu as vécu. Tu commences seulement à émerger… !
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION – SEXE – DÉSIR
(16h15)
Gérard S. sort d’ici. Il est venu pour travailler aux scénarios des prochaines chansons détournées pour l’émission de Cotto.
Je me retrouve seul. Appartement désert. Silencieux. Solitude. Déprime.
Je ressens un sentiment d’abandon, de vide.
Immanquablement, la pensée me revient de Colette et de son silence.
Désir d’un élan d’amour.
Est-il vrai qu’on ne puisse jamais avoir tout à la fois dans la vie ?
Une femme aimante, Mathilde, mais que je ne désire pas assez pour vivre avec elle…
Et puis, de toute façon : les désirs, tous les désirs.
Dans le fond, mon souhait, c’est d’obtenir – et d’accepter de donner à l’Autre, en retour – la garantie de l’Amour et la liberté des désirs…
Mais cette vieille ambition de posséder la femme et cette vieille inquiétude sur moi-même, ce sentiment d’infériorité vis-à-vis des autres hommes, vécus comme rivaux triomphants, voilà ce à quoi je redoute de ne pouvoir échapper…
VÉCU – FEMMES
(03h)
Je rentre d’une soirée théâtre avec Luce, puis couscous chez Joëlle. Revu, là, Dominique B., visiblement contente de me revoir et d’accord pour un rendez-vous avec moi. On se voit mardi prochain.
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Réfléchi que je me sentais coupable de ne pas manquer…
30/09/1983
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(Vendredi 19 h tabac Obligado)
Être conscient de tout. Ambitieuse visée, impossible projet… !
Mais, au moins, de l’essentiel…
Dans le fond, toute notre vie sociale est fondée sur le fait qu’on ne sait pas ce que pense l’autre, exactement, ce qu’il ressent…
Ce mystère nous déchire et nous arrange…
Ainsi, si tant de gens (hommes et femmes) se plaignent : « Je ne veux plus me faire piéger… », c’est que certains leur ont fait (parfois en toute bonne foi) croire qu’ils les aimaient et qu’ils n’avaient aucun moyen de confirmer ou d’infirmer la véracité de cette assertion…
En ce moment, je m’interroge sur l’Amour, sur le besoin d’amour, dans la vie.
Tout à l’heure, je pensais à l’amour et je me disais : c’est le manque du manque (de l’autre).
Mais n’est-ce pas une version pessimiste de la chose ? L’amour ne peut-il, inversement, être la satisfaction de la satisfaction… ? (qu’on donne à l’autre)
Tout à l’heure : lu dans le journal quelques lignes sur les États-Unis, le jazz, le milieu artistique US, etc. qui m’ont fait penser à Mathilde, à son voyage, à son attirance pour cette vie. J’ai ressenti un pincement. C’est ce pincement que j’interroge.
Que me dit-il ?
Il me dit : « Satisfaction sans toi, en dehors de toi, loin de toi, avec d’autres… »
Elle me disait hier soir : « Les autres existent. Je trouverais des compensations. C’est sans doute grâce à ça que j’ai pu t’entendre me dire que tu ne me désirais pas… »
Je mesure l’inanité des efforts pour conditionner l’autre.
On entre dans son jeu d’une manière qui vous est favorable ou pas. On ne peut rien changer à ce positionnement.
Face à la défection de l’Autre, se pose le problème de la solitude.
Il est certain qu’une attitude fréquente et alors de remplacer.
C’est frappant, tout de même, et c’est à ça que je veux revenir, cette conduite que j’ai eue : dire à Mathilde : « J’ai des désirs d’ailleurs… »
Le plus important me semble être que je la pousse à « me rendre la pareille » et c’est cela qui m’intéresse vraiment.
Cela à quoi il m’apporte vraiment de m’affronter.
Et, si je ne suis pas débordé par l’angoisse, l’obsessionnalité, le désespoir, c’est que j’ai organisé cela avec une femme que je désire beaucoup moins que Colette.
Tout ça, c’est du pipi de chat.
La vieille idée, c’est : « J’organise son adultère, mais je le contrôle : elle me reviendra parce qu’elle m’aime… »
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – HUMOUR
Idée comique :
Un homme aime une femme d’un amour profond. Il l’aime pour elle, non pour lui.
Il respecte ses désirs et même les encourage.
Ainsi se retrouvent-ils ensemble dans une partouze. Pendant qu’elle fait l’amour avec un autre, il lui dit « Je t’aime » et l’embrasse passionnément.
Et un autre homme dit la même chose et en fait autant…
Tête du mec… !
01/10/1983
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Claire vérité de ce matin (au cours d’un coup de fil avec Madeleine J. – appelée par rapport à Colette, mais elle avait quitté Images de France) = Colette a compris qu’elle me ferait du mal en me voyant « en ami » et a accepté la distance.
Marque irrémédiable qu’en passant de moi à L., elle a cessé de me désirer, ne pouvant, selon sa structure psychique, désirer deux hommes à la fois, du moins passer à l’acte, dans ces conditions…
Il faut donc voir dans son silence une honnêteté…
Par rapport à ça, je retrouve ma frustration vis-à-vis d’elle. Mon sentiment d’abandon.
Ainsi c’est avec un autre que se passe ce qui se passait avec moi. Cette fidélité de Colette. Mais je la savais, en même temps, traversée, habitée, par des désirs, souterrains, informulés, qui toujours la ramenaient vers d’autres images du Père.
La différence aujourd’hui, pour elle : sans doute un amour plus paisible. La disparition de cette remise en question que j’ignorais en permanence, la satisfaction d’être appréciée telle qu’elle est et, non contestée, accablée de reproches. La satisfaction d’avoir en face d’elle un être fidèle, dès le départ et amoureux d’elle.
Enfin la satisfaction de posséder, un substitut du Père, en la personne du mari (même ex) de ce substitut de la Mère qu’est Maryse.
Cependant le fait que Christelle m’a appelé « Papa » indique que cette liaison n’a pas été rendue publique.
Ainsi, elle aurait, une fois de plus ? choisi un amour impossible ?
Seule la mort de sa mère mettra fin à l’état des choses dont elle est tributaire.
03/10/1983
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÊVES
Fragments de rêve de la dernière nuit :
J’appelle un comédien au téléphone. Pascal, je crois, le prénom… Et le nom, un nom en AN… SEVRAN ?
Je ne sais comment, Jean M. me répond : j’ai fait une confusion…
On me dit, dans un rêve : « C’est important pour toi, les prédictions extraordinaires… »
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
(16h10)
Je revois tout à coup, là, dans la même pièce que moi (auditorium 9 à Cognacq, pour un mixage. Machines en panne…) : Colette, présence « réelle » : son silence, son « inaccessibilité »… Pourtant, il y en a tant, des êtres semblables à elle : silencieux, pudiques, secrets, discrets… ! Pourquoi cette angoisse en moi, cette agitation, à son contact, comme si, avec son calme (apparent) grandissait en moi un trouble déstructurant, affaiblissant, fragilisant. Comme s’il était écrit que le simple contact avec cette femme devait établir sans réfutation possible, que je ne suis pas un homme et m’en rendre malade, coupable, désemparé, ? dans mes larmes et réduit, impuissant, rageur, à une fureur malheureuse…
Pourquoi n’y eut-il jamais en moi de certitude, à son égard ? De tranquillité, d’équilibre ?
Parce qu’il n’y eut jamais, de sa part, de supplication, parce qu’elle, elle semblait avoir intégré une fois pour toutes, qu’elle était seule, que j’étais seul et qu’il ne sert à rien de s’agiter, si désespérément soit-il, pour échapper à cette solitude.
Je suis aujourd’hui dans cette solitude, je refuse l’amour, même celui qui existe et non seulement l’idée de l’amour.
Pourtant je ne peux rechercher la supplication chez l’autre. Cela signifierait une relation névrotique.
Mais n’en suis-je pas tenu à cette exigence de supplication parce que Colette avait décidé (jeu de la fausse monnaie) une fois pour toutes de ne pas faire appel à moi lorsqu’elle souffrait… ?
Relation d’amour. Relation de soutien mutuel.
04/10/1983
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
(19h25)
J’ai appelé Mathilde. Pas là. Demandé qu’elle me rappelle. Elle le fait.
Au cours conversation, je lui dis : « Je t’ai dit que je voudrais t’aimer… » Elle : « Il ne faut pas te forcer… »
Ça me met en colère : je lui dis qu’objectivement, cela signifie que ce que je peux penser ou ressentir ne la concerne pas. Elle dit que ce n’est pas ce qu’elle a voulu dire.
J’en viens à dire que je me sens mal, confus. « Si tu savais à quel point je me déteste… »
Analysons lucidement : il y a eu, en moi, à son égard, une colère.
Pourquoi ?
Parce que sa bonne humeur, son courage, son amour font qu’elle ne bascule pas dans le ressentiment à mon égard.
Or, le ressentiment est encore pour moi la marque de l’amour.
Donc : si pas de ressentiment, cela veut dire pas d’amour dépendant, qu’elle n’est pas dépendante de moi.
Or voilà ce que je veux, que je n’ai jamais eu et que je n’aurai jamais : quelqu’un de dépendant de moi (comme j’ai pu l’être et le suis de ma mère). Voilà la chimère que j’ai toujours poursuivie, plus ou moins consciemment.
Mathilde, sans analyse, mais grâce à sa séparation d’avec Samuel, en est plus loin que moi. Elle a vraiment rejeté la notion de dépendance.
Tandis que moi, je tiens encore ce jouet meurtrier entre mes mains, je le tourne et le retourne, mais je ne me résous pas encore à le jeter par terre. Il m’a explosé dans les mains, m’a blessé, m’a cogné sur les doigts, mais je suis (comme ?) l’enfant qui se refuse encore à comprendre que sous belle illusion du jouet, il y a la réalité, coupante, blessante, meurtrière même…
Pourquoi le ressentiment est-il pour moi la marque de l’amour ?
Pourquoi cette funeste association de l’amour et de la haine ?
À quel sombre passé se rattache mes sentiments ? Qu’est-ce qu’ainsi je répète ?
Je cherche dans mon enfance et ne trouve aucune mémoire du ressentiment dans ma vie d’enfant. Aucun manque auquel j’aurais réagi par la colère.
Commentaire du 22 juin 2019 :
Et l’absence de mon chien Bobby que mes parents ont fait semblant de « perdre » lors d’une promenade dominicale, qui a fait 20 km pour retrouver la maison et qu’ils ont à nouveau et définitivement « perdu » : ça n’aurait pas provoqué du manque et du ressentiment en moi, que j’étais trop jeune pour exprimer ?
– Commentaire écrit à 72 ans
Cette anomalie a déjà retenu l’attention de G..
Ainsi Mathilde, à plusieurs reprises, a manifesté son manque si c’est bien cela dont j’ai besoin pour croire à son amour, mais elle le fait sans colère. Elle reste aimante et douce. Est-ce vraiment la colère que je veux ? Est-ce le conflit, le drame ?
– « C’est dur de ne pas se voir… »
– « J’ai été agréablement surprise que tu m’appelles… » (Et, comme je ne m’irritais – encore – du « surprise », disant qu’elle oubliait que je « faisais des choses » moi aussi, elle explique : « Non. Parce que tu continues… »
– « Tes bras me manquent… »
Cette colère en moi. Elle me conduit à me haïr, me dévaloriser et ainsi à survaloriser la Femme avec qui j’ai une relation. Ce qui me conduit à la jalouser et à lui reprocher de ne pas compenser ma dévalorisation par une valorisation de sa part.
Et pour couronner le tout, finir en beauté : je peux être sûr que si la femme agit comme moi, je lui en veux mortellement…
05/10/1983
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION – RÊVES
Hier matin il s’est passé une chose exceptionnelle : je me suis réveillé avec un sentiment oublié depuis longtemps qui était pourtant quasi quotidien chez moi à une certaine époque (quand j’étais avec Jocelyne) : sentiment de mécontentement.
Quand j’essaie de le préciser, il se dérobe. Il se produisait ainsi au réveil. Et, de fait, en ce moment, il m’arrive souvent de me dire qu’il est bon de dormir. J’en ai envie. J’y trouve du plaisir et oublie la déception de la réalité. Je suis revenu au sommeil de cette époque (sommeil perdu avec Colette).
VÉCU – TÉLÉVISION
Contact comité de lecture TF1 Gilbert Pineau
Producteur (Légitime violence) Kuiv Production Michel Rotman
Chef d’unité : Charles Brabant
Réalisateur pressenti : Pascal Aubier
07/10/1983
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(19h20 Obligado)
Tout à l’heure, Mathilde :
« Un homme qui laisse sa femme aller avec d’autres, c’est pas un homme… »
Point de départ d’une discussion commencée au café et finie en voiture au moment où elle m’a demandé de l’arrêter pour descendre.
Elle souhaite (bien qu’elle n’ait pas dit ça explicitement) la fidélité.
« Si je fais l’amour avec quelqu’un, ce sera profond… Je ne peux pas faire l’amour sans aimer… Je ne peux pas aimer deux hommes à la fois… C’est facile de trouver quelqu’un qui m’aime, ça peut aller très vite… »
Moi : colère. Pourquoi ?
1/ parce que sentiment de m’être fait piéger, elle a fait de la provoc « Tu peux faire ce que tu veux… + déclaration dans le même sens à Samuel et Michel. Mais devant la réalité : blocage. « On n’est pas pareils… »
2/ colère aussi parce que « lorsqu’une autre queue te pénètre, ton amour s’évanouit en fumée… C’est vraiment la baguette magique, la queue d’un mec… »
Sentiment d’une absence de garantie sur l’amour.
Elle : être l’unique…
Moi : être le préféré…
En moi, maintenant : questions sur l’avenir.
Pourquoi pas Mathilde ? Parce que son corps n’excite pas assez mon désir.
Mais si femme excitante (cf. Colette) : nécessité absolue d’éviter la dépendance.
Alors ? À moins de jouer la fidélité et être libre « en cachette ».
Quelles solutions ?
– Fidélité. J’en connais les obstacles pour moi.
– Partenaire « libre », m’aimant et baisant ailleurs → problème de la garantie sur l’amour.
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
(02h)
Après ces notes : séance.
Il m’assène une interprétation (partie d’une colère de moi son égard parce qu’il n’était pas assez clair dans une intervention) : (dit à toutes les femmes avec qui j’ai eu une relation) : « La relation que tu espères avec moi, je l’ai avec d’autres… »
08/10/1983
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Mis le réveil à 10 h. Me suis réveillé à 8…
Suite problèmes avec Mathilde, je retrouve ces réveils matinaux si fréquents et si désespérés avec Colette… (mais moins désespérés présentement)
J’en suis encore à découvrir qu’il ne suffit pas de vouloir les choses pour qu’elles se fassent…
La séance d’hier soir aura été importante. J’essaye d’en noter le plus possible…
– « Vous vous arrangez pour vous sentir coupable au bout d’un moment… Et puis ça vous sort de l’idée… »
Moi : « Vous m’avez accouché de mes désirs et maintenant il faudrait que je les nie pour ne pas me sentir coupable (pas les mots exacts, mais c’est le sens) »
Lui : « Comme si l’un excluait l’autre ! (Le désir et la non culpabilité) »
Je viens d’appeler les B. pour récupérer mon ordinateur d’échecs.
Conversation « fonctionnelle » → sentiment de solitude.
Ainsi sont les choses ! Si on avoue à une femme qu’on en désire d’autres, on perd son amour…
Ce qui me révolte, c’est que malgré tout ce qui s’est passé, je suis encore attaché à Colette et qu’elle : non !
Aucune garantie sur l’amour.
Ainsi il faudrait être fidèle ?
Et si je ne le suis pas ?
Si je ne peux pas l’être ?
Je suis torturé par cette contradiction.
Il faudrait donc mentir ? Cacher à l’autre tout un pan de notre vie ?
Non
Et, en plus, non seulement c’est horriblement difficile, sinon impossible d’arriver à une solution satisfaisante en amour, mais, en plus, derrière toute cette difficulté, derrière une vie passée à chercher, à souffrir, à manquer, il y a la mort… !
Il n’y a pas de doute : je ne peux esquiver la nécessité de m’interroger sur cette culpabilisation que je mets en place en décevant systématiquement les femmes qui m’aiment…
Je n’apprendrai rien en écrivant dans ce carnet.
Une seule chose à faire : continuer l’analyse.
Au niveau superficiel, j’» argumente » contre Mathilde sur cette base :
1/Elle m’a « piégé ». Elle a dit que je « pouvais faire ce que je voulais », mais devant la réalité, elle désapprouve.
Je vois dans cette « permissivité » originelle une volonté d’indépendance, de force autonome.
Elle a voulu « fanfaronner »…
2/ alors que précisément (voir plus haut) elle a soi-disant « accepté » ma liberté, elle ne supporte pas que j’accepte la sienne…
J’aurais dû savoir (et je savais, en fait) qu’entre ses paroles et ses sentiments réels, il y avait une marge très large…
En fait, je me rappelle très bien qu’en « révélant » mes désirs d’ailleurs, j’étais tout à fait conscient de précipiter la rupture.
Mais je me retrouve aujourd’hui culpabilisé. Ce n’est pas une rupture où je ne souffre pas.
Oh non ! Je me suis bien démerdé pour souffrir, pour être angoissé. Le sentiment de la valeur de Mathilde m’effraye : « Je ne retrouverai jamais ça… ! »
12/10/1983
Écriture
Si j’ai « choisi » le mois d’octobre pour cette « épreuve » de notre amour, Mathilde et moi, n’est-ce pas parce que ça fait 10 mois qu’il dure ?
« Dix mois que tu m’aimes… »
et
«Dix mois que je t’aime… »
15/10/1983
FEMMES – KAREN
Flash Back sur ces derniers temps :
– Aventure avec Karen (sortie 2 fois seul avec elle + soirée à 4) Karen « Le chat »…
– Lundi 10 : matin. Colette m’appelle, sous prétexte affaires à récupérer, demande à me voir. Déjeuner ensemble au « Lady Hamilton ». Je laisse parler mon désir pour elle. Elle fait le point sur elle-même. Ça ne va pas très bien. Elle me rappelle – alors que je devais le faire – jeudi 13 matin. Elle éclate en sanglots au téléphone. On se voit le midi (Parc Monceau) et le soir (Pub après sa réunion « syndicale » à Images de France) puis restau viet à Maubert. Je la raccompagne chez sa mère.
MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) – FEMMES – MARINE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Prolongements de ça : séance d’hier soir. Je m’émerveille du fonctionnement de l’inconscient :
Moi : « Elle est fantasque, Hélène (la fille de G.). Colette (la soubrette) est souvent obligée de lui dire de rentrer dans les parties privées de l’appartement.
Je fais tout seul la traduction :
Hélène : mon sexe (fantasque)
Colette : Colette
les parties privées : son sexe
rentrer : faire l’amour
A+ B + C + D
B donne leur sens à A, C et D.
En disant « Elle est fantasque, Hélène… » je ne savais pas et savais à la fois ce que j’allais dire après.
Je trouve cela admirable.
– Mercredi : je déjeune avec Marine. Restau italien près Montparnasse : caresses pendant le repas. Aveu réciproque de désir. Baisers en sortant → coups de fil. Lettres. Elle est en plein conflit intérieur. Ça ne doit pas être drôle pour elle (et très drôle en même temps).
Mathilde : manque de me quitter le mardi 11 (fait ses bagages). Elle ne supportait pas ce que je proposais (imposais) comme relation. Avons fait l’amour. Rattrapé in extremis.
Où en est-elle ? Je ne le sais pas très bien.
Elle semble accepter mais… ?
Hier soir, lui ai écrit. Spontanément. Ce matin, au téléphone : me suis mis à pleurer.
Elle est si bien, Mathilde…
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Société française de psychanalyse
Société de psychanalyse de Paris
École de la Cause Freudienne (Lacan) → Groupe des 40
Lire Pamela TYTELL
18/10/1983
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
(mardi)
Déjeuner aujourd’hui avec Colette. Ce qui l’intéresse, c’est de parler d’elle, d’essayer d’y voir un peu plus clair. Elle est nerveuse. Elle somatise. Elle me fait entendre qu’elle me parle comme à un psy et dit : « Tu vas te faire payer pour toutes ces séances… » Je lui dis que c’est dur, ce qu’elle dit. Elle dit « maladroit… » Je ne crois pas que ce soit si maladroit. C’est, une fois de plus, l’expression d’un fantasme, celui de la prostitution puisqu’elle voit les choses ainsi : échanger son corps contre quelque chose.
Je songe sérieusement à abandonner l’idée de recoucher avec elle, y compris en refusant si elle me le propose.
Mais ne le désire-t-elle pas au fond ? (car ce qui, me gêne serait qu’elle le fasse sans désir.) Seulement : qu’en sais-je, de son désir ? Je ne vois pas pourquoi le « choix » de L., pour les raisons que je connais, ne serait plus valable pour elle…
Avec moi, c’est un autre père qu’elle trouve (ce qui lui fait dire qu’elle subit aujourd’hui le résultat de la « pression » que j’ai exercée sur elle pendant des années et que le bilan est plus positif que négatif.)
Finalement, sans le savoir, une fois de plus, elle ma manipule, se sert de (écriture de la note interrompue)
21/10/1983
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Pourquoi n’ai-je pas poursuivi ces lignes ? Je ne sais plus. Je ne le ferai pas. Il est bon que cette pensée reste ainsi, en suspens… Je m’en détache.
Combien ai-je pu souffrir de toi, Colette ! Et tu ne le sauras jamais, jamais vraiment. Carnet, vieux camarade. Je m’aperçois que tu me manquais… ! Je veux noter ici un rêve d’il y a plusieurs jours :
Je faisais l’amour avec Claire…
En en parlant, d’abord pendant une séance où j’ai associé sur l’épisode de cet été Éric – Armelle et l’autre fille (Patricia ?) et sur le regard d’Agnès là-dessus, puis avec Zyf au téléphone, j’ai compris (en fait, je l’ai compris au cours de ce coup de fil en parlant de « rapports clairs »), compris qu’il s’agissait du fantasme et de la scène primitive et du rapport à trois (où, bien sûr, je peux être à la fois le père et l’enfant. Pendant la séance, j’avais associé, à partir du rêve, sur la vision.
C’est bien du fait que, les choses soient « au clair », tirées au clair, mises au clair, mises au jour, qu’il s’agit.
Je mesure mes progrès., Combien, de plus en plus, je suis capable de me débrouiller seul pour interpréter…
FEMMES – MARINE
Marine a mit les freins. Il fallait s’y attendre. Encore beaucoup de travail faire pour elle…
Elle a même été agressive avec moi, m’accusant tour à tour de ne « pas être un saint », d’être fort (et aussi surimpressionnant sur moi l’image des hommes avec qui elle a été en conflit, y compris celui qui l’a violée).
Désir du rapport de forces, désir de vengeance, refus de la dépendance (y compris de la jouissance vécue comme une dépendance).
28/10/1983
3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Laissé ce carnet depuis pas mal de temps. Survenu pas mal d’événements :
Mathilde : me dit un soir qu’elle « va » me quitter parce que je ne lui réponds pas. Je réponds que je n’aurais rien le droit de redire à ça… Je reparle du problème de mon désir. Elle repousse avec colère un geste de tendresse.
Je retiens, parmi ses mots : « Lorsque tu auras compris que ta partenaire a du désir, tu seras heureux… »
C’est juste. Et c’est mon problème : vouloir croire qu’on ne me désire pas, qu’on ne m’aime pas. Ou alors me perdre dans un fantasme de toute-puissance.
Marine, mardi après-midi : après suite de sales coups (mauvais rendez-vous chez Atari – commandement d’huissier – différend avec Jocelyne sur vacance Agnès – problème avec Mathilde) je me montre agressif sur le thème désir frustré : « toute des salopes allumeuses »… → raccrochage → la rappelle. M’excuse. Reçu depuis une lettre d’elle.
Marie-Christine : suis sortie avec elle (restaurant Belleville) Lui ai raconté « L’image de Pierre » (besoin de me réassurer) puis soirée expo chez Joëlle L. (revu là Dominique B. : impression fugace d’un désir chez elle…) Marie-Christine passé nuit maison. Je la baise, la fais jouir, mais je ne jouis pas moi-même… !
Dominique : au téléphone lui dis que je me sens « nié » par son refus de faire l’amour avec moi → colère en moi.
Tout à l’heure, l’appelle, on se voit en vitesse dans un café (l’Excelsior). On en reparle. Elle m’invite pour ce soir, mais je ne suis pas libre : rendez-vous avec Sally.
Rencontré Sally. 20 ans. Camerounaise. Chanteuse. De la classe pour 20 ans et un sourire perpétuel.
Au téléphone : « Les gens qui sourient beaucoup sont ceux qui peuvent pleurer beaucoup… » (dit par elle).
Elle me plaît beaucoup. Physiquement, mais pas seulement. Ce désir intense de la Femme Noire se réveille en moi…
Wait and see. Prudence et tact. Pas d’illusions… Mais j’aimerais beaucoup la baiser.
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Colette : Hier : 2h30 du matin alors que je discutais de « L’image de Pierre » avec Eliza, qui m’avait appelé « au secours » (répété avec elle ou presque, le rapport avec M. C = la baisais → débandade → arrêt (tendance à l’accuser. Sempiternelle projection.) Colette m’appelle en larmes et me demande de venir la chercher, en bas de chez L..
Je le fais tour dans Paris (tout fermé) puis la raccompagne.
Ses problèmes, pêle-mêle : racisme (via Fufu), faiblesse de L., exigence que l’on se dépasse pour elle # réalisme : « Il est comme il est » – paranoïa galopante.
Quelle distance je prends vis-à-vis d’elle ! → couché sans pouvoir dormir. Endormi à 7 h du matin ! → ce soir, suis crevé.
À noter, hier midi : rendez-vous avec elle où je lui dit (enfin) ma difficulté à supporter qu’elle couche avec un autre et se refuse à moi. Ce à quoi elle répond qu’il lui faut du temps…
30/10/1983
VÉCU – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) – MORT – FEMMES – SALLY -3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – MICHAEL – ZELDA
– Interrompu les lignes de la note précédente (écrites dans salon d’attente G.) pour aller en séance. Séance où, soudainement, la mort tombe sur moi. Sanglots. Fiction du moment de ma mort.
Tellement pénible que je suis obligé, pour la première fois depuis longtemps, de m’asseoir.
Après séance : rendez-vous avec Sally (La Rhumerie) Elle ne vient pas. Je flippe en quelque peu, j’interroge répondeur : message de Mathilde voulant me voir.
Je l’appelle, vais la chercher → maison. J’ai du mal à m’endormir (coup de fil Bertrand à 1h30 pour les noms des sept nains… !)
Lendemain, samedi : message de Sally, s’excusant. Elle est arrivée 50 minutes après le rendez-vous (je l’avais attendue 45 minutes).
On doit se voir. Retrouvé confiance dans cette relation. Je lui dis à la fin : « Je te fais plein de baisers… » Elle me rappelle qu’elle a mis « Gros bisous » sur le répondeur.
On doit se rappeler.
Hier après-midi : jardin d’acclimatation avec Mathilde et ses gosses (autos tamponneuses) Soir : soirée rue Saint-Denis chez Pierre D. et Totor, rencontré Albi : terrible coïncidence du destin. Son frère, Robert, est mort ce mois-ci. Comme je lui demande de noter mon numéro pour m’appeler si elle en a envie, je lui dis : « Marque Roberto ». Elle répond : « Mon frère s’appelait Roberto… » (elle est italienne).
Que faire à cela ? Je l’ai accompagnée au taxi. On s’est serrés très fort et fait des bises…
04/11/1983
FEMMES – SALLY
(Vendredi)
Lundi soir : Sally ici. Fumé ensemble nuit ensemble.
Mardi. Mercredi. Jeudi : lui écris une lettre de 12 pages.
06/11/1983
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – FEMMES – SALLY – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
(Dimanche)
Épisode Sally. Conflit entre elle et moi sur la question du Désir.
Je me sens dominé par la Femme que je désire et souhaite en retour la dominer. Équilibrer ma dépendance par la sienne.
Problème de l’équilibre. Ainsi Mathilde, que j’ai désirée le premier, s’est mise à me désirer en retour et c’est maintenant moi qui ne la désire plus.
Le point :
Mathilde : c’est moi qui ai dit (il y a une dizaine de jours) : « C’est moi qui romps ».
Depuis : un matin, elle m’appelle, en larmes.
Je la rejoins, la console du mieux que je peux, essaie de lui redonner courage.
Le soir : coup de fil. On s’engueule au téléphone (problème d’affaires à venir prendre).
Le lendemain, elle vient les prendre. Me parle très tendrement. Me dit qu’elle m’a écrit. Je reçois la lettre : elle parle de la tendresse entre nous, de l’évolution sexuelle. Dit qu’elle ne veut pas me perdre. Lui ai répondu aujourd’hui en parlant de mon désespoir à voir que le Désir s’émousse.
Colette : il y a quelques jours, elle m’appelle, veut me voir le soir (c’est le jour des larmes de Mathilde, lui ai promis de l’appeler à 19 h) À 20h30, plongé dans discussion avec Colette, je m’aperçois avec terreur que je n’ai pas appelé (c’est le soir où, ayant enfin joint Mathilde, on s’engueule au téléphone)
→ colère chez moi parce que, dis-je à Colette, « Je veux être le « préféré » → je la raccompagne. Elle : « J’ai choisi. »
Autre épisode : samedi matin, je passe devant le coiffeur rue de la Chine : souriante elle se fait faire une permanente !
Sally : c’est à peu de choses près l’histoire Colette qui se répète. Décalage entre mon « (trop) grand désir et le sien → conflit.
Elle pense que j’ai tort et me le dit.
Hier soir, samedi, je lui dis qu’il vaut mieux qu’on ne se voie plus. Elle part. M’appelle à 10h. Je lui demande « Est-ce que tu m’aimes ? » Elle répond : « Oui ». Lui dis de venir. Elle dit qu’elle va venir et ne vient pas. Elle m’appelle aujourd’hui à 3h. Lorsque je lui demande ce qu’elle a fait, elle dit « des bêtises ».
Lorsque je lui reproche de ne pas avoir appelé, elle dit d’abord qu’elle n’a pas pu puis qu’elle a attendu le moment de le faire. Elle dit que je la bouscule, que c’est moi qui crée le problème.
Nos deux positions :
Elle : « Pourquoi ne pas prendre le temps ? (« Là où je vis, on prend le temps »)
Moi : « Pourquoi prendre du temps ? »
(Elle parle un moment de mes « angoisses que je veux faire partager »…)
Mon alternative infernale : désirer (et en souffrir) ou réprimer mon désir (et en souffrir).
Que faire ?
Je savais qu’une fois le désir retrouvé, je retrouverais ce problème.
Comment éliminer la haine qu’il y a en moi envers les femmes ?
Comment m’empêcher de leur faire ce procès d’intention de ne pas me désirer (de me désirer moins, beaucoup moins que je ne les désirs…) Est-il fondé ? Ne l’est-il pas ? Je ne sais pas. Je suis perdu.
Peut-être le désir des femmes, dans sa spécificité, est-il une réalité que je conteste ?
G. parle de la volonté chez moi de préserver un « monde de rêves »…
Je vois que, ce week-end (cf. mauvais moments avec Colette), c’est dans l’écriture de mon film que j’ai trouvé secours… (avec angoisse, en même temps).
Aller trop vite : mon problème…
Et vouloir aller vite.
Ainsi je me souviens de Framboise et de ce que m’en a dit Claire il y a peu de temps, à la fête rue Saint Denis.
Et tout ça pour mourir !
Je pense à ça car je pense à Framboise sous l’angle : « La solitude, c’est un bastion… »
Solitude : on meurt seul.
Solitude → mort.
Depuis mardi dernier : rage en moi contre Colette, à cause du « J’ai choisi… » Tous ces appels, ces « retrouvailles », n’était-ce pas, en fait, pour en arriver là ?
Pour me porter ce dernier coup ? N’était-ce pas pour Colette le problème : l’impossibilité de me choisir (comme moi avec Mathilde, soyons honnêtes…)
Mathilde, avec qui je communique si bien, si chaleureuse, si ouverte, si spontanée, si prête à jouer mes jeux sexuels, pourquoi n’est-ce pas toi que je choisis ?
Ne pas oublier que Colette m’a fait que « choisir » un nouvel avatar du Père…
Mathilde, et son amour si maternel, n’est-elle pas un peu trop près de la Mère, une mère trop « voyante » (cf. ma culpabilité à son égard. Ma culpabilité à l’égard de son amour (cf. Sally, à propos de son père : « Ce qui me gêne, ce qu’il m’aime… » id est : ce qui me culpabilise…)
Amour = culpabilisateur.
N’est-ce pas là il faut chercher cette attirance que je ressens pour les femmes qui me rejettent… ?
J’ai vu cette attirance jusqu’ici comme impliquée dans le nœud œdipien. Sans doute est-ce vrai (désir et angoisse de castration, par autopunition du désir), mais une femme qui ne « m’accable » pas de son amour, une femme qui me rejette, me donne l’occasion de la haïr, donc de culpabiliser, car elle me rejette, mais elles le font parce qu’elles m’aiment et que je les déçois en me débrouillant pour ne pas me faire aimer d’elles… (*)
En somme, elles « m’ont » aimé. Toujours. Pas de présent pour mes amours…
(*: Mais, « au moins », je culpabilise à cause de moi.
La femme qui m’aime sincèrement, sans me rejeter, me donne l’impression de m’étouffer (cf. Mathilde à qui j’ai dit que je voulais des relations ailleurs). (Alors que j’ai promis la fidélité à Sally… !)
Ainsi l’amour de la femme me paraît très dangereux et gros de culpabilité…
Être aimé signifiant pour moi être condamné à être indigne de cet amour, coupable par cet amour, je me débrouillerais perpétuellement pour « mériter » cette culpabilité (on dit d’un enfant puni : « Il a ce qu’il mérite ») en me rendant « indigne » de cet amour (y compris en ne me croyant pas désirable).
Évidemment, derrière l’amour « de la femme », il faut chercher l’amour de la mère.
Il serait temps que je mesure précisément à quel point le petit enfant, le bébé, est avide de sa mère, de l’amour de sa mère. À quel point il désire « mériter » cet amour et à quel point, probablement, il s’en sent indigne.
C’est cette « indignité » que je reproduis perpétuellement. M’arrangeant parfois avec une incroyable ingéniosité à la justifier dans la réalité…
Ainsi je parviens à bloquer l’accomplissement du désir, le mien et celui de ma partenaire, alors je peux lui faire à mon aise le reproche de ne pas me désirer suffisamment, ce qui la met en position d’agressée, donc la rend agressive, réactionnellement, et me permet de libérer une agressivité qui s’accompagne d’une culpabilité née de la conscience obscure que j’ai d’être à l’origine de tout ça.
(C’est à la lumière de cela qu’il faut voir, je crois, les disputes et les réconciliations des amants : on se donne mutuellement l’occasion de re-trouver « digne » de l’amour de l’autre. Pacification, réparation de la blessure infligée à l’autre → réveil du désir. Dans cette question des moments où les désirs sont mis en berne, il faudrait peut-être penser que ce que l’on recherche, c’est (un moment) ne pas être désirable (on est trop méchant pour ça) et le redevenir après…
07/11/1983
VÉCU – FEMMES – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
(6h55)
Levé très tôt pour tournage au château de Neuville.
Dès que le téléphone a sonné (la scripte, Liliane, m’a appelé car elle habite à côté et je l’emmène en voiture) plein de flashs de toutes sortes : la mort (toutes nos clowneries pour en arriver là)
Horoscope à la radio = flash-back sur les déprimes « colettiennes » et cette conne qui n’en saura jamais la réalité, de ces déprimes, de ce goût amer du matin, cette sensation du corps « de l’intérieur » (bien sûr et comment en serait-il autrement ?)
Flash Back sur mes exaltations (tournage des « Voyageurs de l’histoire » : phares dans la nuit, au petit matin… Pascale.
Ainsi de femme en femme, d’erreur en erreur, de manipulateur à manipulé…
11/11/1983
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – FEMMES – SALLY – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
11 novembre : jour de l’armistice. À la télé : film sur la guerre. Absurde boucherie. Un personnage (genre inspecteur militaire) dit à Blaise Cendrars : « J’ai un poumon en moins, je n’ai pas pu faire la guerre. Prêtez-moi votre fusil : je voudrais tuer un homme… »
Je reçois en pleine gueule la réalité de ce sinistre désir.
Ainsi Colette, parlant de « Fufu », dont je la crois amoureuse, subit cette fascination de la virilité meurtrière « Il a tué un homme » (même si elle rajoute : il pleurait en en parlant »).
Il lui a dit : « Je me mettrais à genoux devant toi… » Ainsi nous sommes toujours piégés dans ce rapport de forces, où la mort est au bout, piégés dans cette fascination du conflit et du meurtre et nostalgique d’un moment de grâce où ce rapport s’annule, où l’on fait la paix, si possible avantageuse pour nous. Cette nostalgie n’exclut pas la perpétuation du rapport de forces : ainsi Colette jouit de cette image d’un homme à genoux devant elle. Femme sadique et dominatrice. J’en ai été la victime, assoiffé d’un désir, d’un manque qu’elle taisait, tant elle le savait dangereux pour elle.
Ainsi Sally… Elle appelle et ne dit rien. Elle vient et repart. Hier soir : « Tu ne dis rien… ? Moi non plus… ! »
Mathilde : Elle me laisse un message, il y a deux ou trois jours : « J’ai quelque chose d’urgent à te dire… »
On s’est vus avant-hier soir. C’était que son stérilet a été déplacé.
Discussion. Conflit.
Je révèle mon côté jaloux, possessif.
Elle me dit qu’un homme est amoureux d’elle, lui envoie des fleurs tous les jours.
Et je suis jaloux.
Je ne comprends pas bien ce qui se passe en moi.
Elle reste la nuit avec moi. Le matin je me réveille mal. Mauvaise journée de tournage (conflit avec Marie-Christine). Le soir : accident de voiture.
18h10 :
Sally devait venir pour déjeuner. Non seulement elle n’est pas venue, mais elle n’a même pas téléphoné !
Elle se venge de l’ultimatum que je lui ai posé (« Tu m’aimes ou rien… ») Comme, par la suite, je suis revenu sur mes positions en disant que je lui restais disponible, elle en profite pour me mener en bateau.
Solitude. Déprime. Tristesse généralisées.
Je n’ai pas bougé de la journée.
Juste un coup de fil de Dona et une invitation d’Eliza à aller au cinéma ce soir.
(2h30 du matin)
Une évidence me crève soudain les yeux (Œdipe, enlève ton masque, je t’ai reconnu !) : Les femmes « me tiennent » (ou plutôt, je me mets entre leurs mains) par la sexualité, le désir sexuel, l’envie très forte de faire l’amour avec elle. Pourquoi ? Parce que, en « tenant » une, avec qui j’ai une relation amoureuse, je m’accroche à elle par peur de ne pas trouver ailleurs de quoi satisfaire mon désir.
Manque de confiance dans ma capacité de séduire.
Ainsi elles n’ont qu’à exploiter cette situation (cf. Colette : « Tu es avec moi parce que tu es incapable de trouver ailleurs… »)
Ma rage envers les femmes, c’est de ne pas en trouver une qui soit dépendante de moi sexuellement comme je peux l’être d’elle…
Et pourtant : Mathilde… !
Mais de Mathilde je ne suis pas dépendant, sexuellement.
Ce que je veux, c’est l’interdépendance (cf. G. : « Votre conception de l’amour est celle de deux despotes tout-puissants qui s’affrontent »)
Et c’est vrai que le problème de la jalousie est (serait ?) éclairé d’une lumière nouvelle si la femme – même en ayant des relations avec d’autres qu’avec moi – me désirait très fort.
C’est bien cette « épine du désir » (!) qui reste plantée en moi et que je ne parviens pas à arracher
ce puissant désir d’un désir en miroir au mien.
Ainsi je n’en veux pas à Colette de m’avoir quitté, d’avoir une relation avec L., mais de ne pas me désirer, de repousser mes avances.
Le désir de la femme m’est toujours apparu jusqu’ici comme trop faible (par rapport au mien).
Ainsi, avec Mathilde, la relation était (relativement) calme car mon désir pour elle était moins fort (qu’avec Colette par exemple) Les choses ainsi s’équilibraient mieux.
Deux question en moi (qui n’en font qu’une) :
– Colette a-t-elle « triché » sur notre sexualité (la ressentant comme une forte jouissance et refusant de le dire et de la redemander) ou bien me désirait-elle « moyennement » ?
– Cet « émerveillement » que je ressens devant la femme, devant la sexualité avec la femme, la femme peut-elle la ressentir elle aussi ? (N’y a-t-il pas des barrières culturelles, voire biologiques à cela… ?)
12/11/1983
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – FEMMES – SALLY – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
(Samedi 14h40 – couché, je n’ai pas envie de bouger)
Cet « émerveillement » dont je parle plus haut exige une capacité de fictionner sur le sexe qui me fait dire que les femmes (en général ?) n’ont pas de talent pour le sexe.
Je conçois que mon corps ne les fasse pas rêver comme me fait rêver le leur (lorsqu’elles me plaisent).
Je repense à mon « fictionnement » sur Mathilde.
Après tout, j’ai buté sur mes limites à ce fictionnement ! Comment ne pas comprendre que les femmes atteignent elles aussi des limites dans leur fictionnement sur mon corps… ? (Colette – Sally)
Je pense que je me plante complètement dans ce problème du corps.
Une femme peut désirer un homme pour autre chose que son corps.
Ainsi Mathilde…
Alors ? Comment naît et meurt le désir des femmes ? Voilà la question à laquelle je suis ramené sans cesse.
Mathilde m’a dit : « Je t’aime parce que tu es quelqu’un qui se laisse toucher… »
Cela est vrai dans la mesure où elle-même se laisse toucher également.
Cette sensibilité réciproque préserve la possibilité d’une émotion.
Maintenant que je m’écarte d’elle, elle sent bien que cela revient, en fait, à ne plus me laisser toucher… Et l’émotion ne peut plus s’épanouir, le désir est impossibilisé.
J’ai l’impression de tâtonner. Il y a un déclic à trouver et je ne le trouve pas.
Il est certain que j’éprouve un puissant besoin de merveilleux.
Et, si je ne trouve pas dans mes relations amoureuses, j’en accuse mes partenaires…
(17h50)
Je viens d’appeler Sally chez ses parents.
On s’est engueulé au téléphone, chacun restant sur ses positions.
N’a pas avalé mallette qu’il a profondément vexée.
Je lui ai dit clairement qu’elle ne jouerait pas avec moi.
Elle : « N’essaye pas de me changer. Tu n’y arriveras pas… »
Ce qui m’apparaît clairement, tout à coup, et pourquoi je prends le stylo pour écrire ces notes, c’est à quel point il s’agit dans cette histoire en raccourci, d’un revécu de l’histoire avec Colette, sur laquelle je prends une revanche en la faisant évoluer différemment.
Refus de dépendre du désir qu’elle provoque en moi # dépendance envers Colette qui a traîné sur plusieurs années.
Envers celle-là, j’ai un ressentiment terrible.
Femmes : vous et vos interdits à la con !
Vous prenez, comme tout être humain, être social, un grand plaisir à transgresser l’interdit mais quand vous tombez sur quelqu’un qui vous demande de le faire à deux, vous le laissez dans la solitude…
(18h05)
Le téléphone sonne : Sally. Elle me rappelait pour un rendez-vous demain (« J’ai raccroché un peu vite… »)
Senti dans sa voix, dans ce léger rire qu’elle a, qu’elle s’était radoucie…
Lui ai dit : « Bon, eh bien, à demain, alors… »
(Ce sont les femmes qui font les machos… Si on est sensible, désirant, souffrant, angoissé, on se disqualifie… Si on est sec, dur, déterminé, elles s’écrasent…
Conflit. Rapports de force).
13/11/1983
VÉCU – BERTRAND (AMIS) – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
(10h45)
Hier soir, allé au restaurant avec Bertrand, qui m’avait invité. Je l’avais appelé pour prendre de ses nouvelles. Sa sœur et une copine. Puis « Petit Québec ». Cinéma (« Les princes », très beau film), re-Petit Québec, puis allés prendre un verre dans un bistrot où éclate entre Bertrand et moi un affrontement : d’abord Bertrand m’avait dit « Je t’agresse parce que tu en as besoin, tu aurais dû m’en empêcher dès le début… » Je ne relève pas cela tout de suite.
Je lui dis que je vais lui écrire pour lui parler de mon projet auquel je veux l’associer comme assistant.
Il me dit alors des mots très durs : « Ça ne sert à rien… Il y a 20 personnes qui me demandent de faire leur premier film… Qu’est-ce que j’ai à foutre du premier film de Roberto… Si tu perds les gens qui t’aiment, c’est de ta faute… »
Dernier accroc : question de fric : il se plaint d’avoir à payer alors que je m’en vais, ulcéré. Je laisse un billet de 100 Fr.
Je rentre, faisant la moitié du chemin à pied, car beaucoup de gens cherchent un taxi.
Un peu bourré, je vitupère à haute voix dans les rues.
La pensée du suicide me traverse un instant.
Je me sens très mal, déçu, constatant amèrement à quel point les gens se protègent, refusent de s’investir.
Cet épisode recoupe mon différend avec Joël Y., avec qui je ne veux plus faire de film non plus.
Pensé : tous ces cons ratent quelque chose. Ils croient avoir affaire à un projet comme un autre. Ils ne reconnaissent pas mon talent. Ils verront ce qu’ils verront !
→ (Et, bien sûr, en même temps, le doute m’assaille. Toute ma vie m’apparaît construite pour préserver perpétuellement une part de rêve pouvant me laisser espérer la satisfaction perpétuellement repoussée dans l’avenir…
Mais dans quelle mesure est-ce que je n’impossibilise pas cette satisfaction, en la plaçant là où c’est sinon impossible, du moins difficile… ?)
(16 h)
Appelé Bertrand tout à l’heure. L’ai fait spontanément.
Il comptait m’appeler, avait peur de tomber sur moi et voulait me laisser un message.
Il m’a parlé de « fins de soirées alcoolisées »…
Lui ai dit de ne jamais recommencer avec moi.
Il voulait un test dans le rapport de forces. Il l’a eu.
14/11/1983
FEMMES – SALLY – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
(Lundi 7 h)
Hier, Sally venue ici (le dernier contact était au téléphone : engueulade. Je m’étais montré ferme → elle avait rappelé, radoucie)
Elle est arrivée vers 18h30 (alors que je l’attendais à partir de 17 h…) Elle arrive : silence. Yeux dans les yeux. Elle me demande pourquoi je la regarde. Je me mets à parler, condense et précise mon point de vue (la lettre écrite parce qu’elle ne me faisait ramer et que je voyais se profiler le même avenir). Je lui dis enfin : « Si tu ne peux pas venir ici et t’abandonner, ce n’est pas la peine de revenir… »
Elle : « Qu’est-ce que tu veux de moi ? Pourquoi tu veux m’absorber, me faire faire ce que je n’ai pas envie… ? »
Moi : « Non, je veux un désir vrai, mais, dans ces conditions, tu comprendras que je m’écarte… »
Elle va pour partir. Je ne bouge pas. « Tu me raccompagnes à la porte ? » Puis « Tu m’accompagnes dehors ? Tu n’es pas sorti, ça te fera du bien… » Je dis oui. À la porte, immobile, l’un près de l’autre. Elle me regarde longtemps, tout près de mon visage et sa bouche rejoint la mienne.
Baiser spasmodique, rythmique.
Rue. Épisode du type qui se cogne dans porte vitrée boulangerie → rire. Baisers.
Elle : « Tu m’accompagnes à ma répétition ? » Puis : « » Non, c’est loin. «
Moi : « Je pourrais venir à ta répétition ? »
Elle : « Non. »
Moi : « C’est bien ce qu’il me semblait… »
Métro. On se tient et se baise la main. Je lui demande si elle envie de me quitter. Elle dit non, mais qu’elle est obligée. Je dis que ce qui compte pour moi, c’est savoir qu’elle n’en a pas envie. On parle de se voir. Le soir, elle travaillera tard. Elle doit m’appeler le lendemain soir (ce soir).
Je me couche en espérant qu’elle m’appellera.
6h du matin. Je me réveille elle n’a pas appelé.
Je me réveille avec des questions : qu’accepter, que refuser ? Qu’est-ce qui m’arrange ? Qu’est-ce qui me dérange ? Qu’est-ce que je veux ?
Manquer ?
Ne pas manquer ?
Quel est son manque à elle ? Quelle en est l’étendue ?
Il y a une seconde Colette dans ma vie, aujourd’hui.
Saurai-je « lire » toujours aussi bien en elle ?
Déchiffrer ses silences ?
Ou bien accepter de ne pas savoir lire, d’être comme devant un livre écrit en langue étrangère ?
C’est l’angoisse en moi que je questionne. La propension à l’angoisse.
Cette inquiétude des premiers mois avec Colette.
Se souvenir de Colette.
Et faire aussi la différence :
Sally a 20 ans ! Pour moi c’est une porte ouverte et fermée.
Il s’agit de voir d’un œil lucide cette relation : elle est condamnée d’avance, à court moyen terme, au mieux. Le long terme est exclu.
C’est moi qui n’ai rien à faire (de durable) avec une fille de 20 ans.
Elle est très occupée à sa quête personnelle.
La relation se passera comme ça : moi, élément « fixe », elle élément « mobile », c’est elle qui ira et viendra, à son rythme.
Suis-je prêt à accepter cela ?
Cela implique que je ne devienne pas passionné, que je continue à mener une vie ailleurs (y compris sexuellement).
Le problème est de naviguer (au plus près) entre la dépendance passionnelle et la tentation du pouvoir de la manipulation dans un rapport de forces qui serait épuisant car très incertain.
Eliza : « Il faut la comprendre. Elle se méfie des hommes. »
Ce que je veux : qu’elle me dise « J’ai envie de toi. » Elle ne me l’a pas dit.
(Dans le métro je le lui ai dit, moi, une fois de plus : « Je veux dormir avec toi. J’ai envie de toi. »
Elle : silence.
J’en ai parlé au téléphone avec Élizabeth : pourquoi est-ce que je tiens tant à ce que le désir soit dit ?
Poids des mots (choc des photos !) (← « Image de Pierre ») La parole rend les choses réelles. La parole engage.
Ce sont ces mots qui me manquent.
C’est ce manque qui me fait penser continuellement à m’écarter d’elle.
Mais il me faut penser là à Mathilde. Elle aussi, même elle, a eu besoin de temps.
Quant à la folie sexuelle : là aussi question ? Qu’est-ce qui est possible, qu’est-ce qui ne l’est pas ? C’est à l’usage que cela se sait. Trop tôt pour savoir.
Voilà aussi une chose importante : ne pas croire que je peux savoir d’avance, que les choses sont écrites et jouées d’avance (où, même si elle leçon, que j’ai le scénario, moi, et pas les autres…)