Carnet 28

Carnet 28 – Du 9 février 1983 au 3 mars 1983

 

09/02/1983

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(12h50)

 

Suis garé devant Images de France. Attends Colette. L’ai appelée, il y a 20 minutes. Elle a compris que je voulais la voir. D’où proposé de déjeuner ensemble.

 

10/02/1983

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(18h45) 

 

Maison. Couché. Suis très fatigué (passé nuit avec Colette hôtel St Louis dans l’Ile St Louis.) Fait l’amour, bien sûr  fatigué (levés tôt cause rendez-vous avec S. pour émission sur l’œuf) Repas au Chariot en l’Isle, où une fois de plus : affrontement et colère, mais c’est elle qui a arrangé les choses («  Pour le peu de temps qu’on a à passer ensemble ») 

J’avais acheté sous-vêtements blancs. Elle les a mis dans la chambre d’hôtel. Elle est venue s’empaler sur moi, les fesses sur moi et c’était si excitant que je n’ai pu m’empêcher de jouir… 

Tout à l’heure, ici, je pensais à elle et au moment où j’y pensais, elle m’a appelé, me disant que ce midi, elle avait très fort pensé à moi (j’ai déjeuné seul au restaurant près de chez assistante italienne (Renata !) Rue Godot de Mauroy…

J’ai été heureux qu’elle m’appelle ainsi, quand je pensais à elle (et à l’appeler moi même d’ailleurs).

 

FEMMES – RACHIDA

 

Rachida ne téléphone pas.

Je sens la fin cette histoire mort-née.

 

14/02/1983

 

MA 1ère PSYCHANALYSE (1980 – 1987) – FEMMES – RACHIDA

 

(Lundi 19h34 salle d’attente G.)

 

Je reprends mes séances après interruption vacances + séances manquées avant.

 

Appelé Rachida vendredi. Elle ne veut pas appeler cause neveu à elle gravement malade.

Elle attendait d’avoir un « pressentiment » pour m’appeler, craignant de « ne pas tomber sur moi ».

La connaissance qu’elle a de mes relations en dehors d’elle n’est pas indifférente. Cela joue sûrement, dans un genre « freinant », mais c’est loin d’être le seul frein.

 

Si elle était libre et disposée, décidée à vivre avec moi, je romprais tout le reste dans cette intention. Je ne le fais pas parce qu’elle n’est pas libre, retenue par sa famille.

 

Je pense cependant le faire quand même pour pouvoir lui dire : « Voilà, je suis libre. Je t’attends… »

 

Mais ne serait-ce pas lâcher la proie pour l’ombre ?

 

Non. Car Mathilde ne m’attire plus autant qu’avant.

J’imagine ma vie sans elle : il n’y manquerait rien.

 

16/02/1983

 

FEMMES – RACHIDA

 

(18h35)

 

Tabac Boulogne. J’attends Janine P. pour aller chez astrologue pour thème Rachida.

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Cette nuit : avec Colette : à la maison. 

L’avais appelée hier parce que, envie de faire l’amour avec elle (en sortant vidéo rue St Denis « Lacy affair… ») 

Venue maison  elle voit taches de sang sur drap (Mathilde)  « Le charme est rompu. » Ça manque de mal tourner (je lance un verre dans le salon, renverse plateau dans la cuisine) elle, appelle un taxi mais quand elle descend, il est parti  Je descends la chercher (porte se referme, obligé de demander à ma voisine d’ouvrir.) On s’endort mal sans faire l’amour. Me réveille vers 5h  amour très bien. 

Je l’appelle aujourd’hui vers 13h45  elle est partie. C’est elle qui m’appelle : elle est venue m’attendre rue Brunel à la sortie de ma séance (à laquelle je ne suis pas allé)  déjeuner ensemble. Elle pleure.

 

MA 1ère PSYCHANALYSE (1980 – 1987)

 

Séance de lundi dernier (première séance après vacances de plusieurs séances manquées).

Il me montre :

– que je lui donne une place de juge pour des « choses qui ne le regardent pas » (dit par moi) « sauf, dit-il, si vous mettez l’amour pour Rachida à la place de vos sentiments pour moi… » id est : alternative : ou aimer quelqu’un ou l’aimer lui. Impossible de l’aimer lui, si j’aime quelqu’un (idem que avec Colette).

– Sa place par rapport à moi. Pendant cette séance, je prends vraiment conscience que je voudrais qu’il m’aime.

Problème de l’élection (parmi les autres analysants. Je rattache ça à l’enfant que les parents ne connaissent pas avant qu’il naisse.

Désir d’être choisi par ses parents. Thème de l’Enfant Trouvé (idem Bobby devant la porte). « Nous sommes tous des enfants trouvés… »

Séance bénéfique. Empreinte de beaucoup d’amour, de douceur et de poésie.

 

MUSIQUE

 

« Too much heaven »

Bee Gees

Album : Spirit

1979

 

22/02/1983

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – FEMMES – RACHIDA – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

(Chambre d’hôtel (Auberge des Rochers à Laurelas – Côtes-du-Nord – 18h40)

 

J’ai eu tellement froid, cette nuit et dans la journée (tournage) que je me suis déshabillé et mis au lit.

Sommeillé un moment, puis me suis réveillé.

J’écris au lit.

Posté ce matin lettre à Rachida.

Lettre écrite sur plusieurs jours (j’attendais d’avoir conclusions astrologue d’abord sur son thème ensuite sur superposition de nos deux thèmes).

 

Je ne cesse de me poser des questions.

 

J’ai peur de sa passivité, de son inertie. 

 

J’ai hésité à envoyer cette lettre. J’y parle de mariage, du désir d’enfant.

 

À côté de ça : samedi soir. Dîner avec Colette  nuit à la maison. Le lendemain matin : Mathilde appelle. Colette écoute conversation sur deuxième poste  drame. Elle me dit qu’elle ne veut plus me voir, se libérer de moi pour chercher l’amour ailleurs (quelqu’un qui lui fasse un enfant). Or j’insiste pour qu’elle ne « ferme pas » les choses.

 

Qu’est-ce que je veux ? Faire durer les choses jusqu’à ce que Rachida vienne définitivement à moi… Pour larguer Colette définitivement à ce moment-là.

Je ne me sens pas fier. Au moins, j’ai le mérite de l’avoir dit clairement (sans parler de Rachida, pourtant, car je sais que Colette ne le supporterait pas).

En fait, Colette me captive toujours, surtout sexuellement, car, bien entendu, c’est maintenant que nous sommes séparés qu’elle fait l’amour comme je le voulais…

 

Dimanche soir, Colette a laissé un message pour que je la rappelle. Je le fais : elle est furieuse de jalousie. Elle me rappelle le lendemain matin alors que je pars pour tournage ici.

Rappelé hier soir : elle m’a lu texte très émouvant où elle exprime son enchaînement à moi et sa souffrance…

 

Je calcule.

Rachida n’est pas là. Elle ne m’a même pas dit qu’elle m’aimait.

En attendant… !

Voilà où en sont les choses.

Mathilde, c’est la tendresse et le dialogue… Très peu le Désir…

 

Je me culpabilise, une fois de plus (comme l’a très bien remarqué Colette)

 

Après tout ne suis-je pas dans une situation qu’ont connue bien d’autres… !

 

FEMMES – RACHIDA – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

L’astrologue (Claudine B.) a fait mon thème :

Dominante idéaliste.

 

Mon problème est là, dans mes relations à venir avec les femmes tempérer (et non détruire, je dis bien) ma soif d’idéal.

 

Après tout, idéal, en soi, n’est pas néfaste.

Comme le fantasme, le rêve ou la soif d’absolu, c’est un moteur.

Ce qui est désastreux, c’est qu’attendre l’idéal de la part de la femme conduite à la destruction de la satisfaction dans la relation.

 


Je voudrais lui dire ça dans ma lettre :

 

Comme l’émotion est étouffée par la séparation, empêcher de naître (avortée ou plutôt non fécondée) 

« Quand tu es près de moi, mon existence est fécondée par ta présence et l’émotion, comme un enfant, naît de cet acte violent comme un acte sexuel : ton entrée dans ma vie, ta présence, ta venue dans mon espace…

Si tu es loin, mon existence est comme une femme qu’on oblige à la virginité : elle ne peut même pas imaginer l’intensité de ses sensations…

L’émotion de l’amour, c’est l’évidence de la présence.

On peut penser que notre cœur va battre plus vite, que notre souffle va être plus court, nos jambes molles, nos mains mortes, on peut penser cela, seule l’approche de l’être aimé, comme le Destin en marche, va provoquer en nous ce « dérangement », ce bouleversement réels…

De même qu’après, seule sa présence nous donnera la paix, nous offrira ces moments de plénitude où l’on reste ainsi, dans les bras l’un de l’autre, immobiles, silencieux, unis, comme sur une place de Tourcoing recouverte de neige, isolés, abrités dans une voiture). C’est alors l’approche du départ de l’autre qui va maintenant bouleverser notre corps, le précipiter dans un mal poignant. Le bouleversement n’est plus agréable, il est douloureux.

Et on se retrouve seul. On entre alors dans l’engourdissement de l’Absence, cette anesthésie de l’émotion. On entre dans un sommeil.

Penser à toi, t’écrire, c’est comme un effort de la Belle au Bois Dormant pour se réveiller.

Mais il manque le Prince Charmant : ton amour vivant.

Sans toi, je sais, moi, que je dors… Je me tends vers l’éveil, je me tends vers toi…

Mais toi ? Tu es comme dans certains rêves où l’on croit être éveillé… C’est un rêve triste et gris, qui ressemble à la réalité d’une ville du Nord…

Est-ce que tes lèvres bougent pour prononcer mon nom, comme quelqu’un qui appelle en dormant, en silence ?

 

IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE 

 

(23 h

 

Je rallume. je viens d’avoir une idée :

(partie d’un désir réel chez moi d’abolir notre séparation)

 

A aime B. b aime A. A et B sont séparés. A, à une heure et à un jour donnés, envoie à B son image qui apparait à B (style au pied de son lit)

A ne voit pas B, bien que B voit l’image de A. cette image est un double de A, une sorte de A’. A joint B (au téléphone ou par lettre ?) demande si l’apparition a bien eu lieu. B répond : elle a eu lieu mais A s’aperçoit que A’ a une vie indépendante et ne fait pas exactement (ne dit pas exactement) ce qu’il voudrait. A est trahi par ce double ambassadeur de son amour…

 

23/02/1983

 

ÉCRITURE – PROJET « L’IMAGE DE PIERRE »

 

(Train Rennes-Paris 16 h)

 

La part solitaire en moi grandit sans cesse…

 


Je repense à la fin de « L’Image de Pierre » La changer ? Ne pas nommer l’armée ni les services secrets.

Marceau protégé, mais on ne sait pas par qui ni pourquoi (garder le coup de fil du supérieur flic.

Campagne de presse  assassinat Marceau + photographe  coda sur l’assassinat politique sous injection.

Une fin possible.

Y penser.

 

26/02/1983

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE 

 

(Chez le coiffeur 17 h)

 

Jeudi + hier soir : nuits d’amour fantastiques avec Colette.

Elle fait désormais l’amour exactement comme je voulais et y prend un pied extrême…

Cette nuit, ai enculée à fond, lui ai déchargé dans le cul et elle a commencé à jouir…

 

FEMMES – RACHIDA

 

No news from Rachida…

C’est une gosse paralysée par l’éducation de merde qu’elle a reçue. Elle a bien trop peur pour bouger. Je ne sais même pas s’il se passera quoi que ce soit…

De toute façon, quoi qu’il arrive, il faudra du temps…

En attendant : je m’éclate avec Colette. Reste le problème Mathilde.

 

28/02/1983

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE

 

(Lundi 18h45)

 

Les choses bougent : hier soir : discussion avec Mathilde. On a failli rompre puis, in extremis : dialogue et désir qui nous fait nous retrouver dans les bras l’un de l’autre.

Elle me déshabille, je l’arrête, lui disant que je ne l’aime pas comme elle l’attend. Elle me fait dire que j’aime ailleurs. À ma stupéfaction profonde, elle admet cela ! Me dit qu’elle a aussi désiré et fait l’amour ailleurs !

On se retrouve au lit pour une nuit d’amour fantastique ou je prends un pied extrême. Elle aussi.

Eu l’impression prendre que nous faisions l’amour ensemble pour la première fois…

Les choses se passent d’une manière étrange.  Je me sens plein évolution, je vois se profiler devant moi la fin de la jalousie.

Baisé avec Colette (samedi soir). Nouvel enculage et cette fois-ci, à la fin, alors que j’allais décharger, elle m’a demandé de la lui enfoncer encore plus profondément… (je bande en écrivant).

 

01/03/1983

 

FEMMES – RACHIDA – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME

 

(Mardi 11h15)

 

Par quelle magie Rachida penserait-elle comme je voudrais qu’elle pense ?

Il lui faudrait un désir et une énergie qu’elle n’a ni l’un ni l’autre en quantité suffisante.

Sur son désir lui-même, je m’interroge : me désire-t-elle ? Après tout, je n’en suis pas certain.

Une voix en moi me dit parfois que le doute est un moment inévitable dans la vie affective, mais ce n’est qu’un moment.

Il est difficile, en effet, de ne pas douter du Désir de l’autre lorsqu’il ne se manifeste pas. Et ce doute nous fait douter de notre pouvoir de séduction…

La question est : pourquoi vouloir séduire ?

Je ne peux répondre que pour moi-même : le désir de séduire procède de l’inquiétude en moi sur mon identité. C’est une bonne image de moi que je recherche et, au-delà, c’est l’image-même de moi, reflétée par l’autre, source et condition de mon existence-même.

D’où, pour moi, la plus grande importance accordée au fait d’être désiré prédominant sur celui de désirer.

Ce n’est que récemment que j’ai « découvert » que l’Autre existait dans les autres… Différents, irréductibles les uns aux autres, plus ou moins bien accordés à ma personnalité.

Auparavant : qui me désirait me séduisait.

Stade infantile d’avidité affective, désir de plaire, peu important à qui…

Voulant plaire à tous, je n’étais personne

 


Sans doute, une part de moi serait bien embêtée si Rachida répondait ainsi que je le souhaite.

Finie alors cette liberté actuelle, si agréable, d’avoir plusieurs femmes.

En tout cas, il y aurait risque que celles qui s’accommodent aujourd’hui de me partager avec d’autres (qui ont le même statut qu’elles), refusent de le faire avec une privilégiée (vivant avec moi…)

 

MA 1ère PSYCHANALYSE (1980 – 1987) – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – VÉCU – ARGENT

 

(Banc titre RCF avenue de Villars 16h25)

 

En ce moment, l’argent émerge en analyse.

(Suite problème banque où S. m’a « imposé » un prêt personnel d’une brique qui me contraint à des traites mensuelles de 500 balles…)

Séance d’hier : je proteste parce que je dois payer les séances où je ne peux pas venir (causes professionnelles).

Je distingue les « bonnes » et les « mauvaises » absences et réclame la confiance pour dire moi-même celles que je devrais payer et les autres…

Je pose le problème d’un long tournage. Il me renvoie la question. Je parle d’un arrangement me permettant de payer « comme si je venais » soulignant le paradoxe : je paye plus cher quand je ne viens pas (causes absence de prestation  pas de sécurité sociale).

Il me dit : « Vous commencez à vous rendre compte de quel poids pèse la sécurité sociale dans l’analyse… »

Je dis que je n’y suis pour rien. Ça le fait rire. Je me mets en colère. Je pars en riant.

 


Problème de l’argent. Je fais exprès de ne pas compter pour « me faire » des surprises…

 


AMIS

 

(23 h)

 

Appelé Fabienne à l’instant. Elle va bien, j’en suis heureux. 

 

Commentaire du 11 septembre 2015 

 

En numérisant cette note, je ne me rappelais plus qui était Fabienne. Puis cela m’est revenu : c’est la sœur de Joël Y., dont le compagnon s’était suicidé pendant les vacances à Quiberon que j’avais passé avec la famille Y.)

 

Elle voulait venir me voir. M’a dit qu’elle aimerait que je vienne.

 

3 ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE

 

Appelé Mathilde : elle m’a dit qu’elle était déçue qu’on ait failli se séparer parce que je n’avais pas laissé assez de temps pour que les choses se fassent (qu’elle s’abandonne comme dimanche soir).

 

08/03/1983

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE 

 

(23h45) 

 

Le point sur ces derniers jours. 

 

Colette : Un soir de la semaine dernière, ici : aucun des deux ne voulait faire l’amour. Moi : « Je voudrais que tu continues à me désirer… » Elle : « J’essaierai… »  Colère chez moi. Elle part. Je vais la chercher (elle revenait, pour ne pas rentrer chez sa mère.) Jeudi, déjeuner au restaurant. Je suis toujours en colère. On se quitte sur les Champs Élysées sur un « Je n’ai pas confiance en toi… »  de moi. Je la rappelle. On se voit le vendredi  bistrot rue Brunel. Je ne vais pas à ma séance pour rester avec elle. lui arrache cette « promesse de désir » que je recherche. Je vais à une soirée-films de Geneviève puis on se retrouve à minuit mais, crevés, on fait mal l’amour. 

 

Je ne crois pas à cette promesse. Je ne peux avoir de garantie sur l’avenir. 

Je la force, en quelque sorte, à quelque chose qui lui répugne. Elle désire un homme pour qui elle sera « tout. » Je dois m’attendre à tout. 

Voilà où j’en suis avec elle. 

Depuis vendredi : pas de nouvelles d’elle. À part que je l’ai appelée hier pour demander si elle pensait à moi, si elle m’aimait. « Oui », a-t-elle dit mais je me demande si sa voix n’était pas étrange. Je me demande si ce n’est pas ces jours-ci qu’elle « passe à l’acte. » J’aurais voulu qu’elle m’appelle, qu’elle ne puisse pas ne pas m’appeler. Vieux thème. On doit se voir mercredi soir. 

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

Mathilde :

 

Après la presque séparation du dimanche 27 février  crise avec Mathilde à la suite mensonge sur le week-end révélé une phrase innocente d’Agnès.

 Raccompagné Agnès avec Mathilde  arrête voitures sur bas-côté. Baisers. Fais un joint  cinéma (Kinopanorama – la Traviata) Mathilde veut aller au cinéma seule. On y va finalement ensemble (« C’est pour moi », dira-t-elle)  hallucination (trous à imaginaire) analysée par G. en séance d’hier : ce sont les pets qui explosent en passant par le trou…

On s’endort sur une colère de Mathilde (parce que je lui demande, au moment où on va le faire, si elle aimerait le faire avec une femme).

Le lendemain matin, on se réveille tôt. On baise et on parle.

Je la laisse à la République. On en est là. 

 

FEMMES – RACHIDA

 

L’ai appelée vendredi pour lui demander si elle avait bien reçu ma lettre. Me dit que oui, qu’elle réfléchit, qu’elle est en train d’y répondre.

Devais m’appeler dimanche matin (projet de venir à Paris), ne l’a pas fait.

 

10/03/1983

 

VÉCU – TÉLÉVISION

 

(17h30)

 

Dolce farniente en salle de montage

 

14/03/1983

 

FEMMES – RACHIDA

 

(10h25)

 

Tabac rue Jean Mermoz. J’attends la monteuse (Dona).

Que d’événements depuis les dernières notes ! Trop, peut-être… 

 – Jeudi soir : coup de fil. Je décroche. C’était Rachida, elle était à Paris !

Accaparée par quelqu’un (Viviane, antillaise qui était à la soirée Apocalypse. Possessive, comme toute bonne antillaise).

Rendez-vous pour déjeuner ensemble le lendemain à 13h (drugstore Matignon). Je l’attends dans la rue. Elle arrive, avec son sac  pot au Berkeley. Dialogue.

Elle est fatiguée  maison. Je la laisse dormir. Je reviens la prendre pour soirée voyance de Madame Indira à l’hôtel Méridien. Je l’y laisse et vais à l’inauguration du restaurant Colette-Dany. Rencontre là Fatima ! Pas vue depuis deux ans. Micmac message téléphonique  Rachida et moi nous ratons…  maison.

Coup de fil d’elle à 2h du matin  vais la chercher porte Maillot (entre-temps lui écris une lettre où j’exprime mon « manque de son manque »)

Samedi : l’accompagne à 15 h à un rendez-vous avec la même Viviane.

Fais les courses pour soirée maison et attend. Les gens arrivent. Ai invité Jean-François B. dont je prévois que Rachida l’intéressera (l’avais invité avant. Ce n’est pas un projet inconscient).

Rachida arrive tard.

Au bout de peu de temps Jean-François l’accapare. Je sens son désir.

Il me prend à part et me dit qu’il lui a proposé de partir avec lui, qu’elle ne sait pas, me considère comme un ami, une sorte de père, ne veut pas me faire de mal.

Je lui dis que je le renvoie à son désir à elle.

Il retournera à la charge et elle sera claire : non. Il s’en va.

Je reste seul avec elle, tout le monde parti.

Lui parle, pleure, lui dis : « Toute ma vie j’ai cherché à ne plus manquer… » Elle s’endort dans le lit d’Agnès.

Lendemain, dimanche, l’accompagne à RV rue Spontini et la quitte (elle ne tient pas à ce que je l’accompagne au train).

Vais avec maman chez Odette. En rentrant le soir, trouve message de Jean-François B. :

« Robert, bonjour, c’est Jean-François

Il est 6h45. Je téléphonais, je dois dire, je voulais parler à Rachida… Peux tu me donner son adresse là où elle habite. Je sais que c’est un peu difficile, tout ça, un peu paradoxal, mais comme on dit, on est en 1983 et nous sommes des adultes. Enfin, je n’ai pas envie de te faire du mal, je sais que j’ai dû t’en faire un peu, mais je suis comme toi : j’aime… »

 


J’ai décidé de transmettre ce message à Rachida et de lui laisser libre choix de la suite (en prévenant Jean-François de ce que je fais).

 

FEMMES – FATIMA  – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

Hier dimanche midi, coup de fil : Fatima. Je la rappelle l’après-midi, après avoir laissé Rachida  rendez-vous le soir. Resto rue de la montagne Sainte-Geneviève.

Jeu-plaisanterie sur le « On se revoit dans deux ans »… Sur quoi je l’embrasse.

L’amène à la maison.

Fait l’amour.

L’ai accompagnée à son travail (porte de la Chapelle) ce matin.

Une angoisse diffuse, un sentiment de solitude m’étreint doucement.

Jean-François me pose un problème : il est clair. Le suis-je ? Le serai-je ? Comment l’être ? Qu’est-ce que je veux ? Qu’est-ce que je peux ?

 

Quoi qu’il en soit, les coups ne sont plus si durs…

 

J’ai manqué plusieurs séances.

À la dernière, j’ai dormi.

G. est pour moi un refuge. C’est clair maintenant.

 

(19h30 salon attente G.)

 

(Je viens de proposer à sa soubrette qu’on se voie un soir. Et, à ma grande surprise, cette bonne tête de paysanne m’a fait cette réponse : « Non, j’ai plein d’amis, on fait la fête tous les soirs… » (mais elle a rougi fortement).

 

Suite des événements concernant Jean-François B. : j’interroge le répondeur cet après-midi. Il m’a laissé un second message plus long, réitérant sa demande, faisant appel à mon « grand cœur », mon « honnêteté »…

Lui ai écrit une première puis une seconde lettre, plus précise, où j’ajoute à la décision de transmettre le message à Rachida le fait que je lui dirai de ne pas se déterminer par rapport au souhait de ne pas me faire mal ou de me faire plaisir…

 

Une chose m’énerve : quand je lui dis que je vais lui envoyer une lettre (car je l’ai rappelé pour « calmer son angoisse » et suis tombé sur lui), lettre qui lui donnera mes intentions, il me dit « qu’il me dira ce qu’il en pense ».

 

15/03/1983

 

VÉCU

 

(1h20)

 

Terrassé par la fatigue, je m’endors…

 

16/03/1983

 

(Métro 11 h)

 

Vécu

 

Porté voiture  garage  je prends le métro.

Difficile d’écrire : ça remue…

Le métro s’arrête à une station  j’écris mieux !

Étrange matin. Il s’est passé tant de choses !

 

28/03/1983

 

VÉCU – FEMMES – ÉLIZABETH J. – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION – CARNET – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

(Lundi 13h)

 

J’attends Élizabeth au café la Mascotte près de la place des Ternes.

 

J’écrivais le 16 « il s’est passé tant de choses » !

 

Je ne me doutais pas qu’ils s’en passerait encore plus et de plus graves… !

 

Le bilan est difficile à faire : il y a tant de choses, précisément.

 

Une prise de conscience est difficile à mettre en mots.

 

Ce peut être encore en jetant les pensées en vrac sur ce papier que je peux réussir à fixer la trace de ce qui se passe en moi.

 

C’est pour plus tard, ce marquage. Une mémoire. Et puis c’est ce retour à cette attitude usuelle chez moi que G. a bien pointée. Je le sais maintenant. Je sais combien mes carnets sont un substitut, un partenaire imaginaire, un interlocuteur à qui je parle.

Témoin de, remède à ma solitude, support d’une activité de mentalisation qui m’est coutumière et nécessaire.

Auparavant, auparavant seulement, c’était aussi, comme disait G. : le registre judiciaire où j’inscrivais, où je mémorisais – pour m’en resservir plus tard – les preuves de ma culpabilité.

 

(19h40 café près place des Ternes (un autre)

 

J’ai eu besoin de revoir Élizabeth ce soir parce que : passé après-midi chez Mireille V., à travailler à son scénario de court-métrage.

 

(1h20 du matin – maison)

 

Dîné ce soir chez Hervé. Lui ai résumé les événements de ces derniers jours.

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

Sexualité…

La mienne.

La sienne… = ?

 

Maintenant qu’elle baise ailleurs, je me demande si elle a la satisfaction. Ce qui est possible puisqu’elle l’avait en se faisant baiser, par la pénétration non par les jeux érotiques.

Quant à moi, si ma volupté était si grande, c’était bel et bien, comme dit G., parce qu’elle acceptait (parfois) de satisfaire à mon désir de toute-puissance (mes jeux).

Disparité des manières de vivre la sexualité qui explique que le regret soit plus fort chez moi (regret non de la relation sexuelle avec elle, mais de la toute-puissance).

 

Cela dit, est-ce exact ?

Ce fameux désir que je voulais tant lui faire exprimer (par le « J’ai envie », il existait bien.

C’est vrai qu’elle ne me disait jamais (ou presque) : « Je n’ai pas envie » (manière de dire « j’ai envie » tout le temps)

C’est vrai aussi que je ne lui laissais pas « la place » de dire « J’ai envie » (si grand était mon désir).

Vrai aussi qu’à plusieurs reprises, pendant les ruptures, son désir s’est manifesté directement.

 

Première question : qu’est-ce donc que je cherchais ?

 

30/03/1983

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(Mercredi 20h40 Voiture coin rue Saint Denis-boulevard Magenta)

 

Je quitte Colette. Ai encore voulu qu’elle me secoue, me convainque, se batte contre moi pour me détromper (à propos amour pour François)

 

Cela m’arrête. Il faudra interroger cela en séance… 

 

Je vois dans « dé-tromper » = me sortir de la situation de trompé…

cette situation, c’est celle du triangle œdipien.

La relation avec Colette me renvoie belle et bien ma relation avec ma mère.

Jamais comme aujourd’hui je n’avais réalisé que la mère qui couche avec le Père et, pour l’enfant, une femme qui vous trompe… »

Mon problème est bel et bien ce qu’on appelle un complexe d’Œdipe non réglé (« non réglé) » = celui d’un garçon)

Pour sortir de l’Œdipe, deux solutions :

1/ accepter l’» adultère » de la mère et celui de la femme, en général. Renoncer à la fidélité.

2/ réaliser cette fidélité dans sa vie d’adulte.

 

Je me révolte contre Colette parce qu’elle a infidèlement conservé, latent, son amour pour François M., mais cela me renvoie à ma propre infidélité envers elle.

Ma souffrance actuelle provient du conflit en moi entre la part infidèle et la part fidèle (en manque de la mère).

La vraie fidélité, me semble-t-il, ne provient pas du manque, mais au contraire de la satisfaction.

 

Mon infidélité envers Colette, provient sans aucun doute du manque qu’elle créait par son être, mais puis-je la rendre responsable de ce que ce manque renvoyait au manque de ma mère ?

 

01/04/1983 

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE

 

14h35. L’ai rencontrée tout à l’heure, café près de chez sa mère. Conversation ( !)  le fait que moi pas envie de voir des gens. Elle : « Tu voudrais que je te dise de rester seul, d’être mal… » Moi : « J’ai été mal et tu en as joui… » Elle : « Je serai bien. Je ne serai pas bien à 100% mais au nom de quoi je serais mal 

 

Là-dessus je m’en vais. Elle me rejoint à la voiture pour mes cigarettes oubliées, que je rejette (« Je ne veux pas que tu me coures après pour mes cigarettes… ») 

 

 

Oui : toujours ce désir en moi qu’elle soit mal pour moi, qu’elle me coure après, en conséquence.

 

Or : elle ne le fera pas… Elle ne le fera jamais. 

 

Sa dépendance sera subie (par exemple, je le vois se profiler avec M. ? ) mais non agie (comme chez moi.)

 

Ce problème là est bien central et sa réaction est bien la source de ma colère. 

 

J’ai donc choisi (en fait, inconsciemment) la bonne attitude : partir, couper le contact. C’est la bonne dans les deux cas possibles :

 

1/ elle prend peur, agit sa dépendance et fait des démarches que je reconnaîtrai facilement. 

 

2/ elle refuse jusqu’au bout d’avoir cette attitude et cela sonne la fin de la relation.

 

Tout de suite après être rentré, espérant un message qui n’était pas sur le répondeur, j’ai appelé Jocelyne qui ne m’avait pas appelé, comme nous en avions pourtant convenu.

 

Je suis conscient de cet acte, de sa signification : inverser le processus et avoir au bout du fil quelqu’un qui a souffert (et souffre) du manque de moi.

« (À quoi s’ajoutent d’autres vraies raisons : par rapport à Agnès, ou à moi-même (déculpabilisation)

 

VOULOIR QUE QUELQU’UN SOIT MAL, QUELLE FOLIE ! VOULOIR QU’IL PLEURE… C’EST DE LUI, D’EN LUI QUE VIENDRONT LES CHOSES…

JOCELYNE NE REGRETTE-T-ELLE PAS QUE JE NE SOIS PAS MAL, QUE JE NE PLEURE PAS ?

ELLE N’A PAS PU PARVENIR À ME FAIRE ÊTRE MAL, À ME FAIRE PLEURER…

ENCORE UNE FOIS, C’EST LA CROYANCE MAGIQUE EN SA TOUTE-PUISSANCE DE L’ENFANT QUI ESPÈRE QUE SA MÈRE SOUFFRIRA AUTANT QUE LUI DE LEUR SÉPARATION…

 


Je veux noter des pensées qui passent en filant :

 

 – Elle n’exige pas (# moi). C’est vrai que c’est une bonne base de rapports humains.

 

Je cherche depuis quatre ans et demi à comprendre son être.

Pour ne plus être surpris par ses réactions.

 


Quelle violence en moi !

 


Oui ça y est : une pensée revient :

 

Je manque, à travers elle, de la mère.

Comment manquerait-t-elle de moi ? Elle a le père (François)… !

 


Si je suis mal, c’est exprès. Je m’interdis d’être bien. Être bien reviendrait à accepter qu’elle le soit…

 


Son attitude (ne pas couper le contact avec moi, garder un contact non-suppliant, certes, mais présent) est-elle un dédouanement (ne pas me laisser tomber au moment où elle reprend M. François ?) ou un réel désir de moi ?

 

N’ai-je pas connu, il y a quelques semaines, des moments où j’étais bien (avec Mathilde ou Rachida) et où je voulais en même temps la garder… ? Mais si je sentais son refus, je courrai annuler la pluralité en revenant à elle, au rapport d’exclusivité. Ce retour cyclique à l’exclusivité correspond – G. l’a montré – à quelque chose dans mon système névrotique.

Après tout n’est-elle pas admirable d’avoir conservé, cinq années durant, un amour vrai ? Elle n’a pas besoin de revenir à l’exclusivité, elle n’en sort pas. C’est la base de mon « argumentation » : « Pendant cinq ans tu m’as trompé, tu m’as trahi, tu as continué à en aimer un autre… » Et tu as voulu me lâcher définitivement quand « le vase a été plein »… Mais c’est encore une fois reprendre à mon compte ses erreurs… ses contradictions. Je ne peux croire qu’elle soit magiquement sortie de ses erreurs. (Cf. ses mots : « la fidélité, ça n’existe pas » (restaurant Gît le Cœur)  d’où : rapports actuels avec François. Mais si  moi exit, va-t-elle pas investir sur lui et exiger, là, la fidélité ? Si lui n’y répond pas, elle ne viendra pas, repentante, me le dire (je ne lui ai pas dit que c’est Rachida qui repoussait mes avances, qui était la responsable de ma déception).

 

Si rupture il y a, l’initiative m’en appartiendra. Il me faudra l’assumer.

 

Certes, il y a l’argument possible de dire : elle n’a pas accepté le « pluralisme », elle voulait me « laisser tomber » (incroyable, ce que ce terme m’évoque l’enfant qu’on tient dans ses bras).

 

Alors, ce serait lui « rendre la monnaie de sa pièce… » Ce n’est pas parce qu’elle a vécu et m’a fait vivre sur certaines valeurs qu’il faut les perpétuer…

 


Sentiment d’avoir fait un acte qui m’engage, sur lequel je ne peux pas revenir…

 

Sentiment que je le vis comme « l’acte de la dernière chance »…

 


Aucun des deux ne veut remettre en cause la notion de pluralité.

Moi, ça m’arrange pour baiser. Elle pour François. Ce qui est en jeu, c’est la « supplication ».

 


Pourquoi en ai-je tant besoin ?

 

Qui veux-je ainsi qui me supplie ?

 

= La faute de la mère.

 

Est-ce possible que le rapport au père soit cette faute ?

 

G. a sans doute raison quand il dit que j’ai vécu ou imaginé que ma mère était allée avec un autre homme.

 


Tentation très forte du bus.

 


C’est vrai qu’elle ne peut baiser « comme ça ». Elle a besoin d’aimer.

 

J’ai pensé à une chance : que François ne lui convienne pas et qu’ainsi, elle revienne. Pour qu’après la pluralité s’installe, mais sachant que « c’est moi qu’elle aime »…

 

(Baisage pluriel

amour singulier)

 


Je savais qu’elle chercherait (elle l’avait sous la main) un « homme à aimer »…

 


Je la piège, car elle voudrait la pluralité, mais c’est moi qui la vis mal…

 


Hier, au café : pointe sur Rachida.

Elle a vu que je voulais être « le père d’une autre »  changement de père.

 


Ma colère est un « sentiment agréable » (Sartre) pour moi mais commode pour elle.

 

Dois-je pour autant jouer les grands cœurs ?

 

Vous me présentez pitoyable pour la culpabiliser par ma souffrance.

 


Position à prendre (prenable) :

« Fini. Jusqu’à ce que tu sois différente … »   ça veut dire quoi, au juste ?

Je ne le sais même pas moi-même.

 


Il me faut m’aider de ma colère

.

Je pense à me foutre sous un bus pour éviter week-end insupportable.

 

Mais fierté en moi me dit de ne pas dépendre ainsi de quelqu’un !

 

Si je ne dépends plus d’elle, je ne dépendrai plus de personne.

 


Lui ai fait remarquer tout à l’heure que si je venais à images de France cet après-midi, je n’aurais même pas trouvé un mot d’elle laissé à la standardiste.

 


Il me vient aussi que tout simplement, tout ça est la continuation du rapport de forces, qu’elle est simplement ma pire ennemie et qu’elle me donne tous les coups qu’elle peut me donner..

« Je repense à ces mots « Je t’aurais appelé aujourd’hui ou demain… » Si peu urgent, n’est-ce pas ?)

 


Conclusion (provisoire) (peut être nécessaire pour l’instant) : c’est une salope. Elle m’a dégoûté de l’amour qui n’est qu’une illusion. Je n’aimerai plus. Ou peut être bien sans aimer.

 


On peut penser qu’elle a attendu tout ce temps que François soit là, pour se venger de la manière la plus mortelle possible (sachant ce que ce mec représentait pour moi).

 


Je m’aperçois que chaque fois que je réfléchissais à sa position à elle par rapport au manque, je pensais qu’elle refusait le manque parce qu’elle avait trop souffert.

En fait, c’est une erreur totale : elle ne souffre pas du manque parce qu’elle a été préférée par sa mère, qu’elle en a été gâtée (enfant gâtée) et qu’elle vit encore à l’heure actuelle chez sa mère… ! !

 


Prendre son parti… Je n’ai jamais « pris mon parti »…

 

02/04/1983

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(13 h)

 

« Colette, tu n’as pas encore commencé à boire ton calice… »

 

04/04/1983

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

 (Sur la notion d’harmonie du couple « statistique »)

 Mise en courbes des probabilités d’harmonie sur les différents plans (sexuel  affectif  spirituel – concret – etc.) 

Un mec montre courbes d’un couple : elles sont parfaites. on en fait la moyenne  couple idéal

Écran pour voir en direct ce couple extraordinaire : ils sont en train de se disputer…!

 

06/04/1983

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(13h20)

 

Nous sommes dans la semaine qui suit le troisième week-end du bouleversement… 

Pendant ce week-end elle m’a appelé de là-bas. Hier (après être resté tout le week-end dans le rapport de forces.) Je l’ai appelée à 18h. Nous nous sommes vus. Discussion dans Tabac (près Etoile.) Elle est malheureuse. Profond désespoir en elle. Elle s’autodétruit. Impossible de l’en empêcher. Blocage en elle du Désir et de la Demande affective, de l’Espoir. Elle s’achemine vers une autre vie solitaire

 

Je ne réalisais pas à quel point elle était suicidaire et malheureuse.

 


 Elle m’est apparue hier comme ces gens qui sont absorbés par une secte. J’en viens même à me demander si elle n’a pas réellement été envoûtée. (Je repense au vol du portefeuille ici et à la disparition des photos et mot d’elle…) 

 


Aujourd’hui, je me dis qu’elle peut l’épouser et qu’il peut lui faire un enfant… Je sens en elle un éloignement, je la sens loin de moi. 

 


Une grande tristesse est en moi. 

 


Et je sais qu’au fond, elle m’en veut toujours, de ne pas avoir été plus fort. 

 


 (17h. Café bas Tour Montparnasse) 

 

« Un homme écrit, penché sur sa table… son imaginaire produit… Quelque part dans Paris, parmi des millions d’autres, un crâne renferme des images qui te sont chères… » 

 


 « Tu auras été, de ma vie, la seule et unique Passion… La sublime erreur qu’il faut avoir faite, le prix qu’il faut avoir payé pour savoir » 

 


 J’ai dit à Colette : « Si je traverse cet orage qui secoue ma vie, je serai indestructible… » 

 

ÉCRITURE

 

Tu le laisse à personne d’autre qu’à toi-même le soin de te faire souffrir…

 


 (19h Café près de chez Serge M.) 

 

Je sens que je touche à l’essentiel de notre problème 

il me semble qu’il s’agit d’une auto-répression du Désir chez chacun d’entre nous. 

Pourtant, en l’écrivant, cela me paraît si pauvre, quand je pense à nos relations du début quand nous faisions constamment l’amour… Oui mais après… ? Chacun comptait sur l’autre pour faire l’économie de son propre désir, car le Désir fait peur (porteur de risque, source de dépendance, de souffrance.)

 

08/04/1983 

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

(12h45 vendredi) 

 

Suis couché. Je traîne, au lit. Me suis réveillé à 3h 1/4 du matin. Rendormi vers 6h. Mal dormi. 

Hier soir : Colette ici. Moi = fureur. Elle pris peur. Partie en courant. Crié « Au secours. » Scandale. (concierge – gens dans l’entrée – aux fenêtres.) Moi : « Si tu pars, c’est terminé… » Elle est partie. 

 


Tout ( ?) (en tout cas quelques points importants) m’apparaissent très clairs maintenant. 

De par mon attachement œdipien à ma mère (et conflictuel), je ressens le désir pour la Femme comme une dépendance, une violence, quelque chose qui m’est imposé. (D’où ma colère envers la Femme = projection sur elle de ma colère envers moi-même. Je m’en veux de désirer la Femme.) 

J’ai projeté ce schéma sur Colette, méconnaissant son propre désir et souhaitant le modeler (espoir impossible) pour qu’elle le vive aussi comme une dépendance. 

C’est donc bien ma propre névrose qui a confirmé le rapport, mais j’y ai été aidé par elle, par sa non-manifestation du désir. 

La leçon à tirer est pour l’instant, de me tourner vers des femmes qui n’ont pas ce blocage à l’égard du dit du désir. 

Ainsi ma satisfaction lorsque Mathilde verbalise : « Je te désire » ou « J’ai toujours envie de toi » ou « Tu me rends folle ».

 

Le problème avec Mathilde est qu’il s’agit d’une femme qui ne « me fait pas bander » beaucoup.

 

Une femme – ou des femmes – qui réponde à ce profil n’est pas introuvable.

 


La question qui reste entière à ce stade de mon analyse, c’est pourquoi, comment, dans mon histoire infantile, s’est formée cette idée du désir comme dépendance ?

 


À explorer aussi : la connexion du Désir, de la Souffrance, du Silence.

 

(Silence de Colette  conflit.

La mort en moi oui, mais pourquoi ? Comment ?)

 


 (16h45)

 

Si j’essaye d’analyser le sentiment de castration qui s’est introduite un mois après l’» adultère » de Colette, il me semble que c’est parce que c’est un triangle œdipien, étant donné la place que j’avais donnée à Colette.

 

09/04/1983

 

ÉCRITURE – PROJET « L’IMAGE DE PIERRE » – AGNÈS

 

(15h35)

 

Suis avec Agnès café près cinéma (pour voir « Dark Crystal » ou « Un pilote dans l’avion N°2 »)

Je n’ai pas mon classeur avec moi, aussi je prends ici des notes concernant l’image de Pierre.

 

Trouvé ce matin l’idée du soviétique programmé pour aimer espionne (française) + idée de l’élimination de la famille de Lucie (pas Marceau ni le photographe qui sont réutilisés dans le nouveau coup).

 

Je cherche ce que peut être le soviétique.

Écrit à Mathilde que ce ne peut pas être un diplomate en poste à l’ambassade (trop méfiant).

Alors, je ne sais quelle fonction lui donner.

 

Trouvé tout à l’heure en voiture une nouvelle idée, pour ne pas éveiller sa méfiance : on le programme pour désirer une femme qu’il connaît.

Ainsi, s’il se réveille avec image d’elle en tête, c’est beaucoup moins suspect que s’il ne la connaît pas…

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

« Colette, tu lâches la proie pour l’ombre… »

 

10/04/1983

 

1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE

 

(Dimanche 19h45 tabac Soisy / Montmorency retour de ramener Agnès).

 

Ciel clair, lumineux du soir tombant, soleil couchant par les grandes vitres du café…

Je me suis arrêté là et j’ai mis dans le juke-box : « Blue eye » par Elton John.

J’ai visualisé le plateau du Massif central nous avions campé avec Jocelyne, au bord de la falaise…

Cette immensité du ciel, de l’air et de la lumière…

Elle se souvient de cela, elle. D’avoir partagé cela avec moi.

Mais moi ? C’est si loin ! Je n’étais pas avec elle… Est toujours ainsi ? Et n’a-t-il toujours un des deux tendus vers l’instant pour le vivre avec l’autre et l’autre en retrait, en « décalage d’émotion »… ?

Est-il possible de partager l’émotion ?

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE

 

Je songeais tout à l’heure en voiture, en emplissant, en m’éblouissant de lumière, à cette dilatation du regard, cette perte de soi dans l’instant qu’avait dû ressentir Mathilde devant les deux rochers dont elle m’envoyait la carte postale…

Je veux lui dire que je l’ai rejoint en cet instant…

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Collette m’a fait douter que cette recherche d’intensité partagée dans l’émotion était le projet qu’il faut préserver… Mais ces jours derniers, depuis l’algarade de jeudi dernier, je sens installer en moi la certitude plus forte que jamais qu’il faut « vouloir » et qu’elle ne voulait pas. Qu’elle s’est trompée, que j’étais dans le vrai, mais que c’était écrit ainsi, que je ne pouvais faire les choses seul…

 

15/04/1983

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÊVES

 

(Vendredi 13h35)

 

Suis très mal aujourd’hui. Grande angoisse. Solitude. Le soleil dehors, la pensée de Mathilde de sa spontanéité ne parviennent même pas me tirer de là…

 

Je rédige la nouvelle fin du synopsis de l’image de Pierre. Écriture difficile, angoissante elle aussi.

 

Rêves de cette nuit :

 

Je voyais Colette et François M. s’embrasser

 

Dans une maison, un pigeon pénètre par la fenêtre. Je m’écrie : « Je vais faire un beau film… »

 

18/04/1983

 

ÉCRITURE

 

(Lundi 20h45 Café La boule d’or)

 

« J’attends, au détour des cafés, qu’il se passe quelque chose, dans ce monde morne, et que se produise, par ton regard enfin posé sur moi, la conflagration du Désir… »

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Samedi Colette m’a appelé. Parlé de la soirée du « Au secours ». Lui ai dit que je trouvais cela grotesque de sa part. Elle : « C’était plutôt de la tienne… » Nous sommes engueulés. Elle a raccroché.

 

20/04/1983

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

(10h30)

 

(Méditant sur les « ruptures de contact » de Colette par opposition à mon « collage » perpétuel.

 

« Mieux vaut pas de contact du tout qu’un contact agressif… » (cf. Laborit : la fuite).

 

23/04/1983

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE

 

(Restau avec Joël, Zyf, Cassandre et Agnès)

 

Mathilde m’a dit :

« Ce que je veux le plus, c’est savoir comment aimer… »

 

27/04/1983

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – MICHAEL – ZELDA

 

Suite des mots de Mathilde que je veux absolument noter, dont je veux garder une (précieuse) trace :

 

   « Tu me rends folle… » (dans l’amour)

   « C’est bon de t’avoir… »

   « J’aime me branler sur toi… » (elle sur moi)

   « J’aime ta fragilité… »

   « Tu me rends sage… »

   « On est bien parce qu’on fait l’amour… »

   « J’aime quand tu me lèches… »

 

Conversation importante :

1/ sur le fait de vivre ensemble. Moi : mis en avant les enfants comme obstacles (cause responsabilité)

2/ sur la pudeur  la sexualité  le soir (vers minuit) elle m’a appelé. Nous sommes excités mutuellement. Ai commencé à parler de mon besoin du désir de la femme.

 

Hier soir : elle m’a relaté des mots de ses enfants :

Michael : « Il est gentil. Je l’aime bien. »

(+ Discussion entre les trois enfants sur le couchage ici).

 

Hier soir, une fois de plus, elle m’a mit la main au cul. Je lui ai dit : « Viole moi le cul… »

 

Part féminine en moi. Part masculine chez la femme.

 

Je pense que Colette a eu peur de moi parce que je la plaçais devant la part masculine en elle. Elle a préféré François qui la baise « virilement »…

 


Cette nuit, me suis réveillé (vers 5h), elle aussi. On a parlé. Lui ai demandé de me branler tout en parlant. Au bout d’un moment, elle me dit : « J’ai envie de t’embrasser… » (le sexe).

 


Autres mots de Mathilde qui me reviennent :

 

 – « J’aime dormir nue… »

 – « J’aime quand tu me parles… » (dans l’amour)

 – « Fais-moi mal… »

 – « Je suis heureuse de t’avoir rencontré. Je ne te le répéterai jamais assez… »

 

28/04/1983

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(Drugstore Publicis) 

 

Viens d’accompagner Colette à Images de France. 

L’ai appelée l’après-midi. Elle m’a proposé de se voir hier soir (restaurant arabe avec Maryse.) Passé nuit à la maison. 

 


Là, tout de suite : enchaînement d’idées : (en partant de la dureté de François dont parlait Colette.)  je pense à la manière tendre dont j’ai quitté Rachida, au téléphone, la dernière fois, et je me dis, ce matin, que j’ai peut-être commis une erreur, jusqu’ici, en pensant que la part féminine en moi, s’exprimait dans mes fantasmes sexuels avec Colette, peut-être faut-il le voir dans une tendresse en moi que j’aurais refoulée, dans mes rapports avec Colette, précisément parce que j’en avais peur (cf. le mot de Colette à Marc L. (*) avec qui, elle a couché :!) « J’ai besoin de câlins… »

 

Commentaire du 21 juin 2019 :

 

(* : Qu’elle a  épousé plus tard et avec qui elle a eu un enfant.

 

   Commentaire écrit à 72 ans

 

29/04/1983

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(18h05)

 

Viens d’appeler Colette pour savoir si elle s’est « reposée » (de la nuit ensemble nous n’avons pas dormi), elle me dit que non car elle est sortie, n’est pas rentrée depuis chez sa mère  jalousie. Flip chez moi. Souffrance.

 

Je ne sors pas de cette souffrance provoquée par elle.

Pour elle, c’est tellement plus facile, cette séparation : c’est agréable d’être l’objet de désirs.

 

Bêtement, une fois de plus, je l’ai rappelée, en lui disant de me rappeler une fois fini son travail et je suis là, comme un con, près du téléphone, à attendre…

 

(18h15)

 

Voilà. Une fois de plus, la raccrochée parce que je gueulais « Je ne marche pas dans tes combines… »

Je lui ai répété ce qu’elle m’avait dit, qu’elle a traversé des moments de cafard où elle avait pensé à moi, mais qu’elle ne m’avait pas appelé…

 – « Et ben, ne marche pas. Et puis merde… »

 

Elle a raccroché.

 

30/04/1983

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Après ça suis allé chez le Docteur Colas me faire piquer pour douleurs intercostales qui me lançaient. En sortant, j’ai foncé rue Saint Vincent de Paul. Je garais la voiture, elle est passée en voiture avec Laurent. Avons discuté debout dans la rue. Lui ai dit de s’excuser. Ce qu’elle a fait. Nous sommes quittés sur ces mots : « Je t’appelle lundi matin… »

 


Tout à l’heure, téléphone a sonné. C’était elle. M’a dit que cela faisait longtemps qu’elle essayait de me joindre (occupé cause longue conversation avec Hervé au sujet de Caroline qui l’a rappelé – un an après !)

Elle me dit qu’hier soir : regards avec un type à soirée anniversaire Dominique B. et qu’il lui a glissé de demander son numéro à Jean-Jacques, ce qu’elle a fait, en en profitant pour lui expliquer ce qu’elle faisait en ce moment…

Je propose qu’on se voie. Je vais y aller.

(Problème avec Mathilde à cause de ça, parce qu’elle devait venir me voir et que j’ai annulé).

 

02/05/1983 

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(lundi) 

 

Après-midi de samedi. Canot au Bois de Boulogne avec Colette. Rentrés rue de la Chine: fait l’amour  cinéma (« Mystère Picasso »)  Restaurant Indien (rue J. Chaplain près du ciné.) Nuit maison. Le dimanche : depuis chez Maman (Café Dalle de Choisy) appelé Krystelle pour son anniversaire (Fête. Acheté cotillons avec Colette le samedi.) Krystelle me parle à peine (prétexte boucles d’oreilles qui lui font mal !) Colette me dit qu’elle me rappellera. Week-end avec Colette = de ma part : apaisement – renoncement. Elle : « Je suis comme un oiseau qui a besoin d’avoir une cage avec une porte ouverte. » Je sens qu’elle m’aime. Mais elle évoque le mariage de l’un de nous deux (notion « sacrée ») qui seul pourra nous séparer car impliquant la fidélité. 

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE

 

Quand je rentre de chez Maman, le dimanche, Mathilde vient la maison, puis on va au cinéma voir « Sarah » près Beaubourg.

Elle était en colère pour la veille et  a failli ne pas venir.

 

Aujourd’hui : déjeuner ensemble (chez Valdo). Importante conversation où l’on fait retour sur le dimanche de la « Traviata » (elle avait cru que je n’avais pas pris Agnès un week-end pour coucher avec une nana…). Elle me révèle que le type avec qui elle écrit le scénario est Michel.

On parle de l’impossibilité d’avoir des garanties.

Elle : « Jette-toi. N’aie pas peur. Ne me demande pas de garanties… »

Moi : « J’en veux aux femmes parce qu’elle ne comprennent pas qu’elles tombent sur un homme qui leur dit : « Je suis d’accord pour entrer dans tes fantasmes… »

 

Oui : mais je me demande : est-ce bien des leurs qu’il s’agit 

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

(19h. Bistro près TCT) 

 

Je suis triste d’être en colère. 

Triste de cette colère en moi. 

Triste de ne pas être comme Colette, comme Mathilde, moins dépendant que je ne le suis. 

Cette dépendance crée cette colère. Et voilà l’engrenage auquel je n’échappe pas. 

Et toujours ce désir de fusionner avec l’Autre. 

Désir problématique. 

Problèmes qui m’atteignent, me blessent, me déçoivent. Et ainsi de suite. 

 

03/05/1983

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE

 

Hier soir : rendez-vous avec Mathilde à la Boule d’or, puis restaurant (raclette) dans rue Suger. 

Désir très fort en nous. Fait l’amour fort en rentrant. Tombés sur la moquette.

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Je pense à Colette quand même, encore et toujours. A mon amour. Mon grand amour. 

 

Vu hier une fille qui lui ressemblait de dos, place St Michel, avec un type… Elle avait ses gestes, sa démarche. 

Me suis créé fiction que c’était elle. 

Elle partait, avec son type, dans sa direction. Et moi j’étais là, avec Mathilde 

Je ne trouve pas les mots pour écrire comment je vois la vie de Colette en ce moment. Désormais.

 

Comment elle est loin et proche. 

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE

 

Mathilde hier : « J’ai envie d’acheter un manteau de fourrure, pour être nue en dessous… »

 

LITTÉRATURE – LECTURE

 

Jean-Marc Conti

« Je ne pense qu’à vous »

 

05/05/1983

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE

 

Mathilde (en se réveillant, cette nuit, parce que je la caressais) : « Tu me manques, chéri, tu me manques… »

 

ÉCRITURE

 

De mon trop grand désir, je subis la blessure.

De ce reptile ardent j’ai reçu la morsure.

Tel un sexe géant, il déploie ses anneaux.

Il m’enserre le cou, il me brise le dos.

Autant il veut jouir, autant mon corps endure

un tourment dont il est la victime et l’auteur.

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE

 

Hier, moi : « Il y a des gens qui nous condamneraient parce qu’on se réveille en pleine nuit pour faire l’amour… »

Mathilde : « Moi, je trouve qu’on ne le fait jamais assez… ! »

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(21h20)

 

Je me bloque et j’attends qu’elle (Colette) soit excitée… 

 

Combinaison – je m’en rends compte ce soir – de l’auto-répression de mon désir et de la croyance en ma toute puissance (alors que ce sont baisers, caresses, rires, sourires, qui éveillent le désir.) <– ! ! !

 

06/05/1983

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION 

 

Hier soir, au restau, avec Zyf, les gens parlaient de « La vie est un roman »…

Une fille : « C’est un rapport de pouvoir, du début à la fin » La première partie de la phrase est désormais classique pour moi. Mais la seconde sonne étrangement, comme une image de la vie même, du début à la fin, de la naissance à la mort… 

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Hier ou avant-hier (ou avant ?) : Colette : « Si je ne te désirais pas, je ne serais pas ici… »

(cf. Rachida : « Ça veut dire quelque chose… » (qu’elle vienne chez moi…)

 

08/05/1983

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÊVES 

 

(Dimanche 16h15)

 

Seul. Sentiment de solitude.

 

Des rêves de cette nuit :

 

D’abord rêve de mort (je ne me souviens plus exactement quoi) parce que j’étais sur le dos  me remets sur le ventre

 

Puis :

 

 – J’étais en analyse avec une analyste-femme, qui effectuait un remplacement de G..

Sur le dossier d’une chaise ?) : un chatterton rouge collé, bien proprement, avec dessus une inscription honorifique pour G..

Je dérange le chatterton, le décollant, puis le recollant en le pliant, en le replaçant mal  G. arrive et se montre très dur, très agressif. Je m’en sens très malheureux. Il me menace d’arrêter l’analyse. Grand chagrin. Je me sens = (?) indigne de l’analyse, très en retard (?) sur les autres analysants.

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – SEXE

 

Nuit de vendredi (avec Colette) : elle avait baisé la veille avec Marc L., aussi : pas de désir pour moi chez elle.

 

11/05/1983

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – SEXE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

(Mercredi) 

 

Elle avait parlé de se voir ce soir, mercredi.

Pas de nouvelles d’elle depuis samedi matin.

 

Vendredi soir, alors que nous faisions les courses pour manger à la maison (aux Comestibles de Pigalle), elle s’est coupée et a laissé échapper qu’elle avait décommandé la soirée avec P. pour voir et passer la nuit avec Marc L. (nuit de jeudi).

Je voulais décommander Mathilde pour la voir.

Elle refuse de me voir et décommande P. pour voir L. ! Ça fait beaucoup pour moi. Trop.

 

Je suis confronté à un rejet désormais explicite.

 

Le vendredi après-midi avant de la voir, je lui ai téléphoné au travail disant qu’il valait mieux qu’elle ne me voie que si elle avait du désir pour moi.

 

Je pense qu’elle applique actuellement ce principe. C’est pourquoi elle m’appelle pas.

 

La triviale et brutale réalité s’impose à moi  – même si je la refuse – ce n’est pas pour moi qu’elle a du désir !

 

(Dans ses paroles, elle m’a propulsé au rang de père (« Tu dois te faire du souci pour moi comme un père pour sa fille… ? »)

Je retrouve la même volonté d’indépendance par rapport au Père que chez Rachida…

 


Je sais la douceur qu’elle goûte en ce moment, celle de la tendresse, du plaisir tendre et doux d’être accepté tel qu’on est, mieux encore désiré pour cela, goûtant le plaisir d’un silence complice où l’on peut dire « On est bien ensemble » sans qu’il soit besoin – comme je l’exigeais – de parler.

Tendresse. Silence. Désir

 

14/05/1983

 

MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

(Samedi)

 

Séance d’hier importante. J’en note ici les éléments principaux :

 

 – « Pourquoi avez-vous si peur qu’on vous aime ? » Réponse : « Parce que j’ai peur d’aimer… »

la peur de perdre = peur de me perdre (dans l’amour).

 – Notion de procès : il me faut absolument prouver que les sentiments tendres qu’on me porte sont fallacieux. Grand ressentiment à l’égard de ma mère dont je pense qu’elle ne m’a pas assez aimé (l’acharnement que je mets à conduire ce procès montre bien que cela remonte à l’enfance.)

 

Mais je dis aussi que mon délire a à voir avec la réalité (de la peur de l’amour chez tout un chacun) et que c’est cela qui rend tout aussi compliqué et ambigu.

 

Mon corps souffrant en ce moment = je suis « une mauvaise mère pour moi »…

(Quand je parlais de certains gestes de Colette que je trouvais « naturels » (c’est-à-dire qu’il m’en fallait plus), il rapproche ça de l’amour maternel dont on dit « C’est naturel… »

 

M’accuser = un certain style de séduction pour moi…

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Ainsi, puisque cinq ans après, me voici ramené aux débuts 

par la mise en cause de cette pratique du reproche, de l’accusation systématique. 

Aujourd’hui, Colette répond à cette attitude originelle en quittant François, à qui elle était liée par un rapport de forces, fondé sur le ressentiment et en se tournant vers Marc L., qui ne lui fait aucun reproche

Je ne serais pas étonné qu’elle lui dise : « Je t’aime » puisqu’avec lui elle peut goûter le plaisir – interdit par mon accusation systématique de « faux et usage de faux » – de l’effusion sentimentale.

Reste à savoir si le goût de ce plaisir auquel elle ne peut pas résister (pas plus que je n’ai pu résister avec d’autres) ne la fera pas s’abuser elle-même sur ses propres sentiments… 

Je suis presque sûr qu’elle a fini par lui dire « Je t’aime », aidée en cela par mon attitude (le fait que je lui ai avoué avoir dit « Je t’aime » à Mathilde…) 

Or, amour = fidélité, pour elle. On n’aime pas deux êtres à la fois. D’où le refus de coucher avec moi désormais et ses mots dans la voiture mercredi soir :  « Je ne t’aime plus… » 

 

Aussi bien, même si elle s’aperçoit un jour (proche ou lointain) que L. n’est pour elle qu’un prétexte, un moyen de retrouver l’effusion amoureuse, je sais que son avenir est de trouver un homme qu’elle aimera vraiment et auquel elle sera fidèle… 

 

C’est pourquoi, je lui ai reproché de m’avoir menti en me disant qu’elle voulait me « garder une place… » 

 

C’est vrai qu’il est terrible ce ressentiment que j’ai vis-à-vis d’elle et que tout est rendu effroyablement confus par le fait que, réellement, elle a eu, dans le début, une attitude ambiguë à min égard, d’attirance et de dérobade… 

 

15/05/1983

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE

 

Hier matin, Mathilde a noté mots tableau cuisine, en partant. Noté au-dessous d’elle. Ça donne ça :

 

Elle : « Je pense à toi

Moi : « Tu me plais

Amour

J’aime

À bientôt

Ta vie

Love

Amour »

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Ai réfléchi à plusieurs choses cette nuit et ce matin 

 

– En me disant au moment de me quitter mercredi dernier dans la voiture : « Tu ne m’embrasses pas ? »  et « Tu m’en veux ? » Colette a signifié clairement qu’elle me disait « Adieu » 

(mais cette interprétation n’est-elle pas, une fois de plus, un épisode du « procès pour faux », une occasion de doute (« Qu’est-ce qu’elle pense, qu’est-ce qu’elle sent ?) 

 

– Marc L. lui mettant « les uns contre les autres. » Il a sans doute oublié que j’avais demandé, moi, que l’on passe cette chanson à l’époque du week-end à Étretat… (mais s’en est souvenu inconsciemment.) 

J’y vois le signe que la relation Marc L.-Colette est un re-vécu de la relation Colette – moi… (dans sa tête à lui.) 

Je pense aux rapports Colette-Maryse et au glissement de l’une à l’autre que Marc L. peut faire. À cette différence près : Maryse volage – Colette fidèle. D’où la fidélité de Colette concrétisée par son refus de coucher avec moi  elle veut être une « meilleure Maryse…

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – MICHAEL – ZELDA – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

Le point sur ma relation avec Mathilde :

 

Lundi dernier : son anniversaire… Dîner au restau Graziano. Gâteau avec feux de Bengale  boîte (étoile Foch) Elle était heureuse.

Mardi matin : on m’annonce annulation tournage « Passions »  angoisse  je pleure devant elle. 

Mercredi soir : discussion avant repas chez Virginie B., puis ici : « Si tu continues à me faire la gueule, je m’en vais… » J’ouvre la porte. Elle part. Je la rattrape. La bouscule. Le fait remonter. Elle s’endort.

Jeudi : Foire du trône avec les enfants. On en reparle le soir.

Vendredi : séance où G. interprète la crise que j’ai provoquée comme épisode du « procès pour faux »

Samedi : On commence à faire l’amour, l’après-midi. Elle flippe <– pudeur.

Discussion sur les blocages. Elle est triste car elle « sait ce qu’elle veut »… Échanges sur la sexualité. Même conception.

 

22/05/1983

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(dimanche) Minuit et demi. 

 

Je suis fatigué et n’écrirai pas longtemps bien que j’ai beaucoup de choses à noter. 

Je pense, pour la première fois, à écrire à Colette, qu’il faut mieux que nous ne nous revoyions plus. Et cela non pour moi mais pour elle. Car je pense qu’elle le fait surtout pour moi, mais que, pour elle-même, elle préférerait être débarrassée, libérée de moi…

 

23/05/1983 

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(Lundi) 11h10. 

 

Ce matin (décidément, les matins sont fertiles en « convictions… ») il m’apparaît clairement (mais des choses contradictoires pensent m’apparaître aussi clairement…) que ce qui me révolte et m’a révolté en Colette c’est le mensonge, permanent qu’elle fait au monde et à elle-même (d’abord, bien sûr) : cette prétention à pouvoir, à vouloir la solitude (à cause de son vécu infantile et du trajet existentiel qu’il a provoqué), alors qu’elle est au fond, comme tout être humain, et peut-être précisément davantage que toute autre : alors qu’elle a besoin d’amour, besoin d’aimer et d’être aimée. 

Aussi quand je pense à tout l’Amour qui était possible entre nous, je considère son attitude permanente envers moi comme un vaste, un immense mensonge

C’est cela que j’appelle sa trahison

Jusqu’à déterrer des amours anciens comme François ou Marc L. : témoignage chez elle de la peur de l’amour, peur de tout amour nouveau (et de ce qu’il implique comme risques) et navigation pour elle sur une mer balisée… 

Je retrouve la même volonté d’indépendance par rapport au Père que chez Rachida…

 


Je note une chose importante, qui date de notre dernière entrevue Colette et moi (jeudi 19 le matin, elle m’a appelé le matin pour me voir le midi. Là, dans la voiture, elle a pleuré. Elle était mal. Malaise existentiel. Sa vie. Sa « facilité. » L’avenir etc. 

Elle m’a dit : « Je croyais t’aimer… » 

Je repense à cette phrase et m’interroge sur son sens exact. Elle peut s’entendre de tant de façons… 

En ce moment, elle me fait mal.

 

27/05/1983

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE

 

(Vendredi – salon attente Docteur Colas) 14h40)

 

Que noter des ces derniers jours 

 

1/ Colette : plus de nouvelles. Je ne bouge pas non plus. J’hésite entre l’idée qu’elle m’oublie et celle que je reste le plus important pour elle. Je crois a un réel soulagement en elle dans le fait de ne plus me voir, de ne plus supporter ma violence, mon insatisfaction et un réel plaisir dans la relation avec Marc L. avec les réserves qui peuvent être faites sur les limites des possibilités de Colette. Mais là, encore, pour moi : mystère. Cette histoire avec Marc L. m’est totalement étrangère, elle relève d’une histoire familiale, de la relation Colette – Maryse. Je n’y suis rien. Cette jouissance de Colette m’est étrangère. Cette Colette m’est étrangère.

 

2/ Mathilde : crise en elle, il y a quelques jours, sur de « trop de désir » (d’hommes différents) concentrés sur elle, sur toute cette demande angoissante, sur cette mise en cause.

Il y a en elle des mouvements tendant à englober moi aussi dans son rejet (idée de départ aux États-Unis – d’une séparation) + problème du fantasme (à propos masturbation avec godemichet que j’envisageais)  rejet « Tu ne peux pas contrôler mon désir » est, en contrepoint, désignation par elle de mon refus d’accéder à sa demande (vivre ensemble).

 

 Depuis, elle est revenue sur sa demande, du moins l’a nuancée (style : « C’est tôt » – « Je suis naïve… ») et, après problème crêtes de coq que je me suis fait brûler, ce qui m’a rendu « indisponible » pour une semaine  fait l’amour hier soir, en se « racontant une histoire » + elle s’est masturbée + m’a surpris en me disant qu’elle avait commencé à se raser le sexe (fantasme en elle)  pour moi : choc du fantasme de l’autre. J’y entre. Il me plaît. J’aimerai son sexe comme un gros abricot entre ses cuisses…

 

3/ Moi : Problèmes de santé que j’ai décidé de prendre à bras le corps : crêtes de coq. Sinusite. Dents. Douleur au thorax  radio. On s’est aperçu que j’avais deux petites taches au poumon droit  actuellement : série d’examens pour éliminer l’hypothèse d’une tuberculose.

 

+ Entrée dans le script de « L’image de Pierre ». Nouvelle réflexion sur les personnages (discussion hier soir au téléphone avec C.).

L’hystérique et le pervers. 

 

J’évolue et souhaite faire de Lucie une hystérique qui peut abandonner son obsession et de Pierre un pervers qui peut se culpabiliser… 

 

01/06/1983

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

(mercredi) 

 

Je médite sur l’impasse où nous nous sommes enfoncés, Colette et moi. 

Ce désir, si fort en moi, qu’elle « ne puisse pas faire autrement »(que de me joindre, que de s’accrocher à moi…) je peux me dire qu’il a été satisfait : combien de fois, si on fait les comptes, elle m’a rappelé… ! Cependant, je ne sentais pas en elle la douleur du manque… 

Précisons : son « code » d’expression du manque n’était pas le même que le mien. 

Je retrouve la même volonté d’indépendance par rapport au Père que chez Rachida…

 


Je sais que je suis à un moment crucial. La fixation à la Mère a été si forte pour moi, qu’elle a créé une liaison, en moi, entre Amour et Manque, tels une paire indivisible. Par désir d’avoir un écho, j’ai souhaité retrouver cela en Colette – je dirais même : me débarrasser de cela en le projetant en Colette. Ce à quoi elle s’est montrée réfractaire puisqu’aussi bien pour elle le manque est également insupportable et que c’est pour elle, à travers mon Désir, que l’opération était réalisée, à son bénéfice : c’est moi qui portait « le poids de son manque. » 

La question, aujourd’hui, est 

dois-je continuer ce jeu de projection (cette tentative de projection, car la partenaire est, en général, réfractaire)

 ou bien 

liquider le manque en moi… 

Accepter la diversité du Réel, le fait qu’il y a des femmes et non pas la Femme. Savoir que je n’ai qu’une mère et que c’est une femme qui s’appelle Marie Cappadoro, née Caruso… 

Remplacer le manque par le Désir. Savoir que le Désir se déplace, qu’il change d’objet, qu’il y a une grande variété de femmes à désirer et qui peuvent me désirer… 

N’est-ce pas précisément le fait nouveau que je ressens en Colette : que son désir a changé d’objet… ? (Qu’elle soit – parce qu’elle n’échappe pas à elle-même – retombée dans un scénario déjà vécu par elle : « souffler » le Père à la Mère, id est C. à Virginie, L. à Maryse, cela ne change rien à l’affaire : il y a, pour elle, désinvestissement et réinvestissement ailleurs…) 

Si je ne suis plus désiré, je n’en meurs pas : Colette n’est qu’une femme parmi d’autres… 

Il me faut m’éloigner de la porte fermée de la chambre où les parents font l’amour pour me tourner vers les femmes qui auront envie de faire l’amour avec moi… 

Le plus douloureux est d’imaginer Colette murmurant, dans la pénombre où leurs corps nus s’agitent, « Je t’aime » à Marc L…. Et alors 

C’est son problème de ne pas pouvoir aimer deux hommes en même temps… C’est de son désir pour ses parents, qu’il s’agit… 

Moi, ma mère, toujours vivante heureusement, m’aime et m’aimera  jusqu’à la fin de sa vie… Moi, d’autres femmes m’aiment et m’aimeront. G. a raison quand il pose le problème de mon acceptation d’être aimé. 

Et bien, Colette : baise… C’est ton affaire… Dis : « Je t’aime… » C’est ton affaire. 

Moi aussi, j’aime et suis aimé ailleurs… 

Et d’autres gémissent et gémiront de ma pénétration : non, je ne suis pas castré. Non : tu ne m’as pas détruit. Pas plus que je ne l’ai fait… 

Je mesure aujourd’hui que Colette est bel et bien perdue pour moi. 

« J’aimerais m’a t’elle dit, que tu me dises que tu es bien avec Mathilde… » 

Il n’y a plus en elle de jalousie parce qu’elle a réinvesti ailleurs… 

Sa jalousie concerne désormais Marc L.. 

Voilà pour moi le problème à régler : la jalousie. 

Et son corollaire : fidélité. 

Qu’est-ce qui me pousse alors que j’aime Mathilde, vers d’autres femmes 

N’est-ce pas cette tension que je connais bien entre la recherche du Même et du Différent ? (C’est à dire le Désir…) 

Comment interdirais-je à la femme ce que moi, je désire ? = désirer et être désiré… 

La question est : est-ce que j’aime ? Qu’est-ce qu’aimer ? (Colette : « Je croyais t’aimer… ») 

L’Amour, le véritable, ne suppose-t-il pas de ne plus chercher à contrôler les Désirs de l’Autre ?

Lorsque je parle de « faire siens les Désirs de l’Autre » n’est-ce pas, une fois de plus, un leurre 

Une manière de souhaiter que l’Autre fasse siens mes Désirs 

La question est : que faire du désir de l’Autre, quand on n’en est pas l’objet 

S’introduire – fantasmatiquement – dans ce Désir (Comme je le fais en me masturbant sur l’image de Colette et Marc baisant), cela me renvoie à la fixation sur la Mère donc au Manque… 

Encourager ce Désir (comme je l’ai fait en poussant Colette à coucher avec d’autres) relève de la même démarche. 

La question est : souffrir ? ne pas souffrir ? De l’initiative de l’Autre… Non. La souffrance n’est pas une fatalité. 

Si l’Autre désire ailleurs, c’est que je ne le satisfais pas, parce que je ne peux pas le satisfaire totalement. Je ne pouvais le faire qu’en faisant miens tous ses désirs. Ce qui n’est pas concevable. Ce qui ne peut être. Corollairement, l’autre ne peut endosser tous mes désirs… 

Il y aura donc frustration… 

C’est, certes, une souffrance. 

Mais il faut relativiser tout cela. Pour que la frustration prenne une forme aussi violente que celle que j’ai ressentie avec Colette, il faut qu’elle soit liée à un système névrotique, à base œdipienne. 

Il s’agit donc de continuer à investir (à désirer) puisque je continue à vivre, mais la satisfaction doit se voir d’une manière relative. Je dois accepter que tous mes désirs ne seront pas satisfaits. Il y a, dans mes désirs, un problème d’intensité et de quantité. Le but vers lequel il faut tendre est de parvenir à ce qu’un maximum des désirs les plus intenses soient satisfaits… 

La fidélité de l’Autre est-elle une condition nécessaire (et suffisante) pour que ce but soit atteint ? Là encore, la relativisation doit jouer avec le paramètre temps : si l’Autre, en désirant ailleurs, désinvestit trop, en ne me désirant plus assez souvent pour faire écho à mes désirs alors l’insatisfaction atteindra un taux élevé, proche de ou dépassant l’insupportable… 

Il y a tant de choses dans une relation amoureuse : la sexualité mais aussi le domaine des désirs sublimés : il y a là, pour moi, un vaste territoire à explorer… Encore faut-il que je sois réellement à l’écoute de l’Autre et que je ne projette pas sur lui mes propres constructions intellectuelles… 

Il y a un problème d’identification à l’Autre. On cherche quelqu’un à qui on aimerait ressembler. Qu’on aimerait être ?

 

03/06/1983

 

3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

(8h45)

 

Matin. Banquette, près du téléphone. Année après année : l’espace du salon, devant mes yeux, à la fois inchangé et évoluant…

Lundi dernier, suite réception commandement du huissier pour impôts  discussion avec Mathilde. Elle explicite qu’elle ne peut – ne veut –  pas accepter notre situation actuelle.

Mardi soir : repas ici (Marino – Caroline – Dona) (discussion « féministe » – je m’enflamme sur le Désir…

Lendemain matin, je laisse un mot à Dona, qui a dormi ici, sur la « volonté de ne pas trahir l’amour pour ma mère » et la part féminine en moi = part maternelle).

À cette soirée du mardi, Mathilde disait venir (ou téléphoner). Elle ne fait ni l’un ni l’autre (on s’était quittés le lundi sur un « J’ai besoin de prendre du recul » de sa part…) Mercredi après-midi : très envie d’elle. J’essaye, en vain, de la joindre. Mercredi soir : coup de fil bref. J’essaye de lui dire mon manque d’elle. Je m’aperçois peu après, en allant dîner chez Marine, que ce n’est pas : « Je manque de toi » que je devrais dire, mais : « Je manque » tout court. De quoi ? De ma mère, bien sûr, mais pas seulement. Chez Marine : Brigitte, sa cousine, parle d’un toubib qui lui a fait un cours sur le manque existentiel (avec lequel on naît).

Hier soir : Mathilde devait venir. 22h15 : pas là… Je l’appelle. De fil en aiguille  discussion-impasse. On se protège. Tous les deux.

Ce que je retiens de cette discussion, c’est que lorsque je lui parle de « moments nécessaires pour me retrouver, me fonder… », elle dit : « Moi aussi, il y aurait des moments où je déserterais la maison… » et je pense qu’entre autres, c’est pour éviter la douleur causée par ces moments que je ne veux pas vivre avec elle…

Et, là, se repose bien le problème de la Fusion avec la Femme… Éviter la fixation, accepter qu’elles prennent de l’espace… C’est bien ça, la difficulté de l’amour… Ce qui est possible sans aimer devient très difficile si l’on se met à aimer. (Parce que : (G.) : « Vous avez de l’amour l’image de deux despotes tout-puissants qui s’affrontent… »

Je retrouve la même volonté d’indépendance par rapport au Père que chez Rachida…

 


 (Colette m’a aidé à me construire cette image. Lorsque je sortais à peu près comme je voulais, avec Jocelyne, ça allait, parce qu’elle n’en faisait pas autant. Je n’étais pas dominé, comme avec Colette.

Cyniquement, j’envisage, de manœuvrer, naviguer, à l’avenir, pour m’assurer une position dominante. Mais je sens bien que cela aussi, je dois le dépasser.

 

Est-ce dépassable ? Pour quoi ? Au nom de quoi ? Les rapports de force sont-ils évitables ?

Je retrouve la même volonté d’indépendance par rapport au Père que chez Rachida…

 


À propos du manque existentiel je pensais tout à l’heure, en écrivant, que de ce point de vue, Colette était peut-être en avance sur moi en sachant qu’on ne peut le comblerqu’on doit faire avec

Pourtant, nombre de nos conduites sont destinées à essayer de le combler, ce Manque.

Pulsion de mort.

Fusion avec le Cosmos.

On retrouve la dialectique de la partie et du tout.

Nous sommes cette contradiction, cette tension…

 

Mes carnets personnels depuis 1963