Carnet 26

Carnet 26 – Du 16 mars 1982 au 27 juin 1982

 

16/03/1982

 

VÉCU – FEMMES – MUSIQUE

 

« Tainted Love » 

Gloria Jones 

autre version Soft Cell

 


 (23h Restaurant « Les trois Lumière » à Belleville) (Je ne vais plus chez Bébert depuis que je sais par l’analyse que j’y fais de l’anthropophagie… Mais de qui est-ce que je vais dévorer les entrailles ?)

 

Cette chanson (voir plus haut : « Tainted Love »), je l’ai entendue pour la première fois à l’» Étoile Foch » quand j’y ai amené Sophie…

Ce « I got to run away… », sur le moment même, j’ai pensé qu’il s’appliquait à Colette… N’est ce pas aussi à Sophie qu’il s’appliquait ?

À elle qui m’a dit quand on s’est vu il y a peu de temps au « Sarah Bernhardt »… qu’elle ne me désirait pas autrement que comme un cinéaste qui la faisait rêver et que je ne pouvais l’accuser de ce que moi, je la désirais…

Éternel piège du désir dont j’attends les preuves… Continuerai-je à les attendre ou bien dépasserai-je cette attente ?

 

VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Je commence ce carnet en écrivant que j’ai quitté Colette. C’est moi qui l’ai fait, non qu’elle ait essayé de m’en empêcher, au contraire, mais je le ressens comme un choix. C’est un choix. 

Après la discussion avec Raymond où il a condamné ma violence et m’a dit : « Si tu ne peux pas maîtriser tes pulsions, prend tes responsabilités d’homme… » 

Suite à quoi j’ai eu un « entretien » avec Colette où il était clair qu’on n’avait été ensemble que pour se faire du mal (quitte à jouir de cette souffrance.) (Ou plutôt pour en jouir) et où elle a dit : « La logique c’est donc de se quitter pour se faire du bien… » (rêveuse) On ne l’a pas fait, au contraire, elle a amené Krystelle rue de la Chine puis, quand je suis allé la chercher à la sortie de l’hôpital où était sa mère et où son père a refusé de lui parler, de l’embrasser et a été pleurer dan la salle de bains, où sa mère lui a dit : « Tu as fait pleurer ton père… » Lorsqu’elle est sortie, je l’ai sentie hostile. Cette hostilité a fait retomber sur moi la chape du malheur. Le soir même à propos de ça, et d’Agnès qui a pleuré parce « qu’elle est grosse » (souvenir de Saumane), j’ai dit à Colette qu’elle ne se serait pas levée pour venir près d’elle. Elle m’a dit : « Si ! » mais je ne la croyais pas. N’a t’elle pas dit :  «  On ne va pas endosser tout le malheur du monde… ! » 

– « Il faut qu’on arrête ! » a-t-elle dit. Nuit encore de crise. Dernier soubresaut de notre vieux spectacle. Puis le matin, on a amené Krystelle à l’école. Je l’ai aidée à monter des paquets chez sa mère et elle a refermé la porte. 

Voilà.

 

17/03/1982

 

ÉCRITURE

 

Nous avons expérimenté l’impossibilité de se transformer par amour… (inclus dans Manuscrit « L’homme que les plantes aimaient »)

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE 

 

 

Ce qui n’était pas supportable, c’était le retour cyclique de cette hostilité à mon égard. Et ça a été la même chose – en plus atténué – avec Jocelyne. C’est aussi pourquoi je l’ai quittée (cf. problèmes avec sa mère des derniers jours…) 

 

Sans oublier, le côté « positif » : mes désirs… Mes désirs d’ailleurs.

 

TÉLÉVISION

 

(14h30  Théâtre de la Renaissance)

 

Inextricable cohue de vieillardes et de vieillards venus voir « Soleil d’Espagne » que je repère pour le tourner… Pire que des gosses, ils se cramponnent (surtout « elles », d’ailleurs) à leur place alors qu’il faudrait se déplacer pour faire place à d’autres, mais alors ils verraient mal…

Ils se cramponnent à leur fauteuil comme à la vie…

 

19/03/1982

 

VÉCU – TÉLÉVISION – MUSIQUE

 

(22h10)

 

Interruption avant le second acte. C’est une répétition ouverte seulement aux équipes de télé. Dans la salle : 5 caméras (il y en avait plus tout à l’heure). Des micros sur pied. Des gens en jeans, en chandails, qui paraissent bizarres dans ce décor rouge et or de l’opéra. Tout à l’heure, Tosca (Kiri Te Kanawa) est apparue sur la scène : elle était en jeans !

Mon esprit ne cesse de vagabonder… J’ai fumé du hasch, avec Marc M. d’abord, puis aussi avec R. et P.. Un petit trip agréable (musique dans la voiture, habituelle mise en route de certains mécanismes psychiques).

 

(23h20)

 

L’orchestre n’est pas prêt. Ça coince pendant la répétition. Résultat : ils refusent qu’on tourne demain. Mon tournage est annulé…

 

VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Je ne cesse de repenser à ces presque 4 ans… !

Cette violence !

Comment ai-je pu m’y laisser aller, et si longtemps !

Il a bien fallu qu’elle l’accepte !

Si elle avait refusé dès le premier jour (à la Claverie, j’avais d’ailleurs dit que je voulais annuler ces vacances) nous nous serions séparés tout de suite rien de tout cela n’aurait eu lieu. Il a donc fallu qu’elle veuille souffrir

 

20/03/1982

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Je relis ces notes (dernières notes du 19/03/1982) le lendemain matin : il m’apparaît clairement qu’il y a une volonté inconsciente de « dramatiser » (au sens de mettre en « œuvre » (durable) notre histoire dans cette façon d’entremêler le récit de la Tosca et une tentative de bilan sur notre histoire.

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

En écoutant Chick Corea, ce matin « Return to forever » : idée de film : quelqu’un a un flash (rêve ?) de la personne qui sera près de lui au moment de sa mort. Cette personne, il la rencontre. Leurs rapports ?

 

21/03/1982

 

VÉCU – FEMMES – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

(3h50)

 

Je rentre d’une soirée organisée par Yves R.. Fumé. J’écris défoncé.

 

En fait, j’écris que je suis incapable d’écrire, de transcrire tous les mots qui me tournent dans la tête et les pensées, les intuitions informulables en mots…

La mort, par exemple

L’autre

Le semblable

Le différent

La jalousie

Le désir. Le désir = quête de l’Autre et quête de soi.

L’autre libre, l’autre désirant.

Le rassurement, la consolation.

La solitude

 

Tout cela existe, même à moi caché, seulement vécu par l’autre, c’est à moi que ce que vit l’Autre renvoie, car il est semblable à moi, mon semblable, mon frère, nous sommes de la même espèce, l’espèce humaine.

Rien de ce qui est humain ne m’est étranger et pourtant il y a aussi l’indifférence, l’antipathie, voire la haine.

Tout cela peut surgir car hors les espèces philosophiques, il y a la Peur, la volonté de se défendre, de survivre.

Animal qui se sait tel, l’homme est emprisonné dans l’animal. Il tire de sa nature sa jouissance son malheur.

Il me semble que je ne peux faire à la même question que deux réponses contradictoires.

Je suis fidèle et volage.

Je suis aimant et haineux,

généreux et égoïste.

autre version Soft Cell

 


Rosine Y. est entrée dans cette maison.

J’ai revécu mon émoi à être à la même terrasse que cette jolie blonde aux cheveux flous, à me dire que je l’intéresserais… !

Je cherche une femme dans l’assistance. Je vois une jolie blonde et je me dis « Non, elle est trop jolie pour moi ! » Et le plus drôle, c’est que dans mon flip de la séduction inopérante, je me suis dit : « Mais non, j’ai quand même séduit des femmes, la preuve : Rosine Y. ! »

Et hop, elle arrive !

Ça, je ne l’ai pas vu comme ça sur le coup parce que défoncé, peut-être ? Je ne l’ai pas reconnue tout de suite.

Elle m’a fait une gueule terrible.

Il y a de quoi : un Désir blessé par la Jalousie… !

Mais j’ai mal vécu ça.

Pas trop non plus et là est le centre des choses : la colère voire la haine révèle aussi le Désir de l’Autre.

 

Non, non. Il y a des haines qui ne contiennent aucun Désir.

Et encore est-ce certain ? Qu’est-ce que le Désir ? N’est-il pas la reconnaissance de l’Autre, même – cas extrême – pour le tuer ?

 

Il est rare que j’écrive défoncé.

Je repense au « Premier joint » et Stefan qui était là ce soir m’a dit l’avoir lu plusieurs fois.

Il faudra que je photocopie son exemplaire ou qu’il me le redonne car je n’en ai plus…

 

Quand c’est fini, c’est fini. Entre deux êtres, il peut y avoir eu quelque chose et qu’il n’y ait plus rien.

 

Non vraiment : plus aucune émotion, plus aucun Désir ?

Oui, il faut l’admettre. Le Désir est comme la mer, il vient par vagues qui meurent sur le sable et sont remplacées sans cesse. On ne peut vivre sans désirer.

 

Désir et Vies sont liées. Pulsion. Élan biologique inscrit dans le psychisme

 

22/03/1982 

 

VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Lundi. Je l’ai appelée samedi. Ce matin, je ne réveille dans le manque d’elle. Je l’appelle. 

Très longue conversation. 

On  décide de se voir l’après-midi. Elle doit me rappeler. Elle le fait. Problèmes pratiques. On décide d’aller ensemble à l’agence de voyages pour ses vacances avec Krystelle. A l’instant elle me rappelle pour me dire : « Je t’aime ». 

J’espérais cela. 

Voilà une joie.

 

24/03/1982

 

VÉCU – TÉLÉVISION

 

Mercredi

 

Théâtre de la renaissance pour tournage de l’opérette « Soleil d’Espagne »… (pas eu le temps de noter).

 

26/03/1982

 

VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(11h45)

 

Café près de la Maison de la Radio où je vais aller, sur le 101 pour l’émission d’Anne Sinclair que réalise Gilles Daude. 

Je viens de déposer « Melissa » chez Marjorie Israël, l’agent d’Isabelle Adjani. 

Ce qui se passe dans mes (rares) démarches de prospection c’est l’état d’esprit dans lequel je le fais : espoir secret, tout de même, mais « je n’y crois pas… » 

Quand je pense à toutes les difficultés que l’on rencontre pour réaliser un long-métrage aujourd’hui, je suis quasi effrayé. Je recule, effarouché. Et je me demande : « Pourquoi ? Pourquoi vouloir faire ça ? Pourquoi la souffrance, les soucis, le stress que cela implique ? Je ne me crois investi d’aucune « mission sacrée » Je n’ai pas plaisir à manœuvrer, à résoudre les problèmes… Alors ? C’est une phrase de Colette qui est peut-être la réponse : (en gros) « Tu as oublié ta passion… Tu m’as dit qu’il n’y avait que deux choses qui comptaient pour toi : moi et le cinéma… » 

Et je m’aperçois combien mon obsession d’elle me paralyse, me démobilise de toute autre chose… 

Quel est ce « tout autre chose » qu’ainsi j’évite et fuis 

 


(19h10) 

 

J’attends séance. 

Il y a quelques soirs, alors que nous étions couchés, j’ai caressé le sexe de Colette, essayant de l’émouvoir, de l’exciter. 

Elle prit ma main et l’écarta. J’en fus vexé. Je tentais de lui dire combien fort était mon désir qu’elle « me désire », qu’elle soit excitée. 

«  Je ne suis pas une machine » me répondit-elle. « Tu voudrais faire de moi une machine. Tu ne me respectes pas. Que je fasse ou pas l’amour avec toi, c’est pareil » (nous l’avions fait les deux soirs précédents.) 

Je parlai alors de mon désir et dis, pour prouver combien il était fort et ne s’adressait qu’à elle, qu’Anne, avec qui j’étais allé au cinéma pendant notre semaine de séparation, m’avait trouvé « changé » et que je me demandais maintenant comment j’aurais pu la désirer. Elle se fâcha de cela et comme je la culpabilisais, en retour, de la nuit passée avec Christian H. où elle n’était pas venue me rejoindre, elle me dit : « C’est une nuit pour tout ce que tu m’as fait passer… » puis elle se retourna et pleura. 

Ce sont sur ces larmes que je m’interroge. Qu’est-ce qui fait pleurer Colette ?

 

16/04/1982

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Presque un mois que je n’ai pas écrit ici 

Colette est partie en Tunisie pour quinze jours. 

Hier l’ai eue enfin au téléphone. 

Ses mots : « Il n’y a que toi qui m’a manqué parce que je m’aperçois qu’il n’y a que toi qui puisses me rendre heureuse… » 

Combien c’est beau 

 

14/05/1982

 

MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

(18h50)

 

Terrasse tabac « l’Obligado ». Attendant séance (arrivé très en avance).

C’est le printemps : hier : vrai premier jour du printemps…

Pourtant, en moi : un abattement insurmontable, une tristesse profonde.

Je me sens privé de tout ressort, de tout enthousiasme.

Quel long chemin ! Quand j’ai dit, en séance, il y a quelques temps : « J’ai le sentiment que, de toute façon, je n’arriverai jamais quelque part, que je ne pourrai jamais dire : ça y est, je suis guéri ! Je suis bien ! » G. m’a répondu : « Et vous rêvez d’être avec votre père à l’hôpital psychiatrique… » (rappelant un rêve fait peu auparavant…

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Hier, pour la 3e fois depuis le retour de Colette de Tunisie, me suis donné coup de couteau. Jamais aussi profond. Ai lâché le couteau : il est resté planté dans mon bras…

Allé à l’hôpital : 2 points de suture.

 


Après la Tunisie : 2 jours merveilleux (plutôt le dimanche soir et le lundi) puis tournage à Larchant : querelles (à propos de Krystelle déjà) et drames. Nuits blanches. Coup de ciseaux et baises intenses.

Mais le vendredi : Krystelle à la maison  moi agacé (la fais retourner dans sa chambre alors que venue dans notre lit la nuit)  problèmes avec Colette.

Parce que son illusion d’effacer sa culpabilité vis-à-vis de Krystelle grâce à moi s’écroule et elle m’en veut et se sent seule…

Moi, toujours follement accroché à l’espoir de la changer, de la faire autre que la vie ne l’a faite et donc voulant la modeler, la dominer : elle, se rebellant  moi humilié et furieux.

Depuis intervention de Raymond, je ne la frappe plus (sauf une fois lorsqu’elle a émit l’hypothèse, alors que je fuyais les deux enfants dans la chambre, que c’était Krystelle qui me gênait… Et encore : ne l’ai pas frappée fort.

Alors, ma violence se retourne contre moi  couteau.

« Vous vous sentez comme un papillon : épinglé… » (G.)

Depuis le coup de couteau d’hier : Colette « Je ne me sens pas « bien »… Je suis dure. Je te fais souffrir… »

 


Ce qui fausse les choses c’est qu’alors qu’elle ne s’est jamais « engagée » dans la relation avec Agnès, moi par contre, j’ai réellement désiré être le père de Krystelle, j’ai réellement désiré la posséder. 

D’où mes joies et mes souffrances…

 

22/05/1982

 

MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

On est samedi soir. Hier soir : séance très importante. Après dispute avec Colette ( à partir d’une de ses phrases : « Arrête : on va pas recommencer ! » En fait, on a recommencé. Elle est partie, après avoir accepté la proposition que je lui avais faite initialement (qu’elle vienne avec moi enlever les fils de mes points de suture puis que je l’amène rue St Vincent de Paul), proposition qu’elle avait d’abord refusé, pour cause de manque de temps puis, donc, accepté devant mon insistance. Mais c’est ensuite moi, qui ai dit non, mécontent. Devant mon mécontentement, elle est partie en claquant la porte. Je l’ai laissée partir. 

Suite à quoi, je me suis habillé et j’ai foncé en voiture l’attendre à la sortie de l’école où elle avait emmené Krystelle, en emportant le couteau pour lui faire éventuellement du chantage. 

Chantage qui n’a pas marché. Elle a gardé le silence puis, après menace de me planter le couteau dans les WC d’un café, m’a dit : « Je renonce » et précisé son désir de fuite (idem qu’au Krypton, le mercredi soir suite dispute à propos de slows que j’aurais voulu qu’elle me demande de danser… ) La situation se tend ainsi, moi, attisant le rapport de forces : « Tu veux que je te ramène chez ta mère ? – Bon alors on se quitte ? » Jusqu’à ce qu’au moment de descendre de la voiture, elle me dise : « Tu n’as rien à me dire ? Moi : restant sur ma position : « C’est à toi de parler… » (Elle m’avait dit déjà : « Je suis revenue ») (puisque j’ai accepté ta proposition que tu m’emmènes…) ne pouvait avoir « autre chose » à dire sauf à se remettre en cause elle-même, dans son « moi » ce qui rend, en fait, absurde, irréaliste mon désir qu’elle parle… 

Bref, elle descend. Je fais alors le tour du pâté de maisons puis reviens et monte chez sa mère. Je sonne. Elle ouvre. Je la tire, la bouscule, lui dis de prendre son sac. 

Après ça, elle me dit : « Je te dirai que tu as raison puisque c’est ce que tu veux entendre mais ne me dis pas que tu sens que ce n’est pas sincère… » Elle me dit qu’elle doit remonter rassurer sa mère (qui m’a vu la bousculer sur le pallier), elle me demande de le faire avec elle. J’accepte pour désamorcer l’utilisation que sa mère peut faire de cet événement. Une fois là-haut, je suis très froid avec la mère, lui disant qu’elle n’a pas à se faire de souci pour sa fille, que cela fait très longtemps que je n’ai pas levé la main sur elle, qu’elle ne compte pas sur Krystelle pour savoir ce qui se passe à la maison (car Krystelle raconte des choses), étant donné que Krystelle fabule. J’ajoute que je ne veux pas qu’on dise que ça la rend malade, ce à quoi elle répond qu’elle l’a été, ce à quoi je réponds moi aussi… Je lui ai dit : « Bonjour Madame » en arrivant et je lui ai serré la main. Elle me dit « Au revoir Monsieur » quand je lui serre la main pour partir. J’amène Colette à un salon de coiffure où je la laisse.  Séance.

 

01/06/1982

 

VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE 

 

Premier jour de juin. Chaleur. Ciel bleu. Gens partout en vêtements légers. 

 

Cette séance, je la vois comme une reprise, un résumé de toute la période précédente de l’analyse. 

Dominante : importance de la mentalisation en moi. 

Refus du réel

 

 

Entre cette séance et le jeudi suivant : acceptation de cela en moi et pensée qu’accepter Colette c’est accepter le réel (et vice-versa.) 

 

mais le jeudi soir je lui parle, exprimant mes doutes sur la manière dont elle « vit sa vie » et disant que j’ai « profité d’elle » « Tu veux dire que j’étais quelqu’un sans personnalité ? » J’acquiesce.  Colère d’elle. 

Nouveaux sursauts en moi. J’essaie de me dominer, l’appelle pour voir « Maze » à la télé alors qu’elle est couchée. « Ne me touche pas » dit-elle alors que je veux la caresser –> Gifle terrible –> Elle pleure –> Coup de couteau. Le lendemain, on décide de se séparer. Le soir repos à la maison : Jean-Marc, Jeannette, B. et sa femme puis Pierre D. et Totor. Je ne vais pas à ma séance et vais me masturber en sex-shop à la place. Au cours du repas, je la « pique » –> Le lendemain : gueule. 

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – AGNÈS

 

Week-end avec Agnès désastreux. C’est elle qui est violente. (Le dimanche d’abord devant Krystelle  je fuis (expulsé par elle)  tabac Gambetta. J’écris scénario. On se retrouve dans la rue, rentrant, elle et Krystelle et moi. Rentrés ensemble. Le soir : elle violente. Agnès : « Promettez-moi de ne pas vous disputer… »  on ne se dispute pas  sommeil (Agnès, le samedi matin, m’avait dit : « Tu crois qu’elle m’aime vraiment ? Vous me faites peur. » 

Lundi (Pentecôte) après midi au Luxembourg (chacun de son côté avec son gosse) ramène Krystelle chez sa grand-mère. Là je dis que je sors le soir  violence devant Agnès, en larmes.

Je ramène Agnès qui me fait promettre d’arrêter.

Je téléphone à Hervé et passe avant de le voir à la maison  elle est là.

Folle.

Folie. Taxi. Commissariat. Cabine pour appeler Hervé, car je veux fuir. Elle m’en empêche, veut m’emmerder, me « faire payer ». Je renonce, on marche. J’appelle Hervé. On rentre. Elle fume, parle. Je parle aussi. Elle se couche, pleure. Je me couche, me masturbe.

On en est là. C’est la fin.

Agnès et ses larmes. Agnès et ma culpabilité.

Agnès oubliée par moi, négligée, délaissée, pleine de bonne volonté.

Douce Agnès. Mon enfant chérie. Je t’aime. Je t’aimerai toujours.

Je t’ai tant demandé ou plutôt obligée à tant !

Mise si jeune devant des choses qui te dépassaient et dont tu souffrais sans les comprendre.

Chacun sa culpabilité : la mienne est envers toi.

 


Tout à l’heure : appelé Hervé pour lui raconter.

Senti qu’il ne tenait pas à me voir.

M’a chagriné.

 Je dérive sur le problème du désir : un début de proverbe inventé me vient : « Désir trop fort… (je cherche une suite qui rime »

Cette idée qui revient en boomerang, c’est qu’il faut brider son désir.

Vieille erreur avec mon désir.

Il faut savoir en différer la réalisation, ça oui.

Chagriné qu’Hervé ne me dise pas « Viens. »

Et bien, il faudra savoir rappeler Hervé, être patient.

Parler aux gens, « normalement », établir avec eux les passerelles de la communication, au jour le jour.

Seule solution.

Je note que, disant à Hervé « j’ai chargé Agnès de plein de problèmes. Elle sera mûre pour l’analyse… », il dit « Ce n’est pas sûr ! » J’acquiesce. Vrai que c’est ma culpabilité qui parle et que l’autre, extérieur à ma culpabilité, ne peut me comprendre, vrai qu’il me contredit et vrai aussi qu’il a peut-être raison. Disons : en partie raison. Agnès n’a pas que des problèmes, elle a aussi des joies, des oublis, des rêves.

Voir la totalité des choses. Tendre à cela, en tout cas.

 


Vrai aussi que l’avenir d’Agnès dépend de moi aussi.

Le passé est joué. Il est ce qu’il est.

Je pensais dans le métro, à lui parler de Colette et moi. Encore une erreur : affaires d’adultes, comme dirait G.. Je choisis les attitudes qui m’arrangent…

Non : ça me revient : je pensais que mes pensées ont « déteint » sur elle, comme disait G. et qu’elle a pris peut être ce pli de « majesté » que je lui aurais transmis… Je voulais lui dire que dans la vie, les choses étaient différentes de ce qu’on a dans sa tête.

J’ai réfléchi. Pourquoi pas ? C’est vrai.

Je pense qu’à l’issue de ce conflit, Agnès se sentira « gagnante ».

C’est moi qui ai créé cela, moi aussi en tout cas

 

02/06/1982

 

VÉCU – ÉCRITURE – PROJET L’IMAGE DE PIERRE

 

J’ai envie d’ouvrir ce carnet, comme ça, juste pour le plaisir d’écrire. De dire, de me dire que la structure de mon nouveau scénario « L’image de Pierre » est bien en place (à quelques détails près…), que j’ai commencé à écrire le synopsis et que les premières réactions (Yves R., Bertrand…) sont très favorables…

J’ai le sentiment d’avoir retrouvé ma grande veine (celle de « Sibylle », de « Melissa »), de m’être retrouvé, à travers les mêmes thèmes (rapports image-réel, Désir, manipulation, découvert d’une réalité cachée, mais « modulés » d’une manière nouvelle, plus humaine, plus riche, plus profonde, qui ouvre à l’esprit et à l’émotion de nouveaux chemins…

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – ÉCRITURE

 

Un homme et une femme viennent de se rencontrer.

Après leur première nuit ensemble, il reste déjeuner chez elle.

Elle va faire les courses, partant avec son panier.

Il est photographe (ou a un appareil photo pour lui-même)  il la suit et, sans qu’elle s’en aperçoive, la photographie.

Quand il lui montrera les photos  elle sera surprise par cette attention.

À moins qu’il les cache, cachant précisément cette attention… (inclus dans Manuscrit « L’homme que les plantes aimaient » (adapté)

 

03/06/1982

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(17h30)

 

Tout à l’heure, j’allais en voiture de La Tour « Pariféric » (repérage Remue-méninges) à Pigalle pour me taper une vidéo et, en roulant, j’aperçois Colette et son frère Raymond marchant sur le trottoir !

J’hésite un instant puis me gare et vais à eux : « Je vous dérange ? »

Réponse : oui. Il m’a éconduit et je suis reparti sans que nous ayons pu échanger autre chose que des piques !

Je dois m’avouer que la dégradation de mon image auprès de Raymond me touche profondément.

J’ai une défense contre ça, mais c’est ça porte quand même.

Cela aussi, il faudra le dépasser : c’est le vieux problème de l’image dans le regard de l’autre.

Que sait-il de moi ? Voilà la question et le doute, c’est que l’autre puisse vous révéler, comme un miroir plus clair.

La condamnation crée la culpabilité.

 

Pourtant, je ne me sens pas vraiment touché. Il y a plus du regret en moi que de la souffrance…

 


Cette condamnation absolue de ma violence…

« Tu ne devais pas, ne pouvais pas faire ça… On n’a pas le droit… C’est de la lâcheté… »

 

Oui, c’est l’accusation de lâcheté qui porte le plus…

 

07/06/1982 

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME –femmes – pascale

 

Peu de temps, mais beaucoup de choses se sont passées depuis les dernières notes… 

Le lendemain soir : maison. Carmen étant là, discussion avec elle. Humeur de Colette qui réagit à quelque chose que je dis puis refuse de répondre à une question  bouteille de whisky cassée. Colère. 

– Le lendemain : elle me laisse un mot pour s’excuser et me demande d’emporter ses affaires dans le studio de la rue du Mail 

 

– Samedi matin : coup de fil d’un type qu’elle avait connu en vacances –> Discussion. 

Violence (estafilades sur ma poitrine avec éclat de verre bouteille de whisky.) Mélange désir-haine –> Coup de fil à Hervé –> colère d’Hervé –>Je l’amène au studio. 

J’appelle d’un café Déborah ( une pute)… faux numéro. Déception. Solitude. Désespoir –> larmes au téléphone avec Christian et Marine. Coup de fil Jean B –> on va au mariage de P. à Vernon – flip –> Retour. Le lendemain matin : Pascale m’appelle. (écrit une lettre à Hervé.) Déjeuner chez elle. Après-midi chez Maman. 

Soir : télé à la maison ( « Mamma Roma ») Orage intense. Ce matin : réveil dans une lucidité légèrement angoissée. Perte des illusions. Perception des limites de  la communication avec l’autre, de la nécessité de m’assumer moi-même. Perception de ce que je me ressens comme quelqu’un d’avide de plaisir, impatient (cf. la « toute »puissance) quitte à marcher sur la tête des autres. 

Perception de ce qu’il ne faut pas attendre d’autre monde. Il n’y a que celui-ci – ni de changement illusoire en moi. C’est donné ainsi pour un temps, pour mon temps. 

 


Je suis en train de prendre la mesure de ma puissance et de mes limites… 

 

09/06/1982 

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – AMIS

 

Lundi soir : soirée agréable chez Aline avec Marine et Christian (me suis endormi. Fatigue. Nerfs qui lâchent).

 

Hier soir : suis allé voir Déborah, rue Saint Denis  fin d’une illusion « Je voudrais être pour toi autre chose qu’un client… » – « Tu ne peux pas être autre chose : ma vie est trop remplie… »

 

Ce matin : conversation avec Marine. Elle parle de la sérénité de leur couple qu’elle oppose à mon égoïsme dans l’amour. Quand je dis que je ressens la sérénité de Christian comme seulement apparente, elle dit « Oui, elle dépend de moi. Je peux la faire s’écrouler. Je lui ai tant donné à croire » !

Problème de la croyance (elle la dit nécessaire, si elle ne se transforme pas en fanatisme).

 

Croire en l’autre : se faire des illusions sur l’autre ?

 

Me transformer.

Changement intérieur.

Je fantasme Michel S. me revoyant après cette analyse, ce cataclysme dans ma vie.

Quelle importance a l’image que l’autre se fait de nous ?

(Id est les illusions que lui se fait sur nous).

Ma vérité. Est-elle connaissable par l’autre ?

 

Si je ne peux connaître que ma vérité et si je suis seul à la connaître…

Je me sens enfermé dans une solitude profonde.

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Je repense à l’époque ou nous nous étions quittés, l’été 80. Quand j’étais allé avec Michel, le copain de Nicole R. , chez une ex petite amie à lui et que je disais : « Elle m’a dit : « C’est dur d’être une femme… » : qu’est ce qu’elle voulait dire, qu’est ce que ça veut dire ? » 

Cette fille m’avait répondu : « Tu vas entreprendre une analyse. Tu sauras la réponse… » 

Et c’est vrai, qu’aujourd’hui après deux ans d’analyse, j’ai la réponse : difficile d’être une femme parce que difficile soit de s’assumer elle-même, librement, solitairement, soit d’être à la remorque d’un homme. Dans les deux cas : difficulté spécifique… 

 

Se pencher sur les autres, deviner, sentir en eux leurs difficultés et spécialement celles des femmes, qui me sont restées si longtemps étrangères, inconnues, inaccessibles et dangereuses. 

 

A la clef de tous nos problèmes, il a celui de la jalousie. Zyf en est au cœur, lui qui a affronté la scène insoutenable de la femme qu’on aime en train de baiser avec un autre. 

 

Il faudra qu’il me passe son manuscrit. 

 

Je pressens qu’il y a un mode de vie qui est à la limite confortable : je te vois de temps en temps. On baise. Tu es libre ce soir : tant mieux. Tu ne l’es pas : tant pis. Moi, je suis pris demain et après demain. 

 

Parce qu’il y a un solipsisme à l’œuvre, là : l’autre n’existe que lorsqu’il est présent. Il y a là aussi négation (par l’éviction) aussi sûrement que dans la passion. 

 


Ah les claques de l’imagination : Elle trouvant un homme, un autre, pour une relation durable… 

Quelle douleur que celle qui me pèse ainsi sur les épaules et me courbe le dos. 

 

Abolition. Indifférence. 

L’oubli. 

« Le mieux est de s’oublier l’un l’autre… » 

 

L’horreur de l’oubli… 

 

Renoncer à jamais connaître sa réalité… 

 

Mais quelle idiotie ! Sa réalité, j’ai eu quatre ans pour la voir… Je l’ai vue 

 

« J’ai droit moi aussi au bonheur » disait-elle. Oui : tendance en elle à la stabilité

 

Mais alors : s’assumer elle-même. Sa personnalité, son combat, ça voudrait dire quoi 

 

Problème de sa liberté. Sera t’elle assez forte pour la supporter ? Ou, l’ayant créée, voudra t’elle y renoncer, pour endiguer la solitude 

 

C’était ça, sa réalité : une indécision (la contradiction dont on a souvent parlé.) Il est possible en effet, qu’elle n’ait pas choisi ni sa famille, ni moi, mais qu’elle ait écouté les deux, pour se choisir, elle… 

En ce cas, il se peut que, les circonstances aident, et avec la force d’inventer qu’elle a et qui la fait s’installer dans une situation, elle fasse comme elle l’a dit à Carmen et reste « vieille fille. » 

 


Je ressens le manque d’elle… 

 


Parlé cet après midi, avec Hervé des coups de couteau. Quand G. me demandait : « Qu’est ce que ça vous fait ? » Je n’ai pas pensé à lui dire le plaisir secret que j’en tirais… Avec Hervé j’ai émis une hypothèse : et si c’était, à travers ces traces que sont les cicatrices (traces de la souffrance venue d’elle et transformée en souffrance physique), une manière de la garder toujours… jusqu’à la mort ?

 

11/06/1982

 

 ÉCRITURE

 

Il ne faut pas confondre le respect des autres et le mépris de soi… (2014 : from Internet : pas fait)

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(23h)

 

J’entends un air d’opéra dans un film, et je me dis que le plaisir que je prenais à écouter « La Tosca » venait aussi de ce que je pouvais le faire découvrir à Colette. Et je pense à lui écrire ça, cette fusion avec elle… 

 


Je repense à cette manière si simple qu’elle avait de poser sa tête au creux de mon épaule quand nous étions couchés… 

 


Être secret, être caché. Je n’ai pas eu la patience…  

 

15/06/1982

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(01h35 – mardi) 

 

Je rallume la lampe pour écrire, seul dans cette grande maison. Elle m’appartient : J’y suis chez moi. Je m’aperçois que j’y suis bien, que j’y ressens un sentiment de liberté

Je peux, si je le veux, rallumer cette lampe pour écrire ses lignes ou bien me lever et marcher, lire, écouter de la musique ou seulement rester immobile à me parler dans ma tête. 

Liberté, je commence seulement à t’entrevoir. Je n’ai jamais vraiment vécu pour moi, par moi. J’ai toujours eu peur. L’angoisse. L’angoisse toujours, toute ma vie, aussi loin que je remonte, avec seulement, par-ci, par-là, quelques éclairs brefs, quelques instants de joie. 

Et encore ils n’étaient si souvent que des illusions que mon esprit fabriquait pour remplacer une réalité qui lui faisait peur ou l’attristait… 

Ce qui m’a donné envie de rallumer et d’écrire c’est que je pensais à Jocelyne, à Colette et aux pièges abominables que se tendent les êtres. 

Moi qui me suis si souvent senti bourreau, il est vrai que j’ai été aussi victime. Victime de bourreaux qui ne se savaient pas bourreaux. Mais victime quand même. 

Cependant je dis cela, j’écris cela sans colère, juste avec un peu de tristesse et, au fond, une grande joie d’entrevoir la possibilité de m’extraire de ces pièges, d’en sortir… 

 

Jocelyne faisant peser sur moi la culpabilité de la masturbation, comme si c’était un crime… Jocelyne, envisageant il y a peu de temps de se faire nommer en province… Comme Agnès l’a bien vu elle-même, elle n’y a renoncé que par crainte du regard clair et bleu d’Agnès qui resterait posé sur cet acte « toute sa vie… » 

Jocelyne, agglutinée à ses parents, liée à eux par des conflits souterrains et pourtant possessive, ne tolérant pas les miens, haïssant ma mère, méconnaissant mon père… 

Jocelyne balançant à Agnès : « Papa, il a plusieurs femmes… »  Jocelyne utilisant Agnès pour se venger de moi, toute à sa rage, à sa haine, mettant un fossé entre Agnès et moi, la terrorisant, essayant par tous les moyens de couper le contact entre nous… 

 

Colette me disant au bout de quatre ans : « J’aurais été jalouse si tu avais souffert autant avant moi… Ta souffrance est mienne ! » 

Colette possessive, jalouse, retournant comme un gant la domination du blanc sur le noir. 

Colette blindée comme une porte, comme un char d’assaut, 

Colette à la dureté « tissée » longuement, qui n’a jamais cherché à parler, à comprendre, à se livrer, Colette la solitaire, qui se faisait et me faisait croire à l’amour, en fait seulement préoccupée d’elle-même, habile à la négation, jusqu’à la perversion, entêtée, butée, fermant les yeux sur les souffrances qu’elle provoquait. 

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – AGNÈS 

 

Il y a de l’enfant en moi, dans mes rapports avec les femmes. Elles savent d’ailleurs me le dire pour me faire mal, oubliant alors qu’elles ont aussi aimé cet enfant en moi… 

Il y a de l’enfant naïf, confiant, aveugle, enthousiaste… 

 

Je n’écris pas cela avec amertume. 

Cet enfant, au lieu de chercher à l’étouffer, il me faut l’aimer, le comprendre, l’aider à grandir et à devenir moi. 

J’ai déjà écrit cela, à peu près, dans les dialogues du « Premier livre… » 

Mais je parlais de l’écouter, cet enfant, seulement de l’écouter. 

Alors qu’un enfant ne peut pas toujours parler, dire… (comme disait Agnès : « Krystelle ne peut pas vous dire ce qu’elle ressent… ») 

 

Cet enfant en moi, il faut l’aimer pour le comprendre. Entre « Le premier livre » et maintenant, il m’aura fallu un an pour comprendre cela… 

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(11h)

 

Je me suis réveillé en proie à l’angoisse et à la colère provoquée par un mauvais rêve : Je cherchais Colette dans un bal, elle me fuyait. Je sentais que s’était fini, qu’elle était perdue pour moi. Je pensais au suicide. Il y avait Krystelle, la mère de Colette, une histoire de voiture, de billets, pour entrer dans une boite, de parfum (Colette me disant qu’elle ne pouvait pas « changer de parfum… »)

 

Je suis très angoissé ce matin, ce type précis d’angoisse lié à Colette et qui a si souvent débouché sur la violence, via la colère. Je repense à la période d’août dernier où il était prévu qu’elle aille en Martinique. Toute cette période terrible pour moi (le soir où après être allés chez son neveu Ti Alex, on était allés en boite au « Flash-back » ou, j’étais triste parce que je voulais fumer avec elle et qu’elle me disait : « Fais-le sans moi » et que devant ma tristesse et mon angoisse, elle a dit : « Tu cherches la bagarre ? » 

 

Je pense que ce matin, je craquerais bien, comme je l’ai fait si souvent : Colette, Colette, mon refuge, mon recours. 

 

Elle le savait, elle l’a toujours su qu’elle m’avait, que j’avais besoin d’elle. D’où sa mère : « Tu restes avec lui par pitié… » 

Quelle dureté souvent dans sa manière de me repousser… 

Tout, alors, en elle disait : « Moi, je n’ai pas besoin de toi… » 

Même si ce n’était pas vrai. Cette affirmation orgueilleuse me rendait fou de rage et me transformait alors en une bête de haine… 

 


Comment se peut-il qu’on reste attaché à quelqu’un qui vous en a tant fait baver 

 


Pourtant au fond, il n’y a en moi pour elle que de l’amour… Au-dessous des couches de haine… 

 


Désespérance, ce matin. 

Colette et moi : jouissance l’un de l’autre… Mais jouissance malsaine, déséquilibrée, souffrante… 

Personnalités réciproquement pathogènes… 

Elle me paraît si loin, si inaccessible, la « personnalité » qui complèterait la mienne… 

Terrain en friche. 

Je ne saurais pas dire qui je voudrais rencontrer… 

 

Je n’ai que cette angoisse au creux du ventre… 

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – FEMMES – lucile

 

Je passe des coups de téléphone…

Et, au passage, je rattrape une idée qui est née avec Colette : envie d’appeler Lucile et pensée : « Il ne faut pas ! Ce n’est pas bien… »

Naissance de la dépendance…

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – CRÉATION –FEMMES – lucile – RÉFLEXION

 

(18h15)

 

(Immeuble « Pariferic ». Mise en place tournage raccord Remue-méninges)

 

Tout à l’heure m’est apparu clairement la signification de mon dernier scénario : « L’image de Pierre »…

C’est parti du prénom de l’héroïne. Lucie. Je me suis aperçu qu’à une lettre près, c’était Lucile… Lucile qu’à tort ou à raison, je vois comme quelqu’un d’enfermé dans sa vie et qui compense en étant une rêveuse, une imaginative…

J’ai vu la séquence de fin comme une façon qu’a Lucie-Lucile de se perdre dans les images… On peut se perdre dans l’imaginaire, dans l’illusion, se perdre soi-même, s’oublier, se nier, s’ignorer…

Leçon de mon analyse commençante…

Aussi Pierre, le héros, c’est moi…

La drogue qu’on leur injecte, c’est l’imaginaire, l’illusion.

Lui va voir la vérité, ce qu’il a pris pour quelque chose en lui, faisant partie de lui, il s’aperçoit que cela vient de l’extérieur, qu’ils sont tous deux des victimes…

Il en meurt : l’analyse vécue comme mort de celui qu’on était, celui qui se faisait des illusions…

Elle qui n’a pas vu la vérité, reste seule et se perd dans les images…

 

Je me sens heureux d’avoir interprété tout seul la signification d’une production de mon psychisme…

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Colette me reprochant de créer de l’illusion, de manipuler les gens, de faire de la mise en scène…

 

N’est ce pas exactement ce qu’elle a fait Se servant de moi (Là je m’interroge sur « Elle s’est elle servie de moi » : n’est ce pas moi qui ai proposé que Krystelle m’appelle « Papa » ? Quoiqu’il en soit, elle n’a pas dit non : je servais un projet que je devinais en elle…) pour satisfaire son illusion de donner un père à son enfant, réglant ainsi son problème majeur, cette culpabilité d’avoir fait subir à son enfant la même souffrance qu’elle-même en miroir. 

 

Une fois l’illusion abandonnée, elle m’a rejeté comme ne pouvant plus lui être utile, puisqu’elle avait fait le choix d’abandonner le problème de la paternité pour assumer sa propre maternité… 

 

16/06/1982

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Deux événements à analyser : deux retours de colère

 

1/ Avec Bertrand et Laurence, ici, quand je leur disais : « Après vous être connus, au bout de combien de temps avez-vous couché ensemble ? »  Refus de me répondre  colère et repli sur moi (eu le sentiment de me retrouver avec Colette dans un rapport connu de l’ordre de la dérobade).

 

Pourquoi, comment c’est venu ?

(C’était la première fois que : colère depuis le départ de Colette).

 

Je note : tentative de manipulation et rébellion de l’Autre  colère.

 

2/ Avec Marine : revécu relation avec Colette  colère de Marine. Rébellion « Je ne suis pas Colette… »  colère chez moi.

 

Remontée de thèmes connus : « Elle ne s’est jamais abandonnée… »

Marine : « Tu continues à lui demander ça… » , oui. : En moi plein de pensées que je fantasme dans la tête de Colette.

« Si elle pense ça » devient « Elle pensera ça… »

 

Nécessité du renoncement à manipuler

Si je veux écrire à Colette, c’est encore pour lui instiller mes propres pensées. Continuer ce « transvasage du mental »…)

 

Renoncement vécu comme mort. Renoncer à manipuler Marine  désir de raccrocher vécu dans un sentiment de mort.

 


Moment de jalousie aussi quand Marine disait qu’elle n’enregistrait pas les paroles de Colette pour me les rapporter, qu’elle ne pensait pas à ça, qu’elle avait une relation super qui allait en se développant, avec elle…

 

MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

(16 h)

 

Ce matin : séance. J’ai lu le texte écrit le 15 Juin dans la nuit en pleurant tellement que j’ai dû m’arrêter trois fois de lire… 

Notes sur la séance 

– manipulation (Marine) = jeu (« Les autres veulent jouer à d’autres jeux ») (« Vous êtes comme un fanatique d’un jeu » (rire) 

– recherche d’une relation fusionnelle = nostalgie de la fusion avec la mère (en relisant, j’ai lu « Lucie »… ! (à cause de ma mauvaise écriture) À lier au scénario) 

 

Il me dit à un moment : « Je n’avais pas réalisé que Bob = un diminutif de votre nom… » Je suis stupéfié, lui disant que je croyais que c’était implicite entre nous. Je suis effrayé devant le temps qu’il faudra pour tout expliciter… 

 

J’ai dit à un moment que je voudrais venir plus souvent, être en séance plus longtemps. Il analyse : là aussi = désir de fusion. Il parle d’une familiarité entre nous à travers l’italien, disant : « Familiarité impliquerait un parent commun » Je parle de C. comme jonction famille-psy. 

 

Quand j’ai dit qu’Hedi m’a dit « en perdant ce chien, tes parents ont sans doute voulu perdre un petit Robert… » G. me dit : « En tout cas, c’est comme ça que vous l’avez vu et c’est ce qui explique votre colère… » (séance de lundi : « On dirait que vous n’avez jamais admis que vos parents perdent ce chien… »

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – ÉCRITURE – PROJET IMAGE DE PIERRE 

 

Complément à l’interprétation de « L’image de Pierre » : c’est, en fait, une interrogation : quel est le rôle du psy là-dedans 

Psy = analyste.

 

17/06/1982

 

(Jeudi 0h40)

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – ÉCRITURE – PROJET L’IMAGE DE PIERRE

 

Je m’interroge sur mon blocage dans l’écriture de « L’Image de Pierre »… Je me demande si le fait de l’avoir interprété ne m’enlève pas le goût de l’écrire, comme quelque chose désormais sans mystère, sans passion (je note au passage l’alliance des deux mots).

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

Ce qui m’apparaît maintenant, comme jamais aussi nettement, avec Bernard G., c’est que nous cherchons ensemble. 

Je livre un matériel et c’est à nous deux, sous sa conduite, de l’interpréter. 

Je m’aperçois d’ailleurs que c’est la première fois (sauf à remonter à l’enfance, et encore, là est peut-être la question) que j’accepte de me laisser conduire… 

Avec un père absent et une mère à moi toute acquise, est-il étonnant que j’aie développé ce côté « enfant gâté » qui est en moi 

Je note que ce « toute acquise » fait problème : n’y avait-il pas Nini et l’amour et l’admiration que Maman lui vouait ? René, pris en sandwich entre nous deux, le premier et le dernier bénéficiant d’un traitement de faveur, chacun à sa façon… ?

 

19/06/1982 

 

MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÊVES

 

(Samedi 1h 40)

 

En lisant Freud (analyse de l’homme aux rats – page 257) je m’aperçois que le doute sur l’amour de l’autre cache le doute sur le sien. Voilà ce que j’ai du mal à admettre, que j’aimais Colette si mal qu’on peut dire que je ne l’aimais pas. 

Je ne veux pas l’oublier… pour pouvoir me dire : « Je l’aime encore… » 

En fait là, mon esprit dérive et je me demande si elle m’oublie vraiment comme elle m’a dit, le dernier jour, qu’elle le ferait… 

 

Dans le fond, elle avait raison quand elle disait que je suis un égoïste… 

 


17h)

 

Journée difficile aujourd’hui. Retrouvé par instants cette prostration, ce mutisme, cette paralysie, c’est inappétence dont je me rends compte avec une sorte de surprise qu’ils étaient vraiment fréquents en moi quand j’étais avec Colette. État de déception. Je ne peux que la comprendre d’avoir fui cette déception car, malgré mes efforts, je suis persuadé qu’elle la ressentait aussi (puisqu’elle s’était aussi illusionnée sur moi).

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÊVE

 

Fait cette nuit un rêve qui est sans doute lié à ces note de la nuit (page précédente) :

« Je désirais me marier  (ou vivre maritalement) avec une femme qui, paradoxalement, n’est pas du tout le genre de femmes que j’aime dans la vie et je demandais des garanties que cela allait se faire très vite. À quoi il m’était répondu (par elle ?) : « Ça ne se fait pas en une heure (ou un jour ?) » 

Suite à quoi j’avais des idées de suicide (dernier point incertain). 

 

Avec tous ces flous, j’envisage une interprétation 

 

Ce rêve (ainsi que l’a suggéré Aline) a trait à ma situation après Colette… Je désire obtenir la garantie que : je réussirai à me détacher (exprimé par son contraire id est : me marier avec…) de la femme qui me plaît (exprimé également par son inverse : une femme qui est du genre que je n’aime pas) mais cela ne se fera pas en une heure, ou un jour. D’où : angoisse (angoisse en me réveillant), les idées de suicide, si elles étaient bien dans le rêve, se plaçant après la série précédente dans le contenu manifeste, sont peut-être à placer avant dans le contenu latent et expliqueraient le désir de se détacher et de ne plus souffrir donc de ne plus penser à la mort comme un calmant… 

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(17h20)

 

Assis dans ce tabac de la rue de Lourmel : flash intense sur l’humiliation profonde ressentie quand j’étais venu l’attendre à la sortie de l’école de Krystelle et que me voyant assis dans la voiture qui l’attendais, elle a soupiré… 

 

Je me demande si la crise de folie du lundi de la Pentecôte quand elle ne voulait plus me lâcher, n’a pas été pour elle une manière ultime et désespérée de me « donner ma revanche », en adoptant mes attitudes habituelles… N’a t’elle pas dit après, d’ailleurs : « Tu es content. Ça te fait jouir dans ton slip. Tu n’auras jamais ça avec aucune autre femme… » (Mais c’était un cadeau en forme d’agression.) 

 


(19h40)

 

 Terrasse bistrot. 

Place de la Sorbonne (lisant « La jalousie amoureuse » de Lagache) 

 

Colette : « Je suis sur terre pour qu’on s’occupe de moi… » id est : « Pour avoir un papa (qui me fait des cadeaux…) » 

 

Souvenir de Colette = la mer (en quittant la Martinique) la mer = la mère, comme séparant Colette d’avec le père (même si elle ne l’a su qu’après.) 

 

(21h – Café Place de l’Odéon)

 

Une pensée – que j’ai déjà eu – me revient : entendu Maman (malaise qui m’empêche d’écrire – sensation désagréable du stylo sur mon majeur. Je lutte : appuie avec gras du majeur) Une pensée que j’ai déjà eue – me revient : entendu Maman et Lily dire que Papa aimait Lily enfant et allait la voir. 

 

Je pense que peut-être j’ai regretté de ne pas être une fille pour pouvoir plaire à Papa…

 


Une chose éclate littéralement (Je ne cesse de me jeter sur ce carnet pour noter ma pensée qui ne cesse de fonctionner.) 

 

Comment ne pas voir dans le « désire-moi » que j’adressais à Colette la marque évidente d’une homosexualité refoulée ? Ou plutôt, ce que je ne crois pas être pareil : du désir d’être une femme, être celle qui voit le désir, par l’érection, de l’homme (cf. G. = « Ce que vous recherchez vainement en elle, c’est son pénis… » et Colette : « Tu n’es qu’un pédé, va baiser avec les homos (en colère)… » 

 


Je lis le cas d’un analysant dont le père est malade mental. Cela me fait penser à Papa, à sa maladie. 

Quelle angoisse elle a provoqué en moi 

La pire. 

Et je revis le soir où, en sortant d’une séance, j’ai eu Colette au téléphone et où elle m’a dit : « Il faut que tu rentres, c’est très grave… » 

Pourquoi ne m’a t’elle pas dit la mort de mon père 

Il y a du reproche en moi là-dessus et aussi je me dis, vu l’importance du Père en elle, que c’était pour elle imprononçable, indicible… (au-dessus des prétextes genre : « Ce n’est pas à moi de le dire… ») 

D’ailleurs Maman m’a dit quand je l’ai appelée : « Comment ? Tu ne sais pas ? Papa est mort… »

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME

 

Je lis, dans le compte-rendu d’une séance (d’un entrepreneur de maçonnerie) qu’à un moment, il s’assoit (je vérifie pour savoir quel moment : c’est quand l’analyste lui demande si la séance n’est pas trop irréelle. En lisant cela, je me suis mis à rire (exactement le même rire que dans certaines séances – exemple : quand j’ai vu le pantalon de G. et que j’ai eu l’impression que c’était un pantalon de clown ! Pourquoi ce rire ? Rire heureux, joyeux, jubilatoire…               

 

20/06/1982

 

(Dimanche 7h15 Au réveil)

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Mais suis encore réveillé tôt, fatigué, pas assez dormi, après des rêves que j’oublie malheureusement.

 

Thème de réflexion : je voudrais savoir si Colette a changé depuis qu’elle est partie (pensé tout à l’heure qu’elle voulait jouir de sa liberté, qu’elle se sentait piégée par moi et que cette liberté lui permet un soulagement. Que cela lui permette une construction, c’est une autre affaire. Là je pense que j’aurai été son prétexte pour ne pas se construire.

Ne pouvant savoir ce qu’elle fait (pensé au type de relation qu’elle peut avoir – problème de l’ouverture) je songe à le demander à Carmen.

Quand je me dis que Carmen refusera, pour des raisons qui lui sont propres (ne pas « trahir » Colette), je me dis tout de suite après : Carmen ne peut pas refuser. Et je reviens à nouveau à l’autre pôle : Carmen refusera très probablement.

Entre ce « elle ne peut pas le faire » et ce « elle le fera », il y a une tension douloureuse, plus même : violente, insupportable, quelque chose qui se tort.

 

Toujours l’opposition désir – réalité 

 

Je pensais que je ne pouvais pas toucher les choses (cf. Feu Follet) : la barrière qui s’interpose entre le monde et moi, c’est l’angoisse…

Comment s’intéresser à la matière constituée ou manipulée par quelqu’un, si l’on est angoissé ? Les couleurs sont alors moins brillantes, le toucher est moite, non jouisseur, les formes sont incohérentes et inharmonieuses…

 

VÉCU – FEMMES – AGNÈS

 

 (13h20)

 

Pascale vient de m’appeler, de me demander si j’avais Agnès… Je lui dis « Tu voulais la voir ». Elle me dit « Oui, je ne pense pas que ça pourrait la troubler ». Elle me propose de la prendre en juillet, pour les vacances.

 

Pourquoi est-ce que ce coup de fil m’angoisse ?

 

Peur de Pascale ? Pourquoi ? Pensé l’autre jour qu’elle avait été contente de trouver en moi quelqu’un à dominer. Peut-être ça, la peur…

D’autre part, jalousie chez moi, car elle parle de prendre Agnès sans moi (que j’aille la voir le week-end).

Jalousie déjà ressentie quand elle m’a dit : « C’est ta fille que j’ai regrettée… » Avec Agnès, quel désir Pascale satisfait-elle ?

Celui d’un enfant de sexe féminin ? Me paraît trop évident.

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – femmes – pascale – mon cousin C..

 

Je reste là, ce dimanche enfermé, rideaux tirés. Je lis. Je fume. Je pense. Je regarde la télé. J’écris. Rien d’autre

 

C’est une mesure de protection : seul, personne ne peut me faire de mal, m’angoisser davantage (d’où le sentiment d’intrusion au coup de fil de Pascale) et puis je développe une activité fantasmatique satisfaisante « en elle-même » (nombreuses masturbations).

 


Je viens de me faire – une fois de plus – culpabiliser par Maman à propos du travail. Devant la souffrance causée par cette culpabilisation (et le mécontentement), je comprends ce que j’ai fait subir à Colette.

Mais comment puis-je encore m’étonner qu’elle ait fui ?

Je peux plutôt m’étonner qu’elle soit restée si longtemps… ! Il fallait que la force d’illusionnement soit grande en elle…

(Il y a aussi toute mes démarches, mes tentatives…)

 


Eu C. au téléphone. En raccrochant : angoisse.

C. : personnage réchauffant pour moi, valorisant.

Angoisse de solitude

 


Je reviens sur la culpabilisation. 

 

Pourquoi ? Pourquoi est ce que je la culpabilisais comme ça 

 

Écho à ma propre culpabilité 

Celle de mon désir, comme l’a montré Bernard 

 

Pourquoi est ce que je me sens toujours si coupable 

De quoi 

 

La notion de procès 

 

Voilà une constellation qui réapparaît dans mon ciel noir. 

 

Je ne peux pas ne pas la voir. 

Une fois de plus, il y a en moi comme de l’étonnement à constater la place qu’occupe la culpabilité dans ma vie. 

 


Je ne peux que spéculer… (au sens où la spéculation était à l’origine l’observation des étoiles dans un miroir…)

 

AGNÈS 

 

Pensé tout à l’heure à Agnès appelant – dans les débuts – Colette : « Maman ».

Je me demande si ce n’est pas parce qu’elle a été empêchée d’entrer dans la voie de cette illusion (d’être la mère d’Agnès) que les rapports Colette-Agnès ont été bloqués.

Refus d’une prise en charge dont elle sentait intuitivement qu’elle était source d’erreur (prétexte : « Elle a une mère, déjà… »), ce dont j’ai mis, moi, si longtemps à me rendre compte et encore a-t-il fallu l’analyse !

 

D’autre part ce qui gênait sans doute Colette dans Agnès, ce n’était pas qu’elle ait une mère, mais un père !

Ça n’entrait pas dans son schéma de l’enfant sans père (elle – Krystelle), au contraire, il y avait là motif d’une jalousie inconsciente qui s’exprimait pourtant clairement dans ses colères à propos de nos rapports à 2, Agnès et moi (occultant carrément ses rapports à 2, Krystelle et elle, pourtant plus fréquents et délibérément affirmés comme « en miroir »…)

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – mon père – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Je reviens sur mes notes (pages précédentes) sur la culpabilisation. 

Il me semble que c’est encore à rattacher à l’illusionnement et la culpabilisation est liée à la colère de constater que « ça ne marche pas… » 

 


Tout à l’heure, quand j’ai évoqué à C. la perte de Bobby-Robert, il a dit « Le petit Poucet » Trois petits mots qui en disent long : Un enfant vit un conte ! Quelles importantes conséquences cela peut avoir sur mon psychisme, sur sa capacité à croire que le monde peut ressembler aux contes, à l’imaginaire 

 

Et on remarquera que c’est un imaginaire meurtrier. Ainsi les pulsions agressives peuvent réellement aboutir ? D’où la notion de danger accolée à l’imaginaire et sans doute : l’angoisse… 

 


Je me lève. Viens m’asseoir près du téléphone pour écrire (corrélation ?) une bouffée de haine me remonte à la pensée de son impassibilité dans certaines circonstances (alors que je souffrais), de la non-présence en elle de la nécessité de me « convaincre », de s’assurer mes bonnes grâces, mon affection. L’absence de démarches pour l’obtenir. Cette attitude : « Non, je ne demanderai rien ». Cette non-demande. Cette attente exigeante, effroyablement punitive lorsqu’elle était déçue (par la mort qu’elle m’infligeait à travers « la gueule »), mais qui ne se brisait jamais en demande, en imploration. 

 

Et je retombe dans une vieille séquence de pensée 

 

Je me dis « alors pourquoi me désespérer d’avoir perdu, alors qu’elle était si dure parfois, si intraitable ? » 

 

Et là, c’est la confusion dans ma tête. 

1 – Je me dis : mais l’imploration, il ne faut l’espérer d’aucune femme, sinon en position de faiblesse, voire malade. Ce n’est pas un objectif à atteindre, bien au contraire 

2 – Puis je me dis que je ne suis allé jusqu’à exiger l’imploration parce qu’en amont, j’avais manqué de quelque chose d’autre… 

3 – Et quand je cherche qu’est-ce que ce « quelque chose d’autre » il me vient le mot de « faiblesse » employé en 1/ Or il y avait en elle une faiblesse mais hyper compensée avec des défenses solides (orgueil-ressentiment.) 

 

Le vrai problème est d’où vient ce goût de la femme faible ? Que je vois en fait comme désignant son inverse plus profondément caché : le jeu de la femme forte. Comment ne pas penser au rapport de couple (force) de Papa et Maman 

 

Et moi, je m’aperçois que j’ai été faible dans mes rapports avec les femmes. Comme si j’étais contraint et forcé à l’être (par une identification à Papa ?) En tout cas je me vivais comme faible même dans mes conflits (dont G. disait que je les fuyais ou les aggravais, m’exposant alors à la défaite.) 

 


Cette journée que j’ai passée au lit (ce qui est bien rare et même dont je ne vois pas de précédent), elle ressemble bien à une des journées de Papa…

 


Toujours cette impossibilité ( angoisse) à écrire mon scénario.

 

Qu’est-ce qui se passe là ? Est-ce lié à l’interprétation que j’en ai faite (fin du désillusionnement  beau lapsus ! Je voulais écrire : « de l’illusionnement » !

 

What does it mean ?

 

De même : le fait que je n’aille plus au cinéma. Je fais un rapport entre ça (le cinéma) et ça (mon lapsus) : délaisser l’illusionnement « réel », si j’ose dire, du cinéma projeté et conçu, c’est-à-dire institutionnalisé, professionnalisé, pour me concentrer sur mon illusionnement amoureux : c’est ce que je faisais pendant Colette.

Maintenant : écrire mon scénario serait renoncer définitivement à l’illusionnement. Et comme je m’y refuse, j’exprime ce refus et le désir de continuer par ce lapsus

(fin du désillusionnement = continuation de l’illusionnement).

 


Je réfléchis sur ma sexualité.

Pourquoi est-ce que je ne peux pas trouver une satisfaction « normale » à faire l’amour « normalement » ? Pourquoi ce sentiment d’insatisfaction en ce cas ? Comme si je rêvais d’un impossible.

Non que je n’aie jamais trouvé la satisfaction sexuelle (certaines fois avec Colette, si, lorsqu’elle était excitée), mais c’est alors de l’ordre du paroxysme, quelque chose de frénétique, de chavirant, d’extasié, avec une perte du sens de l’équilibre (notion de haut et de bas disparues).

Quelque chose aussi de violent, d’agressif, de l’ordre de la lutte (je repense à la manière dont Emma faisait l’amour, mais alors ça été angoissant pour moi parce que dans cette lutte, mon ambition est de soumettre la femme par le plaisir est en fait, c’était Emma qui avait eu tout le temps l’initiative…)

 


Il a manqué à Colette un père pour se définir en tant que femme… 

 

Œdipe impossible avec Monsieur S. qu’elle considérait plutôt comme un grand-père… 

D’où Œdipe déplacé sur Monsieur B. (je me souviens du trouble de Colette quand il est venu à la maison. Écho de l’adolescence.)

 

21/06/1982 

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – mes parents

 

(Lundi 12h10)

 

Il m’aura fallu attendre quatre ans pour qu’elle me dise : « Donne-moi tes lèvres… » (à Larchant pendant le tournage.) 

 

Toujours chez moi l’attente

Si je n’avais pas autant attendu, j’aurais tiré de l’amour de Colette plus de satisfaction car elle avait une belle manière d’aimer. 

De même pour le langage. Je pense qu’il nous a manqué mais je repense à mes notes des tout débuts sur la valeur précieuse du silence et de la communication non-verbale. (Conversation au téléphone à l’instant avec Aline.) 

Ai-je ou n’ai-je pas su écouter le silence ? (le sien, le mien.) 

Je ne crois pas l’avoir ignoré. Mais cette angoisse en moi, si forte, qu’il provoquait, ne venait-elle que de moi ? dans ce silence, je sentais aussi des choses terribles et le temps les a révélées : La mer qui séparait l’enfant Colette de son père par exemple… Sa solitude profonde, sa souffrance. 

 

Il faudra que je relève mes notes des débuts. 

 


Mal des voitures = refus de me « laisser conduire » (cf. Agnès, ce qui indique en elle une agressivité refoulée à mon égard.).

 

Son malaise diminue quand elle se rapproche de la place du conducteur.

 


En discutant avec Hervé au téléphone, j’ai formulé une idée qui m’est venue sur le moment et que je n’avais pas eu auparavant : avec les hommes « âgés » (O. – C. – François M.), c’est un père pour elle que Colette recherchait.

Avec moi : changement de génération, mais répétition du processus : c’était un père pour sa fille

 


Depuis ce matin : apparition de taches dans l’espace (tantôt noires, tantôt blanches).

 

En ce moment je fais un mouvement réflexif, un mouvement de retour en arrière important sur moi-même.

 

Ce qui m’apparaît le plus nettement, c’est la permanence de la peur, de l’auto-surveillance.

 

À cet égard, la peur de la « femme forte » évoquée plus haut, renvoie peut-être, plutôt qu’

 

Lapsus !

Je voulais parler du désir de la « femme faible, » qui renverrait, plutôt qu’à la peur de la femme forte, au désir d’être un homme fort.

 

Mais je fais ce lapsus… ! ?

 

Je reviens sur la « part féminine » en moi et il m’apparaît évident qu’elle doit être rattachée aux « nœuds dans les cheveux »…

 

La démence de ce geste maternel m’apparaît comme éblouissante : se servir de son petit garçon comme d’une poupée pour lui mettre des nœuds dans les cheveux !

Mon enfance me renvoie à l’enfance de ma mère…

 

D’enfance en enfance, se tisse la trame du destin, par-delà des vies d’adultes qui ne sont que faux-semblants ou ignorances…

 


Tout à l’heure retrouvé un bref instant en moi (ou trouvé tout court) la capacité créatrice en me branchant sur les mots d’Aline qui voulait aller à la Sainte-Chapelle voir des vitraux qui ne sont éclairés par le soleil qu’aujourd’hui, jour du solstice (malheureusement aujourd’hui : tellement de nuages !)

 

Imaginé une foule recueillie, unie dans le sens du sacré et l’attente d’un événement solennel, d’une signification mystique et spirituelle, avec un sens ésotérique…

 

Une foule élitaire parcourue et unifiée par le sens du sacré.

 

Événements visuel et spirituel.

 


Ce que je ne suis jamais parvenu à dire :

 

Je vais ce soir dîner avec Hervé et peut-être d’autres copains. 

Je pense alors à demain.

 

Cette joie d’un soir est sans effet sur le lendemain

 

Ainsi du temps de Colette, je ne parvenais pas à jouir d’une soirée car j’étais obsédé par la continuité de notre vie, son inchangé… 

 

Je cherchais quelque chose de l’ordre du changement radical qui se produit lorsque quelqu’un vous dit : « Je t’aime » pour la première fois. 

 


Demande d’amour. 

 

Colette me décevait. Elle ne savait pas me donner l’impression que nous sortions du banal, du quotidien. 

 

Elle ne savait pas « émerveiller » nos rapports. 

 

Et pourtant – et je le lui ai dit – elle l’a fait parfois. 

(L’hôtel – pisser en elle – « Je voudrais que tu me fasses l’amour attachée » – « Pourquoi tu ne m’a pas donné avant ? » – « Donne-moi tes lèvres… » – « J’ai envie de toi (après les trois mois)… le doigt dans le cul. 

 

Mais ces sept fois (peut-être y en eut-il un peu plus…), c’est sept fois en quatre ans ! ? Frustration ma sœur, je t’ai bien connue. 

 


Je regarde une émission sur les enfants à la télé. 

ITW.

Question à ce groupe d’enfants : « A quel personnage de feuilleton ou de dessin animé aimeriez-vous ressembler 

 

Dans le groupe, une petite fille noire ( sept ans ?) répond : « Moi j’aimerais ressembler à personne… » 

 

Et pour cause, à quel héros blanc pourrait-elle s’identifier, elle qui est noire 

 

Je comprends Colette enfant, à travers ça, dans un univers blanc, le mécanisme identification – introjection est impossible ? solitude fantasmatique. 

 


 « Comme un géant » la chanson de Chamfort. Je pleurais en l’écoutant = nostalgie d’être le « bon père »… (le père fort.) 

 


Ce qui remonte aussi c’est la peur de Colette. 

 

Peur de la « gueule » – punition – Peur de la mort. 

À quoi ça renvoie ? Qui faisait la gueule 

J’allais écrire « me faisait la gueule » et j’ai écrit « faisait la gueule. » 

 

Je pense aux silences de Papa, à leurs disputes, Papa et Maman… 

 

22/06/1982 

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

(mardi) 2 h du matin)

 

Rentré d’un dîner avec Hervé, sa petite amie Dorothée et une amie de celle-ci : Guylaine. 

Parlé avec elle pendant le repas. L’ai raccompagnée. 

M’a dit en partant : « Tu es un adorable personnage… » 

Choses qui font du bien, comme ça, petite étincelle de chaleur. 

Pourtant, au début, impression angoissante de me trouver devant une femme forte, inaccessible, une de celles dont je parlais à Colette. 

 

Je me sens seul, perdu comme un petit enfant. 

Paris est trop grand pour moi, le monde est trop grand. 

 

Colette, tu me manques. Tu me manques, mon amour. 

 

Et pourtant, seul, il faudra que je me batte. 

A la recherche de la sagesse, de la sérénité. 

 

J’ai pensé à toi ce soir comme à un modèle de sincérité, d’authenticité, pour dire merde à un monde bidon, faux, mondain et hypocrite. 

 

Tu ne le sais pas. Mais tu m’aides, même après – peut-être surtout après – être partie. 

 

G. m’a dit ce soir à la fin de la séance : « On dirait que vous cherchez un nouveau passeport… » 

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

Rêve que j’ai fait : studio de Colette en pleine rue. 

Interprétation de G. : « Son intérieur était à ciel ouvert… » 

 

En ce moment : question = comment c’est la femme, à l’intérieur 

 


 (5h)

 

Insomnie. 

Je me suis réveillé vers 4 h. 

 

Séance d’hier soir : j’ai exposé mon interprétation du rêve de « la femme qui n’est pas mon genre »… Je ne me suis même pas rendu compte qu’en m’interrompant pour me dire sur un ton interrogatif : « Une femme qui n’est pas mon genre ? », Bernard m’a donné la clé de ce rêve (en y ajoutant sa remarque sur le fait que je me posais beaucoup de questions et que c’était des questions sur des femmes). 

 

Ce rêve : interrogations sur l’autre genre… 

Prolongée par celui du studio – intérieur féminin à ciel ouvert… 

 


En fait c’est vrai : je ne connaissais pas les désirs de Colette. Elle-même non plus. 

–> (Elle m’aime ? Non. Plus…) 

 

J’ai le sentiment que je réponds à la perte d’une création (notre relation) par une autre création (ces notes + le reste de mon activité psychique.) Et, le week-end du drame, j’ai démarré l’écriture de « L’image de Pierre »… 

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

 

C’est l’aube. J’entends les oiseaux chanter…

Chant de l’aube.

Bleu. Triste. Angoissante. Pour moi : couleur de l’existence… L’aube est un moment de la journée que je vis comme un moment de mon existence, profondément ressenti.

Moment qui renvoie au temps, à la naissance et à la mort.

Ils dorment, ceux que je connais. Les autres aussi.

Nous ne sommes que quelques-uns à veiller, sur cette zone du globe.

Ailleurs, sur d’autres quartiers de cette orange glacée qu’est notre planète, d’autres sont exposés aux rayons de l’astre solaire. Et sa pâle chaleur et sa lumière les inondent. Pour eux, c’est ce moment, ce temps plus long, qu’on appelle le jour.

Je me souviens d’une autre insomnie, à Tocqueville, où j’avais ainsi noté les chants d’oiseaux.

Je me sens déjà bien différent de celui que j’étais alors…

Différent et semblable, bien sûr.

Seuls nos neurones ne se renouvellent pas au cours de notre existence. Mais ils reçoivent des traces nouvelles.

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) 

 

Je reviens sur cette question du genre, dans le rêve. J’ai d’abord écrit dans mes notes : « Une femme du genre que je n’aime pas… » 

 

Ça me ramène à la séance… 

 

Quand j’évoquais les « nœuds dans les cheveux », G. m’a demandé : « Et qu’est-ce qu’il en pensait, le Petit Robert ? Il était d’accord pour accepter la castration et avoir seulement un nœud dans les cheveux ? » 

Non, bien sûr. Il n’était pas d’accord. 

 

C’est à rapprocher de l’expérience sexuelle avec Jean-Pierre L.. Je me rappelle que cette esquisse de sodomisation, elle s’est placée après une discussion sur les filles. Moi : j’en rêvais… Lui frimait, disant (bluffant) les avoir fréquentées. La sodomisation, c’était une substitution pour lui : moi à la place d’une fille (avec ce qu’on peut supposer d’anal dans sa conception du rapport sexuel). 

 

En fait, on m’a forcé à « être une fille »… 

Ça ne m’a pas plu. 

Je préférais être un petit garçon. 

 

Il y a cette notion de forçage et ma résistance… 

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE 

 

En repensant au passé, j’ai des remords terribles vis-à-vis de Krystelle, petite Kri Kri… 

Je revis les moments poignants où sa mère la laissait pour partir avec moi… 

– « Tu dors avec moi ? » 

– « Avec qui je dors ? » 

 

Que j’ai entendu cette voix 

Et tout le monde faisait la sourde oreille

Moi compris 

Respect écrasant, inhumain d’un ordre établi entre trois générations de femmes par la plus vieille. 

L’ordre de la Mère. 

Pour pouvoir garder l’enfant, tout était permis. 

Et Colette, écartelée entre la loi de sa mère et ses pulsions sexuelles, gardait un silence tragique qui m’a abusé. 

Je trouvais bien ça, louche, bizarre. Mais je me sentais exclu du problème, ne pouvant même pas le poser… 

Qu’aurais-je dû faire ? Cesser ma relation avec Colette ? Oui. J’aurais dû. 

La première année, ça a été de la temporisation : nous n’habitions pas ensemble. Mais Colette a dormi avec moi de plus en plus souvent. 

Nous ne comprenions rien. Nous étions agis, plus qu’agissants. 

 

Je lis Winnicott et, sur la délicate question du sevrage, je repense au sevrage de Krystelle. C’est Simone qui l’a effectué. Simone la « bonne mère ». Je me souviens d’un soir où nous avons ramené la petite de chez Simone, à cette époque. Elle avait fait une crise terrible dans la voiture. 

Je me souviens m’être mis en colère. Quel ignorant ! Je ne comprenais pas ce que cette enfant vivait. 

On la privait de sa mère. On lui donnait une mère substitutive et on l’en privait encore 

Cela au moment où on lui enlevait en plus l’image du sein que représentait son biberon de lait 

Ce soir là, j’ai senti, ça oui, Colette seule avec cette enfant. J’étais le spectateur imbécile d’un drame auquel j’étais étranger… 

 


Comme les choses auraient été différentes si j’avais connu Colette installée dans un deux pièces ou un studio avec son enfant 

Oui, tout aurait été bien différent. 

 

Aujourd’hui Colette a complètement désinvesti de moi. Je le sais, je le sens. 

 

Son « combat », comme elle dit, c’est celui-là, plus que son travail et son épanouissement personnel à travers lui, c’est arracher Krystelle aux griffes de sa mère et rétablir une relation mère-fille satisfaisante pour elles deux. 

 

Puisse-t-elle avoir le courage et la force d’accomplir cela 

 

Elle sauvera ce qui peut l’être. Mais les années capitales sont déjà derrière nous. 

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME

 

Je reviens à moi-même…

Je souris car je ne cesse de décapuchonner ce stylo-feutre et de rouvrir ce carnet pour noter, noter, noter…

 

Précieuse rencontre hier soir que ce repas avec Guylaine, cette fille dont je ne sais si je la reverrai même un jour…

 

Précieuse parce qu’elle a parlé de sa façon à elle de réagir à la souffrance : ne pas l’imposer aux autres…

 

Voilà qui fait penser à quelqu’un… !

Oui : Colette. Mais ce n’est qu’un relais.

 

Par ce relais, j’en arrive à moi, à celui que je suis déjà, que je serais de plus en plus…

 

À mon angoisse, j’ai utilisé de faux calmants…

J’ai le sentiment aujourd’hui de m’être attaqué aux vraies racines du mal.

 

Je ne veux plus me servir de l’autre comme d’un Miroir rassurant, destiné à me renvoyer une image calmante et gratifiante…

 


Quand je relis mes notes et que je constate la densité de ma pensée, j’en ai le vertige…

 


Je ne « souffre » pas. 

Car je suis dans l’indicible de la souffrance.

 


 (10h45)

 

J’ai un peu dormi. Toujours cette angoisse au réveil…

Je pense qu’au bout d’un moment, si Guylaine m’avait connu mieux, elle aurait cessé de penser que j’étais un « adorable personnage », parce que : retour de l’angoisse, plus de sourire, plus de tolérance, plus de galanterie, etc. À cause de l’angoisse.

Parce que mon angoisse « transpire », de moi à l’autre.

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE 

 

Ce matin, je pense à tous les mois où, quand nous étions séparés, j’ai été culpabilisé par rapport à Colette, où je ne me sentais pas libre (moralement) vis-à-vis de Colette. Ce matin, je suis sûr qu’elle ne l’est pas, elle, en ce moment (pas culpabilisée.) 

 


Pourquoi, assez vite, me suis-je acharné à faire parler Colette ?

 

Au début, ses silences n’étaient pas des « gueules »…

 

Je pense que je ressentais des angoisses que j’essayais d’annuler par sa Parole, angoisses de perdre et d’être perdu.

 

Le silence, dans la maison d’Hammam-Lif, quand Maman m’avait laissé seul, a-t-il été ce silence de Mort – ce silence « à hurler » qui m’obsède encore… ?

 


Pourquoi a-t-il fallu qu’elle tombe sur un homme épouvanté par le silence ?

 

Le hasard a mal fait les choses.

 

Encore puis-je me dire que l’intolérabilité de nos conflits m’a conduit à l’analyse (m’a re-conduit…), ce qui, pour moi, si difficile cela soit-il, est un bien.

Mais elle, aujourd’hui… ? Elle se retrouve seule et surtout seule sans l’arme d’une conscience qui s’enrichit…

 

« Si tu pouvais voir au fond de moi, tu y trouverais beaucoup de désespoir… »

 

Il est trop tard aujourd’hui, mais tu es comme un gouffre noir, ouvert sous mes yeux et cette ombre épaisse, cette obscurité profonde, c’est ton désespoir, qui se perd à l’infini dans les profondeurs…

Je le vois, mes yeux s’y perdent et je suis saisi d’un vertige funèbre…

 

Finalement, Colette, comme tout être humain, aura été aussi ce qu’elle me reprochait d’être : égoïste.

Et c’est bien normal. Avec un problème comme le sien, une souffrance aussi profonde, comment aurait-il pu en être autrement ?

 

Je pense à l’Angoisse et à la Solitude.

 

Je pense à Marine et à ses angoisses… On est désarmé devant l’angoisse. On voudrait aider l’autre, mais on ne sait comment.

 

On ne peut qu’être là.

N’est-ce pas ce que Colette a fait avec moi ?

Encore y a-t-il – je n’en suis pas sûr, mais je le crois – différentes manières d’être là

 

C’est bien là la question. Il me semble que Colette était absente, reproduisant peut-être, incorporant l’Absence du Père ?

 

Cette absence, on peut l’appeler égoïsme, manque de générosité, indifférence à l’autre, non-assistance.

On peut dire ça comme ça et, alors, se mettre en colère et culpabiliser l’être en question.

On peut faire cela, mais ça n’amène pas sa Présence. Voilà la douloureuse expérience que j’ai faite…

J’ai crié, tempêté, injurié Colette, lui ai dit : « Tu es comme ceci et comme cela… » Ça n’a pas entamé son Absence fondamentale. Ce morceau de vide, de non-être n’a pas été fécondé.

Et là était peut-être la seule solution : que nous fassions un enfant ensemble…

 


 (16 h)

 

Absence et, par voie de conséquence : non demande-sexuelle notamment. D’où mon leitmotive : « Dis-moi que tu me désires », je voulais dire : « Dis-moi : j’ai envie de toi… » Sur ce point : silence, à part quelques exceptions météoritiques. Émergences du désir sexuel, vite englouties dans l’océan de l’absence…

 

Quand Colette disait : « J’ai envie de te la couper… » Quand elle formulait explicitement ses tendances castratrices refoulées, c’est avec le Père qu’elle réglait ses comptes. « Les hommes ont trop de désirs… » = « Le Père a eu trop de désirs ailleurs qu’avec moi et j’ai eu trop de désirs pour ce Père absent… »

Désir œdipien pour le Père.

D’où : jalousie terrible et méfiance profonde. L’homme, image du Père, ne peut que trahir et aller désirer ailleurs.

D’où, ensuite, une fois sa méfiance confirmée par mes infidélités (3 fois, comme les reniements de Saint-Pierre)  punition par la castration.

Jouissance secrète de ma terreur (au début, du moins, par la suite les inconvénients de la situation ayant pris le pas sur les bénéfices…)

Comment ça se raccordait à mon fonctionnement ?

Par le biais de la castration et du problème de la féminité en moi.

Elle. Sa jouissance : pénis enfermé en elle, comme coupé, englouti, incorporé.

Colette, femme phallique.

Ma terreur et ma tentation : donner libre cours à la part féminine en moi, la Part Castrée…

Lui abandonner mon pénis, par ces immobilisations dans l’orgasme.

Colette, avec moi, immobile entre ses jambes refermées, posées sur mon épaule droite, Colette alors jouissait seule, réalisant fantasmatiquement le rêve androgynique de s’attribuer le Phallus du Père…

 

MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME

 

Je note, de la dernière séance : « Une femme qui pleure », qu’est-ce que ça vous évoque ? Ai répondu : « La Vierge » et associé ensuite : « Marie, prénom de ma mère ».

Oui, c’est bien ma mère qu’ainsi je voulais faire me supplier de l’aimer pour inverser à mon profil une relation où c’était moi le Suppliant, éperdu dans sa Demande d’amour…

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

J’ai beau penser ainsi, réfléchir, écrire, comprendre et fixer ma compréhension, je ne parviens pas à « vraiment » chasser l’Angoisse… J’ai toujours peur de la solitude.

Dans ce « pas vraiment » réside l’espoir, car, de fait, l’angoisse recule devant ma conscience agissante, qui tient ce stylo. (récupération du Phallus ?)

 


Je reviens sur la sexualité de Colette. Dans sa structure psychique, il était parfaitement clair qu’elle…

 

Non. Ce n’est pas parfaitement clair… Je veux parler de la question de la jouissance clitoridienne.

Clitoris = substitution du pénis.

 

Je vois les contractions vaginales de Colette, pendant l’orgasme, comme une volonté répétée de couper le pénis pour se l’approprier.

 

Je n’avais jamais pensé à ça et pourtant, c’est d’un sens évident !!

 

Si se servir de son « image pénienne » qu’est son clitoris n’intéresse pas Colette, c’est sans doute que sa sexualité a à voir avec la dévoration.

 

Dans le fond, nos rapports, dans ma tête, c’était ceux de l’Ogre et du Petit Poucet.… (Y compris le fait que le Petit Poucet échappe à l’ogre. Aussi bien, cette rupture entre nous, je l’ai voulue comme elle est, en choisissant l’analyse, je me suis choisie 

 

Commentaire du 9 septembre 2015 

 

Je remarque ce lapsus d’écriture : j’ai écrit « choisie », féminisation de mon moi qui n’étais sûrement pas sans signification à l’époque], 

 

   Commentaire écrit à 69 ans

 

(…)  comme elle s’est choisie, de son côté, en choisissant la Solitude…

 


Peut-être (mais seulement peut-être, pour moi) cet orgasme sur le mode de la dévoration était-il, pour Colette, une manière de répéter les rapports de ses parents ? En effet, Ernest C. ne s’est-il pas fait « bouffer » par Emmanuelle S. ?

 


Je lis dans Winnicott : « Le jeu est toujours à même de se muer en quelque chose d’effrayant… » – « game » = tentative de tenir à distance l’aspect effrayant de « playing »  Colette et moi = jeu sans règles  devenu quelque chose d’effrayant (« Tu me fais peur ») À noter, en relation avec ça, le dérèglement de ses menstruations. 

Plus de règles. Des règles irrégulières.

 


Je relis mes notes : « Je ne connaissais pas les désirs de Colette… » Je pense que ça, c’est faux. Comme l’a dit G., il y avait un accord entre nous, un accord sur la castration. Une sorte de contrat. 

« Vous êtes d’accord pour jouir l’un de l’autre… » Je jouissais de ce mordillement de mon sexe. 

Au bord de la blessure castratrice, sans y être. En y étant fantasmatiquement

Ça ne marchait pas car je refusais de demander à être castré. (« Dis-moi que tu as envie de moi » C’était plus que je ne pouvais faire…) 

 


Je me souviens de cette soirée où Krystelle, dans notre lit, a exprimé ses désirs de castrer les garçons. La Parole de Krystelle = écho à celle de Colette, désormais muette, refoulée, descendue de sa bouche à son vagin. 

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – femmes- pascale

 

J’ai oublié de noter quelque chose : dans le maintien de ma croyance à ma toute-puissance, l’épisode du bateau à voile passant sur la route n’est peut-être pas sans de profondes conséquences. Intrusion de l’imaginaire dans le réel. Ma réaction probable : « Ainsi l’imaginaire peut devenir réel ! » (Imaginaire d’aventures, films de pirates, livres, images…

 


Je reprends mon questionnement sur la Femme…

Le « Tu es un adorable personnage » de Guylaine peux signifier : « Tu peux être adoré (par moi). Et c’est vrai que c’est une femme capable d’adoration puisqu’elle a quitté un travail, visiblement gratifiant pour elle, afin de changer de ville et rejoindre l’homme qu’elle aimait…

Mais, par ailleurs, elle a plein de copains-garçons, a exprimé une certaine hostilité à l’égard des femmes, ce qui indique probablement une part masculine en elle assez active.

Encore une femme phallique.

 

Je tire de cela et d’autres choses (Pascale et le fait qu’elle soit « mère-célibataire », par exemple) la déduction qu’il faudra que je m’attende sinon toujours, à tout le moins suivant souvent ( que signifie ce lapsus : « suivant » à la place de « souvent » ?) à trouver dans la Femme une part masculine, prête à jouer le rapport de forces…

Ce fameux rapport de forces… !

Il me faudra d’abord régler mes problèmes avec ma virilité pour que le rapport de forces (pour que l’initiative que les femmes en auront) ne soit plus pour moi angoissant

Sans me l’expliquer, je perçois intuitivement l’importance de l’humour.

Autodérision sur le mode ludique ?

Acceptation enjouée de ne pas donner la prévalence son imaginaire sur celui de l’autre, accepter sur le mode ludique la domination de l’autre…

 


Voilà pourquoi les femmes aiment les hommes qui ont « de l’humour ».

Je pense qu’elles veulent dire « qui ne se prennent pas au sérieux… » id est : « qui n’essaie pas de me dominer… », « qui n’entrent pas dans un rapport de forces… »

 


J’ai l’impression – et même plus que l’impression – que mon analyse commence seulement maintenant.

Je ne crois pas que je puisse supprimer l’angoisse. Je pourrais juste la réduire, ramener un niveau supportable. Ce ne sera déjà pas mal.

 

23/06/1982

 

(Mercredi 3 h)

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Je reviens de chez Marine et Christian. En partant, j’ai dit à Marine : « Ne m’agresse plus… » Elle m’a répondu : « Je ne t’agresse pas. Je me défends. » 

C’est parti à table quand Christian a parlé de l’avenir. J’ai dit : « Pour moi, il n’y a pas d’avenir, je suis enfermé dans le présent. Elle, bien sûr, elle ne dira pas ça… » Là, Marine s’est mise en colère en me disant qu’elle, elle savait ce qu’il en était, que ce n’était pas ça, qu’elle avait vu Colette le jour même et qu’elle avait pleuré.

 

(14h25)

 

MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE 

 

Séance d’aujourd’hui. 

 

À propos féminité en moi. Revenus sur les nœuds dans les cheveux. 

G. repris son intervention de l’autre fois : « Qu’est-ce qu’ils ont pensé le Petit Robert ? Il acceptait d’être castré et d’avoir seulement un nœud dans les cheveux ? » Je dis que j’ai compris son intervention dans le sens où il a voulu me montrer que je n’acceptais pas

Il reprend ça et y relie ma phrase : « Je suis paumé » (à propos de ma méconnaissance des femmes) –> « Le Petit Robert était peut-être paumé ? » 

 

Il parle d’un désir de féminité en moi. 

 

À un moment, je pleure et je dis : « L’analyse, c’est trop long… » –> cela se rattache au sexe masculin (idée : il faudrait raccourcir) 

 

Ce matin, Colette m’a appelé pour réclamer des objets divers et me dire qu’elle m’enverrait un cadeau de Krystelle fait à l’école pour la fête des pères… 

 

Coup de fil qui m’a foutu par terre. 

Retrouvé la même haine à l’égard de son autonomie par rapport à moi. 

 

Mais G. insisté sur la résonance que pouvait avoir en moi un autre coup de fil : le sien (il m’a laissé hier soir un message sur le répondeur à propos de l’horaire de la séance d’aujourd’hui). 

Je dis que Colette a exploité mes problèmes de virilité. Il dis : « Exploiter la virilité d’un homme, pour une femme, c’est normal… » Je dis : « Non pas ma virilité : les problèmes de virilité… » Il me dit : « Ce qui vous fait problème, c’est pour elle votre virilité… » –> je ne comprends pas cette dernière intervention. 

 


Par rapport à ces notes… je pense aujourd’hui que je perpétue mon attitude de mentalisation, pointée par G.. 

Je me donne ainsi le plaisir que je peux.

 


Violence affirmation de ma virilité, parce qu’elle fait problème 

 

 

 

Ce qui revient là, c’est cette notion du désir culpabilisant et la « question » à laquelle je soumettais Colette pour qu’elle me déculpabilise de mon désir en me disant le sien..

 


En moi : compulsion à douter. 

C’est de ma virilité que je doute

 

24/06/1982

 

(Jeudi 16h20)

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Il n’y a pas d’heure du jour où je ne pense à toi…

Et la nuit, j’en rêve…

 

ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE

 

(17h30)

 

J’imagine :

Je suis assis, dans un bistrot, par la vitre, dans la rue, je vois arriver quelqu’un qui ressemble étonnamment à quelqu’un que je connais…

 : 2 embranchements possibles :

1/ À cet instant, la personne qui réellement celle que je connais arrive. Elle s’arrête, stupéfiée, devant son sosie, stupéfié aussi. J’assiste, en retrait, à leur rencontre sans intervenir.

2/ (Peut-être plus intéressant) Je sors du bistrot et vais au sosie, croyant que c’est la personne que je connais. Je l’interpelle, elle se retourne, ne me reconnait bien sûr pas. À cet instant, dans le dos du sosie, arrive la personne que je connais ! Elle me hèle. Le sosie se retourne. J’assiste à leur rencontre, mais je suis présent.

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Quel chagrin j’aurais, si tu devais mourir… ! Même loin de moi, au moins tu vis…

 

25/06/1982

 

(12h30)

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE 

 

Je me réveille ce matin, à l’aube. Je me rendors au bout d’un assez long moment. Je viens de me réveiller en proie à la colère. C’est parti, dès le réveil, du cadeau de Krystelle pour la fête des pères (un marque-page). Elle a demandé à sa mère si elle me l’avait remis. C’est à la suite de ça que Colette m’a appelé, mercredi. Je me suis demandé ce matin si je resterais présent dans le cœur de Krystelle ou si elle m ‘oublierait, refoulant des souvenirs qui resurgiraient sous une forme masquée, plus tard dans sa vie (les coups – le désir – tout ça étroitement mélangé). 

Ce thème de l’oubli a dérivé sur Colette. Je l’imaginais trouvant enfin son travail, m’oubliant déjà là… M’oubliant dans le rire avec d’autres. M’oubliant dans le sexe avec d’autres. Colère d’être oublié. Eu la tentation, comme jamais depuis son départ, de l’appeler. 

 


(18h)

 

Je l’ai appelée… quatre heures et demie au téléphone… Tant de choses dites… Celles qui m’ont (le plus) marqué 

 

(C’est peut-être trop tôt pour faire un résumé… ) 

 


M’a dit là, que sa mère avait dit à Krystelle que je n’étais pas son père. L’a prise à bout de bras, et lui a expliqué. Dit que le Papa c’était aussi celui qui aimait, qui grondait et cajolait. Krystelle : « J’ai compris, j’ai deux papas : celui qui est en Amérique et Roberto… » 

 


Dans ses mots : « Mon malheur m’aide… » – « J’ai été trop tributaire de son enfance… » 

 

À partir de ma question : « Tu as trouvé du travail ? » Elle me dit : « On s’occupe de moi… » Je devine qu’il s’agit d’un homme. Elle m’en parle, me dit qu’il est très près de Dieu, qu’il a cinquante ans, qu’il est voyant, qu’il dit qu’il faut s’aider… Je deviens agité. Je lui dis : « Alors tu as trouvé de l’affection ? » Elle se met en colère. 

 

(La séance m’interrompt.)

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

Séance : à un moment, je dis à G. que je pourrais me mettre à genoux pour l’implorer (il venait de dire : « Vous trouvez que je vous donne du mauvais lait et vous voudriez que je vous en donne du bon… ». Je dis : « Je vais le faire… » Il répond : « C’est une manière d’arrêter la cure… » ( grande peur en moi) Explication : « À plusieurs reprises, vous avez été tenté de faire, ce qui est une façon de ne pas associer » 

 

Autre moment : le jeu (j’avais dit : « Je vous suis attaché. Je joue le jeu. ») –> « Vous ne savez pas quand vous jouez et quand c’est « pour de vrai ». Je reconnais que c’est exact.

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME

 

Pour la suite de ce que m’a dit Colette, je veux juste écrire que je me demande si c’est vrai, si tout ça n’est pas des histoires… Mais que ce soit faux ou vrai, ce qui compte c’est de remarquer, que fantasmatiquement ou dans la réalité, elle est attachée à l’idée d’un « révélateur spirituel » d’elle-même. (où je pense que l’idée du Père n’est pas étrangère) et qu’elle est attachée farouchement à la notion de son secret et du respect de sa personnalité. 

 


Je me sens en état de renoncement. 

 

MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

Aujourd’hui, j’ai le sentiment, en séance, d’avoir lutté contre l’alternative à Colette, c’est à dire l’analyse. 

 

26/06/1982 

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

(14h30 Samedi) 

 

Suis couché, dans la chambre, volets baissés. Je viens juste de faire quelques petites choses dans la maison (linge à laver – trier pour elle, puisqu’elle me l’a demandé.) 

C’est la première fois depuis qu’elle est partie : tout est resté pratiquement dans l’état où c’était à ce moment. 

 

Cette « demande » que je demande encore aujourd’hui. Que je lui ai toujours demandée, n’est-ce pas un pur produit de mon esprit ?

N’ai-je pas eu sa demande, en son temps ?

N’est-il pas temps de le reconnaître ?

Pourquoi en voulais-je toujours plus ?

Voilà la vraie question.

Comme si je plaçais volontairement la barre très haut, trop haut.

Comme si je voulais l’échec.

Comme si, à force d’exiger, je voulais être déçu.

Aliénation. Je voulais l’aliéner, l’enchaîner à moi.

Et mon raisonnement était d’une logique vicieuse :

Pourquoi ne l’aurait-elle pas fait puisque je le faisais ?

Seulement voilà : j’étais aliéné, oui, je lui appartenais, oui, mais quelles conséquences !

Quelles conséquences pour moi  Névrose  Analyse.

 


Donc elle savait bien qu’en entrant dans la même voie, elle souffrirait elle aussi sans que je cesse pour autant de souffrir.

 


Seulement voilà : problème de la jalousie.

Vu tout à l’heure dans le feuilleton « Fame » une séquence de danse avec des jeunes femmes noires.

Retrouvé à la vue du déhanchement, du balancement, ce pincement de la jalousie quand elle bougeait ainsi devant mes yeux.

 


Finalement, aujourd’hui, ce qu’elle ressent pour moi, c’est ce que j’ai ressenti pour Anne après l’avoir quittée : de la pitié

 


Je repense à un moment comme le tournage à Larchant : elle venait à moi, de temps en temps. Non : il m’en fallait plus ! Pourquoi est-ce que moi, je n’allais pas à elle 

Vieux dilemme : « Non, c’est à toi de faire, de dire, de désirer, de vouloir, etc. » 

 

Par peur

 

Peur de quoi ? De quelle punition 

 

Une fois ma peur et ma culpabilité déguisées en exigence et en colère, l’irréparable arrivait : rapports tendus. Pente à remonter. Alors j’étais justifié. Dans la souffrance, mais je l’étais… Je l’étais mais dans la souffrance… 

 


J’ai beau me raisonner, faire appel à toutes mes armes, à toutes mes défenses, je suis noyé dans une douleur terrible…

 


MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

Pendant la dernière séance 

 

« Vous n’écoutez pas ce que vous dites… Qu’est-ce qui se passe en vous quand vous répétez avec étonnement les mots que vous avez dit ? (Parce qu’il me les a redits…)

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE 

 

(17h30)

 

Je ne me suis pas levé depuis ce matin. 

Je n’arrive pas à faire autre chose que penser à toi. 

 

Je voudrais te demander pardon. 

Je ne t’ai pas respectée. Mais je ne l’ai pas fait exprès. Je ne savais pas.

 


Je lis » L’identification » : et si j’avais projeté sur Colette une part de moi « mauvaise » liée – comment ? – à un désir… 

Si cette obsession de sa « non-demande » c’était ma non-demande refoulée ? Lié à qui ? À mes parents 

 

À CREUSER 

 

27/06/1982

 

(14h30)

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÊVES

 

Fait rêves :

Je me rappelle juste des fragments.

1/ J’étais en tournage en intérieur (décor ou décor réel ? Me semble me souvenir de porte à carreaux style papier translucide…) On me demandait au téléphone. C’était Bertrand, qui était mon assistant (sur un autre film ?) et me téléphonait pour me dire qu’il avait trouvé un éléphant nécessaire pour le film. Cette nouvelle me remplissait de joie (et de fierté ?).

Après je me disais que je ferais peut-être un autre « Voyageurs de l’histoire ») (C’était donc ça que je tournais) puisque celui-ci semblait bon.

2/ Autre rêve :

Des tas de gens applaudissaient et acclamaient la grande comédienne Christiane Millet. J’étais déçu que tant de gens la connaissent, croyant l’avoir découverte.

 


2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME

 

A propos du « secret » de Colette. Je suis affronté au problème de la jalousie et de la possession (par la Connaissance.) 

 

Ce « secret » : elle m’en a parlé pour me faire lui demander de me le dire, puis pour me dire non.

 

 Colette croit que s’affirmer, c’est dire non. 

 

Oui, il y a les relations d’amitié (Carmen – Marine – etc… ?) mais ça n’engage pas… 

 

Moi, je sors de l’engagement avec elle. Se ré-engager : Non… 

 

Elle, elle ne s’est jamais engagée avec moi. Pas vraiment. 

Refus de la demande.

 


Appelé Nicole tout à l’heure. Depuis si longtemps !! Parlé de la difficulté de Colette à demander. Lui disais que, à bout de frustration, je voulais – chimère – la forcer à demander. Mais il fallait que la Demande soit un désir, que Demande et Désir coïncident. Or, chez elle, comme chez moi, mais avec des conséquences différentes : répression du désir…

 


D’après les déclarations de son « guide » : « J’aurais pu être quelqu’un de simple, de fidèle. Je ne suis pas à ma place. Je suis dans une enveloppe (je crois que ce sont ses mots…) ça date d’avant toi. Ça a commencé quand j’avais dix-sept ans… Mon premier rapport avec O…. »

 


Il me semble ( ?) qu’elle s’oriente vers une sublimation de ses pulsions sexuelles. 

C’est une issue possible, compte tenu de la répression de son Désir… 

L’histoire du secret me met devant une question que je me pose à moi-même : faut-il penser qu’on est inconnaissable à l’Autre 

Elle le dit (« On est tous un mystère pour l’Autre… Mais elle attend – non elle n’attend pas – elle croit avoir de l’Autre (« le guide ») la connaissance sur elle-même. D’où le refus de me livrer le secret ! Inconnaissable, impénétrable ( ?) 

 

Quand je lui ai dit : « Je t’ai vue… » Elle a répondu : « D’une certaine façon, oui… » – seulement et ce seulement qui me démolit.

 


Comme me démolit ce « Il veut que je lui fasse confiance… »

 


Quand je lui ai demandé de me dire ce « secret », ça a été un cri du cœur : « Je veux me voir comme je me vois… » et quand je lui ai parlé de lui envoyer mes notes : « Ne le fais pas : ça me démolirait… Je veux continuer à te voir comme je te vois… » (A quoi j’ai répondu : « Tu trouverais un enfant qui souffre… Cois-tu que tu trouverais autre chose ? » J’étais étonné par ses paroles…)

 


Ce soir j’ai fini de ranger la maison et classé mes papiers. Retrouvé des lettres que je lui ai écrites, des mots d’elle… 

Ce soir, je me vois, à travers ces traces, exigeant, dur, insensible, ne l’ayant pas comprise… J’en prends conscience. Ne lui laissant jamais un moment de trêve. 

Il m’apparaît qu’elle a vraiment fait ce qu’elle a pu et, qu’à certains moments du moins, il était vraiment naturel qu’elle me haïsse. J’ai à me demander si je ne faisais pas tout pour ça… 

Tout à l’heure à la télé, la chanson « T’as rien compris… » D’un seul coup, comme ça, je me suis mis à sangloter et à me traîner de mur en mur…

 


Par moments, je suis comme une bête en cage…

 


Ce soir. C’est vrai, je le pense : Je ne t’ai pas respectée… Et c’est terrible pour moi de revoir ces quatre années sous cette lumière cruelle…

 


Je me dis qu’on aurait pu faire autrement, que j’aurais pu… ! Et maintenant c’est trop tard TROP TARD ! C’est ça qui me désespère. Et j’ai envie de hurler ! DE HURLER ! JE HURLE DANS MA TÊTE : » COLETTE ! COLETTE ! » ces mots magiques ! Je ne suis pas sorti de ta magie. Je suis DÉSESPÉRÉ.

 


Tout à coup, ça aussi, ça m’apparaît : son mysticisme… Son « guide » : « Il est très près de Dieu… » Voilà un aspect de la personnalité de Colette qui ressort. Cela entraîne un apaisement. D’où à la fin : « Je t’embrasse très fort…  » Et aussi : « Je serais là à chaque fois que tu auras des ennuis, que tu auras besoin de moi…  » C’est donc après moi qu’elle appliquera sa générosité… Peut-être ne l’étais-je pas autant que je croyais, sinon je le lui aurais transmis…

 


Tout est effroyablement compliqué : j’ai peur d’être déçu par l’Autre et pourtant, ne connaissant pas mon inconscient, je ne connais pas mes véritables désirs…

 


Malaise physique en lisant le chapitre sur l’ « ambiguïté sexuelle » (même malaise que dans Café Odéon.)

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