Carnet 25 – Du 10 novembre 1981 au 12 mars 1982
10/11/1981
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
(23h55)
Une phrase de Colette me revient (alors que je lui demandais s’il n’y avait pas un problème sexuel entre nous) : « Pas au début, maintenant oui… »
À rapprocher de cette autre phrase, tout au début : « Quand ça ira mal sexuellement entre nous ce sera grave… »
Ainsi, ce soir, je me demande si notre histoire ne peut pas se voir ainsi : une lassitude sexuelle, venue avec le temps…
Pourtant… ?
Je ne sais pas.
Est-elle si ancienne l’époque où elle me disait, le lendemain d’une nuit où (pour une fois) elle avait peu dormi – alors que je dormais :
« Je repense comment je faisais l’amour avec les autres hommes, avant… »
Que disait-elle ainsi, au juste ?
Je ne sais pas.
Voilà d’ailleurs sans doute quelque chose chez moi de remarquable : cette perpétuelle interrogation sur le second sens des mots…
Trop écouter pour ne pas entendre…
Ne pas entendre que je la satisfaisais…
Pourtant…
N’était-ce pas d’elle-même qu’elle parlait, de son insatisfaction devant elle-même à laquelle je l’ai si cruellement renvoyée, bien que, par ailleurs, je la survalorise…
Tout à l’heure en écoutant (distraitement) une journaliste parler d’un bouquin à la télé, j’ai pensé aussi au décalage intellectuel entre Colette et moi. Aspect que j’ai toujours refusé de voir et qui pourtant, en sourdine, existait… (cf. : Quand elle disait : « Je suis bête » sur le ton de la colère mais au fond… ? (une fois de plus.)
Quand j’ai fini le carnet précédent (24) j’aurais voulu continuer mais c’était la nuit : pas de librairie ouverte ! Ça m’a manqué. Je reprends ce soir et ce que je voulais absolument noter c’était que pendant toute la fin de la séance (d’hier soir) j’ai cherché à me rappeler à la suite de quoi, j’avais dit : « Je n’ai pas réussi avec Colette… »
Je ne le sais toujours pas ce soir.
Je crois que c’est après avoir parlé de réussir ma sexualité (en disant qu’elle était très forte)…
Mais je n’en suis pas sûr.
Le « Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? » de G. m’a remué… Au point que je lui ai dit en payant la séance : « Jamais quelque chose n’a résonné à la fin d’une séance comme ce que vous m’avez dit… » (Et j’ai remis dans mon portefeuille les deux billets de 100 F que j’avais posés pour le payer… !)
A noter : hier en rentrant trouvé un message de Michel S. qui me réclamait ses bandes et qui a enregistré « Blue Sunset » sur la bande…
Le message m’a beaucoup ému.
Suis allé ce soir lui rapporter les bandes.
Retrouvé aussi dans cet appartement où j’ai connu Colette.
Il était mort et désert.
Lieu où l’on se retrouve, en remontant le col de son manteau, sous une petite pluie fine, avec deux ou trois feuilles mortes que le vent décolle du sol mouillé pour les balayer, inutiles et dérisoires, comme les confettis trempés d’une fête finie…
Lieu que ma mémoire habite, mesurant le présent à la toise d’un passé embelli, réchauffé, éclairé…
Tu étais si douce ce soir là ! Ta peau était si douce ! Que restera-t-il de ce moment dans ta mémoire ?
J’étais si triste, si seul.
Enfin quelqu’un venait à moi !
Moi si misérable, si indigne !
Troublant vertige de ta main tendue vers moi pour m’entraîner dans la danse…
Danser ! Moi ! Moi qui n’avais jamais osé. Moi qui détestais tant mon corps !
Moi non plus je ne me suis pas abandonné…
On se garde ! Comme on se garde !
Comme tu disais : « A part l’amour pour un enfant il n’y a rien d’essentiel… »
On se cherche. On se trouve. Et on se rejette…
(G. : « Il y avait en vous un fort courant tendre envers elle mais toute une part de vous a refusé cela… »)
J’ai parlé avec Michel, avec chaleur, avec passion, véhémence.
Lui ai parlé de la sexualité, pour la première fois… J’avais envie qu’elle me dise : « Baise-moi » Il m’a répondu : « Une femme ne dit pas ça, à moins qu’elle ne soit une salope. Elle peut dire : « J’ai envie de toi… » (*)
J’ai parlé à Michel de la demande de la demande.
(* : Étonnant chez Michel le chaud lapin, cette conception du sexe « sale »…)
À noter ce soir encore 2 choses :
– Rappelé Marine ce matin pour lui « envoyer un sourire »…
Elle m’a rappelé ce soir → message où elle a enregistré du Wagner.
L’ai rappelée : parlé assez longuement. Conclu ensemble un « pacte » pour une prise de conscience…
(mais : « Attention fragiles » !)
– Appelé Jacqueline l’astrologue qui a commencé à interpréter mon thème astral…
J’y vois des choses exactes :
Sagittaire ascendant scorpion =
– forte sexualité
– amours à emballement (et désemballements)
– détruire pour reconstruire
– recherche de la vérité (mais je ne la dis pas quand ça m’arrange)
– ennuis d’argent actuellement
– dernières années difficiles
En prévision :
bouleversement ! + rapports avec l’étranger
14/11/1981
VÉCU – AMIS – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
(0h45)
Passé soirée chez Rodolphe et Carmen. Ai offert à Carmen un petit sac à main
1 – idem offrir un sac à Colette
2 – tribut payé pour alliance avec Carmen car je craignais – vu ses rapports avec Colette – qu’elle ne se mît « contre » moi.
MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
Séance d’aujourd’hui : une de mes plus fortes crises de larmes…
Auto accusation
« Le jeu du procès »…
Ai associé, à la demande de G., la consolation de la mère à un souvenir de lavement à Saint-Germain → G. : « Lavement de culpabilité… »
15/11/1981
(1h40)
VÉCU
Je reviens de l’anniversaire de Michel-Ange, chez Janine…
Je me suis tiré de bonne heure. Je me sentais là terriblement seul…
Elle m’a terriblement manqué, ce soir…
Dans cette soirée où je ne pouvais aller vers personne, j’ai repensé à la manière dont j’ai toujours été quand elle était là : terriblement seul, ayant terriblement besoin qu’elle fasse attention à moi, toujours, et moi dans l’incapacité totale de ne pas faire attention, d’être bien tout seul, dans mon « trip »…
Pour cela, il me semble qu’il me faudrait que la situation s’inverse : que quelqu’un ait besoin que je fasse attention à lui : à ce moment je me sentirais libéré et je pourrai soit me sentir bien tout seul soit aller vers lui (exactement ce que devait ressentir Colette. Venir à moi, pour elle, ne posait pas de problème : elle savait que, si je la repoussais, c’est parce qu’elle était la dominante, celle qui pouvait choisir… de venir à moi ou pas…)
Ce soir je regardais les gens danser et je repensais comment on dansait ensemble, ma jambe entre ses cuisses, serrés l’un contre l’autre…
Quel regret en moi, ce soir… !
Quel terrible regret !
Comment ressens-tu les choses ? N’y a-t-il pas, comme pour moi, des moments semblables à celui-ci, pour toi ?
Ne ressens-tu pas le manque de moi ?
Pourquoi alors, quand tu l’as déjà ressenti et que tu es revenue vers moi, ne m’as-tu pas dit : « Tu m’as manqué ? »
Mais, là encore, je rêve et, même séparé de toi, je plaque sur toi la grille de mes désirs, mais tu n’entrais pas dans cet grille, dans cette cage…
Tu dois avoir envie de revenir parfois, mais tu te dis : « Il ne faut pas ! Ça n’a jamais pu marcher. J’ai fait des efforts mais il en voulait toujours plus. Il n’était jamais satisfait et, à force, moi non plus je n’ai plus été satisfaite… »
Je ne cesse de rêver à ton retour.
Tu me manques.
Mais je sais que c’est fou… Tout est gâché…
J’ai parfois envie de t’écrire, aussi, mais me répondrais-tu ?
(8h45)
Trois quarts d’heure que je suis réveillé.
Dans l’angoisse, bien sûr.
Les pensées tournent.
Qu’est-ce qui l’a attirée vers moi ?
Pourquoi était-elle avec moi ?
Je me souviens d’une petite phrase : « Tu es fou de moi, hein ? »
Je ne vois rien d’autre que ça : ce pouvoir sur moi, le goût de ce pouvoir qui vous fait exister à travers l’autre, le besoin qu’a l’autre de vous.
Une revanche pour elle ?
Seulement voilà : elle payait le prix de ce pouvoir…
Par ce sentiment de carence auquel je l’acculais et par la violence physique.
Si je n’avais pas été violent, les choses auraient pu continuer indéfiniment.
Ce matin, une folle envie de prendre le téléphone me tenaille, pour l’appeler…
Qui peut comprendre combien j’ai peur ? Elle m’a dit : « Tout ce que je ne voulais pas : faire peur à un homme… »
Et c’est vrai que c’est loin d’être agréable quand on vous dit : « Tu me fais peur… »
Mais tout en revient là… Ma peur… Mon besoin d’être rassuré.
C’est exigeant de vouloir se servir de l’autre pour calmer cette peur.
Mais, en même temps, est-ce possible autrement ?
Dans l’analyse je fais bien appel à l’autre en la personne de mon analyste… !
Ce matin, je passe en revue les gens que je pourrais appeler…
Autre chose qui l’a retenue : la sexualité
(C’est d’ailleurs pour ça que, lorsque j’ai dit : « Je vais voir ailleurs… », elle a rompu…)
« Mal baisée », peut-être mais baisée, et souvent.
Mais mon Désir la submergeait, toujours présent, comme un océan.
Pas de place pour le sien.
Et mes reproches : « Tu ne me désires pas ! » Elle n’avait pas le temps…
Je baisais ou frappais tout le temps…)
Je repense à cette scène rue Saint Denis, devant chez Gilles, quand, devant tout le monde, je l’ai tirée à moi pour qu’elle m’enlace…
Quel désespoir en moi ? ← Je viens de mettre un point d’interrogation alors que je voulais en mettre un d’exclamation !… Lapsus d’écriture : quel désespoir ?
Des moments comme ça…
« Ne craque pas… » me disait Rodolphe ce soir-là.
Ce matin : envie de craquer.
Mais qui peut entendre de tels craquements ?
Je pense que ma mère va venir ici tout à l’heure.
Sans doute est-ce avec elle que j’ai envie de craquer ?
Un jour à tenir : demain je tourne.
Ça ira mieux.
Le soir de chez Gilles, elle voulait danser. Je voulais rentrer. Elle m’a dit : « Rentre sans moi… »
Voilà ce que je ne pouvais supporter : ce rejet… Qu’elle n’ait pas envie de moi, de ma présence comme moi de la sienne…
Cette inégalité.
Mais ça a été dit cent foi…
À quoi bon ?
Aujourd’hui sa présence, ma présence, son envie, mon envie, tout ça
Où est-ce ?
J’ai retrouvé en classant les papiers un texte que j’ai écrit en juin 81 (donc avant les vacances) où elle me disait, faisant la gueule : « On verrait comment tu serais si tu n’avais pas joui, deux fois de suite… Avec un autre, ça ne serait peut-être pas pareil… ! »
Je me suis aperçu en lisant ce texte, qu’il y avait en elle aussi, et depuis avant les vacances, avant qu’elle le dise ouvertement, un désir d’autre…
Je m’aperçois que je m’interdis d’appeler qui que ce soit en disant « J’ai le cafard… » car j’ai peur d’être déçu par leur réaction, leur peu de chaleur…
J’ai peur qu’on ne sache pas y faire avec moi…
Peur aussi de déranger les gens…
Voilà quelque chose qui m’était insupportable :
Colette ne m’aurait jamais dérangé, moi…
À aucune heure du jour ou de la nuit.
Mais c’est si profond en elle, cet orgueil, cette volonté de ne pas déranger par son appel…
Elle était vis-à-vis de moi comme avec un étranger…
Qui a-t-elle dans sa vie qu’elle puisse ainsi appeler en étant sûre de ne pas le déranger ?
N’y avait-il pas François ? Mais après les péripéties du départ à la Martinique annulé, ce doit être bien compromis ! Elle doit m’en vouloir de ça… ! De ça aussi.
(12 h)
Voilà. Je cherchais qui appeler pour lui dire « J’ai le cafard… » Je savais que ça ne pouvait pas être Dominique. Pourtant je l’ai fait.
Et ça n’a pas raté : « Il ne faut pas se laisser aller. Tu n’es pas tout seul. Les autres ont les mêmes problèmes… »
Il a été plus précis :
« On a un code. Chacun a un code. Il faut accepter les différences.
Parlé de sa mère qui se fermait dès qu’il y avait conflit.
Dit qu’il avait peur d’entrer en conflit, que dès qu’on lui crachait à la gueule, il se fermait…
Dit qu’il ne fallait pas essayer de faire les autres à son image…
Sur le plan des mots, dit : « La vie, c’est des actes. « La méthode rose », c’est mon amour en actes. Pas par les mots.
Il avait dit qu’il ne voulait pas parler de sa psychothérapie. Pas envie.
Lui ai fait remarquer, à la fin, que c’était sans doute parce que là : investissement affectif important (transfert) donc : désinvestissement ailleurs au niveau des mots.
Dit (moi) que mots peuvent blesser, tuer, mais aussi faire du bien. Qu’on a le langage pour s’en servir.
Parlé du fait que je disparaissais quand ça allait bien et réapparaissais quand ça allait mal.
Voulais lui expliquer ça, mais pas eu le temps
(22h20)
Appelé Dominique. Je voulais m’excuser pour mon agressivité de ce matin, lui dire que je me sentais seul, mais que je craignais qu’il ne me pardonne jamais d’avoir joué les sous-marins… Mais il avait des copains chez lui. Lui ai dit que je le rappellerai…
Appelé Zyf. Toujours errant dans sa « solitude à deux » (ou à quinze).
Mais j’étais très silencieux et puis ça coûtait cher. La conversation n’a pas duré
VÉCU – MA MÈRE – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Aujourd’hui : Maman à la maison.
Me suis aperçu combien je pouvais être agressif, vociférateur.
Une fois de plus, j’ai essayé de changer le rapport, lui disant que je voulais la tendresse mais qu’il fallait qu’elle cesse de me faire des reproches.
Elle m’a répondu, fort justement, que, de mon côté, je ne cessais d’en faire aussi !
Et c’est vrai : rapport identique à celui avec Colette = reproches de ma part, tentative de culpabilisation pour répondre à la culpabilisation. Cercle infernal.
Impossible de changer le discours de Maman, pas plus que celui de Colette.
Seule chose à faire, dans le cas de Maman = endurer. Se taire. La laisser dire.
Et surtout : cesser cet éternel jeu de la culpabilisation, ne plus me culpabiliser moi-même…
Après tout, les parents ont leur passé. Ils ne le renient pas : ils l’ont vécu.
Ainsi Maman me parlait de leur mariage, avec Papa, de l’opposition du père de Papa et de leur entêtement, (Après elle a été acceptée…)
J’ai appris ce soir que Papa avait su que j’étais avec Colette et qu’il avait dit : « De toute façon, on ne peut rien faire puisqu’on a rejeté Pierre (C.)… »
Quelle révélation pour moi ! Cela a été important.
Ainsi les générations se suivent et font subir aux suivantes les oppressions qu’elles ont subi elles-mêmes…
Ce problème de la culpabilité vis-à-vis de ma mère est capital.
Sortir de ça ? note du 18/11 : noter l’association dans la succession (voir au 18/11)
VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Repensé tout à l’heure en voyant à la télé un feuilleton où il y avait une scène d’avortement à cette période de début 80 où Colette s’est crue enceinte et où elle était décidée à ne pas garder l’enfant.
Dans le film, le type s’en va, pour ça.
VÉCU – MA MÈRE – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Beaucoup parlé de ma relation avec Colette, avec Maman, y compris de la sexualité.
Elle disait qu’il fallait accepter que la femme n’ait « pas envie »
M’a trouvé pervers dans mes désirs.
Dit un moment à Maman : « Tu peux dire ce que tu veux sur Papa, il criait après toi et il avait des raisons… »
(Flash sur cette identification au Père.)
VÉCU – AMIS – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
(23h15)
Le téléphone sonne. C’est Dominique qui me rappelle.
Je lui dis ce que je voulais lui dire : il me répond : « Je n’ai pas à te pardonner… Tu n’as pas à t’excuser… C’est gamin, ridicule. »
Je lui parle du « pouvoir » qu’on donne à l’autre quand on s’est mis « en faute. ».
« Je ne peux pas te répondre ». Je lui dis clairement que je ne veux pas me mettre en situation d’être dominé, que je ne veux pas que la réalité me fournisse l’occasion de me voir comme un salaud, ce que je cherche toujours à faire.
Je dis qu’il n’y a pas d’interdits (pas de priorité au geste sur la parole). Que le code commun est la langue française, pas non plus d’obligations (Lui : « Humour… Humour…) Je dis que ça ressemble un titre de revue dans un cabaret… Ça le fait rire.
Question que je me pose, à partir des « codes » dont parlai Dominique (et dont je parlais à Rodolphe et Carmen à propos de la violence, car ils me disaient qu’ils se battaient et que je lui demandais, à elle, si elle répondait…) : faut-il essayer de traduire les codes différents ou chercher des gens qui ont le même code que nous… ?
La question reste entière. Et quand je vois le mal que je me suis fait devant le code différent de Colette, je penche pour la deuxième solution.
Je ne suis pas un surhomme, pas un polyglotte du psychisme.
Il me faut une femme qui parle et qui fasse l’amour…
Qui ait envie de parler de faire l’amour.
16/11/1981
(21h40)
VÉCU – TÉLÉVISION – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Tournage à l’abbaye de Royaumont.
En revenant en voiture : discuté avec Jean B..
L’ai interrogé sur lui, sur son passé, son « tracé » comme je lui ai dit…
Je lui ai demandé, à un moment où la conversation s’y prêtait, s’il jugeait important de « se protéger »… Il m’a répondu « Non » sans hésiter…
Lui ai dit « Tu sens par des moments comme ça, où la rencontre se fait, ou ça passe… » Il m’a dit « oui », avec une sorte d’enthousiasme.
Je lui ai dit que on retrouvait ça dans l’amour, mais multiplié par cent
Il a acquiescé…
(multiplié par sang ?)
18/11/1981
VÉCU – AMIS – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Hier soir Hervé m’a appelé : Caroline était revenue ! Il appelait de chez des copains : pas possible de parler. M’a rappelé plus tard de chez lui. Longue conversation ( 1h30 du matin) où il m’a parlé du fait qu’il ne « réalisait » pas, de sa peur devant cette nouvelle vie, de la problématique de l’image (très soutenu par moi sur ce point j’ai beaucoup parlé – il a parlé de la mort (s’est étonné de n’avoir parlé que de ça le soir chez ses copains, alors que Caroline l’avait appelé, ce qui moi ne m’a pas étonné : triptyque amour-image-mort (la mort comme « moment de l’image d’un homme », celle qui peut avoir de lui…)
Cité G. à propos de la tendresse : laisser couler sa tendresse, ne pas l’entraver.
Parlé d’un compromis, d’un juste milieu entre « se faire écho l’un l’autre » et se perdre dans les miroirs (ou plutôt entre se perdre dans les miroirs et les briser…) Accepter de se donner du plaisir…
Mis le doigt (ensemble) sur la culpabilité de Caroline et sur le pouvoir que ça donne à Hervé…
Parlé du renoncement au pouvoir…
Hervé dit que son objectif serait de la déculpabiliser (Moi : « Ce que n’a pas su – ou pas voulu ? – faire Colette).
VÉCU – MA MÈRE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Lundi soir : appelé Maman en rentrant de la séance, pour m’excuser de mon agressivité. Elle me dit que ça la préoccupait parce que je recommence… (comme un enfant qui demande pardon et recommencez « bêtises »…)
Accepter que ma mère me déçoive ? Qu’elle n’ait pas été aussi jolie, aussi gentille que je l’aurais voulu ?
VÉCU – AMIS – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
Séance de lundi : parlé du verre d’eau pendant le tournage (verre d’eau que j’ai demandé à l’assistant d’aller chercher pour un comédien –> Lui : « Si j’y vais, j’en parle à mon syndicat… » Et moi : humiliation d’avoir commis une maladresse.
Idem avec Colette : humiliation de ne pas savoir m’y prendre avec elle, d’être maladroit –> sentiment d’infériorité, culpabilité.
Je sens ce moment moi, timidement, légèrement, se faire jour la possibilité de ne plus souffrir, de ne plus être angoissé dans les relations humaines, d’être invulnérable.
J’en suis loin, bien sûr, mais je vois le chemin, même s’il est long.
Ne plus accorder d’importance aux jugements de l’autre, y compris celui de Colette…
Pourtant : hier soir, appelé Raymond –> conversation où j’ai mis les « pieds dans le plat » à propos de Lydia, de l’activisme de Raymond, de « l’écran de fumée » du savoir…
Quand il m’a dit que Colette était venue voir son spectacle, au seul énoncé de son nom, mon cœur s’est mis à accélérer, et à cogner dans ma poitrine…
Vécu Colette avec mon cœur (non : corps) (quel lapsus !)
Longue conversation au téléphone avec Aline à partir de mon thème astral monté par Anne-Marie, la femme de Manuel B.…
A noté, pendant conversation avec Hervé : il a parlé de mon silence (lapsus encore : je voulais dire de ma peur du silence de Colette) en disant que si j’avais besoin de la verbalisation, c’est que son silence mettait en position d’infériorité (parlé du rapport de forces…)
Notes sur note du 15/11 (huitième page) :
Association : ma culpabilité envers maman → avortement mec qui quitte une femme pour ça… Je sens un sens ! Lequel ?
19/11/1981
(Montage à Bry sur Marne 16h30)
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Je repense à la nuit où elle a craqué après la soirée chez Gilles.
C’est là qu’elle atteint le fond de la dépression, ça n’était jamais arrivé là…
Ses deux plaintes essentielles de cette nuit là : « Papa » et « Rendez-moi mon bébé… » : m’inspirent une grande réflexion :
Plusieurs sens mêlés à ces mots : qui disait cela ? Et à qui ?
Le premier « qui » représente plusieurs personnes, le second aussi…
– « Papa » dit par Colette : Manque et désir de son père… – Dit à son père…
– Dit par Krystelle à moi ( à Georges ?)
– « Rendez-moi mon bébé » dit par Colette à sa mère…
– Dit par Colette à moi.
– Dit par le père de Colette à la mère de Colette.
Cette dernière lecture montre que Colette a compris ma frustration dans la question de Krystelle (Dans la mesure où elle faisait de moi le père de Krystelle, ce dont le « Je ne suis pas le père de Krystelle » la faisait douter et ce qui remettait son système inconscient en cause.)
Cela montre aussi qu’elle a compris la frustration de son père…
D’un autre côté, Colette, petite fille, avait-elle compris que c’était sa mère qui avait éliminé son père ? Je crois que : oui : L’histoire de Colette dans la valise est assez marquante pour ça… Mais ambiguïté par rapport au père : Refus de la demande au et du père… ( cf. « La St Glinglin » = demande rejetée…) Père désiré et dont on se méfie –> relation avec les hommes calquée sur ce modèle…
Cette compréhension de la frustration m’amène d’ailleurs à penser que le dessaisissement de Krystelle tendait à répéter celui de Colette par son père, perpétuant le rôle de mère-kidnappeuse tenu par sa mère à de nombreuses occasions. Moyen pour Colette de s’identifier à son père ? Ce désir d’être le père m’est déjà apparu. Désir de phallus dépisté dans sa sexualité et dans le désir d’enfant.
20/11/1981
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Lu en salle de montage un article dans un canard sur « Le narcissisme » –> Malaise, en ce moment. Mal être.
Ambiguïté en moi par rapport à l’ « Amour de moi » : à la fois trop et pas assez aimant moi…
Ce matin, au lit, pensé quand la nuit s’était mal passée (ou pas, d’ailleurs) comment j’avais besoin de Colette, qu’elle ne soit pas impassible par rapport à moi et combien cette impassibilité, cette autonomie par rapport à moi me rendait furieux jusqu’à la violence la plus grande…
Et si tout cela m’obsède et tourne en moi, c’est que c’est toujours possible ! Que je redoute de me retrouver dans le même état de manque de l’autre, dans la même impossibilité d’accepter l’autonomie de l’autre par rapport à moi…
Et je ne cesse d’essayer de comprendre ce qui s’est passé, de faire le bilan, d’essayer de profiter du recul du temps pour la comprendre, pour « relire » ses actes, ses paroles, ses réactions, ses silences aussi…
« En retard » à certains points de vue, Colette m’apparaît « en avance » précisément dans son autonomie par rapport aux autres. Autonomie pourtant édifiée sur une fondation malsaine : l’orgueil, conçu comme une super-protection. Refus de « se livrer » aux autres. (Dans l’article que j’ai lu : une interview où quelqu’un parle de la nécessité d’être narcissique car les gens n’acceptent pas qu’on soit mal dans sa peau et qu’on projette sur eux ses problèmes (cf. Fabrice E. (?) « Poubelle à névroses »… )
Et pourtant par instants, par éclairs, je me prends à penser que je l’ai vraiment aimée… Je veux dire que j’ai vraiment essayé de la voir, de la comprendre, de comprendre ce silence fondamental chez elle. Il m’arrive de penser qu’il ne cache rien, qu’il ne recouvre que du vide, je veux dire : pas des pensées formulées dans sa tête et non verbalisées, mais simplement du refoulement…
Aujourd’hui il fait très beau, le ciel est d’un bleu radieux, le soleil chaud et brillant… le matin : Impression de printemps, que l’été approchait… Pensée fugace de vacances… Et là : pincement au cœur… Ces vacances avec elle, dont j’ai tant rêvé…
Vacances impossibles…
Je serai sans elle. Elle sera sans moi.
Il m’arrive de penser que désormais elle se fout de moi, qu’elle m’a rayé. Qu’elle ne me regrette pas…
Inutilité des regrets… Que si elle me regrette, elle refoule ses regrets.
Pourtant Colette, je t’ai aimée.
Je t’aime encore. Chaque matin, je m’éveille en pensant à toi.
Pourquoi la méfiance était-elle en moi ?
Pourquoi n’ai-je pas su goûter les quelques instants de lumière que la vie arrache pour nous au néant ?
Je relis mes notes du 14 novembre, à propos du sac offert à Carmen : je pense que ça peut se lire aussi comme le désir de montrer à Colette (via Carmen, pas choisie au hasard, parce qu’elle le lui dira) que, même après elle, je reste quelqu’un qui fait des cadeaux (manière de dire qu’elle n’en faisait pas.)
Et c’est vrai que cette notion de cadeaux qui créent des « dettes morales » (cf. Michel S.) est suspecte. J’ai eu dès le départ, l’intuition de certaines vérités. Au début je ne lui faisais pas de cadeaux. Je voulais qu’on s’aime autrement. Mais le besoin de cadeaux (reçus et donnés) à été le plus fort…
21/11/1981
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
(09h)
Ce matin, un rêve me réveille : rêvé d’elle…
Déjà le souvenir s’en estompe (de qui, d’elle ?) alors qu’il y a à peine dix minutes que je suis réveillé :
Elle m’engueulait. Disons : rejetait la faute de la rupture sur moi. Me faisait des reproches. S’en prenait à mon caractère, à ma sensibilité. Je me suis réveillé malheureux.
Hier soir plusieurs idées de suicide.
Pensé à la mère de Colette qui a fait mourir un homme.
Je refuse de comprendre qu’à la fin pour Colette c’était l’indifférence à mon égard…
Tout simplement… Elle a eu une pensée du genre : « Arrêtons les frais… »
Bouffée de colère en moi, contre moi :
pauvre imbécile, tu n’as pas réussi a être fort, c’est ça qui te gêne ! Non tu ne t’es pas laissé traiter en bourrique, comme le Professeur de « L’Ange Bleu » (et encore : par moments… !) Mais qu’elle réponse as-tu donnée ? La violence… !
C’est ça qui t’humilie : n’avoir pas su être sereinement fort pour dominer, tout en l’aimant, cette enfant capricieuse, fragile, pleine de problèmes, qu’elle résout d’autant moins qu’elle doit se sentir unique : l’orgueil…
Écoute radio ce matin, plein de chansons, de musiques qui me la rappellent.
Inexprimables, intolérables bouffées de nostalgie…
Ah, la danse, le plaisir de la danse dans lequel je n’ai que si rarement pu entrer…
Seulement quand tu étais serrée contre moi, et encore après tout un chemin qui m’a conduit, timidement, à ne plus avoir honte de mon corps, à croire, timidement, qu’il donnait au tien du plaisir, sur la même musique, le même rythme …
« Pour le plaisir… » d’Herbert Léonard… Tu adorais cette chanson.
Qu’est ce que c’était ce plaisir dans ta tête ?
Krystelle, tu me manques… Vous me manquez ! Quel malheur…
Je retiens mes larmes mais elles perlent et mouillent ma vue…
Hier soir, c’est à ton sexe que j’ai pensé, pour me masturber…
Non. Je suis sûr que tu es malheureuse.
Tu l’étais avant de me connaître. Tu n’as pas voulu t’abandonner… Tu as résisté. Moi aussi. C’est vrai : moi aussi.
Malheureux enfants qui se souviennent de leur malheur… On n’en finit plus de refuser…
23/11/1981
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
(10h10. (en attendant début réunion « Ciné-parade ».)
Relu hier soir quelques passages carnets ( Carmen m’a dit que Colette lui avait lu ce que j’avais tapé et qu’elle aimerait sûrement avoir la suite.)
Ai été frappé par le récit de ce qui avait suivi une soirée chez Béatrice. : elle avait voulu que je la ramène parce qu’elle pensait « que je n’avais pas besoin d’elle » puis avait voulu passer la nuit avec moi « parce que sa mère n’était pas prévenue qu’elle rentrait »… Ce qui se jouait là, chez chacun de nous deux, c’était le désir du désir de l’autre, le besoin de l’autre, le besoin que l’autre exprime son besoin de l’autre…
À partir de là : elle –> repli parce qu’elle n’obtenait pas (ou croyait ne pas obtenir, plutôt) l’expression de ce besoin.) Moi –>agressivité parce que 1/ elle ne voyait pas cette expression alors que je la croyais visible 2/ elle n’exprimait pas son propre besoin (au contraire se repliait…)
(Repris après fin réunion – déjeuner avec J. Licht – arrivée à Bry-sur-Marne → ici, à la cafétéria. Idem notes du 20/11)
La note sur ce jour là, ce qui s’est passé ce jour là me paraît capitale. Pour la suite de notre relation telle qu’elle s’est déroulée.)
En effet, tout s’est joué ce jour-là, s’est installé à partir de ce jour là, dans un certain type de rapports ; là a commencé quelque chose qui s’est ensuite rejoué indéfiniment, puisque sans variantes, tel quel :
– qu’elle veuille rentrer chez sa mère
– que j’accepte, plein de ressentiment à son égard à cause de çà
– qu’on rentre quand même mais désunis et qu’elle n’ait pas envie de faire l’amour d’où –> frustration pour moi ( et que se rajoute le ressentiment qu’elle n’en soit pas frustrée.)
– que par la suite, je me culpabilise mortellement de mon agressivité (relire les mots du lendemain où cette culpabilité éclate, déjà énorme, déjà gigantesque.)
– qu’elle me « dés-idéalise » (« Tu ne pourras pas toujours me dire des paroles comme dans les livres… . »)
Elle est sortie, ce jour-là, du processus d’idéalisation dans lequel moi, je suis resté et que je n’ai fait, au contraire, qu’accentuer… C’est à dire qu’elle en est sortie mais, moi y restant, elle m’a laissé m’enfermer dans cette tentative infernale de coller à ce que je pouvais imaginer être mon idéal.
– qu’elle « fasse la gueule », qu’elle se taise et on plonge dès lors dans ce qui était aussi horrible que la Mort…
Dans le fond, ce que je demandais à Colette et qu’elle n’a jamais voulu faire c’était de me déculpabiliser.
Elle n’a pas compris ou pas voulu comprendre, cela…
Si son Silence était si terrible pour moi c’est que j’y lisais une condamnation. C’est pour cela que j’ai souffert le martyre…
Il aurait fallu une Parole pour lever cette condamnation.
Voilà pourquoi j’attendais toujours cette parole, pour sortir de la Prison qu’est ma Vie…
Pourquoi ne m’as-tu pas libéré ?
Me trouvais-tu réellement coupable ?
Si je l’ai été en ne comprenant pas la profondeur de ton don de toi, en ne t’écoutant pas vraiment quand tu m’as dit : « Je voudrais que tu divorces et qu’on se marie », si je l’ai été en te trompant (alors que je ne désirais vraiment que toi) pourtant, par la suite, j’ai voulu, de toutes mes forces, avec toute ma sincérité, me racheter…
Si j’avais tellement besoin de toi pour cela, tellement besoin de ta Parole, c’est que ce besoin était à la mesure de la Faute, que je jugeais immense, écrasante tant je te plaçais haut, tant je t’idéalisais…
Et tu m’as laissé m’enfermer dans tout ça, puisque, longtemps après, je me souviens de ce soir-là, rue de la Chine, je frappais ma tête sur le sol en pleurant que tu ne comprennes pas la profondeur de mon désir de me racheter, d’effacer ma faute ( ce soir là, tu m’as dit que seul l’amour pour un enfant était vrai…)
Tout ça, à l’infini, par jalousie, par méfiance, (héritée d’on ne sait qui) de l’Homme…
Pourtant peu d’hommes ont été aussi fidèles que moi, en un sens. Je veux dire : soucieux de partager et faire partager les mêmes valeurs…
Ta valeur : un homme, enfin, dans ta vie, le premier ( et le dernier : tu l’as écrit.) Crois-tu que je n’ais pas compris cela ?
Ne me sentais-tu pas glisser irrésistiblement de semaine en semaine, vers toi, pour t’épouser totalement ?
Cette méfiance était en toi, comme ce silence terrifiant…
Mes forces, même si j’en ai mobilisé la totalité pour toi, se sont butées sur cette limite.
Je ne pouvais changer tout seul ! !
Il fallait qu’on change ensemble.
Et il fallait qu’on change ! On en sentait bien la nécessité, tous les deux.
« Être soi-même », pour nous, voilà une formule creuse. Car nous-mêmes sommes pour nous, tous les deux, un ennemi…
Tu retrouveras cet ennemi en toi, tôt ou tard, aux carrefours de ta vie :
l’ennemi qu’est cette difficulté en toi à verbaliser ta pensée, cette distance avec la Parole qui crée la distance avec l’Autre…
L’ennemi en moi : la culpabilisation, qui me rend malheureux ou agressif…
26/11/1981
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
Mort. Sexe. Folie. Mes trois peurs…
Peur de parler en analyse : peur de la folie, de devenir fou, de la parole folle (l’ai exprimé tel quel en séance) (id est pour la folie du sexe et sexe = mort pour moi.)
Tout se tient.
Pensé ce matin à François avec Colette : elle était pour lui une petite fille une petite jeune fille, excitante sexuellement en tant que telle. Il n’avait donc pas – il ne pouvait avoir – peur d’elle, lui…
Mais sa personnalité, son identité d’être humain, il s’en foutait, ça ne le concernait pas, ça ne lui effleurait pas l’esprit…
Et dire que j’ai eu si peur de ce mec !
Mais elle m’a laissé faire, elle m’a laissé avoir peur… Au lieu de me détromper nettement et de me faire comprendre qu’elle voyait combien mon amour était différent…
Je me rappelle une soirée où on devait aller au cinéma, près de la rue Mouffetard, et où on a avait fini par discuter dans un bistro, où je flippais comme un fou sur François en lui demandant : « Est-ce que tu l’aimes encore ? » Et où elle n’avait pas répondu non, me disant : « Dis-moi, toi si je l’aime ? »
27/11/1981
VÉCU – FEMMES –loan – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Ce soir chez Loan…
Fait la cuisine (pâtes).
Après, la question s’est posée de savoir comment on dormait…
Magnifique démonstration de la tendance universellement répandue chez l’être humain : satisfaire un désir œdipien : Isabelle propose de me céder sa chambre et de dormir, elle, avec sa mère…
id est : plusieurs lectures :
1/ Isabelle, en dormant avec sa mère, est moi, id est le père couchant avec la mère.
2/ Isabelle, en couchant avec mère (« ça » oublié = lapsus significatif : « avec mère » id est avec ma mère)
3/ Isabelle, en me donnant sa place, n’est plus une enfant puisque je le suis « à sa place »…
4/ Isabelle devient sa mère puisqu’elle est « à sa place » en dormant avec elle.
5/ Isabelle me fait être elle (id est fait être elle le Père) en me mettant à sa place id est fait le père être un enfant et devient sa mère en dormant avec elle donc : Isabelle devient la mère de son père…
(Tout ce qui précède est écrit sous l’effet du hasch…
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Je le note parce que je sais que je vais « l’oublier », ne plus être dans le même état (=sous l’effet du hasch) : je sens, comme rarement, le désir sexuel en moi. Je sais la particularité, l’irremplaçabilité de cet état de désir. Je sais quand je l’ai éprouvé = souvent avec Colette, une fois avec Framboise, par bouffées avec Guylaine et Loan… Je sais aussi que certaines fois, Colette ne le partageait pas. Je me souviens d’un soir, ayant fumé comme ce soir, je ressentais le grondement quasi sonore de ce désir et qu’elle ne bougeait pas, alors que moi, je retenais mes geste pour voir si elle allait enfin venir la première et elle, elle qui ne retenait pas ses gestes, (ils étaient retenus « avant ») n’a pas bougé.
C’EST FAUX !
Elle a bougé : rappelle-toi ses lèvres qui sont venues à toi, aux tiennes…
Oui : ses lèvres ! seulement les lèvres… !
Je ne sais pas, je ne sais pas encore voir le désir de l’autre…
Oui, Colette, tu en désireras d’autres… Le grondement du désir se fera entendre en toi. D’ailleurs, est-ce un grondement ? Ne serait-ce pas plutôt de la musique ?
Quand je pense « grondement », je pense toute l’agressivité, la violence qu’il y a dans mon désir…
Comme toujours le hasch me fait mieux sentir l’universalité et la différence, dans l’homme, simultanément…
Proverbe haschien :
« Qui est aujourd’hui en colère, demain n’y sera plus… »
(C’est à moi que je dédie ce proverbe (« à chien (chien enragé)… ») et c’est moi qui, aujourd’hui en colère, demain n’y serai plus… Mais contre quoi suis-je en colère, contre qui ?
28/11/1981
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Ce matin : longue conversation avec Raymond au sujet de l’analyse.
La difficulté de l’analyse pour l’Antillais…
Science blanche et magie noire…
Appris que Colette avait appelé Sonia pour les « tenir au courant ».
35 ans
30/11/1981
VÉCU – FEMMES – pascale – AMIS
Je note, en vrac :
– Mon anniversaire aujourd’hui. Je l’ai fêté « en famille », c’est-à-dire avec mes semblables, mes frères : comédiens – personnel de l’équipe du tournage que je fais en ce moment (« Voyageurs de l’histoire » à Fontaine Henry, près de Caen). Ils m’ont tous signés une carte et m’ont offert des bouquins. Quelle émotion ! Ai été tellement touché…
Il y avait là la patte de Pascale, coiffeuse…
(Pascale, avec qui j’ai parlé ce soir, aboutissement de regards, de sensations, de toute célébration spécifique du désir, paysage bien connu, dans lequel, à nouveau, je suis entré.
Pascale, avec qui j’ai parlé d’elle, de son fils (le fils de Serge sommier : stupéfiante révélation pour moi : Serge, le « super-mec » qui, en fait, a, lui aussi, besoin de se prouver quelque chose et qui, lui aussi, souffre comme chacun d’entre nous…
Souffrance, lot commun, Colette, tu n’as fait que l’accepter, tu n’as fait qu’être en avance sur moi, sur cette nécessité d’accepter de souffrir pour dépasser la souffrance.)
Pascale, qui est entrée dans ma chambre avec un petit plateau et un verre de vodka et un verre de cognac…
Pascale avec qui j’ai parlé, parlé et que j’ai embrassée au moment où elle passait la porte et à qui j’ai dit « Tu sens ma tendresse ? Je voudrais qu’elle passe en toi comme un fluide… » et qui m’a dit : « Je suis très heureuse de te connaître… »
Ainsi est la Vie, imprévisible, inattendue…
Bertrand : l’autre soir : tragique conversation. Incompréhension : je lui disais : « Je ne vous ai pas assez aimés… » (lui et Dominique)
Il me répondait : « On te demande pas ça… » (se défendant)
Puis : message téléphoné de lui. « On s’est pas compris… »
Puis Épinay : Lydia J. et samedi lui chez moi pour film sur Conseil de l’Europe et hier dimanche avec Christiane et Marc bouffé ensemble chez Bébert.
Ce soir appelé Maman au téléphone parce que je savais qu’elle aurait appelé pour mon anniversaire
04/12/1981
VÉCU – FEMMES – pascale
Mercredi soir : retour de tournage. Je dîne avec Pascale et Colette, la maquilleuse, au restaurant vietnamien, rue de la Chine… !
On passe à la maison boire un verre, puis je les raccompagne devant chez Pascale où Colette a laissé sa voiture.
Là, on s’embrasse dans la voiture. Je lui dis que j’ai envie d’elle. Elle me dit qu’elle a peur, qu’elle n’osera jamais se mettre nue devant moi, car elle se sent mal dans sa peau et n’aime pas son corps. Elle accepte qu’on fasse l’amour, mais la lumière éteinte.
Je monte chez elle où nous passons la nuit.
Dans l’amour, elle : « Tu fais bien l’amour. C’est bon. Tu me fais du bien… »
– « Je suis bien entre tes jambes… »
– « Tu es dans mon ventre… »
– « J’ai attendu ce moment… »
mais elle ne veut même pas que je caresse ses cuisses : « Ma peau, c’est une vraie râpe… »
On est bien ensemble. Je lui dis qu’elle me plaît (je ne sais combien de fois je lui aurais dit ça…)
Je lui dis d’être elle-même, de rire comme elle sait le faire, de faire la folle, l’idiote, comme elle sait le faire.
Elle me dit que les hommes ont voulu la changer, qu’on ne lui avait pas dit d’être elle-même.
Je lui réponds que j’ai voulu changer les êtres que j’aimais, que j’ai fait des erreurs tragiques qui me servent de leçon…
Elle m’a dit dans la voiture une chose importante qu’elle redira plus tard au téléphone (ce matin) : « Je ne fais pas toujours les choses dont j’ai envie parce qu’il y a des choses en moi qui m’en empêchent… »
En partant, le matin, je lui laisse un mot, lui disant de m’appeler mais que je le ferais si elle ne le fait pas…
(Là aussi : leçons que je tire du passé… Ne pas s’enfermer dans un rapport de forces, une attente des gestes de l’autre pris comme preuves, une répression du désir et de la tendresse…)
Le soir en rentrant je trouve un message d’elle. Je la rappelle. On parle de nous voir. Elle me dit « J’en ai envie moi aussi, mais si je ne dis rien, c’est pour ne pas m’imposer… Je dis que moi aussi.
On décide de se voir pendant le week-end avec les enfants.
Ce matin, à 9h, elle m’appelle. J’étais couché, mais réveillé. On parle. Elle me rappelle un peu plus tard, s’étant mise au lit dans sa chambre. On reste une heure au téléphone… !
Je lui apprends, au cours de cette conversation, que je suis en analyse. Elle me dit qu’elle préférerait savoir que je vais voir une autre femme !
À propos des « petits noms » (chéri, mon chéri) qu’elle dit, mais sur un mode ironique, je lui demande : « Mais quand tu dis ces mots, est-ce qu’il y a en toi un peu des sentiments qu’ils sont censés exprimer… ? » Elle me répond : « Pourquoi est-ce que tu veux me faire dire des choses que je n’ai pas envie de dire ? »
C’est-à-dire qu’elle se freine, attitude typique d’un début de relation, qu’elle a formulé explicitement au restaurant : peur de souffrir en s’engageant (mais elle a ajouté : « J’espère que je vais encore souffrir… »)
Je lui dis qu’elle est pudique. Elle dit oui. Je dis que moi, je suis impudique. Je dis que je ne me laisse pas prendre (à son jeu du refus). Elle dit que ce n’est pas pour « me prendre ». Je rectifie : « Je ne te laisse pas me laisser… » Elle dit qu’elle ne comprend pas. J’explique : qu’elle refuse de dire des mots, de se laisser aller pour éviter que la relation ne se resserre, mais que la relation se resserre quand même.
Elle dit : « Je ne te connais pas bien… » « Dans deux mois, je te demanderai en mariage… » Silence chez moi. Elle : « Je t’ai eu ». Moi : « Oui, tu m’as eu… » (comprenant son ironie, comprenant qu’elle me dit : m’engager serait peut-être aller jusque-là…)
À propos de la tendresse et des mots tendres, je dis que la tendresse s’exprime d’une foule de façons, mais qu’il faut savoir voir…
Dans la nuit que nous avons passée ensemble :
– À propos de Serge et du désir pour moi d’avoir un garçon. Elle : « Tu peux encore en faire un. Tu me feras un garçon… » (ironiquement, bien sûr).
– À propos des caresses sur sa peau : « Apprivoise-moi. Une biche, la première fois, elle ne viendra pas à toi… »
Après la conversation de ce matin, vers une heure, le téléphone sonne. C’était elle, elle voulait me laisser un message sur le répondeur : « I love you… »
07/12/1981
VÉCU – FEMMES – pascale
Vendredi soir on se voit. Je passe chez elle. Mais elle a vu dans la journée Jean-Louis, avec qui elle est en train de rompre. Elle est nerveuse, fatiguée.
Je rentre dormir à la maison. Elle m’appelle le samedi matin. Je vais chercher Agnès et on passe chez elle. On mange dans un restaurant sur les boulevards des Maréchaux (près porte de Montreuil) avec les enfants. Puis spectacle pour enfants (invitation de Paule O.) puis retour à la maison, rue de la Chine. Courses. Dîner avec les enfants. Envie de faire l’amour.
On le fait très vite, dès qu’on est couchés.
Épisode symbolique : on écrit au tableau dans la cuisine : « On a le droit de s’aimer. Poil au nez… » Agnès dessine un cœur percé avec « Roberto et Pascale ». Syriaque dessine une tête de mort et un poing !
Agnès – Pascale : super rapport. Très vite.
Agnès me dira, quand je la ramène dimanche soir : « Je l’aime mieux que Colette. Colette aurait jamais pensé à prendre rendez-vous pour moi chez le dentiste… »
Chez Pascale, vis-à-vis de moi : déblocage total. Acceptation du rapport, de la tendresse, réponse à la demande affective et demande de sa part.
Nombreux câlins, nombreuses caresses sexuelles (à un moment : elle me caresse le sexe. Syriaque le voit. Ça l’embête un moment, mais pas plus…)
Journée de dimanche : son amie Claire à la maison. Tout se passe là comme si la situation n’était pas nouvelle !
Dimanche soir : je dors chez elle. En fait l’amour de plus en plus fort, de mieux en mieux.
Elle : « C’est merveilleux… ! »
On apprend à se connaître.
Aujourd’hui, elle est partie pour deux jours en tournage.
Hier soir, au lit : elle jouait comme une folle à un jeu électronique acheté à l’origine pour Syriaque : « Le cheval de Troie… »
Quel cheval ? Quelle Troie ? Quels Grecs ?
VÉCU – TÉLÉVISION – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Pendant tournage Fontaine Henry, me suis aperçu en discutant avec Hedi, l’assistant, que si Bobby, le chien = Robert, n’est-ce pas Robert que mes parents voulus perdre en perdant Bobby ?
Importante idée.
VÉCU – FEMMES – PASCALE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Pascale m’a sucé très bien… Hier soir.
VÉCU – FEMMES – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
(16h40)
J’appelle Carmen. Elle me dit que Colette va me laisser un message parce qu’elle a besoin de papiers…
Cette seule nouvelle, instantanément, me mord le cœur et je me retrouve tout de suite exclu, rejeté par ce côté « tiroirs qu’on vide » et cette idée qu’il lui est possible, à elle, de me parler, calmement, alors que la seule éventualité de sa présence réelle, même téléphonique, me met sens dessus dessous…
Pascale m’appelle peu de temps après, me dit qu’elle est tombée sur Jean-Louis et qu’elle a poussé un cri, ce qui lui a pas plu… Il lui fait la gueule… « Mets-toi à sa place… » a-t-elle dit. Je lui parle alors de ce message (à venir) de Colette et du côté « On vide les tiroirs » déprimant.
Elle : « Tu es triste ? » « Il faut que tu saches ce que tu veux… Retourne avec elle si elle te manque… » (approximatif)
Je réfute vigoureusement, lui disant qu’elle aussi m’a dit, à propos de Jean-Louis, qu’elle ressentait toujours quelque chose, que ça ne m’empêche pas d’être heureux qu’elle m’appelle, qu’elle le sentait dans la voix…
Je lui écris une lettre qu’elle trouvera demain soir en rentrant…
(23 h)
Colette disait qu’elle ne pouvait pas faire l’amour avec quelqu’un pour qui elle ne ressentait rien… Pourtant : H. – Antoine, etc. ?
Machiavélique, après les vacances, d’aller chercher François jusqu’en Martinique, toujours pour me punir, pour se venger…
Ce n’était pas n’importe qui, en effet, quand on sait le mal que m’a fait ce mec que je n’ai jamais vu…
Aujourd’hui pensé à ça : tout se résume au pouvoir que ma culpabilisation a donné à Colette.
Pouvoir que non seulement elle n’a jamais lâché (ce qui est normal : il ne peut en être autrement : le pouvoir ne peut changer de mains sur une décision), mais qu’en plus elle a utilisé parfois consciemment (souvent), parfois inconsciemment, pour me faire souffrir…
C’est vrai que je vois surtout en elle une dureté (qu’elle avouait : « Elle s’est tissée »), un manque d’enthousiasme pour ce qui n’était pas elle ou d’elle, un manque de générosité, une sécheresse…
Relation sadomasochiste…
Car elle souffrait aussi, bien entendu.
On s’est fait payer cher l’un l’autre la souffrance que chacun ressentait…
Souffrance en écho. Le seul écho qui me soit revenu
08/12/1981
Vécu – femmes – pascale
Vulnérable !
Voilà comment je suis.
J’appelle Pascale.
– « Tu m’as manqué… »
– « Pas toi… (Je te fais marcher, j’aime te taquiner parce que ça marche…) Oui, mais… !
– « C’est bien être séparés. Sinon tu te lasseras : je ne suis pas marrante… »
Ce qui se profile pour moi derrière ce dialogue (attendu : j’étais sûr de la nature du dialogue avant même d’appeler), c’est la constatation que l’autre est autonome par rapport à moi et moi non…
Nécessité de ne pas avoir ce besoin infantile de l’autre.
(Voir Colette… Et ça se rejoue, identique…)
Pascale, pendant cette conversation : « Qu’est-ce que tu as fait hier ? Tu es allé voir les femmes… C’est normal : tu es un homme… »
(Cf. d’il y a quelques jours : « Si tu couches avec des nanas, ne me le dis pas… »)
La méfiance… Toujours…
Je la retrouve. Et je retrouve des gens qui s’en protègent.
Après tout, c’est une attitude réaliste.
Quand Pascale m’a dit : « C’est bien d’être séparés… », elle a ajouté : « C’est plus agréable de se retrouver… »
Après tout, là aussi, c’est réaliste…
Et elle n’a pas dit : « On se lassera… », elle a dit : « Tu te lasseras… »
Inquiétude et réalisme.
L’un tempérant l’autre.
Je pense à la lettre que je lui ai envoyée. Mais il ne faut pas : il n’y aura pas toujours une lettre qui l’attendra pour faire le lien…
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Krystelle, des « Voyageurs », me dit que Colette m’a appelé. Je n’étais pas là. Elle a dit qu’elle me rappellerait. J’ai fui, disant qu’elle me laisse un message sur le répondeur.
Téléphoné chez Capin pour « Bianchetti ».
Nicole Ricard m’a écrit une lettre : mauvais signe…
Tout ça me flanque un cafard pas possible, cet après-midi, comme je n’avais plus connu depuis longtemps…
Je mets et remets sur l’autoradio : « Don’t you worry ‘bout a thing… » → une séquence : un type remet 132 fois le même morceau… Ce que ça révèle en lui…
(17h25)
Là, tout de suite, dans ce café, je pleurerais bien un coup…
On ne peut dire que l’indicible…
Au fond de moi, je ne me laisse pas prendre à mon personnage de faible malheureux…
G. ne cesse de me dire que je déclame… Si j’ai bien compris ce qu’il me monde, je suis d’accord avec lui…
J’ai toujours aussi peur d’elle…
En pensant à cette terrible peur, j’ai compris pourquoi j’avais pissé au lit…
J’avais fait sur moi, de peur…
Peur de ce surmoi fantastiquement tyrannique…
Paradoxe : pour ne plus avoir peur, je fuis… Mais alors je trouve la solitude. Pour ne plus être seul, je cherche l’autre. Je le trouve, mais alors je retrouve la peur… !
In « Cahiers du Cinéma numéro 330 » Article « Le dernier mot du muet » par Michel Chion :
« Par sa seule présence, quiconque se trouve confronté à lui (le muet) voit son propre savoir mis en doute, car le savoir est toujours partiel et le muet pourrait bien être celui qui sait « le reste »…
« Rencontrer le muet, c’est rencontrer la question de l’identité, de l’origine, du désir (…)
À ce titre, le muet est souvent un reproche ambulant… (Colette) »
« Il est parfois aussi, plus rarement, l’» objet du désir », dans la mesure où l’on n’arrive pas à vraiment le posséder : la femme aimée qui ne se livre pas dans sa parole… » (← lumineux…)
« Enfin, dans la mesure où il représente le reste, le dernier mot, le laissé-pour-compte, le muet est là pour justement « ne pas venir », pour signifier un doute, un creux, un manque… » (← souligné par moi. J’ai souvent (parfois) écrit sur le vide que recouvrait peut-être, tout simplement, le silence de C. Sur cette image (encore) de la mort, du néant…
Fuir…
« Filer ailleurs… »
(Filer le parfait amour
ou
du mauvais coton…)
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Un personnage « fait » du cinéma avec de la radio…
Il projette sur un écran une image noire et place la radio au-dessus (ou derrière ?), Radio diffusant un dialogue…
09/12/1980 Mercredi
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
(Salon d’attente, chez G.) (première fois je, je crois, que j’écris sur ce carnet dans ce lieu…)
J’ai appelé Carmen hier soir. Lui ai dit que la seule idée d’entendre Colette me mettait à l’envers, me flanquait des brûlures d’estomac.
Lui ai dit de lui dire de ne pas m’appeler, que je savais ce qu’elle voulait et l’apporterais (Carmen me l’avait dit), que j’avais toujours attendu que Colette me parle autrement et que je souffrais qu’elle ne me parle que pour des papiers, des objets, des choses comme ça…
Or, ce matin, Colette m’a appelé. Ai enregistré la conversation (moins le début où elle a dit : « On va jouer longtemps au chat et à la souris… ? »)
Dominante de son discours : « Il faut être raisonnable » id est : elle a ignoré délibérément la part d’explication de mon refus de l’entendre pour considérer seulement ce refus et y résister.
10/12/1981 Jeudi
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – femmes – pascale
Suite du 09/12 : Elle appelle à la maison pendant que Rodolphe est là pour embarquer les miroirs…
Elle veut me descendre elle-même les appuie-tête de la voiture et le sac marron. Je dis non. Elle insiste.
Quand on arrive rue Saint Vincent de Paul, elle le fait… Nous parlons, d’abord sur le trottoir puis au café…
– « J’attends toujours que tu me dises des mots gentils… »
– « Tu n’as plus rien attendre de moi… »
(…)
– « Je ne t’aime plus. J’ai appris à ne plus t’aimer… » et « Je t’en veux… (elle) »
(…)
– « Tu es dure…
– « Oui, mais qu’avec toi… » et « Tu es têtu parce que tu es plus ambitieux que moi… »
(…)
– Ma valeur : accepter de demander à l’autre, maintenant que je ne suis plus là, est-ce acquis pour toi ?
– « Oui »
– « Donc : tu vas demander à d’autres alors qu’avec moi, tu as refusé de le faire ? »
– « Oui. »
Fin de la conversation sur un désespoir chez moi.
Rodolphe lui a dit de ne pas descendre. Elle a voulu le faire absolument. Pourquoi ?
Pour tester son pouvoir sur moi ?
Pour me faire souffrir ?
Pour conclure l’histoire ?
Tout cela à la fois… ?
Depuis hier soir, c’est décidé : JE METS UN POINT FINAL…
Hier soir, Pascale au téléphone m’a dit : « Dis-moi quelque chose… »
J’ai compris ce qu’elle voulait entendre et j’avais envie de le dire :
– « Je t’aime… »
14/12/1981
VÉCU – femmes – pascale
Masse de choses, ces derniers jours…
Vendredi soir : dîner resto chinois avec Bertrand et des gens à lui. Esclandre. Conflit Pascale – Bertrand qui me retombe dessus car Pascale me reproche de l’avoir laissée insulter en public. Elle pleure dans la voiture. Me demande de la raccompagner. Ce que je fais. Elle me rappelle, me dit de venir dormir chez elle. Ce que je fais. Se réveille le matin toujours aussi mal. Me dit qu’il vaut mieux qu’on ne se voie pas pendant quelque temps.
Je pars, après un mouvement d’humeur (pas trop important, cependant). Elle me rappelle car Syriaque s’est inquiété de savoir s’il venait chercher Agnès avec moi comme prévu (petite culpabilisation de sa part vis-à-vis de lui).
Bref ça se tasse.
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – femmes – pascale
Vendredi après-midi, il y avait eu un coup de fil. Pascale avait répondu. Voix de femme. C’était Colette.
Le samedi, elle rappelle. Elle veut que je vienne embrasser Krystelle pour son baptême. Rendez-vous en bas.
J’invente un mensonge à Pascale, qui le sent mais ne dit rien.
Je vais au rendez-vous. Je vois Krystelle. Il y a aussi, au début, Ernest mais il s’en va.
Je suis heureux de voir Krystelle. On s’embrasse beaucoup.
Colette m’embrasse et me dit qu’elle a envie de moi. Me dit aussi qu’elle m’a menti le mercredi et qu’elle m’aime toujours.
Me propose de rester avec elle. Je dis que je ne peux pas et propose un autre rendez-vous pour le dimanche soir. Elle accepte.
Le soir même, pendant que je suis en train de faire l’amour avec Pascale, elle appelle pour que je vienne.
Je dis non, gêné.
Pascale le sent. J’essaie de mentir disant que c’est un copain.
Elle ne se laisse pas prendre et je dois lui dire la vérité (sauf que j’ai rendez-vous avec Colette le lendemain.)
Pascale, déçue, veut me quitter dès le lendemain matin.
On fait l’amour (fort.) Elle me dit dans l’amour : « Salaud… »
Le lendemain, de son travail, elle m’appelle : « Je veux te dire que je t’aime et que je tire un trait sur tout çà… » Je trouve cet appel très beau.
Elle m’invite à dîner chez elle le soir…
Je téléphone à Colette pour reporter le rendez-vous à ce soir (lundi) elle dit : « Non, si c’est comme ça : tant pis… Si ça ne s’est pas fait, c’est que ça ne devait pas se faire… »
J’insiste : « Réfléchis. Ne ferme pas la porte que tu as ouverte. On s’aime… » Je dis que je viendrai de toute façon au rendez-vous.
Ce soir, j’y vais, après une séance où je m’endors presque, fuyant dans le sommeil
– G. = « Il y a deux femmes qui vous désirent et qui se jalousent et ça vous préoccupe beaucoup. Dans cette situation conflictuelle, il y a une part de vous qui aimerait dormir… » ( A rattacher à : Colette m’a désiré parce qu’elle était saoule, elle ne sera pas comme ça ce soir et moi j’ai sommeil donc… » – « Votre phrase n’est pas finie… » id est : La part de moi qui voudrai dormir, c’est le sexe ? Dormir = réalisation fantasmatique du désir sexuel.
Je vois Colette.
Après un début de conversation quasi « mondain » (Les films qu’on a vus, les spectacles), elle me raconte le plateau de télé avec tous les regards braqués sur elle, ça me rend jaloux, elle le sent, me dit : « Ton visage est un livre ouvert, il faut que tu changes, pour toi… »
Elle embraye sur Danielle et Fabienne, me reprochant de l’obliger à fuir, de lui faire manquer son travail (elle a accepté une semaine d’intérim à Eutelsat et le regrette, elle a décidé de ne pas y aller mardi ni mercredi mais redoute de se retrouver face à Marine le vendredi.)
À partir de là ça dégénère sur les vieux thèmes.
Seule « nouveauté » : « Jamais aucun homme n’aura un pouvoir sur moi. Personne. Ma fille seulement… »
Je révèle ce qu’il en est de ma vie nouvelle en dehors d’elle.
Elle me mène en bateau, comme elle sait si bien le faire à propos de la sienne, me laisse dans le doute un moment puis dit qu’elle n’a pas fait l’amour.
Je dis que j’étais prêt à rompre avec Pascale pour elle. Elle : « Tu es maso alors ? Tu es prêt à rompre avec une femme qui t’apporte ce que je ne te donnais pas… ? »
Je deviens violent ( mais quand exactement, je ne sais plus) Moi : « L’amour avec toi c’est unique ! Pourquoi tu ne me dis pas pareil ? » Elle : « Quand je le ferai, toi, ce sera unique… » Je parle de Pascale, de mes rapports avec Agnès, des miens avec Cyriaque.
Elle reprend : « ça va très bien marcher (en gros) »
On se quitte comme ça : Moi : « Merci pour tout » (agressif, amer) Moi : « Aucune autre femme, ça ne sera toi… » Voilà pour l’anecdote. Elle : « Ne nous quittons pas comme ça… Sois heureux parce que tu le mérites… »
Alors ?
Bilan.
Je ne peux faire autrement que la fuir. La revoir, être en face d’elle me ramène inéluctablement à la violence.
Ça, c’est une chose à reconnaître : l’impossibilité de dépasser la relation. Seule solution : la couper.
Trop de connivence entre nous dans la destruction.
Mon entente sexuelle actuelle avec Pascale me rappelle celle des débuts avec Colette, où, il y avait réciprocité.
J’ai gâché ça, pour la répression de mon désir via la « question » appliquée à Colette.
QUE CELA ME SERVE DE LEÇON…
Voilà l’important. L’important, c’est l’avenir. Accepter ma sexualité.
15/12/1981
(12 h)
VÉCU – ÉCRITURE – PROJET « L’APPARTEMENT-TÉMOIN» – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS » – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Lettre de Nicole Ricard : refus pour Bianchetti. Petite déprime bien que prévisible et prévu.
Manque d’originalité, personnages caricaturaux. C’est vrai.
Je me pose le problème de ma création.
Elle est à sec depuis longtemps.
Je vivote. Je me laisse aller à un train-train incolore et sans saveur.
Retrouverai-je l’énergie de la création ?
Ce matin je traîne dans l’appartement. Je suis triste
Aujourd’hui je me sens minable, rabougri, miteux.
Je ne cesse de repenser à mes erreurs.
Mais voilà : c’est toujours la même chose : je ne repense qu’aux miennes.
Et puis, ça veut dire quoi « erreur » ? Par rapport à quelle vérité ?
Encore un coup du surmoi.
Ca n’est pas un hasard si je suis comme ça après avoir vu Colette.
Culpabilisante,. Véhémente seulement pour le faire des reproches.
Merde. Merde. Ca me révolte.
J’essaie, en tout cas, de me secouer mais c’est dur.
« Un champ de ruines », voilà comment elle voit aujourd’hui notre relation.
Négresse. Impossible d’évacuer ça, dans cette manière de voir le monde comme oppressif et ce refus de subir un pouvoir…
VÉCU – PROSTITUTION – PORNOGRAPHIE – SOCIÉTÉ – CINÉMA – GODARD – RÉFLEXION
Je regarde (plus ou moins) à la télé un « Aujourd’hui Madame » sur la « réinsertion des prostituées ».
Certes la prostitution me gêne, quelque part, me dégoûte : ce fait qu’une femme fait quelque chose (d’aussi important que l’acte sexuel) mais, comme le dit Godard, ce peut être autre chose : par exemple, un travail. Mais je fais quand même la différence entre travail et sexe. Faute de quoi, comme dit Godard, la prostitution est partout. Ce qui se tient d’ailleurs.)
Donc : qu’elle fasse quelque chose qu’elle ne veut pas faire, parce qu’elle y est contrainte. (À noter le parallèle entre ça et la pression que j’aurais aimé exercer sur Colette, qui s’y est, en fait, dérobée).
Mais :
Alors ? Sinon supprimer intégralement la prostitution ? → Plus d’image du désir ? Plus de putes, mais aussi : plus de films pornos, plus de photos pornos ?
Nous serions renvoyés à la réalité de notre vie sexuelle.
Et alors ? Problème des fantasmes.
Ils existent, dans les cerveaux, image de nos désirs (même chez les femmes), la prostitution, la pornographie ne sont que la concrétisation de ces images, de ces fantasmes.
Supprimer la concrétisation ne se priverait pas les fantasmes.
Le commerce s’est greffé sur un besoin, celui de concrétiser ces fantasmes, ces images.
Le sexe n’est pas que réel. Il est aussi imaginaire.
Onirisme de la pornographie.
Mais il faut dénoncer la contrainte.
Seulement : où commence-t-elle ? Où finit-elle ?
Peut-on établir un pourcentage d’approbation, chez un être, par rapport à une activité ?
Je pense que j’aimerais revoir « Deux ou trois choses que je sais d’elle… »
VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Je repense à la discussion d’hier soir : elle : « J’ai jamais joui… » Réaction d’incrédulité chez moi. Je sens qu’elle pousse un poignard nouveau en moi. Elle : « J’aurais pu jouir plus… »
Maintenant il faudra accepter cette idée qu’elle ait une sexualité en dehors de moi et dont je ne saurai rien.
C’est irrémédiable après hier soir.
Moi : « Il faut que tu fasses l’amour…
– C’est vrai que j’ai dit à Marc : « Il faut me présenter des gens, je veux connaître des gens nouveaux… »
Une idée quelque part en moi : que les choses pourront changer quand elle aura baisé ailleurs. Encore un mythe… Quand je disais ça à Fabienne, elle trouvait ça fou…
Il est vrai que ça peut être aussi la concrétisation du détachement….
Tout en Colette est gouverné par la possessivité, par la jalousie (même quand elle lutte contre, ce qui n’est qu’une approbation par déni) : quand elle me reproche d’être une « livre ouvert », que ça se voie quand je souffre, que j’aie peur de tout le monde, que je sois enclin à la culpabilisation, sans parler des questions proprement sexuelles : tout cela indique qu’elle est jalouse que je formule ma demande affective en dehors d’elle.
Mais elle ne veut pas l’admettre, bien sûr
RÉFLEXION – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Je regarde une scène de suicide à la télé et je me dis qu’on ne peut voir cela, à chaque fois que cela est représenté. Qu’on ne peut le plus souvent que regarder, faute de s’investir trop violemment et même qu’on fait de cette nécessité vertu : on se plaît à regarder seulement. Rôle de l’image comme protection contre la réalité.
Cela me questionne (et me répond quelque peu) sur ma fréquentation et ma production des images…
19/12/1981
(Samedi 23h50)
VÉCU – CARNETS
Je voulais noter. Rien noté
21/12/1981
ÉCRITURE
Un titre : « Le promeneur du désir… »
VÉCU – FEMMES – pascale –PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Eu l’idée tout à l’heure (je suis réveillé depuis cinq heures du matin), plus que je ne pouvais pas faire le thème astral de Colette (je lui ai demandé l’heure de sa naissance, elle ne la connaît pas et sa mère, avec tous ces enfants, ne sont sous viendrait probablement pas) de faire une analyse graphologique de son écriture par quelqu’un de sérieux.
Ceci montre combien est fort mon désir de la connaître (Pensé aussi, d’ailleurs, à questionner G. – je me voyais vraiment m’asseoir près de lui pour lui demander sa, dans une relation différente, moi disant quelque chose dans le genre : « Je peux avancer dans mon analyse mais permettez-moi de le faire en me révélant ce que vous pouvez savoir de Colette d’après les fait don vous avez pris connaissance… »)
À peine ai-je écrit cela, en l’écrivant même, je me rends compte combien c’est illusoire et qu’au surplus un G. a déjà répondu à cela de lui-même au cours d’une séance : « Pour des raisons qui lui appartiennent et que j’ignore, elle vous donne la réplique » (c’est l’idée, en gros) pour faire fonctionner des mécanismes répressif, destructeur, etc…. ») Position de l’analyse : « J’ai déjà du mal à me dépatouiller dans vos représentations mentales pour, en plus, m’embarquer dans celles de votre partenaire (quand je parlais d’une analyse de Colette par lui…)
Bien. Résumé des derniers jours : Vendredi après-midi : message de Colette aux « Voyageurs de l’histoire » : elle veut que je la rappelle. Je le fais. Me dit qu’elle veut me voir. Parle du soir même. Je ne dis pas non, intégrant ainsi implicitement le problème que ça va poser avec Pascale, que je dois voir le soir précisément.
(Le midi, Pascale a vu Jean-Louis chez elle et lui a dit qu’elle était avec quelqu’un. Ce qu’il a refusé de croire.
Colette arrive au rendez-vous, dans un café, me dit « On va pas rester là, tu m’emmènes dîner ? » On va au Gît le cœur. Elle parle. Je ne dis presque rien, l’écoutant. Elle le remarque. Je dis : « Ce qui compte c’est que tu parles, que tu sois bien. » Elle me dit : « C’est important, ce que tu dis, parce que tu n’as pas toujours cherché a ce que je le sois… » Je reconnais que c’est vrai. Elle parle beaucoup d’elle. Raconte conversation avec Arthur, où il lui a dit : « Tu n’es pas une éclatée comme tes nièces, ne t’occupes pas de tes fesses, occupe-toi de développer tes capacités intellectuelles. »
Elle me dit que c’est cette conversation qui l’a fait me voir. Elle me dit qu’elle veut me déculpabiliser.
À la fin du repas, on remonte-en ? Je dis que j’ai envie de danser. (On s’embrasse dans la voiture.) On se fait refouler au « Flash-back », on va, au flan , à l’Aventure (Av Victor Hugo.) Grâce à ma carte de réalisateur, on peut entrer. Je danse. De temps en temps, sur la piste, je l’embrasse. Sur la banquette, je l’enlace. Mais je veux parfois garder son regard et il se dérobe. Je lui écris sur un paquet de cigarettes : « Ce soir, rien de ce qui est autour de nous n’a d’importance… » Elle le lit et ne dit rien. Un serveur le ramasse.
« On s’en va quand tu veux » dit-elle. Elle est fatiguée. Je la ramène chez sa mère.
Là, dans la voiture, je lui dis qu’il est temps qu’elle comprenne qu’elle se fait du mal, qu’il faut qu’elle accepte d’exprimer sa demande affective ; que je ne veux plus la voir si ce n’est pour qu’elle me dise cela. Elle insiste pour me rendre les clefs, alors que je ne veux pas. Elle me dit : « C’est trop tard (…) Je ne peux pas te rendre heureux (…) Sois heureux avec cette femme… (Là je deviens véhément – pas violent – pour lui dire que c’est elle qui compte (« Comment faut-il te le dire ? » –> (Je trouverais la réponse…)
À un moment, on parle de Krystelle et j’éclate en sanglots, en l’appelant, en disant qu’elle me manque. Elle pleure aussi. La conversation se termine sur l’idée d’Agnès heureuse. Elle sort. Je baisse le carreau et lui crie : « Pas n’importe comment… Avec toi… »
À noter pendant le repas : « Je ne vais pas me donner à toi puisque tu t’es donné à d’autres… » et aussi : je pleure en silence, larmes silencieuses sur mes joues.
Je rentre. Message de Pascale qui n’a pas gobé le mensonge que je lui ai fait. A ce moment, j’ai déjà décidé de rompre avec elle, ce que je fais le lendemain matin quand elle m’appelle. Voilà où j’en suis. Pendant tout le week-end, j’ai hésité, si je devais ou non faire savoir à Colette, que j’ai rompu avec Pascale.
ÉCRITURE
On ne met pas l’oiseau en cage, on met la cage autour de l’oiseau… (2014 : from Internet : pas fait) (inclus dans Manuscrit « L’homme que les plantes aimaient »)
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Je prends conscience des contraintes que j’ai fait peser sur elle et sur moi. (Repris plus tard.) Elle me manque. J’ai envie de faire l’amour avec elle.
(12h40. Café les Comédiens)
Je ne sais plus mais je crois que, pendant le dîner au Gît le cœur, elle s’est penchée vers moi pour un baiser…
Est-ce là qu’elle m’a mordu ? Je garde le souvenir de ma douleur sur ma lèvre…
Autres souvenirs : dit au restaurant : « Elle a de la chance la femme qui est avec toi… » Puis : « Et aussi du malheur… Je ne suis pas là pour te lancer des fleurs… »
Dans la voiture (avant ou après que j’aie pleuré ?) Elle s’est allongé la tête sur mes genoux (mais c’était incommode et elle n’est pas restée.)
Mais le geste est là. Tous ces gestes, tous ces mots que je n’ai pas voulu voir…
22/12/1981
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – femmes -pascale
23h35. (mardi)
Je rentre de repérage à Montreuil-Bellay. Hier, je lui ai envoyé une lettre où je lui disais que j’ai rompu avec Pascale.
« J’ai rompu avec elle. C’est moi qui l’ai fait, pas elle.
Je ne l’ai pas fait pour faire pression sur toi.
Mais parce que mes sentiments sont pour toi.
Je ne voulais pas le voir. » Je l’ai vu.
Hier soir, j’avais envie qu’elle soit là. Je lui ai écrit une lettre – que je n’ai pas envoyée (car en fait, j’attends) où je disais combien elle me manquait. Aujourd’hui, toute la journée (longtemps en voiture, sur la route.) Je n’ai cessé de penser à toute notre relation. J’étais mal, angoissé. Je me demandais si je trouverais un message d’elle, en rentrant, une réaction à la lettre. Il n’y en a pas eu ce soir.
Et voilà ! Je me suis dit toute la journée que tout le problème entre nous venait de ma demande envers elle, qu’il ne fallait plus que je sois en demande et à peine arrivé, constatant qu’elle ne s’était pas précipitée pour établir un contact, je me suis retrouvé déçu, malheureux et je lui en ai voulu. Pourtant j’avais bien envisagé l’éventualité de ce silence. J’avais essayé de m’y préparer. Mais restons calmes : peut-être a-t-elle essayé de m’appeler (huit appels au compteur) et, tombant sur le répondeur, a-t-elle préféré ne rien dire, voulant m’avoir directement pour une telle réaction ? Alors voilà : attendre. Et si elle ne réagit pas, ne pas avoir peur de l’interroger mais calmement, sereinement, sans peur.
(Ne pas oublier le cadeau de Noël à Krystelle)
A l’instant, Hedi m’a appelé. Je lui dis : « Je suis quand même ébranlé » Il ne dit rien et me souhaite une bonne nuit. Voilà un exemple de silence que j’ai mal vécu, pourtant il n’est pas « mal chargé » (chargé de mal) La sollicitude est parfois muette.
Ce silence, je l’ai rapproché de celui de Colette et j’ai eu honte devant les gens qui ne parlent pas.
23/12/1981
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
(2h)
Je n’arrive pas à dormir. J’ai acheté hier, comme ça, sur le titre, un bouquin de Roblès, « Le Vésuve » Il raconte l’histoire d’une passion stoppée par la faute de l’homme. Mais sa faute est ici bien plus noble que la mienne : elle ne veut pas qu’il fasse la guerre et lui oui (La guerre aux nazis) La femme, (Silvia) change d’attitude, elle n’est plus passionnée, tout se résume là. Mais il a accepté cela, il accepte sa froideur, même sexuelle et ils se marient.
Et voilà. Cette nuit me semble importante. Une part de moi se prépare à la rupture définitive avec Colette. En fait cette rupture est déjà effective.
Comment expliquer cela ? Je ne sais pas très bien.
Pourtant une autre part de moi espère de toutes ses forces que la première se trompe.
Mais cette passion des premiers jours, des premières semaines, comment nier qu’elle est éteinte ? Éteinte comme la lampe bleue qui éclairait nos étreintes.
Étreintes, éteintes.
Voilà tout.
Et qu’y a t-il en face pour nous ?
À la place ?
A la suite ?
Pour elle, comme pour moi, ce qui continuera de nous interroger l’un et l’autre, c’est cette notion de trahison qui nous a habités, elle pour la subir et moi pour la commettre…
1982
05/01/1982
écriture – IDÉE scénaristique
Cache à l’intérieur du cadre (cache noir qu’on promène devant caméra pour lui indiquer le cadre :
06/01/1982
ÉCRITURE
Notre amour : la rencontre d’une paire de gants de boxe et d’une armure de bataille : caresses pas faciles… !
10/01/1982
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
(Dimanche nuit)
Premier week-end avec Agnès depuis les vacances de Noël.
Ce soir, longue conversation téléphonique avec elle (la combientième ?) Hier j’avais sangloté au téléphone dans la cabine d’un café. Ce soir elle a laissé éclater son ressentiment à mon égard à propos de ma relation avec Pascale.
Je note en vrac, comme ça des pensées. Je n’ai pas envie, une fois de plus, de noter par le même détail (dans tous les sens du terme) des choses.
« Je suis fragile »
Ce dont je n’arrive pas à me dépêtrer c’est de la contradiction entre sa fragilité réelle et son apparence de force.
Mais, comme on n’a jamais qu’une apparence des choses, comment sais-je qu’elle est réellement fragile ?
La question qui se pose : comment connaît-on l’autre ? Réponse possible : la seule que je connaisse : Parce qu’il est humain comme nous, de la même espèce, id est qu’il a le même psychisme. On retrouve en lui des choses qui sont en nous.
A quoi vois-je qu’elle est fragile ? Parce qu’elle n’a pas confiance en elle. Tout vient de là.
« Tu m’as montré que j’existais, que j’étais quelqu’un… »
« Il y a des choses que ne peux pas comprendre en moi, ça, tu ne veux pas l’admettre » ( A propos des conversations intellos où – dit elle – je la tiens à l’écart. « Tu ne me regardes jamais. Christian lui, regardait Marine » – « Ça, c’est parce que je suis noire. Il y a des différences entre noirs et blancs ». Est-il vrai qu’il y a des choses chez l’autre qu’on ne peut pas comprendre ?
La colère en moi, pourquoi ? Par peur. Il est possible qu’elle ne me fasse plus peur. Si elle m’apparaît comme un être fragile dont les punitions qu’elle m’inflige ne m’atteignent pas.
Mais le temps passe, fuit comme de l’eau et je perds mon temps à me protéger au lieu de jouir.
« Je ne peux pas te rendre heureux. Je voudrais n’avoir jamais eu à te connaître(…) Je voudrais disparaître de ta vie »
= Culpabilité immense. « Je me dis que je suis folle. Et puis non : puisque je m’occupe de ma fille… » (un peu de baume sur la blessure de la culpabilité.)
Lequel des deux culpabilise le plus l’autre ? Lequel se sent le plus coupable ?
Moi : « Comment as-tu passé ces 3 mois ? » Elle : « J’ai réfléchi. Au début j’ai pas dormi. Je ne t’ai pas « voulu » (Réponse à une question), je t’en voulais trop (remarque : vouloir-en vouloir) mais j’ai essayé de comprendre. Tu faisais les choses parce que tu étais malheureux »
Moi : « Défends-toi. Bats-toi » Comment le pourrait-elle, elle qui est persuadée d’être vaincue d’avance.
La voilà sa fragilité. Sa culpabilité. Son sentiment d’infériorité. Son autodestruction. Moi je me bats pour que je ne sois coupable. Je me défends. Je plaide. Mais elle ? Elle est « nette » comme elle dit. Irréprochable. Alors elle m’en veut ou bien (l’un vaut l’autre, l’un est l’envers de l’autre), elle se dit que j’ai agi, que je l’ai trahie parce que j’étais malheureux, parce qu’elle me rendait malheureux. Parce qu’elle était « inapte »- vaincue d’avance. Elle ne peut donc se défendre. Elle est sans défense ou alors agressive. Malheureuse de toute façon. D’un malheur sans sanglots, contrairement au mien.
Sa fragilité est dans son manque de conviction.
Conviction-confiance : en elle-même
11/01/1982
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Ce matin, au téléphone : « Je suis un homme gai… »
Elle : « Parce que tu as vu que je tenais à toi puisque je te faisais des scènes… »
14/01/1982
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
(vendredi)
Ce matin, longue conversation au téléphone (que j’ai enregistrée) d’où il ressort que « ma demande affective est étouffante » Cela, je le savais depuis toujours mais, au terme de ces trois ans et plus, il y a une sérieuse remise en question en moi à cet égard mais immense difficulté pour accepter cette constatation et surtout : Pourquoi la remplacer ? Comment transformer mon attitude ?
Je sens que la seule solution – si l’on peut rester ensemble – serait de moins lui demander, tout en restant disponible, mais que c’est difficile ! La réaction instinctive, devant un telle demande déçue, est de se détourner, plein d’amertume et de ressentiment.
Mais cela non plus elle ne le veut pas. Il faut naviguer entre ces deux extrêmes, se tenir dans ce chenal étroit, seul chemin vers le large et le soleil sur la mer (le Père et la Mère ?)
Ce matin j’ai repensé à ces paroles d’une chanson de Gainsbourg, ce chantre du cynisme : « Et tes larmes n’y pourront rien changer » J’ai repensé à mes sanglots.
23/01/1982
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Hier, soirée à quatre avec Marine et Christian.
A la fin de la soirée, on vient prendre un verre à la maison et fumer un joint.
Première fausse note pour moi : Christian veut passer la main sous la jupe de Marine qui se dérobe. Je la traite de « connasse »… Je regrette la violence du mot et entre dans un flip style « Je suis maladroit »
Deuxième grincement : Colette me dit : « Danse pour moi » : mal comme j’étais déjà, je me suis paralysé. Là c’est le flip : « Je danse mal. Je ne peux pas croire que se soit vraiment un plaisir pour elle de me voir danser… »
Colette réitère sa demande puis veut danser un slow avec moi. Je me fais prier puis y vais mais danse mal.
Elle me dit : « Tu n’as pas envie de danser ? » On se sépare. Peu de temps après, je dis à voix haute, pour tout le monde, pourquoi j’étais mal (incidents 1 et 2.) Colette se tait. Marine dénonce mon volontarisme dans cette affaire et, à un moment, me traite de « con » Je pars dans la chambre. Je m’emporte quand Colette vient me rejoindre, parce qu’elle me laisse seul.
Je reviens dans le salon.
Bref, je passe les péripéties : gifle de Colette – « On ne va pas épiloguer : tu n’es pas le centre du monde » Tout le monde me trouve injuste. On se retrouve seuls au lit. Silence. Colette : « C’est dramatique… » Je pleure. Elle : « Sur quoi tu pleures ? » Je parle, lui reprochant de ne pas s’être accrochée pour me prouver le plaisir qu’elle trouve à me voir danser (notion de preuve capitale.)
Alors que je ne m’y attends pas, elle me frappe violemment au visage (j’en ai encore les marques) et entre dans une violente crise d’hystérie. On se bat violemment.
On ne dort presque pas, je voudrais faire l’amour mais elle est trop fatiguée et s’endort. Au réveil, je repars sur le mode : « Alors, pourquoi tu ne fais pas de gestes ? » On fait l’amour mais il nous reste un goût de sang dans la bouche.
Je la dépose chez sa mère après lui avoir dit : « Je ne veux pas te revoir avant que tu sois comme je veux (id est donnant des preuves) »
Elle part sans un mot. Je la rattrape devant chez sa mère « C’est tout… ? » Elle : « Je reste sur ce que tu m’as dit : que tu ne voulais pas me revoir avant de… etc… » Elle m’embrasse. « Appelle-moi tout à l’heure on discutera »
L’après-midi, j’ai envie de ne pas appeler. Je dors un peu. Me réveillant, je me dis qu’elle a peut-être voulu appeler et ne l’a pas fait car il y a Agnès. Alors j’appelle.
Au cours de cette conversation, je retiens :
– « Je ne raconte pas d’histoires : je ne serais pas toujours disponible… »
– « J’ai besoin d’être aidée. Tu voudrais m’aider mais tu ne peux pas : tu as trop de problèmes »
– « Tu vas flipper, mais c’est vrai que s’il n’y avait pas Krystelle, je foutrais le camp »
– « Je suis le cul entre deux chaises. Tu ne supporterais pas le dixième de ce que je supporte… »
– « Je me dis parfois que tu m’utilises »
– « Je vais avoir trente ans, c’est pas une vie pour une femme. Je voulais faire des choses, pourquoi ne pas avoir droit à ça… »
– « Je te donne des preuves mais tu ne les entends pas… » « Quand ? » « Hier soir quand je t’ai demandé de danser… »
Après elle parle des enfants. De l’impossibilité de prendre Krystelle avec ces crises.
Parle d’Agnès, disant qu’elle avait dit à Marine qu’elle était prête à voir Agnès mais qu’après cette nuit… Elle parle d’Agnès, disant qu’elle ne parle sûrement jamais d’elle, que c’est tabou, qu’elle se souviendra d’elle toute sa vie… Qu’elle ne parle jamais de Krystelle, qu’elle en est jalouse, alors que Krystelle voudrait revoir Agnès et qu’elle cherche à imiter sa « grande sœur »
Elle dit aussi : « Si tu pouvais regarder au fond de moi, tu serais surpris : tu y trouverais beaucoup de désespoir… »
– « Je suis très malheureuse… »
Moi, de mon côté, je m’acharne à réclamer un « supplément de preuves… »
Je lui ai dit ce matin : « L’amour n’est pas la science. Dans la science, lorsque la preuve est établie de la vérité, cela suffit. Dans l’amour, non… »
Cette conversation nous renvoie dos à dos, une fois de plus.
Je lui dis et c’est ce que je pense vraiment, si je dois ne pas demander de preuves à la femme d’accord, mais alors je n’enchaînerai pas ma vie à une femme… Seulement : je vois se rouvrir l’abîme de la solitude.
Une conversation pareille, après une nuit pareille, me persuade que ne n’est pas possible. C’est moi pourtant, moi seul, qui parle de rupture mais, quand je la provoque ainsi, elle relève le défi.
Ce soir, j’ai appelé. Après pour lui parler. J’ai enregistré la conversation sur cassette. Je lui ai dit que Colette me manquait, qu’est-ce qu’elle dirait si je la revoyais. « Je ne dirais rien si elle s’occupait de moi, si elle me faisait des câlins, etc… »
Ultime tentative de montrer à Colette qu’il y a des gens, dont Agnès et moi faisons partie, qui ont besoin de preuves.
Ce qu’elle n’a pas nié, au cours de la conversation disant que c’était humain, mais que je ne savais pas voir les preuves que je recevais…
02/02/1982
MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
« Vous avez peur d’accuser Pascale… » Je me souviens de ces paroles de G. et je me dis qu’elles s’appliquent aussi à mes rapports avec Sophie.
Il me semble que ma peur, dans les rapports humains, n’est pas la peur des autres mais la peur de moi-même, de cette part de moi agressive, vindicative, dont je redoute la violence, dont je crains toujours qu’elle ne se réveille… Et cette peur, je la déplace sur les autres.
Or la vraie question est : quelle est l’origine de cette pulsion agressive refoulée ?
Lors de la dernière séance, G. m’a asséné (?) cette vérité : je haïssais Bobby en même temps que je l’aimais…
17/02/1982
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Ce soir, seul à la maison. Colette est allée à un concert avec un « ex » à elle : Christian H….
Suis fatigué, un peu bourré (whisky) Depuis quelques jours : Une affaire importante : cette proposition d’un séjour de six mois au Gabon…
Rencontré ce soir l’intermédiaire : Flavien R.
Ai posé mes conditions. On verra bien ce qu’il y sera répondu… Cette éventualité de départ entraîne une série de questions :
– l’analyse interrompue pendant six mois ?
– partir sans Colette ?
– Partir avec elle et Krystelle ?
– Sur place : quels contacts ?
Seul véritable attrait l’argent.
Mais est-ce vrai ? N’est-ce pas aussi, une autre vie… ?
Aujourd’hui téléphone avec Colette : « Si je te mettais au pied du mur et si je te disais : tu viens ici avec Krystelle… Que répondrais-tu ? Elle : « J’accepterais pour ne pas te perdre… ça ne suffit pas ? » Moi : « Non ça ne suffit pas il faut avoir envie de construire… » Elle : « Alors oui : si je fais ce pas, ce n’est pas pour s’arrêter après… »
On parle d’Agnès. « Tu n’oses pas lui dire que tu es revenu avec moi… »
Elle ne parle pas d’elle. De ce qu’elle a à faire…
Éternel problème. Je lui en veux de ne pas me dire clairement : « Je vais le faire… » J’en ai envie.
Comme : « J’ai envie de toi »
L’autre jour (dimanche dernier il y a donc quatre jours) : longue conversation sur la recherche des preuves du désir de la femme chez l’homme (chez moi, mais je généralisais. En ai-je le droit ?)
Je n’ai jamais encore dépassé ça, cette recherche des preuves
Je stagne.
Professionnellement aussi… (cf. Dominique m’exprimant son peu d’enthousiasme pour « Mélissa », ce qui m’a fait flipper…)
18/02/1982
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Aujourd’hui au téléphone avec Colette, un lapsus lumineux, lacanien comme pas possible : ( A la place de « Je n’ai pas ce que je veux… » dit : « Je n’ai pas ce que j’obtiens… »
Illustration éclatante du mot de Lacan : « Dans l’amour, on donne ce qu’on n’a pas et on demande ce que l’on a… » Je vérifie les deux moitiés de cette phrase : la seconde avec ce lapsus, la première avec toute cette illusion que je fabrique, tout ce que je brasse… Qu’est-ce que je propose d’autre à une femme que d’entrer dans l’illusion avec moi ?
Quant à ma demande, elle consiste à vouloir posséder Colette, comme je le formule précisément : qu’elle ne puisse pas ne pas faire (un geste, dire une phrase, se passer de moi, etc…) Je sais que je poursuis l’impossible et ma colère ne fait que s’en augmenter d’autant, au lieu de se résorber. Voilà ce qui m’inquiète, me préoccupe : la conscience ne supprime pas la pulsion. (Pulsion de possession – d’agressivité)
Souvent j’ai dit à Colette : « Dis-moi : Ce soir on va faire l’amour… ! » (Pour « m’aider » à attendre.) Aujourd’hui, elle me l’a dit et j’ai dit : « Ne dis pas ça. Je préfère que tu me le dises, sur le moment… » Contradiction. Insatisfaction perpétuelle. Je ne me dépêtre pas de l’autre (car c’est ainsi en dehors d’elle comme avec elle.) Je ne m’intéresse pas. C’est pourquoi je ne peux être qu’en demande par rapport à l’Autre car la solitude ne peut être pleine pour moi.
22/02/1982
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – femmes – pascale
Week-end crucial. Samedi soir, allés au cinéma puis dîné chez Marine et Christian. Pendant la soirée, alors que j’allais mal (parce qu’elle m’avait dit : « J’ai le droit de parler. Il faudrait que tu te mettes à l’ordre du jour… » Ces mots m’avaient fait entrer dans un flip durable aiguisé, au moment où Colette et Marine, se sont mises à danser, par un « air extasié » de Colette qui me faisait me sentir jalouse (extase solitaire # extase dans l’amour.)
Elle me dit, venant me rejoindre dans la pièce à côté où je m’étais mis à lire (distraitement) « L’eau en poésie » : « Non. Je veux qu’on soit bien. (Elle se met à genoux pour me prier.) Puis : « Ça tient à un fil. Arrête. Je vais te dire quelque chose qui va te faire très mal… » Elle me le dira après qu’on soit partis, parce que dispute dans la voiture et veut descendre. Elle descend, me jette : « Oui je t’ai trompé… » Je la fais remonter et on va à la maison. Là commence une nuit blanche (on ne dormira pas du tout.) Je suis d’abord calme, sensible à ses larmes car elle pleure. Puis elle parle du soleil qu’elle a dessiné chez Marine, un soleil rouge. Elle dit qu’en psychanalyse c’est le symbole du père. Elle dit qu’elle a voulu le faire rouge. Je lui demande ce que ça lui évoque : elle dit « Le sang, la mort. » Je dis : « Et la colère ? » On dit : « Rouge de colère… » Elle dit : « Je sais pas. On dit pas ça chez nous… » Je démarre une colère sur ce « chez nous » que j’oppose à « Il n’y a pas de place ici pour C…. » (Pas de place rue de la Chine.) Je deviens violent. Elle se referme, pleure. On joue au terrible jeu habituel : l’un vient vers l’autre à tour de rôle, chacun sa façon, suivant son tempérament.
Elle parle de me quitter, disant : « Cette fois, c’est différent… » Je réponds qu’elle m’a trompée pour se donner une raison de me quitter.
J’exprime mon horreur devant cette idée.
Tout le temps, je manifeste l’attente d’un geste qui témoigne qu’elle ne veut, ne peut pas me quitter.
Ce geste viendra de la façon suivante. On s’embrasse (dans la cuisine), commence à s ‘échauffer. On va faire l’amour dans le salon, sur les coussins (j’avais évoqué cela, disant mon souhait qu’elle le « mette en scène »…) Mais dans l’amour, je la sens loin, réticente même, quand, je lui mets la main au cul. Elle répond, quand je le dis, que c’est depuis « ce matin » C’est que le matin, je lui ai dit : « Oui, je vis dans la peur (à propos de mon coup de fil à Pascale sur lequel j’ai menti, disant que c’était « un comédien »…) et je suis allé chercher dans la penderie la pile de journaux pornos que j’y cachais… A ce propos, elle dit : « C’est trop pour toi, pour moi (…) J’ai mal pour toi, pour ce que tu as du passer pour en arriver là… » puis plus tard, je dis que c’est parce que ma vie sexuelle avec elle ne me satisfaisait pas, face à ce que je lui disais « Dis-moi que tu as envie de faire l’amour avec moi… » Elle dit que non, que c’est un réflexe chez moi… Bref. Il y aurait beaucoup à écrire sur ce problème de ma masturbation et la vision qu’elle en a. Donc, pendant qu’on fait l’amour, je sens sa réticence et sors d’elle, entrant dans le silence après avoir dit : « C’est pas bien… » Elle fait couler son bain et là me convie à venir l’y rejoindre. J’exprime ma joie devant çà. On se caresse dans la baignoire. On fait l’amour (très bien.)
Je dis, la prenant par les épaules : « On change ? » Elle me répond : « J’ai déjà changé » Le soir on rentre après être allés chez sa mère où son père avait fait la cuisine, on baise devant la télé allumée (très » close », encastrés, les langues se mariant très fort.
Le soir, il nous semble évident (on ne l’a même pas décidé mais on en parle pour le faire) que nous allons prendre Krystelle avec nous et que nous allons vivre ensemble.
03/03/1982
VÉCU – AGNÈS – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE
(2 h)
Après un beau week-end (Agnès revu Colette et Krystelle. Bien passé. Agnès bien parlé. Bons rapports Agnès – Colette, mais Krystelle : problèmes (mandarine – Agnès pas voulu qu’elle la suive).
–> ce mardi soir : Colette m’agresse sur le fait que j’ai parlé de notre vie sexuelle et au-delà elle m’agresse sur mes rapports avec Danielle –> on rentre chez sa mère, elle veut rester. Je le prends mal. Discussion sur le palier. Comme je parle de François, elle dit : « C’est pas pareil » et s’apprête à fermer la porte.
Je la pousse violemment. Sa mère : cris (comédie) –> discussion avec sa mère. La discussion en vient au mariage. Colette parlant de mon nom : « Il est partout… » Je la gifle. Violence chez sa mère !
Je rentre, lui criant dans la cour : « Abandonné » Ici, j’appelle au téléphone. Plusieurs coups de fil. Tantôt moi, tantôt elle (J’en enregistre une grande partie. Sauf la fin : « Tu peux m’appeler demain, si tu veux… » et moi : « Je ne t’appellerai pas », à ceux de ce « Si tu veux… »
Une immense colère est en moi.
Après tout ça : masturbation.
Je me demande s’il n’y a pas dans cette conduite obsessionnelle, une perversion : si l’ordre véritable n’est pas 1 – masturbation 2 – colère, car cette colère est manifestement une punition que je m’inflige. Donc la punition précèderait la masturbation (ou l’acte sexuel car souvent après la colère envers Colette je cherchais à accomplir cet acte.)
Masturbation originaire (dont l’acte sexuel ne serait qu’un substitut) dont je me punirais par avance.
La masturbation a souvent (toujours ?) été vécue par moi comme une consolation.
Là, je ne vois plus très bien.
Je sais qu’il y a dans tout cela beaucoup de malheur et de solitude.
Peur de la colère en moi : peur de la punition ?
2h30)
Je n’en peux plus. Il faut que j’arrête c’est sans solution. Je m’acharne à occuper – contre tout le monde – la place du Père que je ne suis pas. Après ce soir c’est plus que jamais impossible. Je suis disqualifié.
Ma colère est toujours en moi. Je ne sais plus à propos de quoi (je pourrais le retrouver : c’était au téléphone et j’ai enregistré) elle m’a dit : « C’est ton problème et pas le mien… » Les mots me mettent en rage pour tout ce qu’ils impliquent de séparation acceptée par elle, quel qu’en soit l’objet.
(17h45)
Rentré à la maison. Tournage annulé, mauvais temps. (Restau sur place pour déjeuner. Au cours du repas retrouvé réellement Stefan à qui j’ai dit : « Tu m’as manqué… » Tout ça nimbé du désespoir habituel, de cette impression de fin du monde propre aux moments de rupture.)
A peine suis-je rentré, téléphone : c’est elle : elle est surprise et me dit qu’elle voulait me laisser un message, me disant : « J’arrête de travailler cinq minutes pour t’appeler et t’embrasse tendrement… » Je dis que c’est un beau message puis-je demande ce que je dois faire (après un silence) si je dois faire comme si j’avais écouté le message et raccrocher ? Elle dit que oui. Je le fais.
Je rappelle, il y a peu de temps pour lui dire que je ne comprends pas le message, que je ne sais pas quoi faire. Elle me dit qu’elle non plus. Je demande si je dois me contenter de ça… « J’aurais pu ne pas t’appeler. Mais tu ne m’aurais pas appelé… » – Je dis oui et qu’elle sait pourquoi, que je l’avais dit. Je dis qu’elle aurait pu ne pas m’appeler mais qu’inversement elle aurait pu m’en dire plus. Je dis qu’elle me manque, elle répond : « Toi aussi » Je demande pourquoi elle ne l’a pas dit la première ? On parle de Marine qui m’a parlé de ses problèmes sexuels, disant qu’elle se sentait anormale. Colette : « Comme toi, je t’ai anormalisé alors que tu es normal… »
Je plaide sur :
– le besoin d’amour (donner et recevoir.)
– Danielle : une fiction
– Jean M. mais dont elle a parlé ouvertement ( alors que j’avais parlé à Danielle « en douce », ce dont j’ai honte.)
Elle dit : « Je n’avais pas le droit de t’attaquer sur tes désirs parce qu’on est tous humains… »
– Je parle de François.
Elle m’a dit qu’elle me rappellera de chez sa mère.
Je rappelle lui demandant pourquoi elle n’appelle pas d’une cabine, en rentrant du travail ?
04/03/1982
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
(10h20)
Suite : elle m’appelle me disant qu’elle est avec Marine qui veut venir à la maison. Je pleure parce qu’elle ne veut pas venir.
Elle dit qu’elle a rendez-vous avec Christian H..
Je dis…
Bref : résumons.
Elle sort le soir avec Christian H.. M’appelle pour me dire qu’elle reste chez sa mère.
Le matin m’appelle et me dit qu’elle a été frustrée et voulait rester avec Christian H. et raccroche. Je rappelle (conversation enregistrée) et au bout de plusieurs coups de fil, dis : « On se sépare » tant que tu ne viens pas à moi (en gros…)
Elle : « d’accord ».
(14h30)
Toujours vouloir prouver quelque chose, voilà mon fardeau.
Mes problèmes avec mon image.
Quand je me retourne sur le passé je ne vois que ça : une volonté de me construire une image et des réactions (y compris violentes) parce que je n’y parvenais pas.
Je lui demande de me prouver quelque chose, elle aussi, de vouloir le faire.
Mais ce que je sais c’est combien le monde est vide sans elle.
« Tout ne peut pas venir de moi » ai-je dit oui, j’aurais voulu qu’elle ait des gestes.
Je voudrais qu’elle souffre comme moi en ce moment, qu’elle ressente la déchirure d’être séparée de moi et qu’elle ait besoin de moi.
Mais…
c’est elle qui me rejette : comment pourrait-elle me rechercher ?
J’en garde l’espoir et j’ai l’impression d’être entré dans une épreuve de forces à laquelle je ne suis pas préparé car j’ai trop besoin d’elle.
(18h)
Je viens de comprendre :
Je l’ai trompée (je l’ai trahie) elle estime avoir le droit de le faire aussi.
Elle en a envie.
En même temps, elle me punit et de venge du ressentiment qu’elle a à mon égard à cause de cette trahison.
Elle ne peut et me tromper et venir à moi, en même temps, cela la culpabiliserait trop. Aussi elle est ravie que je lui donne l’occasion, par cette rupture, de le faire. Elle se sentait piégée hier soir par la « superposition » Christian-Moi.
C’est pourquoi aussi elle me charge au maximum pour justifier ce ressentiment.
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
18h10. Elle vient d’appeler, interrompant ces lignes, pour me transmettre un message de Marine au sujet de la cassette vidéo pour Polac et pour me demander : « ça va ? Qu’est ce que tu fais ? » Comme je lui réponds que j’écris sur elle, elle me questionne pour savoir quoi. Je refuse. Elle dit : « Ok. Bon, je m’en vais. Bye Bye…
08/03/1982
(Matin, en voiture, allant au tournage)
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
L’idée, comme dit G., que je vais « avoir le dessus » en montrant mon malheur (en pleurant, par exemple) bien de ce qu’ainsi je pense la culpabiliser, c’est-à-dire la faire être comme moi, dépendant à la culpabilisation (parce que jugé est content sur le juge pour m’absoudre.)
(19h20 En attendant séance – tabac Obligado)
Semaine noire que celle qui vient de s’écouler… Violence chez sa mère. Elle sortie avec H. vendredi soir : Violence la plus forte depuis le début ? Coup de fil à son père et le lendemain son père au téléphone me traitant de lâche et d’enculé.
Ce dont je prends de plus en plus nettement conscience c’est ma manière de fonctionner :
– Je lui attribue le rôle de juge (qu’elle accepte d’ailleurs) pour me culpabiliser et
1 – je demande au juge de m’absoudre
2 – (contradictoirement mais simultanément), je souhaiterais que le juge devienne accusé cherchant à se disculper, comme moi. Mais le juge s’y refusant (parce que s’estimant « sans fautes » ou parce que tellement imprégné de culpabilité qu’elle ne cherche même pas à se débattre contre), je rentre dans une rage terrible et transforme de moi-même le juge en accusé en le punissant (violence.)
Ce qui m’apparaît de plus en plus nettement c’est l’impossibilité radicale que ce que je désire se passe. Par contre, ce qui me frappe (si j’ose dire) c’est qu’elle reste avec moi. Il est vrai qu’on a frôlé plusieurs fois la rupture et que c’est chaque fois moi qui ai rattrapé les choses ou tout du moins qui ont attrapé les perches fragiles qu’elle me tendait. Mais il est vrai que cette question demeure : « Pourquoi est-elle avec moi malgré tout ? »
Réponse possible :
1 – à cause des preuves que je continue à accumuler « et qui agissent quand même
2 – Parce que me quitter serait pour elle ? une culpabilité (celle du désir) qu’elle dénonce chez moi
3- Parce que ma culpabilisation à son égard fonctionne quand même (inverse du 1 -)
10/03/1982
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME- 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE
Oui, si elle reste avec moi c’est parce qu’elle sait que la situation à laquelle je suis affronté (la mainmise de sa mère sur Krystelle, ce qui la fonde et ce qui en découle…) ne peut être dénouée, qu’elle est terrible pour tout le monde et que non seulement j’en souffre journellement mais de plus j’endosse sa propre souffrance dans cette situation.
Elle ne peut être dénouée car seule elle-même, Colette, pourrait le faire, or elle se l’interdit (non-agression) de sa Mère.)
Et pourtant, je reste, acceptant cette situation, tout en souffrant. Nous sommes liés dans cette interminable attente qui ne peut prendre fin, littéralement, puisque seul un souhait de mort exaucé à l’encontre de sa mère pourrait y mettre fin et il n’est pas question de formuler ce souhait.
Ainsi, à mon égard, faut-il qu’elle justifie ma disqualification (qui m’interdit la prise en charge de Krystelle) pour pouvoir maintenir les choses en l’état indéfiniment. Si ce n’est des échappatoires (les vacances avec la petite ou les rêves de « foutre le camp » ou même le voyage au Gabon.) Ainsi : ma violence qu’elle a laissé se créer par la « séparation des cerveaux », me renvoyant à la solitude de la souffrance créée par ma culpabilisation, accentuant cette dernière d’ailleurs, afin de justifier cette méfiance fondamentale en elle, liée à l’Abandon et par volonté de punir tout le monde (elle et moi.)
12/03/1982
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME- 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE
(vendredi 10h30)
Qu’écrire ? Il y aurait tant de choses… !
Je note simplement pour fixer les évènements dans des dates : cette semaine :
Lundi : elle reste à la maison rue de la Chine encore un 3ème jour, à cause des plaies et bosses qui la défigurent. Elle écoute les cassettes contenant les enregistrements de nos coups de fil (et ses insultes du vendredi soir.)
Ça repart comme ça, cahotant (lundi soir en rentrant, je trouve Carmen à la maison.)
Mercredi soir : en arrivant chez sa mère, elle n’est pas là… Elle est au café avec Carmen. Elles me disent que son père a parlé à sa mère, que sa mère a parlé de la violence chez elle. Que son Père est monté contre moi, que Laurent ne veut plus que je vienne là.
Cette opposition qui se généralise l’incite à se mettre de mon côté. Mais le soir, en rentrant, parce que je lui reproche de ne pas avoir ramassé une photo d’Agnès tombée du mur (et parce que je ne veux pas venir voir son visage dont la peau pèle par allergies aux pommades anti-coups) elle s’en va, revient, me traite de salaud et de lâche. Je lui parle, lui dis que j’ai peur de ce qu’elle provoque en moi, de ce que je provoque en elle.
Hier : jeudi. Je rencontre Raymond, qui voulait me parler. Il découvre ma violence, qu’il ignorait et que rien n’excuse.
Dans la journée, la mère de Colette est hospitalisée. Je passe le soir mais je me sens si mal, si coupable que je m’en vais. Elle m’appelle à la maison.
Je lui dis qu’il faut qu’on se parle sérieusement, ce matin ou au déjeuner. On en est là. Tout ceci n’est que l’écorce, la surface des choses.
LECTURE – RÉFLEXION
« Il n’y a que 2 grandes tragédies dans la vie. L’une de ne pas satisfaire son désir, l’autre de le satisfaire… » (Oscar Wilde)