Carnet 23 – Du 11 septembre 1980 au 10 mars 1981
11/09/1980
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE
Ce soir, dans la chambre de Papa…
Je me retrouve face à moi-même.
Longtemps que je n’avais pas écrit ainsi sur un rectangle de papier format scope vertical…
Agnès est couchée à côté, dans la salle à manger de Maman.
Se retrouver, sortir de la possession.
Une leçon.
Liberté, bien précieux.
Bilan à faire, de 2 années (à quelques jours près.)
Quelle est la force qui m’accrochait ainsi à elle ?
Souviens toi de ça : cette perpétuelle obsession.
Désir de conquête : c’est ce qui se dérobait qui t’attirait. Et ces angoisses invraisemblables, ces torsions d’estomac, ces vertiges, qui me laissaient titubant, sans force, sans goût pour quoi que fût.
Et puis cette croyance au pouvoir des mots, comme un pouvoir magique.
Cette perpétuelle espérance, ce refus de voir.
Et ce trop voir – au contraire – l’autre face des choses : la passion (la sienne, la mienne, mais ce n’étaient pas les mêmes.
Silencieuse, renfermée, obstinée, injuste, non généreuse.
Agnès, le « rendez-vous manqué » dont je lui ai parlé. Ce rendez-vous auquel elle n’est jamais venue (le seul d’ailleurs).
Elle est partie dans la nuit de mardi à mercredi, vers 2 ou 3 heures du matin.
Elle a appelé son père qui est venu la chercher et l’a emmenée, avec sa fille.
Je n’aimais pas cette enfant. Je ne peux pas dire que je l’aimais. (souligné par Colette qui a lu ce carnet) Elle m’émouvait parfois, j’avais envers elle des élans mais elle était trop fermée, déjà, trop fuyante, pas assez sincère. Elle le restera.
Pourquoi écrire tout cela ? Ça n’a plus d’intérêt. Ce qui compte, c’est d’élucider ce qui peut l’être, une fois le calme revenu.
Je me dis avec un immense soulagement que je suis enfin sorti de cette situation où mystérieusement je me sentais toujours à la fois devoir lui rendre des comptes, (d’autant plus qu’elle n’en demandait pas.), me sentir incapable d’être celui qui aurait été bien avec elle et l’aurait fait être bien, penser qu’elle avait raison, qu’elle avait tort, lui en vouloir jusqu’à la rage et la violence, souffrir et lui en vouloir de ne pas réagir à cette souffrance, de ne pas la voir, de ne pas la vivre et qu’elle puisse ainsi se cadenasser dans son silence, dans son sommeil.
Souffrir. Pourquoi est ce que je souffrais ainsi sans cesse, aussi facilement ?
Parce que je la sentais loin de moi, irrécupérable ou récupérable au prix d’une démarche de ma part qui, chaque fois, m’humiliait et que j’étais incapable de ne pas recommencer sans cesse, me disant si c’était une simple relation sans conséquences, j’accepterais le non-contact, mais je me suis engagé avec elle et avec la (*) femme avec qui je vis, cela n’est pas possible et je crois que j’ai raison et si un contact réel profond et permanent n’est pas possible alors il ne faut pas vivre avec quelqu’un.
(* : Nier cela aurait été me renier et je n’ai plus en d’autre issue à mon déchirement que de la punir de ne pas souscrire à ma conviction, alors que dès les premiers signes j’aurais dû la quitter, mais son corps était là, sa peau luisante et lisse, ses longues jambes, ses lèvres et son cul.)
Je m’acharnais à la posséder et c’est ce qui m’a fait rester avec elle, c’est la constatation même de l’impossibilité d’obtenir une chose, (sa spontanéité, son ouverture) qui m’a fait la désirer, c’est à dire vivre avec elle, donc m’a mis en contradiction avec moi-même (puisque je sentais que ce contact qui était pour moi une fin aurait du être un départ.)
En face de moi qui voulais ça, elle, elle voulait quoi ?
Quelqu’un qui à la fois la fasse évoluer, la « sorte » et en même temps la prenne avec armes et bagages (mère – fille – personnalité propre.)
Mais moi je n’étais pas « un homme à elle », j’avais un passé, une fille, les choses n’étaient valable qu’à sens unique, ce que moi je devais accepter, elle ne l’acceptait pas, elle.
AGNÈS – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE
Elle n’a jamais accepté Agnès, l’hostilité d’Agnès elle n’a non seulement jamais, pas une fois, cherché à la faire disparaître (impossible pour elle, hors de question de se faire aimer) mais même ça l’a bloquée dans sa susceptibilité (non seulement il faut que j’encaisse cette enfant du passé, mais en plus, elle ne m’aime pas !)(ou n’aime pas ma fille, ce qui est pareil).
Et quand, plus tard, Agnès a fait des efforts, pour moi, elle n’en a pas vraiment tenu compte. C’est vrai que ce ne sont que des efforts, et qu’au fond Agnès n’a jamais aimé Krystelle (ce qui se comprend malheureusement trop bien.)
Colette toute seule, Agnès aurait peut-être pu l’aimer (elle l’a appelée « Maman » ce qu’elle a relevé sans émotion.)(D’ailleurs elle l’a dit elle même : « Il aurait fallu qu’il n’y ait qu’un des 2 enfants… »)
Cette situation était impossible. J’ai cédé, lâchement, en gommant Agnès autant que possible, pauvre fou…
Mais au delà d’un certain point, ce n’était plus possible. Combien de fois ai-je donné tort à Agnès par rapport à l’autre ?
Et quand j’ai crié après Krystelle pour le couvercle de la boite à fromage (dérisoire détail), elle l’a appelée à elle dans la salle de bains. Reconstruction de la barrière que je m’efforçais de détruire en criant pareil après l’une qu’après l’autre. D’où : une nouvelle fois : démarche pour la récupérer . Colère. Violence et les larmes d’Agnès qu’elle n’a pas voulu voir.
Je lui en veux de cela.
On ne peut pas supporter une dépersonnalisation. On ne peut pas nier ses propres valeurs
13/09/1980
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE
(Samedi 21 h 35).
Tu es partie, ce matin.
Nous avons rempli ensemble, hier soir, des caisses, des cartons, des sacs où nous entassions tes affaires.
J’ai vu ainsi défiler notre vie ensemble.
Ce matin : camionnette. Chargement. Déchargement. Je ne suis pas entré dans la cour pour que la petite ne me voie pas .
Je suis allé au café. Tu es venue m’y rejoindre puis remontée pour chercher des affaires à moi laissées là haut. Puis, sur le pas de la porte : baiser sur les 2 joues « Au revoir. Bon courage. »
Je regarde Souchon ce soir à la télé : que des personnes qui parlent de souffrances et de ruptures et qui disent « qu’heureusement, le temps passe » quand ils ne disent pas qu’ils ont mal.
Comment imaginer que ma souffrance s’éteigne un jour ? La souffrance peut être mais pas le regret. Regret de n’avoir pas réussi. A cause de toi, de la vie mais à cause de moi aussi. Et pour cela, je me sens coupable.
J’ai été pour toi une tentative.
Après Georges, après Krystelle, tu as cru pouvoir avec moi faire ta vie avec un homme.
C’était ta chance.
Elle est perdue. On se l’est dit : c’est la faute de la vie.
Tu n’aurais pas eu d’enfant, je n’aurai pas été marié avec une enfant moi aussi : je t’aurais épousée, je t’aurais fait un enfant. Les choses étant ce qu’elles étaient, réussir ensemble était impossible : le passé de chacun de nous ne passait pas, pour l’autre.
Regret. Déchirure.
REGRET.
Je t’aime.
Je t’aime.
Pour la dernière nuit, nous avons parlé. (Tu m’as dit que tu avais lu ce carnet.) J’ai parlé, crié, pleuré, comme d’habitude. J’ai essayé de te faire comprendre que Krystelle, si elle avait été mon enfant, aurait été différente. (je veux dire même si seulement j’avais pu l’élever, moi.) Qu’elle était prisonnière de ta mère, comme toi.
Nous avons bu du rhum, mangé des épinards et des œufs, tu es allée t’allonger dans la chambre d’enfants (symbole : nous = enfants.) Tu m’as attiré (« Viens »), nous avons fait l’amour. Tu as ri puis, tu m’as repoussé, j’ai dit « pourquoi ? » Tu m’as dit « Pour le carnet… » Puis après : « Viens. Tu as le droit de jouir ». Je suis revenu. Puis je t’ai dit : « Allons dans notre lit. » Nous avons fait l’amour sur ce lit. Puis tu t’es endormie, j’ai lu (Godard), j’ai éteint. J’ai eu du mal à m’endormir.
J’écris, ça me soulage un peu. J’ai l’impression d’accoucher. Ce matin, tu m’as dit, en me caressant : « Tu ne me parles pas ? » J’ai dit : « J’ai trop de chagrin. »
Six mois de bonheur. Tu m’as dit qu’avec moi tu as eu « Six mois de bonheur. »
Quel est mon destin ?
Que me reste t il ?
AGNÈS – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE
Agnès accepte Marc, pas une autre femme pour son père : rivale de sa mère ou sa propre rivale…
Savoir maintenant que le rêve que j’avais : qu’elles s’aiment (toutes les trois) était impossible. (
Qu’est-ce qui s’est joué, là ?
Le soir où Agnès a eu sa crise de larmes en nous entendant nous battre.
Toute ma culpabilité est remontée. Revu les affrontements avec sa mère.
Eu l’impression que, dans ça, ni Agnès ni moi n’étions compris.
Pas compris ce lien du malheur entre Agnès et moi.
Ce lien tissé par ma culpabilité : coupable vis a vis d’Agnès, je ne suis pas libre vis a vis d’elle.
Comme si je m’étais condamné moi même.
J’ai essayé de m’en libérer, étant avec toi. Je me suis aperçu ce soir-là que ma culpabilité était entière.
Tu m’as poussé à m’en libérer.
Elle est restée là.
Et toi, ne te sens-tu pas coupable, toi aussi ?
Je ne l’ai jamais vraiment su.
On ne comprend pas une culpabilité qu’on ne vit pas. On croit toujours que les personnes s’accusent sans fondement.
Tu n’as pas compris, pas accepté ma culpabilité vis à vis d’Agnès.
Toi aussi, je crois que tu te sens coupable mais tu ne réagis pas à cette culpabilité de la même façon que moi.
Coupable et victime.
Moi, je ne me sens victime de personne.
Je sais que la parole de mon père m’a manqué mais je sais qu’il n’a pas voulu cela.
Et, ces derniers jours, ces derniers temps, j’ai senti l’échec. L’impossibilité de réussir.
Il faudra que je sorte de cette culpabilité. Il le faudra.
Je ne pourrai pas vivre autrement. Je ne pourrai pas vivre autrement. Mais pourquoi n’ai je pas pu en sortir avec toi ?
Pourquoi vouloir que tout le monde s’aime ? Pourquoi vouloir que nous fassions un foyer ?
Avais-je raison ?
Je ne pourrai plus jamais faire un foyer avec Agnès.
Pourrai-je le faire sans elle ?
T’occuper d’Agnès, l’aimer, ç’aurait été pour toi trahir ta fille.
Pareil pour moi, je ne pouvais pas faire un foyer sans Agnès et contre la loi de ta mère c’est à dire contre ta loi.
Il y avait trop de déchirements, trop d’écarts. Il aurait fallu qu’Agnès n’existe pas. Mais elle existe.
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE
Est-ce vraiment seulement quand ta mère sera morte que tu pourras commencer à vivre ?
Mais alors ne sera-t-il pas trop tard ?
Et moi, est-ce seulement quand Jocelyne revivra avec quelqu’un et quand Agnès aurait découvert l’amour (c’est à dire m’aura délaissé) que je pourrai commencer à vivre ?
Est ce que vivre signifie aimer ?
Aimer : s’attacher à un être.
Si je ne m’attache plus, cesserai-je de vivre ?
C’est vrai que j’aimerais séduire, plaire, être désiré et non aimer (je peux) mais, aujourd’hui, c’est, pour moi, te trahir.
Le destin nous a condamné à nous trahir.
Et je n’aime pas trahir.
Mais même si je danse, si je ris, si je couche avec d’autres, tu resteras la seule par ce qui a été nous.
Toi, la seule, toi, mon amour.
Mon seul amour.
Je ne cesse de repenser à ces lignes que j’ai écrites et que tu as lues : « Je n’aimais pas cette enfant… »
Je n’aimais pas ce qu’on avait fait, ce qu’on allait faire d’elle.
Elle, elle-même, comme tout enfant innocent, elle avait droit à mon amour, elle l’aurait eu. J’aurais mis de moi en elle, si on m’avait laissé faire.
Vais-je porter une culpabilité de plus, devant un autre enfant ?
Je pense aussi : comment prendra-t-elle ma disparition ?
14/09/1980
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
(11h 15)
Pris 5 somnifères hier soir et je me suis quand même réveillé de bonne heure, pensant tout de suite à toi. Je crois que j’en ai rêvé aussi !
Je suis là, près du téléphone, la main dessus pour ainsi dire. Pour appeler des amis. Appeler toujours. Cette démarche de demande, de quête désespérée. Pour entendre, pour trouver quoi ? Tu étais authentique, tu étais profonde. On ne retrouve pas ça comme ça.
Alors que reste-t-il ? Lire : pas envie. Musique : elle coule du poste, comme de l’eau dont on n’entend plus le bruit.
Mon film : écrire, rectifier les dialogues. Je le ferai c’est une bataille à long terme, les fruits que je peux en recueillir aujourd’hui sont encore bien verts.
Tout m’apparaît vide. Je n’ai rien à faire.
Est-ce ma nature d’être aussi malheureux, inexorablement ? Que mes pointes d’enthousiasme soient suivies de retombées ?
J’ai parlé du calme . Avant de te connaître, déjà. Tu as voulu essayer de me calmer.
Cocciante, à la radio, encore un coup de couteau : « Tu n’es pas là… » Cette voix cassée qui me fait penser à nos débuts.
Envie de te la faire écouter et je repense quand tu m’as appelé pour me faire écouter Stevie Wonder. Je n’ai pas su voir, pas su entendre.
Je ne savais pas qu’on pouvait recevoir de telles blessures.
Je me rappelle tes mots :
« Dès que je passerai cette porte, je commencerai à t’oublier… »
Je t’ai crié que je « je serais toujours là si tu as besoin de moi… » Mais tu avais besoin de moi.
Conversation avec Michel à l’instant que j’ai appelé pour lui dire qu’elle avait besoin qu’on l’aide financièrement. Dans cette conversation :
La passion est dangereuse.
La mère antillaise étouffe ses enfants.
On est peut-être destiné à être malheureux, non : à se rendre malheureux. C’est un choix.
Faire le calme. Se reposer.
Au départ il aurait fallu être plus ferme : rompre.
Il ne faut pas donner pour recevoir : cela crée des dettes morales.
La maladresse : il ne faut pas s’obstiner à être maladroit. Personne ne nous en sortira.
16/9/1980
17h50)
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Effrayante impression de solitude.
J’avais besoin de toi.
J’avais quelqu’un.
Je suis seul.
Tu me faisais la tête quand je rentrais tard. Mais j’ai voulu ça, aussi.
J’ai du mal à vivre seul.
C’est pourtant vrai qu’il faut apprendre à se passer des autres.
Mais je suis dépressif. Je m’arrange toujours pour souffrir. C’est vrai.
Est-ce quand je t’aurai perdue que tes leçons auront porté leurs fruits ?
17/09/1980
(0h45 )
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Je repense à ta phrase du dernier soir, quand nous étions assis tous les deux dans la cuisine : « C’est comme avant qu’on se soit connus… » (ou quelque chose comme ça).
Sur le moment, une fois de plus, j’ai mal interprété ça, j’ai pris ça pour de la nostalgie, pour une manière de rêver.
Non, je crois que tu disais déjà là ce que tu dis maintenant, en ce moment, ce que tu essayes de dire (et réussis peut-être, je ne sais pas.) : tu as tiré un trait, tu as annulé le temps passé avec moi. Tu reprends avant.
C’est pour ça que, parfois, mon fantasme m’apparaît dérisoire : le fantasme d’un jour, lointain où nous reverrons et où tu auras pour moi une faiblesse, où nous nous tomberons dans les bras.
C’est pourtant un fantasme, une vision qui revient plusieurs fois par jour.
Et aussi en ce moment : toi et un autre, toi riant avec un autre, troublée par un autre, tendre avec lui, parlant avec lui, l’écoutant, faisant l’amour avec lui, en vacances avec lui.
Si au moins je savais que tu gardes en toi une place à part pour moi…
Si j’étais sûr que tu sais combien je t’ai aimée.
Peut-il y avoir un amour plus fort que le mien ? Il était terrible, destructeur, douloureux, épuisant, mais c’était une passion.
Pourquoi quand je te disais : « Invente ! », ne m’as tu pas écouté ?
Il aurait suffi de peu de gestes.
Tu en avais pourtant, de très beaux : l’hôtel – nos petits anniversaires – c’est vrai, je t’en rends grâce – mais j’en ai eu aussi, tant et tant.
Est-ce que je t’aimais trop ? Un jour je t’ai dit cela et tu t’es rebiffée : non pas trop.
Je me rappelle ta phrase : « Je suis sur terre pour être gâtée, pour qu’on s’occupe de moi… »
Ma vision de toi avec un autre me revient : non, tu ne parleras pas avec lui (trop parlé avec moi), du moins je ne crois pas, je te vois maintenant dansant avec lui, appuyée contre lui mais ne parlant pas, justement, marchant simplement dans une calme promenade. Tout le contraire d’avec moi.
Et les gestes de l’amour que tu as avec moi, les auras-tu pour d’autres ?
24/09/1980
(21h15)
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE
Je crève.
Chaque journée est un désert interminable à traverser.
J’ai envie de venir te regarder, seulement, en me cachant. Simplement pour te voir, au moins te voir.
J’ai envie de t’écrire ou bien une lettre où je te demande simplement des nouvelles de la rentrée de la petite, de ton travail, du permis… Ou bien une lettre où je m’épanche, où je te dise combien je crève de toi, ou je te redise tout ce que tu étais devenue pour moi, seulement, pour me faire du bien, échapper à cette horrible, épouvantable sensation de ce qui est coupé entre nous
Non : que ce ne soit pas coupé, qu’il reste quelque chose… !
Seulement t’écrire, et que tu m’écrives, que j’existe encore pour toi, que je ne sois pas mort.
Pas mort pour toi ou bien une lettre (qui de toute façon te dira la même chose : que je ne veux pas que se soit coupé, que j’espère que ce n’est pas coupé pour toi), une lettre qui analyse notre histoire, qui revienne sur les choses pour pouvoir aller plus loin, toi comme moi.
Face à la demande que je te formulais me rassurer. Il y avait 2 barrières, une venant de moi : mon inquiétude tellement grande… une venant de toi : ton écrasement, ton refoulement.
J’ai souvent parlé de la première, de mon inquiétude ! Mais toi ? Ai-je vraiment pensé à toi * (la télé marche : quelqu’un, dans un film (une jeune fille) vient de dire (à un homme âgé) « Vous êtes le premier que je laisse m’embrasser… » – « Pourquoi ? » – « Parce que je pense que vous m’écouterez, que vous aimerez de moi ce qu’il y a de meilleur, pas seulement ce qui se voit… » On dirait un fait exprès, juste quand j’écrivais ça (*)
C’est ce que tu as joué avec moi. Et je n’ai pas su voir « ce qui ne se voit pas. » Ou plutôt j’ai su le voir, mais je t’en ai demandé plus. Je t’ai demandé de le faire voir et ça c’était à cause de moi, de ce que je suis.
J’espère changer.
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE – AGNÈS – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
Je veux reprendre ma psychanalyse.
Commentaire du 11 août 2015 :
Suite à une crise d’angoisse pendant mon service militaire, en 1970, j’avais fait un bref séjour au service psychiatrique de l’hôpital du Val-de-Grâce où les médecins militaires m’avaient dirigé vers un psychanalyste, le Dr G. avec qui j’avais ensuite entamé une analyse, interrompue sans résultats notables, au bout de moins d’un an.
– Commentaire écrit à 65 ans
Je ne peux pas vivre avec une vieille inquiétude, une telle angoisse, un tel besoin d’être rassuré.
Notre échec est donc ma faute.
Pourtant, tu sais bien, au fond de toi, qu’il faut toi aussi, te remettre en question.
Tu sens bien en toi qu’il y a aussi des difficultés qui sont à l’origine de notre échec.
Et tu en souffres.
Je n’ai pas assez compris combien tu souffrais, combien toi aussi, à ta façon, tu étais mal dans ta peau.
Chacun de nous deux comptait sur l’autre pour régler ses problèmes.
Mais on n’aide que qui veut bien être aidé. Pour cela, il faut d’abord affronter ses propres problèmes.
Je me sentais, par inquiétude propre, mais aussi par ton histoire à toi, avoir si peu de possibilités de te débloquer, que j’ai préféré plutôt que de renoncer et de te perdre, ne pas te poser les vrais problèmes, ne pas t’obliger au vrai choix : ta mère ou moi.
Nous l’avons seulement évoqué vers la fin il y a très peu de temps et la question était tranchée dans le temps même où elle était posée.
Le problème des enfants ne doit pas nous servir d’alibi, nous avions nos difficultés avant même qu’il se pose, c’est à dire avant même de vivre ensemble mais il renvoie aux autres :
Je veux être clair : partons de l’origine :
– si tu n’avais pas eu l’enfance que tu as eu, la relation avec ta mère que tu as eue – tes rapports avec moi auraient été différents, moins romanesques, moins « dramatiques », moins enfantins donc moins « enivrants », moins féeriques
mais
plus solides ; étant moins étouffée, tu serais plus venue à moi, par la parole, par les gestes, tu aurais pris plus d’initiatives, donc j’aurais été plus rassuré.
(Ce raisonnement suppose que de mon côté j’aie pu vaincre mes blocages, mon inquiétude. Autre affaire, que je n’oublie pas mais que je mets momentanément de côté pour faire l’hypothèse d’une autre Colette.)
Cette autre Colette prenant des initiatives, aurait pu prendre celle de soustraire Krystelle à sa mère.
Tu aurais ainsi résolu ton problème et le mien.
La réalité est différente :
Tu attendais beaucoup de moi. Tu me demandais d’être père sans que j’en aie les moyens.
Père d’opérette, je te l’ai dit.
Le père c’est celui qui fait l’enfant.
Comment s’étonner que je n’aime pas Krystelle, que je n’aime pas ce qu’on (ta mère) avait fait d’elle puisque faute de l’avoir faite avec mon corps, je ne pouvais même pas la faire avec mon cœur, mon esprit, mon temps, c’est à dire par l’éducation.
Sans doute est ce pour cela que tu n’acceptais pas, au fond, mon rapport avec Agnès : tu sentais bien que, bien que n’étant plus avec elle, j’étais quand même le père d’Agnès alors qu’avec Krystelle je ne pouvais pas le devenir, on m’en refusait le droit.)
Là, oui : j’accuse violemment. Et je te reproche d’avoir accepté cela
« Si tu fais ça, tu tues ma mère… » C’est sur le plan symbolique qu’il faut comprendre cette phrase : ça aurait été nier ta mère, la tuer, commettre un sacrilège.
Et pourtant, tu l’as dit après avoir lu ce carnet, après avoir lu mes lignes sur Krystelle : tu as repris mes mots : « Elle le restera » et tu as ajouté : « Et c’est grave… »
Tu sais, au fond de toi, que ni à toi ni à Krystelle tu n’as fait du bien, il n’y a qu’une seule personne à qui tu as fait du bien : ta mère !
(Repris le lendemain à 11h 30) :
Tu lui as fait un enfant.
27/09/1980
(23h30)
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
Être désiré.
Je me dis que lorsque l’on est désiré, on ne réalise pas ce qui se passe chez l’autre : c’est agréable d’être désiré, ça flatte mais le désir de l’autre ne suffit pas à provoquer quelque chose en toi. Il faut le désirer aussi pour qu’il se passe quelque chose.
Je pense à toi en ce moment et j’aimerai tant savoir que tu me désires, que je te manque, que tu as envie de moi…
Mais je sais comme en toi le désir peut être inexistant (ou refoulé, je ne sais pas. Je n’ai jamais su) je me rappelle quand tu m’as dit que tu avais joui, toute seule, dans ton lit, chez ta mère.
Différence de fonctionnement.
Comment est-ce que ça se passe pour toi en ce moment ?
Ne ressens-tu aucun désir pour moi ?
Refoules-tu ton désir bien que le ressentant ?
Éprouves-tu le désir de faire l’amour tout court, et vas-tu le faire avec d’autres ?
Il m’arrive de me dire : quelle importance, après tout ?
Tu feras l’amour avec d’autres, mais ça ne sera pas avec moi.
Pourquoi ne pas penser que je t’ai marquée autant que tu l’as fait pour moi ?
Le sexe, oui, mais il y a tant de façon de faire l’amour…
C’est pourquoi j’ai haï François parce que je sentais qu’avec lui, tu aimais ça… Plus que moi je n’avais aimé ça avec aucune autre avant toi.
Et c’est pour ça aussi que je n’aimais pas, quand nous faisions l’amour, que ton baiser (c’est par la bouche que passe l’âme, dit-on) ne soit pas aussi amoureux que je l’aurais voulu.
Rappelle-toi combien la bouche comptait pour moi dans les caresses.
La psychanalyse m’en apprendra sûrement d’avantage sur ce point. Mais je suis sûr, en tout cas, que cela dépassait les « glandes »
Je repense à ton message (à tes messages) au téléphone. Ainsi en « passant la porte » tu n’as pas décidé de « commencer à m’oublier… »
Tu n’as pas « tiré un trait », comme tu l’as toujours fait jusqu’ici.
T’entendre, te parler, m’a rendu heureux et m’a fait souffrir en même temps, comme toute notre relation, ni plus ni moins, une fois de plus.
Mais je me suis « mieux tenu » cette fois-ci, c’est tout.
M’appeler pour me « donner des nouvelles », c’est bien toi, ça. Toujours égale à toi même.
Gentillesse. Simplicité. « Pourquoi je ne lui donnerai pas des nouvelles ? J’ai tout de même vécu deux ans avec lui et ce travail, c’est lui qui l’avait cherché pour moi… ! »
Toujours la même, bien sur : toujours cette capacité de « dédramatiser les choses », d’avoir l’air, non : d’être normale.
Mais là est la question : est-ce être ou avoir l’air « normale », sans émoi, sans passion… ? Capable de rire avec Rodolphe tout en étant au téléphone avec moi.
Comment dois-je prendre cela ? J’avoue que je ne le sais pas.
C’est un pas , bien sûr. Ce n’est pas l’oubli total, l’effacement, comme pour les autres.
Mais n’est-ce pas plus terrible encore, cet échange de nouvelles, cette banalité (même si les sujets ne l’étaient pas : le travail, le permis, les enfants…) ?
Ah, c’est vrai que j’aimerais t’entendre me dire (ou lire une lettre de toi me disant) : « Tu me manques… »
Mais quel avenir ?
Et alors, l’avenir ?
Se revoir, se reparler, se retoucher, même comme ça, même pas chaque jour.
Juste ça, toi et moi, encore.
Quand je vois une antillaise qui te ressemble, dans la rue, mon cœur bat plus fort d’un seul coup !
C’est vrai, c’est tout à fait toi de reprendre contact avec moi comme ça, pour donner des nouvelles du boulot à TF1…
Mais je sais ce que ça veut dire, comment c’est dit.
Tu ne diras pas les choses autrement. J’ai voulu changer ta parole.
Elle est tienne , elle est secrète, il faut le code !
J’ai souffert, je t’ai fait souffrir de n’être pas sûr d’avoir le code, d’en être inquiet, jusqu’à l’angoisse, jusqu’au malaise.
Insécurité, combien tu m’as fait de mal et combien tu m’en as fait faire !
Sécurité, quand me sentirai-je en sécurité ?
J’ai décidé de reprendre mon analyse.
Pourquoi ne pas se revoir comme au début ?
Ca existe, les couples qui ne vivent plus ensemble, sans se séparer… !
On se verrait assez souvent, deux ou trois fois par semaine…
Pourquoi pas ?
Pourquoi pas, mon amour ? Mon cher amour, ma Colette, ma douce Colette, mon tendre amour.
Je te chéris tendrement. Je te prends dans mes bras, je te berce.
Je pose un baiser sur ton front.
Être avec toi, avec toi ! Que tu sois là, près de moi.
Mélancolie.
28/09/1980
(9h 30)
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE
Ce matin, je me réveille en pensant à toi.
Je suis encore sur mes pensées d’hier soir.
Il y à des moments comme ça ou des choses qui étaient incertaines à d’autres moments m’apparaissent sûres : ce matin, je suis sûr que la « normalité » de ta parole n’est pas feinte, qu’elle est réelle.
Là où moi j’ai toujours été « en transes », agité, tendu, toi tu es calme, détendue, « normale ».
Ce n’est pas une attitude de circonstances, c’est ta réalité psychologique profonde. C’est ainsi depuis toujours et avec tout le monde.
Devant les agressions du monde qui te faisait douter de toi, avoir peur du monde, tu as choisi depuis toujours, depuis l’enfance, cette attitude-là : offrir au monde un visage lisse, sans faille, sans prise. Une « normalité » qui est devenue, comme l’habitude, une seconde nature pour toi.
Je t’ai dit quand nous nous sommes quittés : « Si tu as besoin de moi, je serais là… »
En fait, tu m’appelles, je suis là sans que tu aies besoin de moi.
Ce matin, comme si souvent : sentiment d’infériorité, d’inadaptation.
Ce sentiment qui me détourne du monde, qui me paralyse, qui m’a fait ne pas me sentir à ta hauteur, cette agitation interne désespérée.
Désespérée parce que ton calme à toi me renvoie, m’a toujours renvoyé à mon trouble à moi.
Le fondement de nos problèmes est là : tu me disais : « Acceptes notre différence. »
Je ne pouvais pas, parce qu’elle me renvoyait à mon « anormalité. » Je me sentais seul, alors. Seul à être ainsi jeté toujours plus loin sur le chemin d’une violence qui grandissait, s’exaspérait de ne pouvoir être transformée en calme.
Toi, si « maîtresse de toi » je t’en voulais de l’être, non pas de l’être « en soi » mais par rapport à moi.
Parce que je me disais qu’il fallait forcément qu’un des deux se base sur l’autre : ou bien toi sur mon agitation, pour « craquer », pleurer, me supplier et ainsi me rendre à la normalité, me disant ainsi : « Tu vois, tu n’es pas anormal, moi aussi je suis comme toi, je te ressemble, nous sommes fait de la même chair, de la même pâte, je vibre aussi pour toi, tu me troubles aussi et pour toi j’abandonne toutes mes règles, toutes mes défenses, je te veux, j’ai besoin de toi. »)
Mais non : tu souffrais, tu pleurais, mais en silence. Ou tu me disais que tu avais besoin de moi mais sans pleurer.
Mon analyste m’a dit, quand je lui disais : » Je sais que je vais ré-affronter avec vous, comme avec Colette, le silence… Il m’a dit : « Je pense que ce silence, c’est la mort. »
Autre solution : me baser, moi, sur toi. Calmer cette agitation, cette inquiétude, de façon que le silence ne soit pas vécu par moi comme inquiétant. C’est ce que j’ai essayé de faire au début, sentant qu’il le fallait parce que, te respectant, respectant ta différence, c’était moi que je remettais en cause.
Mais je n’y ai pas réussi : l’inquiétude, l’insécurité a été la plus forte.
Une femme si belle sur qui tant de regards se posaient (et d’abord le mien, fasciné, émerveillé, jaloux), une femme si maîtresse d’elle même : c’était trop dur pour moi. (Je m’aperçois, en écrivant, du sens de « maîtresse d’elle même »= plus maîtresse de toi que ma maîtresse : relation entre toi et toi plus forte qu’entre toi et moi.)
Je flippais dur en pensant combien il serait agréable d’être, comme François, par exemple, par ce que j’en savais, à la fois amoureux et suffisamment fort, armé par la vie, par l’expérience pour ne pas être inquiet, pour ne pas se sentir en sécurité (*), pour t’apporter des choses sans en attendre, sans être englué dans un système d’échange finalement mercantile, de l’ordre du : « Je ne veux pas perdre au change, je suis inquiet de me « faire avoir »… »
Combien aurait été agréable une relation qui ne soit pas un rapport de force mais c’est pourtant dans cela que j’ai glissé (et tu ne pouvais faire autrement que de m’y suivre, c’était dans la logique de cette solution-là, l’autre (craquer, t’agiter) aussi étant impossible pour toi, étant contraire à ton attitude depuis l’enfance, désir de ne pas « perdre la face ») : alors tu m’as suivi dans le rapport de forces.
Être un homme calme, attentif, disponible mais calme, fort, tranquille, faisant de la plongée, de l’aile volante, te baisant dans les parkings, sur la moquette à l’Hôtel Hilton, un homme avec qui tu avais envie de te refaire l’amour (tu me l’as raconté), de plus un homme te faisant « découvrir » la jouissance.
Trop, trop pour moi, ce modèle qui me hantait, cet idéal, cette perfection vers laquelle je suis mis à tendre, dans une recherche désespérée de l’image à laquelle il fallait ressembler et qui t’aurait convenue, ce qu’il te fallait.
Conjonction de nos 2 personnalités : ce n’était pas toi qui étais responsable de tout cela, tu ne voulais pas, tu l’acceptais parfois, parce que parfois c’était agréable, tu le refusais parfois parce que tu sentais combien c’était difficile pour moi et pour toi, pour toi parce que je te faisais payer cela par mon agressivité, par ma violence parce que, constamment, je me sentais en train de faire des efforts pour atteindre cet idéal, je me sentais, moi, bougeant, cherchant, éperdu, agité, m’investissant, et tu m’apparaissais d’autant plus immobile, égale à toi-même, ne faisant pas d’efforts alors que j’en faisais, moi, d’où : un sentiment d’injustice, d’inégalité parce que, constamment, l’autre solution me revenait comme une espérance : toi me disant, par une passion aussi inquiète que la mienne, que je n’étais pas, dans mon fondement, dans mon être, anormal ni malade, que ce que je vivais comme une faiblesse : mon insécurité fondamentale, n’était pas une faiblesse, en fait, et que j’avais droit au statut d’homme même si je ne faisais ni plongée, ni aile volante, même si j’étais bavard, fumeur, intellectuel et tout et tout ce que je suis, même si au fond de moi j’avais peur.
Cette peur, cette insécurité, tu aurais voulu les calmer, les entendre, tu aurais voulu me donner de la force (d’ou : « Ferme les portes, n’aie pas besoin des autres, suffis-toi à toi même, je suis là, c’est assez. »)
Mais, comme tu le disais dans la colère : « Je ne suis pas Anne, ni personne, ni aucune des femmes que tu as connues, je suis Colette C., née à Fort de France le… etc. »
Tu refusais la dépersonnalisation.
Moi j’acceptais la mienne en ce sens que j’ai dit : je voulais être un homme qui « t’apporte des choses sans en attendre… »
Ça, c’était mon idéal.
Je l’ai vécu sincèrement, tu sais ça, tu le sais bien.
Il y avait de la beauté là dedans, j’aimais cette beauté, je voulais un bel amour.
T’apporter des choses, dans le domaine du quotidien comme dans les choses importantes, ce n’était pas une dépersonnalisation, cela fait partie de ma nature.
Mais « sans en attendre », c’était trop pour moi et c’est là que la laideur, le crasseux, le sale entraient en force dans notre histoire (« C’est pas beau, tout ce que tu me dis là ! » m’as tu dit.)
Ça ne pouvait pas être beau, j’étais trop inquiet, j’avais trop besoin d’être rassuré.
Là était la dépersonnalisation pour moi, le sentiment, mal vécu de l’inégalité dans la relation.
Tu me donnais, en échange, mais j’attendais autre chose.
J’attendais que tu dises que tu étais pareille à moi, que tu le reconnaisses, et que tu me reconnaisses du même coup, que tu t’abandonnes, avec autant de passion et de délice que moi, à mon vertige.
Mais ça ne venait jamais vraiment. Je sentais toujours que c’était moi qui perturbais une vie normale, à laquelle tu aspirais.
Alors ne pouvant atteindre au second terme : « sans en attendre », je me suis jeté à corps perdu, totalement, de tout mon être, physique, affectif et spirituel, dans le premier : « t’apporter des choses »… Et ça a été l’escalade du don, la surenchère de l’offrande, la surenchère dans la passion, dans l’obsession de toi : te donner, t’apporter, chaque jour, toujours plus, toujours mieux (et le flip terrible quand je n’y arrivai pas d’où : vomissements quand tu as exprimé ton rêve que je gagne plus d’argent.)
Pourtant, sache que je sais combien tu m’as donné, toi aussi, de ton côté. Mais comme disait cette fille, Stella : « Tu donnes mais on ne voit pas que tu donnes… »
Or, je voulais voir, voir et entendre, car j’étais perdu dans le noir, dans la nuit, plein de peur, d’inquiétude, devant une vie à la hauteur de laquelle je ne me sentais pas.
(*) : noté le 24/07/2001 : (sic ! lapsus ! j’aurais dû écrire : « pour se sentir en sécurité » et non « pour ne pas se sentir » !)
29/09/1980
(9h)
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
Je n’ai pas fini les pages précédentes, j’avais d’autres choses à écrire mais j’ai interrompu et je ne reprendrai pas ce matin. Plus tard, peut être… J’ai encore d’autres choses à rajouter à ces pages.
Je m’aperçois combien à été forte notre relation : encore plus que je ne le croyais ! Et pourtant je la savais déjà forte, mais à ce point… !
Je me masturbe, bien sûr, de temps en temps mais, fondamentalement, aucune autre femme ne peut rien pour moi. Ca ne m’intéresse pas, ça n’existe pas.
L’idée de la psychanalyse est devenue centrale pour moi maintenant.
L’idée de m’attaquer au centre des choses, d’aller au noyau, de me remettre en question.
Il y a un premier degré des choses : l’apparence, et en dessous, il y a autre chose : fini le 1er degré.
On est piégé dans un code, un système qui vous oblige à fonctionner au 1er degré : convenances, bonnes manières, places précises que nous occupons dans la société et auxquelles nous restons…
Ca n’est pas l’important.
En dessous, il y a la peur.
Toi aussi tu as peur, comme moi.
Je n’ai pas assez bien compris cela.
Quand je t’ai dit un jour : « Tu ne sais pas combien c’est dur d’être un homme ! » Tu m’as répondu : « C’est dur d’être une femme. »
Je t’ai demandé alors de m’en parler, tu n’as pas voulu à ce moment là. Je t’ai demandé d’en reparler. Tu ne l’as pas fait, directement.
Ce genre de choses me frustrait, c’est vrai. J’aurais voulu que tu reviennes à moi pour me parler, revenir sur certains points, certaines choses. Ce n’était pas dans ta manière de fonctionner.
Mais n’était-ce pas précisément à cause de ta peur de sortir du 1er degré, de descendre en dessous et d’apporter des choses que tu préférais refouler, dont tu préférais ne pas parler, comme ton sentiment d’infériorité à toi aussi, ta difficulté à te mouvoir dans la vie. (Voir ton problème « avec l’espace. »)
De ta difficulté d’être femme, tu as parlé à plusieurs reprises, indirectement.
Une sorte de lumière, comme une aube encore froide, encore pâle, se fait en moi : dans tout mon immense désespoir, j’ai l’impression qu’en allant au bout de ce désespoir, je peux trouver, mais c’est encore bien fragile, bien tâtonnant, une sorte de calme : plus d’urgence que tu me parles, que tu manifestes, plus d’attente, sans t’effacer, puisque tu es là, en moi, mais
le sentiment qu’on peut ressentir :
d’avoir le temps…
Pauvre toi, ma sœur, ma semblable, qui mourra, comme moi, qui est née, comme moi,
qui a été une enfant, comme moi.
Au delà des passions, des disputes, des jalousies, des exigences du 1er degré
il y a en nous autre chose, au-delà des enthousiasmes de l’enfance et de la jeunesse auxquels il est dur de renoncer.
Il est dur de se sentir au seuil de l’âge adulte.
Je me sens sur ce seuil, encore hésitant, encore en proie aux regrets des souffrances mêmes qui accompagnaient les merveilleux enthousiasmes de ma passion pour toi.
J’ai l’impression de seulement commencer à te voir, à me voir, à voir l’Homme.
Je vais peut être t’envoyer ces pages, mais si je le fais, ce ne sera pas pour te prouver quoi que ce soit ou pour exiger quoi que ce soit de toi.
Je comprends ta « solitude ».
Excès de parole de ta mère, excès de présence solitude.
Impossible de te taire mes hésitations, mes erreurs, mes soubresauts, je ne veux pas te présenter une fausse image : comme si aujourd’hui, j’avais déjà atteint quelque chose. Ce serait mentir : le retour à la jalousie, aux exigences, aux ressentiments, est toujours possible. Tu l’as vu étalé dans les pages précédentes.
L’angoisse ne disparaît pas. Ce serait de « l’enchantement ».
L’angoisse, c’est de l’intérieur que je la combattrai. En l’acceptant, non pas en essayant de la faire disparaître en me servant de toi.
Il fallait une secousse pour que je sorte de la violence.
Aujourd’hui, une fois de plus, la tentation de venir te voir, en cachette, par la fenêtre, m’est revenue.
J’ai envie de toi
La plus belle période de ma vie…
Ce temps-là, ce temps avec toi.
Je revois le 17ème arrondissement, la rue de Tocqueville et ce petit studio.
J’étais libre depuis peu de temps.
Il y avait la danse, il y avait la nuit et ton corps, dans la lumière bleue de la lampe…
C’était merveilleux.
Comment renoncer à ça ?
En ce moment, une douleur intercostale une tenaille, au côté droit, comme si on m’enfonçait un doigt de fer dans la cage thoracique… Et encore, aujourd’hui c’est moins douloureux qu’il y a une huitaine de jours, là c’était un cercle d’acier que j’avais autour de la poitrine.
Colette, Colette, écoute moi. Chaque chose que j’écris ici, je la vis…
Je crie après toi, je crie.
Ah t’appeler, t’appeler comme je l’ai toujours fait.
Je t’ai fait mal en criant ainsi. Il m’aurait fallu être assez fort pour ne pas crier ainsi et pour ne pas te faire mal…
Ce n’est pas désagréable quelqu’un qui est dépendant de vous.
Mais tu m’as quitté et j’ai toujours autant besoin de toi.
Et si je lutte contre moi-même, c’est que je sais combien cela est néfaste, mauvais, dangereux.
Ce qui te faisait plaisir d’un côté, je te l’ai fait payer de l’autre et là est le vice.
Mais n’as-tu pas voulu cette dépendance ? Je me pose la question.
Je repense aux débuts, à ta douceur, ta confiance des débuts.
34 ans
1981
08/01/1981
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE – AGNÈS – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
ANALYSE
09/01/1981
MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
Mes « découvertes » en analyse :
– le silence = la mort
– Bobby = Robert
– Faire une analyse = attaquer mon père
– Le sentiment d’abandon
– Hésitation entre la relation artistique ou psychanalytique
– L’inconscient en actes (me sentir autoriser à me lever pour venir vérifier la présence du magnétoscope
– La « famille », Hammam-Lif. Ma « place » dans la maison. La petite enfance.
– M’allonger = peur de mourir ou d’être en érection
– les enterrements Arabes = corps voilé = sexe voilé (rideau-braguette)
– « Qu’est-ce que c’est que ce conte ? » (que je me prétende le père de Krystelle)
– la fiction. La mise en scène. L’illusion ( la rupture)
– « Vous avez besoin de vous raconter des histoires… »
– la paternité. La mienne, vacillante. Celle de mon père : paternité ratée.
– le pantalon de clown. Le rire d’enfant.
– « Je fonctionne par élans… » Lui : « et par angoisses… »
– découvert de l’angoisse, de la crise
– rhalib = le sperme (sperme bu)
– suite de la fonction de l’illusion = la masturbation (imaginaire. Ce qui compte pour moi c’est moins de jouir que d’imaginer la jouissance) (ça c’est moins qui l’écris : noté le 25/01/1981
– « mains mortes » = les mains qui battaient Colette
– « Vous semblez démuni devant un conflit : ou bien vous réagissez par la fuite ou bien vous l’aggravez. Mais vous ne savez pas le négocier… »
– Pulsion hostile : « Vous vous engagez dans des actes (j’avais dit : « Je peux passer aux actes ») pour évacuer des paroles que j’ai prononcées et qui évoquent quelque chose qui vous gêne. »
– « Qu’est-ce qui vous fais peur en vous ? Votre vie ? Votre sexualité ? »
– « Ici, vous investissez dans des mots, dans la parole écrite, dans des films… » Ma réponse : « Il est temps ! »
– « Il y a trois niveaux de parole chez vous : la parole spontanée, une parole où vous contrôlez vos effets et la parole écrite. Quelle est la fonction de la parole écrite ? » (Réponse sur le moment : « Épuiser l’infini ») A posteriori : écrire des romans, faire de ma vie des romans, des histoires. Là encore : me raconter des histoires (ça aussi, c’est moi qui le suppose).
12/01/1981
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Raconté hier soir à Jean-Marc B.., Jeannette B. et Nicole R.. le « glissement du pistolet dans la fente de la terre » à Saint-Germain juste avant de partir pour Alger
Est-ce là que j’ai laissé ma sexualité ?
Si réveil = naissance
Insomnie. Ne pas vouloir m’endormir = ne pas vouloir naître ? Renaître ?
Souvent pensé à la mort comme support de mon angoisse. Pas la naissance. L’ai découvert dans « Introduction à la psychanalyse » il y a peu de temps.
22/01/1981
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Lis beaucoup d’ouvrages analytiques en ce moment. Dominante de cette période.
Colette :
Soirée au restaurant suite à son appel. « Je ne t’ai pas trompé mais je suis en voie de le faire… »
« Je me suis libérée de toi, je veux vivre ma vie, je vais vers les autres, je donne, etc. »
« Ou alors j’enlève mon stérilet et tu me fais un enfant. On a épuisé toutes les autres solutions… »
« Je n’aurais pas honte vis à vis de toi. »
« Tu n’es pas le père de mon enfant : je ne me sentirai pas coupable vis à vis de mon enfant » –> nuit ensemble
Week-end ensemble suite à mon appel du samedi matin : parlé au téléphone.
Venue le samedi soir. Télé. Pas parlé. Nuit d’amour (très bien.)
Dimanche : parlé. Violence. « Laisse moi du temps »
Téléphone mardi soir (suite carte Montmartre évoquant « Sibylle ») : « Ca me perturbe de te voir. J’étais bien la semaine dernière. Depuis lundi : je suis mal. Je ne sais pas où j’en suis. »
Mercredi midi : lui téléphone et la vois pour le livre « Indiscrétion faite à Charlotte » + « Complexe de Jocaste » que je lui ai acheté en plus.
AGNÈS
Paroles d’Agnès, ces derniers temps :
« Je préfère te poser des questions… »
(en séance : apparu rapport entre ça et souvenir de moi questionnant mon père sur « l’alimentation en eau d’Alger ») Pareillement : Agnès posant des questions sur les usines, la fabrication des choses.
Sens : dans mon cas et le sien, dégagé par G. : « Quelle est ta vie sexuelle ? » Je pense à lui répondre. En parler avant avec sa mère.
Autre parole : « Un père, c’est un peu le serviteur de son enfant… »
Cette parole me questionne. Pas de réponse.
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE
Krystelle au téléphone mardi soir : – « Je t’aime… » (ou « Tu m’aimes ? », je ne sais plus. Quel oubli !) – « Tu viens ? »
Colette : « Tu as entendu ? Elle a dit 2 choses importantes ! « Moi : « J’ai entendu. Ne crois pas que je fais la sourde oreille… »
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Rêve de cette nuit :
– Faisais l’amour avec Claudine C., monteuse du film sur l’expérimentation animale, qui ne peut pas me sentir et m’a manifesté à plusieurs reprises son hostilité, son mépris.
– Roulais sur une route, conduisant une voiture. Voiture en sens inverse, je vais sur le bas-côté, complètement à gauche, pour l’éviter
Une pensée me traverse l’esprit :
Nœuds dans les cheveux (découvert des cheveux embrouillés en nœuds inextricables) = nœud dans les cheveux que mettait ma mère, à Hammam-Lif ?
Je m’aperçois que je n’ai jamais parlé en séance de mes difficultés avec la virilité.
VÉCU – TÉLÉVISION – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Tout à l’heure au montage : l’engueulade finale, qui devait arriver avec la monteuse, Claudine : Ses mots qui m’ont fait mal :
« Dans la vie, il y à des moments où c’est trop tard. (la mort) »
– « Tu juges les gens »
– « Tes problèmes… »
Elle m’a fait mal et dans la voiture j’en ai pleuré. J’avais envie de t’appeler au téléphone, pour pleurer, crier, une fois de plus, combien j’étais en colère, combien j’avais mal, combien j’étais coupable.
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Je repense à ton mot, écrit avec application, en appuyant bien le stylo : « Bonjour Agnès… » C’était après les vacances. Celles de 79.
24/01/1981
MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
Souvenir qui me revient en lisant « Cinq psychanalyses – Le petit Hans. Page 134 : » : Saint-Germain. Maison des G.. Avec une petite fille (qui ?). J’étais entré aux cabinets. Lequel faisait ses besoins, lequel accompagnait l’autre ? Et ma mère nous y a découverts et m’en a sorti. Moi seul ? Il me semble qu’il y avait entre cette petite fille et moi une relation de tendresse, peut-être même une promesse de mariage (?)
Je relis mes notes sur le souvenir de « l’alimentation en eau d’Alger » et je vois que j’ai écrit « Ager »
Agé
Je cherche ce que m’évoque Age et je ne tombe que sur « Agar », bouquin de Memmi. Il en avait été question dans la famille
« Statue de sel » aussi.
Je crois qu’il y avait pour moi de la sexualité là-dedans.
Ou alors serait-ce
A G ?
Initiales de qui ?
Ou alors : « âgé » (qui a de l’âge).
25/01/1981
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Cette nuit, rêvé :
J’étais chez amis. Là : une fille avec qui il semble que j’avais déjà noué des rapports (elle ressemblait à Yvane) accepte mes câlins et se montre également tendre.
Baisers. Caresses.
Début de rapport (?).
Mais je m’aperçois que Krystelle est dans la maison.
Elle me voit embrasser la fille.
Son regard ! Je pense à ce qui se passe dans sa tête par rapport à sa mère.
Ensuite : Colette est là. En face de nous : un type, le maître de maison, semble-t-il. Entre Colette et moi : altercation. C’est elle qui crie. Je lui dis : « On n’est pas chez nous, si tu continues, je me tire… »
Puis (dans quel ordre ?) 2 séquences :
1/ Je passe dans l’autre pièce de l’appartement. Il y a réunion de la famille de Colette. Je distingue nettement la présence de Maman Doudou et d’Yvette
2/ Colette va se promener avec le type. Érotisation du rapport.
(Fait beaucoup plus de rêves mais je ne m’en souviens plus.
Idem pour nuit précédente.
Je me souviens seulement de quelqu’un (moi ?) dans l’eau sous un trou percé (dans la terre, dans la glace ?
Lié à la pêche)
(01h)
Retour de souvenir sur un autre rêve de la nuit dernière :
Je rêvais et j’interprétais les choses en rêvant.
J’interprétais le rôle de Colette pour moi = ma mère.
Et, dans le rêve, je lui disais, à elle : « Mais tu n’es pas ma mère… »
Oublié de noter aussi chose très importante :
Est-ce que ça s’est réellement passé ou en ai-je eu seulement l’impression ? = j’éjaculais en dormant…
MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
Souvenir de séance : G. me demandant pourquoi j’avais si honte (? Est-ce le terme exact ?) de la masturbation. Et moi répondant : « Parce que je sais qu’une femme n’aime pas que son homme fasse ça… »
Cette femme = ma mère ? Souvenir d’une interdiction ?
09/02/1981
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Rêve d’il y a quelques jours :
Colette trouvait des revues pornos à moi.
Ça ne devait pas me faire honte puisque : séquence suivante :
Je lui proposais de trouver l’homologue pour les femmes : revues pornos montrant des hommes, mais en lui disant que c’était « très difficile » d’en trouver avec des hommes à poil qui bandent.
Rêve de cette nuit (il est 6h30 à peu près). Je me suis réveillé, comme tant de fois, à l’aube. Je suis assis, là, près du téléphone, sur cette banquette de bois construite à Tocqueville. Devant moi : cartons de lettres et films sortis de la cave de Pierrefitte et apportés ici par Marc et moi, dans sa voiture. Un peu plus loin : planches du lit de Tocqueville que j’ai démonté pour en faire la coiffeuse de Colette (?) et parce qu’il gênait dans la chambre des enfants, qu’il n’avait de place nulle part.
Symbole, tout ça, devant moi…
Je ne me rappelle déjà plus mon rêve de cette nuit. Impression classique pourtant d’en être tout proche.
Je me souviens juste : on était séparés, Colette et moi, et moi par rapport à sa vie d’après moi… ? Je ne sais plus du tout.
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE – AGNÈS
Il y a 8 jours : Colette m’a appelé un samedi parce que son père était là. Y suis allé, revu Krystelle (pas vue depuis 1 mois)
Avant ça :
– Couteau planté dans le bras
– Anniversaire Colette : entrée de Béatrice dans le restaurant voiture plantée dans poteau enfants école
– Vendredi : devais avoir Agnès ce week-end, dit à Colette : « Je veux que Krystelle revienne à la maison. » Elle : pas de réponse.
– Samedi : Je déjeune avec Jocelyne et Marc. Au cours du repas, j’informe Jocelyne de la reprise des rapports avec Colette et lui dis qu’il faut qu’elle comprenne que nous sommes vraiment séparés ! Elle : masque et « Il faut que je fasse la grande croix… »
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE – AGNÈS
Arrivé ici avec Agnès, j’appelle Colette après qu’Agnès ait dit, apprenant la reprise des rapports, qu’elle fait une surprise à C et C (: 2 petits bonhommes de papier découpés mis dans enveloppe à leurs noms.)
Colette dit « On vient voir Agnès. » Le soir : je découvre que Colette n’avait pas l’intention de rester.
Elle reste finalement.
Week-end où :
samedi soir : Agnès câline Colette, la demande. Agnès et Krystelle dansent devant la télé. On est très bien.
Feuilleton : Agnès et l’amour, et le bébé (via le feuilleton « Dallas ».)
Nuit : Krystelle ne se réveille pas, comme si souvent.
Dimanche : repas. Ménage. Après-midi : feuilleton télé. « Drôles de dames » : Agnès distribue les trois rôles à elle-même, (Chris), C et C. « Je suis Chris », elle se projette complètement.
Aux Buttes-Chaumont, « on va jouer : je serai Chris ! » D’ailleurs, aux Buttes, elle ramassera une boite d’allumettes par terre, en disant : « C’est un indice. » (à noter : ceci est important. Se rapporte à l’impression générale que j’ai qu’Agnès se pose des questions sur la sexualité.)
Aux Buttes : à propos d’un risque de chute de Krystelle sur pente, dialogue Colette-moi :
– « J’ai peur qu’elle tombe »
Moi : « Qu’elle se salisse et que ta mère te le reproche ? »
Plusieurs minutes plus tard, alors que je redescends, (je jouais à cache-cache avec les enfants.)
– C : « Ne me parles pas de ma mère comme ça. Je ne te parle pas de la tienne… »
Moi : « Si tu veux… »
Le week-end se termine pour moi (séparation dans le métro sur le quai. Je cherche C. et C. du regard. Colette non. Regard fixe.) avec l’impression que Colette à fait un effort mais qu’Agnès est résolument récalcitrante, toujours hostile (Krystelle, sur le chemin des Buttes, essayant de la prendre par la main et Agnès : « C’est de la glu… »)
Mais aussi toujours : Krystelle et la possession des objets et les conflits autour de ça entre les 2 gosses. Et moi : « Débrouillez-vous. »
Colette et moi, ces derniers temps : après l’intention qu’elle avait eu de conclure avec Régis (qui n’est pas venu tout de suite à Paris après ses propositions et ne l’a appelée que 2 ou 3 jours après son anniversaire, en lui disant, cet imbécile : « Il faudrait que tu montes à Pontoise… » On s’est retrouvés sexuellement très fort, elle très active. (soir de son anniversaire après voiture cassée) et surtout mardi soir (« histoire » à 2, fantasmatisation qui a mal tourné lorsqu’elle est repassée au réel (Régis) d’où violence puis de nouveau : amour (fort) mais le lendemain : repassage et malaise profond rompu par moi. A noter : lettre d’amour d’elle à moi écrite par moi et mise dans sa boite.
10/02/1981
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Je reprends mes notes sur la relation entre Colette et moi : à noter aussi, une nuit (laquelle ? il y à peu de temps) : utilisation du godemiché acheté pour son anniversaire (elle jouit, avec le gode vibrant, sans, je crois, que j’arrête le mouvement comme j’arrête, moi, de bouger en elle (?)
Cette nuit : rêve dont je ne me rappelle qu’une chose : le sexe de Colette, son ventre, ses cuisses, couverts de sang… (notion de salissure, que je n’ai pas lors de ses règles…) Ce matin, je repense à « L’homme qui aimait les femmes » vu ensemble à la télé hier soir avec Marc D. et quand elle va partir pour le travail, je l’appelle et lui dis : « Je sais que tu as parlé du Verseau qui a un fluide et qui est versatile… » (j’exprime une fois de plus mon inquiétude). Elle me répond : « Ne parle pas comme ça… » et, sur le pas de la porte : « De toute façon, tu vas me faire un enfant et on va se marier… »
12/02/1981
AGNÈS
À noter, l’autre jour, un récit d’Agnès (je déjeunais chez Jocelyne et Marc, elle était à table avec nous). (Récit qu’elle a dit faire là pour la première fois)
Souvenir des vacances d’été dernières, chez ses grands-parents à Lorient. Elle jouait au bois du château avec sa copine Nathalie. Elle trouve par terre une revue porno. La regarde (sans la toucher, dit-elle). Un homme surgit, les emmène chez lui, leur montre des revues pornos. Elles s’enfuient.
– Je ne sais que penser de ce récit. Est-il réel, est-il inventé ? Je lui ai posé la question, elle a soutenu que c’était réel. Je lui ai dit qu’il ne fallait pas suivre des inconnus. J’ai ressenti (Jocelyne et Marc aussi d’ailleurs, je l’ai senti) un choc.
– Note écrite à 34 ans
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Ce matin : Colette raconté idée de scénario :
Un type à qui on ne fait pas payer ce qu’il achète.
Il est raisonnable, il n’exagère pas, mais s’enrichit.
12/02/1981
MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
Je prends conscience à cette minute (18 h) que les trois frères Horace contre les trois Curiaces, c’était sûrement Nini, René et Robert… Début de la Littérature chez moi. C’était en réfléchissant sur l’illusion, le spectacle (G. : origine = le grand Caruso) (additif du 15/02 : le dernier Horace qui tue les trois Curiace = moi ?)
13/02/1981
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Pensé aujourd’hui au rapport Colette-Krystelle, a travers ses paroles : « …Maintenant, il y a une distance… (entre elle et Krystelle) succédant à d’autres, plus anciennes : « Tu veux que je ne sois plus sa mère ? » (ou quelque chose comme ça, pas littéralement). Je m’aperçois qu’en disant : « Je ne suis pas le père de Krystelle », en abolissant cette illusion de paternité, Colette ayant « accepté » cela, a renoncé du même coup à sa maternité. D’où l’émergence plus forte en ce moment (quoique discontinue) du désir d’un autre enfant, d’un enfant (*) D’où aussi la possibilité chez Colette d’une acceptation du rapport avec Agnès, ses rapports avec les enfants étant égalisés, nivelés au niveau de la « non-mère. »
(*) A noter là dessus : « Quand tu me feras un enfant, tu feras l’amour autrement ? »
– « Ce qui veut dire ? »
– « Pas comme un chien, pas vicieusement » ????
Vicieux. En lisant une enquête dans « Parents » sur les exigences sexuelles de la femme, elle a fait un flash-back sur ses rapports avec C. en racontant qu’il faisait semblant le matin de l’inviter à prendre le café « comme ça », comme s’ils n’étaient pas amants (alors que, dit elle, tout le monde devait le voir…) et qu’ils faisaient le chemin ensemble et qu’elle marchait loin de lui. Alors elle a dit : « Il aurait sans doute aimé (exigences sexuelles féminines –> masculines) que je l’attire dans un coin… » (id est que je manifeste mon désir. Chose qu’elle a vue avec moi, qui n’ai cessé de le lui dire.) Et, retour au « vice » mentionné plus haut : « Lui aussi, il était vicieux… Il me disait : Quand j’avais 30 ans, il fallait que je fasse l’amour 2 fois par jour… « Moi : « Tu ne me l’avais jamais dit, ça… » Elle : « Non. Je ne te l’avais pas dit. »
+ au cours de la conversation d’hier midi (crêperie Bretonne, où on s’était déjà disputés) : « Un autre homme ne l’aurait pas fait… » (dire « Je ne veux pas la voir. » (Krystelle) + « J’ai laissé ma fille pour te donner mon temps. Me connaissant, des gens auraient été surpris… » Et moi mentionnant Maryse qui faisait le rapprochement avec sa nièce Jocelyne, elle : « J’ai été jugée… » (mais dit « comme ça », pas plus fort)
15/02/1981
(Dimanche)
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
21 h 10. Je suis seul, au lit, la télé diffuse » Dr Jekill and Mr Hyde. », étrange reflet animé de moi-même… Hier soir, Krystelle, revenant d’une semaine chez Simone à manifesté au moment de notre départ, son désir de sa mère. Mais, après une semaine d’absence, il n’était pas question de « faire de la peine » à Maman Doudou en lui enlevant « sa » fille…
Silence en revenant. Puis « Tu me fais la gueule », ce qui me détermine à parler alors que je gardais le silence pour rester dans la (bonne) continuité de nos rapports ces derniers jours. Je parle donc et exprime ce que je ressens quand la petite exprime son désir de sa mère, je me justifie. Elle me dit : « Tu me fais rire, on dirait que tu récites… » On se couche. « Bonne nuit. » « Bonne nuit. »
Je commence une lettre pour lui dire qu’il faut qu’on soit ensemble pour unir nos forces. Le sommeil me terrasse. Matin : des mots d’elle qui font très mal (voir notes du 16/02)
16/02/1981
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
(03 h 50)
« Mettons que ce soit moi qui ne veuille plus que Krystelle revienne… »
(…)
« Elle a vu assez de scènes comme ça… »
(…)
« Il faut savoir ce qu’on veut, dans la vie »
– « Je le sais… »
– « Tu le savais aussi quand tu as parlé à ma mère… » « Je ne disais rien, mais j’approuvais… » (parlant de mon affrontement avec sa mère.)
(…)
« Krystelle va revenir et, un de ces jours, tu vas trouver la vérité dans l’analyse, tu auras tout compris, etc. Je ne suis pas folle… Je n’ai jamais interdit la maison à Agnès… »
(…)
« Moi je ne défais pas ce que je fais, ou bien je ne fais rien ou bien je ne défais pas ce que j’ai fait… »
– « Tu as peur de ta mère… »
– « J’ai peur de lui faire mal. »
– « Je démissionne… »
Pour que j’aille déjeuner avec ma mère et Agnès, elle chez la sienne, nous quittons la maison ensemble, elle est « calme », moi en proie à une vive agitation intérieure. A l’arrêt de bus, elle me boutonne, m’époussette, bref, me materne superficiellement, je réagis violemment en écartant sa main : « Tu n’es pas ma mère… »
Au moment où elle monte dans le bus, je reste planté là, la regardant… Elle le laisse passer. Je dis que je ne veux plus aller chez sa mère, qu’elle viendra avec l’enfant quand elle voudra. On s’embrasse, un vrai baiser pourtant mais je reste mal.
Mal l’après-midi pendant qu’Agnès joue dans le parc derrière chez ma mère.
Je l’appelle au téléphone. Elle prend mal le fait que je dois raccompagner Agnès (« Machin », comme elle l’a laissé échapper samedi soir) qu’elle ne puisse pas avoir un week-end tranquille, qu’elle doive prendre le bus et être seule le soir dans la rue. Elle me dit : « Bon, tu rentreras à l’heure où tu rentreras, je rentre de mon côté, je n’ai pas besoin de toi pour porter un paquet de linge… »
Je lui dis dès que je n’appelais pas pour le linge… « Pourquoi ? » – « Pour passer voir Krystelle. » – « Tu viens voir Krystelle 10 minutes et tu t’en vas, ça ressemble à quoi ? Il n’y a pas besoin de ça, on en a parlé ce matin… »
Je me plains de la manière dont elle me parle, je dis que j’ai appelée pour qu’on soit ensemble, qu’elle est « cassante… »
AGNÈS – PARENTS – MA MÈRE – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE
Ma mère crie quand je ramène Agnès du parc, ayant joint Jocelyne au téléphone pour l’heure du retour. Elle dit qu’elle ne laisse pas la petite jouer au parc toute seul, quand je ne suis pas là. Agnès pleure. Je m’énerve, disant que c’est moi qui ai donné l’autorisation qu’elle reste jouer seule. En partant, seuls tous les 2, je demande à Agnès pourquoi elle a pleuré, elle me dit que « Mémé, elle en a après Maman, qu’elle dit que ça me retombe toujours dessus… (à moi)
Je m’aperçois là qu’Agnès a compris la haine de ma mère envers Jocelyne…
Dans le métro, Agnès chante des chansons « qu’elle a inventées ». Je note celle (à partir robe de mariée vue dans une voiture, sur le quai) de la femme qui s’est mariée 10 fois avec le même homme qui se « déguisait ».
(Noté aussi, chez ma mère : « Je suis à toi. À maman et à toi… » que je reprends en corrigeant « Tu es de moi et de Maman… »)
Au métro Saint Denis, elle est contente de voir Marc avec un nouveau blouson « Grâce à Maman, sûrement… »
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Je repars, le trajet en métro me paraît interminable. Je descends à Barbès et descends le Bd Magenta à pied. Je suis énervé, j’envisage (fantasmes) des scènes de « règlements » spectaculaires avec sa mère mais me tempère en me disant qu’il ne faut rien brusquer, qu’il s’agit là d’imaginaire.
Quand j’arrive, elle voit mon énervement : « Qu’est-ce que tu as ? Si c’est ça, tu aurais mieux fait de continuer tout droit jusqu’à la maison… » Je le prends mal, la regarde intensément. Je suis sur le canapé, elle à l’autre bout de la pièce me fait une mimique interrogative, agacée.
Je viens la voir, elle donne à manger à Krystelle, qui entend. « Je n’apprécie pas du tout ce que tu me dis là… » Elle me fait des mimiques, désignant Krystelle. Je lui dis : « Viens dans la chambre. » Elle tarde à venir.
Dans la chambre, même topo : « Qu’est ce que tu as ? » – « J’ai que je ressens les choses profondément, je suis dans un grand état nerveux. » – « Alors, je peux t’emmener à l’hôpital Lariboisière… » – « Puisque que tu penses que j’aurais aussi bien fait d’aller à la maison directement, j’y vais. Je suppose que tu restes ? » – « Puisque tu vas à la maison, je reste… » Elle retourne auprès de Krystelle. Je prends ma veste, embrasse la petite, la grand-mère et m’en vais.
En chemin, comme déjà souvent, je vis la solitude. Je l’appelle, sa mère répond, lui passe l’appareil.
« Je dormais, j’étais en rêve… J’ai froid. Tu m’appelles demain à mon travail ? »
– « Tu l’aurais fait ? »
– « Non. »
– « Bonne nuit. »
– « Bonne nuit. »
(Il est 5 h 10. J’ai écrit 7 pages en 1 h 20 minutes…) (en en sautant 2 d’ailleurs, quel sens ?)
Depuis la grave rupture du : « Je ne veux pas de Krystelle. », comment a-t-on tenu tous les deux ? [Quand fait l’amour le week-end qui l’a perturbée ensuite, si bien qu’elle n’a pas appelé pendant une semaine, elle m’a dit : « J’avais l’impression d’aller chez mon amant… » et aussi « C’est une manière de retrouver un équilibre : je ne suis peut-être bien que dans les situations impossibles. »] Il y a eu les coups de couteau dans le bras, la voiture contre le poteau. Bref du grand spectacle mais ça n’est pas praticable tous les jours, et c’est angoissant.
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÊVES – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
Mauvaise nuit : après mon réveil de 4 h, j’ai écrit ce qui précède, j’ai lu (petit bouquin sur Freud dans la collection « Écrivains de toujours ») et je me suis endormi mais difficilement. Rêve où je bande (en vacances dans une ville étrangère ? Monument ?) Je me réveille peu après, en érection. Comme souvent : rêve –> sensation de bien-être, de tendresse. Ce n’est qu’après que revient le malaise. Je veux noter ici mon rêve de samedi à dimanche, c’est-à-dire après le déclenchement du problème Krystelle : « Je passais un concours dont je ne connaissais pas le sujet d’épreuve. C’était le concours d’entrée à l’IDHEC. Je n’arrive pas me souvenir si ça m’angoissait ou non de ne pas connaître le sujet. Je crois me souvenir que je demandais à un autre candidat quel était le sujet mais en me disant que c’était inutile, que de toute façon je rendrais une feuille blanche.
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Hier soir, cette nuit, pensé à la mettre devant le choix : « Ou bien tu choisis la vraie solution – qu’on vive ensemble tous les trois – ou bien on se quitte.
Ce matin, je ne sais pas. Je ne sais plus. Tentation de l’appeler à son travail, à la Tour Montparnasse.
17/02/1981
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÊVES
Rêve de cette nuit :
Je réalisais en vidéo. Grande joie à cela.
Répétitions, mise en place. C’était une variété.
À un moment : pause. Je reviens : les caméras avaient été changées de place. « Vous avez tourné sans moi ? »
18/02/1981
ÉCRITURE
« L’école des parents commence à l’heure où finit celle des enfants… »
20/02/1981
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÊVES – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Cette nuit : rêve :
Je commençais à faire l’amour avec Colette (je lui t’étais les seins. Les mais ça, me détendez). Grand plaisir. Mais rêve du matin : je savais que le réveil allait sonner…
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Hier soir Maman Doudou m’a raconté un rêve : elle avait kidnappé un enfant (habillé de blanc), elle le rapporte à son père qui lui dit : « Je pourrais vous faire enfermer… » Elle répond : « Vous pouvez. Je n’ai plus que 2 ans à vivre. J’ai un cancer. »
L’ai retrouvée dans le hall de la tour Montparnasse, comme déjà plusieurs fois.
Problème de fric (pour un manteau.) J’en avais vu un en passant en bus. Je l’emmène le voir. Elle fait la gueule. (C’est un ciré.) Brasserie. Face à face. Je suis transparent : elle ne me regarde pas, regarde « à travers » moi. Je lui dis : « Pourquoi tu me fais venir si c’est pour m’ignorer ? »
– « Je me le demande… »
Discussion sur le fric.
« Avec toi, tout est un problème. »
– « C’est ta propre passivité que tu mets en cause, il faut que je fasse tout à ta place … » (Elle hausse les épaules.)
Discussion sur son travail, le fait qu’elle n’ait pas apporté d’argent (à propos du manteau : « Il fallait le prendre… » Moi : « J’étais d’accord » (toujours cette demande que ce soit moi qui agisse…)
« Chérie, reviens avec moi. »
– « Je suis là. »
Je lui tends la main. « Donne moi ta main… »
Elle la refuse.
Je lui dis « Depuis le 28 janvier, je n’ai pas levé la main sur toi. »
– « Et alors ? »
– « Tu me redonnes des raisons de le faire. Tu m’as refusé ta main. Jamais je ne l’aurais fait. On ne fait pas ça… »
On se quitte sur le trottoir sans s’embrasser. (« Salut »). Elle prend le bus, moi le métro.
(A noter au début : Moi : « Tu ne peux pas nier que je suis gentil en ce moment… » Elle : « C’est normal. » Moi : « Et que tu sois comme ça toi, c’est normal ? » Elle : « oui. ») Je lui dis qu’elle est injuste, lui dis l’amour que j’ai mis dans mes cadeaux, dans la lutte pour la vie, dans mon métier.
Elle : « Tu l’aurais fait, de toute façon. »
23/02/1981
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
L’ai « retrouvée » pendant le week-end. Acheté boots. Acheté manteau. Krystelle à la maison. Ti Alex. Photos dans la neige.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – – PROJET « ORAGES »
(19h 30)
Salle d’attente G.. Je laisse Éric avec qui parlé au café du scénario des « Orages ».
L’avons repris complètement.
Simultanéité. Femme jeune – femme vieille.
Elle s’authentifie comme sa femme future en lui prédisant le futur immédiat.
Puis elle l’emmène dans les lieux du futur plus lointain (il quitte Paris où reste la femme jeune.
Rapport de cruauté, domination. Elle se sert du futur qu’elle connaît pour l’écraser.
Elle l’écrase tellement… (?)
03/02/1981
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME-RÊVES
(4 h du matin)
Je me suis réveillé, plutôt que d’habitude, dans le milieu de la nuit.
J’étais en plein rêve, un rêve complexe, non précis, non direct, comme tant de fois.
Voyage en bateau à voile, avec famille (?) Mais nous n’arrivions pas à prendre la mère et au bout du compte, il a fallu nous faire tirer par un hélicoptère (je disais d’abord qu’il fallait prendre le vent debout et louvoyer)
Dans les personnages : la famille (la mienne) et Krystelle qui ne cessait de… (à partir de là les notes deviennent illisibles – semblant écrites dans un état second).
05/03/1981
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME-RÊVES
(1h 45)
Suis très étonné en relisant ces lignes (concerne la note du 03/02/1981) que j’avais complètement oubliées
VÉCU – FEMMES
Ce soir : rencontré Fatima, au vernissage d’Aline Gagnaire où j’avais été invité par Danielle et Colette.
(19h45)
VÉCU
Place Saint-Michel dans voiture, à un feu rouge. Pompiers. Grandes échelles.
Qu’est-ce ?
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)
Hier matin. Nous nous sommes quittés, Colette et moi.
La veille au soir, je rentrais de repérage (musée la Sentinelle) et, à propos du soin que j’affichais d’un manque dans sa vie que je sentais, elle m’a renvoyé de moi, par le refus de prendre en compte cet affichage, une image non gratifiante d’où violence.
Décrypté en séance : l’impossibilité de contrôler la parole de l’Autre est ce qui me met hors de moi.
Je note : « Affichage » = référence au spectacle.
Ma parole est habitée par moi. L’emploi, le choix, l’avenue des mots sont pleines de sens tout le temps, jusque dans le quotidien.
Pensé, pendant le débat TF1 après « Sibylle », quand j’ai parlé de la mort « invisible » pour l’autre, j’ai dit « C’est pour ça que l’ami ne peut pas le voir… »
Je traduis : l’ami : Lamy (dont je savais qu’il venait de perdre sa femme).
07/03/1981
MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÊVES
(02 h 25)
La séance n° 45 (du mercredi 4 mars) est à noter comme une séance capitale.
J’en écrirai mal cette nuit, comme j’écrirai mal de tout d’ailleurs, car je suis fatigué.
J’y reviendrai sûrement. Je veux juste ici en jeter la trace, en marquer la date.
Un rêve a noter de ces dernières nuit : anus de Colette « retourné ». Je pensais et lui disais « Ça ne te fais pas mal… ? » J’en ai parlé en séance, j’ai parlé de la disparition du sentiment de culpabilité en moi.
09/03/1981
VÉCU – AMIS- FEMMES
(2h50)
Toutes ces dernières soirées :
Mercredi : vernissage d’Aline Gagnaire
Jeudi : ici.
Vendredi : chez Serge
Samedi : après-midi au bois de Boulogne avec Fatima. Soir : pub « La peine » avec Éric.
Dimanche : chez Paule (elle répétition. Vu d’abord Jean tout seul. Parlé de sa famille, de sa vie (la Suède), de l’analyse. Puis avec Paule, de leurs amis du milieu rock et punk.
10/03/1981
2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
(0h 45)
Je viens de rentrer ( Après séance, allé dîner tout seul au restaurant d’Alfredo.)
Je craignais le retour, le retardais.
Trouvé son mot, comme je m’y attendais. Une lettre où se recommence la séquence éternelle, immuable , bien qu’elle dise qu’elle ne « vogue pas dans ces eaux là… » Alors, dans lesquelles ?
Ne plus me le demander, voilà le but, la ligne d’horizon.
Et les deux appels manqués au compteur du répondeur sont restés des appels muets. Moi qui espérais tant que d’autres paroles viendraient contrebalancer les paroles écrites que je savais d’avance devoir trouver sur une de ces feuilles blanches laissées à son intention.
A propos de mon coup de fil de samedi soir où elle me demandait « un service » l’amener quelque part, elle dit dans son mot qu’elle voulait y aller avec moi. Pourquoi ne pas l’avoir dit ? Ainsi s’achève l’histoire. Dans la tristesse (comme elle dit) pour moi aussi. Et il est vrai aussi que ma colère, mon humiliation n’est qu’un moyen de défense… Comme elle le dit à propos de l’ironie dans le mot qu’elle m’a laissé.
À noter aujourd’hui : je suis monté chez Jean-Marc voir Jeannette. Passé coups de fil. Lui ai demandé café. Voix indignée : « Ah non, je n’ai pas le temps. Et puis : Ne viens plus me voir à cette heure-ci : je me repose. »
Dur, le sentiment de maladresse, de culpabilité, d’abandon.
Ainsi j’affronte cela aujourd’hui. Demain j’en sortirai plus fort.
À noter aussi : la séquence des chèvres de la vivisection qu’il faut recouper après un appel du professeur Carraz
(5 h 05)
Réveillé à 4 h par cauchemar (mort R.) (mort de celle qui dit qu’il « faut couper » ?
Je me réveille en pensant à ce mot laissé hier soir et à son coup de fil de samedi.
« Est-ce qu’on lui demande un « service » si on a l’intention, le souhait de sortir un soir avec quelqu’un ?
Ou alors est-ce mon « sévice », comme je l’écris quelque part avant sur ce carnet ?
Ou alors le service de refuser ? Ou les 2 à la fois ?
Pas clair, en tout cas. Comme toute notre relation. Bien dans la ligne du non-dit. Et dans son mot, elle fait référence au mien, mais pas quand je lui ai écrit : « Si tu avais quelque chose à me dire, c’était à toi de me téléphoner… » (ou quelque chose comme ça).
Colette, quelque chose à dire ? Parole si difficile que j’ai essayée de m’en servir, de la contrôler. Source des possibles et des échecs.