Carnet 24

Carnet 24 – Du 10 mars1981 au 10 novembre1981

 

10/03/1981 (suite)

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – FEMMES

 

(21h20)

 

(Dans le train Paris Tours pour aller en tournage à Beaumont-Pied de bœuf ! ! Arrivant en gare de Beaugency. Ce nom m’évoque Bertrand, via la chanson de Crosby Still Nash and Young : «  Orléans… Beaugency… Notre-Dame du Cléry… » citée à cause de la rue «  de Cléry », ce qui m’évoque Maja, quand elle a habité dans cette maison…)

 

Suis très fatigué ce soir, très tendu.

Eu des brûlures d’estomac dans la journée (maintenant, ça va mieux. Effet d’un médicament acheté à la pharmacie ?)

Pourtant je ne m’endors pas. Je croyais dormir en train. Non ! Je n’y croyais pas vraiment. Ma relation au sommeil est vraiment perturbée…

Je n’ai pas assez dormi cette nuit et le malheur me rend comme ivre, instable. Je me souviens m’être dit «   Tu vas finir par te casser la gueule… »

 


Pensé tout à l’heure : «  Vouloir faire quelque chose de neuf… » = vouloir faire quelque chose de neuf ? (mois ?)

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – femmes – fatima

 

Pensé au dialogue avec Fatima, sur la barque 

– «  Comment tu sais où tu (on ?) vas ? (va ?) » 

– «  Je le sens. Et de temps en temps, je me retourne… » = Inconscient en actes (en paroles) Incroyable comme le discours du dessous émergeait là. L’interrogation réelle

Et ma réponse tacite sur le même plan. Complétée par la référence au passé. Nous nous sommes ainsi placés par rapport à l’avenir et à la répétition. J’ai abordé cette notion de répétition en séance.

Question de G. : «  On peut se demander qu’est-ce qui vous a plu en elle et qui portait ça… ? » 

– «  Ça, quoi ? » 

– «  La répétition… » 

– «   » 

Répétition du doute ? («  Comment tu sais où on va ? Je ne crois pas que tu le saches… J’en doute… ») 

Et le flou de ma réponse = celui de ma relation avec Colette. 

 


En supposant qu’elle ait dit : «  Comment tu sais où tu vas ? » 

N’est-ce pas, par projection, une interrogation sur elle-même… 

(Je ne peux m’empêcher ici de penser à ma phrase, en séance : «  Ce que Colette est en train de découvrir, c’est elle-même… » 

et G. : «  Comment vous l’orthographiez ? »

 


Je pense à Éric, à la parole d’Éric, comme un modèle de la parole de l’Autre.

Éric, libre.

Libre d’accepter la liberté des autres.

 

Fondamentale, cette préhension fugitive, mouvante, du Style de l’Autre, de sa démarche, de sa Parole, de son Écriture.

 

Tranquillisation. Sortir de la peur.

L’Autres est lui de toute façon. Il ne sera jamais moi, je ne serai jamais lui.

Mais je suis moi, moi.

 


Il y a des moments, comme ça, où je sens le calme possible en moi. Tout simplement, tout bêtement. Le simple calme. La non-tension, le non-conflit, la non-névrose.

 

Je repense au conflit avec Bougrain-Dubourg et au calme de Colette par rapport à ça.

Voilà une différence fondamentale entre elle et moi : son calme # mon énervement.

Si c’est pas sexuel, ça ?

 

Je pense à la notion de

dénouement

(ce qui nous laisse dans le domaine du spectacle. Quoi que ça en soit la fin).

 

En plus : nœud = sexe.

 

11/03/1981

 

VÉCU – TÉLÉVISION – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME

 

(19h30)

 

Hôtel à Beaumont-Pied de bœuf.

Tourné aujourd’hui (Musée des Armées).

Bouffé à Tours, hier soir en descendant du train, tout seul.

Étrange sentiment quand on dîne seul.

Liberté, solitude, toujours.

Puis pris voiture de location et roulé jusqu’ici, à travers la nuit (beaucoup de poids-lourds).

Pris en stop un «  éducateur-paysan » montant un «  centre rural » pour handicapés mentaux.

On a évoqué un film vu à la télé au Ciné-club, avec Colette, dont je ne me rappelle plus le nom (de qui ? de Colette ?)

Film sur expérience au long cours avec un enfant autistique. (Note : Il doit s’agir du film «  Ce gamin-là »)

La nuit dernière, pour cause erreur à l’hôtel, dormi chez Jacques Eyermann, le propriétaire du musée, en qui j’ai vu une sorte de double, en séance et chez qui se passait le repérage si important précédant la soirée du retour et la scène qui l’a marqué (ainsi que le lendemain matin).

 

Très mauvaise nuit. M’étais déjà éveillé à l’aube la veille. J’étais épuisé.

N’ai pas réussi à m’endormir.

Tachycardie.

Il faut que je m’occupe de ça.

Je me suis aperçu en me relisant que je n’avais nulle part fait mention de cette crise très forte, pendant le montage de la vivisection, qui m’avait obligé à rentrer à la maison (et où j’avais essayé de prendre mon pouls avec l’horloge parlante au téléphone………)

Mesure du cœur Mesure du temps et grâce au téléphone !)

(Appelé Colette, sur la fin de la crise. Je me souviens de moi lui disant «  Je flippe » Elle : «  Tu vas flipper pour quelque chose… ») Étais déçu qu’elle ne comprenne pas ce qui m’était arrivé. Cette crise.

 

Noté : tachycardie après café + excitation joyeuse avec Colette, ce matin.

 

Tachycardie après bière, hier soir (?) + Angoisse post-colettienne…

Distinguer le physiologique du psychisme…

 

À noter, à l’instant (quand j’évoquais le montage la vivisection) la différence entre l’image que peut avoir de moi Claudine C. et celle que peuvent avoir les techniciens avec qui je tourne aujourd’hui, par exemple…

Image neuve. On pourrait donc dire : Claudine C. en sait plus sur toi, s’est approchée plus près de ta vérité

Non. L’image que les autres ont de nous est toujours incomplèterelative (aux circonstances de la relation).

 

Je relativise 

(ainsi avec Jean-Marc et Jeannette).

 

Il faut admettre que, dans une existence, des relations successives naissent et meurent.

 

(Je repense à la liste de ma vie :

   M. de L.

 – A. – C.

 – De L. H.

 – J.

 – M.

 – Les H.

 – C.

 – Dominique L.

etc.

 

Le seul chemin possible est de culpabiliser moins

 

17/03/1981 

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Elle doit venir ce soir récupérer ses dernières affaires. Essayé plusieurs fois de lui écrire une lettre. Voulu dire mon désir, ma jalousie. Vouloir faire le point. Voulu beaucoup de choses. Rien pu sortir. Ni juste laissé un mot disant 

1 – Les photos de Krystelle récupérées au magasin. 

2 – Le cadeau ( un manteau en daim. Occasion tombée du ciel : un jeune routier italien qui m’arrête au sortir du périph.) 

3 – Que ce n’est pas que je n’aie pas envie de la voir… Au contraire ( pour répondre à son mot : «  Tu n’en n’as sans doute pas envie et cela est peut-être mieux ainsi… ») 

4 – Que si elle a vraiment besoin (ou envie) de moi je serai toujours là. 

Hier et les jours derniers, grande tristesse. 

En séance : «  Rien ne m’intéresse… » – «  Sauf votre tristesse… » 

Aujourd’hui : Idée qu’elle va venir ce soir, pour la dernière fois. 

Revu photos dans le book. Récupéré certaines (dont les pornos des vacances 79.)

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÊVES

 

Rêvé : que Maria et sa famille me désapprouvait, me jugeait mal. 

 

18/03/1981

 

(0h15)

Écrit ces lignes sur zinc bistro Rue de Vaugirard près banc titre rue Bargue.

Depuis :

 – Coup de fil Josée C. à propos de l’Inserm qui rue dans les brancards à propos vivisection

 – Visité deux appartements (un rue de Chevreuse et l’autre rue du Poteau. Ce dernier : super chouette, mais nombreuses candidatures…)

 

 – Visite chez Laurence L. pour traduction Mélissa. Arrivée de sa copine, Laurence, elle aussi italienne d’origine. Un courant entre nous, semble-t-il.

 

 – Rentré ici. Les clés. Son mot : «  Merci pour le cadeau. Il me fait du bien et plaisir… »

Pas un mot sur mon «  Si tu as vraiment besoin (ou envie), de moi, je serais là… »

Je reconnais

1/ sa dignité 2/ son endurcissement la souffrance… Elle sait, elle. Elle le savait bien avant moi, qui ai eu besoin de l’analyse pour l’apprendre, qu’on ne meurt pas quand l’autre n’est plus là, que l’on vit, que l’on continue à vivre.

Une fois accepté cela, pourquoi imaginer un «  retour de flamme », une nostalgie, exprimée en actes…

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME

 

Appelé Jean-Pierre B.. De cette longue conversation, je retiens la notion «  d’acceptation » (opposée au «  dépassement », qui revient chez moi comme un leitmotive) que je prolonge par la notion «  d’acceptation de soi-même ». Et, quand je parle de nier les «  mécanismes générateurs d’illusions », sur lesquels j’ai fonctionné jusqu’ici, il me met en garde devant la tentation de la coupure de la personnalité «  avant-après », «  néant-être » en disant qu’il faut recoller les images de soi, même celles qui sont insupportables… et dire «  C’est vrai, j’ai été ça aussi… ! »

 

19/03/1981

 

VÉCU – FEMMES

 

(1h20)

 

Couché. Je recommence à prendre plaisir à me retrouver coucher, tranquille, seul (libre).

Tout à l’heure, en appelant le réveil téléphoné, suis tombé sur une opératrice avec qui j’avais déjà longuement parlé, en septembre dernier (retrouvé cette date car, comme je le lui ai dit (en lui disant «  Ce n’est pas avec vous que j’ai parlé déjà ? ») c’est au moment des ruptures que j’ai cette liberté, cette disponibilité qui me permet de parler ainsi, avec des gens…

Elle s’est exclamée sur cette conversation amère : que le couple enfermait, étouffait…

J’ai fait remarquer ce hasard qui nous remettait en présence (téléphonique) à six mois d’intervalle…

Elle m’a dit qu’elle écrivait (depuis longtemps). Lui ai proposé de m’envoyer ce qu’elle écrivait. Lui ai donné mon nom, mon adresse…

Elle est mariée depuis 22 ans. Deux enfants (18 et 12 ans).

 

VÉCU – FEMMES

 

Passé la soirée chez Colette et Danielle. Cette dernière pas là (sport).

Colette m’a longuement parlé de sa relation avec Danielle et de ses histoires précédentes.

Incroyable comme on retrouve des choses chez les gens. On se croit toujours le seul à vivre quelque chose alors que c’est reproduits à des millions d’exemplaires… » !

 


Comme je m’y attendais un peu : en rentrant, trouvé un message de Laurence.

 


J’allais oublier de noter : longue conversation dans une parfumerie avec Loan, la patronne (viet-japonaise de 32 ans). Elle m’a montré ses installations au sous-sol.

M’a conseillé une eau de toilette (que j’ai achetée).

Lui ai proposé qu’on se revoit car on avait beaucoup de choses à se dire (c’était vrai : on a parlé pendant un temps fou, surtout elle).

(Divorcée. Une fille de 12 ans). Elle n’a pas dit non.

«  Vous avez ma carte, vous me rappelez… »

 

FEMMES –  2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Je repense au film de Truffaut «  L’homme qui aimait les femmes ». 

Il s’était passé quelque chose entre Colette et moi, à la vision de ce film, à la télé (il y avait Marc D.) 

Quelque chose au niveau des vibrations, du «  senti » mais quoi au juste ? Je ne le sais pas. 

Rêvait-elle d’un séducteur (autre que moi) 

C’est à ça que je pensais, moi et qui me colérait… Mais elle, en réalité ? Je ne sais. Si elle était là et que je l’interroge, elle répondrait : «  Je ne sais pas… ». 

«  L’homme qui aimait les femmes. »… Ce film me questionne. Miroir ? Désir ? Peur ? Ou tout ça en même temps 

 

ÉCRITURE

 

Je repense une fois de plus à finir «  Un amour », laissé inachevé, il y a bien longtemps (fin 78, je pense).

«  Il faut savoir finir un amour… » (inclus dans Manuscrit « L’homme que les plantes aimaient »)

 

24/03/1981

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Les choses surprennent… 

Jeudi matin, très tôt un appel d’elle. 

Pour me remercier du manteau et me dire qu’elle voulait sortir avec moi. Elle me rappelle au montage dans la journée. 

Le soir, allés au cinéma, «  Ordinary People » de Redford. J’étais fatigué. Elle me dit : «  Tu es fatigué, tu me ramènes ? » (On devait aller au restaurant.) 

Dans la rue de sa mère, dans la voiture. Bises sur les joues. 

«  Tu ne m’embrasses pas, tu n’en n’as pas envie ? » me demande-t-elle, car elle sent chez moi une sorte de paralysie, de réticence. (J’étais angoissé depuis le cinéma.) Je la regarde assez longuement puis l’embrasse sur la bouche. 

Baiser délicieux. Caresses. Échauffements. 

«  Tu vas te garer près de l’église ? » Là : caresses. Je lui dénude les seins, la chatte, le cul. 

«  Tu n’as pas un peu faim ? » J’avais retrouvé mon appétit. Dîner à l’»  Escurial » puis on rentre Rue de la Chine et on baise, magnifiquement (on rebaise pendant la nuit). 

Elle part, au matin, avec un bouquet de jasmin que lui ai acheté la veille et me laisse un mot sur le tableau : «  Premier jour du printemps. Passe une bonne journée ». 

Le soir elle me rappelle, me dit qu’elle veut passer le week-end avec moi, aller en forêt «  Un week-end rien que pour nous… » J’annule Agnès que je ne reverrais pas d’ici trois semaines car elle part à Chypre le week-end prochain. 

On part le samedi après-midi (elle est venue me rejoindre rue de la Chine. Séance annulée cause pneu crevé) On baise. On part, on trouve un hôtel, chambre chouette à Recloses, près de la forêt de Fontainebleau. On baise avant de dîner, on baise après. 

Au cours du dîner elle me dit qu’elle a revu Arthur P. ( elle a été le voir à son cours de danse.) Moi : «  Comment il va ? Pourquoi tu ne prends pas de cours avec lui ? » 

Elle me dira, dans l’amour : «  Pourquoi tu ne me fais pas des suçons ? » Je lui demande «  Tu ne m’as jamais dit ça… Pourquoi ? On t’en a fait ? » 

Il y a, en chacun de nous, une interrogation sur l’autre, sur ce qu’il a fait sans l’autre. ( Elle a évoqué les «  minettes que je draguais… ») 

Mais : Silence tacite. Je lui dirai après le week-end «  Tu as été amoureuse, pendant 2 jours ! C’était merveilleux ! Et c’était sincère… » – «  Tu m’as déjà vue faire quelque chose avec toi qui n’étais pas sincère ? » Et aussi elle : «  Tu aimes la manière dont je baise ? » – «   Tu as fait des pas de géant  » – «  Et je peux en faire encore… »

( Hier soir, l’ai enculée un peu mais elle avait trop mal, suis ressorti.) Hier soir encore : elle : «  Je te fais du bien ? » Moi : «  Tu le sais. Et moi  » Elle : «  Je te l’ai dit que tu me faisais du bien. Je veux savoir si je t’en fais…  » 

Dimanche : marché en forêt. Pique-niqué en route (chauffé cassoulet sur camping-gaz.) En marchant, elle : «  J’ai envie  » 

Mais j’avais envie de chier, lui demande d’attendre qu’on soit arrivé à Franchard, que j’aie bu un café et chié. Au retour, à cause de ces contretemps, on ne fait pas l’amour dans la forêt bien qu’on l’ait évoqué et qu’elle ne soit pas contre. 

On fait du stop pour rejoindre la voiture. On s’étonne de faire du stop tous les deux. 

Au retour, dans voiture elle me caresse la queue à travers le pantalon. Je lui dirai ( bien plus tard qu’au moment où j’ai l’impulsion) : «  Tu me suceras en voiture  » –  «  Je l’ai déjà fait  » – «  Je sais mais j’aime ça, tu me le feras (ton impératif)  » – «  Pourquoi tu me dis ça comme ça  » – «  Parce que j’en ai envie. Je te l’ordonne. Je commande.  » 

 

Ce matin, elle part tôt pour amener Krystelle à l’école. Elle m’appelle vers 9 h moins 20 «   Je te réveille  » Effectivement je m’étais rendormi. 

Aujourd’hui : crevé. J’écris au restaurant : tout à l’heure failli m’endormir sur mon siège. 

 


Je ne sais pas où j’en suis avec elle. Elle m’a dit «  Je ne peux pas me passer de toi » (forte coloration sexuelle) et a beaucoup parlé d’enfant, du désir d’enfant. M’a même dit : «  Tu me fais un enfant  » 

Je ne sais pas où j’en suis dans ma vie amoureuse, dans ma vie sexuelle. On ne peut pas se détacher l’un de l’autre. 

 

Elle m’excite, me rend plus chaud qu’un chien en rut. Je la niquerais à mort. Quand elle gémit sous moi, je deviens fou. 

 

Où est-ce qu’on en est 

 


Je me dis qu’elle se rend compte qu’elle ne baisera pas aussi bien qu’avec moi… 

 

26/03/1981

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(01h)

 

Hier ( pas le 25 – le 24, mardi) matin : l’ai appelée à son travail. 

Elle me dit : «  Je pensais à toi, et tu m’appelles  » 

Je la rappelle l’après-midi, en revenant de chez Darbois (qui avait refusé «  Dessins surréels ») Elle me dit qu’elle a envie de me parler mais ne peut pas, qu’elle me rappellera au montage. Elle le fait, me dit qu’elle me rappellera peut-être à nouveau mais : incertitude sur le mixage – je ne serai pas sûr d’être là. 

Le montage fini c’est moi qui la rappelle et lui propose de venir au mixage avec moi. Elle me dit «  D’accord »et me passe Krystelle qui me dit : «  Papa, au revoir. »

Je passe la prendre. Sa mère : couchée, la petite dans la berceuse (ne m’avait pas vu depuis 3 semaines, toujours la même attitude de fuite.) 

On va au mixage, on rentre, on fait l’amour. Je ne la sens pas comme le jeudi et le week-end. 

Je le lui dis et de fil en aiguille, le dialogue en vient au hasard qui m’a fait me couper les cheveux et j’ajoute : «  Le hasard m’a amené bien d’autres choses… ». 

On s’endort là dessus. Réveil : elle part sans mot dire ( juste au moment où elle m’embrasse pour partir : «  Non ne te lève pas… ». 

Dans la matinée elle m’appelle pour me dire que je n’ai pas tout dit. Et là, je bascule : lui parle d’un «  en dehors d’elle ». Je m’énerve, me mets en colère et lui jette : «  Et toi, tu n’as pas connu quelqu’un d’autre pendant ce temps ? ». 

– «  Non »

– «  Tu aurais dû » (je crie presque ça.) 

– «  Je sais… ». 

Je lui dis que c’est elle qui a parlé de petits amours (à côté du grand, du nôtre.) 

Non : ça c’est la veille au soir que je le lui ai dit. 

Je ne sais comment vient sa phrase : «  Je ne peux pas t’empêcher de vivre ta vie. » 

Et 

«  (…)(?) Comme au début, quand tu as fait des choses et que je l’ai appris par la suite… » 

 


Ai parlé de ça en séance. 

Il y a des choses que je ne comprends pas.

 

01/04/1981 

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(1er avril !) (14h30)

 

Le lendemain, je lui ai téléphoné. 

Depuis : revus. Week-end, ensemble à Bruxelles. Au retour : elle me fait la tête pour une histoire d’argent pas prévu ( pas pris assez d’argent – impossible déjeuner dans un chouette restaurant que j’avais repéré.) 

«  Il vient toujours un moment où tu ne fais pas ce que je veux… » 

( Je sens l’argent au centre de ça, comme je ne l’avais jamais vu auparavant.) 

 

À lier avec la notion de prostitution 

 

Je note un épisode qui me paraît très significatif : alors que j’amène Krystelle (lundi) chez le docteur, Maman Doudou, au lieu de me donner le carnet de santé, me donne le carnet de maternité !! 

 

A relier au rêve qu’elle m’avait raconté où elle kidnappait un enfant 

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÊVES

 

Rêves de ces derniers temps 

1/ Je me voyais en image-film (quelqu’un m’avait filmé, imprévu, pendant un reportage) –> mon image : juvénile – peau lisse – blondeur – éclat. Une image étrangement agréable 

2/ Cette nuit : beaucoup de rêves, beaucoup de gens. 

Rêvé de Maja. 

De beaucoup de femmes (l’une d’elles m’éconduisait.) Je devais faire quelque chose, écrire un article ou quelque chose comme ça (notion de littéraire) et une fille me disait que je ne pouvais pas le faire en analyse. Je rentrais dans une colère folle et cassais les verres chez elle. 

Écrit : «  On ne peut pas être Artis (t) e pendant une analyse » 

+ érection. Une fille me disait : «  Tu as un élan vers le bâton ? » (Pas littéral) et je répondais en avertissant : «  Non, c’est le bâton qui a un élan… »

 

12/04/1981 

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÊVES – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Cette nuit : rêve. Colette avec moi à un spectacle. Je crois que j’allais voir un mec, un acteur, qui faisait un numéro, parce que nous devions travailler ensemble. Dans la salle, Jean M.. Il avait un drôle de sourire. Sa présence m’énerve et, à un moment, j’explose : «  Je me tire. » Je me lève, anxieux de la réaction de Colette. Je m’en vais, elle me suit mais je n’obtiens pas la réaction escomptée. Ça tourne court 

 

AGNÈS – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE 

 

Aujourd’hui je me réveille mal. J’agresse Colette sur son attitude vis-à-vis d’Agnès. Elle m’affirme qu’elle a compris des choses et qu’elle «  prendra sur elle » s’il y a des problèmes… Je lui dis que je ne la crois pas, que je n’ai pas confiance en elle. La discussion se prolonge sur 

Moi «  dangereux ». Krystelle pas revenue ici depuis des semaines. Moi à elle : «  Pourquoi ? ».

Elle : «  Je ne sais pas » et, plus tard : «  Il y a des problèmes. Ça ne se règle pas comme ça et tu n’es pas tout seul, il n’y a pas que Roberto Cappadoro… » 

Un enfant d’elle et moi. Elle : «  Tu as une grosse culpabilité vis-à-vis d’Agnès et tu veux un autre enfant ? Je me demande si tu es prêt ? ». 

Malaise. Impossibilité de se rejoindre. 

Elle : «  Tu as peur de toi… ». 

Moi : «  Je suis malheureux… ». 

Elle : «  Moi aussi… ». 

Moi : «  Qu’est ce que je peux faire pour t’aider ? ». 

Elle : «  Devenir serein… ». 

Là pour la première fois, elle est partie se promener. Pris la voiture et partie.

 

21/04/1981 

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Non pas partie se promener. Allée chez sa mère. 

Rentrée le soir. Là, moi : toujours dans mon flip et ma fermeture. C’est moi qui me ferme. Moi aussi. Il faut voir cela. C’est moi qui veux l’échec. 

Après avoir frôlé la violence, elle veut partir. Je la retiens puis lui dis «  Tu voulais partir : tu peux… ». Elle part. Me rappelle d’une cabine près de chez sa mère. 

Je reste fermé. Je la rappelle là lendemain à 17h45. Elle n’était pas sûre de rentrer. 

Hier, lundi de Pâques : Agnès à la maison. Bien passé. Les enfants ont ri et chanté ensemble. Elles écoutaient «  Karen Cheryl »: universalité chez les gosses de ce goût pour les «  tubes » serinés par les médias. 

Raccompagné Agnès avec Colette et Krystelle. Krystelle pleuré à fendre l’âme parce qu’elle ne pouvait pas monter avec nous. A noter : chose importante dans ces neuf derniers jours : dit à Colette que je me masturbais parfois. 

Cela a failli mal tourner – silence. Hostilité, fermeture, etc. mais on a fini par s’enlacer et faire l’amour. 

 

Hier soir pourtant on en a reparlé : elle pense que je me masturbe parce que je n’ai pas avec elle tout ce que j’attends. 

Je lui ai dit que j’aimais faire l’amour avec elle.

 

26/05/1981 

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(Mardi)

 

A la suite de sortie samedi soir dernier (allés danser dans parking avec les «  jeunes »de la famille) – soirée où elle a dansé érotiquement – jalousie – hier soir lundi elle a voulu faire l’amour ( mise sur moi, frotté sa chatte sur moi) – fait l’amour mais moi insatisfait – violence ( lui ai serré le cou très fort, comme jamais) – je téléphone à Michel – ce matin voulu faire l’amour, entré en elle mais elle évite le baiser – je sors, me masturbe sous les draps ( ne fais pas jusqu’au bout ) elle part – je l’appelle au bureau. Elle n’est pas allée travailler, j’appelle Michel qui ne sait pas où elle est, sa mère non plus. Je vais chez Janine me disant qu’elle peut y être. Entre temps elle a appelé Janine pour dire que je la rappelle chez sa mère. Je rappelle : elle : «  Tu affoles tout le monde » Sa mère : «  Vous avez dit à Anne-Sophie que vous aviez des besoins sexuels, Colette c’est une prostituée, alors ! » Fureur de sa mère sur le thème : je suis fou – obsédé. Je n’ai qu’à aller voir les prostituées, Colette protestant parce que tout ça se dit en présence de Krystelle ( comme aussi l’histoire du zizi que j’ai invité Krystelle à toucher.) Elle me raccroche au nez.

 

02/08/1981

 

VÉCU – FEMMES

 

Fait l’amour avec (liste complétée à une date ultérieure inconnue (probablement avant 1992 puisque Élisabeth N°2 avec qui j’ai eu des relations en 1992 n’est pas mentionnée)

  1.     Jocelyne
  2.     Madeleine
  3.     Marie-Odile (impuissant)
  4.     Inès (impuissant)
  5.     Josette
  6.     Danielle
  7.     Myriam
  8.     Danielle (impuissant)
  9.     Anne
  10.  Colette
  11.  Maja
  12.  Guylaine
  13.  Framboise
  14.  Geneviève
  15.  Emma
  16.  Loan
  17.  Ghislaine
  18.  Marie-Josée (impuissant)
  19.  Infirmière copine Évelyne (impuissant)
  20.  Lucile (juillet 82)
  21.  Pascale
  22.  Mathilde
  23.  Élisabeth
  24.  Fatima
  25.  Karen
  26.  Marie-Christine
  27.  journaliste Lyon

 

Flirts :

˗            Suzan

˗            Annick

˗            Laure

˗            Édith

˗            Allemande ?

˗            Suédoise ?

˗            Française ? (Été 65)

˗            Marielle

˗            Christine

˗            Do

˗            Marine

 

08/08/1981 

 

VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – AGNÈS – KRYSTELLE

 

Je n’ai pas écrit sur ce carnet depuis le 26 mai, soit pratiquement deux mois et demi. 

Que s’est-il passé depuis cette date 

Ma jalousie ne s’est pas démentie. Elle a trouvé à s’alimenter dans un échange téléphonique François-Colette (il a appelé le premier, ici.) Violence, toujours, également. De ma part bien sûr, mais aussi, une fois de la sienne ( ciseaux sur la gorge) une nuit où elle a voulu que j’appelle la doctoresse. Le paroxysme, je pense de sa violence. Elle était comme folle. Les yeux exorbités. 

Dans ce climat, les vacances s’approchaient. 

Je pensais sérieusement à aller à Saumane sans elle, cependant partagé entre l’angoisse de m’y retrouver seul avec Agnès et les fantasmes, à la faveur de l’été, d’y faire des «  rencontres »… (Je ne croyais pas si bien penser puisque j’y ai rencontré Marielle…) Compromis : Je pensais à y convier Zyf. En ce sens : échange téléphonique avec lui mais en restant prudent, en disant qu’après tout j’irais peut-être avec elle… Or, c’est elle qui déclara ne pas vouloir y aller puis, par la suite, se rétracta et accepta de partir… 

A noter : Deux grands refus chez elle s’étaient fait jour : 1 – Refus du mariage – 2 – Refus d’un enfant avec moi…, ceci sans que je puisse le dater précisément mais se situant dans les derniers mois… 

Finalement : Départ en vacances avec les deux enfants… Une fois sur place, deux ou trois jours (non disons, une semaine) vivable (même, là-bas : amour au rez-de-chaussée et escalade de l’escalier à quatre pattes, moi en elle… Je note au passage la confirmation de ce que je lui ai écrit il y a 2 jours : désir chez elle de s’approprier le phallus…) après, 

 

VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – AGNÈS – KRYSTELLE 

 

À propos d’Agnès ( qui pleurait parce que Krystelle avait dit «  la grosse Agnès » et que j’étais seul à la consoler – éclatement ( il y avait eu avant le refus de Colette de s’associer à mon contentement, d’avoir managé ces vacances là et qu’elle dise «  ne pas vouloir devenir, neurasthénique… » 

Suite à quoi : elle, dans la cuisine : «  J’en ai marre de ces vacances… » Moi, me dressant d’un bond, venant à elle : «  on peut les abréger, je peux t’amener au train… ». 

Et, de là, enchaînement : elle téléphone à ses demi-sœurs pour qu’on vienne la chercher… Moi : «  Tu as été vite… » Colère. Cris. Violence. Krystelle pleurant. Agnès m’arrêtant ( «  Ça tourne pas rond ? ») 

Par 2 fois, les choses manquent se raccrocher 

1 Avant arrivée d’une des demi-sœurs, elle vient me voir, jouant avec l’ordinateur dans la petite bibliothèque : «  Je peux les renvoyer… » mais je ne cède pas. 

2 Quand ils sont là et que je vois qu’elle va repartir avec eux, je monte observer tout ça du haut de la tour ( Agnès m’y rejoint.) 

Mais je crois qu’elle a décidé de rester, car elle ne part pas avec eux. Je dis à Agnès : «  Elle reste parce qu’elle m’aime… » Agnès se rembrunit «  Alors il va falloir que je fasse un effort… » Elle m’avait dit juste après la scène de violence : «  Si elle était venue à moi, j’aurais répondu… » Chacun attendait que l’autre fasse le premier pas…  

Nous descendons et rencontrons Colette et Krystelle qui reviennent de chez le vieil ébéniste. Agnès se jette dans les bras de Colette qui dit : «   Ils ne peuvent pas me prendre… » Je reçois ça sur la tête et me fige. «  Alors Agnès et moi on s’est fait un roman ? » 

À partir de ce moment, il n’y aura plus de machine arrière d’aucun des deux côtés… 

 

VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE 

 

Seul échange entre nous : dans la voiture en l’amenant à Orange chez sa demi-sœur où je lui dis que j’aurais voulu la détruire elle aussi comme moi je m’autodétruisais mais qu’elle n’a pas voulu se laisser détruire… A quoi elle répond : «  Mais tu crois que je ne me suis pas détruite ? » Puis séparation. Elle : «  Dis-moi quelque chose de gentil… » et moi ne trouvant rien d’autre à lui dire que : «  Je t’ai aimée… » 

Non : autre échange : avant la voiture : je l’entraîne, juste avant le départ, à la terrasse du bistrot de Saumane où elle m’apprend qu’elle se trouve bête d’avoir répondu à François, qui lui avait écrit chez sa mère qu’elle : «  avait choisi. » Où je lui réponds que ça s’arrangera et qu’ils se retrouveront. 

 

VÉCU – AMIS – FEMMES – marielle – framboise – geneviève

 

Après, c’est mon histoire…

C’est, sur l’autoroute, en allant chercher Zyf que j’avais appelé pour qu’il vienne et qui était à Sommières : une intense excitation, une joie douloureuse en écoutant «  Storm at sunup » de Vannelli. C’est le début de l’écriture de «  Premier livre » avec Zyf à côté écrivant son roman.

C’est le 14 juillet à L’Isle-sur-la-Sorgue où je revois Marielle (connue, ironie du hasard, parce que Colette avait heurté, avec la voiture, sa cousine), Marielle avec qui je danse, que j’invite à venir le lendemain à la maison, qui vient (réunion avec ses cousines, Zyf et Agnès…) que je revois le soir à la fête à Fontaine de Vaucluse (je la cherche dans la fête, la trouve, on va se promener. Elle me fait ses confidences et se dérobe à mes entreprises (elle a déjà connu une déception avec un type de mon âge). Je l’invite à la maison le lendemain. Seuls tous les deux dans la maison. Elle est silencieuse (Non : la maison, c’est après un rendez-vous au parc du château et promenade dans le chemin…) Là : échange d’adresses. Je dois partir le lendemain ou plutôt deux jours après, le samedi. Entre-temps, L. et son amie Maryse arrivent et proposent qu’on reste un peu plus longtemps. (À noter : conversation avec L., Maryse et Zyf…)

Marielle apprend par Agnès que je reste, remet un mot à Zyf, disant qu’elle part en Italie (pour «  oublier ») et me donne rendez-vous sur la place.

À ce rendez-vous  on monte au parc  s’assoit sur le banc  caresse – étreinte.

Je pars. 

Depuis : à Paris : deux lettres d’amour. Affaire en cours.

Puis, après Saumane : Brignoles. Rien de marquant (si ce n’est conversation avec Mona : «  Tu as peut-être des problèmes, mais tu respires la joie de vivre… »)

Après Brignoles  la Claverie.

Arrivée de la Fanfare (premier soir : belle défonce à l’écoute de leur musique…)

Puis arrivée de Framboise, que je n’avais pas revue depuis six ans.

Deuxième soir de musique… Je viens dire à Framboise qu’elle est plus belle au fur et à mesure que les années passent… Elle me tombe dans les bras. Éblouissement pour moi. Félicité. On fait l’amour fantastiquement (étreinte cachée par la camionnette puis sur l’asphalte du chemin, puis amour dans l’herbe, où elle crie dans l’orgasme.

Après : fermeture chez elle. Refus de se laisser emprisonner. Et moi je transpose, étonnamment identique, mon désir de Colette à Framboise. Et pendant deux jours, j’oublie Colette.

Littéralement elle n’a plus existé pendant ce temps.

Saisi par un démon d’illusion, juste avant de partir pour Paris, je dis à Framboise que je l’aime. Remonté à Paris avec Geneviève (orage dans la nuit + musique : cassette de la fanfare à la Claverie. Images = son = extraordinaire).

On laisse Agnès chez René  Paris vers 2h30 du matin. 

Angoisse en rentrant dans l’appartement  tendresse avec Geneviève  amour avec elle.

Puis : solitude (sauf : appel d’Anne) Sortie avec elle. Ciné : «  Excalibur »  couscous. Souvenirs. Rien de plus)

Un soir : appel de Colette, saoule

 

VÉCU – FEMMES – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE 

 

Un soir : appel de Colette, saoule, d’un restau grec. Me disant qu’elle a lu la lettre de Marielle (arrivée à Paris pendant que je n’étais pas là et confiée à Colette par Laurent.) Jalousie. Elle me demande si je «  l’ai fait »… Je dis que oui. (En réalité je n’ai pas baisé Marielle). Elle me dit qu’elle part à la Martinique en septembre mais dit qu’elle passera prendre ses affaires le lendemain. 

Quand je rentre, je constate que Colette n’est pas venue. Elle appelle le lendemain matin, pour s’en excuser. 

Appel de chez sa mère puis d’un premier puis d’un deuxième café  puis de nouveau de chez sa mère. Là, je craque. 

Jalousie. Véhémence. L’après-midi lui envoie une lettre dont je garde le double photocopié.

 

– Note écrite à 34 ans

 

19/08/1981

 

VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(0h30)

 

Suite aux pages précédentes 

Après la soirée où j’ai rencontré Rodolphe, etc. A 5 h du matin, la sonnette de l’interphone sonne. C’est elle. Elle passe «  me faire la bise. » Elle était venue avec Antoine en voiture. Elle le renvoie, monte (après que j’ai insisté), prend des affaires, danse, réveille sa mère pour avoir le téléphone d’Antoine qu’elle appelle pour qu’il vienne la chercher (il est ahuri, déjà couché. Je lui transmets par téléphone un «  amical bonjour… ». Elle me propose de faire l’amour puis quand j’accepte (après lui avoir dit : «  Tu ne sais pas dire : J’ai envie ! ») Elle refuse. Je la raccompagne, retour orageux. Jalousie. Elle : «  Je vais me gêner ! ». Le dimanche matin : elle m’appelle pour que je lui apporte un parapluie dont elle a besoin le lendemain pour aller travailler (Elle reprend à Eutelsat pour trois semaines). 

Me téléphone : «  J’ai encore rien fait. Je ferai ça à la Martinique… Plus on attend, plus c’est bien ! » Je me mets à sangloter et à hurler comme une bête au téléphone. Je raccroche. Elle rappelle. Je décroche en sanglotant, elle me demande pardon. Je lui hurle : «  Salope » et raccroche. Je crois bien n’avoir jamais pleuré aussi fort. Je rappelle plus tard, m’étant «  ressaisi » pour le parapluie, le lui amène devant chez sa mère. Regard dur. Mots de reproches et de complainte chez moi. 

Le soir son père m’appelle. C’est elle qui lui a dit de m’appeler. Les jours qui suivent, je profite de l’appeler pour l’en remercier mais c’est elle qui m’appelle un matin (alors que Marc D., resté couché à la maison, est là…) Je lui dis en riant que je comptais l’appeler pour son père. 

Elle me rappelle plus tard : «  C’est re-moi, viens manger avec moi à midi » Le midi je ne peux pas mais la retrouve le soir. On va boire un pot au Pub Winston Churchill. Elle me provoque, après un long silence (silence typique : «  trop à dire alors taisons-nous… ») sur Fabienne avec qui je pourrais, etc…? Colère chez moi. Violence dans le pub. Après restau «  La Frégate », je la ramène devant église sa mère après crise de larmes en voiture. On a envie tous les deux. On va d’abord à pied chercher un coin sombre puis on fait le tour de l’église en voiture. On va au parking des Abattoirs de la Villette où on fait l’amour dans et contre la voiture (elle a ses règles et ensanglante le coussin passager. Je la ramène chez sa mère après. Le lendemain : déjeuner ensemble (friands et pain au chocolat sur l’esplanade de la Tour Montparnasse.) L’après-midi : j’appelle 1/ Loan qui me dit qu’elle va partir, propose de me rappeler et à qui je dis «  laisse tomber ! » Elle : «  Je laisse tomber… ». Je vois cette affaire finie. Ça me fait flipper, ? 2/ j’appelle Colette. Lui dis que ça va mal. Elle propose qu’on se voie. Rendez-vous à 7h 1/4 on va voir «  Autant en emporte le vent… » Après restau Assiette au bœuf à St Germain. Soirée gâchée par ma déception qu’elle n’ait pas prévu de dormir avec moi. Mais, in extremis, forte envie de faire l’amour. Super flirt dans la voiture. Amour ici très fort (je crie comme jamais avec aucune femme.) Elle me le dit d’ailleurs. Je lui dis qu’un moment, nous voyant dans le miroir : «  Regarde-toi en train de te faire niquer par moi… » Elle : «  Pas la peine de me le rappeler… Je sais que tu t’es fait niquer, que tu en as niqué d’autres… » puis pendant l’amour : «  Tu peux me ramener ? » Moi estomaqué, trop crevé, je ne la ramène pas. 

Elle part chez sa mère en bus (sans avoir pris de café car la vaisselle est dégueulasse.) C’est samedi matin : le samedi soir sortie au Flash-back avec Rodolphe, Carmen, Riri, sa copine Brigitte et Ti Alex. Chez Ti Alex sur le balcon : «  J’ai besoin de m’arrêter. De partir (en vacances) » Flip chez moi. Il se confirme qu’elle part. Je savais qu’elle en avait l’intention avant qu’on refasse l’amour, là je sais qu’elle la maintient. Elle : «  On ne peut pas faire autrement. Ce qui doit être fait sera fait… »

 

– Note écrite à 34 ans

 

19/08/1981 

 

VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Après sortie en boite : tristesse chez moi, pas très prononcée, en tout cas pas d’agressivité. On a fumé chez Alex. Je suis défoncé (sans doute je me raccroche à ça pour éviter l’agressivité.) À  un moment, je veux qu’on sorte pour re-fumer ensemble mais on nous interdit l’allée et venue ( quel symbole !) Je suis mécontent : elle me dit : «  Tant pis ou alors vas-y seul » (on autorise une personne à sortir.) Je réponds : «  On n’a pas la même échelle de valeurs, ce soir… » id est : c’est important pour moi de fumer (pour m’évader.) ? Je voudrais fumer avec toi (d’où flip parce que ça ne la gêne pas que je le fasse seul.) Elle me dit : «  Tu cherches la bagarre ? » Elle y est visiblement prête bien qu’elle soit tendre ( veut danser avec moi mais je sors de la piste, ne ressentant plus la musique + vient se mettre contre moi au bar, entre mes jambes + me dit : «  C’est toi que je désire… ») 

Ces mots me suivent jusqu’à aujourd’hui mais je me méfie. C’est si fugace, chez elle ! On rentre. Commence à faire l’amour mais sans intensité. Je lui parle en baisant de l’excitation à l’idée de l’infidélité de l’autre. Elle me dit que ça ne l’excite pas… Elle jouit mais moi je sors d’elle et ne jouirai pas… Je lui parle encore mais elle s’endort en m’écoutant. 

Elle me dit : «  Tu n’es pas évident… » – «  Tu sais ce que tu veux, avec moi : tu me veux sans failles… » – «  J’espère que la psychanalyse va t’aider, id est : à ne plus être comme tu as été ce soir, triste, etc. » Moi j’estime que ce soir en tout cas j’ai des raisons d’être triste et de mal vivre les choses… 

Le lendemain matin : je suis assis sur le coussin, silencieux et déprimé. 

Elle : «  Fais quelque chose ; c’est pas possible… » 

À partir de là, moi : larmes – colère ( couteau, je la menace. «  C’est pour toi, pour lui ou pour moi ! … » Elle s’en va après avoir lancé à un moment : «  Je vais faire l’amour avec François… » 

Elle revient sur les vacances «  de sa fille » gâchées… Elle part. (J’oublie d’écrire qu’avant qu’elle parte, je lui dis : «  Et si je faisais l’amour avec des femmes, maintenant, est-ce que tu l’as admis ? » 

– «  Je n’ai rien admis. » Mais elle accepte. Ça me rend furieux. Je la jette dehors.

Elle me rappelle plus tard pour voir comment je vais. Au téléphone, je reviens sur les autres femmes, lui demande de me demander de ne pas le faire. – «  Est-ce que j’en ai le droit ? » Je dis que je l’attendrais «  En auras-tu le courage ? » 

Je râle après ce manque de confiance. Et c’est vrai que c’est lui qui me presse aux actes : – le lundi soir je dîne avec Loan, qui m’a rappelé (surprise) le samedi, l’amène à la maison et nous faisons l’amour. Pas génialement, d’ailleurs. L’excitation ravageuse des premiers jours avec elle a fait place (suite à une morsure lors d’un baiser) à une tendresse plus inhibée. Je raconte à Loan toute (non, une partie, en laissant de côté les enfants, la violence) l’histoire Colette. 

Loan remarque à juste titre que l’amour fait faire n’importe quoi. Elle ne comprend pas qu’il y a pour Colette un partage de culpabilité

De cela je doute parfois mais je crois que c’est vrai. L’aspect désir de François existe aussi. Mais l’un n’exclut pas l’autre. Il y a, il y aura de plus en plus en Colette un conflit violent. 

 

Mes reproches culpabilisateurs commencent à porter leurs fruits. 

 

Hier : rien. 

 

Aujourd’hui : je l’appelle. Krystelle malade, engueulade avec sa mère. Elle est à cran et parle de «  dire merde » à tout le monde, François et moi compris. 

Mais elle dit aussi qu’on ne peut pas se quitter, que ce n’est pas maintenant que ça va se faire… 

 

– qu’elle se rend compte qu’elle se nie elle-même, qu’elle a toujours pensé aux autres alors qu’elle a envie de faire des choses «  Quoi ? » Lui dis-je. «  Je ne sais pas ». 

 

Je prends un coup pour le «  dire merde » «  C’est ça ton état d’esprit ? » «  Je m’éloigne de toi pour mieux me rapprocher… Tu m’as beaucoup apporté en trois ans… » 

 

Je comprends ce qu’il y a de neuf, le trouble en elle, profond, remuant… Mais je vis mal le «  dire merde » et la rappelle furieux et après une demande de nouvelles pour Krystelle, l’attaque «  Tu es une enfant gâtée toi aussi, quand quelque chose ne va pas tu te mets en colère et fais la gueule… » Habituée à être gâtée par ta mère. Ne faisais rien, ni cuisine, ni vaisselle, ni ménage, etc… Même à la maison. 

+

Problème par rapport au Père : homme idéalisé + coupable. Créé ça chez moi. Exploité. Je ne cesse de lui dire : «  J’exige que tu aies besoin de moi » (comme dimanche : «  Tu ramperas… » Elle : «  Oui, je comprendrais des choses. J’en ai déjà compris. J’ai fait des progrès mais j’ai encore du «  travail ».) 

 

Elle, devant mon agressivité : «  Tu es une autre personne. Je devais te rappeler, tu ne m’en laisses pas le temps : t’es timbré… » Moi : «  Au revoir Colette », je raccroche. 

 

Vais au restau pour manger, laisse mon plat, la rappelle. 

 

On évoque la nécessité qu’elle ( : lapsus : qu’elle me manque : vrai aussi) que je lui manque pour qu’elle me désire. Elle «  Ca à l’air d’être ça… » 

 

Elle : «  Oui tu m’as toujours valorisée. Même que ça me gênait parce que je n’en faisais pas autant… » 

 

Moi : «  Pourquoi tu ne le fais pas ? » Pas de réponse. «  Est-ce que tu es une femme poète ? Tu es à ras de terre. Je t’ai toujours mise dans les nuages. Invente ! »  

 

Elle : «  Oui » mais elle me quitte en me souhaitant «  Bon appétit ». Ça va jusqu’à me faire sourire.

 

Elle propose qu’on se voie ce soir. 

 

Je suis dans un café, en bas de la tour, en attendant qu’elle vienne me rejoindre…

 

20/08/1981

 

VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Le soir (hier soir) je l’amène chez sa mère ( elle passe voir Krystelle) puis on va prendre un verre au «  Général Lafayette » Un type seul engage la conversation qui du cinéma passe à la philosophie. On doit se quitter car un comédien (Christian B. doit venir à 21 h Au moment de se quitter, elle propose qu’on reste ensemble : elle se mettra dans la chambre avec la télé. 

Après le départ de Christian (qui me paraît très bien pour le rôle, je l’ai rencontré par hasard au télé-pub, me souvenant qu’on s’était contactés pour le rôle du photographe dans «  Sibylle ») On fume et on se met à faire l’amour. 

Je crois bien qu’on ne l’a jamais fait comme ça. Le hasch y est pour quelque chose, bien sûr. Je me sens dans un état second. Le plaisir en devient presque douloureux. Ça dure très longtemps (sans doute une heure et demie), je ne débande pas. Elle bouge, gémit, crie même beaucoup. 

Beaucoup de choses deviennent possibles : elle me suce avec plaisir – on essaie avec le même plaisir plusieurs positions. Je propose de prendre le gode, elle accepte : je me masturbe en la regardant. Elle le garde longtemps. 

Après l’amour : je me paie une petite syncope, sentiment de malaise, sensation de mort. 

Je me dis que je dois me punir d’avoir touché au sexe. 

On refait l’amour. 

Je pars dans un délire hallucinatoire ( je m’aperçois que le hasch chez moi favorise l’hallucination (pas visuelle mais au sens où je prends mon imaginaire pour la réalité ( aussi bien l’imaginaire agréable que l’inverse.) A un moment, sans crier gare, un intense désir de Krystelle me prend et je me mets à l’appeler et à lui parler en pleurant, en sanglotant même. 

 

À l’heure actuelle, mon problème, c’est (encore) la fidélité : j’en suis plus près que jamais mais j’hésite encore. 

 

Je pense à tout larguer : écrire à Marielle qu’on arrête – Remercier poliment Loan – Ne rien faire avec Maryline.

 

J’en ai parlé cet après-midi avec Pierre D.. (Il était venue enregistrer une scène). Il m’a rappelé après pour me dire qu’il était content qu’on se soit rencontré, qu’il était très touché. 

Ça m’a beaucoup touché. 

Je suis heureux de me faire ainsi des amis…)

 

23/08/1981 (dimanche) 

 

Hier samedi…

 

VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Repris le mardi 25/08 

 

Revu Krystelle (au café) puis samedi soir : Restau avec ti Alex et sa fille le soir. Dimanche : jardin d’acclimatation. Soir : elle veut rentrer avec moi mais je ne veux pas parce qu’on a promis à Krystelle qu’elle dormirait avec elle. Pot ensemble au Rond-point avant de partir : elle reparle de la Martinique. Elle est toujours hésitante. 

Le soir je vais au restau juif de Belleville. Trouve un message bref en rentrant, que j’enregistre.

Hier mardi l’appelle le matin au bureau pour «  accuser réception » du message. Elle a mal dormi (4h du matin) moi aussi. 

J’attends qu’elle m’en parle. Pas le lieu ( à son travail) la rappelle, «  impossible de ne pas t’appeler ». Elle : «  Arrête ou je prends mes affaires et je m’en vais. Tu auras gagné… » suite à une réflexion que lui à fait son «  chef » sur le téléphone. 

Le midi, j’annule un déjeuner et vais la voir, à la cantine. Prenons un café : on ne se dit rien. Juste baisers, sourires, caresses. Ça oui, ça, comme toujours. 

Le soir je viens la chercher à 6 h On projette un repas à la maison et une soirée au lit. 

Mais en l’attendant devant l’église de sa mère, elle arrive avec Rodolphe et Carmen qui voulaient sortir avec elle. On va ensemble au restau. 

 : Jeu homosexuel encore avec Carmen (il faut citer ici une sortie en boite «  Le Krypton » où déjà : manque d’elle chez moi et relation homosexuelle consciente chez elle avec Carmen.) –> On raccompagne Rodolphe et Carmen chez eux. Au retour : colère, jalousie chez moi. Elle se met sur moi mais je me sens castré quelque part. 

La nuit dégénère après une tentative, un espoir chez moi «  qu’elle comprenne » le désir que j’attends (mots dans l’amour) Mais elle revient dans le silence. 

D’où moi –> violence. Elle : gros sanglots. Je ne cesse de lui dire : «  Parle-moi… ! » Peine perdue.

Elle est certainement sûre de son bon droit. 

Moi aussi. 

Les mots de cette nuit : «  Rien n’a changé » – «  Je me suis trompée : je croyais que tu avais changé » – «  Je changerai jamais, tu changeras jamais… » – «  Je ne t’aime plus » – «  Je veux rentrer chez moi ». 

On s’habille, se déshabille. S’apprête à partir, ne part plus, etc… 

Je lui tire les mots de la bouche. 

Fait l’amour (elle jouit) mais moi : «  Je suis déçu » (parce que j’avais commencé les mots excitants et qu’elle ne les continuait pas) alors : je sors sans jouir (Pas encore joui quand j’écris ça.) 

Je pleure et l’appelle comme jamais : «  Maman, j’ai peur » Je dis aussi : «  Mon Dieu ! » Plein de fois. Moments abominables pour moi. 

Elle : «  Je ne suis pas ta mère » Moi : «  Sois-le pour un moment. » 

Grande violence. Lui tord le bras, lui serre le cou : «  Parle-moi » Avais l’impression que je réussirais à lui tirer la Parole ainsi mais non, bien sûr. 

Pas plus que ce matin (État physique lamentable.) Ce matin encore ressentiment plus revendications de sa Parole. Elle : silence. Elle veut prendre le bus alors que je m’apprêtais à l’emmener. («  Tu vas me mettre en retard ») Ulcéré, moi : «  Vas-y prends le » après avoir insisté. Elle : «  Je le prends ? » Elle le prend. Moi : «  Je suppose que tu t’en fous d’avoir le téléphone de mon travail, tu m’appelleras pas ! » ( Fureur à cet instant. Lui demande le téléphone de Rodolphe avec qui hier soir : forte relation. Il lui avait dit que je l’avais fait flipper quand il m’a rencontré seul le soir aux halles). Elle me dit : «  Je l’ai pas, j’ai pas mon calepin. Pourquoi ? Tu veux l’embêter ? » 

Je me jette sur la porte qu’elle ferme derrière elle. (Après «  Tu me méprises… ») – «  Je ne te méprise pas » Elle hurle «   Arrête » sur le palier. 

 

Voilà. Je suis seul. Il est 9 h 05. Je pars au travail ( Banc titre Tilt) 

 

06/10/1981

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – FEMMES

 

(9h35)

 

 Café en bas de la Tour Montparnasse. 

 

Encore une crise : à propos de l’amour. Physique de la sexualité. Hier : elle malade («  poids » sur le cœur) –> moi déçu : Je voulais faire l’amour (J’en avais parlé en séance) et je voyais s’annoncer une morne soirée de plus. 

Elle le remarque –> conflit. «  Tu veux me ramener chez ma mère puisque je t’énerve, puisque tu ne supportes pas que je sois malade ? » Ces paroles me rendent furieux. Je fais demi-tour. Elle ne monte pas, hésitante. Je la ramène, parlant d’un «  échec de plus » pour moi. «  Tu n’as pas peur de me perdre » (cette notion de peur que je cherche à provoquer en elle m’apparaît ce matin clairement : j’ai peur et cherche à faire peur, à provoquer l’identité, à créer un double de moi. Pourquoi le double est-il rassurant ? ) On finit par se mettre au lit, on parle ( de la «  folie » ; de l’analyse, du sexe. Enfin : je parle.) On se contacte pour faire l’amour : elle crée un jeu : «  Repousse-moi pour que je reste… » Quand elle vient sur moi, je veux lui mettre un doigt au cul… Elle refuse ? colère chez moi et «  démobilisation » Conflit. Je lui parle de ce que je désire : les préliminaires, pipe dans la voiture, dessous, suce-moi la chatte, qu’elle m’offre son cul à sucer, etc… Elle au bout d’un (long) moment : «  Parce que tu veux une chose tu peux en casser une autre… » Je reviens et lui fais l’amour. 

Ce matin : à propos de je ne sais même plus quoi : colère chez moi – conflit. Je reviens sur une chose dite hier soir et que j’allais oublier : «  Si ça continue comme ça, j’irai voir ailleurs… » A laquelle elle n’a rien répondu (Alors que j’attendais : oui ça va changer…) Ce matin : même butée chez elle. Je la menace et elle, comme un suspect chez les flics, lâche un aveu extorqué par la menace. Je lui dis qu’il n’est pas valable. Je la frappe en arrivant à la Tour. Elle monte, redescend. Je suis au café, incapable de partir. Je lui ai téléphoné que j’y allais. 

 


J’ai envie d’autres femmes mais j’ai aussi envie d’elle. Je veux créer son désir par la menace de trouver le mien ailleurs = erreur. 

 

Je suis dans l’erreur.

 

09/10/1981 

 

VÉCU – FEMMES – Ghislaine – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

J’écris sur le comptoir d’un café, place Gambetta. 

 

Me sentant gêné décrire ainsi sur le comptoir, je suis venu m’asseoir ici, à une table… 

 

Je me sens «  merveilleusement » bien. J’emploie ce mot à dessein (bien que sans le préméditer, paradoxe !) : en effet, aujourd’hui, j’ai eu des gens au téléphone pour qui, par qui, j’existais… Je suis descendu à la cave exhumer des dossiers (je cherchais des projets d’émission suite à un problème avec Jacqueline V avec qui je pressens que je ne travaillerai plus). J’ai exhumé du même coup tous mes anciens carnets (je cherchais celui où j’avais écrit : «  Ve Ho est morte » pour le montrer à Loan). 

J’ai relu ces anciens carnets. Je me suis retrouvé tel que j’étais avec Colette, au début, puis, plus anciennement, avec Anne, puis avec Jocelyne. 

Et j’ai mesuré le chemin parcouru. 

 

Ainsi cette vérité profonde m’a remué : j’ai changé. Je suis le même et j’ai changé… 

 

Je tiens dans mes mains tous les fils de ma vie. L’écheveau se dénoue lentement. 

 

À force de dénouer patiemment, je me dis ces mot que l’on se dit dans ces moments : «  Ça vient… » 

 

Et la preuve m’en apparaît en cet instant même, aussi sublime que tous les autres instants de la vie (mais seuls certains émergent, on ne peut être toujours conscient, me semble-t-il…) : la preuve c’est que l’analyse fonctionne, m’éclaire : «  Ça vient », c’est aussi ce qu’on dit quand on est sur le pot et que la merde va sortir… Et Dieu sait (expression qui est revenue plusieurs fois en séance et qu’il me reste à expliciter…) que j’ai parlé du pot en analyse, ces derniers temps. 

 

Peur. Colère : peur de faire caca alors que c’est interdit. Colère qu’on me l’interdise. Merde libératoire. Peur et colère : ma relation avec Colette. 

 

Aujourd’hui je me libère. Je me sens bien parce que j’ai décidé (avant-hier soir – Carmen était avec nous à la maison) de quitter Colette. 

Et parce qu’en même temps s’envolent ces torturants sentiments d’infériorité et de culpabilité. 

 

J’ai passé la nuit avec Ghislaine et ce soir, je sors avec Loan. 

 

Colette me faisait peur, me culpabilisait et était trop bloquée pour dépasser cela. 

 

Moi, j’étais trop bloqué pour dépasser ma peur et ma culpabilité. 

 

Aujourd’hui, je ne ressens plus d’angoisse… 

 

Et je n’ai plus envie de Colette. 

 

Je ne veux plus. 

 

C’est vraiment fini. 

 

Je sais que, s’il me revenait le regret d’elle, la nostalgie, ce ne serait qu’un reste de culpabilité. 

 

Aujourd’hui, je goûte la vie, ma liberté. 

 

J’ai tant de femmes à connaître, à aimer 

 

Aujourd’hui, j’ai en moi ce mot de Ghislaine au téléphone : «  J’ai la tête pleine de toi… » 

 

Au restaurant «  Les pieds dans l’eau » sur l’Île de la Jatte.

Un endroit de Paris où je n’avais jamais été…

Façade du restaurant étrange style guinguette, tel un décor de film. Intérieur tout en redans, en différences de niveau.

Baiser sur sa bouche par dessus la table, mains qui se cherchent et se prennent.

Étreinte en sortant.

Je soupire. Une pluie légère et presque chaude esquisse une chute, laisse couler sur nous juste quelques gouttes.

Nous sommes enlacés sous un arbre qui ressemble à un figuier.

Dans la voiture, je mets «  Storm at sunup », «  ma » musique, comme je le lui dis.

Elle écoute, fermant les yeux.

«  J’ai aimé que tu sois sorti de ta voiture, quand je suis sortie de chez moi. Tu es venu à moi avec un grand sourire, chaleureux… Je me demandais comment tu ferais quand je sortirais… »

 

Les premières fois !

 

L’importance, la singularité irremplaçable des premières fois !

 

À la fois l’éblouissement quasi onirique d’un instant qui ne se répétera jamais et la déchirante nostalgie du temps qui passe et emporte dans le passé cet instant, invraisemblablement vivant (la vie même) et déjà mort dans le temps même où on le vit…

Je pense à un homme (à femmes, un séducteur) qui noterait sur un carnet, à la suite, tous ses «  premiers moments » avec les différentes femmes de sa vie.

 

Tant de fraîcheur, d’ivresse, d’émerveillement à la file… !

Et entre ces moments : autant d’» histoires »…

Et si d’un «  premier moment », on passe à l’autre, c’est qu’on est passé d’une femme à l’autre, aussi… !

Tous ces bonheurs enfilés, comme les perles d’un collier inestimable, désignent autant de chagrin, de tristesse, en creux…

 


En écrivant, il me vient une tristesse vague, diffuse. Je suis toujours «  bien », mais en même temps, ce sentiment du temps qui passe, cette perception « existentielle » me donnent la mesure de moi-même, de mes possibles et de mes limites

 

16/10/1980 

 

MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

À propos de ces lignes, G., en séance, quand je les ai lues et que j’ai dit m’être «  libéré » : «  Vous avez même le papier… » puis «  Greffier, inscrivez… » 

Je m’interroge aujourd’hui : qu’est-ce une ironie destinée à me montrer qu’il s’agit de «  l’illusion » d’être libéré ? Est-ce pour m’indiquer la présence – une fois de plus – de la notion de procès 

Si «  libération » il y a, n’est-ce pas moi-même qui ai décidé de m’enfermer 

Lors de cette même séance : mise en évidence de la notion de magie. Et, en effet, il me suffit de relier à ces lignes du 9 et la description du «  premier moment » avec Ghislaine pour m’apercevoir de l’énorme part de «  fiction » qu’elles renferment… 

 

Amour – Magie – Fiction. 

Je m’interroge sur ces thèmes 

illusion, 

magie, 

liberté, 

amour. 

 

VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Suis mal ce soir parce que 

– seul 

– trouvé message de Colette me disant que son frère Michel a réclamé ses bandes 

– qu’elle aimerait avoir les photos (tournage premier livre – ? Krystelle – soirées à la maison. 

D’où : forte culpabilisation. 

 

Disproportionnée par rapport à l’événement, 

prête à refaire surface, aussi forte.

 

20/10/1981 

 

VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

(mardi)

 

Hier matin : Étais très mal, très déprimé –> l’ai appelée, chez sa mère. Pas là. Elle travaillait (Eutelsat) 

Elle m’a rappelé dans la matinée : «  Qu’est-ce qu’il y a ? Ma mère m’a dit que tu étais agressif… » 

Je dis que non. Elle me demande si ça va. Je dis non. 

Elle me demande des nouvelles d’Agnès. Je dis qu’elle ne me demande pas pourquoi j’appelais… Elle dit qu’elle voulait le faire. Je dis que c’est parce que j’étais déprimé. Pas de réaction. 

Je dis que je ne veux voir personne. Elle demande qui je ne veux pas voir (pensant à Danielle) dit qu’elle lui fait une gueule. 

Quand elle apprend que je vois Marine le soir, elle me dit «  Puisque c’est comme ça, je ne veux pas te voir, tu fous la zizanie dans mes relations » 

– J’appelle Danielle parce que je culpabilise et veut préserver leur amitié. Erreur = je dis à Danielle que Colette lui en veut parce qu’elle a senti l’attirance qu’elle exerçait sur moi 

–>Danielle lui en parle et quand l’après-midi je la rappelle du montage rue Amélie , dans une salle déserte, elle me traite de fou, de malade, dis qu’il faut que je me fasse soigner, elle a su pour Danielle que je lui avais téléphoné. Me reproche de m’occuper de ses affaires alors qu’elle n’a rien demandé, et de parler d’elle à des gens. 

Me dit : «  Oui viens à 6 h pour les photos » Me dit : «  Tu te soulages en racontant mes misères mais tu me mets dans le coup… » «  Tu es comme un chien aux abois… » 

Reproche à Marine d’avoir caché qu’on s’était vus la semaine dernière. Dit qu’elle n’est pas à prendre avec des pincettes et que Marine l’a senti passer… 

 

Au rendez-vous de 6 h brève, sèche, méprisante : «  Tu n’es qu’un petit con !! » –  «  Tu es une lopette » –  «  Ça va être fini… » 

 

Je lui dis que ce soir elle a cassé quelque chose

 

Le soir, je vais au rendez-vous avec Marine et son mari (spectacle Jean M., rue de la Gaieté.) Ils ne sont pas là. Je m’en fous. Elle m’appelle à la maison. Ils viennent. Je croyais qu’elle m’avait balancé-elle aussi parce que Colette lui avait dit qu’elle me reprochait d’ «  entourer les choses de mystère » 

 

(Au rendez-vous de 6 h, Colette me parle de Fabienne dont elle sait par Danielle que je suis allé la voir et qu’elle a été «  bouleversée ») 

 

Contradiction chez Colette : Elle ne veut pas que je parle de notre relation et cite pourtant Danielle quand elle dit que je suis resté deux heures dans son bureau et qu’elle «  croyait que c’était pour parler de nous… » 

 

Colette a repris sa réserve initiale. Ce n’est plus avec moi qu’elle en sortira. 

 

J’ai été gamin, en allant voir des amies de Colette. C’est ce que me dit Marine le soir à la maison dans la cuisine. 

 

Ce matin, enragé : j’appelle Colette «  Alors ? Je suis toujours un petit con ? Je suis toujours une lavette ? » Série de raccrochages de ma part – rappels de la sienne 

 

«  Tu es fou. Arrête. Je vais t’envoyer l’hôpital psy au 32 rue de la Chine. 

«  Retire le petit con… » 

«  Elle : » Je retire : tu es un homme » (Immense mépris) 

Moi : «  Va te faire foutre… » 

Elle : «  Grossier personnage. Toi, va te faire foutre par les homos, par les nénettes. Ce qu’il te faut pour te calmer : va tirer ton coup avec des minettes… » 

Elle veut l’adresse du spectacle de M.. 

Je lui dis qu’elle est la championne du détournement de conversation. Elle me dit qu’elle n’a rien à détourner, qu’elle n’a rien à dire, que je la dégoûte… 

 

Elle redemande cette adresse, autoritairement. 

 

Je lui dis : «  Tu vas me parler sur un autre ton ! » Et je raccroche. 

 

Mais elle ne rappelle plus. 

 

Je donne les coordonnées de M. à Marine pour qu’elle les lui transmette. 

 

A la date d’aujourd’hui (20/10/1981) j’ai senti un tel mépris chez elle, que quelque chose s’est cassé

 

Elle m’a possédé pendant toute notre relation. 

 


Dit par elle (je ne sais si c’est hier ou ce matin) : «  Tu dis que tu m’aimes pas un personnage comme Christian (B.) mais en fait tu en es jaloux… » 

 

23/10/1981

 

VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE 

 

(Restau : les Comédiens  – Buttes Chaumont)

 

Qu’écrire ici ?

Ma tristesse…

Je n’arrive pas à la chasser de ma pensée.

Des objets, des lieux, des musiques la ramènent à moi : «  Si elle était là… ! »

 

J’ai découvert un mot, une idée (dans le livre de Searle : «  L’effort pour rendre l’autre fou… ») : le «  désillusionnement »…

 

Savoir traverser le désillusionnement…

 

Impression, en ce moment, que tout ce qui n’est pas elle n’est que du remplacement (inefficace).

 

Je me sens jugé par elle, en ce moment.

Impression qu’elle m’a jugé définitivement.

 

Mais une question vient en moi : qui est-elle pour que je me sente ainsi jugé par elle, jugeable ?

Il faut bien qu’elle ne soit pas elle, simple être humain de chair et de sang.

 

Ainsi, toujours, je lui prête un statut une fonction, un être né de mon imaginaire…

 

Ainsi la culpabilité.

Le désir de plaire. La catastrophe de déplaire.

Illusionnement.

Le jeu des images, des miroirs. La création des doubles. La mise en scène. La magie.

 

Tout ce cortège d’erreurs.

 

Et en moi : la vexation qu’elle ait su s’en tenir à l’écart et pas moi…

Mais n’est-ce pas une mauvaise appréciation : l’a-t-elle vraiment su ?

 

Ce n’était pas un choix conscient chez elle.

 

Si elle refusait d’être «  désir de plaire » (cf. Daudet), elle ne refusait pas que je le sois.

 

Gratifiée non gratifiante.

 

Approuvée (id en recevant des preuves) non approuvante (id est n’en donnant pas).

 

Je m’interroge à travers elle, par-delà elle, sur la force qui permet aux êtres de ne pas avoir besoin de plaire.

 

Quelle en est la nature ? Le mode de fonctionnement ? Qu’est-ce qui en garantit la stabilité ?

 

Voilà la vraie question qui me parvient à travers Colette.

 

Quand je serai assuré de plaire déjà (et je peux l’être), je n’aurais plus besoin de chercher à l’être.

 

Mais aussi comment plait-on ? Qu’est-ce qui plaît, en nous, à l’autre ?

 

Est-ce toujours une illusion qu’il nous appartient de perpétuer ou de détruire ?

 

Y a-t-il place pour autre chose (?) que l’illusion dans une relation ?

 

Vieille question : est-ce l’amour ? Qu’est-ce que l’amour ?

 

Autre question, peut-être encore plus essentielle : doit-on chercher à plaire ?

 

Si l’on répond non, c’est alors la question de la solitude qui se pose

 

1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE 

 

Hier : rencontré Jocelyne au café La Chope Place de la Contrescarpe.

Apporté lettres anciennes + carnet où j’avais relevé surtout des choses qui concernaient Agnès.

Beaucoup parlé. Lui ai posé la question : «  4 ans après, est-ce que tu me donnes tort ou raison d’être parti ? »

Elle : «  C’est trop tôt pour répondre… »

 

24/10/1981

 

VÉCU – FEMMES – Ghislaine

 

(22h30)

 

Avec Ghislaine ce week-end (je les avais invités, elle et son fils) pour un «  pot-au-feu »…

(Jeudi soir, déjà, invité à aller au Palace avec Rodolphe, etc.… J’ai préféré refuser et inviter Ghislaine à passer la nuit «  pour la tendresse ». En fait, on a fait l’amour. Mais j’ai senti une baisse de désir chez moi, une entrave, un empêchement.

Classique, analysé maintenant : culpabilisation devant mon désir et auto-répression. Ce léger dégoût que j’ai d’elle, ce «  manque d’appétit », ne les ai-je pas ressentis depuis le début ? Je ne l’ai pas «  choisie » au hasard !

Avec elle, une série d’»  erreurs » marquantes (erreurs qui n’en sont pas, bien sûr, qui sont autant de choix inconscients). 

Première erreur : lui dire «  Ne t’attache pas à moi, je couche avec d’autres filles… » Ce matin-là, elle a  failli partir. S’était rhabillée. L’ai rattrapée in extremis.

Elle s’en est remise, mais, je crois, en «  refusant » de «  réaliser » ce que j’avais dit, en se disant que ma rupture était encore fraîche, que je souffrais, que j’avais peur d’une histoire avec une autre femme, et qu’en fait il y aurait «  une place pour elle », qu’elle saurait la prendre…

 

Deuxième erreur : commise la nuit passée (j’étais triste depuis déjà deux ou trois jours). Me suis réveillé à cause de la chaleur. Allumé une cigarette. Elle se réveille aussi.

Je commence à parler en évoquant la «  voix off » de l’enfant dans «  Le premier livre », à la fin. Je parle de l’inquiétude de l’enfant, dis que mon inquiétude remonte à l’enfance. Elle me dit «  J’ai senti, depuis que j’ai déclenché ta parole (sur C.) que tu étais l’homme inquiet. Il ne faut plus que tu sois inquiet, car si tu es inquiet, tu inquiètes les autres. Il te faut ne plus être inquiet pour avoir confiance en toi et pouvoir mieux donner aux autres… »

Cet exposé de thèmes bien connus me vexe.

Aussi je deviens agressif en parlant de la facilité qu’elle a (étant une jolie femme) à exercer une séduction. Ce qui la met dans un sale état car, me dit-elle : «  Elle ne veut pas être aimée pour son corps, mais pour son esprit… »

Je retrouve l’angoisse, la brûlure aux ventes, la culpabilité des nuits de crise avec Colette.

 

De même que j’ai rejoué avec Framboise la fixation sur Colette, j’ai rejoué là, de manière évidente, avec Ghislaine, la répression du désir. Elle me dit : «  Je suis encore plus écorchée vive que toi, mais moi ça ne se voit pas parce que je le garde pour moi… » J’entends cela et m’en empare pour jeter que Colette aussi refusait de se livrer (métaphore sexuelle).

Ghislaine comprend le sens sexuel de tout cela et l’auto-répression, elle me dit : «  Ça se serait mieux passé si je t’avais laissé me dire que tu avais envie de faire l’amour… » (peut-être pas ça littéralement, ambiguïté importante, mais elle évoque les somnifères qu’elle avait pris, il y a donc bien une notion de «  J’ai senti, mais fait comme si ça n’était pas… »)

Je lui dis qu’elle est merveilleuse, qu’elle a compris, qu’elle est intelligente (le lui redirai aujourd’hui…) en l’embrassant et la caressant. Elle me dit : «  Alors ? Vas-y… »

Pourtant je ne la baise pas (je ne bande pas), mais je la lèche et la fais jouir ainsi (à noter !)

 

Matin : elle part un rendez-vous. J’attends son retour avec inquiétude. Elle revient : silence. Elle finit par le briser en disant qu’elle refuse de rentrer dans le schéma de la femme-qui-ne-parle-pas (référence à Colette). Elle me dit qu’avec elle, je n’ai pas «  besoin de faire ça… », qu’elle est prête au sexe.

Redémarrage.

Mais, ce soir, on évoque son histoire avec son guyanais et là, elle laisse échapper une petite phrase importante : «  Depuis, je n’ai plus eu envie de personne d’autre… » (à peu près ça). Ainsi je m’aperçois que je choisis (?) des femmes dont le désir est refoulé d’une façon ou d’une autre.

Elle me dit après «  Je ne suis pas une femme du passé. J’ai mes choses que je garde pour moi, je ne permets à personne ne les évoquer. Ça ne me plaît pas qu’on parle du passé… Toi, tu régresses. Pourquoi tu m’as fait rentrer là-dedans ? Moi, après un homme, je reste toute seule… Tu hésites : tu ne sais pas si tu dois prendre ta douleur à bras-le-corps, passer à quelqu’un d’autre en projetant une part de douleur sur lui, etc. Je supporte mal que tu vives avec elle en toi quand je n’ai pas le sentiment d’être présente pour toi (en gros).

Je reconnais tout ça.

Elle me dit : «  Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ? Que je te laisse ? »

Je réponds que je ne veux pas lui imposer ça, je dis : «  C’est pour toi… » (une fois de plus, je projette sur l’autre…)

On en est là. Je suis couché dans la chambre. D’après les bruits que j’entends, il me semble qu’elle s’est couchée avec son fils dans la chambre d’enfants.

 

Écrire ceci m’a un peu calmé, détendu (et aussi l’idée qu’elle ne va pas venir ici, à côté de moi), mais auparavant j’en avais peur.

Peur et culpabilité : mes sentiments majeurs.

 

26/10/1981

 

VÉCU – FEMMES

 

(2 h)

 

Finalement, elle est venue. Par le dialogue, l’atmosphère s’est détendue. Elle a fini par venir écrire près de moi dans le lit et comme j’avais pris deux suppositoires de somnifère, je me suis endormi. Dans la nuit, au matin, caresses, mais je ne fais rienMon désir est bloqué.

Cela sera dit explicitement dans la journée, au cours de brèves conversation : elle me dit : «  Je n’ai pas bougé, pour voir ce que tu allais faire… » puis, plus tard : «  Tu as cassé quelque chose en moi. Qu’on le veuille ou non la femme attend le désir de l’homme.

Ghislaine aurait pu le provoquer – peut-être – mais ne l’a pas voulu, par désinvestissement (d’ailleurs, significativement, elle a retrouvé la paix et a beaucoup écrit).

 

Cette fois-ci, il est établi d’une manière patente que c’est moi qui réfrène mon désir.

La femme ne fait que suivre, que se retrouver face à la difficulté de réveiller un désir bloqué, ce qui est, il faut en convenir, une désagréable épreuve à laquelle elle se soustrait…

 

Je remarque ma paix pendant toute cette journée de dimanche (cf. le soulagement en avouant à Loan que je ne la désirais plus et que je n’étais pas obligé de la baiser).

 

Ce soulagement, quand il n’y a plus de notion d’obligation

 

(= Surmoi mis en sommeil ?)

 

Là, ce soir, ce qui revenu (une fois raccompagné Ghislaine et son fils), c’est la masturbation (sex-shop) et la jalousie envers Colette (par moments) = «  ses cris, ses mots, dans l’amour, son abandon avec un autre ». L’idée que je me bloque, mais pas elle, que là encore, elle marque un point sur moi. Que, si elle a une histoire, elle ne commettra pas la même erreur que moi (parler de moi, éloigner l’autre ainsi).

Maîtresse d’elle-même. Sacrée Colette… ( expression qui me paraît étrange dans le temps même où je la pense et que j’ai même hésité à écrire…)

Désacralisation ?

 

27/10/1981

 

VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME

 

Ce soir, au cours d’une conversation téléphonique avec Marine, j’ai compris combien ma démarche auprès de Danielle était ambiguë. 

Il me semble que il y a là une volonté inconsciente chez moi de me dévaloriser, de m’avilir de. J’ai compris cela quand Marine a dit que Colette a dit que j’étais malheureux alors que Danielle m’attaquait (Danielle brûlait de dire à Colette ce qu’elle sait à son propre sujet comme à celui de Fabienne). 

Quant au fait que je n’ai pas couché avec Fabienne, j’ai dit à Marine que c’était parce que je respectais les scrupules de Fabienne. 

Je ne sais, là, que penser. 

En fait, c’est elle qui n’a pas voulu.

 

VÉCU – AMIS

 

 

Ce soir : resto chinois avec Bertrand, Jean-Luc, G., deux filles et un preneur de son : Michel P., chez qui je suis allé prendre un verre après. 

Bon contact avec lui

 

Au début du repas, me suis senti flippant, inférieur, paralysé, «  traqué », puis, ça s’est arrangé.

Quand je me compare à ce que j’étais en pareille circonstance il y a trois ans et demi, je me dis que j’ai progressé.

 

30/10/1981

 

(vendredi)

 

VÉCU – FEMMES – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Hier matin, conversation téléphonique avec Marine. Elle a vu Colette la veille. 

Celle-ci a exprimé sa répugnance à l’égard de ceux pour qui «  Quand ils souffrent, tout le monde le sait… » 

Elle a dit aussi que j’étais peut-être malheureux mais qu’elle en avait pris plein la gueule elle aussi. 

Qu’elle avait décidé de «  tourner la page même si cette page pesait 100 kilos… » («  La femme d’à côté ») que sa décision était prise.

 

05/11/1981 

 

(jeudi)

 

VÉCU – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

Samedi prochain, il y aura un mois que je l’ai raccompagnée chez sa mère avec Carmen. 

Il m’apparaît de plus en plus clairement que le sentiment dominant en chacun de nous deux a été l’orgueil, orgueil blessé. Elle d’avoir été contestée aussi violemment par moi, d’avoir vu mettre en lumière aussi crûment son incapacité à donner… 

Moi d’avoir donné inutilement autant de preuves de ma dépendance à son égard. 

Voilà pourquoi, aujourd’hui, il m’apparaît clairement combien stérile est mon espoir de la voir tout à coup craquer, avoir enfin la Parole que j’attendais. C’est un espoir fou qui m’a toujours guidé. 

Il s’établit en moi la certitude – bien que le rêve d’entendre sa parole de désir – subsiste, bien sûr – qu’il n’y a plus rien à attendre. 

Je pense à lui écrire pour, enfin, dialoguer, par lettres. Je surmonterais bien mon orgueil à cette fin mais l’entends déjà me dire – ou plutôt ne pas me dire mais je le comprendrai tout aussi bien – qu’à ce point de nos rapports nous n’avons rien à nous dire puis qu’aussi bien nous n’avons jamais réussi à nous le dire auparavant. 

Je ne cesse de me mettre à sa place = elle a tenu le coup, malgré la violence, les reproches et tout ça pourquoi ? Je n’ai même pas reconnu cet effort, surhumain pour elle, pour ne pas retomber en arrière, pour sauvegarder cette expérience avec moi qui était radicalement différente de tout son passé amoureux. 

Je pense qu’à l’heure actuelle, c’est moi qu’elle rend responsable. C’est sa solution pour passer à travers la culpabilité. Classement de l’affaire. Capacité chez elle d’oublier, d’évacuer (que je n’ai pas). Ainsi, quand j’imagine qu’elle souffre d’avoir régressé et d’être passée à côté de mes valeurs, peut-être n’en n’est-il pas ainsi ! Peut-être ne s’est-elle pas refermée envers d’autres que moi !

 

Je ne vois pas son avenir sans moi  Je suis curieux de le connaître. Et pourtant il me faut y renoncer : seule elle-même pourrait m’en parler et comme elle ne le faisait pas quand nous étions ensembles… 

 

Je pense à son mépris à mon égard. C’est sûrement ce qui me touche le plus. 

Ce mépris envers ma faiblesse, mon besoin des autres. 

Mon passage n’a pas remis en cause son fonctionnement : faiblesse chez elle, immense, vrai refus opiniâtre de réquisitionner les autres pour la compenser. Mépris à mon égard d’avoir besoin de ça, de céder à ça. («  Tu es comme un chien aux abois ») Et il me faut reconnaître que ça touche juste, en moi… 

Pourtant, je persiste à penser qu’il y aura des moments dans sa vie où cette fermeture à l’Autre lui fera problème. 

Mais peut-être saura-t-elle en sortir ? Car c’est l’excès dans mon rapport à l’Autre qu’elle condamnait, pas le principe. Pourra-t-elle trouver cette juste mesure qui est le fonctionnement sain des rapports humains 

Il me faut reconnaître que je jouirais qu’elle n’y parvienne pas… Et qu’existe en moi le fantasme d’un recours à moi, en ce cas, comme à celui, au seul, qui a su lui désigner ce manque en elle et l’inciter à le combler… 

Mais on n’importe pas cela… 

Toute ma relation à elle était de la renvoyer à son manque. Aussi bien était-il logique que je ne sois pas pour elle un recours et qu’elle n’ait pas à mon égard la même demande que moi au sien… 

 

Son attitude : «  Oui il y a un manque en moi mais je l’assume toute seule… » 

 


Fierté de négresse 

 


Et cette curiosité intense en moi, elle sait la refouler. Il n’y a pas en elle le même déchirement à donner une pâture à la Mort… 

Pourtant : souvenir présent chez elle d’O., de C. et de François. (Réaction quand O. est venu chez sa mère. Démarche d’aller voir C.. Projet d’aller en Martinique voir François…) 

 

Autre espoir sur lequel je ne dois pas compter : un attachement sexuel… 

 

 

Parce que : 1 – Refoulement de sa sexualité. 2 – Mon attitude : «  Si tu ne changes pas, sexuellement, j’irai voir ailleurs –> orgueil blessé. 

 


Je m’interroge encore sur sa phrase  «  Tu es mon plus grand frustreur… » Dans quel sens, le mot frustreur ?

 


Moi je me dis que toute cette histoire n’est autre qu’une passion non partagée

 

06/11/1981

 

PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME- RÊVES

 

Rêvé cette nuit (juste avant de me réveiller) : je vivais alors avec Danielle et je l’appelais «  chérie » (je me souviens que cet élément me frappait dans le rêve, la tendresse, l’intimité que ce mot suppose…) (ça me frappe = ?)

Je mangeais de l’œuf en gelée et quelqu’un (qui ?) me disaient «  Franco » (ou le nom d’un autre dictateur ?) chaque fois que je prenais une cuillerée, me signifiant par là que je devais prendre le cœur de l’œuf…

 

Autre moment du rêve (en désordre et très fragmentaires) : rêve de maison, d’appartement…

 


Fragment de rêve d’une autre nuit récente =

Agnès couchait dans une baignoire avec des chiffres ou des papiers qui lui faisaient un matelas, mais avec de l’eau qui la recouvrait presque entièrement…

 

VÉCU – FEMMES – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE 

 

(11h)

 

 Je viens d’appeler Maryse. Elle pense que la séparation est un bien. Elle me dit que le projet de Colette est d’avoir une indépendance financière pour prendre Krystelle et ne dépendre de personne. Elle me dit qu’elle trouve Krystelle mieux maintenant qu’elle est avec sa mère… Que nos problèmes de couple passent au second plan par rapport à l’enfant qui est à un âge critique. 

Que Maman Doudou pleurait et n’était pas tranquille quand Colette était avec moi. 

 

En l’écoutant : amertume en moi. Sentiment d’exclusion. Retour de la colère. 

Je me dis que je suis fou d’espérer, d’imaginer que Colette est comme moi, obsédée

Elle ne l’est pas. 

Maryse : il est trop tard pour Colette, on ne la refera pas. 

 

Impression en moi que pourtant c’était avec elle que le monde prenait ses couleurs et que je ne trouverai pas d’intérêt ailleurs. 

 

Moi à Maryse, quand elle parlait du projet de Colette : «  Pourquoi pas avec moi ? » 

 


J’avais pensé déjà à ce besoin d’indépendance de Colette, à cette volonté de s’affirmer, chez elle.

Voilà la voie qu’elle prendra : élever sa fille, la seule chose qui compte pour elle. Voilà le moyen de son autonomie. 

 

Cela m’apparaît clairement ce matin. C’est la logique des choses. 

 

Je repense à ses mots, un jour : «  J’étais faite pour vivre seule avec mon enfant… » 

 

VÉCU – MES PARENTS

 

(11h15)

 

Appelé ma mère. Revenue sur mon refus de dimanche dernier de l’emmener au cimetière pour la Toussaint.

Mon argument : tu aurais dû me prévenir…

Elle : je t’avais prévenu la veille. Je suis obligé de demander à quelqu’un d’autre… Et puis, tu n’as pas dit «  Je viendrais un autre dimanche »).

Culpabilisation.

Je parlerai en séance de cette impression en moi de malaise quand je vais chez elle ou pour tout ce qui tourne autour d’elle. Impression de non-chaleur, d’inintérêt. Je me tourne toujours vers des choses, des gens plus brillants, plus chatoyants… plus agréables

 

VÉCU – FEMMES – Ghislaine

 

À noter : hier soir, en revenant d’un dîner chez Aline : discussion avec Ghislaine, en la raccompagnant chez elle, qui a mis un point final à cette histoire.

Étrange comme, dans un raccourci fulgurant, j’ai revécu mon histoire et une rupture, mais cette fois-ci je n’étais pas désirant. Être dans cette position m’a permis parfois de comprendre certaines réactions de Colette.

 

VÉCU – FEMMES – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – AGNÈS 

 

Je rentre dans la chambre d’enfants. Un dessin d’Agnès est coincé derrière une affiche. Je le punaise sur le mur. Marqué dessus : «  Le lapin pour Colette… » Ses mots d’Agnès me serrent le cœur… Ma fille niée, rejetée. C’était vrai qu’il n’y avait de place pour personne d’autre que Krystelle…

 

MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

 

Récemment : G. : «  Si personne ne faisait écho à personne, personne ne se parlerait… » Ceci étant dit pour remettre en cause mon basculement à l’extrême inverse de l’illusionnement : casser les miroirs… 

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE – FEMMES

 

La Femme et la Petite Fille : je repense à ce souvenir de moi aux cabinets avec une petite fille à Saint-Germain et grondés par ma mère, séparés par elle, souvenirs relevé par G., établissant le parallèle : moi-petite fille-ma mère – moi-Colette-sa mère – moi-Krystelle-Colette. 

 

Je me surprend – cela fait plusieurs fois – à imaginer une femme que j’aimerais… 

 

Je crois que je recommence à avoir envie d’aimer… 

Besoin d’aimer en moi… 

Et quelqu’un qui serait comme j’aime… Que je n’aurais pas besoin d’essayer de changer… 

 


Parler pour ne rien dire… Ne rien dire pour parler… (valeur du silence) –> G. : «  Ça vous angoisse quand ça ne résonne pas. » Le silence, c’est la vallée de l’amour… Paisible. Mais prêt à résonner quand on appelle..

 

07/11/1981

 

VÉCU – FEMMES  – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – amis – aline

 

(4 h)

 

Soirée chez Michel T.. Rencontré là : Micheline, la femme d’un de ses copains Yves…

Attirance.

Alors que je danse avec Jacqueline, l’astrologue gentiment dérisoire, elle vole à mon secours en venant danser avec moi. Et là :

Moi : «  Vous êtes malheureuse… »

Elle : «  Oui. Il ne faut pas être grand clerc pour le deviner. Je ne m’en cache pas… »

Moi : «  Il faut quand même regarder les gens, avoir envie de les voir… »

Elle : «  Vous avez vu tout de suite… » puis : «  Je suis droite (chose que j’avais vue), vous l’avez vu… »

Moi : «  Je suis droit aussi, n’ayez crainte… »

 

Voilà. C’est tout.

 

«  C’est la vie ».

 


 (12h45)

 

Rappelé à l’instant chez Michel T.… Ils étaient encore là ! Ne s’étaient pas couchés !

J’entendais leurs voix, leurs rires.

Noté une question spontanée de Micheline : «  Où il habite » ? » où je sais lire le désir… (Ça me fait penser à certains élans, comme ça, de Colette. Ce côté, chez elle, «  soudain » faisant pendant à un côté hyper-refoulé…) Noté aussi en moi une impression d’insatisfaction devant cette voix lointaine, indépendante de moi.

Problème de la relation amoureuse et de la dépendance.

Aujourd’hui : seul.

Lionel devait venir. Il a téléphoné qu’il ne viendra pas.

Difficile solitude.

J’aimerais mieux être sollicité que solitaire…

 


 (15h35)

 

Seul toujours.

Me sens mal.

Mais, d’un côté : le téléphone a sonné. C’était S. qui me rappelait-il – il n’était pas là quand je l’ai appelé – et pourtant je n’ai pas eu de plaisir à avoir quelqu’un avec qui parler.

Sans doute j’aimerais ou bien faire l’amour ou bien me plaindre. Mais je m’aligne de plus en plus (alignement = humilité) sur l’attitude des gens qui écrivent leur douleur. Sans compter l’analyse : lieu de toutes mes plaintes…

 

En fait c’est sur Colette que je rêve de m’aligner (mais je n’y réussis pas, je craque, me laisse aller…) : ne pas se laisser aller et ne pas emmerder les autres.

Vieux problème.

 


Eu Aline au téléphone chez qui je devais passer demain dimanche pour lui apporter «  Melissa » et lui emprunter des livres. Elle me rappelle pour me proposer de venir ce soir car elle a senti combien j’étais triste…

 


Relu cet après-midi tous les carnets de notre histoire :

Ce qui m’a frappé, c’est à quel point j’ai pu être aveugle (m’aveugler, volonté inconsciente) sur les gestes qu’elle faisait pour maintenir ou rétablir la communication entre nous…

Cet après-midi je me suis réellement trouvé tout à fait injuste à son égard.

 

Mais cette constatation n’est pas dominée par la culpabilité.

Celle-ci y a sa place, mais ce qui compte, c’est la prise de conscience en relisant ces lignes qui me sont apparues différentes.

 

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE

 

J’ai relu cet après-midi tous les carnets de notre histoire : ce qui m’a frappé, c’est à quel point j’ai pu être aveugle (m’aveugler, volonté inconsciente) sur les gestes qu’elle faisait pour maintenir ou rétablir la communication entre nous… Cet après-midi je me suis réellement trouvé tout à fait injuste à son égard. Mais cette constatation n’est pas dominée par la culpabilité. Celle-ci y a sa place mais ce qui compte, c’est la prise de conscience en relisant ces lignes, qui me sont apparues différentes.

 

08/11/1981

 

VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME 

 

(Dimanche 23h55)

 

Été cet après-midi chez Janine B. .

Fumé (2 joints) : effet d’angoisse forte (tachycardie – tremblements – extrémités froides).

Sensation de mort.

Fonctionnement aiguisé de la pensée. Perception plus grande du surmoi et de la pulsion sexuelle. Notion de libération de l’emprise du surmoi. Dégagement du regard des autres. Communicativité. Fort désir sexuel.

 

10/11/1981

 

(Mardi 1 h

 

VÉCU

 

Je rentre de chez Marine. Elle m’a fait écouter des chansons dont elle a fait les paroles et m’a lu des poèmes.

Je n’ai pas voulu l’encenser. Ai dit que je n’étais pas très réceptif à la poésie, mais refusé de mettre une œuvre dans deux ou trois mots «  C’est chouette, c’est intéressant, c’est de la merde… » Mais j’ai senti, elle a exprimé son intense besoin de «  trouver des gens qui vibrent » à ce qu’elle écrit, disant que si elle avait quitté sa fille, c’est parce qu’elle croyait qu’elle avait du talent et que, si on la remettait en cause là-dessus, ce serait très dur pour elle.

Ce qui se pose là à moi, c’est le problème de la sincérité ou de l’hypocrisie. Faut-il faire mal ? Car je lui ai fait mal. C’est d’ailleurs – je pense – pour se venger également qu’elle m’a ensuite dit, après m’avoir demandé «  Qu’est-ce qu’il t’a dit, ton analyse ? » car j’avais évoqué la séance de ce soir : «  Je me demande comment on peut s’aimer quand on aime l’effet qu’ont fait à l’autre. Ce que tu as aimé, c’était ton amour… Tu étais le vent, Colette était le lac, tu aimais les rides que tu faisais elle les aimait… »

Manière de me dire : «  Tu es égoïste », manière d’évacuer son propre égoïsme…

 

J’avoue (?) que son intervention me fait problème. Elle parlait de «  gratuité », id est donner sans attendre de retour.

Ce que j’ai si désespérément essayé de faire.

Cela réveille fortement ma culpabilisation.

 

L’intervention de G., c’était (après que j’ai dit : «  Je n’ai pas réussi avec Colette ») : «  Qu’est-ce qui vous fait dire que vous n’avez pas réussi ? », ce qui m’a mis dans un violent émoi. Je lui ai demandé à en savoir plus… Suite à quoi, il m’a parlé de la volonté chez moi de savoir, d’une pensée «  scientifique, », mais qui ne me satisfaisait pas, car ce que je cherche à approcher est de l’ordre du corps à corps (sexuel et violent).

J’ai parlé de «  connaître » une femme. Il a parlé des deux versants du mot et je lui ai fait remarquer que, pour une fois, son intervention était redondante par rapport à ma parole «  Vous n’avez pas entendu ce que vous avez dit », m’a-t-il répondu. Ce soir, je pense effectivement : «  connaître » est pour moi une manière de ne pas «  connaître »…

Mes carnets personnels depuis 1963