Carnet 16 – Du 5 mai 1976 au 15 juillet 1977
05/05/1976
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
À la place des contraventions, sur les parebrises des voitures : des partitions musicales. Les automobilistes pénalisés lisant le PV en chantant.
Extensible aux lettres, aux formulaires commerciaux, etc. ?
VÉCU – CINÉMA – COURT MÉTRAGE COURT MÉTRAGE « LA SAISIE » – NOUVELLE « LUCILE »
Un point rapide ?
Maison : point mort. Un faux équilibre. Je l’accepte puisque je viens, plusieurs fois, de faire l’amour avec Jocelyne. Pris le risque d’un deuxième enfant qui m’enchaînerait un peu plus.
Télé : je sors de huit jours en Alsace et d’une journée sur les déménageurs : déprimant. Il me faudrait faire de bons trucs pour remonter dans mon estime.
J’ai retrouvé, sur le tas, à Télé-Europe, les angoisses que je ressentais avant de réaliser : saurai-je « mener » une équipe. Non, je ne sais pas, si je sens de mauvaises vibrations. Et il y en a dans ce métier…
Ciné : « Une seconde jeunesse » au montage négatif. Un échec.
« La saisie » passé à la télé + Festival Fantastique. Reçue diversement, mais parfois bien. L’épreuve du public… Peut-être la Quinzaine des réalisateurs à Cannes ?
Écriture : « Lucile » à l’Atelier du Gué N ° 2. Un plaisir.
En projet (?) : les dimensions pour Cinéma 76 via R.
Nouvelle et court-métrage pour « Le Gué ».
Une nouvelle version (très lointaine) de « Elly autour de la pierre ».
08/05/1976
CINÉMA – COURT MÉTRAGE « LA SAISIE »
Avant-hier, coup de fil à Liane Vilmont. « La saisie » a le label. Et pour la prime ? Possible passage au festival de Grenoble.
Schlockoff m’a promis (mais quelle valeur ?) de s’occuper de « La saisie » en juin à son retour du Festival de Cannes.
09/05/1976
ÉCRITURE
– Qu’y a-t-il entre l’hypothèse et la thèse ?
– Une certitude…
De l’hypothèse à la thèse, il n’y a qu’une certitude.
Un peu moins de doute, plus de certitude.
10/05/1976
BANDE DESSINÉE
Hier chez Pierre H. pour des bandes dessinées.
Choisi deux scénarii :
1/ Le petit personnage entre les cases de la bande
2/ La spirale qui ne mène à rien
13/05/1976
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Tout à l’heure dans le métro : une idée : quelqu’un rencontre dans le métro une personne qu’il reconnaît. Il l’aborde : « Bonjour ! Vous ne me reconnaissez pas ? » etc.
Réactions autour d’eux…
En réfléchissant à la manière de filmer cette scène, je me suis aperçu que je n’avais jamais vraiment atteint ce qu’est le cinéma, ce qu’est le style cinématographique.
Non pas enregistrer l’événement comme je le faisais à la télé, mais obliger le spectateur à voir le réel d’une certaine façon, à le ressentir d’une certaine façon, comme une odeur qui vous frappe les narines ou un aspect des choses que l’on remarque.
Alors j’ai, par la suite, significativement pensé à introduire un personnage qui suivrait mon premier personnage et interviendrait pour demander à la vieille dame pincée assistant à la scène ce que la scène provoque en elle, ce qu’elle en reçoit.
À l’heure actuelle, je me trouve toujours pas cette idée inintéressante : ce personnage mystérieux s’arrêterait auprès de la vieille dame. Je vois leur conversation dans un murmure. Peut-être après que les deux autres soient partis ? Il pourrait passer ainsi d’une personne à une autre. Je crois que c’est là une résurgence de cette vieille envie d’un film sans personnages centraux où l’on passerait d’une vie à une autre par bifurcations successives.
ÉCRITURE
De l’hypothèse à la thèse, y a-t-il un peu moins de doute ou un peu plus de certitude ?
(Suite de la note du 09/05/1976)
CARNET – SOLITUDE
Vieux carnet. Vieux discours solitaire. Vieux monologue heureux. Solitude riche.
VÉCU – RÉFLEXION
Soleil couchant par ma fenêtre. Réflexion du soir.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Explorer la relation
décalage de sens de l’objet – inversion de la dimension
ex : Little Nemo descend un escalier en plan large lui miniaturisé – escalier normal (mais est-ce certain ?)
Image suivante : même chose en plan serré. Il est normal et l’escalier n’est plus ressenti comme escalier mais comme une sorte de montagne à falaises successives (ça c’est sûr).
Je crois que je viens de bien sentir les choses à l’aide de :
1/ l’escalier-montagne de Little Nemo
2/ une image à moi : Alice au fil de l’eau dans un sabot qui flotte.
Ce qui est intéressant, c’est quand un concept est détourné de son sens habituel par inclusion dans une image multidimensionnelle.
Autres exemples :
– Le strip-tease de King Kong
– La planchette-pont de « L’homme qui rétrécit
– Les cubes de « Devil dolls » (mais il leur manque une action) (mieux vaut les éliminer). (*)
Est-ce que l’inversion d’échelle est vraiment une chose riche ? Je suis en train d’en douter depuis plusieurs jours, depuis longtemps déjà.
Strip de King Kong : le géant et la poupée.
(*: L’inversion d’échelle joue là-dedans, plus exactement la notion capitale qu’il n’y a pas d’échelle établie une fois pour toutes et que, suivant la structure et le contenu du plan, il y a détermination d’une échelle propre au plan (qui peut être inversée par rapport à l’échelle logique) en fonction d’un rapport structure-concept.
Dans cette optique, il ne faut pas parler d’inversion d’échelle dans le même plan, mais entre deux éléments de dimensions différentes, considérés in abstracto, hors cadre.
Les exemples plus hauts ne sont pas tous bons car certains (strip – cube) ne sont pas assez abstraits (au sens pictural) pour permettre un véritable détournement de concept.
Cette notion d’abstraction est importante (voir le « Voyage Fantastique » qui pêche par l’excès inverse. Trop abstrait, il se réduit à un défilé psychédélique de formes sans dimensions qui ôte à ce voyage tout son fantastique, précisément (sauf peut-être dans la séquence des anticorps).
Mais cette réflexion sur l’abstraction ne rend-elle pas valable le détournement de concept uniquement dans le cas d’un rapetissement ?
Pour la gigantisation, il y a aussi les collines – tas de sable – les lacs flaques (*)
À cet endroit, je pense à mes plans de Nantes sur les plantes (mais nan de plantes pour les nantes !) Un type pelletant les tas de sable de la carrière ne remplirait pas le même office because la matière. Idem pour l’escalier de Little Nemo. C’est une montagne intéressante parce que lisse.
(*: Au pays d’un ou de géants, un type normal trouverait des escaliers-falaises : il y a là adéquation échelle réelle-échelle de l’image et détournement du concept d’escalier (de même que celui de montagne par le fait qu’elle est creusée en escalier d’ailleurs) (En fait : celui de montagne).
Une géante, par contre, pourrait se servir de l’épée de notre homme normal comme d’une épingle pour la robe qu’elle est en train de faire (ce serait un merveilleux cadeau qu’il pourrait lui faire).
Le temps jouerait également. Si notre homme se fait des meubles, ceux-ci brûleraient comme des fétus de paille (peut-être seraient-il en paille, d’ailleurs ?) Par contre (interrompu) (**)
(**: Faux ! Puisque les géants sont des géants, précisément. Leur monde est le nôtre et obéit aux lois de notre matière.. Pour que le temps joue, il faudrait des géants dans un monde géant (un troisième ?)
En ce qui concerne la structure du plan déterminant le choix d’échelle, le temps joue. L’élément occupant le cadre en premier joue comme échelle (dans certains cas)
– Plongée contre plongée
– Fond et figure
– Gamme des cadres
16/05/19761
VÉCU – BELLE-FAMILLE – CONFLIT – CINÉMA – GODARD – AGNÈS
Il faut que je parle, ici.
En écoutant David Crosby, sur un coussin de velours vert dans le salon de Momo aujourd’hui dimanche que je ne passerai pas chez moi, car il y a chez moi des gens que je ne peux plus supporter, ces vieux, cette vieille, quel autre mot, terrible, je sais, cruel, je sais, cette pauvre femme qui s’accroche à sa fierté et à sa schizophrénie solide, refusant de s’admettre handicapée pour garder cette fenêtre sur la vie, Agnès, qu’elle aime et qui le lui rend bien et moi, aussi, fier et schizophrène, avec des réflexes de possession, d’autorité, de dignité, parti, fuyard, venu au cœur de cette musique, avec l’amitié à deux pas, recours à la solitude, lisant Jean-Luc Godard qui dit en 1966 : « L’ennui au cinéma, c’est qu’on nous impose la longueur du métrage ». Il est aussi question, plus loin, de « naissance du cinéma,. Oui. Ne pas appliquer des recettes.
17/05/1976
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
À partir d’une idée d’il y a deux ou trois jours :
Salle de montage. Monteur visionne paysage provençal balayé par le mistral.
Contre champ. Vu par dessous la table de montage : avec un marteau, il casse la vitre de l’écran : une bouffée de vent lui saute à la figure, lui ébouriffant les cheveux et il reste dans le vent, le visage heureux…
À partir de ça, est-ce impossible de faire une série de sketches sur le même principe (possible en court-métrage ?)
Dans plusieurs métiers, plusieurs situations professionnelles : l’irruption de l’ailleurs
le grain de sable
la révolte
l’impossible.
Comment définir précisément ce principe commun ?
Toujours un acte et non une situation dans laquelle le personnage se retrouve plongé.
Un acte transformant, déclenchant, permettant une transmutation fantastique.
Il faudrait lier les sketches entre eux spatialement.
VÉCU – CINÉMA – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Eu cet après-midi à la terrasse du tabac près de Télé-Europe l’idée d’une succession de plans fixes, le plus « purs » possible, avec texte en vers rimés.
Par exemple :
1/ Image : panneau de sens interdit se découpant sur le ciel
Texte : « Le ciel est en sens interdit »
2/ Image : un enfant de face devant un mur blanc. Fond de papier blanc avec le mot « sexe » écrit
Texte : « Ne te r’tourne pas, y a rien d’écrit »
3/ Image : la mer à perte de vue et le ciel
Texte : « Va pas par là, ça mène à rien… »
etc.
Autres images et mots à trouver. Il en faudrait beaucoup, avec possibilité d’accélération et de ralentissement. Avec un sens commun, sens au sens de direction convergeant vers un sens global : l’enfermement ?
Facile (?) à faire. En tout cas : le moins cher possible
19/05/1976
ÉCRITURE
« La grève, c’est comme une potiche chinoise : il ne faut pas la briser… »
CINÉMA – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
(Suite idée du 17/05/1976)
4/ Image : plan large de la ville
Texte : « Te mets pas là, tu s’ras pas bien… »
(faire suivre par 3/)
5/ Image : une vieille sur un banc public (ou plusieurs)
Texte : « Le retour d’âge, ça vous rend sage… »
22/05/1976
ÉCRITURE
Vers possibles (mais les images ?) :
Les carnassiers, ça sent des pieds
Les infidèles font du bordel
(Un peu n’importe quoi. A rectifier)
J’aime bien cette démarche qui consiste à « humaniser », à « populiser » des images pures par le texte en vers gouailleurs.
23/05/1976
CINÉMA – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Fais la grimace
et trouve ta place…
CINÉMA – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Mes tentatives pour « unifier » le tout se révèlent infructueuses. Peut-être y a-t-il intérêt à garder un aspect « décousu » au film, une suite d’images et de textes « surréalistes » ?
Non, mais il faut que le sens soit « souterrain », moins évident.
24/05/1976
CINÉMA – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Tout ça est trop clair, « bateau ».
Comment puis-je écrire des choses pareilles ?
26/05/1976
CINÉMA – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Le ciel est en sens interdit
Et l’Australie, c’est loin d’ici
01/06/1976
VÉCU – AMIS
Clinique Bois d’amour
19-21 Rue du Bois d’amour
chambre 290
2845692
Fanou
02/06/1976
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Trouvé hier une scène d’amour. Le garçon et la fille sur un banc. Il est timide, n’ose pas faire les premiers pas.
Il a une idée.
Lui : « Je vais te poser une devinette… »
Elle : « Oui… ? »
Lui : « Embrasse-mi et embrasse-moi sont dans un bateau. Embrasse-mi tombe à l’eau. Qu’est-ce qu’il reste ? «
Un temps. Elle approche son visage du sien :
« Embrasse-moi »
05/06/1976
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
(Suite idée du 17/05/1976)
À Gare du Nord, ça rentre, ça sort…
Début possible :
1 Le ciel est en sens interdit
2 Ne te r’tourne pas, y’a rien d’écrit…
3 Va pas par là, ça mène à rien
4 Te mets pas là, tu s’ras pas bien.
5 Dans les nuages, y a des images…
6 Le retours d’âge, ça vous rend sage.
7 Dans toute les gares, y’a des départs…
8 Ça s’rait bizarre qu’y ait du retard…
9 Tu t’arrêteras dans c’t’endroit-là
10 C’est plus tranquille, mais ça se dit pas…
11 Dans l’imprimerie, on licencie
12 Dans l’horlogerie, y’a rien d’précis
13 À la Bastille, j’ai r’vu une fille
14 À Opéra, elle viendra pas.
15 Y’a des hospices quand t’es gâteux
16 Des HLM quand ça va mieux
17 Les villes-dortoirs manquent de placards
18 Un pavillon, ça a l’air con
19 Les Algériens, y foutent rien
20 Les Portugais, on peut s’y fier
L’électrophone, c’est monotone
Va au boulot, c’est rigolo
Dans toute les gares, il y a des départs
Dans tous les trains, il y a des chagrins
VÉCU – AGNÈS
Rougeole d’Agnès
– Note écrite à 29 ans
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
(Suite idée du 17/05/1976)
Campagne :
Va faire un tour de c’côté-là
C’est plein d’phosphates, mais ça s’ voit pas.…
– – – – c’est ça la vie…
Si c’est la vie, j’ m’arrête ici.
(pour la fin ?)
21 La maladie, c’est très banal
22 Il faut s’y faire et c’est normal
23 Si toi tu meurs à l’hôpital
24 Y en a qui vivent et même pas mal
25 Les p’tites annonces, si t’es chômeur
26 Il faut les lire vers les six heures
27 Au bar d’en face, si y a d’ la place
28 Dans tous les trains, il y a des chagrins
29 Du désespoir dans tous les bars
30 Fais ton tiercé tu peux gagner
31 Y’a la bagnole pour ceux qu’aiment ça
19/06/1976
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – VÉCU – AMIS
Ne croyant pas vraiment à ce film-poème, j’ai fait venir Dominique et Momo pour leur demander mon avis. (Lapsus révélateur. Le leur et le mien étaient semblables. J’y ai renoncé.
VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE – MUSIQUE
Ce soir, avec Jocelyne, étendus sur la moquette tout contre le haut-parleur de l’électrophone : moments de bonheur, en écoutant Emmylou Harris, chanter « Here, there and everywere… »
CINÉMA – COURT-MÉTRAGE « UNE SECONDE JEUNESSE »
Hier première projection « publique » de « Une seconde jeunesse » (mis à part celle de CTM avec Gros, Momo, Évelyne B. et Chantal K.). Il y avait presque toute l’équipe plus des amis de certains. J’ai été affolé par tout ce monde, très énervé, épuisé même par le papillonnage nécessaire. Le film a été en général très bien reçu.
12/07/1976
CINÉMA – COURT-MÉTRAGE COURT MÉTRAGE « LA SAISIE »
Un jour faste : « La saisie » = prime à la qualité de 2 millions. Grande joie. Grand soulagement. Grands espoirs.
Si « La saisie » marche si bien, « Une seconde jeunesse », film mieux fait sinon meilleur, devrait marcher aussi. Je pense à un troisième court-métrage.
13/07/1976
VÉCU – MUSIQUE – SOLITUDE
2 h du matin. J’écoute Tangerine dream – « Ricochet », acheté ce matin au marché. Musique dans la nuit. Toujours la même magie. Et la lune dans le ciel avec des nuages laiteux. Tangerine dream me fait beaucoup penser à Terry Riley.
La solitude. Cet état par rapport auquel je ne peux me situer. J’y suis à la fois bien et inconfortable.
Un autre film, tout neuf. J’en rêve, mais je n’y rêve pas encore.
16/07/1976
VÉCU – CINÉMA – COURT-MÉTRAGE
Hier dîner avec les Willemont. Parlé d’un troisième court-métrage. Ça paraît effectivement la meilleure chose.
VÉCU – TÉLÉVISION – « AUJOURD’HUI MADAME »
Je suis au montage d’un « Aujourd’hui Madame » (« Les colonies de vacances »). Je parle avec les monteurs (il y en a deux – un et une). Je parle fort. Je ris. J’appellerais ça ma surenchère. J’émets des avis. Et pourtant : je m’étais dit que je m’en garderais.
Pourquoi m’investir, me risquer ? Mieux vaut
À cet endroit de la page Agnès a fait un dessin (soleil)
VÉCU – AGNÈS
Soleil d’Agnès
– Note écrite à 29 ans
VÉCU – TÉLÉVISION – « AUJOURD’HUI MADAME »
(Suite de ma note du même jour avant dessin d’Agnès)
m’économiser. Ne pas prêter le flanc. Parlé de mon générique de « Un sur cinq » à l’intérieur d’une discussion sur la pub (on parlait de pubs bien faites.) Vlan : le bide. Les bides m’ont toujours fait mal.
Autres bides récents : la deuxième vision de Glenn et Randa en « compagnie » des L. – B. – H. et brignolais. Tous contre moi. État désagréable. Tentation de la fuite.
Première réaction : désinvolture jouée. Bien. Mais je ne tiens pas mes rôles.
Je pense que je peux éviter de « me risquer » si je suis sûr de moi (sûr d’une action, exemple : travail). Je ne me risque que parce que je ne suis pas sûr, donc pas tranquille. Ma surenchère est le reflet d’une inquiétude. Je ne peux avoir de quiétude que dans l’orgueil, que dans la certitude. Passent-ils par les consécrations sociales ? Ne passent-t-il pas par la solitude ?
IDÉE – ÉCRITURE
La porte de la mort : celle qui, de l’intérieur d’un appartement, donne, à flanc d’immeuble, sur 20m de vide…
17/07/1976
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE – CINÉMA – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE
Je l’écris quelques secondes seulement après l’avoir trouvée : une belle idée-belle histoire (née de ce carnet). Je suis debout sur un trottoir de la rue du Haut Pavé. Je viens de voir « La clepsydre ». Un personnage A perd un carnet sur lequel est écrite sa vie, beaucoup de choses de sa vie. Choses importantes, intimes. B lui rapporte ce carnet. B l’a lu. Rapports de A et B après que B sache de A les secrets…
Écrit par Jocelyne à cet endroit de la page : « Si tu es A et que je suis B, je t’aime, j’aime ta lutte. »
Ces notes après avoir vu « Vol au-dessus d’un nid de coucous ». Vision affective. Nerfs tendus. Leçon de liberté.
Je sors de « L’été 42 ». Beau.
26/07/1976
VÉCU – VACANCES – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE
Coincés à Montrond (!) par une panne de bagnole depuis hier soir dimanche. Nuit à l’hôtel de la Loire. Les charmes de Montrond sont rares, disons même : inexistants. Si ce n’est un petit bistrot ou nous avons déjeuné. Mangé à côté des patrons la même cuisine qu’eux.
Écrit par Jocelyne à cet endroit de la page : « Et fait l’amour dans la baignoire »
03/08/1976
VÉCU – VACANCES – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE
Le voyage, repris après la réparation de ladite voiture (qui a crevé par la suite – pneu foutu) s’achèvera demain. Nous sommes ce soir à 35 km à peine d’Agnès.
Voyage bon. Vacances agréables. Petites routes. Petits coins. La France a-touristique est belle, loin des campings, des hôtels et des plages bondées.
Cévennes et Provence Nord ont été nos régions d’élection. Beaucoup de routes de montagne. Des vallées découvertes l’une après l’autre, toutes semblables et différentes à la fois.
Bonne entente entre nous, dans l’ensemble. Vraiment agréable, en résumé
Écrit par Jocelyne à cet endroit de la page : « Le seul mauvais moment : le jerrycan, mais c’est un souvenir heureux. »
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Idée d’il y a deux jours, aspiré par une chose vue : rivière à sec, lit caillouteux. Rivière transformée en route croisant sous le pont l’autre route, la « normale ».
VÉCU – AMIS – VACANCES – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE
Momo
Centres vacances CCAS
Village vacances familles Cap d’Agde – 34
Jo :
Centres vacances CCAS
lieu-dit « Les Mielles »
à Saint-Jean La Rivière
52 170 Barneville Carteret
09/08/1976
VÉCU – AMIS – VACANCES – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE
(0h30)
Je viens de rentrer de Barneville où j’ai déposé Jocelyne à son second camp d’ados.
Vu – rapidement – Jean-Paul, ce qui m’a fait grand plaisir.
Voyage fatigant.
(Il faut dire que j’ai plein de kilomètres dans les pattes). Pris deux auto-stoppeuses (une infirmière et une vendeuse en parfumerie). La femme dans toute sa stupidité. Surtout la parfumeuse.
Un plaisir, peut-être même une joie, en rentrant : dans le paquet des lettres arrivées en mon absence, une de Momo (avec quelques lignes de Chantal K.) et une d’Éric, le mono du Cap-Ferret. Voix des autres. Pensées des autres. Je ne suis donc pas seul.
Étrange que ma solitude débute par la présence des autres !
12/08/1976
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – ANGOISSE – CINÉMA – RESNAIS
(23h50)
Les derniers jours pourraient se décomposer comme suit :
09/08 (lundi) : Mon inconscient a profité de la solitude pour jouer la comédie ultime de la solitude : la mort.
Angoisse à ma table (j’écrivais à Éric)
Nécessité d’aller me coucher, passer à l’horizontale, puis de m’endormir (d’ailleurs pas vraiment), c’est-à-dire de mourir.
Tout cela dans un malaise agonique. Est-ce la mort que je recherche dans ma solitude ? Sans aucun doute. Drôle parce que je souriais de ma comédie en la jouant. Je n’étais pas dupe.
10/08 : J’appelle Fainsilber pour Resnais. Il est saoul et me fait une sorte de scène pour le générique du film. Ça me déprime.
11/08 : J’appelle chez Resnais. J’ai Florence Malraux. Il doit me rappeler le lendemain matin. Ce qu’il ne fera, bien sûr, pas.
Soir : j’appelle sur une impulsion stupide, comme d’habitude, Denis Manuel qui se montre aussi froid que d’habitude et se gausse cruellement et gratuitement et de la façon la plus vaniteuse qui soit (à propos de « La saisie » à la suite de quoi Éric Duvivier, cet hautain personnage, l’a contacté. Il me dit « Voilà, grâce à toi, ma carrière dans le cinéma débute… » En y réfléchissant, c’est le comble de la stupidité et de la méchanceté mêlées). Autre déprime, mais avec un fort désir de revanche. Une de plus à prendre.
Parsemées ça et là : des sorties, des incursions dans Paris qui n’ont fait que me donner envie de rester à la maison. À peine l’envie d’aller au cinéma. Seuls quelques films m’intéressent.
Vu : « L’homme qui en savait trop » – « Tout va bien ». Revu « L’Aurore » – « Alexandre le bienheureux » (ce soir, interrompu par je ne sais quelle panne. Pas vu la fin).
À la télé : « Valparaiso deux fois. Une « incroyable » merde.
Je laisse venir à moi l’envie d’écrire. Je ne presse pas les choses. Est-ce paresse ?
Fonctionner en autonomie. Sans transiter par les autres. Voilà l’objectif.
CINÉMA – COURT-MÉTRAGE COURT MÉTRAGE « LA SAISIE »
Je soussigné Robert Cappadoro
réalisateur du film « La saisie »
donne mon accord pour la répartition de la prime du fonds de soutien accordée à mon film dans les conditions proposées par la 7 Production
soit 30 % pour moi-même 70 % pour la 7 Production
18/08/1976
CINÉMA – COURT-MÉTRAGE COURT MÉTRAGE « LA SAISIE »
Ces derniers jours : « affaire » Denis Manuel. Coup de fil de moi suivi d’une extraordinaire lettre de lui. Contre-attaque de moi lui coupant l’herbe sous le pied. Aujourd’hui : fin de la partie avec dernier retour de balle de lui : la seule tactique possible pour lui – considérant sa personnalité – le silence sur sa lettre. Prochain set : à moi l’ouverture avec une projection de « Une seconde jeunesse ».
ÉCRITURE
Aujourd’hui je pense : « Un acteur n’est pas un dirigeable… »
21/08/1976
ÉCRITURE
Je suis très aimant mais j’attire peu… (2014 : from Internet : pas fait)
24/08/1976
VÉCU – CINÉMA – RESNAIS – COURT MÉTRAGE « LA SAISIE »
Les jours passent d’une étrange façon. Vite, assurément, mais pas seulement.
Je m’en rends compte en remarquant la note précédente du 21. J’ai l’impression de l’avoir écrite hier et cela fait déjà trois jours… !
Ce matin, Resnais m’a rappelé pour me dire qu’il verrait le film jeudi soir, dans une salle de projection à Neuilly et qu’il me téléphonerait samedi matin. Qu’en sortira-t-il ? Je me le demande aujourd’hui.
25/08/1976
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Quand peut-on dire qu’on n’a pas gâché son temps ?
Au plaisir on opposera la connaissance.
Connaissance bornée par sa finitude.
Finitude qu’on niera par le plaisir. Et ainsi, la boucle est fermée et repart indéfiniment.
Nos vies circulaires…
18/09/1976
VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE
Jocelyne rentrée, ça a d’abord été les retombées du camp. Cirque habituel : sommeil – femme saoule. Renouveau dépressif lors du voyage au bureau de chômage. Et hier : un poste !
Au CES de Pierrefitte, avec, en plus, un logement de fonction !
Joie énorme. Fébrilité. Le spectre du chômage a reculé.
Et, à nouveau : déprime devant les responsabilités qui l’attendent.
Je l’ai vu tout à l’heure sortir de la chambre, quasiment endormie, se déculotter et s’asseoir, cul nu, sur la table basse du salon ! Ça va loin !
Écrit par Jocelyne à cet endroit de la page : « Je n’ai plus peur. Je ne suis plus assise entre deux chaises –> il me fallait le temps – Le 03/04 : j’ai réussi à parler au petit Keltoussi, j’ai réussi à faire comprendre à ce petit que je pourrais être une amie. Résultat : au lieu de voler, il me rapporte les vêtements perdus (illisible) mais moi je le fais manger –> nous somme devenu des complices »
06/10/1976
VÉCU – TÉLÉVISION – « AUJOURD’HUI MADAME »
Je suis en tournage de cette émission de merde sur « La forêt ».
Problème de mauvais temps – de manque de préparation…
Tension nerveuse.
Fatigue (tournage crevant).
Je rentre à la maison, obsédé par mes problèmes de travail. Jocelyne ne comprend pas que je n’ai pas la tête à ranger ou faire la vaisselle
Écrit par Jocelyne à cet endroit de la page : « Aucun souvenir »
S’ajoute à ça cette histoire de fric qui traîne avec les Willemont et que j’aimerais voir réglée.
Ce qui me désespère, c’est de savoir que rien jamais ne sera confortable !
Toujours se battre, s’angoisser… Et à quoi bon puisque ce n’est pas pour faire les films que je veux ?
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – DIMENSIONS
Dimensions anormales : un type vit dans un décor où les objets ont un sens différent à une dimension inférieure : briquet – frigidaire – pied de chaise – colonne–etc.
(objets à double sens)
(objets à double dimensions)
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Une cour parisienne. Une porte avec panneau vitré opaque protégée par belle grille ouvragée. Lumière jaune à l’intérieur. Voix off : « Robespierre attend derrière cette porte…… »
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Meule de paille : une maison
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Un magasin. On baisse le store à lamelles. Quelqu’un a l’intérieur se baisse au fur et à mesure pour continuer à voir à l’extérieur (image de l’amour).
Ou vice versa : extérieur → intérieur. Mec matant fille
ÉCRITURE
Il y a ceux qui commencent par dire au « système » : « Oui mais… » et qui finissent par dire : « Mais oui ! »
07/10/1976
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Jeune homme et jeune fille du Fellini’s film passent devant une porte d’appartement dans cage d’escalier. Portes ouvertes. Un tas de terre déversée dans le couloir. Un type assis dessus. Ils s’arrêtent et le regardent. Il déclare : « Moi, je suis un homme de la terre… »
10/10/1976
VÉCU – RÉFLEXION – ÂGE
Il me revient en mémoire le beau-père de Patrice L. rencontré à Lourmarin l’été dernier (1975).
Personnage bourgeois pouvant permettre un scénario.
Dans cette grande propriété ombragée par des arbres superbes, avec un grand bassin sur lequel on allait en barque, ce monsieur « retenait » chaque jour de l’actualité, ramassée à travers les journaux et télés, quelques faits choisis en tant que jalons historiques du jour.
Sagesse de vieil homme qui en a tant vu.
Détachement « objectif » de Sirius, observant le monde sans s’y mêler et prêt à en sourire, comme il le faisait d’ailleurs souvent.
La bourgeoisie à l’état second. Le regard de la bourgeoisie sur l’action.
À côté de ça : carrément méchant pour la petite Anglaise au pair à qui l’on interdisait de sortir seule le soir et qu’il méprisait cordialement.
11/11/1976
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Une idée de scénario qui m’est venue tout à l’heure (sans doute à cause du déménagement récent) : un film basé sur ce rite très profond (et quasi universel) qui consiste à faire visiter une maison qu’on occupe depuis peu aux familiers qui n’y sont encore jamais venus. Film = succession de visites et la maison serait « la maison des fantasmes », chaque visiteur y trouvant ce qui l’attire ou lui fait peur. Gradation possible : de l’objet, simplement, que le visiteur voit là où il n’est pas à la personne avec il parle, autre invité présent dans la maison, alors que l’hôte est seul….
VÉCU – CINÉMA
Ces jours derniers, je me disais que, de toutes les directions qui me sont possibles, il me fallait sans doute m’engager dans celle des dimensions anormales, que c’est là sûrement que je trouverais à faire le film qui me satisfera et permettra d’embrayer sur « le public ». Avec « Une seconde jeunesse », j’ai mesuré (l’ai-je vraiment fait ?) le danger de l’hermétisme.
Tout de même ! J’ai la chance de tourner…
MUSIQUE
Braga Santos – Concerto pour cordes en ré orchestre de ? – Lisbonne
30 ans
30/11/1976
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Idée récente : gosse de riche avec un précepteur qui l’initie au cinéma. Film basé sur la relativité de la compréhension d’un film (← « Une seconde jeunesse ») Celle-ci dépend du spectateur.
Précepteur ferait des films qu’il projetterait à son élève. Seul dans la salle avec lui. Le gosse = incompréhension du film (ou besoin de mieux comprendre). Le précepteur referait telle ou telle séquence. Re-projection. Le gosse comprendrait → discussion.
03/12/1976
VÉCU – AMIS
Écrit par certains membres de la « communauté » de La Claverie :
« Il faut se ménager » par Patrick Ménager
« …se mocker » par Sylviane Moch
« …claverier » par Martine ?
+ Signature de Zyf
09/12/1976
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Montbéliard (!) (Et oui !) (Pour « Aujourd’hui Bobonne »)
Ouah ! L’idée géniale :
Ta chambre retournée comme un gant :
Le même papier, les mêmes tableaux, les mêmes posters
Des gens tournent autour. C’est devenu une pièce de musée, une sculpture.
Quand tu ouvres la porte, c’est le couloir, la fenêtre, Paris. Tu ne peux plus rentrer chez toi. Chez toi n’existe plus. Et les gens jugent. Tu protestes : ce n’est pas une œuvre d’art ! Peine perdue.
C’est comme ça que tu découvres le drame : tu rentres chez toi. Escalier. Couloir. Clé : tu ouvres la porte = des gens… ! De quoi ? Et te voilà dans cette situation démente
C’est très bon, ça, coco ! (14/01/1977 : les « visiteurs » sont entrés par le même chemin que lui !)
10/12/1976
VÉCU – TÉLÉVISION « AUJOURD’HUI MADAME » – CINÉMA
Suite de mon périple aujourd’huimadamesque : hier Montbéliard, aujourd’hui : Bourges ! Youpi !
Je cherche une idée d’il y a quelques temps sans la retrouver…
Où es-tu, idée ?
ÉCRITURE
Armoire
Mémoire Tiroirs
Même oire
Arme oire
Mémoire
Armoire
Même oire…
11/12/1976
ÉCRITURE
Pour une émotion fausse : « visage badigeonné d’émotion »
15/12/1976
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Aujourd’hui : grève de l’électricité. Pensé à un scénario bâti sur ce point de départ : plus d’électricité (du tout, pour une raison X indéterminée, mais elle devra être solide) –> toutes les conséquences de ça. Changement profond de vie.
Le Moyen Âge : les rues noires. Plus d’électroménager. Les lampes à pétrole. Plus de télé. La vie sauvage. Le resserrement des rapports.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
À Saint-Denis : maison peinte :
Impression d’ombre portée
Contrarier ça par une ombre contraire (un réverbère ?)
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Les situations « choquantes »
Une amie de X lui téléphone. Elle tombe sur le mari de X qui lui dit : « Ta copine, elle est là, mais en train de dormir. Je n’arrive pas à la réveiller… »
Étrange, étrange…
20/12/1976
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Un couple « d’aujourd’hui ».
Séparation des ressources économiques pour éviter l’interdépendance.
Problème de la solidarité.
L’un des deux est licencié.
Il est dans la panade. Que va faire l’autre ? Leurs rapports. La liberté est-elle tenable ? Si solidarité joue, quelles conséquences ?
1977
04/01/1977
ÉCRITURE – VÉCU
En vrac, de ces derniers jours :
On est passés sans transition d’une société sans problèmes à une société sans solutions…
Ce matin, charcutière : « Quoi qu’on fasse, on n’arrivera jamais à mettre le point sur le X de la vie… » (André de Balbec)
Cabine téléphonique. Fragment de conversation :
« Ca disjoncte, quand l’inconscient arrive, le soir, vers dix heures… » (mal entendu)
VÉCU – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Ce matin : groupe familial devant porte ouverte d’un garage avec, dedans, carcasse complètement défoncée d’une voiture
(Pour le film « fellinien », c’est cassé mais on vient voir ce qui, cassé, garde de la valeur).
06/01/1977
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Pour un amnésique qui sait à peine encore parler, quelqu’un dans la foule autour de lui, monsieur docte :
– « Il a un vocabulaire de combien de mots ?
L’amnésique répond :
– « Un… »
(Voir suite le 14/01/1977)
08/01/1977
VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE – AGNÈS – violence
Je transcris (du 27/12/1976 nuit)
En nous couchant – agressivité emmagasinée en moi par petites conneries avec belle-mère –
Écrit par Jocelyne à cet endroit de la page : « Oui, mais définis-la. »
je parle à Jocelyne du problème du voyage au Luc. Elle ne me répond pas et tourne le dos. Je la prends violemment par les cheveux pour l’obliger à me faire face, hors de moi. Agnès, couchée à côté, en larmes. Après cette crise, la petite s’endort. « Nous » (je) parlons. Il en ressort qu’elle se demande si je suis paranoïaque ! Dois-je oublier de noter ça ? J’ai si mauvaise mémoire ! (Autre chose à noter : ces dix jours « sans », elle les qualifie de mascarade. Je n’oublierai pas, non plus, de noter que j’ai sangloté, revoyant Agnès en larmes, alors que j’avais prise pour la mettre de son lit dans le « nôtre », nous enlacer tous les deux pour nous dire : « Je vous aime tous les deux, mais je ne vous aime pas quand vous « faitez » la colère… » Faut-il continuer à risquer des colères comme celle-là ou bien divorcer ? Peut-il y avoir cette communication dont je rêve, cette complicité ? Suis-je vraiment paranoïaque et est-ce moi qui l’empêche ? Le problème des familles, vieux boulet, est au centre. Si je suis là pour cette rituelle mascarade de Noël, pourquoi pas à la mascarade du Nouvel An auprès de ma famille ? Pourquoi une injustice ? Ou alors Jocelyne aurait pu être ma complice dans le crime de lèse-famille. Mais son triangle de fille unique la satisfait tant !
– Note écrite à 30 ans
Commentaire du 10 avril 2016 :
Les jours « sans » signifie : les jours sans masturbation, car j’aimais me masturber et cela faisait problème dans notre couple, alors je m’étais engagé à essayer d’arrêter la masturbation. Comme si c’était un vrai problème ! Mais je n’y arrivais pas – j’oserais dire : bien sûr pas – et les problèmes continuaient…
– Commentaire écrit à 69 ans
VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE
(Suite) (à ce « journal des colères »)
Fait les comptes. Découvert bancaire. Je le lui dis. D’abord elle pleure, puis m’accuse.
J’arrive à grand peine à l’asseoir devant les chiffres pour tenter de lui expliquer nos affaires. Elle ne comprend pas mieux et continue. Je finis par partir prendre l’air, bien qu’elle ait tenté un instant de m’en empêcher.
Comme il est vrai, ce mot d’un type à l’armée : « Pour les femmes, il faut du fric… » À l’époque, j’avais ri, confiant, pensant que ça ne s’appliquait pas à une fille comme Jocelyne.
Noté au passage, toujours pour m’en souvenir :
L’argent du tapis donné par les parents. Je l’aurais dilapidé. Elle veut son tapis !
– Aucune confiance. Toujours une « mascarade ».
– « Si tu ne reviens pas à l’heure (pour aller chez une surveillante du CES) gare à toi !
Noté aussi, à ma question : « Comment peux-tu venir au restaurant chinois avec moi, me sourire, avoir des gestes affectueux et me tenir des propos pareils… ? »
Réponse : – « Parce que j’arrive de temps en temps à garder les choses en moi, à les surmonter (c’est pas la lettre mais l’esprit de ce qu’elle disait) mais que ça finit par ressortir, c’est pour ça que je ne dors pas, que je ne mange pas, que je suis en dépression. Il faudrait que je me fasse soigner…. »
Écrit par Jocelyne à cet endroit de la page : « La dépression ne venait pas de toi, mais de l’ambiance au boulot. Ami, tu aurais dû m’aider »
10/01/1977
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Un type qui reçoit la part de folie qui est en chacun de nous. Il devient de plus en plus fou au fur et à mesure que chaque « légataire » devient sage.
14/01/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Pour un générique :
Un personnage passe sa main dans l’espace entre les lettres et repousse les lettres sur le côté pour l’agrandir, s’installant dans le créneau pour faire quelque chose. (*)
Tout un générique possible : lettres considérées comme des objets qu’on manipule (entassements – glissements – élévations – abaissements – compressions – dilatations)
Commentaire du 10 avril 2016 :
(* : pour dire, parlant à la caméra, une partie du générique qui n’est pas écrite ?)
– Commentaire écrit à 69 ans
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « LES PLANTES »
Pour « Les plantes » noté, en voyant dans une émission sur la Suisse un travelling en hélico sur prairie plantée de quelques sapins, à quel point ça ressemblait aux plans que je voulais faire dans « Les plantes » et pensé à l’enrichissement de ce travelling si entrée dans le champ d’un radôme ou autre construction étrange. D’où j’en déduis pour « Les plantes » (ce que j’avais amorcé seulement avec Jocelyne chez Despalles) (*) qu’il faudrait idem découvrir des objets usuels posés parmi les plantes mais dont la forme évoquerait des objets dans une autre dimension (exemple : ballon-lampadaire de jardin – boîte (?) etc.) (cf. le réflexe de l’évocation « j’ai cru que c’était ci ou ça… »)
Commentaire du 10 avril 2016 :
(* : un magasin d’horticulture, Bd Saint-Germain, où j’avais obtenu de tourner quelques plans au milieu de certaines plantes en vente dans le magasin, avec Jocelyne en « géante » parmi celles-ci)
– Commentaire écrit à 69 ans
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
(Suite idée du 06/10/1976)
Suite du 06/01/1977 : l’amnésique.
Succession de scènes où il répond toujours « un » aux questions.
Un type a une idée : il lui montre un doigt. L’amnésique répond « Un ». Il montre deux doigts. L’amnésique répond « Un. Un. »
CINÉMA – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – RÉFLEXION
Au fond, le thème qui me mobilise le plus profondément (pas immédiatement, car c’est plutôt un thème de réflexion que de réflexes), c’est celui de l’omniprésence et de la permanence de la répression autour de nous, près de nous.
Faire l’amour sous l’œil d’un flic ou d’un militaire.
Image condensant le problème (un cauchemar ?)
Comment vivre alors qu’autour de nous, la répression frappe sans relâche ?
Réponse : en fermant les yeux. Seule réponse possible. Nécessité de crier de plaisir dans les cris de souffrance des autres.
De toute façon, pourrait-on dire, il resterait, si l’on supprime les souffrances que s’infligent mutuellement les hommes, la maladie, la mort, les accidents.
Oui mais. C’est précisément parce que cette souffrance « naturelle » existe qu’il faut supprimer l’autre.
Pousser la réflexion jusqu’au raisonnement du type qui se dit : « Il y a déjà tant de souffrances que : un peu plus, un peu moins… » et il frappe.
Il faudrait évoquer « L’événement » qui nous surprend et nous met en face de la violence proche de nous (quelque chose chez les voisins, le militaire qui raconte les répressions coloniales, etc.)
Le truc dont on prend conscience.
Un personnage à creuser : un CRS qui, devant la maladie douloureuse d’un proche, médite sur la violence qu’il inflige.
Le fond de la vérité, c’est que l’on ne peut se révolter devant toute la souffrance humaine. C’est impossible. La vie est une non-assistance à personne en danger permanente. On ne peut endosser la souffrance d’un enfant à l’autre bout du globe, mais s’il était là, devant nous, on ne le tolérerait pas.
C’est ça, la véritable idée.
On est des solipsistes.
CINÉMA – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « MELISSA – LE DRAGON ROUGE »
Eu aujourd’hui l’idée d’inverser mon idée récente de la fille qui est engagée comme nurse chez un richissime dingo des dimensions et qui a son château plein de décor géant, avec caméra partout.
Là, ce serait le gosse qui aurait sa chambre pleine d’objets miniaturisés.
(Il pourrait avoir des automates téléguidés « vivants » dans ce monde inférieur). Puissance de fascination de cet univers.
Rêve : elle dans cet univers –> miniaturisée (pour les rêves seulement décor géants et de factures pouvant être imparfaite) Donc : moins cher.
ÉCRITURE
Le « monstre-charge » (un récit à faire avec des mots légèrement déformés ainsi dans un sens signifiant)
16/01/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Vue par la fenêtre du bureau : maison en face (garage)
Ces tâches m’ont donné un instant l’impression d’être l’ombre du bout de toit en saillie sur le mur de façade. D’où cette notion d’une « ombre liquide »
Des choses à faire avec cette ombre là (une ombre à baptiser, d’ailleurs : ombre molle ? ombre pâte ?
18/01/1977
VÉCU – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LES PLANTES »
Plantes « artificielles » (mais des arbustes en vitrine m’ont paru réels) = rue Dauphine et aussi rue Beaubourg
28/01/1977
ÉCRITURE
Mare aux canards
et
maroquinerie (2014 : from Internet : pas fait)
15/02/1977
ÉCRITURE
On est en 977 + 1000
ou en
197x (mil neuf cent soixantdixe) (oral)
ÉCRITURE
Les aventures de Trium Virat
ÉCRITURE
Dans le groupuscule calme et bleuté…
15/03/1977
CINÉMA – ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Pensé ce soir, en lisant interview Wiseman parlant de ses films de reportages sur entraînement militaire, que les gens qu’on filme ne se rendent pas compte quand on est « contre » eux et l’infléchissement que l’on peut donner à l’image qu’on transmet d’eux.
Imaginer quelqu’un qui le saurait (flic – facho ?) et qui accepterait tout de même qu’on le filme en se basant sur le fait qu’on est obligé de respecter la règle qui consiste à ne pas déformer et qui a confiance en son message. Ça me paraît dingue, cette idée là.
Par-dessus ces notes : dessin d’Agnès (4 ans 1/2)
– Note écrite à 30 ans
21/03/1977
VÉCU – CINÉMA – ÉCRITURE – PROJET « LES PLANTES »
Blanc-Mesnil, coin rue Marcel Legrand : une haie de petit square qui ferait une superbe lisière pour « Les plantes ».
01/04/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Type avec bouclier avec, percé dans bouclier, un trou en forme de trou de serrure : un mec en face bande son arc pour lacer flèche vers lui. Flèche en forme de clef…
Commentaire du 10 avril 2016 :
J’embraye aujourd’hui sur cette idée : on pourrait imaginer un film situé dans un passé imaginaire, où, par défi, les guerriers d’un peuple mettraient un trou en forme de serrure sur leurs boucliers : invitation sarcastique à viser juste pour leurs ennemis… Quelque temps plus tard, ceux-ci « répondraient » en leur lançant des flèches en forme de clefs ! (pour le réalisme (puisqu’avec l’âge, j’ai acquis le réalisme que je n’avais pas à cette époque) : il pourrait y avoir une protection derrière les trous de serrure et le lancer des flèches pourrait être limité à quelques « snipers » (car il faut en effet viser sérieusement bien pour faire passer la clef verticalement dans le trou !)
– Commentaire écrit à 69 ans
ÉCRITURE
« Passe‑moi mon porteuf (euille)… «
→ mon porte‑oeuf…
Œuf = argent
Pondre des œufs = gagner de l’argent
Poule = riche
Etc…
12/04/1977
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Quelqu’un qui améliore sa géographie en regardant, chaque fois qu’un nouveau conflit éclate dans un coin du monde, la mappemonde pour voir où ça se trouve…
VÉCU – AGNÈS
Seul avec Agnès. Jo est partie à Rennes pour l’opération de la cataracte de sa mère. Partie ce matin. Pas encore de nouvelles.
Dessin d’Agnès
– Note écrite à 30 ans
19/04/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Structure pour une photo :
Photographe dont le champ photographique est bouché par quelqu’un (qui ?) qui interpose un élément A (sens à déterminer) empêchant de photographier un élément B (sens à déterminer aussi).
Symbolisme de l’obturation et du détournement
(probable : élément B = le réel) (élément À = la fuite – le masque).
01/05/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Trouvé dans la salle de bains une pastille de carton sur laquelle il y avait écrit : « Pousser ici ». Imaginé cette pastille que quelqu’un ôte de l’objet sur lequel elle était et où elle remplissait une fonction précise et prosaïque. Il la pose. Un autre arrive, voit cette pastille, appuie dessus et quelque chose (?) se passe.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Repensé récemment à cette idée de Piriac (08/10/1967) du vieil homme qui donne des séances de théâtre miniature pour un enfant.
À traiter sur un plan symbolique.
Déjà, c’est le théâtre avec le moins grand nombre de spectateurs du monde. C’est un spectacle-initiation-révélation, une confidence, quelque chose pour l’enfant en tant qu’individu et non en tant que spectateur-type anonyme.
Il faudrait qu’il y ait un dialogue.
Le vieil homme serait le soleil (sa figure jaune s’encastrant dans une découpure dans le carton-fond de scène). D’où idée à garder du « soleil » souriant –> oiseaux chantant. « Soleil » faisant la gueule –> tonnerre de l’orage…
Ce pourrait être l’histoire de la terre. Où le soleil, avec ses mains jaunes, manipulerait les êtres et les choses.
Il pourrait peut-être y avoir aussi d’autres visages encastrés pareillement : la Lune, sûrement. Mais les « acteurs » sur la scène ? Mais le sujet de la « pièce » ?
Rappel du dessin du 08/10/1967
Commentaire du 10 juin 2018 :
Devenu l’un de mes photomontages dans la Série » Dimensions »: » Le petit théâtre de grand-père » – voir ci-dessous
– Commentaire écrit à 71 ans
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Idée d’aujourd’hui :
Quelqu’un seul chez lui. La maison s’emplit jusqu’à être bourrée des gens qui ont participé à la conception-fabrication-transport des choses qui emplissent la maison.
Moralité : on n’est pas seul. Des gens pensent, agissent pour nous, anonymement, pas pour nous en particulier, mais ça finit par être pour nous en particulier.
VÉCU – CINÉMA – RÉFLEXION – ANGOISSE
Depuis quelque temps, l’envie, mais seulement l’envie, me prend d’écrire un scénario nouveau.
Parfois je m’angoisse de ma stérilité.
04/05/1977
VÉCU – PRISON – AMIS – CORRESPONDANCE – AGNÈS
André a répondu il y a quelques jours à ma première lettre. Sa lettre a mis du temps à me parvenir car, comme je n’avais pas mis mon adresse, elle est passée par Lionel E.. D’ailleurs j’ai honte d’avoir eu ce réflexe idiot – car je ne crois pas qu’on soit fiché parce qu’on écrit à un déserteur. Je vais lui indiquer l’adresse dans ma prochaine lettre.
C’est drôle d’écrire à quelqu’un qu’on ne connaît pas : nous n’avons, pour l’instant, en commun que sa souffrance. Il est très jeune, sa lettre le prouve. C’est d’autant plus terrible : j’ai l’impression que c’est un enfant qu’ils ont mis en prison.
Il parle de son « univers carcéral ». Je pense aux types qui sont chargés – et qui l’acceptent, pour de l’argent – d’en empêcher un autre de franchir une porte. Qui le surveillent, qui limitent ses déplacements, ses gestes, qui réduisent sa vie un squelette, un fantôme de vie, à la survie. Une survie végétative où l’être entier en prend un coup.
Je repense à ce que j’ai, moi, souffert d’être seulement limité comme je l’ai été à l’armée où je n’étais pas complètement enfermé, comme il l’est, lui. J’arrive difficilement, (…)
Dessin d’Agnès (5 ans 1/2) à cet endroit de la page :
Dessin d’Agnès
Agnès a fait ce dessin avant que je n’écrive sur cette page car j’ai continué à écrire la suite de mon texte en contournant son dessin !
(…) mais je crois que j’y arrive, à imaginer ce que ça peut être un jour plus un autre et un autre, une semaine, des mois en prison. Il parle d’idées suicidaires. Elles doivent venir au bout d’un certain temps, d’un certain désespoir.
Enfant, pauvre enfant, mon pauvre frère. Plein d’idéal. Il a des mots, des formules qui feraient sourire s’il était libre. Quand on est libre, on est surtout libre de dire des conneries. Quand on n’est plus libre et qu’on continue à les dire et à y croire, ça n’est plus des conneries.
Quand je pense qu’on enferme des hommes parce qu’ils refusent d’en tuer d’autres ! S’il avait connu d’autres petits malins, joué les dingues, on l’aurait réformé, il n’en serait pas là.
– Note écrite à 30 ans
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
« L’ombre liquide ».
Est-ce que ça vaut mieux qu’une notation ?
Quelque chose à faire avec ça ?
L’ombre craint la chaleur ?
On peut les faire fondre ?
05/05/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Affiche : correspondance entre affiche et personnage en dessous. Quand arrive personnage B qui modifie la situation –> modification de l’affiche pour nouvelle correspondance.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Repensé à un court-métrage sur gars et fille arrivant dans maison (<– Sologne), la parcourant sans se rencontrer et plan sur façade : chacun à une fenêtre ne voyant pas l’autre, mais tous deux vu par la caméra.
Cf. Demy. Les rencontres manquées.
Après, il ou elle part loin. Ils ne se rencontreront jamais.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
crédible, littérature ou cinéma ou télévision, idée pour un ensemble (long métrage ou téléfilm), projet « APPARTEMENT-TÉMOIN », projet « Bianchetti père et fils», dramatique, révolte, appropriation, chantier, ouvrier, immeuble, social, colère
Pour « L’appartement témoin » : buté depuis plusieurs semaines sur l’attitude de François après l’explication avec Francine dans la voiture.
Pensé ce soir : naissance chez lui de la jalousie, de l’envie –> agressivité.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE »
Envie de travailler au scénario sur les dimensions. La fille engagée comme préceptrice chez un richissime pour s’occuper de son gamin.
Père : décor géant. Caméra TV partout –> à l’image pas de différence entre objets géants et objets normaux. Il utilise trucages TV pour mélanger dimensions + voyeurisme + domination.
Le fils : décor miniature.
Elle rêvera –> voyages dans les dimensions.
Sur les écrans, elle va découvrir un ou une prisonnière. Mais de quelle dimension ?
Construire à partir de ça.
06/05/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Vu hier sur un mur, marqué à la bombe :
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Employés SNCF sortants gare en convoi funèbre. Cercueil d’un des leurs sur chariots bagages.
09/05/1977
ÉCRITURE
Arc’boutant contre le vent…
18/05/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Maison botte paille
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Quelqu’un qui ne veut pas être vu dans une interview : cacher son visage par un clap (texte sur clap en rapport avec sens).
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Main d’une statue de marbre. Corde qui glisse dedans à toute allure –> mains de la statue pleine de sang.
VÉCU – AGNÈS
Dessin d’Agnès
– Note écrite à 30 ans
19/05/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
À partir des gens qui s’arrêtent dans la rue pour regarder un tournage de film (émission sur Bergman) : pourquoi s’arrêtent-t-ils ? Que cherchent-ils en regardant ?
Dans le cas d’une scène banale (exemple : un homme attend une femme. Elle sort. Ils partent ensemble), si cette scène avait lieu dans la réalité, près d’eux, ils n’y prêteraient même pas attention.
Trois visions :
1/ réalité
2/ en cours de tournage
3/ à la projection : cette même scène dans le film.
20/05/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
crédible, littérature ou cinéma ou télévision, idée pour un ensemble (long métrage ou téléfilm), projet « Appartement-témoin », projet « Bianchetti père et fils», dramatique, révolte, appropriation, chantier, ouvrier, immeuble, social, colère
Pour le film (Résidence) quelqu’un qui a eu un PV. Cadeau à quelqu’un (Francine ?) qui n’aime pas les contractuelles : enveloppée dans un emballage cadeau : une boîte qui contient une aubergine…
21/05/1977
VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE – AGNÈS
Je suis aujourd’hui (jour gris, plafond bas) dans un état propre être appelé désespoir.
Je me méprise. J’ai honte de moi. Par rapport à elle et aussi par rapport à Agnès. Ce qui est insupportable, c’est de penser qu’Agnès même parce qu’elle ignore tout de moi. Elle a de moi l’image qu’un enfant innocente se faire de son père. J’ai, dans mes rapports avec elle, un insupportable avantage, immense bénéfice non du doute mais de l’ignorance. Je pense à plus tard : quand elle aura grandi. Ou bien elle saura (oh ! La honte) et alors… ou bien elle ne sera pas et j’aurais alors cette même brûlure de honte à penser que je cache quelque chose. Elle aura l’âge de me mépriser elle aussi. Si je pouvais, pour elle par rapport à elle, me purifier, sortir de cette ornière de secret, de vénalité, de mépris, d’insincérité, de compromission ? Je suis coupé, cassé en deux. Je me contredis moi-même et cette paix que je désire tant s’éloigne toujours plus.
Écrit dans mon carnet par Jocelyne : « Tout ça, c’est con. C’est moi qui en ai fait un problème. Il n’y avait pas de quoi, mon Dieu. Tolérance. »
Commentaire du 19 juin 2015 :
Ma grande honte, c’était que je me masturbais. Ça n’en est plus une aujourd’hui, car j’ai compris depuis longtemps que c’est simplement un plaisir dont refuse de se priver ma nature sensuelle, tandis que, dans ma jeunesse, je subissais la pression de la morale sociale et traditionnelle et de ma famille, de confession catholique.
– Commentaire écrit à 68 ans
CINÉMA – PUBLIC – DÉSESPOIR
Ce qui me désespère aussi, un peu plus, c’est de patauger dans la mélasse avec ce scénario (oh ma faiblesse, ma stérilité, mon impuissance. Oh les superbes feux d’artifice de l’invention, de l’imagination ! Oh ! La précision confondante des « visionnaires » ! Que je suis loin de tout ça, misérable cloporte rampant. Je mets des jours à trouver une idée dont je me dis après que c’est l’évidence, qu’elle aurait mérité au plus 35 secondes de recherche).
Avec, en plus, la lointaine mais présente nécessité, mal connue, mal définie, donc mythifiée, de « faire commercial », de « faire public ». Oh ! Les autres qui regardent et qui jugent. Oh ! La dureté de ce regard, de cette légèreté, de cette inconséquence. « Dura lex spectaculis ».
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
crédible, littérature ou cinéma ou télévision, idée pour un ensemble (long métrage ou téléfilm), projet « Appartement-témoin », projet « Bianchetti père et fils», dramatique, révolte, appropriation, chantier, ouvrier, immeuble, social, colère
Je songe à des modifications et à des précisions, des rappels : François est ironique (rappel). Il est imperméable (rappel + modification en même temps)
–>
Jeune mec qui traverse la vie avec un sourire ironique, que rien n’atteint, il se fout de tout. Il a une grande aisance.
Aussi, quand il perd tout à Deauville : ça ne l’atteint pas.
Quand il revend ses fringues, qu’il emprunte, etc., il ne s’agrippe pas à Francine. Quand son père lui impose la solution de coucher sur le chantier, il trouve ça marrant. Le confort, etc. : il n’en a rien à foutre. Il n’est pas anxieux de la réaction de Francine (il ne lui a pas proposé le mariage. Quand il l’a amenée chez elle et qu’elle a rêvé de pavillon en critiquant les HLM, il s’est foutu de ses rêves. Le fric n’a pas d’importance pour lui. Il est manuel par plaisir. Voir s’il ne veut pas se promouvoir dans cette branche du bâtiment ?) C’est donc elle qui s’accroche à lui. On peut d’ailleurs imaginer qu’elle s’accroche à lui parce qu’à Deauville, il n’a pas perdu mais gagné.
Donc, n’étant pas anxieux de sa réaction, quand elle vient le voir, il se fout de sa gueule quand elle est dégoûtée par la poussière et la crasse et la laisse partir sans remords.
Stop. J’arrête. Tout ça ne tient pas debout. C’est le contraire de la logique. Pourquoi, alors, la bagarre avec la bande à Marco ? Pourquoi irait-il retrouver Francine chez Marco ? Pourquoi la discussion dans la voiture ?
Je n’y arrive pas
Cela dit, c’est plus intéressant comme ça que si c’était un personnage faible, dominé par elle…
La bagarre se conçoit si le copain gardien est agressé.
Il peut aller attendre non Francine mais Marco, pour lui casser la figure.
Là, la tournure de la relation Francine-François peut-être complètement différente. Elle peut être fascinée par François, par sa puissance. Ça oui. Qu’il souffre de son mépris à elle parce qu’il n’aurait pas de fric, voilà qui est bateau. Si c’est lui qui la rejette parce qu’elle est futile, avide et stupide, c’est plus fort. Mais alors, quelle est la fonction de Francine ? On ne le comprend plus très bien. À moins qu’il n’occupe le chantier (d’ailleurs, alors : plus de simulacre de vie avec elle) par contestation. Mais ce n’est pas bon. Plus je vais, plus je pense que le scénario ne tient debout que si François est amoureux de Francine et souffre de son dénuement.
Si…
1/ Si elle s’intéresse à lui, après Deauville, parce qu’il a gagné… ?
2/ Si la bande à Marco n’était pas éliminée du champ ?
3/ Si, outre les dépenses pour elle, il dépensait pour la famille ? (C’est la rigidité, alors nécessaire du Père, qui le met dans le chantier).
4/ Si, le retrouvant dans le chantier, elle était surprise qu’il n’ait plus rien (calculatrice, elle aurait cru, d’après le rythme des dépenses pour elle, qu’il lui restait du fric) Donc, elle le quitte pour a/ poussière b/ plus de fric.
5/ Lui, alors, écœuré par elle. « Tu ne t’es intéressée qu’à mon pognon… » (surtout pas ce dialogue là).
6/ Arrivée bande Marco justifiée par le N°2
7/ Violence de François vis-à-vis Marco et sa bande à justifier ?
8/ La scène de l’explication nocturne est redondante par rapport aux N°s 4 et 5. En faire juste une revanche sur Marco ? Ou lui, amoureux, revenant sur sa réaction du N° 5 ? Oui. C’est mieux, ça. Elle, alors, cassant définitivement les choses… C’est alors le Père qui devient superflu. Sans doute sert-il à focaliser François sur le chantier (non : le N° 5 le fait). Est-ce qu’un accident du travail (Père alors non en retraite, mais fonctionnant encore et comme chef de chantier dans le chantier François) ferait trop « scénario » ? Oui, sans doute. Garder solution maladie. Revoir scène des dessins de bâtiments à l’hôpital.
Cette notion capitalissime : « Le Père n’a jamais habité les maisons qu’il a construites. Il n’a eu droit qu’à un HLM » : comment la faire passer ?
Le N° 5 nous amène directement à l’occupation-simulacre. Mais : rôle du père ? La scène des dessins n’est pas suffisante.
J’oublie la motivation de l’enterrement ! ! ! ! Mais oui. Mais oui.
–> Laisser le rapport père-chantier implicite. Mais le montage parallèle enterrement-siège ne doit pas nous apprendre quelque chose, mais être une conclusion, un ramassé du sens. C’est ça qui manque, bordel. C’est pourtant pas (illisible). Je ne le vois pas…
Trouvé quelque chose (en tournant en rond) : après la mort à l’hôpital, au chantier avec le mini-cassette. C’est le soir.
Le connard du service des ventes fait visiter l’appartement-témoin à des cadres. Alors :
– Est-ce que l’opéra les gêne ou pas ? Quoi qu’il en soit, François apprend au larbin la mort du père et lui donne date enterrement. L’autre prétexte occupation pour ne pas y aller –> colère François : c’est là qu’il déballe notions capitales :
– crevé toute sa vie pour que dalle
– sales cons de cadres ici présents occuperont maison qu’il a construite
– même pas droit au respect une fois mort (*)
Le tout accompagné de coups ? (à voir) (contre larbin et cadres)
–> d’où le sens plus profond de l’invitation à l’enterrement de Francine
<– à l’heure actuelle j’aime bien ça. Je l’aime beaucoup.
Tout a une place un sens, une couleur, une émotion.
(*: Bien parce que rapport constructeur-consommateur ou François, constructeur lui-même, se fait l’interprète du Père-constructeur. D’où le sens du montage enterrement-siège.)
Scénario idem jusqu’à Deauville.
Là : il gagne, encore.
Elle est ravie. « Ne joue plus », lui dit-elle, soucieuse de préserver le pactole.
Lui, avec Marco (qui donc ne sort pas du champ) rejoue et perd (tout ou pas mal, ça reste à voir). (*)
D’où sa remarque à elle : « Maintenant que tu as du fric, beaucoup de fric, tu pourrais me laisser tomber pour trouver mieux. Pourquoi restes-tu avec moi ? » (Là est-elle sincère ou est-ce une suprême ruse pour se le garder ?) À ce moment-là, il a déjà commencé à emprunter pour avoir du fric, parce qu’il tient à elle.
(*: Après avoir perdu, après avoir commencé à emprunter, il est obligé de freiner les dépenses pour elle. Là, elle renâcle et lui dit que s’il dépense moins, il doit y avoir quelque chose. Est-ce qu’il aurait rejoué ?
– Non, non, dit-il.
Est-ce qu’il en a trouvé une autre ? Est-ce qu’il en a marre d’elle ? Elle le trouve moins « gentil » avec elle. Si c’est ça, c’est qu’il cherche ailleurs. Il peut se le permettre. Si c’est ça, qu’il le dise. Elle préfère. Et lui : « Non, mais je veux être sûr que tu ne m’aimes pas pour mon fric. »
Et elle : « Ah, c’est ça! Mais t’es bête. Bien sûr que je ne t’aime pas pour ton fric. D’ailleurs, quand je t’ai connu : t’avais rien… T’étais un ouvrier minable comme les autres. Alors : tu vois bien! Mais pour moi, t’avais quelque chose depuis le début. Alors : tu peux recommencer à dépenser du fric pour moi… »
Une série de conséquences à tirer du fait qu’à Deauville il a gagné :
1/ période de vrai luxe (paradoxe entre vie off travail et travail de maçon) (le luxe peut les faire rêver devant les résidences).
2/ retour de Deauville, il annonce son gain au Père-chef de chantier qui garde sourcils froncés. Lors de son entrevue près chantier, il dira : « Tu vois : je l’avais prévu. »
3/ retour de vacances : scène des retrouvailles Francine-François : elle découvre qu’il a rejoué et perdu. Sa réaction : 1/ « Je m’en doutais. Je savais que rejoué. » Lui : « Si je suis là, c’est pour toi, après tout. » Elle : b/ T’es trop con! Elle se tire. Course-poursuite. Lui essayant encore de rigoler. Il la coince : « Allez quoi ! envie de baiser. » Elle éclatant : la merde. La poussière (EN FIN !) Elle se tire là-dessus. Il reste désolé (et non fâché) ce qui laisse la situation ouverte pour l’explication finale. Et c’est dans cette explication finale que lui s’énervera et balancera le : « Tu ne t’es intéressée qu’à mon fric… »
–> Un titre : « Maçon le jour est riche la nuit » que je transforme en : « Riche la nuit, maçon le jour »)
06/06/1977
VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE-AGNÈS
Avant-hier samedi, je rentre de tournage à 15 heures. Je trouve Jocelyne qui dort. Agnès me dit qu’elle n’a pas mangé. Colère. Je lui mets de l’eau sur la figure. N’arrivant pas à la réveiller, je la tire du lit, la traîne jusqu’à la douche et l’asperge de flotte. Trempée, elle part se recoucher.
C’est dire à quel point ça va mal.
Par moment – souvent – je me rappelle à moi-même que c’est moi qui l’ai démolie. Mais, à côté de ça, il y a en elle tant de mauvaise foi, Commentaire de Jocelyne : et toi ? Le même piétinement en rond que je ne peux m’empêcher de penser, malgré Agnès, que la seule solution est d’en finir une bonne fois.
Ce soir, je vérifie en le lui demandant si elle a dormi à cause de sa nostalgie en écoutant Anne Sylvestre. Elle me sort dans la discussion cette énormité : si elle n’est pas – c’est elle qui le dit – une bonne mère, c’est de ma faute ! Parce que je suis parti ! Je suis si indigné qu’il faut que je note ça.
07/06/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Vu ce matin : plaque près porte cochère : « Maître Untel » avocat à la cour. Porte donnant sur une cour. D’où : idem et, dans la cour, une barre et le mec en toge qui plaide.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Une voiture laissée portières non fermées, mais le cliquet est cassé. D’après le cliquet, on croit la portière fermée. Ça décourage un voleur.
08/06/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Embouteillages. Devant moi : camionnette portière arrière droite entrouverte parce que poutres trop longues maintenue avec corde. Dedans : panneau + poutres béton.
VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE
Jocelyne caresse Poum. Poum refuse ses caresses et s’éloigne. Jocelyne : « Il est con, ce chat. Il se vexe tout de suite… »
09/06/1977
ÉCRITURE
Le cinéma, c’est « l’émouvement »…
18/06/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
D’il y a quelques jours : une photo à faire (ou un plan) : immeuble – fenêtres identiques l’une au-dessus de l’autre. À la fenêtre la plus haute : petit garçon qui regarde vers le bas. Fenêtre en dessous : un adolescent. Puis un jeune homme. Puis un homme de 30 à 35 ans. Puis un homme de 40 ans. Puis un homme de 50 ans. Puis un vieillard. Ils regardent tous vers le bas : sur le trottoir, un cercueil…
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
À noter pour le long métrage : feux de chantier = feux de tribus (pour un rêve) ?
21/06/1977
LITTÉRATURE – LECTURE – PROUST
Pour Long Métrage Bianchetti
Note lecture Proust :
– Étouffements de Proust découverts par Cambremer dont la sœur en a aussi –> il en parlera dès lors chaque fois qu’il le verra.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
Pour Long Métrage Bianchetti : le moment le plus apprécié d’« Aujourd’hui Madame » vu en direct aujourd’hui fut celui où une dame raconta le chimpanzé qu’elle élève. Drôlerie.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
Pour Long Métrage Bianchetti : lecture Proust : agraphie = paralysie. On ne sait plus lire. Mots = dessins incompréhensibles.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
Pour Long Métrage Bianchetti : personnage présenté par François : le fou des HLM (il a l’air normal, même son discours, mais déclic dans ce discours (il faut tout raser)
Je m’aperçois que cette idée suit inconsciemment un mécanisme de transposition du personnage de François : on peut faire pareil pour autre personnage ou situation. Réfléchir à ça.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
Pour Long Métrage Bianchetti : « Moi, pour pas fumer, faut que j’aille au cinéma… »
23/06/1977
CINÉMA – RÉFLEXION
Pour moi le cinéma est un jeu de fausses pistes…
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
Pour Long Métrage Bianchetti :
François : « Ras le coffrage » ou « Plein le coffrage »…
24/06/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
Pour Long Métrage Bianchetti :
D’abord :
De Proust (mais transposable) : Madame Cotard s’endort en public. Elle parle en dormant. Tout le monde la regarde. Son mari la réveille en lui criant « 1, 2, Arche ! » Elle se réveille en disant : « C’est à cause de ce maudit feu » et tout le monde rit, car il n’y a pas de feu.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
Il faudra trouver des « vannes, des astuces », des gags.
Entre autres : gags « professionnels » : maçons au boulot. Gags à trouver, inspirés du boulot, des gestes du travail.
Exemple : (rudimentaire) le mec qui prend ciment avec truelle en regardant ailleurs quelqu’un avec il parle. Pendant ce temps autre mec lui enlève brique ou met autre chose à la place (pièce de vêtement ? cigarette ?)
29/06/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
Pour Long Métrage Bianchetti
François (montant sur table, geste large d’un instrument) (*) : « Cher public… »
Commentaire du 10 avril 2016 :
(* : Je pense que je voulais dire : « geste large d’un outil… »)
– Commentaire écrit à 69 ans
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
Pour Long Métrage Bianchetti
« Quel est ce gag étrange (venu d’ailleurs) » (pour situation mal comprise »
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
Pour Long Métrage Bianchetti : auto s’arrêtant (file de gauche) –> piéton passant, ravi. File de droite : voiture arrive. Piéton grand sourire : boum.
08/07/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
Pour Long Métrage Bianchetti :
Scène de parking HLM : un monsieur brique sa voiture. Pas loin de là : une bande de loulous se tabasse. Série de flashes sur lui : il jettera des regards attentifs, alarmés, effrayés, fuyant, etc. pendant que ça se passe, mais surtout sans intervenir.
09/07/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
Pour Long Métrage Bianchetti :
François : « Je m’alarme… » (la préciosité, la recherche verbale, populaire aujourd’hui).
10/07/1977
ÉCRITURE
Plus dure sera la drogue… (2015 : from Internet : pas fait) !!!
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Pour scénario « poly-dimensionnel » :
Dédoublement d’un personnage en un double de lui-même miniaturisé –> observation de ce qu’on ferait si on était réduit (à partir de : fantasme de moi miniaturisé et ne parvenant pas à imposer mon autorité à Poum).
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Note (en voyant des noirs se balader en famille dans la rue devant chez moi dans le soir, dans la banlieue)
Pour CM métro : il rêve que les gens font autre chose que passer et monter dans l’ascenseur sans lui parler
id est
Ils vivent (y compris se promener.)
Quelle vie ?
Quels gestes ? Ceci est à déterminer.
Mec ou femme passant avec serviette ou sac –> transformation en autre chose (à la place de la serviette = instrument de musique ?)
11/07/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
Pour Long Métrage Bianchetti :
Avec une truelle en place de baguette, François dirige un invisible orchestre exécutant un morceau qui semble être conduit par François.
12/07/1977
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Deux vieux amants jouent à ne pas se connaître
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
(Cadre HLM) Les flics qui démolissent sa cabane d’enfant (parallèle avec celle de la fin).
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
Pour Long Métrage Bianchetti :
Devant auto-stoppeur : un feu.
« Ceux-là, c’est des Belges : ils lèvent le pouce quand le feu passe au rouge… »
13/07/1977
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
Pour Long Métrage Bianchetti :
Bras de fer entre François et X. Avec noix sous poing qu’il casse par pression du dos de la main de l’adversaire sur la noix. Craquement amplifié
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « MELISSA » – « LE DRAGON ROUGE »
Parcours d’elle dans décor bleu → trucages préparés pour convertir en décor gigantisé.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
Pour Long Métrage Bianchetti :
Articulation fondamentale de « l’œuvre » :
– Père, donc (suite à conversation avec Lionel et Françoise) se construit (avec fils) sa maison et meurt à la tâche
–>
révolte de François (au matin du Portugais)
Thème remplaçant « Il n’a eu droit qu’à HLM » –> « Il a essayé d’avoir quelque chose à lui, mais il s’était tellement usé à une vie de boulot qu’il en est mort et qu’il n’a pas pu en profiter. » # Appartement témoin. Résidence = bidon. Tout facile. Tout très vite. Because fric. Ouvrier : macache. Petite maison : long, pénible. Et en plus : comme cher –> matériaux conception de série minables.
Résidence bidon aussi. Donc pas pour ça qu’il se révolte (Mirza dans l’ascenseur) mais pour le principe.
–>
Au moment siège : discussion (qui divise l’actuelle tirade du matin de l’appartement témoin en deux :
1/ partie critique
2/ partie but à atteindre
– « Mais enfin : qu’est-ce que tu veux ? Bon. Ton père est mort, mais tu ne vas pas nous chier une pendule avec ça : il a fini sa vie normalement… »
15/07/1977
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Pour démontrer qu’on ne peut pas séparer les échanges affectivo-intellectuels et sexuels, un couple s’essaye à tenir une conversation d’opinion tout en faisant l’amour.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE PROJET « APPARTEMENT-TÉMOIN » – « BIANCHETTI PÈRE ET FILS »
Pour Long Métrage Bianchetti :
Je reprends notes barrées de la page précédente :
(D’abord un titre : « Bianchetti père et fils »)
Je sens que je suis un moment clé dans l’écriture de ce film, mais je piétine.
Le changement commencerait à la scène du réveil dans l’appartement témoin.
Là, je vide cette scène qui était chargée à bloc. Il reste :
Sa colère d’être vidé des lieux, traité en « minus » – pas à sa place – il s’en prend au client cadre, l’attaquant sur son fric (solution 1) ou sur son fric et son mode de vie (solution 2).
Solution 1 : elle ménage la progression, au niveau des idées, créée par la scène finale avec l’architecte (?)
Solution 2 : Elle implique la réflexion qui n’est révélé qu’a posteriori dans la solution 1.
Cette scène peut déboucher sur une « aggravation » du ressort dramatique : (il peut cogner sur le client, aller au poste, se faire virer…)
Il va chercher Francine pour l’enterrement, l’amène au cimetière. Ne rien changer. Ne rien révéler (le fusil, c’est pour l’emmener).
Peut-être : arrivés au chantier, il peut lui balancer un discours hargneux qui serait la prolongation de la scène du réveil (du type : « Pour toi, je suis un moins que rien. Tu crois que je vais me laisser traiter comme ça ? Allez marche ! Tu vas voir…)
Innovation importante : creuser leurs rapports à eux deux dans le chantier. Il faut qu’il épuise cette volonté de la dominer, d’avoir le dessus dans leur rapport, il faut que ça le lasse, que ça ne l’amuse plus et qu’il la renvoie.
À ce moment, on se demande pourquoi il reste, pourquoi il continue à occuper ?
Là, il serait bon que ce soit lui qui demande à parler.
Pour dire quoi ? (Je précise qu’il peut aussi rester terré, on se demande alors pourquoi. Ça s’éclairera après, en ce cas). Pour dire, donc, en ce cas, qu’il était venu là pour elle, mais qu’il n’en a plus rien à foutre.
<– (Pas bon. Il ne faut pas qu’il demande à parler. Il ne le ferait pas pour parler d’elle. Ceci est une mistake). –> Il la relâche à la suite de ça. On le félicite du geste et lui propose la négociation. Il accepte le dialogue. Quelqu’un (architecte ?) vient le voir. Il le fait asseoir et ne dit rien (?) En tout cas, il ne dit rien. Celui-ci va tenter d’être subtil : « Je suis ici pour essayer de te comprendre » dira-t-il et il parlera lui-même de la fille, échafaudant une explication dont elle est le pivot (explication qui paraîtra vraie à ce stade des choses). François répond qu’il n’y est pas du tout : il est vrai qu’il est venu la cause d’elle, mais c’est une salope et n’en a plus rien à foutre.
– « Alors ? demande de l’autre, pourquoi ? qu’est-ce qu’il veut ?
Le fait que François a perdu son boulot doit être mis sur le tapis. Ici, c’est un bon moment pour ça. Autre dénégation en réponse.
Re-alors ? de l’architecte.
Réponse de François : « Mon père mort. Crevé en construisant lui-même, de ses mains, la petite baraque de ses vieux jours. Usé, démoli par une vie de boulot. N’a pas tenu le coup. Crevé avant de pouvoir même se reposer les quelques années de retraite (insiste sur vie dure) (anecdotes sur la vie du père. Comique grinçant : non seulement il a fallu qu’il attende en amassant sou après sou et qu’ils la fassent de ses mains, mais il s’est crevé à la tâche. François l’a vu. Ça s’est passé sous ses yeux (*)
Et, à côté de ça : petits morveux de cadres qui ont tout, tout de suite, because métier bidon qui procure fric.
Résidence comme ça : faite pour eux.
Boulot tout mâché. Ils n’ont pas à se salir les mains et trimbaler des sacs de ciment, eux. C’est pas pour ouvriers.
En fait, c’est pas que ça le fasse baver, François, leur résidence. Il n’a pas envie d’y vivre. Ascenseur. Mirza, etc. BIDON. (Le thème luxe moderne = bidon apparaît et est développé là) c’est pour le principe. Parce que son père est mort (plutôt) « C’est pas pour moi, c’est pour mon père. »
Architecte : « Mais le père aurait pu vivre. Il aurait terminé son pavillon et il y aurait coulé une retraite paisible… » (**)
François : « Il se fout de lui, archi ? Il les a vus, ces pavillons ? (flashes ?) Minables (préfabriqué – maisons Phénix) moches – bidons eux aussi, à leur manière.
Parce que pas d’argent : père rêvait de belles maisons en construisant de la merde parce que pas assez d’argent pour faire autrement (ceci permet d’épurer la scène des dessins du père).
Pour le père : une maison, ça devait ressembler à un opéra. Il est obligé de se contenter d’un petit air d’accordéon…
Architecte : beaucoup s’en contenteraient qui vivent en HLM.
François : Bien sûr, de même que se contenteraient d’un HLM beaucoup d’immigrés vivant déplorablement en caves ou même en meublé (anecdotes).
Bien sûr, il faut chercher à améliorer le logement mais attention : le logement, c’est crucial ! Le risque, c’est que, dès qu’on ait une petite coquille, on s’y enferme. Qu’on se plaise à posséder, qu’on laisse enfler l’esprit de propriété. Maison : forme suprême de la propriété (très vigoureux contre).
Dans cet esprit : posséder pavillon ou appartement de 7 pièces dans résidence : pareil (même combat ?)
Ce qui compte, c’est pas d’avoir, mais d’être.
Quand on ne cherche qu’à avoir : c’est bidon. Il l’a compris avec la conne Francine.
Mais père aussi : ambition de toute sa vie : posséder sa maisonnette (pas pour lui : pour famille) mais pareil : pas plus loin que ça. Maintenant : père est mort et François a réfléchi : il est mort, mais vécu en alouette. Piégé par attrape-con. Qu’est-ce qu’il aura été ? Rien. Il aurait fini par avoir quelque chose, pas grand-chose mais quelque chose. D’autres beaucoup plus. De toute façon : bidon. Ce qui compte = pas ce qu’on a mais ce qu’on est = mort du père.
(*: Et encore son père, il aurait pu en profiter de sa retraite parce que pu mettre un peu d’argent de côté + il était maçon mais pas le cas de tout le monde : retraités misérables – travailleurs pressurés, plus bons à rien –> des nèfles (flashes sur détresse des vieux avec François travaillant, dans le champ).
(**: L’archi comprend la portée générale du discours de François à partir du cas du père, mais justement père aurait pu vivre et avoir un pavillon : cas de plus en plus de Français qui vivent de mieux en mieux. Logement individuel en extension.)