Carnet 12 – Du 5 octobre 1967 au 1er décembre 1967
05/10/1967
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE
Dans le métro, Jocelyne se met à parler mais en remuant seulement les lèvres, sans produire aucun son. Je regarde ses lèvres et me joins à elle pour « chanter » cette chanson d’enfant : « Je voudrais un mari… »
Commentaire du 23 mars 2015 :
Paroles exactes de cette chanson :
« Je voudrais un mari docile et sans reproche,
qui aille dans ma poche,
Un vrai petit mari.
Je le voudrais petit,
mignon et bien gentil
et qui ne grogne pas
surtout comme papa… »
→ Cela nous fait rire et nous rend heureux.
Des paroles qui renvoient à mes recherches sur les dimensions qui intéressaient beaucoup Jocelyne et à « L’amant de poche », film de Kast cité par elle.
– Commentaire écrit à 68 ans
Commentaire du 16 juin 2015 :
Le titre exact de ce film est « Un amour de poche » : je l’ai retrouvé et téléchargé.
– Commentaire écrit à 68 ans
06/10/1967
1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE – MOT de JOCELYNE
« Moi je suis l’enfant de Bretagne,
Aussi sauvage que ses eaux… »
07/10/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Noté à la sortie du Mans vers Laval : passage à niveau. La petite cage de verre du garde-barrière
→
Changement de décor : elle devient une serre avec fleurs dedans au milieu d’un jardin (où passe le train ?)
PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
La psychanalyse nous apprend (théorie de Freud) que toute l’évolution de la société (voir « Totem et tabou ») découle de la différence de constitution physique entre l’homme et la femme qui fait que, dans les relations sexuelles, l’homme a possédé et dominé la femme à l’origine, ce qui entraîne → frustration des fils → totemisation du père → division de la tribu en classes correspondant aux totems
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
→ Bresson. Gros Plan sur 2 mains. Situation : une voiture. Fille à l’avant, à droite, à côté du chauffeur, garçon à l’arrière à gauche.
Main de la fille : on voit la paume. Main du garçon qui la tient comme on porte un oiseau.
08/10/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Notation à intégrer à un ensemble : on va voir quelqu’un dans un bâtiment. Quand on passe devant, on regarde dans cette direction.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
(Pour « La fenêtre »)
Parmi les éléments du spectacle montré aux enfants par le vieux bonhomme : une maison, immeuble avec fenêtres et la main du vieux qui passe par fenêtres.
→
Toutes sortes de décors où le vieux peut faire intervenir ses mains, ses pieds ou une partie de son corps qui fait basculer la perception de la dimension (ou pas ?)
→ Son visage même
→ la représentation d’une saison (annoncée oralement) = un décor au 1er plan : un paysage quelconque, de campagne, par exemple + une toile de fond = le ciel avec un rond qui représente le soleil.
Ce rond est un trou dans la toile de fond et le visage du vieux s’y encadre : visage peint en jaune.
Il sourit → le paysage s’éclaire…
Commentaire du 1er octobre 2019 :
Photomontage issu de cette idée (créé en 2016 à 70 ans)
– Commentaire écrit à 72 ans
ÉCRITURE
Un paysage. Décrire un paysage comme on raconte une histoire *
Paysage mental ?
→ le temps intervient dans l’espace : lorsqu’on décrit un ensemble d’éléments, on est forcé de les présenter à la conscience l’un après l’autre. Domaine du probable, non du définitif.
Une fois intervenu, un élément peut ne plus exister.
* : Le temps intervenant dans l’espace. Oui mais comment ? → Possible : développement de chacun des éléments dans le temps. Exemple : une route qui monte. Monter = action se développant dans le temps. Est-ce que ça entraîne une personnification des éléments ?
→ Intéressant (fantastique) Les éléments d’un ensemble qui coexistent simultanément dans un paysage, par exemple : une colline ‑ Une route ‑ Un château. Ils existent objectivement dans la même tranche de temps.
→Dans la description, les faire se développer dans des temps différents, successivement. Si bien qu’ils ne coexistent que dans l’espace, pas dans le temps.
Le château inaccessible →la route escalade la colline, le jour. Le château se dresse au sommet de la colline, la nuit. « Il m’était impossible de concevoir l’image de ce paysage : une colline au sommet de laquelle se dressait un château auquel on parvenait en empruntant une route qui escaladait la colline… » car il m’eût fallu concevoir ce paysage à la fois de jour et de nuit,; ce qui ne se peut pas. » ?
Autre idée :
« Pour parvenir au château, il me fallait partir du bas de la colline au petit matin pour arriver au château à la nuit tombante… »
→
Paysage qu’il est impossible de voir dans sa totalité, dans le même moment. On en voit une partie de jour et une partie de nuit. → impossible de l’imaginer car il est vu, par la mémoire une partie de jour et une partie de nuit. Réunir les deux est impossible.
→
Ou alors : si, au contraire ?
On débouche sur quoi ?
→Paysage qui ne peut que se parcourir et non se décrire.
Une montagne si haute que toute une journée est nécessaire pour l’escalader. On n’arrive au sommet que la nuit.
→
« Je me souviens de la route, escaladant la montagne tout le jour durant. Je me souviens du château, au sommet de la montagne, dans la nuit, seules quelques fenêtres éclairées… »
→ Les seuls êtres qui peuvent voir le paysage dans son ensemble sont les grands oiseaux qui volent très haut dans le ciel, au dessus de la montagne… »
Je rencontre une colline. Une route qui la gravit. Une maison au sommet.
Je la conçois comme une image de ce château et de cette montagne escaladée par la route, une image réduite, déformée pour que je puisse la saisir dans son ensemble.
Paysage mythique
Voyage.
1er voyage :
Point de départ : un village.
Un homme part un matin, à pied, sur une route sur laquelle il marche toute la journée.
Point d’arrivée : un château. Lorsqu’il y arrive, il fait nuit. Quelques fenêtres sont éclairées mais il ne peut pas y entrer : on n’accepterait pas de le laisser entrer la nuit. D’ailleurs, il n’est qu’un paysan, un serf. (On est au moyen-âge. Il n’a pas le droit d’entrer au château.)
2ème voyage :
Point de départ : le même village.
Un autre homme (le fils du 1er) réussit à sortir de sa condition de serf et se fait sacrer chevalier. Il décide d’offrir une revanche à son père. Il part à la même heure que lui, au matin, mais à cheval, sur son palefroi de chevalier. Il reconnaît la route que son père a pu lui décrire, puisqu’il l’avait vue de jour. Comme son cheval lui permet d’aller plus vite, il arrive au château, que lui a décrit son père, dans l’après-midi. Il y est reçu avec honneurs. (On peut même imaginer une suite avec idylle amoureuse avec la fille du châtelain.) Il peut ainsi voir, de jour, dans toute sa splendeur, le château que son père n’avait pu voir dans l’ombre de la nuit…
→ POSSIBLE DE FAIRE UN FILM DE ÇA… ?
09/10/1967
ÉCRITURE
Écrire un texte ‑ tout à fait banal ‑ et, en fin de texte, dire au lecteur : « Réunissez maintenant l’une à la suite de l’autre toutes les notes en bas de page. Elles forment une deuxième histoire, la vraie… »
10/10/1967
MUSIQUE – CINÉMA
« The criminals »
Cleo Lane
« Thievin boy »
15/10/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
←» La fenêtre »
Sur scène : un œuf, blanc. L’œuf se brise (ou est brisé)
→à l’intérieur : un homme ? (quelque chose ?)
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Pour « Le jeu », placer quelque part le petit jeu auquel nous nous sommes livrés : quelqu’un essaie de soulever son bras tendu perpendiculairement à l’axe du corps alors que quelqu’un d’autre lui tient le bras et l’en empêche.
Il fait cela pendant 30 secondes : lorsqu’on le lâche, le bras remonte tout seul et reste comme suspendu en l’air…
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Grande maison.
Des gens sortent : ils passent de pièce en pièce et éteignent la lumière de la pièce qu’ils quittent et allument en même temps la lumière de la pièce où ils entrent… Et cela plusieurs fois…
16/10/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Un film sur un type qui a eu des bouffées délirantes. On le soigne par électrochoc → amnésie. Mais ce qu’il avait dit avoir vu était vrai !
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Un engagement :
Le patron : « Qu’est-ce que vous savez faire ? »
Le chômeur : « Un peu tout… »
Le patron : « C’est à dire rien…! »
Le chômeur (le regardant) : « Pendant ce temps (?), je n’ai pas pu (il explique le pourquoi de son multi professionnalisme) mais, en fait, mon métier, c’est… (il cite son métier) »
Le patron : « Ça tombe bien : nous avons justement besoin de… »
→ Il est embauché dans la spécialité qu’il a indiquée… Par la suite, à l’occasion d’incidents survenant dans le cadre professionnel, il donne la preuve qu’il possède des connaissances qui sont précieuses pour le patron professionnellement et aussi non professionnellement (secourisme, par exemple) Le patron veut le remercier mais, ayant amassé suffisamment d’argent, il s’en va…
17/10/1967
1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE – DESSIN DE JO
18/10/1967
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Reprenant l’idée de l’œuf sur la scène de « La fenêtre » → Superposer 2 dimensions :
19/10/1967
LECTURE – CINÉMA – IDHEC
Livres à consulter
– Méliès (illisible Jean-Claude Romer numéro de Midi Minuit « Les vamps fantastiques »).
– Cinéma 57 : Fantastique n° 20
– Bibliographie Fantastique au cinéma Midi minuit fantastique
20/10/1967
VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE
Pour couple
Porte Châtillon
400 Fr.
Henri Longchamp
escalier 5/6 étage droite
76, rue des plantes
Métro porte d’Orléans ou de Vanves
libre le 1er novembre
2 pièces cuisine salle de bains
sur place toute la journée
Commentaire du 31 mars 2016 :
Traces de notre recherche d’un logement car nous habitions à l’époque chez mes parents à Nanterre
– Commentaire écrit à 69 ans
21/10/1967
ÉCRITURE
L’esprit aussi peut avoir les cheveux longs…
ÉCRITURE
La mer est un fleuve sans rivages…
Fleuve peuplé de tritons et requins
Dépourvu de pêcheur qui lance paisiblement son haveneau…
22/10/1967
CINÉMA – RÉFLEXION
Le problème des ciné-clubs :
1/ a évolué
2/ Il faudrait non pas discuter (= gloser) un film mais le présenter → le spectateur se fait son opinion ← présentation
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Fest Noz
Bretagne nouvelle = point de départ. Montrer les maisons individuelles (pavillons) des classes aisées + HLM et parler des habitants : qui sont-ils ? Peuvent-ils se réunir et danser ? → lieux et occasions de réunions et de fêtes ?
Commentaire : Pas bon parce que trop extérieur au sujet réel ? Il y a une liaison mais pas assez apparente, trop arbitraire
→ L’opposition Bretagne moderne contre Bretagne rurale = oui. ?
IDÉE – SPECTACLE
Spectacle total :
Image projetée sur un écran, par derrière. Cette image représente une scène dont le rideau est fermé. Un personnage sort devant le rideau, sur l’avant-scène. Il va parler et présenter un spectacle avant que le rideau ne s’ouvre… Soudain le rideau de la salle de projection réelle se ferme, masquant l’écran… Sur l’écran, dans l’image filmée, on a le temps de voir le personnage s’étonner. Le rideau se ferme complètement → Alors apparaît, entrouvrant le rideau et s’avançant sur l’avant-scène le même acteur qui était sur l’écran mais en chair et en os, qui réussit à présenter le spectacle…
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Fest Noz
Début = crépuscule sur la campagne bretonne ?
VÉCU – PROMENADE
Bailly
D7 et N 307
Le pavillon rose
Nicole Norbert
23/10/1967
IDÉE – SPECTACLE
Spectacle total (mélange image filmée – spectacle réel)
On peut exploiter ça…
25/10/1967
DESSIN
26/10/1967
ÉCRITURE
Un document sur une fiction est aussi intéressant qu’une fiction à partir de la réalité…
27/10/1967
ÉCRITURE
Le bonheur : le strict minimum… (inclus dans Manuscrit « Les deux femmes du mort » et « L’homme que les plantes aimaient ») (2017 : from Internet : pas fait)
ÉCRITURE
Un film à plusieurs ou plusieurs films seuls…
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Par le décor, on peut « surimpressionner » plusieurs choses.
Un décor de nuit, avec des fenêtres semblables à des hublots = présence d’un bateau.
Le bateau, par rapport à l’action, à ce moment-là, peut exprimer quelque chose.
Un langage sans interlocuteur = le spectateur ne s’en apercevrait pas forcément ← Hitchcock = film à plusieurs niveaux.
30/10/1967
CINÉMA – IDHEC
– Écrire quelque chose sur « Les oiseaux »
– Faire le point sur les dimensions – si possible → « La fenêtre »
– Essayer de définir une direction nouvelle (scénario)
01/11/1967
VÉCU – DOCUMENTATION – LITTÉRATURE – LECTURE
– Les anciens textes français (Mario Roques)
– Traduction de Bédier et Hazard
Calot et Thomas – Guide pour trouver bibliographie
02/11/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Un personnage (un ministre ou un fonctionnaire important, par exemple) monte dans sa voiture. Il est pressé, il a un avion à prendre. Il dit à son chauffeur :
– Dépêchez-vous, Antoine… Je suis en retard…
Il emporte un document (avec photos d’accidents de voiture, car il s’occupe de ça…) et, en route, l’ouvre pour le lire…
Gros Plan sur le bouquin avec bruit du moteur. Un virage : bruit de freins. La voiture se penche → le bouquin se ferme tout seul. Accident.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Passage à niveau. Voitures qui attendent. Barrière baissée.
On attend. Le train passe. Enfin la barrière se relève.
La 1ère voiture s’engage sur la voie.
Survient alors un wagon qui s’était détaché du train et continue à avancer tout seul, dans son élan… Boum !
(Peut-être vu du point de vue du train, en mouvement…)
05/11/1967
VÉCU – IDHEC – CINÉMA
Cinés exonérant IDHEC
Racine → 19 h (sauf samedi dimanche)
Ranelagh (mercredi jeudi → 24 h)
Logos → 19 h (sauf samedi dimanche)
Gît le cœur (sauf samedi dimanche)
Celtic → 18 h mercredi
Quartier Latin (2 exos)
Studio Bertrand (sauf samedi dimanche)
Luxembourg (?)
MUSIQUE – IDHEC
Pour Agnel
Phénoménologie de la perception (Merleau-Ponty)
VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE
Madame Alice
7, rue Béranger
Métro République
3e étage
une pièce cuisine téléphone
35 000 Fr.
45 000 Fr. les 2 premiers mois
Commentaire du 31 mars 2016 :
Traces de notre emménagement rue Béranger (dans l’immeuble où allait s’installer plus tard le journal Libération !) près de la République
– Commentaire écrit à 69 ans
Un million 5 et loyer de 30 000
Voir le club du logement (le dimanche en 8).
06/11/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Un labyrinthe sous forme d’un chemin en spirale, bordé de chaque côté d’un mur…
La largeur du chemin au fur et à mesure qu’il va vers le centre de la spirale se resserre de plus en plus, jusqu’à être réduite à un point au centre.
Le personnage qui emprunte ce chemin, en allant vers le centre de la spirale, diminue de dimensions jusqu’à disparaître dans l’infiniment petit… C’est le chemin (quoique pouvant être conçu comme un escalier en colimaçon, une cycloïde…) que l’on prend pour rétrécir…
(Éventuellement : voies de dégagement au labyrinthe suivant certains niveaux de dimensions
Si l’on veut être encore plus petit, on continue…
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Fille à poil dans sa chambre avec homme miniaturisé
→ elle le stripe → elle l’excite → il grandit
(→ excitation) Lorsqu’il est assez grand, il la baise…
07/11/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Un film : « APPELS »
Série de plans successifs sur des personnes assises, debout, écrivant, lisant, cuisinant, etc… qui appellent quelqu’un qu’on ne voit ni n’entend, situé hors du cadre… (sans aucun lien entre elles)
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Type qui parle en mangeant → il finit de mastiquer et puis il parle, faisant attendre son interlocuteur…
VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE
Monsieur le receveur de Paris XII, rue Crozatier
→ mandat changement d’adresse
ordre réexpédition définitif (10 Fr.)
→ mandat arrivé le 17/10/1967 + courrier
VÉCU – MON PÈRE
Monsieur Cappadoro
Société Dumez-Borie
PO Chasma
Barrage Colony
District Manwali
West Pakistan
VÉCU – DANSE
Débat (n’ai marqué que les initiales des noms des intervenants)
S. – Béjart plus grand chorégraphe
Saint John Perse = René Char
Martha Graham = mauvaise musique → Béjart : texte → danse
P. – Lecture ligne poésie → expression corporelle ? → Danseuse : oui
S. – Delouche = chorégraphie ballet classique (mauvais)
S. – Grand-angle → fausse la vision
P. – Becker → Cunningham ?
Becker – avec TEP → 5 h de matériel → réduit ← (monteuse importante) film comme Merce fait danse
VÉCU – IDHEC
Bernard L.
30, rue Antoinette
Métro Abbesses
7 h Jacques W.
L.
Loche/Ource
Aube
10/11/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Procéder pour créer un film (ou simplement une séquence) de la façon suivante :
– Établir une liste des accessoires et éléments de décor qui vont jouer (réalité)
et les organiser de plan à plan comme une matière qu’on sculpte…
( → adaptation des « Choses » de Perec)
13/11/1967
VÉCU – LITTÉRATURE
Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux
Et la mort ne sera plus
Il n’y aura plus ni plainte ni tristesse
Car ce qui était auparavant sera passé
(Inscription portée sur une tombe du cimetière d’Essoyes (où est enterré Pierre Auguste Renoir).
14/11/1967
VÉCU – MES PARENTS
Mère
18 août 1910
à Tunis
Père
13 juillet 1909
à Tunis
16/11/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Je vais peut-être changer l’orientation du « Jeu » :
Un jeu plus anodin, avec une signification moins évidemment sexuelle, c’est à dire qu’ils ne le font pas pour faire l’amour. Ils le font pour autre chose. Quoi ? C’est là un problème important. S’ils font l’amour, c’est « en plus », au hasard de l’occasion que leur fournit le jeu mais ce jeu n’est sexuel que dans ses formes pas dans ses intentions. Il peut même être très pur à l’origine et, par une sorte d’évangélisation, la sexualité peut devenir très pure elle-même. J’inverse purement et simplement le sens du film. J’ai remarqué que bien souvent mon idée primitive évolue jusqu’à devenir son contraire.
Revenons au jeu. Il doit y avoir en lui une sexualité certaine (la rencontre des garçons et des filles, avec le côté physique : frôlements – sons – répression par le bandeau et direction par le sifflet. Tout un appareil sadomasochiste.
Mais ce qui me gênait jusqu’ici, c’est que cette sexualité se traduisait d’une manière trop systématique (identité de réactions de tous les personnages) Il faut diversifier et ne pas intensifier autant la présence de la sexualité.
Pratiquement :
Conserver tout pareil
sauf : l’état d’ivresse → jusqu’à la 1ère rencontre garçon-fille.
Mettre à la place :
Rencontre → ils enlèvent les bandeaux → ils s’asseyent dans l’herbe → prise de contact progressive → ils font l’amour (mouvement plus naturel)
C’est le cas général. Il peut y avoir des exceptions qui retombent dans la version précédente mais il faut aussi innover, trouver des petits gestes, des petites choses qui donnent de la densité.
S’interroger aussi sur le sens du film. Il ne viendra pas tout seul.
17/11/1967
ÉCRITURE
« …corpulence dessinée par les vibrations d’eau de mer purulente et bourbeuse. toute douleur abolie ‑ le vertige de l’être qui saisit la fleur. Voltaire la montagne marine et le désespoir désir. de Brocéliande arrivée avertie averty casse noisette cassidy et la voilure enflée et la source sournoise fêlée par les incessants carroyages de troncs verts et fugitifs. »
DESSIN
19/11/1967
VÉCU – AMIS – GÉRARD LE L.
Rendez-vous avec Gérard Le L.
Mercredi à 19 h 30 en bas des escaliers roulants de la place Monge
MUSIQUE – RAVEL
« Valse noble et sentimentale » de Maurice Ravel
« Hop-Frog » de Loucheur
20/11/1967
VÉCU – ARGENT
« Tu te fais faire un compte chèque… »
VÉCU – ZYF
Je me rappelle ce « jour de plage » où nous avions décidé que Zyf serait « mon scénariste ». Il s’agissait alors que je fasse son sujet « Les mariés d’Orly ».
Je me rappelle ce soleil éclatant sur cette plage de Quiberon et la route étroite que nous empruntions depuis l’Auberge de Jeunesse. Elle passait à travers des landes d’herbe courte, longeant le terrain d’aviation. Je me rappelle nos quatre corps écrasés sur le sable, réunis dans une amitié fragile et ces corps se redressant, gravissant la petite pente de sable, plantée de touffes d’herbe longues et acérées – une contre-plongées avec soleil éblouissant.
À cette époque, Zyf n’avait sans doute pas encore amorcé son grand mouvement de libération qui le dresse aujourd’hui contre moi…
Il s’en remettait à moi, sachant pourtant déjà ce qu’il voulait (ce qui me le rend estimable).
En somme, j’admets qu’il désire créer cinématographiquement, ce que je déplore, c’est le chemin qu’il prend, que je juge peu sûr, sur le plan intellectuel s’entend. Mais quel autre pourrait-il prendre ? C’est bien la question. Et il n’est pas assez bête pour ne pas se l’être posée.
J’aimerais bien le juger. Que je sois ou non prévenu contre lui, là n’est pas la question. Il faudrait tout simplement qu’il donne des preuves de ce qu’il vaut.
Je crains seulement qu’il ne puisse le faire avant longtemps.
Je me demande s’il a l’intention de redemander sa caméra à Marcel pendant les week-ends où il ira Lorient. Pour l’instant, il a essayé une seule fois de mettre un film dans une caméra et de filmer. Ça n’a pas marché. On croirait qu’il se satisfait de cette initiation comme s’il s’était soulagé d’une préoccupation, insoucieux d’aboutir à un résultat, préoccupé uniquement d’un geste, sans portée ni signification, qu’il aurait à faire, comme un rituel magique destiné à le délivrer.
21/11/1967
ÉCRITURE
L’époque dorée de la porte…
23/11/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
13h30 Café près Grand Palais
Ce qui n’a encore jamais été fait dans le domaine des dimensions : prendre des plans séparés dans le temps et l’espace, donc totalement différents sur le plan des dimensions → désorientation du spectateur ou plutôt orientation difficile nécessitant un guidage continu (par exemple : la matière – le temps – la fonction, id est ce qui reste puisque l’échelle visuelle a disparu) (*)
→
Dans cette direction : importance du son. « Matière sonore »
– Si variations objet → variations son
– Si variations auditeur → variations subjectives, physiologiques. Objectiver cette subjectivité ?
(*: En somme adapter l’acquis du cinéma moderne (du cinéma tout court) = discontinuité – mobilité – à la dialectique des dimensions.
Je vois notamment des possibilités au niveau de l’ellipse, ce qui permet d’éviter le problème du grandissement à vue d’œil…
→ 1/ problème de mise en scène : arriver à ce que l’ellipse « coule » correctement. 2/ Justification dramatique.
J’y pense :
Existence d’un pays où coexistent des objets et des êtres de toutes dimensions. Alice y évolue et elle change de dimensions constamment → on ne peut alors se repérer que par le temps et la matière, la qualité des rapports entre Alice et les objets.
(Justifier l’ellipse. Je pense au système (gênant parce que système) employé dans Mickey pour ses voyages dans le temps : choc sur le crâne → inconscience → Changement d’époque.
Je trouve l’idée du pays au dimensions multiples assez « merveilleuse » pour se soutenir… Pourquoi ? Parce que : ce pays est « donné » Il a une existence et s’impose (opposé à variation des objets. Alice peut varier mais pas les objets. Un seul élément variable. Ca me parait être une loi. Pourquoi ?
Pour moi, l’intérêt du cinéma ne se trouve pas au niveau de la sensation.
25/11/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Si Alice = géante et talus de roches géant → idem visuellement que si Alice et talus normaux. Mais, sur le plan : son = bruit d’avalanche…
Je retrouve une idée ancienne : JE FAIS LA SYNTHÈSE.
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Pour un scénario : un type adulte vivait avec une femme adulte, responsable, libre, sur tous les plans. Cela se traduisait par la capacité qu’avait chacun d’eux, sur le plan pratique (c’est ce plan que le film envisage) de se « débrouiller » seul (caractéristique fondamentale de l’âge adulte qui, loin de l’exclure, permet au contraire la vie en commun).
Ce type quitte cette femme et fait la connaissance d’une jeune fille. Il est séduit par sa jeunesse, sa faiblesse. Il est heureux de pouvoir la protéger. C’est lui qui s’occupera pour elle de toutes les questions concernant sa vie matérielle.
Étant donné le fait qu’elle n’est pas adulte, elle va accepter cela avec empressement et se décharger entièrement sur lui.
Problème : si elle n’est pas adulte, si elle est jeune, au sens strict du terme, comment peuvent-ils avoir des relations dans lesquelles elle peut se décharger entièrement sur lui ? De telles relations, de telles activités existent-elles pour un couple qui n’est pas constitué de façon définitive (elle a des parents, dont elle dépend. Elle n’est pas mariée avec le gars, elle n’est donc tenue à rien dont il puisse prendre la responsabilité puis qu’il lui est, socialement parlant, étranger…)
Réponse possible : précisément, il sera amené, par l’inertie de la fille, à s’occuper d’affaires « qui ne le regardent pas » (scolarité de la fille – achats – pour toutes formalités : passeports – opérations bancaires, il lui « donnera des conseils », prenant en fait sa place au moment des décisions…
Relations avec la femme (adulte) : ils sont mariés. Problème : pourquoi un mariage adulte casse-t-il ? Ça ne devrait pas arriver. Réponse possible : intervention de la jeune fille qui déboussole le gars.
Ceci entraînera des relations fausses entre eux, parce que non adultes. Ce qui se soldera par une rupture, que j’imagine pour l’instant provoquée par lui (ou elle, aussi bien, si elle prend conscience.)
Si c’est lui qui prend conscience, il prend conscience de la fausseté de ses motivations et de ses relations en les comparant à celles qui étaient les siennes, avant, avec la femme qu’il a quittée. Il se rend compte que son désir de protection est exploité (inconsciemment ou non) par la fille.
Sur le plan de l’esprit du film : ce sera un film qui abordera les questions matérielles, pratiques, triviales, celles qu’on n’aborde jamais au cinéma quand on parle de la vie d’un couple : papiers – formalités – travail – mariage, etc.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Pour « Alice » : je pense que le « pays des dimensions » pourrait être un pays construit par des géants (grandes dimensions = les leurs, leurs objets courants et petites dimensions = leurs jouets, leurs constructions en miniature…) → aspect « décor » à certains moments.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Pour le changement de dimensions d’Alice (avec ellipse), je pense à une boîte dans laquelle elle entrerait, qui ferait juste sa hauteur. Cette boîte changerait de dimension et Alice, à l’intérieur, également, proportionnellement à la boîte. Pour changement de lieu : il faudrait que cette boîte soit mobile (véhicule ?)
On pourrait ainsi montrer la boîte variant de dimensions (et non Alice elle-même) dans de bonnes conditions optiques…
ÉCRITURE
L’esprit ne connaît pas de date…
26/11/1967
FILM FIN D’ÉTUDES IDHEC « LA DANSEUSE ET SON DOUBLE »
Hier et aujourd’hui défini subitement une nouvelle version du film. En fait = pas nouvelle… (c’est tout simplement un retour à mon idée originelle, c’est-à-dire que je remonte à avril dernier. J’ai été détourné de cette idée par Jean-Jacques. Ce n’est pas sa faute, c’est moi qui ai eu tort de ne pas réfléchir. En changeant la fin, ont changeait le ballet tout entier. On s’embringuait dans une autre direction : le psychologisme. Je suis revenu à l’origine, c’est-à-dire la danse pure, la joie de danser, tout simplement.
Synopsis :
Rideau s’ouvrant → décor (noir et blanc) salle avec porte blanche et miroir (largeur d’une personne) au cadre blanc. La danseuse entre, met le masque, l’essaye devant la glace, prend des poses et, soudain, attirant le double, le fait sortir de la glace.
(Début musique)
Elle donne le rythme (cf. musique aussi = tempo) et le double fait les mêmes mouvements. Une fois lancée il danse seul un moment. (Aucune rupture dans la musique, elle continue crescendo avec variations… !)
Puis le double « passe le relais » à la danseuse. C’est lui qui la sollicite, donnant le rythme à son tour. La danseuse danse seule (crescendo musicale → le double entre lui aussi dans la danse. Elles dansent toutes les deux → cela finit en un tourbillon musical et visuel sur lequel le rideau se ferme. La musique continue sur le rideau fermé. Elle est shuntée lentement pour finir.
29/11/1967
VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE
Soir de brouille. Je retrouve – comme il y a quelques mois je retrouvais certains souvenirs me liant à toi, sous l’impulsion de certaines impressions ou simplement je retrouvais le goût désespérément avide de toi englouti sous l’habitude rapide qu’engendrait ma solitude ici – des souvenirs, ce soir, de ce temps où je me souvenais (comme une enfilade de miroirs se renvoyant l’un à l’autre à l’infini). Je me souviens de ces élans vers toi qui prenaient appui sur des moments que nous avions vécus ensemble et ces élans me rapprochaient de toi car tu en étais là si solide, permanente.
Ce soir je me souviens seulement, je peux seulement me souvenir de ces souvenirs. Ce que je ressens, c’est une nostalgie de ces moments où, te désirant, courant vers toi, j’étais sûr de toi. Décalage. Sur la route de Lorient, en pleine nuit, quand je faisais du stop, c’est à quoi je pensais, c’était à moi avec toi, à nous deux ensemble. Aujourd’hui, ce à quoi je pense, c’est à moi allant vers toi, sur cette route désertique, cueillant des fleurs à Rennes à 3 h du matin pour te les offrir le lendemain, comme si, avec le temps, j’avais reculé par rapport à toi, dans mes souvenirs. Est-ce pour cela ou tout simplement parce que la mémoire est nostalgique que je suis triste ce soir ?
21 ans
Dépensé aujourd’hui :
1,45 Gauloises
13,50 Nettoyage gabardine
6,40 Nettoyage linge
3,00 gâteaux tunisiens
4,70 Consommations
10,00 Lapin peluche
= 36,05
+6,00 Carnet métro
= 42,05