VÉCU – AGNÈS

Hier, Agnès et moi sommes allé voir « L’étrangère » de Zelda Baron…
Très beau film, comédiennes remarquables, mise en scène sobre, mais souple. Bref, c’était si bien que je me suis senti tout petit, incapable de tant de talent et, en sortant, dans la rue, me suis mis à pleurer dans un coin de porte.
Agnès l’a mal pris.
Elle m’a fait la gueule pendant tout le chemin du retour…
Je n’ai rien dit. Je te comprenais, Agnès :
Tu m’idéalises et tu es furieuse de voir ton idéal montrer de la faiblesse.
Furieuse parce qu’angoissée à ce spectacle…
Et puis, sûrement, tu penses que ces larmes n’étaient pas justifiées, car tu crois en ma valeur…
Je ne sais pas si tu liras ces lignes, mais sache que j’ai compris tout cela.
Je pense seulement qu’avec le temps, tu me comprendras…
Mais surtout : si jamais tu venais à t’en vouloir de ta bouderie, je tiens ce que tu ne te la reproches pas… ! Après tout, c’est une réaction pleine de santé.
Tu as raison de désapprouver mon défaitisme…
Raison dans l’absolu, mais en pratique : on craque parfois – même les pères – cela tu le constateras par toi-même et tu découvriras que c’est humain…

– Note écrite à 40 ans

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