CINÉMA – RESNAIS – « HIROSHIMA MON AMOUR

Existence en Belgique d’une thèse (écrivains — etc….) sur Hiroshima (Institut Solvé ?)
Marguerite Duras. Nouveau roman
Resnais : surréalisme
←Proust : durée « Il a essayé de capter un réel permanent à travers l’écoulement de la durée qui dissout » (Bounoure)
Obsession de la mort (courts métrages) ↔ auteur moderne
Marienbad : recherche des forces vivantes qui s’opposent à la sclérose de la durée (forces du rêve)
« Toute la mémoire du monde » : film de science-fiction. Film atroce (bibliothèque = nécropole) (cf. ce que j’écrivais sur la bibliothèque Sainte-Geneviève) ←univers concentrationnaire.
Visite touristique des lieux horribles
Monteur → fragmentation. Temps en miettes dont on ne peut recueillir que les morceaux
Mizoguchi : au-delà du temps
Disparition de l’unité : drame moderne (cf. Pirandello)
Le plus important : sentiment de l’unité (remarque : maladie mentale. Schizophrénie. Télé-Ciné n° 88)
Marguerite Duras : « L’étreinte contient la déchirante distance que rien ne peut abolir. » ← mythe de Tristan et Ysolde
L’amour d’Hiroshima se nourrit de l’oubli d’un autre amour. Recouvrement de l’amour allemand par l’amour japonais. En fait lequel des deux recouvre l’autre ? → fusion
Si on pensait tous les jours à Hiroshima on ne pourrait plus vivre
Nécessité de l’oubli (acte antihumaniste) mais : mécanisme inhumain. Différence entre l’homme et la matière brute : la mémoire. Dignité de l’homme = mémoire.
Tout souvenir est glacé
Poème dramatique. Symphonie. Film musical
Première ambiguïté : amour de Nevers = romance de midinette ou grand amour ? Deuxième : elle veut se rappeler. Oubli = force, force de mort
Agel : à la fin elle a fait un pacte avec l’oubli.
Les fleurs qui poussent vigoureusement → nécessité d’oublier. « Ça continue ». La vie : ce qui ne tient pas compte, ce qui méconnaît →
2 exigences aussi essentielles : immortaliser quelque chose (musée) et la vie (quelque chose d’amoral. La vie n’est pas fidèle.
Si elle retombe dans la blessure de l’amour allemand → masochisme.
Devenir amnésique : sentiment terrible devant lui.
Japonais = comparé à un psychanalyste.
Malaise ← blocage
Architecte, qui bâtit. Il essaie de la sauver (cf. Marienbad)
Japonais = détenteur d’une certaine sagesse (Alain Resnais se dérobe devant cela) Sagesse = consiste à comprendre.
Rivière Ota = cyclique. Elle représente une loi fondamentale de l’existence, qui consiste à se vider et à se remplir.
Loi des cycles, loi des métamorphoses.
Il n’y a donc pas à souffrir de voir disparaître l’amour (allemand).
Amour : au moment où il est vécu : éternel — il cède la place à un amour japonais (le japonais s’identifie à l’allemand. Identité au delà de la personnalité des hommes. Flux et reflux de l’amour.
Film destructeur par rapport à une tradition occidentale.
Occident fondé sur le mythe de Tristan et Ysolde. Amour qui brave le temps. Ici : au fur et à mesure du film (prise de conscience) elle comprend la loi des cycles.
La nuit disparaît. Le deuxième japonais annonce un cycle nouveau.
La sagesse : revivre avec autant d’intériorité chaque fois.
Structure circulaire. Dimension extra spatiale et extra temporelle.
1ère intégration : dans le cycle cosmique.
2e intégration : en 1960 il est vain de penser à des petites histoires personnelles.
Qu’est-ce que l’être humain : un lieu est un moment…
Soyons des lieux. Lions notre destin au devenir historique.
Alain Resnais est irrité par son héroïne qui s’attache à une histoire.
Problème final : qu’est-ce qu’elle va guérir ? Elle ne guérira pas tout de suite (Resnais). « Ce film souhaite s’orienter vers une dialectique » mais « il est dans une contradiction perpétuelle » → ambiguïté. Espoir d’adoucissement mais visage tendu de Riva → le contraire.
500 images différentes parce qu’elle n’a pas fait la synthèse.
Agel : film inauthentique
Éléments d’artificialité
Collet : parti pris, au niveau du scénario, de chercher les rapports les plus alambiqués (on mêle des choses différentes + personnage de la femme : son jeu, sa diction sont tellement concertés que → littéraire
Côté irritant de l’héroïne parce qu’elle se sonde
cf. deux films qui ont la même donnée (histoire d’une femme qui prend conscience) : Ingmar Bergman : « Jeux d’été » — Max Ophüls : « Lola Montès »
Allergie à l’amour
Mes commentaires : Agel réagit en vieux bourgeois, défendant les valeurs sacro-saintes du mariage et de l’affection enracinés dans une expérience commune… comme si cela était NÉCESSAIRE… !
Il peut dire cela car il est marié, a des gosses, une situation (de critique bien côté dans les patronages) mais nous, étudiants, petits bourgeois menacés à chaque instant, en perpétuel déséquilibre, dans l’insécurité de la jeunesse et de la pauvreté, que pouvons nous faire d’autre que d’être des intellectuels, pour la femme : d’être une femme « libre », d’une « moralité douteuse »…
Le seul moyen d’échapper à la destruction de l’amour, c’est de « l’émerveiller » comme chaque jour je m’efforce à le faire. Pour des gens mariés, déjà : non. On peut leur reprocher de s’être mal mariés. Mais nous qui voulons vivre ensemble, qui ne sommes pas sûrs, nous ne pouvons pas nous appuyer sur une tradition bourgeoise et sur notre expérience commune… Il reste : la merveille…
Si nous nous accrochons à la peau, n’est-ce pas parce que il nous faut nous accrocher quelque part et que nous prenons ce que nous trouvons en premier
Sentiment d’instabilité… Nous sommes les lieux où nous sommes et nous sommes n’importe où… Nous sommes n’importe qui… Ceux qui attaquent Resnais au nom de l’humain, je leur réponds que, pour nous, l’humain reste à découvrir…
Hiroshima = cri de désespoir… et d’espoir…   (notes prises lors d’une présentation-débat de « Hiroshima mon amour », au Musée des Arts décoratifs, il me semble, par Henri Agel, notre professeur de cinéma de la Classe préparatoire à l’IDHEC, au lycée Voltaire)

Note écrite à 19 ans