Aujourd’hui je vais déjeuner chez les parents ( on va voir pour le train) puis je compte aller voir le dernier James Bond et ce soir mon frère me propose d’aller voir au théâtre des Champs-Élysées la compagnie Paul Taylor
– Note écrite à 19 ans
Notes concernant mes parents
Aujourd’hui je vais déjeuner chez les parents ( on va voir pour le train) puis je compte aller voir le dernier James Bond et ce soir mon frère me propose d’aller voir au théâtre des Champs-Élysées la compagnie Paul Taylor
– Note écrite à 19 ans
Impossible de supporter mes parents. Plus ça va, plus le divorce s’accentue, à cause de leur irresponsabilité, de leur bêtise, de leur mauvaise volonté. Ce n’est pas l’affection qui manque, mais elle ne suffit pas : c’est là leur drame : ils ont vécu dans un univers bien clos et bien chaud, où l’affection, ciment indestructible du groupe familial (aussi cellule sociale), était le principe nécessaire et suffisant d’équilibre. Ils n’ont jamais pensé que l’intelligence, la lucidité, pouvait venir s’y ajouter et la renforcer…
– Note écrite à 19 ans
Papa chez L*-H* (psychiatre) ?
Il faudrait qu’ils suivent un traitement régulier ici à Paris. Je suis persuadé qu’il en a besoin…
– Note écrite à 19 ans
Ce soir j’appelle les parents pour leur donner mon adresse. Maman m’apprend que, dès 74, cette salope a tout déballé de notre vie et qu’on en était arrivés- sans qu’elle m’ait rien dit (la colère me remue en écrivant) – au point où même son père me surveillait quand j’allais aux toilettes ! « Vous n’avez fait que des gamins ! » dit la beldoche, la venimeuse, l’ordure prétentieuse et reptilienne, « Ma fille a besoin d’un homme… »
Je crois bien que ça, ça me fait mal. Parce que je suis bien obligé de reconnaître qu’elle a raison et j’allais dire : que ça me fait voir combien les rapports hommes-femmes passent par la domination, l’établissement d’une domination du mâle sur la femelle (tout ce que j’aime), mais je m’aperçois que c’est peut-être vrai pour le vieux couple. Ça ne peut pas être vrai pour l’avenir.
Un homme… Ma faiblesse, ma lâcheté, mon problème, comment se sentir homme quand on se branle ? Il va bien falloir que je règle ça. Je ne peux plus faire autrement
Pourtant j’essaye tant bien que mal de m’en sortir. Ce soir j’ai abordé une fille, sur la passerelle du plateau du « Grand échiquier » : Virginie. Elle ne faisait triquer. Qu’est-ce que j’aimerais niquer une fille vraie et pas en papier. Espoir débile : qu’elle m’appelle…
– Note écrite à 31 ans
Ma mère crie quand je ramène Agnès du parc, ayant joint Jocelyne au téléphone pour l’heure du retour. Elle dit qu’elle ne laisse pas la petite jouer au parc toute seule, quand je ne suis pas là. Agnès pleure. Je m’énerve, disant que c’est moi qui ai donné l’autorisation qu’elle reste jouer seule. En partant, seuls tous les deux, je demande à Agnès pourquoi elle a pleuré, elle me dit que « Mémé, elle en a après Maman, qu’elle dit que ça me retombe toujours dessus… (à moi
Je m’aperçois là qu’Agnès a compris la haine de ma mère envers Jocelyne…
Dans le métro, Agnès chante des chansons « qu’elle a inventées ». Je note celle (à partir robe de mariée vue dans une voiture, sur le quai) de la femme qui s’est mariée 10 fois avec le même homme qui se « déguisait ».
(Noté aussi, chez ma mère : « Je suis à toi. À Maman et à toi… » que je reprends en corrigeant « Tu es de moi et de Maman… »)
Au métro Saint Denis, elle est contente de voir Marc avec un nouveau blouson « Grâce à Maman, sûrement… »
– Note écrite à 34 ans
(23h35)
Je commence ce carnet par une note de tristesse et d’angoisse : tout à l’heure, en rangeant mes cassettes, j’ai passé cassette conversation avec parent (pourquoi a-t-elle été effacée ? Il n’en reste qu’un petit bout…)
J’ai entendu la voix de Papa et celle d’Agnès, petite (trois ans ?). Une émotion, une angoisse terribles m’ont étreint… Presque autant d’entendre la voix de mon petit bout de chou que celle de mon père chéri… Mathilde elle aussi a été bouleversée…
Dura lex, sed lex… !
Que faire d’autre que vivre ?
(0h30
Joie ! Pleurs de joie ! Je viens de vérifier : l’autre face de la cassette est pleine !
J’en ai réécouté un petit bout. Je réécouterai tout plus tard, tranquillement (je suis fatigué). Ça m’a fait beaucoup moins mal que tout à l’heure. Au contraire, je suis heureux d’avoir cette trace de ceux que j’aime tant ! Je vais m’endormir plus paisible…
– Note écrite à 39 ans
Premier Noël avec Agnès depuis 1977 !
Gâché par la présence de la Reine Mère…
M’a rendu grognon, mal dans ma peau. Ai écrit petit mot à Agnès pour m’en excuser et lui dire que ma tendresse pour elle est bien là quand même.
– Note écrite à 40 ans