Archives de catégorie : Notes psychanalytiques

Notes sur mon fonctionnement psychique

CITATION

En relation avec la thèse du Dr Laborit sur l’art (Cf. interview) :
« L’Homme énergique et qui réussit, c’est celui qui parvient à transmuer en réalité les fantaisies du désir. »
« Si [l’individu] possède le don artistique, psychologiquement si mystérieux, il peut, au lieu de symptômes, transformer ses rêves en création artistique. Ainsi échappe-t-il au destin de la névrose et trouve-t-il par ce détour un rapport avec la réalité. » (Freud)

– Note écrite à 16 ans

VÉCU – RÉFLEXION

Que faire lorsqu’on apprend que quelqu’un qu’on n’appréciait pas tellement pour sa façon de vivre est atteint d’un cancer et n’en a plus pour longtemps à vivre ?


Je n’ai pu empêcher de me sentir coupable. Que je ne sache pas de quoi n’empêche pas que je le sois. Si l’on considérait les gens, quelle que soit leur situation et leurs mœurs, avec le même détachement et le même amour, on n’aurait pas à se sentir coupable.


Là encore il faudrait distinguer celui qui agirait ainsi par désir d’un engagement philosophique valable de celui qui le ferait pour pouvoir se mettre à l’abri de son sentiment de culpabilité


Dans mon cas, pour moi qu’un effort de réflexion n’a pas su mettre à l’abri des impulsions partiales et des mépris injustifiés, la plus simple honnêteté intellectuelle ne consisterait-elle pas à continuer d’avoir honte, c’est-à-dire de mépriser l’autre… ?


Mais ce qui me fait honte c’est que je ne peux pas être dans une situation claire car, maintenant que je sais, je ne peux même plus le considérer comme avant. Je ressens ce foutu truc atroce qu’on appelle de la pitié.


J’ai honte de moi et je me sens plus méprisable que lui d’avoir de la pitié pour lui.


Je ne le connais pas. Raison de plus car le problème n’apparaît que mieux lorsqu’il est posé par n’importe qui.


Une seule chose peut me sauver : un rapport à n’importe qui, j’essaye (sans y arriver tout le temps) d’adopter une position qui, sans être méfiante, soit « expectative », j’observe ses gestes, ses paroles et dans ce temps d’observation, par bonheur, je ne juge pas. Par bonheur je n’avais pas encore jugé ce type quand j’ai su.


Je ne le méprisais pas encore.


Seul le regard vigilant, lucide, plein d’amour, qu’on pose sur les gens peut nous sauver encore


Que me reste-t-il à faire ?


Continuer à l’observer comme je le faisais et toujours, surtout, avoir honte parce que j’allais le juger.


La Mort remet les choses à leur place. Je n’ai qu’à fermer ma gueule.

(Un an plus tard : ) J’ai revu ce gars-là un an après toujours aussi bien portant qu’au premier jour. Il n’a rien. Il ne fait rien non plus.

Note écrite à 17 ans

RÉFLEXION

L’homme qui ne parle pas. Au travail, il affûte un crayon, choisit une plume, en rejette une autre, d’un air négligent, sifflote, répond aux questions des autres ; il s’en va ; dans le métro, il lit, peut-être, ou bien voit les autres sous leurs regards. —– Il arrive chez lui. —– Il mange vite ; il ne tient pas compte de sa famille, il lui répond vaguement. Il se lève, il redescend chez lui. Il se déchausse, se déshabille, se couche, se met à fumer. —– Sa journée se termine là. Ça débouche sur quoi ? Ça débouche sur rien, ou peut-être sur lui-même.


Comment savoir ? Comment arriver là ? —– Éviter l’humiliation, la condescendance. —– Aimer les gens n’autorise pas qu’on leur passe des faiblesses, aimer nécessite qu’on prenne ses distances et qu’on les garde. —– Il faut acquérir le calme d’une réflexion intime, intérieure. Ne se livrer que peu à peu, par bribes et par certains moyens bien établis. Dans des cadres soigneusement délimités, selon des règles préalablement explorées.


Éviter les gestes impulsifs. Rester calme avant tout. La Nervosité fait perdre ses moyens et mène aux fautes.

Note écrite à 17 ans

VÉCU

Je reprends ces notes après un temps assez long d’interruption. J’ai passé mon 1er bac (réussi) et je vais entrer en philo. Je compte ne pas me laisser aller à l’habitude et conserver ma curiosité philosophique. J’ai longtemps attendu cette classe. Je sais qu’en un sens elle me décevra mais je crois qu’une réflexion personnelle pourra me satisfaire et j’aurai la garantie (ce qui est important pour moi) que se poser des questions ne sera pas ( plus ) incongru et pathologique.

Note écrite à 17 ans

RÉFLEXION

Croyance à la résurrection : le primitif voit mourir un chien puis il en voit un autre trottant sur une route, qui lui ressemble étrangement. De même pour un homme → résurrection.

Note écrite à 19 ans

PSY

Cette nuit : rêves politiques. Impression que mon inconscient se reprend tout entier au seuil d’une joie peut-être nouvelle. Rêves où l’on sent des difficultés mais où on s’emploie les surmonter…

Note écrite à 19 ans

LITTÉRATURE

Aujourd’hui, j’ai fait une exposé avec Astre : interprétation de « L’étranger ». Si Meursault tue l’Arabe, c’est parce qu’il voit briller sur le couteau le reflet du soleil → Soleil = père. Nécessité du tuer le père pour devenir soi-même…

Note écrite à 19 ans

PSY – ŒDIPE

Filles : même schéma œdipien que le garçon (aime sa mère et pas son père)
Elle doit faire un stade de plus (aimer le père et rivaliser avec sa mère).
un stade de plus → cela fausse ses rapports avec les garçons (mariages ratant à cause attachement à la mère)

Note écrite à 19 ans

ÉCRITURE – PSY

– Jeune homme, prend la peine de t’arrêter pour regarder autour de toi avant de repartir vers de nouvelles conquêtes, chaque fois plus riches et plus réfléchies, de l’esprit et du coeur, qu’il faut sans cesse avoir en éveil, pour le premier, et ouvrir, pour le second, à l’appel des hommes et des choses.
– Je suis faible.
– Mais tu le sais. En fait, tu n’utilises pas les forces cachées en toi et aussi dans le monde entier, autour de toi, il y a des germes qui poussent autour et au-dessus de la terre lourde qui se fend et s’ouvre sous leurs efforts vers le soleil. Il suffit, mais il faut, que tu t’accroches à eux.


La terre lourde… La terre pleine comme un oeuf chauffé à la braise…

Note écrite à 19 ans

PSY – RÉFLEXION

L’impression de découvrir (19 avril – 21 avril) est fausse. Il n’y a rien découvrir ici. Si on en a l’impression, c’est qu’on s’y oblige, pour masquer une blessure, un malaise qu’il ne faut pas éluder…

Note écrite à 19 ans

VÉCU – CINÉMA – BRESSON – « AU HASARD BALTHAZAR »

Minuit 30. Je viens de voir « Au hasard Balthazar ». Rencontré Richard C*, avenue de Wagram. Le métro : transfiguré par le cinéma. Je le vois tous les jours, il faut que je l’imagine dans un cadre pour sentir son existence. Toujours cette impossibilité de vivre tout court, cette nécessité de me servir du monde pour créer, création d’ailleurs tellement imparfaite. Si, au moins, je maîtrisais le monde totalement et, au lieu de me laisser aller à lui, je le pliais à moi en en découvrant les structures… Mais il me reste tant à faire…

Note écrite à 19 ans

VÉCU – PSY

J’ai le dégoût de tout, y compris de moi.


Roland et Monique, qui sont venus me réveiller à 1 h du matin. Nuit « Jeu de la vérité » merdeux → Mauvaise humeur. Prise de bec avec Monique → Crise. Sécession. Rupture. Mépris. Mécontentement. Moi-même enfin, tel qu’en moi-même enfin la maladie me change.


Hier, chez le producteur (T*) commis une erreur : j’ai prêté le flanc en ne le traitant pas d’égal à égal → Recul. Mais il en sortira peut-être quelque chose.


J’ai peur.


J’ai peur.

Note écrite à 19 ans

VÉCU – PSY

Pourquoi est-ce que je te parlais tout le temps de mes projets, de mes idées, etc. parce que, n’ayant pas les moyens de diffusion de mes idées et les moyens de les réaliser, c’est-à-dire n’ayant pas un vrai public, je te prenais pour public. Maintenant que j’accède petit à petit aux moyens de diffusion, je réalise que cette attitude envers toi était nocive, perturbatrice et je ne te prends plus comme auditrice bénéficiaire de mes chefs-d’œuvre ou victime de mes désappointements (parce qu’en plus, tu étais un public qu’on peut accuser tranquillement d’incompréhension ou d’insensibilité, même si l’erreur était de mon côté).

Note écrite à 19 ans

AGNÈS

Paroles d’Agnès, ces derniers temps : « Je préfère te poser des questions… » (en séance : apparu rapport entre ça et souvenir de moi questionnant mon père sur « l’alimentation en eau d’Alger ») Pareillement : Agnès posant des questions sur les usines, la fabrication des choses. Sens : dans mon cas et le sien, dégagé par G. : « Quelle est ta vie sexuelle ? » Je pense à lui répondre. En parler avant avec sa mère. Autre parole : « Un père, c’est un peu le serviteur de son enfant… » Cette parole me questionne. Pas de réponse.

– Note écrite à 34 ans

VÉCU – AGNÈS

Pendant le week-end Agnès a reparlé de sa haine des murs en briques rouges (elle y est revenue plusieurs fois, elle l’évoque avec insistance) me disant qu’elle n’en saurait sûrement jamais l’origine…
Moi, je repense à ceux du Pré-Saint-Gervais (elle aussi s’en souvient bien) et je me dis qu’elle y a sûrement été – mais « sans le savoir » – malheureuse…
Ah, si l’on pouvait revenir en arrière… !


Qu’est-ce que je ferais, en ce cas-là ? Je resterai avec Jocelyne, pour Agnès ? Pour qu’elle ne souffre pas de ce divorce ? Peut-être… !
J’aurais pu – c’est vrai – comme me l’a d’ailleurs dit Jocelyne elle-même – rester avec Jocelyne et avoir des aventures (je l’ai fait d’ailleurs…) Alors pourquoi l’avoir quittée… ?
Pour vivre quelque chose dans le genre Colette sûrement, ce que je me suis d’ailleurs empressé de faire… !
Quel gâchis !
Est-ce une chance, ma relation avec Mathilde ou bien quelque chose de « mérité », de logique, disons, au fil d’une évolution de ma part… ! ?

– Note écrite à 40 ans