Archives de catégorie : Ma 1ère psychanalyse (1980-1987)

Notes prises en cours d’analyse

AGNÈS – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE

Agnès accepte Marc, pas une autre femme pour son père : rivale de sa mère ou sa propre rivale…
Savoir maintenant que le rêve que j’avais : qu’elles s’aiment (toutes les trois) était impossible.


Qu’est-ce qui s’est joué, là ?
Le soir où Agnès a eu sa crise de larmes en nous entendant nous battre.
Toute ma culpabilité est remontée. Revu les affrontements avec sa mère.
Eu l’impression que, dans ça, ni Agnès ni moi n’étions compris.
Pas compris ce lien du malheur entre Agnès et moi.
Ce lien tissé par ma culpabilité : coupable vis a vis d’Agnès, je ne suis pas libre vis a vis d’elle.
Comme si je m’étais condamné moi même.
J’ai essayé de m’en libérer, étant avec toi. Je me suis aperçu ce soir-là que ma culpabilité était entière.
Tu m’as poussé à m’en libérer.
Elle est restée là.
Et toi, ne te sens-tu pas coupable, toi aussi ?
Je ne l’ai jamais vraiment su.
On ne comprend pas une culpabilité qu’on ne vit pas. On croit toujours que les personnes s’accusent sans fondement.
Tu n’as pas compris, pas accepté ma culpabilité vis à vis d’Agnès.
Toi aussi, je crois que tu te sens coupable mais tu ne réagis pas à cette culpabilité de la même façon que moi.
Coupable et victime.
Moi, je ne me sens victime de personne.
Je sais que la parole de mon père m’a manqué mais je sais qu’il n’a pas voulu cela.

– Note écrite à 33 ans

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE – AGNÈS – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

Je veux reprendre ma psychanalyse.

Commentaire du 11 août 2015 :

Suite à une crise d’angoisse pendant mon service militaire, en 1970, j’avais fait un bref séjour au service psychiatrique de l’hôpital du Val-de-Grâce où les médecins militaires m’avaient dirigé vers un psychanalyste, le Dr G. avec qui j’avais ensuite entamé une analyse, interrompue sans résultats notables, au bout de moins d’un an.

– Commentaire écrit à 69 ans

Je ne peux pas vivre avec une vieille inquiétude, une telle angoisse, un tel besoin d’être rassuré.
Notre échec est donc ma faute.
Pourtant, tu sais bien, au fond de toi, qu’il faut toi aussi, te remettre en question.
Tu sens bien en toi qu’il y a aussi des difficultés qui sont à l’origine de notre échec.
Et tu en souffres.
Je n’ai pas assez compris combien tu souffrais, combien toi aussi, à ta façon, tu étais mal dans ta peau.
Chacun de nous deux comptait sur l’autre pour régler ses problèmes.
Mais on n’aide que qui veut bien être aidé. Pour cela, il faut d’abord affronter ses propres problèmes.
Je me sentais, par inquiétude propre, mais aussi par ton histoire à toi, avoir si peu de possibilités de te débloquer, que j’ai préféré plutôt que de renoncer et de te perdre, ne pas te poser les vrais problèmes, ne pas t’obliger au vrai choix : ta mère ou moi.
Nous l’avons seulement évoqué vers la fin il y a très peu de temps et la question était tranchée dans le temps même où elle était posée.
Le problème des enfants ne doit pas nous servir d’alibis, nous avions nos difficultés avant même qu’il se pose, c’est à dire avant même de vivre ensemble mais il renvoie aux autres :
Je veux être clair : partons de l’origine :
– si tu n’avais pas eu l’enfance que tu as eu, la relation avec ta mère que tu as eue – tes rapports avec moi auraient été différents, moins romanesques, moins  » dramatiques « , moins enfantins donc moins  » enivrants « , moins féériques
mais
plus solides ; étant moins étouffée tu serais plus venue à moi, par la parole, par les gestes, tu aurais pris plus d’initiatives, donc j’aurais été plus rassuré.
(Ce raisonnement suppose que de mon côté j’aie pu vaincre mes blocages, mon inquiétude. Autre affaire, que je n’oublie pas mais que je mets momentanément de côté pour faire l’hypothèse d’une autre Colette.)
Cette autre Colette prenant des initiatives, aurait pu prendre celle de
soustraire Krystelle à sa mère.
Tu aurais ainsi résolu ton problème et le mien.
La réalité est différente :
tu attendais beaucoup de moi. Tu me demandais d’être père sans que j’en aie les moyens.
Père d’opérette, je te l’ai dit.
Le père c’est celui qui fait l’enfant.
Comment s’étonner que je n’aime pas Krystelle, que je n’aime pas ce qu’on (ta mère) avait fait d’elle puisque faute de l’avoir faite avec mon corps, je ne pouvais même pas la faire avec mon coeur, mon esprit, mon temps, c’est à dire par l’éducation.
Sans doute est ce pour cela que tu n’acceptais pas, au fond, mon rapport avec Agnès :
tu sentais bien que, bien que n’étant plus avec elle, j’étais quand même le père d’Agnès alors qu’avec Krystelle je ne pouvais pas le devenir, on m’en refusait le droit.)
Là, oui : j’accuse violemment. Et je te reproche d’avoir accepté cela
 » Si tu fais ça, tu tues ma mère…  » C’est sur le plan symbolique qu’il faut comprendre cette phrase : ça aurait été nier ta mère, la tuer, commettre un sacrilège.
Et pourtant, tu l’as dit après avoir lu ce carnet, après avoir lu mes lignes sur Krystelle : tu as repris mes mots :  » Elle le restera  » et tu as ajouté :  » Et c’est grave…  »
Tu sais, au fond de toi, que ni à toi ni à Krystelle tu n’as fait du bien, il n’y a qu’une seule personne à qui tu as fait du bien : ta mère !

(Repris le lendemain à 11h 30) :

Tu lui a fait un enfant.

– Note écrite à 33 ans

AGNÈS – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

Séance de ce soir : j’ai tant pleuré.
Sur l’enfance d’Agnès perdue (= la mienne).
C’est parti du fait qu’hier matin, j’ai cherché dans carnets ce que j’avais écrit en 70, au moment de l’analyse. Me suis aperçu que : rien écrit !
Repris carnets deux ans et demi après. À ce moment : écrit résumé des deux ans et demi.
En en parlant à G.,  je me suis aperçu que j’avais oublié de noter la naissance d’Agnès ! → Vive culpabilité → sanglots douloureux et soulageants.

– Note écrite à 36 ans

VÉCU – AGNÈS – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

Séance d’hier. Je pleure, parlant d’Agnès.
(Évoqué ma peur de ne pas pouvoir la protéger, mon chagrin a n’être pas sûr qu’elle soit heureuse).
G. : « Vous projetez sur elle le désarroi où vous étiez devant ce que vous pensiez être l’impuissance de votre père. » (→ Me fait penser à son impuissance au moment mort de Nini).

– Note écrite à 39 ans

VÉCU – AGNÈS

Agnès s’éloignant de la voiture sans un mot, c’est pour moi quelque chose de très pénible à vivre.
Et je me suis pris à désirer qu’elle me téléphone « pour parler », comme je le désirais pour Colette, comme je l’attendais…

– Note écrite à 40 ans