Archives de catégorie : Lecture

Réactions à mes lectures

CITATION – CINÉMA

« Les producteurs mettent l’accent sur les risques exceptionnels de leurs entreprises, sur l’échelonnement des rentrées de fonds pendant de longues années et sur le faible pourcentage des recettes qui leur revient finalement après règlement de tous les autres droits ; ils souhaitent en conséquence la réduction de la fiscalité, le maintien à leur profit de l’aide financière de l’État et de la protection accordée au film français contre la concurrence étrangère. » (« Droit du cinéma » J. Raynal)

Note écrite à 16 ans

LECTURE – CITATION

(Luc Thoré « Signification du phénomène urbain ») « Phénomène inéluctable pour la planète entière, l’urbanisation est la seule issue pour faire face au défi démographique. Elle concerne ou concernera tous les hommes et non plus quelques-uns » (…)
« En plein milieu du jour, on s’enfourne dans les salles ou l’obscurité artificielle permet de projeter des images des champs, des forêts ou de la mer.  » (Intéressante notion du cinéma qui, loin d’être dépréciative, doit être conservée et éclairée par l’œuvre) Des questions…
« La ville comme humanisation de la nature… » (Cela me semble faux dans la mesure où ma propre pensée individuelle de non-humanisme a pu naître et où je sens qu’elle participe d’un mouvement plus vaste, de la pensée collective immédiate et future…)
« Dans le milieu urbain, l’histoire a remplacé la nature sauvage, et c’est pourquoi ce milieu est en soi plus humain que le premier. » (La vision individuelle ne constituerait-elle pas plutôt, en permanence, une démystification de l’histoire ; la coexistence même de bâtiments d’époques différentes plaçant la ville sur un plan situé en dehors du temps traditionnel, c’est-à-dire de l’histoire, mais nous introduisant dans un temps nouveau, peut-être l’absence de temps… ?) → (hypothèse explicative des vieilles maisons de Nevers et des enseignes et des buildings d’Hiroshima dans «Hiroshima»)
« L’urbanisation est, en principe, le processus par et dans lequel la praxis humaine tend à organiser de manière rationnelle les conditions spatio-temporelles de la vie humaine. »

– Note écrite à 16 ans

CITATION

« L’aménagement de l’avenir ne devient possible qu’avec la statistique. Les calculs laissent filer les cas individuels à travers leurs mailles. Ils ne prévoient que pour les masses. La tension entre futur et présent ou entre l’histoire et l’éternité qui caractérise la civilisation urbaine apparaît comme la métamorphose de l’ancienne contradiction bien connue entre le l’universel et le singulier ou comme l’envers de l’opposition entre le travail, tendu vers le futur au profit de tous, et le loisir orienté vers la satisfaction personnelle dans le présent. » (L. Thoré : « L’action populaire ») 

– Note écrite à 16 ans

CITATION – POLITIQUE

« À la place de l’ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles-mêmes, se développent des relations universelles, une interdépendance des nations. »


« À un certain degré de développement de ces moyens de production et d’échanges, les conditions dans lesquelles la société féodale produisait et échangeait, l’organisation féodale de l’agriculture et de la manufacture, en un mot le régime féodal de propriété, cessèrent de correspondre aux forces productives en plein développement. » (Source inconnue) (Marx ?)

– Note écrite à 16 ans

Commentaire du 9 février 2012 :

Oui, la source est bien Marx (« Le manifeste du parti communiste »)

– Commentaire écrit à 65 ans

 

CITATION – SCIENCE

« L’opinion » pense « mal » : elle ne « pense » pas : elle traduit des besoins en connaissance. En désignant les objets par leur utilité, elle s’interdit de les connaître. »


« Avant tout, il faut savoir poser les problèmes. Et, quoiqu’on en dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d’eux-mêmes. C’est précisément ce « sens du problème » qui donne la marque du véritable esprit scientifique.
Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S’il n’y a pas de question, il ne peut y avoir de connaissance scientifique. » (Bachelard : « La formation de l’esprit scientifique ») 

– Note écrite à 16 ans

CITATION – POLITIQUE

« Le 25ème point du programme phalangiste, soucieux de « la dignité de l’Etat et de l’intégrité nationale » recommandait implicitement la séparation de l’église et de l’état. À l’inverse, le second principe fondamental du régime actuel est un acte de soumission de l’État espagnol à l’église catholique romaine dont la doctrine inspire sa législation. » (Esprit n° 12)


« Francisco Franco Bahamonde, généralissime des armées, chef de l’état et du gouvernement, chef du Mouvement, réunissant entre ses mains les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, ne répond de ses actes que devant Dieu et devant l’histoire. »


« Aux Cortés, par exemple, quels sont ces « représentants naturels » [du peuple] ? Des «procureurs » dont la moitié est nommée par Franco, soit directement soit en raison de leurs fonctions (ministres, magistrats, recteurs d’université, maires de grandes villes…) auxquelles ils ont été appelés par Franco ; l’autre moitié est composée de notables « élus » dans les syndicats, municipalités, corporations, députations provinciales, etc. »


« De même, au Conseil National Social des Syndicats, on entend ces « représentants naturels » des travailleurs, nommés par Franco : hiérarques phalangistes, généraux, marquis, évêques… »


« Le Syndicat y est défini [dans la Charte du Travail de 1938] comme un « instrument au service de l’état ». La lutte des classes y a été résolue par décret : ouvriers et patrons coexistent dans les mêmes syndicats et y harmonisent leurs intérêts en vue de l’intérêt national… d’où l’interdiction absolue du recours à la grève. »


« C’est le pouvoir absolu d’un homme qui conjugue en lui les prétentions théocratiques et démocratiques, dont l’activité tournée vers l’intérieur consiste à arbitrer sans appel entre les forces qui l’appuient : « Mouvement », Capital, Armée, Église, à comprimer le peuple et à réprimer sans pitié toute velléité d’opposition, afin de donner à l’extérieur l’impression d’Ordre et d’Unité nationale. »


1/ Les directeurs des journaux sont désignés par le ministre de l’Information 2/ L’activité des journalistes est surveillée par le même 3/ Des consignes sont données aux journaux sur les thèmes à traiter, à ne pas traiter, à développer, à minimiser, etc… »


L’esprit critique des classes populaires espagnoles a fait échouer cette prétention (de la censure).


On évalue, entre 1936 et 1943, à 480 000 le nombre des victimes de la liquidation intensive de la guerre et de la post-guerre civile dues aux massacres ordonnés par les généraux fascistes à Séville, à Badajoz, à Grenade, en Navarre…, à l’activité des tribunaux militaires à huis clos et aux exécutions sommaires dans les prisons… »


En attendant cette réouverture promise de la guerre civile déclarée, « la guerre continue sans rafales de mitraillette, non sanglante, mais non moins vive et décisive » (1959)


« Les petits patrons, victimes des discriminations d’une politique de grand capitalisme, accablés d’impôts, se ruinent lentement. »


« Le logement a aussi été sacrifié, jusqu’en 1957… Le rythme de la construction s’est accéléré, mais sans atteindre avec 50.000 logements annuels le rythme nécessaire pour satisfaire le besoin d’un million de logements qui s’accroîtra encore par l’expansion démographique et l’exode vers les villes. »


« Si, de 1929 à 1956, l’indice de production industrielle a augmenté de 145%, l’indice de production agricole a baissé de 13%. »


« C’est la politique économique et financière tout entière du régime qui obéit littéralement au proverbe : « On ne prête qu’aux riches » (Cavestany — ministre de l’agriculture)


« L’alimentation populaire des espagnols est à base de pain, d’huile, de pommes de terre, de tomates, d’oignons, de choux, de poireaux, de melons. »


« Il y a un vieux capitalisme espagnol (surtout basque et catalan), représenté au ministère par Gual Villalbi (1959), qui est favorisé dans la mesure où il a su s’intégrer au régime, comme le grand magnat Juan March, les grands propriétaires terriens et les banquiers. Mais il y a surtout le formidable essor d’un néocapitalisme franquiste d’actionnaires de SA et d’entrepreneurs sans scrupules. »


« Santiago Carrillo a raison d’affirmer que « en définitive », c’est à l’intérieur et non en France, ni au Mexique que se décide le sort de l’Espagne. »


« Ce qui m’inquiète c’est la dispersion de cette opposition ; ce qui frappe favorablement c’est sa jeunesse. »
« Si elle ne veut pas vieillir dans les prisons d’Espagne et dilapider son capital d’ardeur juvénile, elle doit faire preuve de lucidité, être persuadée que Franco ne quittera le pouvoir que forcé, renoncer à l’idée d’une évolution pacifique du régime par libéralisation ou par voie monarchique, et à celle de l’effondrement brusque par désagrégation spontanée. » (Marius Gaudilliou) (?)


« L’influence du milieu du travail est, pour le moment, réduite en Espagne par la crainte du mouchardage et l’absence d’organisations syndicales libres. »


« La vie de famille se heurte à deux obstacles essentiels : l’un, la crise du logement… autre difficulté : l’éloignement du lieu de travail. »

– Note écrite à 16 ans

CITATION – SCIENCE

Lecture de « La formation de l’esprit scientifique » de G. Bachelard :

« Par les évolution spirituelles que nécessite l’invention scientifique, l’homme devient une espèce mutante, où pour mieux dire encore une espèce qui a besoin de changer, qui souffre de ne pas changer. Spirituellement l’homme a besoin de besoins. »

« Préciser, rectifier, diversifier, se sont là des types de pensées dynamiques qui s’évadent de la certitude et de l’unité et qui trouvent dans les systèmes homogènes plus d’obstacles que d’impulsions. »

« À une même époque, sous un même mot, il y a des concepts si différents ! Ce qui nous trompe, c’est que le même mot à la fois désigne et explique. La désignation et la même ; l’explication est différente. »

« L’épistémologue doit donc s’efforcer de saisir les concepts scientifiques dans les synthèses psychologiques effectives, c’est-à-dire dans les synthèses psychologiques progressives, en établissant, à propos de chaque notion, une échelle de concepts, en montrant comment un concept en produit un autre, s’est lié avec un autre. »


(Gérard Varet « Essai de psychologie objective. L’ignorance et l’irréflexion. » Paris 1938)


« Nous examinons successivement le danger de l’explication par « l’unité » de la nature, par « l’utilité » des phénomènes naturels. Nous ferons un chapitre spécial pour marquer « l’obstacle verbal », c’est-à-dire la fausse explication obtenue à l’aide d’un mot explicatif, par cet étrange renversement qui prétend développer la pensée en analysant un concept au lieu d’impliquer un concept particulier dans une synthèse rationnelle. »


« C’est cette connaissance de l’objet que, dans notre dernier chapitre, nous examinerons dans toute sa généralité, en signalant tout ce qui peut en troubler la pureté, tout ce qui peut en diminuer la valeur éducative. Nous croyons travailler ainsi à la moralisation de la science, car nous sommes intimement convaincu que l’homme qui suit les lois du monde obéit déjà à un grand destin. »


« La pensée pré scientifique ne s’acharne pas à l’étude d’un phénomène bien circonscrit. Elle cherche non pas la « variation », mais la « variété ».


D’après Gaston Bachelard, la science du 18e siècle, au stade pré scientifique, n’est qu’un « spectacle » → « Pour Voltaire lui-même, la représentation extérieure, imagée, pittoresque prime des ressemblances intimes et cachées » (à propos des automates)


« La connaissance commune est inconscience de soi. » (Edmond Le Roy)


« Sans la mise en forme rationnelle de l’expérience que détermine la position d’un problème, sans ce recours constant à une construction rationnelle bien explicite, on laissera se constituer une sorte « d’inconscient de l’esprit scientifique » qui demandera ensuite une lente et pénible psychanalyse pour être exorcisé. »


« Une expérience pour être vraiment rationalisée, doit donc être insérée dans un jeu de « raisons multiples ».


« Nous ne saurions trop engager nos lecteurs à rechercher systématiquement des convergences scientifiques, psychologiques, littéraires. Qu’on arrive au même résultat par des rêves ou par des expériences, c’est, pour nous, la preuve que l’expérience n’est qu’un rêve. »


« L’abbé Poncelet ne manque pas de dénoncer par ailleurs « l’abus de termes qui a répandu d’étranges ténèbres sur les notions que l’on croit avoir des êtres abstraits ou métaphysiques » (comme le mouvement) »

« Comme le dit très bien Marcel Boll, ce qui caractérise le savant moderne c’est l’objectivité et non pas l’universalisme : la pensée doit être objective, elle ne sera universelle que si elle le peut, que si la réalité l’y autorise. » Or l’objectivité se détermine dans la précision et dans la cohérence des attributs, non pas dans la collection des objets plus ou moins analogues. Cela est si vrai que ce qui limite une connaissance est souvent plus important, pour les progrès de la pensée, que ce qui étend vaguement la connaissance. En tout cas, à tout concept scientifique doit s’associer son anti-concept. »


Lire Brice Parain


« On suit une métallurgie comme un raisonnement. La métallurgie contemporaine est un raisonnement : le thème abstrait explique les manœuvres industrielles. Une opération comme la distillation fractionnée, qui est plus monotone, est entièrement arithmétisée : elle procède presque comme une progression géométrique. La mystique de la répétition ne s’introduit donc pas dans un esprit scientifique moderne. » (À propos de la substantialisation d’un travail patient) – Cette phrase exprime, dans un sens marxiste peut-être, le passage du travail manuel traditionnel « mystifié » (période féodale et religieuse) à un travail « désincarné » qui demande une solution : elle me semble être, en fonction de ce que dit Gaston, dans une conscience de la manipulation industrielle orientée vers l’évolution du « thème abstrait », impliquant les gestes dans la pensée du travail.


« Il est bien sûr que les pierres précieuses sont, dans nos sociétés, les valeurs matérielles indiscutables. » – [D’après l’analyse de Gaston il semble que cette définition des valeurs (les pierres) ne soit pas un arbitraire mais corresponde à un stade de la pensée. Ainsi la notion arbitraire peut n’être que « polémique ». On traite d’arbitraire tout ce qui est fondé sur une structure mentale différente de la sienne et se situant un stade antérieur et dépassé de l’évolution mentale, peut-être non seulement dans l’histoire mais encore dans l’évolution interne de la pensée individuelle.] (1)

(1) Par-dessus le texte entre crochets a été portée la mention « baratin »


R. et Y. Allendy « Capitalisme et sexualité »


« On ne peut pas compléter une expérience qu’on n’a pas soi-même commencée dans son intégrité. On ne possède pas un bien spirituel qu’on n’a pas acquis entièrement par un effort personnel. »


« La vie marque les substances qu’elle anime d’une « valeur » indiscutée. Quand une substance cesse être animée, elle perd quelque chose d’essentiel. »

– Note écrite à 16 ans

IDÉE SCÉNARISTIQUE – ÉBAUCHE

Notes pour le film :

Des ballons de papier sortant des cheminées. Des rubans rouges flottant aux cheminées.
1er plan : Travelling avant par l’entrée du 10 Rue Madeleine Michelis et panoramique vertical jusqu’au toit.
Commentaire : ( Toute la première partie du film doit avoir ce ton « d’histoire ») « Quand on a longtemps marché dans le souterrain obscur, arrivé à la lumière au bas des escaliers où passent parfois des silhouettes blanches, on sait que plus haut, très larges, comme une nouvelle terre, s’étendent les toits de la ville… »
Musique : Sicilienne de la sonate en mi bémol majeur pour flûte et clavecin et peut-être l’allegro final.
Lieux pour ce film :
12 Villa Eylau ( 44 Av. Victor Hugo )
19 Av. Kleber
168ter Av. de Neuilly ( 173 ? )
Façade des 9 et 11 Rue Vérien ( Neuilly )

CITATION – LITTÉRATURE

Querelle des anciens et des moderne : (thèse des modernes) « La nature est toujours la même en général dans toutes ses productions ; mais les siècles ne sont pas toujours les mêmes ; et, toutes choses pareilles, c’est un avantage à un siècle d’être venu après les autres. » (Perrault) (parallèle avec la notion de cycle marxiste ? — on aborde d’ici le problème du temps et du progrès)

– Note écrite à 16 ans

CITATION – LITTÉRATURE

« La mort triste » (Histoire comique des États et Empire du Soleil, de Cyrano de Bergerac)
« Ceux d’entre nous qui ont la voix la plus mélancolique et la plus funèbre sont délégués vers le coupable qu’on porte sur un funeste cyprès. Là, ces tristes musiciens s’amassent autour de lui et  lui remplissent l’âme, par l’oreille, de chansons si lugubres et tragiques que, l’amertume de son chagrin désordonnant l’économie de ses organes et lui pressant le cœur, il se consume à vue d’œil et meurt suffoqué de tristesse. »

– Note écrite à 16 ans

CITATION – RÉFLEXION

Miracle ! La notion de « fin » m’apparaît soudain acceptable… Tout est une question de moyens (ça se concilie avec Bachelard et Laborit) : On se fixe une fin, un but donné, et la pensée intuitionnelle, par-dessus le raisonnement, découvre les moyens d’y accéder. Mais le temps n’est pas dilué, ainsi, car LA NOTION DE FIN DOIT ÊTRE VÉCUE AU PRÉSENT PAR LE CHERCHEUR…
La finalité n’est pas le terme d’un voyage, elle est rationalisation de l’intuition : si bien que ce n’est pas la fin qui justifie l’intuition (les moyens) mais l’intuition qui justifie la fin… Les deux notion sont du même ensemble, dans le même temps… Le chercheur moderne doit s’entraîner à se fixer une fin et à l’atteindre le plus vite possible, par l’intuition…
Une question (la finalité) non résolue risque, à moins d’un dur exercice, de perdre ses valeurs «d’actualité» et nous pousse à employer d’autres moyens de l’atteindre que l’intuition. Mais, arrivé à un certain stade de la recherche intuitive, les questions se résolvent très vite et à un autre stade plus lointain, elles ne peuvent plus se poser, on ne sait plus dans quelle direction en marche, quel est le but… (pour l’instant)
On ne peut pas ramener la recherche intuitionnelle à la poursuite de finalités «sociales» recherchées par la société car on s’aperçoit assez tôt que ces finalités sont dépassées, elles ne suffisent pas. Il n’y a donc pas de scrupules à avoir pour prendre ces finalités, «sociales» ou non, comme des prétextes, car l’intuition ayant atteint un premier but, continuant sur sa lancée, elle se jette à la poursuite d’une nouvelle fin, née à la fois de cette intuition qui a besoin à prétextes et de la finalité précédente.
Ainsi l’intuition d’un moment contient les intuitions de tout le temps, et, en ce qu’elle est en elle-même le principe d’une résolution d’un temps «problématique», d’une concentration d’un univers en convergence, elle constitue en elle-même une morale mais une morale constamment réalisée, à la différence de la morale traditionnelle.
Cette morale est collectiviste puisque l’intuition nécessite les prétextes des finalités collectives, sociales. L’interdépendance de l’intuition et du social les range dans le même ensemble dont chacun des deux éléments est aussi le tout et, de cette façon, la morale intuitionnelle est également une morale « socialiste »… (pour l’interdépendance Cf. Paul Guillaume —- notes sur la « Psychologie de la forme  ») 

– Note écrite à 16 ans

CITATION – LITTÉRATURE – TABLE RONDE

« Là vivait un vavasseur nommé Dyonas, qui était filleul de Diane, la déesse des bois.


(La table ronde. Transcription de Jacques Boulenger. Merlin l’enchanteur. Tome 1


Dans un cycle d’inspiration chrétienne voici qu’apparaît la mythologie païenne, voilà qui est pour le moins étonnant… !


Le dit vavasseur est le père de Viviane qui recevra la science de Merlin : il semble que la mythologie n’est évoquée qu’en rapport avec les pratiques magiques. Rapports situés précisément dans le recours que fait la mythologie à des emblèmes comme le soleil, la lune ou les astres qui sont aussi ceux de la magie.

Note écrite à 16 ans

LIRE – SCIENCE-FICTION

« L’Univers en folie » (Brown), « 9 de pique » (John Amila), « Le monde des A », « Le rayon fantastique », « La faune de l’espace », « À la poursuite des Slan » (Van Vogt), Abernathy, « Cailloux dans le ciel » « Fondation » (Isaac Asimov), « L’homme démoli » (Alfred Bester), « Fictions » « Labyrinthes » « Enquêtes » (J. L. Borges), « Chroniques martiennes » « Farenheit 451 » « Les pommes d’or du soleil », « Pays d’octobre » (Ray Bradbury), « Martiens go home » —  « Une étoile m’a dit » (Frédéric Brown), (Philip K. Dick), « La naissance des dieux » (Charles Henneberg), « La couleur tombée du ciel »  « Dans l’abîme du temps »  « Par-delà le mur du sommeil »  « Démons et merveilles » (Lovecraft) —- (J. T. Macintosh) « Je suis une légende » —- « L’homme qui rétrécit » (Richard Matheson), « L’homme venu du futur » (Lewis Padget), (Arthur Porges), « Le délit »  « La géométrie dans l’impossible » —- « La sortie est au fond de l’espace » (Jacques Sternberg), « E=MC² » (Pierre Boulle)

Note écrite à 16 ans

CITATION – LITTÉRATURE – LA BRUYÈRE

« L’on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides, et tout brûlés de soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et qu’ils remuent avec une opiniâtreté invincible ; ils ont comme une voix articulée, et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine ; et en effet ils sont des hommes. Ils se retirent la nuit dans des tanières, où ils vivent de pain noir, d’eau et de racines : ils épargnent aux autres hommes la peine de semer, de labourer et de recueillir pour vivre, et méritent aussi de ne pas manquer de ce pain qu’ils ont semé. » (La Bruyère)

Note écrite à 16 ans

LIRE – SCIENCE-FICTION – FANTASTIQUE

17 ans

Ces notes ont été reprises après mon départ de Paris à Lorient

– Aandhal Vance (Am) :  « When the lilacs last in the bloomed dooryard » (Là où poussaient les lilas)
— Demuth Michel (FR) :  « Lune de feu »,  « Les huit fontaines », « L’homme de l’été »
—  Borges Jorge Luis (Argent) :  « La loterie à Babylone »
—  Raabe Juliette (FR) :  « Gare ton doigt de l’ondoingt »
—  Nathalie Charles Henneberg :  « La terre hantée »
—  Ehrwein Michel :  « Les voix dans le désert »
— Veillot Claude :  « Encore peu de caviar »
— Battin Marcel
— Georghiu Georges :  « Heureux comme Dieu en France »
—  Malaval Suzanne :  « Le temps des sortilèges » → [ « point féminin godin caraca secuto c’est le principal moyen de la faringo »] ( « Ce merveilleux matin »)
— Seriel Jérôme :  « Le satellite artificiel »
— Klein Gérard :  « Un chant de Pierre »
— Drode Daniel :  « Dedans »
— Simak Clifford :  « La vermine de l’espace »
— Osterrath Jacqueline :  « Le rendez-vous de Samarkande »
— Russ Joanna :  « Émily chérie »
—  Ballard J. G. :  « Le sel de la terre », « Le jardin du temps »
— James R. Montague :  « Le conte Magnus »
—  Bram Stoker :  « La maison du juge »
— Aldyss Bryan :  « Jusqu’en ton sein »
— Seignolle Claude :  « Delphine »
— Cortazar Julio :  « Les fils de la vierge »
— Sternberg Jacques :  « Le reste est silence »
— Budris Algys :  « Menaces dans le ciel »

Note écrite à 17 ans

RÉFLEXION – ÉDITION

J’ai remarqué qu’il se produit à l’intérieur d’une édition comme le Livre de Poche le même phénomène de clivage entre le livre de « qualité » et le livre populaire que dans le reste des éditions. Il se manifeste sous forme de couvertures dont certaines — les populaires — sont faites dans un style platement figuratif tandis que les autres sont plus graphiques, plus travaillées, moins attachées à la représentation des héros qu’à l’esprit du livre.

Note écrite à 19 ans

RÉFLEXION – CINÉMA – LITTÉRATURE – RESNAIS

En écoutant Agel lire à huit heures du matin un bouquin sur la tragédie, je pense que les livres sont toujours là, qui dorment, et que c’est l’homme, la nuit, le matin, au crépuscule ou à midi, qui les ressuscite, qui s’approprie leur parole pour la lancer au ciel noir, aux nuages gris ou roses ; le livre n’est pas vivant, c’est l’homme qui reste éveillé la nuit ou le jour et le livre paraît vivre et être éveillé quand l’homme le lit à haute voix aux autres hommes ou à la nature… (cf. Resnais la B.N)

Note écrite à 19 ans

LITTÉRATURE – ROBBE-GRILLET – RÉFLEXION

Robbe-Grillet : « C’est par la forme que l’écrivain est guidé ; pas par une idée à exprimer »
Mais ne peut-on pas penser qu’il y a là une dialectique de la création : d’abord guidé par la forme, l’auteur s’emploie à la maîtriser pour ensuite être à nouveau fasciné et emporté loin des positions qu’il vient à peine de conquérir et délogé des retranchements confortables de la construction logique et intellectuelle…

Note écrite à 19 ans

LITTÉRATURE – PEREC

René m’a recommandé « Les choses », un des prix littéraires de cette année… Je m’en méfiais mais il paraît que c’est bon : effrayant de voir tout ce à quoi il faut s’intéresser…

Note écrite à 19 ans

IDÉE SCÉNARISTIQUE

Transformer la bibliothèque Sainte-Geneviève en dortoir commun pour étudiants : petites chambres séparées par cloison en bois. discipline collective. Le soir, retour du ciné, avec filles, plaisanteries ou rien du tout : très bien comme ça.

Note écrite à 19 ans

CITATION – VIRGILE – « L’ÉNÉIDE »

« Flectere si nequeo superos,
Acheronta movebo »
(Si je ne peux pas fléchir les dieux,
je mettrai en branle l’Achéron… »
(« Déclin de l’Occident » Spengler)

Note écrite à 19 ans

CITATION – POLITIQUE

« L’homme noir est naturellement bon et intelligent, mais il manque de caractère ; il est donc destiné à être exploité par des conquérants musulmans  » (Faidherbe)

Note écrite à 19 ans

LITTÉRATURE – ASTRE – GIDE

Conférence de Georges-Albert Astre

Situation d’André Gide

● («Quand les professeurs prennent leur revanche sur les créateurs, quand les créateurs sont morts…»)
● Qui était Gide ? Quel était son message ?
● Intensification pathétique du sentiment de l’existence
● Aujourd’hui : monde avec trop d’ouvertures. Indéfinition
● On lit peu Gide. Explicable : quelque chose d’exaspérant chez lui.
● Où allait-il ? = question gênante pour lui.
● Image de lui
● Les grands écrivains se protègent derrière des masques. Ils jouent. André Gide vient en tête.
● Indifférence au monde extérieur


il se sentait contradictoire
● Sincérité = grand mot
● Névrose
● Il lit beaucoup
● Art = seule valeur stable
● Limitation : l’art prenait la place de l’action
● Art-solution = remède à toutes les contradictions
● «Toute vérité est devenue» (Hegel ) Gide a choisi de devenir

Note écrite à 19 ans

VÉCU

13 h 10. Bar Callot. Il y a un soleil douteux, pour l’instant il brille. Moment de détente.


Ce matin je suis allé faire tamponner ma carte d’étudiant au boulevard Jourdan. Ce soir : je dois m’inscrire pour l’examen de Propé. Je dois commencer l’exposé sur le mime. J’ai acheté des bouquins.


il faut à tout prix que je prenne un certain nombre de bouquins pour les vacances pour travailler.

Note écrite à 19 ans

CITATION – LITTÉRATURE – COCTEAU

Touchard : « Au fond, il n’y a qu’un théâtre, le théâtre poétique… »
Cocteau : « L’Histoire est du vrai qui devient faux à la longue (et de bouche en bouche), alors que la légende est du faux qui, à la longue, devient véritable ».

Note écrite à 19 ans

LITTÉRATURE – CITATION – BACHELARD

Bachelard (« Psychanalyse du feu »)
« Balzac a noté dans Gobseck que les « froids intérieurs » des vieilles filles étaient parmi les plus luisants ».
« On n’aime pas autrement les pierres que les femmes… » (Cf.
1/ « Désert rouge » Rochers sur la plage dans la scène de la petite fille 2/ Le voyageur enfermé dans la pierre

(Commentaire : in ma nouvelle inaboutie « Elly autour de la pierre »).

Note écrite à 19 ans

LITTÉRATURE – BACHELARD

« Nous n’avons pas encore pu mettre au point une doctrine d’ensemble, mais il nous semble bien qu’il y a quelque rapport entre la doctrine des quatre éléments physiques et la doctrine des quatre tempéraments. »
« Dis-moi quel est ton fantôme ? Est-ce le gnome, la salamandre, l’ondine ou la sylphide ? » (Bachelard)

Note écrite à 19 ans

VÉCU – AGNÈS

(2h du matin)

Aujourd’hui, ce soir, suis sorti dîner avec Karen et Marion.
Rentrés après le repas (métro).
Rentré à la maison, et finit de lire « Belle du seigneur ». Lu la fin, leur suicide.
Bel et grand amour que le leur, qui préfère se saborder que de se rendre au temps qui l’assiège et le grignote.
C’est si important, l’amour, bien plus important que mes misérables préoccupations de plaire et séduire.
C’est bien ce que j’ai compris, ce soir, et en dînant et en lisant, les deux mis bout à bout, d’abord cette preuve que je peux plaire à une femme, en ne la soulageant pourtant pas de sa souffrance puisque je ne lui apporte pas l’amour… Puis cette image d’amour et de mort, de temps qui passe et quand je lisais Ariane se remémorant son enfance, je pensais Agnès, à l’enfance d’Agnès.
Oh, pourvu que j’ai le temps de vivre assez pour lui dire combien je l’aime, mon enfant chérie, mon « petit bouchon », ma Gnouche, ma Gnouchy !
Oh, grand amour de ma vie, sache combien ton père t’a aimée. Je pleure en te l’écrivant. Je voudrais tellement que tu sois heureuse. Tout à l’heure, j’ai pensé au garçon qui viendra dans ta vie et j’ai eu un élan vers lui, le désir de l’aimer, comme un fils, par amour pour toi.
Je ne peux pas regarder les photos de ton enfance sans frémir, de culpabilité, de souffrance. J’enrage de voir que certaines, inexplicablement, se sont collées les unes aux autres…

– Note écrite à 39 ans

VÉCU – AGNÈS

(0h15)

Je rentre à mon hôtel (Terminus à Tourlaville, près de Cherbourg) et je suis soudain, imprévisiblement, saisi par une terrible culpabilité vis-à-vis d’Agnès, culpabilité de ne pas m’être assez occupé d’elle, de l’avoir irrémédiablement blessée par le divorce et ce qui me revient, une fois de plus, c’est le souvenir d’Anne m’expliquant que « Bilbo Bagin » (Baguin, prononcé par la petite voix d’Agnès, elle avait cinq ans et demi à l’époque… !) c’était Bilbo le Hobbit de Tolkien…
J’ai déjà demandé à Agnès (car ce souvenir revient souvent, d’une façon assez obsessionnelle) : elle ne s’en souvient pas…

– Note écrite à 40 ans