Archives de catégorie : 5 – LITTÉRATURE

Littérature :Oeuvres et Ecrivains aimés, Lectures, Analyses, Réflexions, Vécu

CITATION – CINÉMA

« Le producteur doit exposer des capitaux considérables pour rémunérer les coauteurs, les techniciens, le réalisateur, les interprètes. Avant même que la première recette ait été perçue, il doit encore payer la location des studios, les décors, le matériel, les laboratoires, effectuer une publicité coûteuse » (« Droit du cinéma » J. Raynal)

Note écrite à 16 ans

CITATION – CINÉMA

« Les producteurs mettent l’accent sur les risques exceptionnels de leurs entreprises, sur l’échelonnement des rentrées de fonds pendant de longues années et sur le faible pourcentage des recettes qui leur revient finalement après règlement de tous les autres droits ; ils souhaitent en conséquence la réduction de la fiscalité, le maintien à leur profit de l’aide financière de l’État et de la protection accordée au film français contre la concurrence étrangère. » (« Droit du cinéma » J. Raynal)

Note écrite à 16 ans

LECTURE – CITATION

Lu J. Charon : « Connaissance de l’univers » M’a ouvert des horizons nouveaux : le cosme.
Lu Père Teilhard de Chardin « La place de l’homme dans la nature » Le développement sur la civilisation : très intéressant (principe de la recherche)
Lu G. Bachelard : « Poétique de l’espace » Trouvé confirmation de la nouvelle vision de l’objet poétique. Malheureusement interprétation traditionnelle.

– Note écrite à 16 ans

CITATION- SCIENCE

« La science est un produit de l’esprit humain, produit conforme aux lois de notre pensée et adapté au monde extérieur. Elle offre donc deux aspects, l’un subjectif, l’autre objectif, tous deux également nécessaires, car il nous est impossible de changer quoique ce soit aussi bien aux lois de notre esprit qu’à celles du monde. »(« La vérité scientifique » 1908 Bouty)

– Note écrite à 16 ans

CITATION- SCIENCE

(Lalande) « La Science ne vise pas seulement à l’assimilation des choses entre elles mais aussi et avant tout à l’assimilation des esprits entre eux. »
→ confirmation de la théorie de la « convergence » de T. de Chardin.
Le phénomène scientifique a rapproché les corpuscules « culturelles ».

– Note écrite à 16 ans

CITATION

« Considéré au point de vue de l’expérience des sens, le développement du concept d’espace paraît pouvoir se représenter par le schéma suivant : objet corporel – relations de positions d’objets corporels – intervalle – espace. Dans cette manière de voir, l’espace apparaît comme quelque chose de réel ; au même titre que les objets corporels. » (Einstein – « Comment je vois le monde »)

– Note écrite à 16 ans

RÉFLEXION – DÉTERMINISME

Il faut régler la question du déterminisme * ; mais quand aurai-je les moyens d’y parvenir ?
– Relire le chapitre de Bachelard dans « Le nouvel esprit scientifique »
Tentative d’interprétation de ce chapitre
1ère partie : le déterminisme est ennemi de la complexité. Il réduit les phénomènes à une série de causes et d’effets sans tenir compte des intervalles

( * la nouvelle notion de « micro-durée » y suffit-elle ?)

– Note écrite à 16 ans

CITATION – PSYCHOLOGIE

(Psychologie de la forme – Le moi et l’action) « L’aspect de l’objet (ou même parfois son existence subjective) dépend du besoin du sujet; inversement le besoin du sujet dépend de l’aspect de l’objet. Cette interdépendance exclut le déterminisme de type machine, mais elle est compatible avec les modèles de déterminisme que nous avons trouvé dans les formes physiques. »  

– Note écrite à 16 ans

CITATION – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION

« L’esprit de l’homme qui rêve se satisfait pleinement de ce qui lui arrive… La facilité de tout est inappréciable. »
Pourtant il existe des moment du rêve où l’on a de grandes difficultés à marcher, à courir. On a peur, on est angoissé : le rêve n’est pas un lieu privilégié d’aisance, c’est aussi le royaume de la souffrance.

– Note écrite à 16 ans

CITATION

En relation avec la thèse du Dr Laborit sur l’art (Cf. interview) :
« L’Homme énergique et qui réussit, c’est celui qui parvient à transmuer en réalité les fantaisies du désir. »
« Si [l’individu] possède le don artistique, psychologiquement si mystérieux, il peut, au lieu de symptômes, transformer ses rêves en création artistique. Ainsi échappe-t-il au destin de la névrose et trouve-t-il par ce détour un rapport avec la réalité. » (Freud)

– Note écrite à 16 ans

CITATION – LITTÉRATURE

(« Du surréalisme en ses œuvres vives ») « Ce besoin de réagir de façon draconienne contre la dépréciation du langage » : (Lautréamont, Rimbaud, Mallarmé, Lewis Carroll)
« Cabale phonétique » « langage des oiseaux » (J. P. Brisset, Raymond Roussel, Marcel Duchamp, Robert Desnos)
« Révolution du mot » (Joyce, E. E. Cummings, – Michaux)

– Note écrite à 16 ans

CITATION

Joyce vu par Breton : « Au courant illusoire des associations conscientes, Joyce opposera un flux qu’il s’efforce de faire saillir de toutes parts et qui tend en fin de compte à l’imitation la plus approchante de la vie (moyennant quoi il se maintient dans le cadre de « l’art », retombe dans l’illusion romanesque, n’évite pas de prendre rang dans la longue lignée des naturalistes et expressionnistes »
Antithèse constituée par « l’automatisme psychique pur » : « [Ce dernier] qui commande le surréalisme opposera le débit d’une source qu’il ne s’agit que d’aller prospecter en soi-même assez loin et dont on ne saurait prétendre diriger le cours sans être assuré de la voir aussitôt se tarir. »


Second Manifeste : « Tout porte à croire qu’il existe un certain point de l’esprit d’où la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l’incommunicable, le haut et le bas, cessent d’être perçus contradictoirement. Or c’est en vain qu’on chercherait à l’activité surréaliste un autre mobile que l’espoir de détermination de ce point. »


– « C’est même du bouillonnement écœurant de ces représentations vides de sens que naît et s’entretient le désir de passer outre à l’insuffisante, à l’absurde distinction du beau et du laid, du vrai et du faux, du bien et du mal. Et, comme c’est du degré de résistance que cette idée de choix rencontre que dépend l’envol plus ou moins sûr de l’esprit vers un monde enfin habitable, on conçoit que le surréalisme n’ait pas craint de se faire un dogme de la révolte absolue, de l’insoumission totale, du sabotage en règle, et qu’il n’attende encore rien que de la violence. »


« À quand les logiciens, les philosophes dormants ? »


« Mon rêve de cette dernière nuit peut-être poursuit-il celui de la nuit précédente et sera-t-il poursuivi la nuit prochaine, avec une rigueur méritoire. »


« Le merveilleux est toujours beau, n’importe quel merveilleux est beau, il n’y a même que le merveilleux qui soit beau. »


(Lire « Le moine » de Lewis) « Le merveilleux n’est pas le même à toutes les époques : il participe obscurément d’une sorte de révélation générale dont le détail seul nous parvient… »


« L’homme propose et dispose. »


« Sur le fond du problème qui est des rapports de l’esprit humain avec le monde sensoriel, le surréalisme estime que nous devons chercher à « comprendre la nature d’après nous-mêmes… »


SURRÉALISME, n. m : Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. »


« Si l’on s’en tient, comme je le fais, à la définition de Reverdy, il ne me semble pas possible de rapprocher volontairement ce qu’il appelle « deux réalités distantes ». Le rapprochement se fait ou ne se fait pas, voilà tout.


« C’est du rapprochement en quelque sorte fortuit des deux termes qu’a jailli une lumière particulière, lumière de l’image, à laquelle nous nous montrons infiniment sensibles. La valeur de l’image dépend de la beauté de l’étincelle obtenue ; elle est par conséquent fonction de la différence de potentiels entre les deux conducteurs… « Or il n’est pas à mon sens au pouvoir de l’homme de concerter le rapprochement de deux réalités si distantes. »


« L’esprit se convainc peu à peu de la réalité suprême de ces images. Se formant d’abord à les subir, il s’aperçoit bientôt qu’elles flattent sa raison, augmentant d’autant sa connaissance. Il prend conscience des étendues illimitées où se manifestent ses désirs, où le pour et le contre se réduisent sans cesse, où son obscurité ne le trahit pas. »


« Sans elles [des conditions d’asepsie morale] il est pourtant impossible d’arrêter ce cancer de l’esprit qui réside dans le fait de penser par trop douloureusement que certaines choses « sont », alors que d’autres qui pourraient si bien être, ne « sont pas ». Nous avons avancé qu’elles doivent se confondre, où singulièrement s’intercepter à la limite. Il s’agit, non d’en rester là, mais de ne pouvoir faire moins que de tendre désespérément à cette limite. L’homme qui s’intimiderait à tort de quelques monstrueux échecs historiques est encore libre de croire à sa liberté. Il est son maître, en dépit des vieux nuages qui passent et des forces aveugles qui butent. N’a-t-il pas le sens de la courte beauté dérobée et de l’accessible et longue beauté dérobable ? Le clef de l’amour, que le poète disait avoir trouvée, qu’il cherche bien : il l’a. Il ne tient qu’à lui de s’élever au-dessus du sentiment passager de vivre dangereusement et de mourir. Qu’il use, au mépris de toute prohibition, de l’arme vengeresse de l’idée contre la bestialité de tous les êtres et de toutes les choses et qu’un jour, vaincu – mais vaincu seulement « si le monde est monde » – il accueille la décharge de ses tristes fusils comme un feu de salve »


(Les vases communiquants) « Une règle sèche, comme celles qui consiste à requérir de l’individu une activité strictement appropriée à une fin telle que la fin révolutionnaire en lui proscrivant toute autre activité ne peut manquer de replacer cette fin révolutionnaire sous le signe du bien abstrait, c’est-à-dire d’un principe insuffisant pour mouvoir l’être dont la volonté subjective ne tend plus par son ressort propre à s’identifier avec ce bien abstrait. »


« Si je ne découvre aucun obstacle essentiel à la formation de ce « front unique » [de la poésie et de l’art] c’est qu’il me paraît évident que l’élucidation des moyens propres à l’art d’aujourd’hui, digne de ce nom, l’élaboration même du mythe personnel (le travail d’un artiste occidental consiste à créer un mythe personnel à travers une série de symboles – André Malraux) dont il vient de s’agir, ne peuvent finalement tourner qu’à la dénonciation des conditions dans lesquelles cet art, ce mythe, sont appelés à se développer, qu’à la défense inconditionnelle d’une seule cause qui est celle de l’émancipation de l’homme. »


Ce que je sais, c’est que l’art, contraint depuis des siècles de ne s’écarter qu’à peine des sentiers battus du moi et du super–moi, ne peut que se montrer avide d’explorer les terres immenses et presque vierges du soi. »


« Aussi bien, dans ces conditions n’est-ce peut-être plus déjà de la création d’un mythe personnel qu’il s’agit en art, mais, avec le surréalisme, de la création d’un mythe collectif ( l’artiste est brusquement mis en possession d’un trésor mais ce trésor ne lui appartient pas…)

– Note écrite à 16 ans

LECTURE – CITATION

(Luc Thoré « Signification du phénomène urbain ») « Phénomène inéluctable pour la planète entière, l’urbanisation est la seule issue pour faire face au défi démographique. Elle concerne ou concernera tous les hommes et non plus quelques-uns » (…)
« En plein milieu du jour, on s’enfourne dans les salles ou l’obscurité artificielle permet de projeter des images des champs, des forêts ou de la mer.  » (Intéressante notion du cinéma qui, loin d’être dépréciative, doit être conservée et éclairée par l’œuvre) Des questions…
« La ville comme humanisation de la nature… » (Cela me semble faux dans la mesure où ma propre pensée individuelle de non-humanisme a pu naître et où je sens qu’elle participe d’un mouvement plus vaste, de la pensée collective immédiate et future…)
« Dans le milieu urbain, l’histoire a remplacé la nature sauvage, et c’est pourquoi ce milieu est en soi plus humain que le premier. » (La vision individuelle ne constituerait-elle pas plutôt, en permanence, une démystification de l’histoire ; la coexistence même de bâtiments d’époques différentes plaçant la ville sur un plan situé en dehors du temps traditionnel, c’est-à-dire de l’histoire, mais nous introduisant dans un temps nouveau, peut-être l’absence de temps… ?) → (hypothèse explicative des vieilles maisons de Nevers et des enseignes et des buildings d’Hiroshima dans «Hiroshima»)
« L’urbanisation est, en principe, le processus par et dans lequel la praxis humaine tend à organiser de manière rationnelle les conditions spatio-temporelles de la vie humaine. »

– Note écrite à 16 ans

CITATION

« L’aménagement de l’avenir ne devient possible qu’avec la statistique. Les calculs laissent filer les cas individuels à travers leurs mailles. Ils ne prévoient que pour les masses. La tension entre futur et présent ou entre l’histoire et l’éternité qui caractérise la civilisation urbaine apparaît comme la métamorphose de l’ancienne contradiction bien connue entre le l’universel et le singulier ou comme l’envers de l’opposition entre le travail, tendu vers le futur au profit de tous, et le loisir orienté vers la satisfaction personnelle dans le présent. » (L. Thoré : « L’action populaire ») 

– Note écrite à 16 ans

CITATION – POLITIQUE

« À la place de l’ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles-mêmes, se développent des relations universelles, une interdépendance des nations. »


« À un certain degré de développement de ces moyens de production et d’échanges, les conditions dans lesquelles la société féodale produisait et échangeait, l’organisation féodale de l’agriculture et de la manufacture, en un mot le régime féodal de propriété, cessèrent de correspondre aux forces productives en plein développement. » (Source inconnue) (Marx ?)

– Note écrite à 16 ans

Commentaire du 9 février 2012 :

Oui, la source est bien Marx (« Le manifeste du parti communiste »)

– Commentaire écrit à 65 ans

 

CITATION – SCIENCE

« L’opinion » pense « mal » : elle ne « pense » pas : elle traduit des besoins en connaissance. En désignant les objets par leur utilité, elle s’interdit de les connaître. »


« Avant tout, il faut savoir poser les problèmes. Et, quoiqu’on en dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d’eux-mêmes. C’est précisément ce « sens du problème » qui donne la marque du véritable esprit scientifique.
Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S’il n’y a pas de question, il ne peut y avoir de connaissance scientifique. » (Bachelard : « La formation de l’esprit scientifique ») 

– Note écrite à 16 ans

CITATION – POLITIQUE

« Le 25ème point du programme phalangiste, soucieux de « la dignité de l’Etat et de l’intégrité nationale » recommandait implicitement la séparation de l’église et de l’état. À l’inverse, le second principe fondamental du régime actuel est un acte de soumission de l’État espagnol à l’église catholique romaine dont la doctrine inspire sa législation. » (Esprit n° 12)


« Francisco Franco Bahamonde, généralissime des armées, chef de l’état et du gouvernement, chef du Mouvement, réunissant entre ses mains les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, ne répond de ses actes que devant Dieu et devant l’histoire. »


« Aux Cortés, par exemple, quels sont ces « représentants naturels » [du peuple] ? Des «procureurs » dont la moitié est nommée par Franco, soit directement soit en raison de leurs fonctions (ministres, magistrats, recteurs d’université, maires de grandes villes…) auxquelles ils ont été appelés par Franco ; l’autre moitié est composée de notables « élus » dans les syndicats, municipalités, corporations, députations provinciales, etc. »


« De même, au Conseil National Social des Syndicats, on entend ces « représentants naturels » des travailleurs, nommés par Franco : hiérarques phalangistes, généraux, marquis, évêques… »


« Le Syndicat y est défini [dans la Charte du Travail de 1938] comme un « instrument au service de l’état ». La lutte des classes y a été résolue par décret : ouvriers et patrons coexistent dans les mêmes syndicats et y harmonisent leurs intérêts en vue de l’intérêt national… d’où l’interdiction absolue du recours à la grève. »


« C’est le pouvoir absolu d’un homme qui conjugue en lui les prétentions théocratiques et démocratiques, dont l’activité tournée vers l’intérieur consiste à arbitrer sans appel entre les forces qui l’appuient : « Mouvement », Capital, Armée, Église, à comprimer le peuple et à réprimer sans pitié toute velléité d’opposition, afin de donner à l’extérieur l’impression d’Ordre et d’Unité nationale. »


1/ Les directeurs des journaux sont désignés par le ministre de l’Information 2/ L’activité des journalistes est surveillée par le même 3/ Des consignes sont données aux journaux sur les thèmes à traiter, à ne pas traiter, à développer, à minimiser, etc… »


L’esprit critique des classes populaires espagnoles a fait échouer cette prétention (de la censure).


On évalue, entre 1936 et 1943, à 480 000 le nombre des victimes de la liquidation intensive de la guerre et de la post-guerre civile dues aux massacres ordonnés par les généraux fascistes à Séville, à Badajoz, à Grenade, en Navarre…, à l’activité des tribunaux militaires à huis clos et aux exécutions sommaires dans les prisons… »


En attendant cette réouverture promise de la guerre civile déclarée, « la guerre continue sans rafales de mitraillette, non sanglante, mais non moins vive et décisive » (1959)


« Les petits patrons, victimes des discriminations d’une politique de grand capitalisme, accablés d’impôts, se ruinent lentement. »


« Le logement a aussi été sacrifié, jusqu’en 1957… Le rythme de la construction s’est accéléré, mais sans atteindre avec 50.000 logements annuels le rythme nécessaire pour satisfaire le besoin d’un million de logements qui s’accroîtra encore par l’expansion démographique et l’exode vers les villes. »


« Si, de 1929 à 1956, l’indice de production industrielle a augmenté de 145%, l’indice de production agricole a baissé de 13%. »


« C’est la politique économique et financière tout entière du régime qui obéit littéralement au proverbe : « On ne prête qu’aux riches » (Cavestany — ministre de l’agriculture)


« L’alimentation populaire des espagnols est à base de pain, d’huile, de pommes de terre, de tomates, d’oignons, de choux, de poireaux, de melons. »


« Il y a un vieux capitalisme espagnol (surtout basque et catalan), représenté au ministère par Gual Villalbi (1959), qui est favorisé dans la mesure où il a su s’intégrer au régime, comme le grand magnat Juan March, les grands propriétaires terriens et les banquiers. Mais il y a surtout le formidable essor d’un néocapitalisme franquiste d’actionnaires de SA et d’entrepreneurs sans scrupules. »


« Santiago Carrillo a raison d’affirmer que « en définitive », c’est à l’intérieur et non en France, ni au Mexique que se décide le sort de l’Espagne. »


« Ce qui m’inquiète c’est la dispersion de cette opposition ; ce qui frappe favorablement c’est sa jeunesse. »
« Si elle ne veut pas vieillir dans les prisons d’Espagne et dilapider son capital d’ardeur juvénile, elle doit faire preuve de lucidité, être persuadée que Franco ne quittera le pouvoir que forcé, renoncer à l’idée d’une évolution pacifique du régime par libéralisation ou par voie monarchique, et à celle de l’effondrement brusque par désagrégation spontanée. » (Marius Gaudilliou) (?)


« L’influence du milieu du travail est, pour le moment, réduite en Espagne par la crainte du mouchardage et l’absence d’organisations syndicales libres. »


« La vie de famille se heurte à deux obstacles essentiels : l’un, la crise du logement… autre difficulté : l’éloignement du lieu de travail. »

– Note écrite à 16 ans

CITATION – SCIENCE

Lecture de « La formation de l’esprit scientifique » de G. Bachelard :

« Par les évolution spirituelles que nécessite l’invention scientifique, l’homme devient une espèce mutante, où pour mieux dire encore une espèce qui a besoin de changer, qui souffre de ne pas changer. Spirituellement l’homme a besoin de besoins. »

« Préciser, rectifier, diversifier, se sont là des types de pensées dynamiques qui s’évadent de la certitude et de l’unité et qui trouvent dans les systèmes homogènes plus d’obstacles que d’impulsions. »

« À une même époque, sous un même mot, il y a des concepts si différents ! Ce qui nous trompe, c’est que le même mot à la fois désigne et explique. La désignation et la même ; l’explication est différente. »

« L’épistémologue doit donc s’efforcer de saisir les concepts scientifiques dans les synthèses psychologiques effectives, c’est-à-dire dans les synthèses psychologiques progressives, en établissant, à propos de chaque notion, une échelle de concepts, en montrant comment un concept en produit un autre, s’est lié avec un autre. »


(Gérard Varet « Essai de psychologie objective. L’ignorance et l’irréflexion. » Paris 1938)


« Nous examinons successivement le danger de l’explication par « l’unité » de la nature, par « l’utilité » des phénomènes naturels. Nous ferons un chapitre spécial pour marquer « l’obstacle verbal », c’est-à-dire la fausse explication obtenue à l’aide d’un mot explicatif, par cet étrange renversement qui prétend développer la pensée en analysant un concept au lieu d’impliquer un concept particulier dans une synthèse rationnelle. »


« C’est cette connaissance de l’objet que, dans notre dernier chapitre, nous examinerons dans toute sa généralité, en signalant tout ce qui peut en troubler la pureté, tout ce qui peut en diminuer la valeur éducative. Nous croyons travailler ainsi à la moralisation de la science, car nous sommes intimement convaincu que l’homme qui suit les lois du monde obéit déjà à un grand destin. »


« La pensée pré scientifique ne s’acharne pas à l’étude d’un phénomène bien circonscrit. Elle cherche non pas la « variation », mais la « variété ».


D’après Gaston Bachelard, la science du 18e siècle, au stade pré scientifique, n’est qu’un « spectacle » → « Pour Voltaire lui-même, la représentation extérieure, imagée, pittoresque prime des ressemblances intimes et cachées » (à propos des automates)


« La connaissance commune est inconscience de soi. » (Edmond Le Roy)


« Sans la mise en forme rationnelle de l’expérience que détermine la position d’un problème, sans ce recours constant à une construction rationnelle bien explicite, on laissera se constituer une sorte « d’inconscient de l’esprit scientifique » qui demandera ensuite une lente et pénible psychanalyse pour être exorcisé. »


« Une expérience pour être vraiment rationalisée, doit donc être insérée dans un jeu de « raisons multiples ».


« Nous ne saurions trop engager nos lecteurs à rechercher systématiquement des convergences scientifiques, psychologiques, littéraires. Qu’on arrive au même résultat par des rêves ou par des expériences, c’est, pour nous, la preuve que l’expérience n’est qu’un rêve. »


« L’abbé Poncelet ne manque pas de dénoncer par ailleurs « l’abus de termes qui a répandu d’étranges ténèbres sur les notions que l’on croit avoir des êtres abstraits ou métaphysiques » (comme le mouvement) »

« Comme le dit très bien Marcel Boll, ce qui caractérise le savant moderne c’est l’objectivité et non pas l’universalisme : la pensée doit être objective, elle ne sera universelle que si elle le peut, que si la réalité l’y autorise. » Or l’objectivité se détermine dans la précision et dans la cohérence des attributs, non pas dans la collection des objets plus ou moins analogues. Cela est si vrai que ce qui limite une connaissance est souvent plus important, pour les progrès de la pensée, que ce qui étend vaguement la connaissance. En tout cas, à tout concept scientifique doit s’associer son anti-concept. »


Lire Brice Parain


« On suit une métallurgie comme un raisonnement. La métallurgie contemporaine est un raisonnement : le thème abstrait explique les manœuvres industrielles. Une opération comme la distillation fractionnée, qui est plus monotone, est entièrement arithmétisée : elle procède presque comme une progression géométrique. La mystique de la répétition ne s’introduit donc pas dans un esprit scientifique moderne. » (À propos de la substantialisation d’un travail patient) – Cette phrase exprime, dans un sens marxiste peut-être, le passage du travail manuel traditionnel « mystifié » (période féodale et religieuse) à un travail « désincarné » qui demande une solution : elle me semble être, en fonction de ce que dit Gaston, dans une conscience de la manipulation industrielle orientée vers l’évolution du « thème abstrait », impliquant les gestes dans la pensée du travail.


« Il est bien sûr que les pierres précieuses sont, dans nos sociétés, les valeurs matérielles indiscutables. » – [D’après l’analyse de Gaston il semble que cette définition des valeurs (les pierres) ne soit pas un arbitraire mais corresponde à un stade de la pensée. Ainsi la notion arbitraire peut n’être que « polémique ». On traite d’arbitraire tout ce qui est fondé sur une structure mentale différente de la sienne et se situant un stade antérieur et dépassé de l’évolution mentale, peut-être non seulement dans l’histoire mais encore dans l’évolution interne de la pensée individuelle.] (1)

(1) Par-dessus le texte entre crochets a été portée la mention « baratin »


R. et Y. Allendy « Capitalisme et sexualité »


« On ne peut pas compléter une expérience qu’on n’a pas soi-même commencée dans son intégrité. On ne possède pas un bien spirituel qu’on n’a pas acquis entièrement par un effort personnel. »


« La vie marque les substances qu’elle anime d’une « valeur » indiscutée. Quand une substance cesse être animée, elle perd quelque chose d’essentiel. »

– Note écrite à 16 ans

IDÉE SCÉNARISTIQUE – ÉBAUCHE

Notes pour le film :

Des ballons de papier sortant des cheminées. Des rubans rouges flottant aux cheminées.
1er plan : Travelling avant par l’entrée du 10 Rue Madeleine Michelis et panoramique vertical jusqu’au toit.
Commentaire : ( Toute la première partie du film doit avoir ce ton « d’histoire ») « Quand on a longtemps marché dans le souterrain obscur, arrivé à la lumière au bas des escaliers où passent parfois des silhouettes blanches, on sait que plus haut, très larges, comme une nouvelle terre, s’étendent les toits de la ville… »
Musique : Sicilienne de la sonate en mi bémol majeur pour flûte et clavecin et peut-être l’allegro final.
Lieux pour ce film :
12 Villa Eylau ( 44 Av. Victor Hugo )
19 Av. Kleber
168ter Av. de Neuilly ( 173 ? )
Façade des 9 et 11 Rue Vérien ( Neuilly )

CITATION – LITTÉRATURE

Querelle des anciens et des moderne : (thèse des modernes) « La nature est toujours la même en général dans toutes ses productions ; mais les siècles ne sont pas toujours les mêmes ; et, toutes choses pareilles, c’est un avantage à un siècle d’être venu après les autres. » (Perrault) (parallèle avec la notion de cycle marxiste ? — on aborde d’ici le problème du temps et du progrès)

– Note écrite à 16 ans

CITATION – LITTÉRATURE

« La mort triste » (Histoire comique des États et Empire du Soleil, de Cyrano de Bergerac)
« Ceux d’entre nous qui ont la voix la plus mélancolique et la plus funèbre sont délégués vers le coupable qu’on porte sur un funeste cyprès. Là, ces tristes musiciens s’amassent autour de lui et  lui remplissent l’âme, par l’oreille, de chansons si lugubres et tragiques que, l’amertume de son chagrin désordonnant l’économie de ses organes et lui pressant le cœur, il se consume à vue d’œil et meurt suffoqué de tristesse. »

– Note écrite à 16 ans

IDÉE SCÉNARISTIQUE

( Au royaume des oiseaux )

– Plan 1 : panoramique lent et assez court jusqu’à cadrer un pigeon qui s’envole dans le sens du mouvement de caméra ( bruit d’ailes de l’oiseau )

« Ceux d’entre nous qui ont la voix la plus mélancolique… »

– Plan 2 : fixe sur une corneille qui s’envole dans le sens inverse du premier. ( bruit d’ailes )

« …et la plus funèbre… »

– Plan 3 : Plan général d’une partie de forêt où les cyprès voisinent avec des bouleaux. ( silence d’ailes)

« …sont délégués vers le coupable qu’on porte sur un funeste cyprès. »

– Plan 4 : Panoramique lent sur des feuillages mouillés de pluie ( bruit d’ailes )

« Là, ( on désigne un endroit ) ces tristes musiciens s’amassent tout autour et lui emplissent l’âme, par l’oreille, de sons si lugubres et si tragiques que, l’amertume de son chagrin désordonnant l’économie de ses organes… »

– Plan 5 : Travelling arrière s’éloignant d’un homme assis, la tête dans ses mains, immobile.

« …et lui pressant le cœur, il se consume à vue d’œil et meurt suffoqué de tristesse… »

( Tout de suite après la fin du commentaire : musique ? )

– Fermeture au noir.

– Note écrite à 16 ans

CITATION – RÉFLEXION

Miracle ! La notion de « fin » m’apparaît soudain acceptable… Tout est une question de moyens (ça se concilie avec Bachelard et Laborit) : On se fixe une fin, un but donné, et la pensée intuitionnelle, par-dessus le raisonnement, découvre les moyens d’y accéder. Mais le temps n’est pas dilué, ainsi, car LA NOTION DE FIN DOIT ÊTRE VÉCUE AU PRÉSENT PAR LE CHERCHEUR…
La finalité n’est pas le terme d’un voyage, elle est rationalisation de l’intuition : si bien que ce n’est pas la fin qui justifie l’intuition (les moyens) mais l’intuition qui justifie la fin… Les deux notion sont du même ensemble, dans le même temps… Le chercheur moderne doit s’entraîner à se fixer une fin et à l’atteindre le plus vite possible, par l’intuition…
Une question (la finalité) non résolue risque, à moins d’un dur exercice, de perdre ses valeurs «d’actualité» et nous pousse à employer d’autres moyens de l’atteindre que l’intuition. Mais, arrivé à un certain stade de la recherche intuitive, les questions se résolvent très vite et à un autre stade plus lointain, elles ne peuvent plus se poser, on ne sait plus dans quelle direction en marche, quel est le but… (pour l’instant)
On ne peut pas ramener la recherche intuitionnelle à la poursuite de finalités «sociales» recherchées par la société car on s’aperçoit assez tôt que ces finalités sont dépassées, elles ne suffisent pas. Il n’y a donc pas de scrupules à avoir pour prendre ces finalités, «sociales» ou non, comme des prétextes, car l’intuition ayant atteint un premier but, continuant sur sa lancée, elle se jette à la poursuite d’une nouvelle fin, née à la fois de cette intuition qui a besoin à prétextes et de la finalité précédente.
Ainsi l’intuition d’un moment contient les intuitions de tout le temps, et, en ce qu’elle est en elle-même le principe d’une résolution d’un temps «problématique», d’une concentration d’un univers en convergence, elle constitue en elle-même une morale mais une morale constamment réalisée, à la différence de la morale traditionnelle.
Cette morale est collectiviste puisque l’intuition nécessite les prétextes des finalités collectives, sociales. L’interdépendance de l’intuition et du social les range dans le même ensemble dont chacun des deux éléments est aussi le tout et, de cette façon, la morale intuitionnelle est également une morale « socialiste »… (pour l’interdépendance Cf. Paul Guillaume —- notes sur la « Psychologie de la forme  ») 

– Note écrite à 16 ans

CITATION – CINÉMA – BRESSON

(Robert Bresson) « J’essaye de plus en plus, dans mes films, de supprimer l’intrigue. »


« Mon dernier film, « Un condamné à mort s’est échappé », m’avait orienté vers les mains. L’extraordinaire habileté des mains, leur intelligence (…) l’âme d’un pickpocket, la main d’un pickpocket… Il y a du merveilleux dans le vol à la tire. »

– Note écrite à 16 ans

CITATION – CINÉMA – FRANJU

(Georges Franju) : « Un immeuble (…) peut devenir très insolite et très artificiel Si on évite l’épaisseur. Les maisons incendiées sont très belles. (…) Le rôle du décor a toujours été le même dans tous mes films. C’est un rôle avant tout poétique. Il est la « découverte » sur l’évasion. Sur le rêve. »

Note écrite à 16 ans

CITATION – LITTÉRATURE – TABLE RONDE

« Là vivait un vavasseur nommé Dyonas, qui était filleul de Diane, la déesse des bois.


(La table ronde. Transcription de Jacques Boulenger. Merlin l’enchanteur. Tome 1


Dans un cycle d’inspiration chrétienne voici qu’apparaît la mythologie païenne, voilà qui est pour le moins étonnant… !


Le dit vavasseur est le père de Viviane qui recevra la science de Merlin : il semble que la mythologie n’est évoquée qu’en rapport avec les pratiques magiques. Rapports situés précisément dans le recours que fait la mythologie à des emblèmes comme le soleil, la lune ou les astres qui sont aussi ceux de la magie.

Note écrite à 16 ans

LIRE – SCIENCE-FICTION

« L’Univers en folie » (Brown), « 9 de pique » (John Amila), « Le monde des A », « Le rayon fantastique », « La faune de l’espace », « À la poursuite des Slan » (Van Vogt), Abernathy, « Cailloux dans le ciel » « Fondation » (Isaac Asimov), « L’homme démoli » (Alfred Bester), « Fictions » « Labyrinthes » « Enquêtes » (J. L. Borges), « Chroniques martiennes » « Farenheit 451 » « Les pommes d’or du soleil », « Pays d’octobre » (Ray Bradbury), « Martiens go home » —  « Une étoile m’a dit » (Frédéric Brown), (Philip K. Dick), « La naissance des dieux » (Charles Henneberg), « La couleur tombée du ciel »  « Dans l’abîme du temps »  « Par-delà le mur du sommeil »  « Démons et merveilles » (Lovecraft) —- (J. T. Macintosh) « Je suis une légende » —- « L’homme qui rétrécit » (Richard Matheson), « L’homme venu du futur » (Lewis Padget), (Arthur Porges), « Le délit »  « La géométrie dans l’impossible » —- « La sortie est au fond de l’espace » (Jacques Sternberg), « E=MC² » (Pierre Boulle)

Note écrite à 16 ans

CITATION – LITTÉRATURE – LA BRUYÈRE

« L’on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides, et tout brûlés de soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et qu’ils remuent avec une opiniâtreté invincible ; ils ont comme une voix articulée, et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine ; et en effet ils sont des hommes. Ils se retirent la nuit dans des tanières, où ils vivent de pain noir, d’eau et de racines : ils épargnent aux autres hommes la peine de semer, de labourer et de recueillir pour vivre, et méritent aussi de ne pas manquer de ce pain qu’ils ont semé. » (La Bruyère)

Note écrite à 16 ans

LIRE – SCIENCE-FICTION – FANTASTIQUE

17 ans

Ces notes ont été reprises après mon départ de Paris à Lorient

– Aandhal Vance (Am) :  « When the lilacs last in the bloomed dooryard » (Là où poussaient les lilas)
— Demuth Michel (FR) :  « Lune de feu »,  « Les huit fontaines », « L’homme de l’été »
—  Borges Jorge Luis (Argent) :  « La loterie à Babylone »
—  Raabe Juliette (FR) :  « Gare ton doigt de l’ondoingt »
—  Nathalie Charles Henneberg :  « La terre hantée »
—  Ehrwein Michel :  « Les voix dans le désert »
— Veillot Claude :  « Encore peu de caviar »
— Battin Marcel
— Georghiu Georges :  « Heureux comme Dieu en France »
—  Malaval Suzanne :  « Le temps des sortilèges » → [ « point féminin godin caraca secuto c’est le principal moyen de la faringo »] ( « Ce merveilleux matin »)
— Seriel Jérôme :  « Le satellite artificiel »
— Klein Gérard :  « Un chant de Pierre »
— Drode Daniel :  « Dedans »
— Simak Clifford :  « La vermine de l’espace »
— Osterrath Jacqueline :  « Le rendez-vous de Samarkande »
— Russ Joanna :  « Émily chérie »
—  Ballard J. G. :  « Le sel de la terre », « Le jardin du temps »
— James R. Montague :  « Le conte Magnus »
—  Bram Stoker :  « La maison du juge »
— Aldyss Bryan :  « Jusqu’en ton sein »
— Seignolle Claude :  « Delphine »
— Cortazar Julio :  « Les fils de la vierge »
— Sternberg Jacques :  « Le reste est silence »
— Budris Algys :  « Menaces dans le ciel »

Note écrite à 17 ans

CITATION – LITTÉRATURE – GIRAUDOUX

« Le grand théâtre est celui qui convainc des esprits déjà convaincus, qui émeut des âmes ébranlées, éblouit des yeux déjà illuminés, et qui laisse à son terme les spectateurs avec l’impression d’une preuve, la preuve de leur sensibilité et de leur époque. »

Note écrite à 17 ans

IDÉE SCÉNARISTIQUE

Histoire d’un type qui veut se suicider et qui, avant, fait le tour de tous les gens qu’il connaît pour en tirer quelque chose et n’en obtient que des réponses mitigées… (mais je m’aperçois que c’est le « Feu follet »)

Note écrite à 19 ans

RÉFLEXION – ÉDITION

J’ai remarqué qu’il se produit à l’intérieur d’une édition comme le Livre de Poche le même phénomène de clivage entre le livre de « qualité » et le livre populaire que dans le reste des éditions. Il se manifeste sous forme de couvertures dont certaines — les populaires — sont faites dans un style platement figuratif tandis que les autres sont plus graphiques, plus travaillées, moins attachées à la représentation des héros qu’à l’esprit du livre.

Note écrite à 19 ans

RÉFLEXION – CINÉMA – LITTÉRATURE – RESNAIS

En écoutant Agel lire à huit heures du matin un bouquin sur la tragédie, je pense que les livres sont toujours là, qui dorment, et que c’est l’homme, la nuit, le matin, au crépuscule ou à midi, qui les ressuscite, qui s’approprie leur parole pour la lancer au ciel noir, aux nuages gris ou roses ; le livre n’est pas vivant, c’est l’homme qui reste éveillé la nuit ou le jour et le livre paraît vivre et être éveillé quand l’homme le lit à haute voix aux autres hommes ou à la nature… (cf. Resnais la B.N)

Note écrite à 19 ans

LITTÉRATURE – ROBBE-GRILLET – RÉFLEXION

Robbe-Grillet : « C’est par la forme que l’écrivain est guidé ; pas par une idée à exprimer »
Mais ne peut-on pas penser qu’il y a là une dialectique de la création : d’abord guidé par la forme, l’auteur s’emploie à la maîtriser pour ensuite être à nouveau fasciné et emporté loin des positions qu’il vient à peine de conquérir et délogé des retranchements confortables de la construction logique et intellectuelle…

Note écrite à 19 ans

LITTÉRATURE – PEREC

René m’a recommandé « Les choses », un des prix littéraires de cette année… Je m’en méfiais mais il paraît que c’est bon : effrayant de voir tout ce à quoi il faut s’intéresser…

Note écrite à 19 ans

IDÉE SCÉNARISTIQUE

Transformer la bibliothèque Sainte-Geneviève en dortoir commun pour étudiants : petites chambres séparées par cloison en bois. discipline collective. Le soir, retour du ciné, avec filles, plaisanteries ou rien du tout : très bien comme ça.

Note écrite à 19 ans

VÉCU – LECTURE

Tout à l’heure : j’attendais un livre au monte-charge de la bibliothèque Sainte-Geneviève : d’autres étudiants attendaient avec moi. Nous étions là à attendre. Autour : l’étendue de la salle, fronts penchés et notre petit groupe avide de livres, l’une assise sur une chaise, l’un assis sur une table, les jambes pendantes, l’autre assis sur cette même table, d’une jambe, l’autre s’appuyant au sol, un autre debout marchant, attendant…

Note écrite à 19 ans

LITTÉRATURE

Aujourd’hui, j’ai fait une exposé avec Astre : interprétation de « L’étranger ». Si Meursault tue l’Arabe, c’est parce qu’il voit briller sur le couteau le reflet du soleil → Soleil = père. Nécessité du tuer le père pour devenir soi-même…

Note écrite à 19 ans

SPECTACLE – RÉFLEXION – VIAN – « LE SCHMURZ »

1966.02.15_1

Comme au cinéma : raccord mouvement — continuité
paroles des personnages → évolution de la « chose »
après le drame on peut repasser en accéléré (cinéma) l’évolution de la chose = évolution du drame
les mots bouffent l’homme mais Vian les utilise : il soigne le mal par le mal ?
« Non, je ne tirerai rien des objets… »

Note écrite à 19 ans

SPECTACLE – DIMENSIONS – « LE BRAVE SOLDAT CHVÉÏK » – PISCATOR

« Le brave soldat Chveik » — Présentation de Bloch : « Le bon Chveik comparaissait devant un major. Le major était figuré par un dessin animé du cruel caricaturiste Georges Grosz. Un écran occupait soudain tout le fond de l’énorme scène, et une figure synthétique, de dimensions formidables, se composait, trait pour trait, devant le spectateur amusé. Au pied de cette image, Chveik bénévole, minuscule, se présentait au garde à vous, en chemise et en caleçon, et saluait militairement… » ← (mise en scène en 1928 à Berlin de Piscator)

Note écrite à 19 ans

CITATION – VIRGILE – « L’ÉNÉIDE »

« Flectere si nequeo superos,
Acheronta movebo »
(Si je ne peux pas fléchir les dieux,
je mettrai en branle l’Achéron… »
(« Déclin de l’Occident » Spengler)

Note écrite à 19 ans

DIMENSIONS – POÉSIE – RÉFLEXION

Émission de Gavarry — En voyant une émission sur « Nicomède » (Maison de la culture de Caen) : le metteur en scène présente les décors. On les voit en plan général puis on voit les mains du metteur en scène qui détaille le dispositif (décors = maquette). Ce mélange des dimensions ne passionne pas (ne se remarque pas) parce que : didactisme.
Nécessité : poétique (*)
Comment définir « poétique » ? Est-ce : croire à ce que l’on voit en sachant que c’est une interprétation, une mise en scène ?
Peut-être (à certains moments) : photos fixes
(*) : Problème : il y a une dimension prépondérante, qui sert de repère – Il s’agit de les équilibrer (synthèse dialectique ? ? ? ? ? ? ? ? ?

Note écrite à 19 ans

RÉFLEXION – CORNEILLE

Corneille, en inventant le ressort nouveau de l’admiration, s’écartait des règles classiques. De nos jours on préfère Attale à Nicomède, on apprécie les héros dont on a pitié*.
Ce point de vue marque donc un retour aux règles classiques de la tragédie (Aristote). On aime en Corneille ce qu’il a de moins original…
Cependant que peut se demander s’il croit vraiment que « l’amour qu’elle (l’admiration pour sa vertu) nous donne pour cette vertu que nous admirons, nous imprime de la haine pour le vice contraire…? »
N’est-ce pas là une « thèse officielle » qui sert à masquer des intentions secrètes ?
La « pitié » qu’on a pour Attale est bien particulière à cause de la situation (exemple : Nicomède acte 1 — scène 3) situation de comédie (quiproquo. Attale ne sais pas qui est Nicomède… Il le brave et quand il le reconnaît, il se dégonfle)

Note écrite à 19 ans

LYCANTHROPIE – VAMPIRISME

Lycanthropie (phénomène du loup-homme = loup-garou


Conte d’Alexis Tolstoï : histoire de vampires → film « Les trois visages de la peur »


« Carmilla » (Le Fanu) → « La crypte du vampire »


Prof de philo : les précautions pour vérifier la mort sont insuffisantes (morts qui se réveillent dans leurs cercueils)

Note écrite à 19 ans

VÉCU – CLASSE PRÉPARATOIRE À L’IDHEC – THÉÂTRE

VÉCU – THÉÂTRE

P.-A. Touchard
« Dionysos »

  • Théâtre = « acte »,Remarque : pas de parole entre spectateurs. Théâtre : inspirateur du silence. Méditation individuelle ß essence « religieuse » (sens sociologique) communion (silencieuse)
  • Mythe de Dionysos : Dieu de l’ivresse. Sa mère (?) séduite par Zeus lui demande de se montrer : elle est consumée par la foudre et les éclairs qui l’entourent
  • (Dionysos : averti que les faveurs du ciel sont mesurées, amour et haine = unique lot, monde de la connaissance intellectuelle interdit ) les nymphes, les muses et Silène assurent son éducation et l’accompagnent à travers l’Orient.
  • Dieu de libération : montre à l’homme ce qu’il serait, ses virtualités de. Désir de liberté
  • Atmosphère tragique quand je me sens sujet de l’action qui se joue
  • Destinée illustre permet l’identification (je peux plus facilement me reconnaître dans mon supérieur que dans mon inférieur)
  • Dénouement malheureux : signe le plus visible d’un engagement total du spectateur = la mort (intéressant : vertiges dionysiaques de la mort
  • Tragédie : image du miroir qu’on accepte (identification)
  • Comédie : qu’on n’accepte pas (distance)
  • Tragédie : acte pur
  • « Il y a un rire de la tragédie comme il y a un rire de la comédie »
  • Comédie : personnages inférieurs ce qui empêche identification (mais y a-t-il vraiment des personnages inférieurs ?)
  • Rire confortable et rire inconfortable (personnage odieux)
  • Antiquité : après pièces tragiques à pièces comiques (drame satirique) = cycle bouclé. Purgation, Tragédie : ce que nous sommes, Comédie : ce que nous pouvons être
  • Personnage tragique = moi # personnage comique = mien

– Note écrite à 19 ans

CITATION – POLITIQUE

« L’homme noir est naturellement bon et intelligent, mais il manque de caractère ; il est donc destiné à être exploité par des conquérants musulmans  » (Faidherbe)

Note écrite à 19 ans

LITTÉRATURE – ASTRE – GIDE

Conférence de Georges-Albert Astre

Situation d’André Gide

● («Quand les professeurs prennent leur revanche sur les créateurs, quand les créateurs sont morts…»)
● Qui était Gide ? Quel était son message ?
● Intensification pathétique du sentiment de l’existence
● Aujourd’hui : monde avec trop d’ouvertures. Indéfinition
● On lit peu Gide. Explicable : quelque chose d’exaspérant chez lui.
● Où allait-il ? = question gênante pour lui.
● Image de lui
● Les grands écrivains se protègent derrière des masques. Ils jouent. André Gide vient en tête.
● Indifférence au monde extérieur


il se sentait contradictoire
● Sincérité = grand mot
● Névrose
● Il lit beaucoup
● Art = seule valeur stable
● Limitation : l’art prenait la place de l’action
● Art-solution = remède à toutes les contradictions
● «Toute vérité est devenue» (Hegel ) Gide a choisi de devenir

Note écrite à 19 ans

VÉCU

13 h 10. Bar Callot. Il y a un soleil douteux, pour l’instant il brille. Moment de détente.


Ce matin je suis allé faire tamponner ma carte d’étudiant au boulevard Jourdan. Ce soir : je dois m’inscrire pour l’examen de Propé. Je dois commencer l’exposé sur le mime. J’ai acheté des bouquins.


il faut à tout prix que je prenne un certain nombre de bouquins pour les vacances pour travailler.

Note écrite à 19 ans

CITATION – LITTÉRATURE – COCTEAU

Touchard : « Au fond, il n’y a qu’un théâtre, le théâtre poétique… »
Cocteau : « L’Histoire est du vrai qui devient faux à la longue (et de bouche en bouche), alors que la légende est du faux qui, à la longue, devient véritable ».

Note écrite à 19 ans

LITTÉRATURE – PAULHAN- RÉFLEXION

« Les fleurs de Tarbes » – Paulhan : la terreur ou la non-coïncidence entre le signe et la chose. Elle provient du fait que le mot exprime toujours à l’origine la réalité profonde d’une chose, mais le critique (le public) ne sait plus retrouver cette identité. Le mot finit par vivre d’une vie autonome, bien qu’on cherche tout le temps à le faire signifier le plus intensément possible. (*) Quête peu fructueuse. Paulhan = retour à l’identité originelle signe-objet – classicisme
(*: peut-être à cause de cela justement. Mais on ne peut pas s’abandonner à l’autonomie des signes non plus (Surréalistes → échec).

Note écrite à 19 ans

LITTÉRATURE – CINÉMA – RÉFLEXION

Je me suis trompé : Paulhan, la « rhétorique », ce n’est pas le retour à l’harmonie signe-chose, mais, du fait de l’impossibilité constatée de cette harmonie, son dépassement, l’acceptation du signe en tant que signe, du langage en tant que langage. Dans cette mesure, je suis d’accord : dans le cas du cinéma, il est à remarquer (après tout, c’est aussi ça en littérature), que les terroristes ne coïncident pas avec la majorité du public. Le « grand » public, lui, n’a jamais fait autre chose (dans le cas du cinéma surtout) que de le considérer comme un spectacle (cf. Resnais). Il accepte le phénomène cinématographique en tant que tel.

Note écrite à 19 ans

LITTÉRATURE – RÉFLEXION – CITATIONS – PAULHAN

Paulhan « Les fleurs de Tarbes »
Exergues :

« Comme j’allais répéter les mots que m’apprenait cette aimable indigène :
− Arrêtez ! s’écria-t-elle. Chacun ne peut servir qu’une fois
(Voyage de Botzarro, XV)

« À peine arrivé chez M. de Sainte-Beuve, j’entamais la lecture de « Louisa ». Au bout d’une demi-heure, M. de SB s’écria : « Ce n’est pas un roman ! » J’allais fondre en larmes, quand il ajouta, du même ton : « C’est la vie même ».
(Mémoires de Thérèse Thirion, II,8)

« Le tribunal révolutionnaire d’Arras jugera d’abord les prévenus distingués par leur talent »
(Le délégué Joseph Lebon, août 1793)

« La décadence des Lettres commence le jour où l’écrivain, trompé par le charme des périodes et, comme Balzac, séduit aux mots, se figure, l’insensé, qu’il lui suffit d’écrire. »
(Juvignet, De la décadence des lettres, 1765)

« Sitôt qu’il y a dans le monde des connaisseurs de chevaux, on voit apparaître des coursiers remarquables. C’est qu’il y a toujours eu de tels coursiers, mais les connaisseurs sont bien rares. »
(Man Yu, Considérations sur les coursiers… 815)

« À sept ans, Harry aurait voulu être une fille. C’est qu’il parvenait à l’âge amoureux : trouvant un grand charme à la société des filles, il se figurait qu’il éprouverait bien plus vivement encore ce charme s’il était fille lui-même. »
(R. Hugues, Un cyclone à la Jamaïque)

« Il est aisé de remarquer que la statue du Maréchal Ney unit deux attitudes : la main gauche et les jambes sont placées comme elles étaient au moment où le maréchal tirait son sabre ; le torse, qui devrait être incliné, se redresse au contraire en même temps que le bras droit élève l’arme en signe de commandement. De cette dualité résulte de la vie de la figure. »
(Propos de Rodin)

« L’emphase de Balzac n’est qu’un jeu, car il n’en est jamais la dupe
(Carnet de Joubert)

Note écrite à 19 ans

LITTÉRATURE – RÉFLEXION

Paulhan parle d’utiliser les lieux communs (Les fleurs de Tarbes et de la rhétorique – Oh ! Un dzeugma… ! ?) en tant que tels… Je trouve qu’il le fait déjà dans les titres de ses ouvrages : « Progrès en amour assez lents » est la combinaison de deux lieux communs : progrès en amour et progrès assez lents… Quant au « Guerrier appliqué », plus subtilement, c’est la combinaison d’un substantif et d’un adjectif, type de combinaison fertile en lieux communs du genre : « Guérison miraculeuse », « Temps splendide », « Voûte étoilée », etc.… C’est-à-dire que Paulhan prend la structure (rhétorique) vide du lieu commun, qu’il remplit d’un contenu explosif qui la fait éclater et se découvrir comme carcasse pouvant être remplie d’éléments dangereux, c’est-à-dire qu’il met en lumière la nature inerte, propre à la manipulation humaine, du langage…

Note écrite à 19 ans

LITTÉRATURE – CITATION – BACHELARD

Bachelard (« Psychanalyse du feu »)
« Balzac a noté dans Gobseck que les « froids intérieurs » des vieilles filles étaient parmi les plus luisants ».
« On n’aime pas autrement les pierres que les femmes… » (Cf.
1/ « Désert rouge » Rochers sur la plage dans la scène de la petite fille 2/ Le voyageur enfermé dans la pierre

(Commentaire : in ma nouvelle inaboutie « Elly autour de la pierre »).

Note écrite à 19 ans

LITTÉRATURE – BACHELARD

« Nous n’avons pas encore pu mettre au point une doctrine d’ensemble, mais il nous semble bien qu’il y a quelque rapport entre la doctrine des quatre éléments physiques et la doctrine des quatre tempéraments. »
« Dis-moi quel est ton fantôme ? Est-ce le gnome, la salamandre, l’ondine ou la sylphide ? » (Bachelard)

Note écrite à 19 ans

VÉCU – AGNÈS

Deux ans et demi d’arrêt ! Pourquoi ce soir plutôt qu’un autre pour reprendre ce carnet ? Pourquoi aussi bien me suis arrêté ?
(…)
72 : mort de Nini. Naissance d’Agnès. Dépôt d’« Appartement témoin ».
Pourquoi t’écris sur ce carnet ? Tu causes à qui ? À personne. Alors c’est pour le plaisir ? Quel plaisir ? Ça m’emmerde. Ça me fatigue la main. Ce qui était intéressant, c’était de noter les « idées » qui me venaient.
Est-ce qu’il n’y a plus d’idées qui me viennent ? Sans doute que je suis moins à la recherche de « trouvailles ».
Ce qui est fascinant, c’est de voir ce blanc se remplir, se noircir.
Résumer une année en 3 mots !
Des « idées »… Oui ! J’en cherche toujours…
Le fantastique ne m’intéresse plus, plus autant…
Écrire entre les lignes…
Si peu créateur !

– Note écrite à 26 ans

VÉCU – AGNÈS

(2h du matin)

Aujourd’hui, ce soir, suis sorti dîner avec Karen et Marion.
Rentrés après le repas (métro).
Rentré à la maison, et finit de lire « Belle du seigneur ». Lu la fin, leur suicide.
Bel et grand amour que le leur, qui préfère se saborder que de se rendre au temps qui l’assiège et le grignote.
C’est si important, l’amour, bien plus important que mes misérables préoccupations de plaire et séduire.
C’est bien ce que j’ai compris, ce soir, et en dînant et en lisant, les deux mis bout à bout, d’abord cette preuve que je peux plaire à une femme, en ne la soulageant pourtant pas de sa souffrance puisque je ne lui apporte pas l’amour… Puis cette image d’amour et de mort, de temps qui passe et quand je lisais Ariane se remémorant son enfance, je pensais Agnès, à l’enfance d’Agnès.
Oh, pourvu que j’ai le temps de vivre assez pour lui dire combien je l’aime, mon enfant chérie, mon « petit bouchon », ma Gnouche, ma Gnouchy !
Oh, grand amour de ma vie, sache combien ton père t’a aimée. Je pleure en te l’écrivant. Je voudrais tellement que tu sois heureuse. Tout à l’heure, j’ai pensé au garçon qui viendra dans ta vie et j’ai eu un élan vers lui, le désir de l’aimer, comme un fils, par amour pour toi.
Je ne peux pas regarder les photos de ton enfance sans frémir, de culpabilité, de souffrance. J’enrage de voir que certaines, inexplicablement, se sont collées les unes aux autres…

– Note écrite à 39 ans

VÉCU – AGNÈS

Je suis furieux et désolé : je croyais que les poèmes d’Agnès étaient tombés derrière la commode. On l’a déplacée. Ils n’y sont pas ! J’ai cherché partout, je les trouve pas. Quel con j’ai été de ne pas les planquer ! Je voulais aussi que cette chambre reste la sienne, par des choses d’elle accrochées au mur…
Je suis triste !

– Note écrite à 40 ans

VÉCU – AGNÈS

(0h15)

Je rentre à mon hôtel (Terminus à Tourlaville, près de Cherbourg) et je suis soudain, imprévisiblement, saisi par une terrible culpabilité vis-à-vis d’Agnès, culpabilité de ne pas m’être assez occupé d’elle, de l’avoir irrémédiablement blessée par le divorce et ce qui me revient, une fois de plus, c’est le souvenir d’Anne m’expliquant que « Bilbo Bagin » (Baguin, prononcé par la petite voix d’Agnès, elle avait cinq ans et demi à l’époque… !) c’était Bilbo le Hobbit de Tolkien…
J’ai déjà demandé à Agnès (car ce souvenir revient souvent, d’une façon assez obsessionnelle) : elle ne s’en souvient pas…

– Note écrite à 40 ans