Ligne de force : on peut tourner dans un lieu intéressant (unité de lieu) comme un château avec un parc (Bagatelle, Sceaux).
Le point de départ : une bande de jeunes arrive chez des copains à l’aube : ils passent la journée.
Pourquoi cette unité de lieu et un parti pris de non-vérité ? C’est contre notre premier propos.
Parce que, étant donné que c’est l’acte qui nous intéresse d’abord, on peut se servir de l’absurde pour détacher l’acte. Et, convenablement mise en scène, cette unité de lieu peut nous introduire dans l’absurde. Dès lors l’acte prend une valeur irréelle : soit dans le grotesque soit dans le poétique.
Néanmoins il faut rejoindre l’humain : on le peut en décernant des « monopoles », c’est-à-dire en concevant le film comme une scène où entreraient des personnages, où ils agiraient un temps puis d’où ils s’en iraient. Et certains actes seraient réservés à certains personnages qui s’effaceraient, reviendraient, comme des leitmotive avec les variations que constitueraient les actes. Ainsi il y aurait dans le film deux thèmes : les êtres et les décors et la mise en scène consisterait en variations sur ces deux thèmes avec des interférences.
En fait l’opposition entre le ridicule et le poétique de l’acte serait moins marquée que prévu. Il y aurait au contraire une constante confusion.
L’absurdité peut servir à détacher le mécanisme. Il faut bien faire ressortir que ce lieu est un lieu de villégiature, et certains des jeunes gens conserveraient même dans ce lieu de poésie des vacances des manières, des habitudes.
Je reviens à l’absurde : pourquoi ce moyen ? L’absurde dans ce lieu nous introduit dans un nouveau monde et c’est seulement dans cette nouveauté que ces manies, ces actes inutilement répétés, deviendront ridicules : justement parce que dans ce nouvel univers absurde il manque les références sur quoi se fondent ces manies. Mais alors on peut penser qu’on ne rejoint pas ainsi le réel puisque l’acte n’est ridicule que dans l’œuvre.
Mais l’absurde est poétique : il permet une vision lucide et intense à la fois qui est celle de la poésie.
N’est poétique que ce qui souffre de n’avoir pas de références. Telle doit être la leçon du film.
Et justement l’accéléré qui est l’absurde.
L’accéléré jette une lumière absurde sur l’acte qui le classe dans une des deux catégories : l’acte non poétique ridicule visé par l’absurde, l’acte poétique magnifié par l’absurde.
Après réflexion : l’harmonie de l’acte accéléré n’existe que si l’on peut l’observer d’un regard serein sans sentir qu’il lui manque quelque chose.
L’acte trouble, non poétique au contraire demande un retour au réel, une réintroduction dans le quotidien, il souffre de l’absurde alors que l’autre s’en accommode. La mise en scène doit obéir à ces règles. Je la sens.
– Note écrite à 16 ans