Pas de réponse à la lettre de l’avocat. Je pense qu’elle va faire la morte, faire traîner les choses.
Agnès me manque de plus en plus. Je ne sais comment elle est, comment ça se passe. A-t-elle senti, compris ?
Je sors beaucoup le soir. Dans la journée aussi, j’ai toujours quelque chose à faire. Sauf aujourd’hui où je traîne ma flemme – mais c’est un peu normal après cette panique des meubles, du ponçage et du vernis – pourtant il faudrait que je fasse le ménage, il y a une tonne de crasse et de sciure sur toute chose et des affaires en vrac à droite et à gauche.
La musique me manque. Et mes livres. La bibliothèque, terminée, fait très vide.
Jean-Pierre Bertrand au « Magazine de l’image ». Parlé de mon sujet sur les jeux. Ça a l’air de l’accrocher. Je dois l’écrire. J’hésite à le faire dès maintenant ou après avoir fait le compte des jeux existants.
Bouillon : en sommeil car il est occupé par un dossier d’agrément au CNC.
Reggiani : j’attends. Si ça marchait avec Bouillon, j’envisagerais d’aller le voir en tournée.
Toutes les lignes que j’avais lancées, ça ne mord pas : Armorial, Mnouchkine, Rassam, Roitfeld, Kermadec, Office Kréation. Sans compter les « consultants » : Miller, Fansten, Monnier et autres.
Mais ça ne me chaut que peu.
Mon emploi du temps récent (en remontant) :
Hier, jeudi : soir : Sario. Assedic. Conférence Aujourd’hui Madame.
Mercredi : soir avec Bertrand, son père, François Maistre. Jour : fini meubles. Avocat le matin.
Mardi : soir théâtre avec les C. (dormi chez eux dans le lit de Caroline). Après-midi : AFI.
Lundi : soir : dormi chez Jean-Claude et Sido cause vernis.
Je m’aperçois que ça fait trois semaines que je suis parti (plus : vingt-six jours ! Presque un mois). Temps passé très vite : un mois déjà ! Déjà, l’hôtel des premiers jours, les petites annonces, les visites d’appartements, tout ça m’apparaît très loin. Déjà, j’ai mon passé à moi, à moi seul.
Hier, en rentrant avec Sario chez lui, lorsque sa nana lui a fait la gueule parce qu’il était tard, j’ai ressenti ça comme intolérable, insupportable, ces relations de couple, d’oppression mutuelle, de reproches, cette angoisse pas possible. Ah être seul, être libre, malgré les mauvais moments, les moments de manque, d’ennui, c’est quand même précieux.
En ce moment, il fait gris et très froid, c’est la seule chose qui me gêne. Vivement le printemps. C’est drôle comme ça ressemble à 74, de ce point de vue-là : jours d’hiver (et même de neige), puis jours radieux du printemps (cerisier par la fenêtre de la cuisine des Coudreaux) L’ai-je voulu ?
Je viens d’accrocher au mur des posters achetés il y a déjà quelque temps : Turner « Le paquebot Téméraire » – « Wings of Love » et un petit Magritte.
– Note écrite à 31 ans