(5h20)
Je suis démoli (peut-être pas détruit) : écrit texte accompagnant manuscrit. Proposé à Agnès de le lire (*) → elle a accepté..
Elle a très mal réagi.
Rejet en bloc.
Rien de positif.
Je suis mal. Très mal.
Sur le moment, j’ai cru que ça ne me faisait rien. Ou pas grand-chose. Comme ces blessures qui ne s’avèrent douloureuses qu’après un certain temps.
Mais là, après réveil dans la nuit et surgissement de la pensée dès le réveil, je souffre.
Spectre de ma vie ratée.
(*: Si j’avais pu penser que sa réaction serait si totalement négative, je ne l’aurais pas proposé) (elle m’avait dit des choses positives, à la première lecture…)
– Note écrite à 68 ans
Au fil de mon travail sur les domaines de champagne, je lui en ai peut-être trouvé un comme client (S. S)
– Note écrite à 68 ans
Lui ai envoyé un SMS demandant si ça allait → m’a dit que pas sûr qu’une opération ne sera pas nécessaire…
Coup dur !
Je la croyais à l’abri de ça…
– Note écrite à 68 ans
Hier, elle a envoyé un mail collectif pour dire que opé ne sera pas nécessaire + on a enlevé la sonde gastrique et elle est rentrée à la maison.
Ouf !
– Note écrite à 68 ans
En reprenant mon archivage notes idées et mots, suis tombé sur notes de 72 à 75 concernant Agnès → les ai saisies et lui ai proposé de les lui envoyer…
Suis content d’avoir pris au moins ces quelques notes à son sujet, moi qui étais si négligent, à cette époque… !
Il y a d’ailleurs dedans des choses étonnantes !
– Note écrite à 68 ans
Lui ai envoyé les premières notes. Elle n’a fait aucun commentaire.
Ça ne m’étonne pas.
Nous avons eu des instants de communication complice. Ils sont bien loin.
Mais elle a « ses raisons ». Bien sûr. Comme j’ai les miennes d’en manquer
– Note écrite à 68 ans
Elle m’a envoyé un mail : M. hospitalisée (clinique Port-Marly) car occlusion intestinale (semble résultante opérations précédentes). Elle ont craint l’obligation d’opérer, mais ils vont juste poser une sonde gastrique pour aspirer ce qui obstrue l’intestin. Elle me l’a dit dans un mail à moi seul…
– Note écrite à 68 ans
(Dessin d’Agnès pendant balade après déjeuner (thaï rue des Ciseaux) de Saint-Germain à Censier, en passant par la Sorbonne (souvenir de ses études) et le Panthéon où elle a sa photo parmi des centaines d’autres (installation photographique autour du dôme) (elle le sait, mais on ne l’a pas trouvée) puis la Contrescarpe (café).
– Note écrite à 68 ans
Hier elle m’a dit qu’elle avait organisé une vente privée de ses œuvres (en posters) et que ça s’est bien vendu : 3000 € !
Je suis extrêmement content !
– Note écrite à 68 ans
Elle vient de m’appeler pour me souhaiter une bonne Fête des Pères. Je ne savais même pas que c’était le jour de cette fête ! Je vis en dehors d’à peu près tout !
Quand elle a appelé, était justement en train de transcrire une de carnet la concernant, une note particulièrement douloureuse (*), à la relecture de laquelle j’avais refoulé mes larmes (chose que je n’ai pas réussie à faire hier, pour une autre note, ne pouvant m’empêcher d’éclater en sanglots lamentables…)
Une épreuve…
Pourvu qu’elle apporte quelque chose…
(*: Celle où j’évoque lutte physique avec sa mère, devant elle…)
– Note écrite à 68 ans
C’est son anniversaire aujourd’hui. Je ne risque pas d’oublier de le lui souhaiter comme ce fut malheureusement le cas l’an dernier. Résultante de cet amour dans lequel je m’étais jeté tout entier (mais aussi, je dois le dire, parce que la maladie de M. a éloigné Agnès de moi et que respectant ce retrait, je me tiens moi-même à l’écart, ce qui déplace ma concentration d’esprit ailleurs que sur Agnès) ← Est-ce un prétexte ou un oubli ? Je ne crois pas.
– Note écrite à 68 ans
Lui ai envoyé mail de Bon Anniversaire, comme prévu (*). Elle m’a répondu que cela lui faisait « très plaisiiiir » (« Tu vois, je n’ai pas oublié, cette fois ! » ai-je dit.) (**)
(*: « Happy birthday » en lettres de différentes couleurs comme à mon habitude…)
(**: + Inséré image de la couve du prochain Vogue US de septembre qu’elle m’a demandé en cadeau (Beyonce en couverture. « The Art of global domination » : cette suceuse de bites insignifiante !) (Troisième couverture de Vogue pour cette fille !)
– Note écrite à 68 ans
Hier, elle m’a appelé. Longue conversation (elle marchait entre son bureau et chez elle…)
1/ M. : moi j’espérais encore – naïvement – une guérison possible. Agnès me dit qu’il n’en est plus question, ni même de rémission, mais seulement de « contrôler la maladie ». Elle me dit qu’elles s’en doutaient, mais que ça été un choc de l’entendre dire par une tierce personne (la toubib).
C’est un choc aussi pour moi.
Ça va être terrible. Je suis déjà effondré devant l’énorme souffrance que devra subir ma petite fille…
La vie est terriblement dure, parfois… !
Et on en revient à une note récente sur le « prix du succès ».
Mini-succès, certes, que cette réponse d’A. d’A. Mais les deux nouvelles coexistent dans le temps, à peu d’écart près…
2/ Lui ai appris pour Béatrice.
3/ Lui ai parlé de mon « odyssée éditoriale ».
C’est parce que je l’ai sentie redoutant que ces filles me répondent pas que j’ai réécrit à A. d’A. en proposant explicitement qu’elle lise, ce qu’elle a – à mon immense surprise ! – accepté.
Plus que jamais, je me persuade qu’on ne doit rien prévoir, qu’il faut éviter toute idée préconçue sur la tournure que peuvent prendre les choses… !
Dans les deux sens : positif, mais aussi négatif, hélas !
– Note écrite à 68 ans
L’ai eue hier au téléphone, pour lui raconter l’appel de Fayard. Par la même occasion, elle m’a donné des nouvelles qui ne sont pas bonnes : les marqueurs ont explosé…
Elles doivent en parler avec les toubibs.
Cette question m’angoisse de plus en plus, comme un retour du refoulé…
– Note écrite à 68 ans
Les nouvelles de M. n’étant pas trop mauvaises (marqueurs augmentés mais scanner rassurant), je lui raconte le refus d’A. d’A.
« J’adorerais que ça marche, me dit-elle, mais j’ai envie de te dire : « Tu t’en fous, t’es vivant ! »
Et c’est vrai. Je lui dis que je me le dis, souvent, en pensant à Marie-Noëlle, justement.
Elle, elle comprend la lettre d’A. d’A. Elle comprend qu’on puisse « aimer les ingrédients, mais pas le plat… »
– Note écrite à 68 ans
Aujourd’hui, y repensant, une fois de plus, je crois m’être rendu compte que, tant que mon esprit restera clair, je ne pourrai pas m’empêcher, me passer d’écrire, même si, comme c’est prévisible, c’est l’échec sur « Les deux femmes »…
J’ai songé à chercher un nouveau sujet et à m’y mettre.
(Agnès m’a posé la question : « Tu écris autre chose… ? »)
À voir, donc.
Perpétuelle sagesse de cet enfant !
(Père paix tu elle Sagesse)
– Note écrite à 68 ans
Je suis là, chez moi (beau soleil, heureusement) en train de numériser mes notes « idées » et « écriture » en vue de leur exploitation pour une création littéraire ultérieure et, pendant ce temps, se prépare chez Fayard le refus des « Deux femmes »… Et je n’y suis absolument pas préparé, malgré tous mes efforts, car il reste en moi un noyau d’espoir, irréductible, indestructible… Bien malgré moi !
Donc, ce que je fais (qui prend beaucoup de temps !) est très probablement inutile.
Cette pensée me mine.
Heureusement, je numérise aussi – pieusement – les notes sur Agnès…
Je me dis qu’une part de ce que je fais au moins, n’est pas inutile. Et même, au contraire, peut être très utile (*)
Cela me fait du bien
(*: utile à Agnès…)
– Note écrite à 68 ans
Agnès, quand je revois le passé, vers 1990, ce qui m’importe, c’est ceux que nous étions tous les deux, dans le vierge verger de l’innocence en fleurs, toi jeune fille non encore effleurée par le monde et moi, père-enfant, dans ses quarante ans restés pleins d’enthousiasme et de crédulité…
– Note écrite à 68 ans
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