VÉCU – AGNÈS

(2h du matin)

Aujourd’hui, ce soir, suis sorti dîner avec Karen et Marion.
Rentrés après le repas (métro).
Rentré à la maison, et finit de lire « Belle du seigneur ». Lu la fin, leur suicide.
Bel et grand amour que le leur, qui préfère se saborder que de se rendre au temps qui l’assiège et le grignote.
C’est si important, l’amour, bien plus important que mes misérables préoccupations de plaire et séduire.
C’est bien ce que j’ai compris, ce soir, et en dînant et en lisant, les deux mis bout à bout, d’abord cette preuve que je peux plaire à une femme, en ne la soulageant pourtant pas de sa souffrance puisque je ne lui apporte pas l’amour… Puis cette image d’amour et de mort, de temps qui passe et quand je lisais Ariane se remémorant son enfance, je pensais Agnès, à l’enfance d’Agnès.
Oh, pourvu que j’ai le temps de vivre assez pour lui dire combien je l’aime, mon enfant chérie, mon « petit bouchon », ma Gnouche, ma Gnouchy !
Oh, grand amour de ma vie, sache combien ton père t’a aimée. Je pleure en te l’écrivant. Je voudrais tellement que tu sois heureuse. Tout à l’heure, j’ai pensé au garçon qui viendra dans ta vie et j’ai eu un élan vers lui, le désir de l’aimer, comme un fils, par amour pour toi.
Je ne peux pas regarder les photos de ton enfance sans frémir, de culpabilité, de souffrance. J’enrage de voir que certaines, inexplicablement, se sont collées les unes aux autres…

– Note écrite à 39 ans