Il faut parler aussi de la triste soirée d’aujourd’hui où je suis allée (je viens de mettre un « e » à allé, comme si j’étais la mère d’Agnès, peut-être parce que je considère qu’elle n’a pas, plus vraiment de mère, car Jocelyne a été dégueulasse) : allé chercher Agnès pour l’emmener demain chez ma mère.
Hostilité de Jocelyne. Mauvaise foi (sur les vacances, sur mes parents). « Tu vois que tu as pas fait la paix… » lui a dit Agnès. Je lui ai tendu la perche au moment de partir : « Faisons la paix ! »
Agnès : « Faites la paix. »
– « Oui. »
J’ajoute : « Vraiment ! »
Jocelyne : « Non. C’est pas possible. »
Et Agnès, encaissant tout ça.
Jocelyne m’a appelé, une fois qu’on était rentrés ici. Elle voulait s’excuser. Je lui ai parlé d’Agnès. « Il n’y a pas qu’Agnès… » « Tu veux m’atteindre, en la sacrifiant, lui ai-je dit, parce que tu sais que c’est le défaut de ma cuirasse. Tu m’as déjà fait revenir comme ça une fois, mais, cette fois-ci, je ne reviendrai pas, alors tu joues gros… »
– Note écrite à 31 ans
Tout à l’heure Agnès me demande : « Tu sais tout ? » Je lui dis que non, qu’il y a beaucoup de choses que je ne sais pas. « Dis-moi 2 choses que tu ne sais pas ! » « Je ne sais pas réparer une voiture cassée, ni une télévision. » « Non, pas ça, est-ce que tu sais faire du papier ? » Je lui explique que ça ne se fait pas avec ses mains, qu’il faut une machine, ce qu’elle comprend très bien.
Dans le bain, elle jouait au « pétrolier ». Je lui demande si elle sait ce que c’est. « C’est un monsieur qui prend le pétrole et le met dans les usines… » « J’ai trouvé ça toute seule, on me l’a pas dit, j’ai pensé dans ma tête que ça devait être comme ça… »
– Note écrite à 31 ans
Agnès, au Luc, chantonnant dans la voiture : « Quand la mer était solide… » (mer = mère ? Solide = forte ? Quel sens ?)
Elle est de plus en plus adorable. Me fait des bises spontanées, on rit ensemble, on se fait des câlins. Mais elle a néanmoins bien accepté mon départ du Luc.
Agnès, à Tata Adèle, qui parlait « Je ne t’ai pas suivie.. »
– Note écrite à 31 ans
19h58 départ
6h26 Paris
Trace de la panne de bagnole survenue en remontant du Luc sur Paris avec Agnès et et la tante Adèle : remue-ménage. « Réquisition » de Jean-Pierre B. et Mona. Retour en train de nuit. Angoisse et joie mêlées. M’accepter, accepter ma façon de vivre, mon choix. Je ne le dépasserai pas en le refusant, en me culpabilisant.
– Note écrite à 31 ans
Agnès, tout à l’heure, chantonnant :
« Mélancolie, au bord de la rivière, mélancolie… »
Et tout de suite après, elle me demande ce que ça veut dire mélancolie ?
– Note écrite à 31 ans
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