Carnet 9 – Du 21 février 1967 au 23 avril 1967
21/02/1967
CARNETS
Ces temps-ci : beaucoup d’idées intéressantes (noté sur mon dernier carnet un peu en vrac ← manque de place)
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « ALICE »
Pour « Alice » : complément à l’idée du sac à main :
Une bonne femme arrive avec un gros sac. Elle l’ouvre : un petit chien sort sa tête. À côté, une femme a posé son sac à main. On voit la fermeture de ce sac jouer : le sac s’ouvre lentement : une petite fille sort sa tête et se met à parler au chien…
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Depuis l’idée (Blanc-Mesnil) : les pistes d’aérodrome = routes qui s’arrêtent → une voiture sur une piste d’aérodrome, qui fonce. Elle s’arrête brusquement : c’est la fin de la piste. A ce moment, survient un avion qui dépasse la voiture en s’envolant…
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE – NOUVELLE « LES YEUX D’AGNÈS »
(Sous réserves)
Nouvelle possible (?) sur un gars qui n’aime qu’un seul aspect d’une femme.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Parallèle à faire entre l’impossibilité par le corps humain d’évacuer ses déchets et l’évacuation des ordures dans une ville (parallèle ou opposition ?)
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
En reprenant l’idée sur la piste d’aérodrome, possibilité d’intégrer le fragment dans un film policier : poursuite avec échange de coups de feu qui aboutit à un aérodrome. Les fuyards sautent dans un avion qui les attend… L’avion s’élance sur la piste. La voiture des poursuivants se lance à sa poursuite → en bout de piste l’avion décolle et la voiture, stoppée par la fin de la piste, doit freiner et s’arrêter, alors que l’avion continue en s’élevant dans les airs…
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE – NOUVELLE « LES YEUX D’AGNÈS »
En reprenant l’idée de ce jour du gars qui n’aime qu’un seul aspect d’une femme :
Il s’agit d’un gars qui aime sa femme, au départ. Très amoureux, ils sont d’abord très heureux. Puis elle, elle continuer de l’aimer mais lui commence à se détacher d’elle, à la trouver laide. Finalement, il n’aime plus rien en elle, sauf ses yeux. Il adore ses yeux, il est fasciné par eux. En dehors de ça, tout le dégoûte en sa femme. Et, comme il est peintre, il peint ces yeux, il ne peint même plus qu’eux. Il en change la couleur, les reflets, la position mais toujours ce sont ces mêmes yeux. Il organise une exposition : tous ses tableaux représentent ces mêmes yeux. L’exposition est un triomphe. Les tableaux se vendent très bien. Mais, au bout d’un certain temps, le public veut découvrir qui est le modèle à qui ces yeux appartiennent. Le peintre est pressé de toutes parts d’en fournir des tableaux plus complets. Malgré lui, il s’y essaye. Il tente de regarder sa femme et de l’aimer toute entière, assez pour pouvoir peindre autre chose que ses yeux. Mais il n’y arrive pas → il aboutit à un échec commercial. Il se met à détester sa femme et finit par la quitter.
A l’intérieur de cette idée :
Lorsqu’il s’écarte de sa femme et n’aime plus que ses yeux → elle se laisse aller, se néglige, sauf pour ses yeux, qu’elle soigne tout particulièrement. Et lorsque le public réclame au peintre des tableaux du modèle tout entier, simplement elle s’arrange mieux, s’habille et se maquille agréablement, se coiffe soigneusement.
DESSINS
ÉCRITURE – NOUVELLE « LES YEUX D’AGNÈS »
21 h. Mardi soir. Lit. Chose extraordinaire : c’est la 1ère fois que je peux noter cela : j’ai tiré une œuvre achevée, complète, d’une idée notée sur ce carnet… C’est une courte nouvelle qui s’appelle « Les yeux d’Agnès »… Je suis content.
CINÉMA – GODARD
Jean-Luc Godard : « L’autre jour, j’ai rencontré une prostituée. Elle jouait à Anna Karina… »
22/02/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « ALICE »
Pour « Alice » :
Tous les animaux et les objets qui planent.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
← « The servant » : Chasseur dans un hôtel (adolescent) qui s’emmerde. Survient un client qu’il s’empresse de lèche-botter pour moins s’emmerder. Ils lient connaissance.
Le client le baratine
→ le client le coince dans un coin et abuse de lui.
ÉCRITURE
Le comptable sentit quelque chose de dur s’insinuer entre ses omoplates et une voix lui dit sèchement : « Pose ta serviette et les manivelles en l’air, sinon je te transcende aussi sec… »
Le coin était désert, le comptable ne pouvait compter que sur lui-même. La voix était jeune, il s’agissait d’un débutant. Il était sûr que ce qu’on lui appuyait dans le dos n’était qu’une simple pipe…
La pipe cracha une flamme courte. Le comptable s’effondra sur le dos.
Un bruit de pas qui décroît. Une mare de sang qui s’agrandit. Le comptable gisait, la serviette avait disparu.
Finalement l’assassin s’arrêta de courir. Essoufflé, il regarda autour de lui : personne. Il se mit alors à marcher tranquillement et, un peu plus loin, s’arrêta pour allumer son revolver…
23/02/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « ALICE »
Pour « Alice » : utiliser l’ombre gigantesque des objets ou êtres plus grands qu’elle (immobiles ou mobiles) qui tombe sur elle…
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Noté : à Paris, le midi, problème du déjeuner : le gars qui bouffe dans sa voiture…
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « ALICE »
Pour « Alice » : le chas d’une aiguille et le fil qui passe à travers (par exemple : une vieille grand-mère qui voit mal → Alice lui p… (?)
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Dans le métro, station Daumesnil. Plan du circuit du métro dans Paris. Station Daumesnil encerclée de rouge sur le plan → plan de métro avec toutes les stations encerclées de rouge…
ÉCRITURE
A partir de :
Tu sais qui a inventé l’engrenage ?
Non
C’est un chinois. Et tu sais qui a inventé la tyrolienne ? Le gars qui s’est pris les couilles dedans…
→ (faussement sportif) :
Tu sais quel est le bûcheron qui donne les plus grands coups de hache du monde ? C’est un canadien… Et tu sais qui a gagné le record du monde de saut en hauteur cette année ? C’est le type qui en a pris un sur le pied…
→
23/02/1967
ÉCRITURE
Noté d’après opinion d’un lecteur des « yeux »)
On peut penser que le mécanisme de la dégradation de l’amour jusqu’à un seul aspect aimé d’un être est une mécanique qui peut fonctionner à l’envers pour la naissance de l’amour (dans le cas de mon personnage) → il est alors logique/possible qu’il n’aime plus qu’un seul aspect d’une femme ayant aimé ce même aspect au départ et ayant cru pouvoir l’aimer tout entière.
→ Il faudrait peut-être ajouter quelque chose au début : la naissance de l’amour.
Précieux les réactions des lecteurs à l’état brut.
CINÉMA
Le réalisateur est considéré partout avec mépris (y compris par les techniciens).
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Noté d’après une chanson éventuelle de Brel : le type qui roule en voiture, au petit matin, avec une femme morte dans la voiture, et qui lui parle en conduisant…
ÉCRITURE
Un gars rencontre un copain :
Salut, comment vas-tu ? Tu sais, j’ai trouvé du travail. J’entre comme « cableman » à la télévision…
Et bien, tant mieux. Je suis content pour toi. Bonne chance…
Un mois plus tard, ils se rencontrent à nouveau.
Alors, ton boulot à la télé, comment ça marche ?
Penses-tu, j’y suis plus. Je me suis fait vider…
Ah, merde ! Pourquoi ?
Ben je m’enroulais tout le temps dans mes câbles…
Tiens, comment ça se fait ?
Ben, j’étais là, avec mon câble et puis, toutes les dix minutes, y avait l’assistant qui gueulait : « Attention… On tourne… On tourne…! »
ÉCRITURE
C’est l’arrivée de la course cycliste. La foule attend les coureurs avec impatience. Soudain apparaît… un lévrier, qui passe la ligne d’arrivée à fond de train… Un reporter s’approche, un micro à la main, pour enregistrer les déclarations du champion…
– Dites-nous quelques mots, après ce bel exploit… demande-t-il au lévrier…
– J’aimerais bien savoir où est passé ce maudit lapin ! répond celui-ci…
ÉCRITURE
La mère est en train de préparer le déjeuner. Soudain, un grand bruit de verre brisé. Elle se retourne : une main gigantesque passe par la fenêtre de la cuisine, la saisit et la pose dans le jardin…
Mais, Paul ! Tu es grand… Tu mesures au moins dix mètres de haut !
Oui, M’man…
Mais, Paul, tu m’écrases ! Paul, tu me marches dessus… Paul !
Mais M’man, tu m’avais bien dit « Quand tu seras grand, tu pourras faire tout ce que tu voudras… »
24/02/1967
CINÉMA – GODARD
La qualité plastique des films de Godard les fait passer auprès du public. Sans Coutard, Godard ne serait plus rien du tout. D’ailleurs quels sont ses films qui ont le moins bien marché, ce sont les moins « beaux » (« Carabiniers » – « Bande à part » – « Vivre sa vie »)
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Personne. Il n’y a personne.
MUSIQUE
Ronde ← cours de musique : chanson à refrain… J’aimerais écrire des rondes (Nerval ?)
ART
L’expression. Problème de l’expression.
DESSINS
MOT -ÉCRITURE
Quand le ciel est bleu, quand le soleil brille, on vient trouver les « copains » pour faire la causette… Et, la nuit, quand on n’arrive pas à dormir parce qu’on est ulcéré, torturé par la souffrance, qui est là, qui vient ?
ÉCRITURE – RÉFLEXION
Histoires humoristiques : forme d’art (?) utilisable quotidiennement, dans beaucoup de situations. Art qui n’exige pas qu’on cesse toute autre activité pour s’y consacrer… (→ art total ?)
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Dans la série des « Qu’est-ce que ? »
→ série de films chacun sur un élément (lampe, tableau, etc…) Chacun de ces éléments dans le même ensemble (exemple : dans une même pièce → à la fin, un ensemble est décrit.
ART – RÉFLEXION
Mauvais. Tout ce que je fais est mauvais.
CINÉMA – IDHEC
Se renseigner pour savoir :
Est-il possible de déposer des accessoires à l’IDHEC
Gamme d’objectifs pour le Caméblimp
Rails de travelling dans le champ ?
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Je pense toujours (ai-je ou non tort ?) qu’il existe toujours un « joint » possible pour entrer en contact avec les gens.
Constamment, je refuse de croire que rien ne se passe, j’attends que quelqu’un se manifeste et vienne entrer en contact avec moi, appréciant ce que j’essaye de faire. Car j’essaye, j’essaie constamment. Je me dis toujours que, quand quelqu’un est emmerdé, apathique ou irrité, il existe un moyen de l’intéresser, de le recontacter.
ÉCRITURE – NOUVELLE « LES YEUX D’AGNÈS »
Notes pour une réécriture des « Yeux » :
Il ne peint pas que sa femme (dans tous les cas) ; il peint d’autres choses, paysages, natures mortes, et sa femme.
25/02/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
J’étais derrière un type par qui je ne voulais pas être vu ; il lisait une revue sur laquelle il y avait une grande photo représentant un personnage devant un miroir… →J’ai eu un mouvement de recul instinctif, ayant peur qu’il me voie dans le miroir…
CINÉMA – COURS IDHEC
Pendaison au cinéma : ceinture de parachutiste.
IDÉE – SPECTACLE
Idée pour spectacle total : film au ralenti → sur scène : personnages et accessoires évoluant au ralenti également.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Groupe de jeunes voyageant, en vacances.
Ils arrivent dans une ville, au bord de la mer.
Chacun va où il veut; ils se retrouvent de temps en temps, à la terrasse d’un café, serviette à la main, en maillot de bain, carrosserie brillante des voitures, pour aller à la mer. Liberté.
Situations de tous les jours dans une ville nouvelle → transformation.
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
Se méfier d’une certaine excitation, d’une certaine satisfaction que l’on a facilement, parce qu’en écrivant on ne se heurte pas aux mêmes difficultés qu’en tournant et qu’il paraît plus facile de réussir ses desseins. Écrire dans le calme, sans illusions, avec attention et lucidité.
27/02/1987
ÉCRITURE – NOUVELLE « LES YEUX D’AGNÈS »
Terminé ce matin une 2ème version des « Yeux d’Agnès ».
CINÉMA – DROIT – IDHEC
→ lire :
Organisation et réglementation du cinéma français
Traité théorique et pratique de droit du cinéma français et comparé (Lyon Caen et Lavigne)
Notaires et avocats (Paris) (90 Fr. les deux volumes) bibliothèque de l’IDHEC
Droit du cinéma (Raynal)
Histoire économique du cinéma (1947) bibliothèque de l’IDHEC
Cinéma et monopoles (Henri Mercillon) Armand Colin IDHEC
PHOTOGRAPHIE – COURS IDHEC
Cours de photographie de Sonthonnax
On a tendance à dire que la photo est 1/objective 2/ immédiatement compréhensible.
1/ Elle n’est pas objective
2/ D’après exposition (Europe) (représentative ensemble photo mondiale : (illisible)
– photo scientifique technique
– photos « belles »
– reportage
→ série de questions sur 48 000 personnes :
1/ Quelle photo voulez-vous posséder ?
Réponse : 51 % → scientifique ou documentaire – 38 % → signifiante – 11 % → artistique
2/ Idem pour être montrées ou exposées aux murs :
Réponse : 2 % photo accrochée – 52 % photo moyens format pour classement – 46 % photo imprimée ou sur livres et albums
3/ Quelle photo exposée ici désirez-vous avoir faite
22 % sans opinion – 21 % artistiques classiques – 20 % reportage sensation – 11 % documentaires – 8 % signifiantes (symboliques) – 18 % photo que j’aime et celle que j’aime faire #
Que représente telle ou telle photo → donnez un titre
ou bien :
choisir parmi trois réponses possibles (réponse en 10 à 20 secondes) : 76 % réponses symbolistes
→ phénomène qui ne se produit pas au cinéma.
13 % réponses correspondant à ce qu’on peut attendre.
11 % aberrants troubles mentaux.
Quelle est la photo que l’on comprend : celle que l’on fait (signification sentimentale à la prise de vue – photo dans portefeuille – sac à main)
1/ Ne bougez plus.
Le fond est gênant : phénomène inverse cinéma.
2/ Personnage au premier plan avec fond.
3/ Lieu immobile (fixe- sans personnages)
4/ Lieu animé (rue – etc.)
5/ Animal (fixe dans une attitude)
6/ Photo personnage + chose (automobile)
7/ Souvenir circonstances
6 % seulement sujets en mouvement
Motivations (avouées) :
– le fait de faire quelque chose artistique ou techniquement difficile → dans huit familles sur 10 : l’usage de l’appareil familial est interdit aux femmes (permis aux enfants mâles). Format préféré :
(influence écran télé et ciné) surtout chez les moins de 18 ans : reproduisent la télévision. Un enfant de 10-11 ans : photo reproduisant l’écran de TV.
D’où viennent les troubles de signification et que faire pour les empêcher ?
Origine : complication. Il faut procéder à un découpage. Isoler un sujet
2 méthodes :
1/ Classique. Composition
2/ L’utilisateur photo : une photo n’existe pas = matériau qui doit entrer en jeu avec d’autres éléments
→
composition : elle n’existe pas (au départ : réunir ensemble des éléments dispersés. Photo = moyen de conserver quelque chose, même si mise en scène).
Photo = découpage
Mouvement immédiat de la vision :
Photo bien comprise si découpage
1/ par la légende (arme à double tranchant surtout sur hebdomadaire).
2/ Meilleure méthode : texte
3/ Montage (comme au cinéma) bande dessinée
Photo infirme par rapport au cinéma : n’impose pas un sens comme lui.
Impossibilité à devenir du discours (sauf dans montage projection)
Sonthonnax (d’après discussion avec Resnais lui-même) : Resnais fait bouger la caméra lorsqu’il a affaire à un sujet dynamique (pas forcément en mouvement) (exemple film sur peinture) → il va jusqu’à un point (pas plus loin parce qu’il ne veut pas nous montrer plus loin) puis revient, etc.
Lorsque sujet fixe et qu’il veut concentrer l’attention sur le sujet, il utilise le cadre à l’intérieur de l’image qui enferme le sujet. Parce que : cadre de l’image de cinéma n’existe pas → possibilité d’évasion. Appel à l’évasion.
Photo = centripète
Cinéma et peinture = centrifuges.
VÉCU – PEINTURE – PICASSO
Dans 10 ou 15 ans, quand on parlera de la grande exposition Picasso, je pourrais me dire que je passais devant tous les jours pour aller au restaurant universitaire (et je n’y ai jamais mis les pieds…)
DESSIN
Je voudrais tuer la mort. (2014 : from Internet : fait)
01/03/1967
CINÉMA – MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDES IDHEC
Mémoire de l’IDHEC intéressant :
14ème promotion Colin F. « Alain Resnais »
17ème promotion Samson F. « La création chez Alain Resnais ».
DANSE
Idée (noté ← Théâtre de la danse)
Danseurs effectuant leur figure devant un écran sur lequel défile un paysage → impression que les danseurs se déplacent par rapport à ce paysage.
CINÉMA – RESNAIS – MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDES IDHEC
Noté (← mémoire de fin d’études IDHEC (Samson : « La création chez Alain Resnais »)
(Pourquoi noter cela plutôt qu’autre chose ?)
Déclaration de Forlani :
«… son côté comédien. Qui devient parfois mystificateur. Ainsi il a gardé une lettre de moi depuis la guerre, non décachetée, en déclarant : ce sera bien plus drôle de l’ouvrir dans 15 ans… »)
ART – VÉCU – RÉFLEXION
Minuit moins le quart
J’achève à l’instant de classer mes manuscrits « poésie ».
Un dossier tapé.
Un dossier à taper (par ordre chronologique aussi précis que possible).
J’ai décidé d’essayer au maximum de « me récupérer ».
Dans quel but ?
1/ « Faire le point » de moi-même.
2/ Pouvoir taper à la machine tout ce que j’ai écrit pour pouvoir le présenter éventuellement.
Clarté. Efficacité.
Désir panique également de ne pas perdre mon passé.
Insatisfaction parce qu’avec ces textes, je voudrais récupérer le jour, l’heure, le lieu, les circonstances dans lesquels je les ai écrits.
Deux solutions (sans compromis possible) :
– Soit ne rien écrire du tout
– Soit tout écrire, mais est-ce possible ?
Actuellement : pantalon pyjama blanc à bandes fines roses verticales et vestes idem à bandes bleues. Cigarettes (Gauloises) assis à ma table ouverte pour la circonstance du classement. Lampe de chevet sur bouteille (abat-jour jaune bleu rouge écossais. En face de moi : planning des exercices 16 muet IDHEC punaisé.
Bruit : tic-tac réveil. Autos (pas nombreuses) du boulevard Poniatowski. Robinet qui fuit dans la cuisine.
Dessus bibliothèque blanche encombrée : deux bouteilles revêtement osier (+ fleurs sèches (une lanterne de chantier (volée avec Jo boulevard Michel Bizot cet été) trois lettres (auxquelles je dois répondre : Mère aub’ Piriac. Mouvement de la paix. Yvon (répondu dès hier pour sa venue à Paris). Photo de Jo dans cadre offert par cousine Lily. Paquet de feuilles brouillon (offert par René). Poème d’Olivier Dvorak. Poème à envoyer à Jo (qui lui sont dédiés). Classeur IDHEC. Officiel spectacle. Le Monde d’aujourd’hui. Les clés de la maison. (Plus un gant sur rayon inférieur : l’autre perdu). Reportage Fondation Suisse).
ÉCRITURE – NOUVELLE « LES YEUX D’AGNÈS »
J’ai écrit la première version des « Yeux d’Agnès » couché, le soir. La deuxième idem. Tapé à la machine, le matin.
02/03/1967
CHOSES ENTENDUES
Restaurant universitaire. 13h30. Grand palais. Queue. À côté de moi deux types discutent, deux étrangers (mauvaise prononciation française) : l’un des 2 = vietnamien ? L’autre demande quel est le climat du Vietnam parce qu’on lui a dit qu’il était trop chaud pour jouer de la clarinette…
RADIO – AUTRES
0h10.
J’étais en train de ranger mes manuscrits. Je me couche. Tout à coup, je m’aperçois qu’il y a une voix qui parle dans ma chambre : c’est la radio. Une voix qui annonce, juge, débite sans fatigue ni hésitation. Une voix étrangère et incivile. Prête au dialogue, dialoguant déjà, mais avec quelqu’un d’autre que moi, dans ma maison, cet autre que je suis le plus souvent. Mais, pour un moment, je me suis dédoublé, je suis sorti de moi-même.
Surtout sensible dans dialogue à la radio (= « Qui sont ces gens qui parlent chez moi comme chez eux ? » Dialogue dont je suis exclu…)
IDÉE – SPECTACLE
Illumination : en relisant mes notes, je trouve une idée : danseurs (personnages) au ralenti devant film au ralenti
À synthétiser avec les danseurs qui dansent devant le paysage qui défile…
→ il faudrait continuer dans ce sens et en tirer peut-être un spectacle assez rapidement.
IDÉE – SPECTACLE
Pourquoi pas : spectacle où spectateurs en rond, en surélévation, autour d’une scène plane. Sol blanc.
A partir du plafond : projection d’images sur le sol. Ballet utilisant cela. Danseurs dansant sur l’image.
03/03/1967
ÉCRITURE – NOUVELLE « LES YEUX D’AGNÈS »
Pourquoi ne pas faire une pièce de théâtre des « Yeux d’Agnès » ?
→ Non : pas possible. Pas de stylisation possible. Mais en faire un film ? J’essaye de réécrire cette nouvelle sans y arriver. Pas de possibilités littéraires…
Ce qui est plaisant pour moi dans la littérature américaine, c’est – surtout dans le dialogue – une utilisation de fragments sans rapport entre eux autre que la continuité du dialogue. Sens de la discontinuité → un style.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
En prenant l’ascenseur, j’ai toujours peur de m’être trompé d’étage ou que l’ascenseur marche mal et, lorsque j’ouvre ma porte, j’ai l’impression d’entrer dans une maison qui n’est pas la mienne, même en voyant tel tableau au mur, tel meuble, tel objet.
→ Idée ci-dessus un type qui entre chez lui et pas chez lui.
MUSIQUE – CHANSON – JACQUES BREL
En ce moment : belle chanson de Brel. « Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour… » Très belle.
ÉCRITURE – NOUVELLE « LES YEUX D’AGNÈS »
Possibilité pour « Les yeux » : supprimer tout élément explicatif, limiter la narration à des actes, des gestes, des objets…
04/03/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Un type chargé dans un film de placer une quantité de dynamite pour faire sauter une voiture et qui fait sauter toute l’équipe en mettant une charge considérablement plus forte…
VÉCU – MON FRÈRE RENÉ
0h30
À minuit moins le quart : avenue de Neuilly : accident en 2 CV avec René.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Un gars qui se réveille avec l’idée que le monde a changé, que lui-même a changé et que les filles vont maintenant lui sourire et qu’on va s’intéresser à lui…
→ il s’aperçoit qu’il n’en est rien.
05/03/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « ALICE »
Noté ← film polonais week-end. 1 plan :
Pendant 1 ou 2 secondes du plan, l’œil ne s’accommode pas du décalage des dimensions entre assiette et verres (ce ne sont pas des verres normaux mais de petits verres à liqueur → existence d’un espace où les dimensions sont polyvalentes, mal définies, sans repères : est-ce l’assiette qui a grandi par rapport aux verres (aucun autre repère sur la table) ou bien est-ce les verres qui sont tout petits ? Pendant 1 ou 2 secondes : pas de repères (remarqué aussi dans d’autres films, au début de certains plans). → cf. les Houches : je pensais qu’un unité dialectique des dimensions était possible, c’est à dire ne faisant pas prédominer une dimension plutôt qu’une autre, ne pas donner de repère qui détermine un monde fixe.
→
Rechercher à nouveau dans ce sens. Peut-être par le montage ? (Cf. les débuts de plans voir + haut)
?
Je cerne une possibilité que j’avais déjà pressentie (utilisation du montage pour les dimensions) :
Dans le cas de ce plan d’assiette et de verres, si on le fait précéder de :
1 plan où les verres sont plus grands qu’un ou plusieurs objets de la taille de l’assiette…
Le verre paraît gigantesque. Et lorsqu’on passe ensuite au plan des verres et des assiettes, on a l’impression simultanée (c’est à dire que la dialectique est atteinte → repères variables) Voici une utilisation possible du montage pour créer une ambiguïté permanente dans le domaine des dimensions.
→ importance du cadre qui pose ou élimine les repères. Ambiguïté plan fixe. Mouvement de caméra découvrant les repères.
Travelling entre 2 et 3 montrant que c’est les verres qui ont changé de dimensions parce que : fourchettes mêmes dimensions qu’assiette et assiette même que bouteille aussi → seuls les verres changent.
→
Monde en mouvement perpétuel
→
Monde où peut ne plus exister la perspective…
Je crois : une possibilité dans le cas de montage (Cf. + haut) lors d’un changement de plan, les éléments qui se retrouvent d’un plan à l’autre peuvent ne pas changer de dimensions (mais pas de règle : solution inverse possible aussi mais plus déroutante, me semble-t-il)
Nota : faire attention à la confusion permanente (ambiguïté = confusion)
Donner des points de repère assez souvent (peut-être choisir une méthode (par exemple : les éléments qui se retrouvent de plan à plan sont censés ne pas changer de dimensions.)
Référence : le conte où un petit enfant rencontre une famille d’ours dont les tailles vont décroissant. Ces ours ont chacun un lit et il dort dans le lit du plus petit. Les divers lits côte à côte : mélange de dimensions là-aussi.
→ richesse des contes d’enfants et des littératures populaires.
Nécessité de dramatiser. Ne pas montrer simplement un monde mais introduire une notion dramatique (au sens large, c’est à dire pouvant être comique) qui justifie et soutient la mouvance de ce monde
Il me paraît de + en + difficile de faire « Les plantes ». « Les plantes » et « Alice » se rejoignent.
Ici : monde où les dimensions n’existent pas de façon stable # monde réel, de tous les jours, où nous connaissons les dimensions des choses parce que nous nous déplaçons parmi elles, parce que nous agissons sur elles, par contact utilitaire.
Ici : nous somme passifs. Art d’agrément (apparemment) sa vertu est d’être différent de la vie et de mieux nous faire saisir celle-ci, car nous nous retrouvons des êtres libres et agissants et le monde existe par notre action.
→
Prolongements philosophiques. On peut construire toute une conception du monde à partir d’un verre, d’une assiette et d’une fourchette. Le monde tout entier se retrouve dans un de ses fragments.
Exemple de dramatisation :
Lampe émettant une faible lumière → elle grandit → très forte lumière éclairant tout autour.
Très important :
Introduire une modification autre que le changement de dimensions et provoquée par lui.
Pour « Alice » :
Alice rapetissant, un petit gâteau lui sert de provisions pour plusieurs jours.
07/03/1967
THÉÂTRE
J’ai vu hier (il y a deux heures…) « L’agression ». Ce n’est vraiment pas une très bonne pièce. Que dire de plus ? Les projections restent très traditionnelles. Elles paraissent (ainsi que le son) supplémentaires, rajoutées… Cela vient du jeu des acteurs qui, lui, est très réaliste (opposition de ce point de vue entre groupes de jeunes et reste de la troupe – traité en chœur au antique qui prend la parole et se déplace collectivement).
08/03/1967
CINÉMA – CRITIQUE
François Weyergans (← Cahiers du Cinéma)
« Les fils ne font pas exister le cinéma, mais ils le font parfois deviner… » !
→ Aboutissement du délire de « la critique » : le cinéma existe « en soi », les films ça ne compte pas… Ben merde !
Vu « Os Fuzis »
Fondu au blanc → impression d’inaccoutumé. Pourquoi pas avec fondu au noir ? Noir aussi onirique que blanc ← Habitudes.
09/03/1967
CINÉMA – « LES DEMOISELLES DE ROCHEFORT » – JACQUES DEMY
Vu hier soir « Les demoiselles de Rochefort ».
Seule chose que je veux en dire : me font chier les motos, bateaux, etc. américains qui ont financé le film et pour lesquels il fait de la publicité. pour faire une comédie musicale : obligation de recourir au fric américain et de travailler pour lui. Pas con de la part de Jacques Demy, nécessaire, mais précisément : chiant parce que nécessaire. D’autre part : rien ne change – Jacques Demy fait le film pour le marché américain. On en revient à la comédie musicale. On peut dire : il s’en fout que ça ne marche pas en France, il fait ça pour l’Amérique. Ce qui serait intéressant, c’est qu’il le fasse avec de l’argent français, pour la France et que ça marche ici. les français n’ont pas la tête musicale. Quant à l’Amérique, elle ne chante ni ne danse plus : elle fait la guerre…
J’assassinerais volontiers Jean-Louis Bory. Quel con !
10/03/1967
Notes pour « L’aveugle » à ne pas saisir
CINÉMA – TECHNIQUE – COURS IDHEC
Premières plongée contre-plongées, etc. (angle de prise de vue) = Jean Epstein (1930)
1ers travellings : Promio → Griffith (spécialement) → Pastrone (sur rails).
11/03/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE -1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE – FILM FIN D’ÉTUDES IDHEC « LA DANSEUSE ET SON DOUBLE »
Idée de ballet (en écrivant à Jocelyne) : Thème du miroir : écran de cinéma face au spectateur : la danseuse arrive devant. Sur l’écran : son image fait les mêmes pas puis la danseuse et son image se séparent et dansent différemment.
ÉCRITURE
Le jeu auquel on joue toujours quand on est gosse : répéter un groupe de mots plusieurs fois de suite, en faisant varier le début. Ex :
GO HOME US
GO HOME US
US GO HOME
US GO HOME
En enchaînant : (GO HOME (US) GO HOME)
Impression que ça dépasse le plan du langage, mais comment ? À fouiller…
11/03/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « ALICE »
En reprenant notes du Dimanche 5 et Lundi 6 : modifications autres que le changement de dimensions et provoquées par lui :
Si c’est Alice qui change de dimension seule ? → une toute petite flamme qui éclaire et chauffe très peu une pièce devient un grand feu qui chauffe et éclaire très bien pour Alice lorsqu’elle est devenue minuscule.
→
Ceci va dans le sens défini dans un carnet précédent : rétablissement des fonctions habituelles dans un univers nouveau (dimensions changées)
Mais :
Est intéressant également de montrer dans cet univers nouveau les mêmes qualités des objets qui ont changé de dimensions (non objectivement mais subjectivement puisque c’est Alice qui a changé)
Exemple : Alice coupe un bout de bois de quelques centimètres en fait mais qui, par rapport à elle, paraît être un tronc d’arbre. Dans l’univers normal, il devrait, si on l’allumait brûler très longtemps. Ici ce tronc d’arbre brûle en quelques secondes.
12/03/1967
VÉCU – MUSIQUE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – AUTRES
« Rollingstones » : un moyen…
Un moyen d’être enfin soi-même, de se défouler, de se libérer, d’exploser, d’inventer, de créer, de participer, d’être aimé, d’être admiré, pour un tas de gens.
Moi : je ne sais pas exploser, me défouler, me libérer. Je reste ratatiné, les pieds en dedans, le menton pesant. Je refuse ces explosions-là. Mais j’ai raison : les mêmes gars, libre et triomphant, une fois rentrés chez eux, dans leur bonne petite famille, cessent de chanter et danser pour redevenir des pauvres types complexés, refoulés, petits, rampants. Peut-on s’accommoder d’une réalisation de soi-même qui soit momentanée, incomplète ? J’aime encore mieux m’affronter dans mon refoulement. Je refuse le factice.
ÉCRITURE
Essais Écriture:
Le rythme du hoquet
La rage de définition
13/03/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Idée très vague :
Un type, une bonne femme, n’importe qui… croit qu’un balai est une chose en soi, donnée une fois pour toutes et formant un bloc solide.
Or, un jour, les poils du balai tombent. Elle (admettons qu’il s’agit d’une femme) s’aperçoit qu’un balai est fait de bois et de crin, distincts.
Pour le réparer, il lui faudrait de la colle. De la colle… Elle n’en a pas. Elle n’avait pas prévu qu’un balai puisse s’effilocher ainsi…
Elle prend conscience qu’il en est de même pour tous les objets de notre vie courante. Simplement il y a un passage du simple au complexe, du balai à l’aspirateur.
Autrefois c’était simple. On voyait les objets. Il n’y avait pas de machines, pas de moteurs, c’est à dire pas d’intérieur inaccessible au regard et à la main de l’usager.
Maintenant l’intérieur, l’origine de l’activité de l’objet (admettons que l’objet est maintenant toujours mécanique et agissant) est cachée.
Ce n’est plus la colle qui manque pour réparer le balai mais la connaissance même de ce qui est à réparer (sans parler de la réparation elle-même)
Autrefois on réparait soi-même après avoir vu ce qui clochait. Aujourd’hui on ne peut plus voir, on est perdu. Quand la télé tombe en panne, on tape dessus, avec une rage impuissante. Et on appelle le réparateur car (c’est la clé de notre époque : la division du travail) il existe des gens spécialisés dans les intérieurs d’objets, qui savent voir à l’intérieur et détiennent la colle pour réparer le balai moderne.
→
Idée d’un personnage qui découvre que le monde est fait d’objets divers eux-mêmes faits d’éléments divers, de matériaux, de pièces hétérogènes. Découvre ça à l’occasion d’une panne, d’un objet qui tombe en morceaux.
→
Idée (comique) : tous les objets de sa maison tombent en panne successivement.
Le monde se détraque, tombe en lambeaux, s’effrite. Avec opiniâtreté, elle cherche à comprendre comment tous ces éléments que l’on retrouve épars, dissociés, étaient organisés. Elle doit obligatoirement faire appel au réparateur.
14/03/1967
MUSIQUE – COURS IDHEC
Cours de musique.
Nature = répétante (chants d’oiseaux – vagues) # Laborit (rien ne ressemble à rien)
Barbant dans la campagne : les bruits toujours semblables. Moment intéressant : une vague surprenante, qu’on n’attendait pas.
Messiaen (= « Quatuor pour la fin du temps »)
Chacune des parties forme un tout et est indépendante des autres.
Statisme et progression.
Forme essentielle : la répétition (par la répétition de petites bribes → forme musicale).
Chez le compositeur moderne : ouverture aux bruits qui n’existait pas jusqu’ici.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Prendre une position d’un mouvement immobilisé par la photographie comme une position d’une attitude dans la réalité (bande-son + photo)
Exemple : on prendrait un sauteur qui saute en hauteur ou → la perche et qui est immobilisé au sommet du saut par la photo comme étant là-haut en permanence
(Travail de cinéma : retour en arrière du film ?) (Aller-retour = statisme ?)
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « ALICE » – PROJET « LES PLANTES »
Je reviens sur la question des qualités nouvelles des objets dans un monde aux dimensions nouvelles :
Exemple : pente de terre qui s’effrite + son : bruit d’avalanche (Cf. bruit d’avion sur travelling au dessus des herbes)
MUSIQUE – RADIO – COURS IDHEC
Prof de musique : intérêt du disque, de la radio : écoute « acousmatique » : on ne voit pas l’orchestre. Séparation-fragmentation, à mon avis. Moi, je recherche l’unité (jazz). Les deux sont possibles à mon avis. C’est l’homme moderne.
16/03/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Un personnage monte dans le métro (admettons : ce peut être une auto ou quelque chose comme ça). La fermeture des portes est automatique et on ne peut plus les ouvrir pendant le trajet. Lorsque les portes se ferment, son manteau reste coincé, il ne peut plus le dégager car le métro démarre.
Il prend ça en rigolant. Sa femme, qui est avec lui, va s’asseoir pendant que lui reste, prenant son mal en patience. Pendant le trajet, un drame éclate : sa femme est assaillie par un type. Lutte. Le type sort un couteau ? Voyant cela, le personnage essaie d’intervenir mais il est coincé. La situation, simplement amusante du début devient dramatique. Il est pris au piège (Cf. Hitchcock)
17/03/1967
VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE
Aujourd’hui : anniversaire de Jo.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « ALICE »
Pour « Alice » : possible (+ riche ?) Alice + objets également changent de dimensions.
On (qui ?) lui demande quels sont les objets qu’elle voudrait garder pour qu’ils changent de dimensions avec elle. Elle choisit ? Peut-être : poupée + son lit (qui grandit avec elle ← France-Soir)
Voir objets qu’elle emporte avec elle.
Évidemment elle n’y réfléchit pas : lorsqu’elle grandit, les objets aussi → ils font craquer le milieu ambiant (ils ne se déplacent pas, bien sûr, elle : si !) Lorsqu’elle revient aux dimensions normales, elle ramène les objets qu’elle avait emportés et qui ont rapetissé. Mais elle en oublie un → lorsqu’elle est redevenue normale, tout à coup, au milieu de sa chambre, son armoire éclate sous la poussée d’un objet qui revient à ses dimensions normales…
19/03/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « ALICE »
Il y a quand même une raison de faire « Les plantes » distinct d’» Alice » parce que : la présence de l’élément humain crée un repère extrêmement fort qui peut facilement déporter l’attention vers les péripéties dramatiques au détriment des dimensions (c’est un danger dont il faut être conscient) Dans « Les plantes » seules compteraient les dimensions avec ce risque en moins. Ce n’est qu’une question d’efficacité.
Pas encore noté – Je le note : une vieille idée à adapter au cinéma un chapitre de « Nils Holgersson » : celui où Nils vient rendre à la mère écureuil capturée ses petits…
20/03/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « ALICE »
Pour « Alice » : ?
Allumette qui sert de flambeau
En contradiction avec « l’arbre qui brûle très vite » : ici l’objet a les qualités de son nouvel univers, il change, devient complètement différent, il y a adéquation aux dimensions nouvelles. Je crois qu’il ne faut sans doute pas hésiter à mélanger les deux (objets aux qualités inchangées et qualités nouvelles).
20/03/1967
FILM FIN D’ÉTUDES IDHEC « LA DANSEUSE ET SON DOUBLE »
Je retravaille mon idée de « l’écran-miroir »…
Une fille entre sur la scène, vêtue d’un imperméable. Elle arrive devant un écran. Son double entre dans le champ – même mouvement. La fille regarde son double, lui donne des ordres : « Debout – accroupie – tourne… » Le double exécute les ordres, effectue les mouvements (après avoir donné un ordre, la fille exécute le mouvement elle-même et le double suit). Or, à un moment, elle donne un ordre, effectue elle-même le mouvement, mais le double ne bouge pas… Elle renouvelle son ordre, refait le mouvement = même jeu… Puis elle entend le double s’exprimer : « à ton tour maintenant » lui dit-il et il donne des ordres et la fille exécute à son tour des mouvements sur l’ordre du double → c’est le double qui maintenant « mène la danse ». Car il s’agit, en effet, d’une danse (la fille peut-être une danseuse qui fait des exercices et elle parle à son corps, (lorsqu’elle parle au double) dont elle a l’habitude d’exiger des efforts, sans pitié) → Effets possibles : à un moment, dans la danse, le double se tourne et ne peut plus voir la fille → elle se retourne et lui fait une grimace puis, vite, se retourne parce que le double se retourne. Même jeu, un moment plus tard, mais là elle profite de ce que le double a le dos tourné pour sortir de l’emprise et s’enfuir hors du champ du miroir. À ce moment, le double se retourne, ne la voit plus et s’avance pour regarder où elle est passée… La fille boude. Dialogue entre elles deux. Le double l’invite à revenir. Le double promet qui ne l’obligera plus à danser de telle ou telle façon, mais qu’elle sera libre. Elle revient et elles dansent, chacune à sa façon, en dialoguant par la danse… C’est l’apothéose finale dans l’exaltation du corps, la joie et la liberté.
21/03/1967
FILM FIN D’ÉTUDES IDHEC « LA DANSEUSE ET SON DOUBLE »
Autre possibilité pour « Le double » : supprimer l’écran. Utiliser le mime (deux danseuses sur scène et non une danseuse + la même sur l’écran). Le rapport image-double n’est pas réel mais suggéré. Dans une première partie : le contraire de ce que je voudrais faire, mais à la fin, justement : éclatement des conventions du mime → danse pour elle-même. Décor : scène entièrement nue → évocation du miroir et du double par le mime seulement.
Autre chose importante : éviter si possible que le double et la fille dansent en même temps (*).
Intéressant, justement : fille immobile et double bougeant.
→ Fille immobile, assise par terre, avec un tam-tam, tapant dessus pour donner le rythme → le double danse → « scénario » :
1/ Symétrie (le miroir) : deux danseuses – mêmes gestes – insistant sur le miroir (sont ?) La fille exerce son corps, fait jouer ses muscles, prend des attitudes → le double suit avec une fidélité scrupuleuse. Elle fait des pointes, des pas de danse en se regardant dans le miroir.
2/ Soudain : elle s’arrête → arrêt du double. Elle tape dans ses mains, se recule, s’installe, regarde, confortablement par terre (le double bouge pas). Alors, par gestes, elle met en mouvement. En tapant dans ses mains (ou tam-tam ?), elle le fait danser. Elle le met à rude épreuve en lui demandant de gros efforts.
3/ Le double tombe à terre, épuisé. La fille, irritée, tape dans ses mains, du doigt lui ordonne de se remettre debout et de continuer. Le double lève la tête, la regarde. La fille le regarde, interdite. À ce moment, le double se cale confortablement à son tour et fait un geste de la main → la fille se lève et danse sur les ordres du double
→ nécessite une nouvelle conclusion (on ne peut plus faire : la fille qui se libère pendant que le double a le dos tourné puisqu’il reste immobile, par terre tout le temps ?
→ Conclusion possible pour ce « scénario » :
Le double s’excite tellement à diriger la fille qu’il se met à danser aussi et, un moment, se retourne et ne peut plus voir la fille → celle-ci, d’un bond, se libère de son emprise. Lorsque le doute se retourne, il est trop tard : elle s’est enfuie. Le double l’appelle, l’implore de revenir. D’abord elle refuse, puis accepte. La fille et le double signent un pacte.
→ La fille fait passer le double de ce côté-ci du miroir. Elle le libère → le double n’en est plus un, ce n’est plus une image. C’est désormais une deuxième fille → liberté – chacune danse (simultanément, mais chacune comme elle l’entend…) Joie.
← Tel quel, ça devient l’expression de la libération de certaines forces cachées en nous qui demandent à voir le jour et que nous brimons (le double, ce qu’on voit dans le miroir, c’est nous, mais révélé (lorsqu’on sait regarder) dans une vérité nouvelle.
Étant donné que le personnage est une danseuse, c’est-à-dire une artiste, c’est aussi la nécessité découverte d’accepter que son œuvre vive une vie indépendante de soi (et pourtant liée à soi) qui l’enrichit réellement (on passe de la technique à l’art).
Je remarque : absolument sans le vouloir (bien sûr), en me laissant aller à mon instinct, je suis arrivé un résultat symbolique, c’est-à-dire exactement ce que je pense qu’il ne faut pas faire…
(*: déperdition de l’intérêt – difficulté de la simultanéité. Je suis pour la simultanéité des divers arts, mais à l’intérieur d’un seul art ? (→ Nécessité de concentrer sur un seul objet) ? → D’où la nécessité de lier les divers arts par un lien « de nécessité » → « Tout notre effort à la poursuite de l’unité » (Corbusier) Cf. mon 1er carnet, déjà, je sentais ça. Quoi que : sans doute, la voie opposée est également valable (Cf. Béjart)
23/03/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « ALICE »
Je veux seulement noter une idée : en reprenant l’allumette…
Deux possibilités :
1/ Allumette = flambeau → nécessite trucage – matières spéciales.
2/ Allumette = flambeau aussi, mais → construite normalement en bois et souffre… → Inverse de « l’arbre qui brûle très vite » = allumette qui brûle très lentement…
Inverse en ce cas du rapetissement = gigantisation de l’allumette « Alice restant a ses dimensions normales)…
Domaine opposé mais rejoignant l’autre…
(« Les extrêmes se rejoignent »)
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
(Nécessite une direction d’acteurs → frivolité – légèreté)
(S’habituer à ne pas considérer une « idée » comme suffisante → inclure la manière de la réaliser.)
Une fille se recoiffe en se servant de la photo de son amant comme miroir (← soit cause une certaine incidence de la lumière soit pourtour de la photo = miroir)
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « ALICE »
En reprenant l’allumette : si c’est Alice qui rapetisse et l’allumette qui reste inchangée → + fantastique, je crois. Permet une utilisation dans le sens de la dramatisation.
USA – GUERRE DU VIETNAM
Je note (← radio) : soldat américain appelé au Vietnam. Son propriétaire exige qu’il paye son dernier mois de loyer + obligation de repeindre complètement son appartement avant de partir. Le soldat accepte, mais… il repeint tout en noir… ← peut être considéré comme révélateur d’un état d’esprit…
26/03/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – DIMENSIONS – PROJET « ALICE »
Jouer (ou plutôt ne pas jouer) sur l’ambiguïté perspective / changement de dimensions
Voiture minuscule sous les jambes du personnages
ou bien
Voiture au loin, vue à travers les jambes d’un personnage au 1er plan →
Je sens une utilisation possible mais comment ? →
Peut-être ? Possibilité de trucage pour changement de dimensions (rapetissement ou grossissement) mais alors la notion de perspective doit être masquée. Ou alors : jouer sur l’ambiguïté dans le changement de dimension et aboutir tantôt à des dimensions nouvelles tantôt à un déplacement dans la perspective.
Ce qui serait marrant :
Par exemple : une voiture qui s’éloigne vers le fond de l’espace (perspective) et, lorsqu’elle est assez loin, c’est à dire apparaissant toute petite, à ce moment, la main d’un personnage la saisit comme un jouet (synthèse de la perspective et des dimensions objectivement modifiées)
→
Bagnole s’éloignant, cherchant à s’échapper… → On peut concevoir un monde vu par un personnage (subjectivité) mais où les objets changent objectivement de dimensions en fonction du regard. Exemple : le personnage se trouve près d’un objet qu’il veut saisir. Mais cet objet est trop gros.
→ Il se recule → par la perspective l’objet est + petit → objectivement il l’est aussi → le personnage peut alors le prendre entre ses doigts.
31/03/1967
CINÉMA – DIMENSIONS – RÉFLEXION
Je reprends solitairement mes réflexions sur la perspective de son absence possible au sein d’un univers « à deux dimensions »…
Me paraît difficilement possible (le coup de la voiture, par exemple) si le sujet est en mouvement…
Valable si le sujet est fixe → un sujet, en réalité minuscule, peut être vu comme grandeur nature est très éloignée ou vice versa.
Lorsque l’image est statique, l’ambiguïté plus facilement possible. Ce qui m’amène à penser que cette sorte de cinéma à des rapports très étroits avec la photographie (confère la fenêtre à Piriac) et aussi la peinture.
IDÉE – SPECTACLE
Je note (← « La tentation de saint Antoine ») – mais, plus que des idées comme ça, il faudrait – toujours – une méthode pour les trouver et les lier…)
→
– Dispositif scénique : un acteur tombe, dans une certaine position (à déterminer) en gros : à plat ventre, membres ballants, sur un élément de décor en relief par rapport à la scène (par exemple :
Puis cet élément de décor s’élève, soutenu par un pilier…
Et se trouve suspendu en l’air, au-dessus de la scène
← (nécessite une étude des positions du corps et de l’utilisation des possibilités corporelles) → danse
02/04/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Pour la « Fenêtre » → utiliser un poste de télévision.
→ Cf. Sonthonnax
Enfants faisant des exercices de photographies → ils posent leur sujet sur une chaise en photographiant → travers les barreaux du dossier, en se servant de ce cadre comme d’un écran de poste de télévision → sur le cliché ils rajoutent des boutons au poste
La télé : intéressant parce que phénomène moderne.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « ALICE »
Pour Alice : possible de mêler
– l’objet microscopique qui acquiert une fonction macroscopique (exemple : allumette qui devient flambeau)
– et l’objet microscopique qui conserve ses qualités anciennes (mais en acquiert de nouvelles s’il est considéré comme un objet macroscopique (exemple : la brindille considérée comme un arbre qui brûle très vite…)
Par exemple : Alice met le feu à la brindille-arbre avec l’allumette-flambeau
Dans le cas de l’allumette-flambeau → intéressant = conserver l’allumette-flambeau dans un univers microscopique (le sien), mais = flambeau qui brûle très vite (par rapport à flambeau normal)
→
ou bien (intéressant, je crois)
Allumette-flambeau durant longtemps parce que : dans cet univers → temps nouveau (l’instant dure, s’éternise)…
→
Possible = passage de l’un à l’autre
03/04/1967
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Adolescent végétarien parce qu’il ne veut pas qu’on tue des animaux. Mais il pense : hindous végétariens (vaches sacrées) → ils meurent de faim → il se met à manger de la viande.
07/04/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « ALICE »
Métro. 11 h 30. Je note, relativement à l’idée des « elfes » des affiches publicitaires, dans le métro, qui descendent de leurs affiches, la nuit, quand le métro est désert et du jeune homme enfermé dans les couloirs.
→ Il faut que les créatures humaines ou animales représentées sur les affiches gardent les dimensions qu’elles avaient lorsqu’elles étaient des images
(Par exemple : si on voit une tête de femme de 3 m de haut, la créature sortie de l’image aura une tête de 3 m de haut et tout à l’avenant)
→ Ce qui rejoint le problème des dimensions :
Exemple : si on rapproche la caméra d’un personnage → il grandit.
Mais → les objets du décor environnant font de même.
On retombe sur la question de la perspective.
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « ALICE » – DIMENSIONS
1/ J’ai pensé → rapetisser les objets en les éloignant par rapport au personnage
– Auto minuscule
– Main normale
(C’est l’auto qui rapetisse)
(Remarque : problème de mise au point simultanée sur les 2 éléments)
2/ Est-il possible ?
(Pas sûr du tout) = faire l’inverse. rapetisser le personnage en mettant les objets au 1er plan
→
Domaine à explorer = mélange de la modification des dimensions par effet de perspective
+
modification réelle par construction d’éléments de décor géants ou minuscules.
Exemple : (Dans le cas précédent)
La bouteille étant réellement plus grande qu’Alice (bouteille construite spécialement) = élément de décor derrière elle, à l’arrière-plan.
08/04/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – DIMENSIONS
Commentaire : Origine inconsciente du projet « Giant Kid » (apparu en 1997)
Je note (← rêve cette nuit)
Mon premier rêve sur les dimensions, je crois (dont je me souvienne, du moins)
Vue d’ensemble de Paris → une main géante vient s’emparer successivement des monuments (tour Eiffel – invalide – Panthéon, etc.) Et ces monuments sont en or, comme les bibelots en métal brillant qu’il y avait sur le bureau de mon Tonton Louis → Hammam-Lif…
→ Mélange :
– main géante sur monuments réels
– main normale sur petits bibelots
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Je note une idée fournie pendant ces vacances par Yves L. (souvenir d’enfance) Un gars va chez les géants. Il est fait prisonnier par les géants et offert comme jouet à la fille du roi des géants → on l’enferme dans la caisse à jouets où il a des rapports avec les autres jouets puis il s’évade (en s’évadant, il doit passer sur le corps de la princesse ¬ Deuxième version – adolescent)
Autre souvenir d’enfance Yves L. hier :
« … à la fois très grand et gros comme mon pouce… »
VÉCU – ÉCRITURE – CINÉMA
Minuit -10. Chiottes.
Établi un classement de mes manuscrits en joignant poésie et prose (cette distinction n’avait aucun sens) par ordre chronologique (approximatif, car il me manque beaucoup de dates).
Pour le cinéma, je les laisse à part, pour des raisons de commodité.
J’envisage (?) pour le cinéma, d’une part :
5 chemises pour les projets ayant déjà notablement avancé :
Les plantes
La fenêtre
Film fantastique
La consolation
Alice
d’autre part :
une grande chemise avec trois sous chemises :
une pour les simples idées jetées sur le papier
une pour les idées en préparation, en travail
une pour les projets plus achevés.
11/04/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
1/ Un type devant une image, avec un couteau à la main, s’apprête à la poignarder.
2/ Plan sur l’image (Tête de la fille, si c’est une fille, par exemple) :
celle-ci soudain s’anime et fait une grimace de douleur…
CINÉMA
« Le livre des rois » (film iranien) 1961-64
15/04/1967
CINÉMA – FANTASTIQUE – DIMENSIONS – GÉRARD LE L.
22h35. Métro
Retour de « Invitation to the dance » vu avec Gérard Le L. et sa fiancée
Dans le troisième volet de « L’Invitation » : (Sindbad le marin) :
Sindbad (Gene Kelly) et son « génie » lisent un bouquin, posé sur leurs genoux → il frotte la lampe magique → le livre devient livre géant et ils pénètrent dans le dessin qui représente un paysage merveilleux → le livre se referme sur eux et on les retrouve dans le paysage.
16/04/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – DIMENSIONS – PROJET « LES PLANTES »
Il est 17h20. Je reviens du jardin des Plantes : très décevant.
Mais pas probant pour « Les plantes », car : pas naturel ; les plantes sont en serre ou en parterre. Il faut se tourner vers la nature, les plantes à l’état sauvage parce que :
– Elles poussent librement. La vision n’est pas limitée par la découverte d’une allée ou d’une pancarte indiquant le nom de la plante.
– Là, les plantes peuvent se dégager, ressortir et il est possible de les cerner et d’en tirer quelque chose.
– Et aussi, surtout peut-être, parce qu’il est impossible de jouer sur les plantes seules. Ce qui importe plus c’est peut-être un agencement imprévu, un ensemble d’éléments (cailloux – ruisseaux – mares) et qui met en jeu davantage que les plantes, d’autres éléments.
Il faut se tourner vers la nature.
Chercher, ou plutôt trouver son chercher, au hasard, impossible de construire pourra-t-elle film (ou alors le faire carrément studio avec des plantes fabriquées de toutes pièces, mais il risquera d’y manquer cette complexité propre choses naturelle : il faut se fier au hasard, sans remettre à l’impression (Cf. impression d’enfance)
De toute façon, c’est un projet, je le découle d’une manière nette, valorisée par l’enthousiasme, pas assez solide parce que ne reposant pas sur une observation suffisante.
Je ne dois plus m’y attacher ; il ne faut pas compter là-dessus.
ÉCRITURE
Car, en perdant du temps,
C’est le temps que je perds.
20/04/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE – PROJET « ALICE »
(21h50 – lit)
Je note deux idées assez anciennes (une semaine, peut-être) :
– Pour « Alice » :
Elle est poursuivie sur les rayons d’une bibliothèque
→ elle se faufile entre 2 bouquins et se transforme en photographie sur la couverture d’un bouquin
→ fureur du poursuivant
→ (possible : il déchire la couverture et la jette au feu…)
– Autre idée :
Je la reprends telle qu’elle a évolué à partir du point de départ :
Point de départ = le restaurant universitaire (Grand-Palais) : il y a de la salade au menu, ce soir-là. Lorsque je mange de la première feuille de salade, je lui trouve un goût champêtre, un goût d’herbe (la salade, c’est de l’herbe, après tout) Cela provoque :
→ un souvenir : je nous revois, toi et moi, faisant du stop au carrefour de la nationale qui va à Mur de Bretagne et de la petite route de Saint-Gilles. Il y avait derrière nous un grand champ d’herbe verte (éléments de l’association d’idées avec la salade) et, de l’autre côté du champ, des paysans et paysannes qui ramassaient du foin, je crois, qui s’était moqués de nous.
Je pense à ces gens. Que font-ils maintenant ? Imaginent-t-ils un seul moment qu’il y a dans l’univers quelqu’un qui pense à eux, sans les connaître, parce que, une après-midi d’été, il les a vus pendant quelques instants et que sa mémoire a enregistré leur existence.
Sans doute, comme la plupart des gens, vivent-ils enfermés en eux-mêmes, limités à leur propre point de vue.
Mais moi, en mangeant cette feuille de salade et en me souvenant de ces gens, je me suis dit qu’il avait dû y avoir, qu’il y avait peut-être au même moment quelqu’un que je ne connaissais pas et qui pensait à moi, qui se souvenait de moi parce que sa mémoire m’avait conservé malgré le temps : un type sur une plage qui se souviendrait de moi parce que je ramassai des berniques dans le même coin de rochers que lui, un couple d’amoureux parce que j’étais à la table de restaurant où ils se disputaient, un autre type parce que je m’abritai de la pluie sous le même porche que lui.
Et cela, sans doute parce que je me suis distingué de la foule, à leurs yeux, par un élément quelconque : une pièce de vêtement, un livre que je portais ou bien le fait que j’étais là, avec eux, dans un moment particulier de leur existence.
Ça me plaît de jouer ce rôle pour ces gens ; une existence silencieuse, anonyme et pourtant puissante, présente.
Ces gens, finalement, et moi, on est des amis.
VÉCU – CARNETS
Je note moins de trucs sur toi, vieux carnet. C’est que tu as des concurrents : les idées que je peux avoir sur « Alice » ou le « Film fantastique », il y a des dossiers pour ça maintenant. Faut bien s’organiser !
Reste les autres, les idées nouvelles, les éclairs de génie. Mais y en a guère.
Quant à raconter ma vie, je n’en ai plus envie. Je change, quoi.
Et puis ma vie n’est pas marrante. Et si elle était formidable, ça la gâcherait de l’écrire. C’est peut-être pour me donner l’illusion qu’elle est formidable que je ne l’écris plus, d’ailleurs…
23/04/1967
ÉCRITURE – IDÉE SCÉNARISTIQUE
Affiche : une femme en collant. Papier déchiré → dessous : papier avec image (sous l’affiche) représentant la chair
Attention : note collée puis décollée puis scotchée sur l’avant-dernière page de ce carnet!