Carnet 44 – Du 5 novembre 1987 au 28 novembre 1987
05/11/1987
VÉCU – 3ÈME DES QUATRE FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – ZELDA – RACISME – NAZISME
La mairie de Montreuil a amené les enfants voir « Au revoir les enfants » de Louis Malle.
Je demande à Zelda de m’expliquer l’histoire.
Elle dit que c’est des « enfants juifs qui avaient pas le droit d’être avec les crétins… ! « (sic) (pour chrétiens)…
Je l’ai prise dans mes bras en riant (jaune, comme l’étoile…)
VÉCU – CINÉMA – FRANJU
Franju est mort ce matin à l’aube.
Lui qui était attaché pour moi à mes tous premiers pas dans le cinéma (studios d’Épinay).
VÉCU – RELIGION – ESPOIR – PRIÈRE
(19h45)
Mathilde va partir en Israël pour son travail. Elle m’a proposé de déposer pour moi une requête au Mur des Lamentations.
Je viens de rédiger ce texte :
*
« Force de lumière,
Que tu sois hors de moi ou en moi,
J’en appelle à toi.
Viens-moi en aide.
Accorde-moi la naissance de mon œuvre
Afin que je retrouve l’estime de moi-même, la paix avec les autres et ma place parmi eux,
Afin que je puisse remplir mon rôle d’homme et d’artiste. »
*
Ce qui est extraordinaire, c’est qu’en écrivant « Lumière » je pensais « lumière divine (ou humaine ») mais il m’apparaît soudain que « force de lumière » peut s’entendre comme « force de Lumière « (Louis, l’inventeur de ce qu’on sait… !)
06/11/1987
ÉCRITURE
Il était une fois deux femmes… → Il était deux fois une femme… (2014 : from Internet : fait)
VÉCU – CINÉMA – ÉCRITURE – CINÉMA – PROJET « L’IMAGE DE PIERRE »
À l’instant : on sonne… C’était un recommandé.
Scénario déposé à la SACD en retour : « L’image de Pierre », déposé en décembre 82 !
C’était, en fait, un synopsis, une des toutes premières versions, où Lucie est mariée ! où il y a un « centre d’expérimentation » et un docteur « Millner »… !
Et nous voilà, cinq ans plus tard !
Symbole ? Bon signe, mauvais signe ? Pas de signe du tout ?
Mathilde est partie, emportant mon frêle oiseau de papier qu’elle va déposer entre deux pierres…
(12h10)
Je viens de relire le synopsis de « L’image de Pierre » renvoyé par la SACD.
C’était vraiment très mauvais !
82 : l’année de la séparation d’avec Colette.
Lien de cause à effet ?
Manque d’esprit critique, d’auto-analyse.
Problème de regard sur soi, sur ce que l’on produit, assez vigilant, assez lucide pour se remettre en question.
En tout cas, quand j’y repense : quel progrès entre « ça » (!) et le scénario de « L’image de Pierre » (celui-là, quand je l’ai relu, il y a quelques semaines, avant de le donner à Édith C.., il m’avait paru, au contraire, extrêmement bien fait.
En un sens, c’est navrant de penser que j’aie pu écrire ça en 82 (trois ans après « Sibylle ») !
Mais, dans un autre, c’est réconfortant de penser que j’ai fait des progrès depuis et puis continué à en faire… ! (Cf. conversation téléphonique avec Jean-Jacques Bernard, il y a deux jours : « Recommencer, sans arrêt, à proposer. Avoir « 5 gamelles au feu »).
ÉCRITURE
Je reprends un mot du carnet précédent :
« La souffrance est l’écrivain du monde,
Un livre à vous tomber des mains…
Mais la lecture en est obligatoire ! ← Non ! Seule une toute petite partie du monde est concernée par la souffrance… ! Ces lignes sont prétentieuses et nombrilistes…
LECTURE
Lire « Les arbres de France » de J. Brosse, chez Plon (cf. « La forêt », mon documentaire pour « Aujourd’hui Madame »).
VÉCU – CINÉMA – FRANJU
(Ciné club A2 : Claude Jean-Philippe parle de Franju (disant qu’il programme « Judex » pour dans 15 jours)
Je revois cette scène sur le plateau d’Épinay : quelqu’un (le producteur, je pense) parlant à Franju, lui demandant visiblement de changer de méthode de tournage (de grouper les plans par axe, me semble-t-il…) et Franju répondant, d’un ton excédé mais presque condescendant : « Mais non ! Même en faisant comme ça, on se trompe… ! »
07/11/1987
ÉCRITURE
(6h)
Jeu genre Scrabble à deux candidats…
– M. X, combien de lettres ?
– Une !
– Et vous, M. Y ?
– Pas mieux.
– Laquelle, M. X ?
– Le A.
– Et vous, M. Y ?
– Le X !
– Alors voyons : le A : un point, le X : 4.. C’est M. Y qui l’emporte !
VÉCU – TÉLÉVISION – ÉCRITURE – CINÉMA – PROJET « MÉLISSA – LE DRAGON ROUGE »»
Quand je pense à Jacques Salles, d’Hamster, me disant, la main posée sur « Mélissa » : « Il est très bon, votre scénario… ! »
LITTÉRATURE – DESTIN – RÉFLEXION
Hier soir, un auteur, à la télé, décrivait le destin comme : « La mémoire plus l’impossibilité de changer le passé »
VÉCU – MA MÈRE – ARGENT – DIGNITÉ – COLÈRE
Hier, Maman m’a dit qu’elle ne pouvait plus me prêter d’argent.
Elle a dit qu’elle s’est renseignée pour son enterrement !
Digne jusqu’au bout, Marie !
J’ai du respect pour elle, mais, malgré tout, parfois, une horrible colère contre elle me tord les boyaux… !
VÉCU – ARGENT – POSSESSION – HONTE
(7h45)
Je regarde la télé. Émission ultra ringarde (bonjour la France ?)
Un journaliste dit : « J’ai une petite maison dans la presqu’île de Crozon… »
Et moi, je me dis que j’ai 41 ans et que je n’ai pas été foutu d’avoir une maison ni à Crozon ni à Paris ni nulle part !
Je suis un minable.
VÉCU – AMIS – ALINE GAGNAIRE – ÂGE – TEMPS
Pourtant…
Hier : appelé Aline Gagnaire.
À un moment, je lui dis que j’ai 41 ans…
– « Ah que j’aimerais avoir 40 ans, me dit-elle, j’aurais du temps devant moi… »
Cette parole m’aide.
ÉCRITURE
« Le Candidat et le candide B… »
Variation :
« Le candide bébé et le candidat A… »
LITTÉRATURE – RÉALISME
Je repense à ce passage de « Vendredi » ou « Les limbes du Pacifique », entrouvert chez la mère de Zyf, et auquel j’ai souvent repensé depuis, où Tournier décrit avec une connaissance, une précision techniques qui m’avaient étonné, des opérations d’irrigation de culture de riz.
Je retrouve là mes pensées sur le réel dans l’écriture, sans lequel l’écrivain n’est pas sérieux, pas pris au sérieux.
Moyennant quoi, il deviendra cet important personnage qui nous avait reçu, avec Zeldin, dans le quartier de l’Alma (sic) et discourait à table, sachant bien être celui dont on attend les paroles (mais dont on ne doit pas attendre la parole !)
Cela dit : goût des mots, goût presque gourmand des mots et du langage.
Les mots, comme des objets odorants, des guimauves multicolores, des brioches granulées de sucre, des merdes nauséabondes aussi, mais toujours des choses, qui travaillent le corps…
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Notre monde : généralement laid. Beauté = rare. Imaginer un monde devenu beau, où le travail des artistes est de produire de la laideur !
MUSIQUE
Écouter « You and I » par les Bee Gees
« Too Much heaven »
Bee Gees
Album : Spirit (1979)
ÉCRITURE
Un titre pour mon recueil de nouvelles (si je l’écris) :
« Tristes nouvelles » (from Internet : pas fait) (en tant que titre d’un recueil)
ÉCRITURE – THÉORIE – PERSONNAGES
Je tombe, en relisant les carnets (passé la journée à ça !), sur une note du 14/09/1985 (carnet 34) :
« Je réfléchis à la création. Je crois qu’il y a un bon principe à suivre, c’est de haïr ses personnages… Ça leur donne de la vie, de la réalité. »
Les bras m’en tombent !
Même impression que de relire le synopsis de « L’image de Pierre » renvoyé par la SACD : « J’ai écrit ça ? C’est pas possible ! »
VÉCU – ÉCRITURE – CINÉMA – PROJET « L’HOMME AUX DOIGTS D’OR » – TÉLÉVISION
Pour « L’homme aux doigts d’or » :
– Penser à la SFP
(rejoindre Catherine M., lectrice, (avait lu « Mélissa »)
– Revcom Télé (Monique Pivot ?)
– Passer « L’homme aux doigts d’or » à Sabine R.-N. (C. Vidéo)
08/11/1987
VÉCU – CARNET – TÉLÉVISION
Toujours en relecture des carnets (depuis hier matin. À l’origine : pour repérer notes pour « Chienne noire »)
Je tombe sur idée (l’origine de « Sarah » → « Amour de loin ») que je trouve très intéressante
(voir notes des 23 et 28/04/1986 in carnets 36) : type qui envoie bande vidéo ou cache objets dans lieux…
? ?
À VOIR !
VÉCU – MÉMOIRE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987) – CASTRATION
Relecture, toujours :
Je me demandais dans quel état j’étais, au juste ?
Réponse (note du 14/05/1986 – carnets 36) : G. : « De même que les animaux font le mort en cas de danger, vous faites le châtré… »
VÉCU – SOCIÉTÉ – VOL – ARGENT – PRISON – JOUISSANCE
Tout à l’heure, j’écoutais la radio :
Enlèvement d’Heineken. Deux kidnappeurs (sur les cinq) emprisonnés. Ils ont publié un livre où ils disent qu’on ne retrouvera pas les 8 millions (?) de florins dont ils jouiront à leur sortie (11 ans de prison) (soit 2 milliards et demi de francs, à peu près…) ! ! !
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
(Immeuble Dominique M.)
Gag. Deux mecs montent escalier arrivent au même palier, sonnent à deux portes face-à-face (même nom de famille, autre prénom, « en cas d’absence, sonnez en face… ») Pas de réponse. Ils se retournent pour aller chacun en face… !
VÉCU – LANGAGE – ENFANCE
Le fils de Dany (copine de Dominique M.) croyait que le féminin d’homosexuel, c’était « femmosexuelle »… !
VÉCU – CARNET – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION
(23h40)
Fini de répertorier dans carnets notes :
1/ utilisables pour « Chienne noire »
2/ Mathilde
3/ « Mots » (jeux de langage)
4/ « Pensées » (aphorismes)
J’ai donc parcouru tous les carnets depuis début Colette jusqu’à aujourd’hui (presque 10 ans !)
J’en tire comme conclusion qu’IL FAUT QUE J’ARRÊTE MES CONDUITES NÉVROTIQUES D’AGRESSION, DE REPROCHES ET DE RESSENTIMENT
C’est très important !
Jusqu’à maintenant, il y a très peu de temps encore, je ne pensais qu’à piéger Mathilde, lui chercher des noises, trouver des choses à lui reprocher.
Bien sûr qu’il y en a ! Mais d’un caillou, je fais une montagne !
Ce que j’ai relu, aussi, ce sont toutes mes notes sur les interprétations de G. en analyse…
Il ne cesse de me montrer à quel point j’ai l’initiative de ma vie… !
Pourtant, je cherche à accuser les autres, je leur en veux et, comme je ne peux rien sur eux, c’est Mathilde qui prend !
Ça doit s’arrêter, ça !
C’est trop injuste !
En plus, c’est mesquin, hargneux, indigne de moi… Dans quel bourbier suis-je allé me vautrer ? Moi ! Je mérite tout de même mieux que ce que je me donne… !
Je suis tout de même content car, avant qu’elle ne parte, ai écrit une lettre à Mathilde répondant à sa plainte : que je ne voyais pas ce qu’elle supportait pour moi (mes reproches + ses propres ennuis, dont elle m’épargnait le récit pour ne pas m’accabler… !)
Lui ai dit que je le voyais.
Mais, la nuit même avant son départ : elle : pas confiance (« C’est plein d’embûches, notre amour… »)
De mon côté : manque de confiance à cause 1/ boulot (pas de vie de famille : son choix) 2/ sexualité
Bref, elle n’est pas parfaite !
IMPORTANT : sans doute, moi, je me dis que je suis – pour elle – parfait… ! Qu’elle est comblée ! (Elle me l’a dit si souvent ! (Mais c’était au début)
Or, elle ne l’est pas (comblée) et peut quand même être à peu près bien avec moi… (si elle a des choses à me dire, des critiques à faire, elle les fait, mais n’en fait pas un fromage !
PAS D’IDÉALISME !
09/11/1987
ÉCRITURE
Ma femme, qui a son « histoire de l’océan » en cours…
– Lequel ?
– Je ne sais plus… !
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Une pomme. On l’ouvre en deux… → Une moitié avec pépins, l’autre sans… ! (Belle idée. Elle résume bien mon état ambivalent d’en ce moment… Beau symbole !)
VÉCU – TÉLÉVISION
Lundi matin : ça commence… Coup de fil d’A2 : rendez-vous avec Monique Cara annulé !
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÊVE
Rêvé que je perdais les pièces de mon jeu d’échecs en le faisant tomber dans l’eau…
Mon interprétation de ce rêve (et tant pis si je n’ai pas de psychanalyste sous la main pour la « valider ») est que mon « jeu d’échecs », c’est mon attitude névrotique masochiste, ma conduite d’échec, précisément, manière de m’empêcher d’être heureux en échouant dans mon métier et en entrant en conflit avec les autres.
Le fait que cela tombe à l’eau indique un désir chez moi d’arrêter ça, de prendre définitivement conscience que ça « ne marche pas » (que « ça tombe à l’eau ») donc il vaut mieux s’arrêter et c’est bien ce dont j’ai envie, au fond de moi…
Je considère ce rêve comme un rêve positif, un avertissement que je me donne à moi-même.
Il indique un désir d’apaisement, il implique une sagesse acquise au cours d’une évolution longue et difficile.
Il prend place dans un débat intérieur actuel sur Mathilde, sur ma vie avec elle, sur notre couple et ma position par rapport au monde…
Par ailleurs (car une interprétation « spiritualiste » n’en exclut pas une sexuelle…) l’eau est un symbole féminin et maternel.
Le rêve indique aussi le désir d’apaisement en retrouvant la féminité (en l’autre et en moi) et la part maternelle de la femme et non en entrant en conflit avec elle.
écriture – ROMAN « LES MATHS À MORT »
Pour nouvelle « Les trois petits garçons » : ils ont un lien dans la déformation du langage (qui indique leur unité, leur isolement, leur inadaptation « productive ») :
« Salut les amis → Salit les amos ! Salop les amus ! »
Vécu – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Dans la nuit de jeudi à vendredi, nuit précédant le départ de Mathilde en Israël, je lui ai rappelé qu’en de multiples occasions je lui manifestais spontanément et diversement mon amour (lui ai rappelé poème au tableau cuisine, plan vidéo 8 filmé pendant son sommeil, etc.) elle a acquiescé mais ajouté : « Oui, mais c’est plein d’embûches, notre amour… »
D ’autre part, lui ai dit que cela faisait trois semaines que nous n’avions pas fait l’amour et que je m’étais pendant ce temps masturbé au moins 50 fois… « Tu as de la chance ! » a-t-elle dit. Je me suis levé et ai filé au salon, bien décidé à y dormir. Elle est venue m’y rechercher, « retirant » ses paroles…
À mes notes précédentes qui vont dans le sens de l’apaisement s’oppose en moi une pensée qui, elle, va dans le sens de la rupture, c’est que ma mauvaise position sociale et financière nous a conduit à la situation présente qui est insatisfaisante pour moi (trop d’importance de son travail et ses conséquences (pas de vie familiale – absences – sexualité où elle ne me sollicite pas assez et pas comme je veux).
J’en suis là, une fois de plus déchiré et hésitant.
CINÉMA – ACTEURS
In « Cahiers du Cinéma » numéro 370 (avril 85), article de Bonitzer. Il cite Bela Balazs (in « Le cinéma » traduction J. Chauvry. 1979. Pages 59-60).
« Un jour, Asta Nielsen a joué le rôle d’une femme qui a été soudoyée pour séduire un jeune homme riche.
L’homme qui l’y a contrainte l’observe, dissimulé derrière un rideau, attendant le résultat. Consciente d’être épié, Asta Nielsen simule des sentiments amoureux. Elle le fait de façon convaincante, son visage reflète toute la gamme de la mimique amoureuse. Nous voyons que c’est joué, que c’est faux – ce n’est qu’un masque. Au cours de la scène, Asta Nielsen tombe réellement amoureuse du jeune homme. Ses traits changent de façon imperceptible, puisqu’aussi bien elle avait jusqu’alors montré de l’amour – et ce à la perfection ! Maintenant qu’elle aime réellement, que pourrait-elle montrer de plus ? C’est seulement une lueur différente, à peine perceptible, immédiatement reconnaissable, qui fait que l’expression de ce qui auparavant était simulé devient celle d’un sentiment profond, authentique.
Mais Asta Nielsen a soudain conscience d’être observée. L’homme caché derrière le rideau ne doit pas lire sur ses traits que ce n’est plus un jeu. Elle fait donc de nouveau comme si elle mentait. Une nouvelle variation, désormais à trois voix, apparaît sur son visage. Car son jeu d’abord simulait l’amour, puis le montrait sincèrement. Mais elle n’a pas droit à ce dernier. Son visage montre donc de nouveau un amour faux, simulé.
À présent sa simulation est devenu mensonge. Elle nous fait croire qu’elle ment ! »
J’aimerais beaucoup voir cette scène à l’écran. De quel film est-elle tirée ? Ce n’est pas dit…
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – ANGOISSE
Ce matin : mal réveillé. Angoisse bien sûr et aussi mal aux sinus cause froid. Ai mis chauffage à fond dans la chambre et ça a été mieux. Me suis rendormi.
VÉCU – TÉLÉVISION
Ce matin : coup de fil (enverrai synopsis « L’homme aux doigts d’or » à : Sabine R.-N. – Monique Pivot).
Eu le responsable du magazine « Charme » de la Six. Rendez-vous pris. C’est une chose bonne, qui me réjouit un peu.
VÉCU – – ÉCRITURE – ROMAN « LES MATHS À MORT »
Noté dans un vieux « L’autre journal » (numéro 15) écrit sur mur du « Riverbop » : « Si t’as quelque chose besoin, tu peux toujours vas-y » (cité par Francis Marmande) J’adore !
Retrouver ça pour « Les trois enfants » ?
VÉCU – AMIS – JEAN-MARIE C. – VIDÉO – CINÉMA
(20 h)
Jean-Marie C. est venu passer l’après-midi ici. Lui ai montré « La petite ceinture ». Il a parlé des court-métrages des années 60 (Varda – Marker and Co.…)
N’y avais pas pensé.
Il a parlé de « juvénilité ». C’est peut-être pour ça : c’est dans les années 60 que j’étais jeune… !
VÉCU – TÉLÉVISION
C’est seulement maintenant que je comprends pourquoi Antenne 2 a pris ces deux petites jumelles comme « emblème »… Elles présentent « à deux » parce que A2… ! Je suis sûr que je ne suis pas le seul à ne pas avoir compris.
ÉCRITURE
Un titre : « L’enterrement du fossoyeur »
IDÉE SCÉNARISTIQUE – IDÉE DE DESSIN OU DE PHOTOMONTAGE
ÉCRITURE
Ce sont les propres à riens qui font des salamalecs…
ÉCRITURE
Aux premières heures de l’aurore,
Aux premiers ors de l’horreur…
ÉCRITURE – ROMAN « LES MATHS À MORT »
Pour nouvelle trois enfants : « Si absence un jour d’/t’arrives retard l’/école, faut qu’t’excuses un mot → J’imagine une suite :
« Et si t’absences un demi– jour ?
Un troisième : « Faut qu’t’excuses à/un demi-mot… ! » (Ou alors le tout dit par l’un des trois : « Et si t’absences un demi– jour, faut qu’t’excuses un demi-mot… ! » ← Aux que j’aime bien !
Oui, j’aime cette « inarticulation » (« réarticulation ») du langage comme trait commun aux trois… → tout ça dérivé du « Si t’as quequ’chose besoin ») (voir plus haut)
MUSIQUE – JAZZ
Écouté le groupe de jazz rock « Sixun »
VÉCU – AMIS – GUILLAUME S.
(20 h)
Cet après-midi : ici, Guillaume S..
Très gentil garçon. Il était très intéressé par la V8. Lui ai montré morceaux du repérage Gâvres et du « Chemin de fer » comme à C..
Il est habité par la mémoire de la guerre. Il a dans son portefeuille sa carte de rationnement (française. 1950) (il est né en 1944).
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE – PROJET « LA ROUGE HEURE »
Un personnage très préoccupé par quelque chose (quoi ?) (Une chose qui a une forme) développe une réaction somatique : une tâche « de vin » (?) de la forme en question.
IDÉE SCÉNARISTIQUE
(Idée née d’un hasard réel très marrant : Adjani, dans « L’été meurtrier », crache pour jurer, en fait elle souffle plutôt et comme il y avait un moucheron sur l’écran, c’était comme si elle soufflait dessus de l’intérieur pour le faire partir… ! → Faire ça : le moucheron s’envole sous « soufflage » par comédien dans l’image…
IDÉE SCÉNARISTIQUE
Montre à « zone rouge » : zone d’heure indiquée par trait rouge. C’est une période pendant laquelle le personnage qui la porte ne doit pas faire quelque chose ou court un certain danger.
VÉCU – AMIS – VIE SOCIALE – TÉLÉVISION – CINÉMA – VIOL
J’ai appelé des gens (C. – S., entre autres). Ils sont venus. Je n’étais plus seul.
Cela remet les choses en place, m’empêche, me préserve de basculer dans cette parano où je me persuade que si je n’ai pas de contact avec les autres, c’est parce qu’ils ne veulent pas (ni dans la vie privée ni professionnelle).
Idem dans le boulot : Bertho m’a fait donner son numéro personnel, le responsable du magazine « Charme » de la Six m’a filé rendez-vous, Monique Cara aussi, etc.
Par contre l’unité de Jeannesson m’a renvoyé « L’homme aux doigts d’or » !
Au bout de huit jours !
Ce n’est pas possible : ils ne l’ont même pas lu, j’en suis sûr… D’habitude ils faisaient lire par lecteur… Ça c’est nouveau !
Je regarde Marianne Basler qui joue dans un film qui va sortir (? une femme qui hait son enfant parce que fruit d’un viol.
Elle a aimé un soldat américain.
Est-il dans les violeurs ?
Je ne sais pas.
Ce serait bien et, par la ressemblance, la conviction, elle serait sûre qu’il est de cet homme…
11/11/1987
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – ANGOISSE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Matin : mauvais réveil. Dès la première seconde : angoisse.
Quel est mon problème ? La vie, sans doute, l’existence avec cette seule certitude : la mort. Et puis : Mathilde. L’insatisfaction que je ressens dans ma relation avec elle. Ah comme j’étais tranquille, au début !
Je suis sûr, mais alors presque à mettre ma tête à couper qu’elle a appelé pour son travail, mais pas moi !
J’ai essayé d’avoir le numéro de son hôtel depuis hier soir : toujours occupé. Une opératrice du 12 m’a envoyé promener…
J’ai l’intention de lui écrire une lettre de prédiction.
Je suis envahi par la rage.
Je remonte à la source : que je n’aie pas eu d’argent pour éviter la situation d’aujourd’hui !
C’est ça qui me pousse à rompre. C’est ma responsabilité.
J’ai compris hier que j’étais jaloux de Victor parce que lui avait eu de l’argent pour entraîner Mathilde à faire couple avec lui, alors que moi : non !
Colère aussi parce que séparée de moi (soit par ses voyages, soit par ma « semaine de rupture »), elle ne souffre pas du manque de moi.
J’en veux à ce métier de l’avoir habituée à être séparée de moi, de l’avoir endurcie (narcissisme : « Ah je peux me débrouiller seule dans le monde ! »)
Colère aussi parce que me reviennent sans cesse ces mots relus dans ces carnets : « con » (Victor) et « bidon » (sa mère).
Que ces deux-là disent ça m’importe moins que le fait qu’elle n’ait pas réagi, n’ait pas pris mon parti !
VÉCU – LANGUE – ITALIE
Ce matin sur FR3, émission sur les Italiens en France.
Quelqu’un (Cavanna) racontait disputes en dialecte à l’intérieur se continuant en français à l’extérieur et ainsi de suite… !
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – ANGOISSE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Autre raison de ma colère : Victor est venu la chercher pour monter l’affaire.
Jalousie de ma part.
C’était gratifiant pour elle !
Je lui en veux pas d’être ainsi gratifiée mais que cette relation soit plus gratifiante que celle avec moi… !
Envie de parler de ma responsabilité de ne pas avoir eu d’argent.
Et comme cette situation ne va pas changer
il faut rompre !
Je note aussi quelque chose à noter avant : le soir précédant son départ, elle m’a dit : « Tu devrais aller voir une pute… ! »
VÉCU – BLUES – MUSIQUE
« Sometime you feel good, sometime you feel bad… » (chanson à la télé).
C’est ainsi.
(« The blues dont care about you… ») <– toujours ainsi la vie ?
ÉCRITURE – ROMAN « LES MATHS À MORT »
J’ai envie de travailler à la nouvelle des trois enfants. Le problème est que je ne concrétise pas mes envies, même quand je n’ai besoin que de papier et d’un stylo. Je suis velléitaire.
IDÉE SCÉNARISTIQUE
(En écoutant Bach from « Art de la fugue » Canon triplex a6, BWV 1076 (29 secondes) je suivais en chantant avec ma mauvaise voix → un personnage comme ça, balourd, maladroit qui chante en même temps que ce morceau → taratata rata taratata tara… (répété) ou « Nananana nananana » sur le Canon super fa mi a7 post tempus (le début).
IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
Voisin qui s’inquiète de quelqu’un parce qu’à travers le mur, il entend depuis deux jours toujours le même morceau → on va voir. La personne est morte. Compact-disc programmé pour répéter le même morceau.
écriture – VÉCU – CINÉMA – LES AUTRES – PROJETS
Jean-Marc D. m’a appelé (en réponse à un message que je lui avais laissé).
Il s’était « terré dans son antre » suite coup dur (faillite maison de production entraînant aide CNC dans le naufrage).
Lui ai parlé de mon projet de long-métrage et décision d’arrêter le métier si j’échoue.
Je n’en parlerai plus.
Je ne veux plus. Ça n’intéresse pas les autres. Ça ne concerne que moi.
AGNÈS
Tous ces jours de chômage et de solitude, je les ai beaucoup passés assis ici à cette table, écrivant et regardant plus ou moins distraitement la télévision.
Et là, pour la deuxième fois, je viens d’éclater en sanglots, en voyant des scènes qui montrent une fillette (12 ans ?) et son petit frère (un adorable bébé blond) (c’est en suédois ?)
Je pleure en pensant à Agnès, non : je sanglote. Je n’arrête pas de lui répéter « Je t’aime ». Ils sont seuls tous les deux sur une île. Leurs parents arrivent. Tout le monde s’embrasse et moi je pleure à nouveau. Oh mon enfant chérie si tu savais combien je t’aime et me sens coupable vis-à-vis de toi !
– Note écrite à 40 ans
12/11/1987
VÉCU- 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(13 h – bistro place Gambetta)
Mathilde revenue. Je lui dis mes griefs (j’avais d’abord écrit lettre hier soir), qu’il faudrait qu’elle « se rende compte », pour manquer de moi.
Elle : « Oui peut-être qu’il faudrait qu’on se sépare, pour voir… »
Fou de rage, je la prends au mot : je m’en vais, après lui avoir dit de ne pas dormir là ce soir et de ne pas rentrer à son retour d’Asie.
ÉCRITURE
Tout à l’heure, un type (45 ans, veston, cravate rouge) écrivait sur un carnet (un peu semblable à celui-ci) en marmonnant presque à voix haute ce qu’il écrivait :
« J’aurais voulu avoir des parents riches… »
C’est tout ce que j’ai réussi à comprendre.
Si je mettais ça dans un film, on m’accuserait de caricaturer !
ÉCRITURE
À ce magasin, tout à l’heure, il n’y avait pas un chat et tout d’un coup il y a une queue…
La queue du chat… !
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(16h20)
Suis rentré à la maison. Elle est partie. N’a pas laissé un mot, rien.
(A laissé la lettre de colère que je lui ai écrite hier soir)
Tout à l’heure, elle a dit : « Je te comprends et je me comprends. »
ÉCRITURE
« Je suppose que c’est pour ça qu’elle a moisi cet endroit… ! » (Signifiant ! Par rapport au contexte)
ÉCRITURE
Quand j’ai entendu le rebut de la chanson
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – RUPTURE
(19 h)
L’ai appelée à Ma Vie Bijou
– Tu pars pour toujours.
– Je sais.
– Réfléchi ?
– Oui.
(Je gueule, etc.)
Elle : « Ce n’est pas ce que je ressens » (je lui disais qu’elle m’avait « trompé »)
Elle : J’en ai marre ! ! ! des histoires.
Il faut que je note ce mot d’elle extraordinaire : « En ce moment, je suis amnésique ! » ! ! ! !
Moi : Si pas de manque : fin de l’amour. Autant se séparer.
– Aurevoir
– Aurevoir
écriture – ROMAN « LES MATHS À MORT »
Pour les « trois garçons » :
L’un (posant une devinette aux autres).
Prémices : « Si t’absences un jour d’école, faut qu’t’excuses un mot ? » (Genre : n’est-ce pas ?)
Les autres approuvent de la tête et il ajoute :
« Et si t’absences un demi-jour ?
Les autres ne voient pas.
Il conclut triomphalement :
« Faut qu’t’excuses un demi-mot ! »
Éclats de rire. Rire complice
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – ANGOISSE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(19h55)
Je me suis déjà couché. Ai amené la télé dans la chambre.
Mais j’ai beaucoup de mal à me calmer.
Une fois de plus, je ressens la mort, comme déjà dans des situations de rupture.
Bien sûr, ce qui revient, comme toujours aussi, c’est cette obsession d’avoir été le responsable.
Ça ne m’en fait ressentir que davantage la désolation de la situation. Encore plus dure puisque je l’ai créée.
Je pense à ces couples anciens, qui ne se séparent pas, eux !
Mais va savoir pourquoi… !
Tous m’est occasion de m’accuser.
Tort, raison. Tout ça n’a aucun sens.
Je suis ainsi, je suis ainsi et voilà tout. Je ne referai pas les autres, mais je ne me referai pas moi-même.
Même une analyse ne permet pas cela.
D’ailleurs, qui l’a projeté ? (moi peut-être, mais c’est tout).
écriture – ROMAN « LES MATHS À MORT »
Pour les « Trois garçons » : en classe. Le maître parle, s’apprêtant à écrire au tableau.
Un des gosses (à un autre) :
« Quand il nous endossera, voyage-moi « L’île au trésor », faut qu’je chapitre douze…
L’autre : « Moi, j’ai chapitré trente ! »
Le premier : « T’as jusqu’au-bouté ? »
Second : « Ça totale trente-deux : j’ai presqu’île !
Premier : « Dis-moi, ils le décaissent, le trésor ?
Second : « Si je te raconte à finir, tu finis sans plaisir… ! »
13/11/1987
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – ANGOISSE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – ÉCRITURE
Désormais toutes les nuits seront longues… Jusqu’à quand ?
Je pense à Papa et à ses ambitions d’architecte jamais réalisées (que René a essayé de reprendre à son compte et de faire aboutir, mais sans succès…)
« On peut mourir sans avoir créé ! »
Et me voilà, moi, aujourd’hui : seul, au chômage, je me demande si ça vaut le coup de continuer, comme ça, à pousser dans le vide, sans jamais aucune prise sur rien, s’il ne vaut pas mieux abandonner (même l’écriture, car c’est encore cet espoir, en l’Autre, et, là, comme dans le ciné ou la télé, il y a tellement de gens qui se pressent en pensant : « Moi, moi ! Je peux, je dois ! »
Alors moi, là-dedans ! ?
Comme c’est dur de me dire que je n’ai pas de talent particulier, que je n’ai rien à faire, rien qu’à être et attendre la mort.
Le désespoir.
Non. Renoncer, pour moi, c’est accepter la mort.
Alors, bien sûr, c’est faisable. D’autres l’ont fait.
Mais, « pour le film de la vie, il n’y a qu’une séance ».
Alors, je ne sortirai pas de la salle.
J’essaierai, toujours, de traverser l’écran, pour aller dans les beaux paysages que je vois, avec les braves types et les jolies filles que j’aimerais rencontrer…
Pourtant je pense aux autres, à tous ceux qui vivent – et bien, apparemment – sans créer, sans prétendre à ça.
Problème d’identité
Renoncer à créer, c’est pour moi renoncer à être moi, accepter de devenir un autre.
Sentiment d’aliénation, de dépossession.
Tout à l’heure, je joins Bertho (enfin.
Je lui dis : « Je suis un réalisateur qui a une certaine ancienneté dans ce métier… »
Il me répond :
– « Bof ! Ça ne compte plus, ça, ce qui compte, c’est la jeunesse… »
IDÉE SCÉNARISTIQUE
Pour mettre en valeur quelque chose à la fin d’un texte de plusieurs pages, figurer sur chaque page un petit bonhomme avec bulle : « Suivez-moi ». Il marche sur un sentier et, à la page où est la chose à mettre en valeur, le bonhomme désigne la chose…
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – ANGOISSE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(17h20)
Intéressant : je viens de chier dans mon froc !
C’est ce qu’on appelle un pet foireux…
Bien symbolique de ce moment… !
(Ça me rappelle quand j’avais pissé au lit, au cœur de mes difficultés avec Colette).
J’ai travaillé toute la journée à ma nouvelle des trois garçons.
Tout du moins, j’y ai abondamment pensé et j’ai un peu écrit.
CINÉMA – LOUIS JOUVET- DIALOGUE – JEANSON
In « Copie conforme » avec Jouvet.
Coup de génie du dialoguiste (Jeanson) :
Vol en introduisant une « armoire-cheval de Troie »
Jouvet, débardeur, disant : « Elle a l’air plus lourde que tout à l’heure… Sans blague : on dirait une armoire pleine ! »
Formidable de l’avoir fait dire !
(Ibidem)
« Suzy Delair :
« S’aimer comme des pauvres, ça doit être chic quand on sait qu’on a de l’argent ! »
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
(0h05)
Je regarde le film, couché, télé dans la chambre, au chaud.
Je suis presque bien !
14/11/1987
AGNÈS
Agnès dort dans la petite chambre. On a regardé la télé (Champs-Élysées, spécial Thierry Le Luron, vraiment génial, ce mec !)
Je m’aperçois que je n’ai pratiquement jamais rien noté des choses concrètes comme ça, des choses « sans importance particulière », mais qui font le fil des jours, le fil des week-ends avec Agnès, depuis bientôt 10 ans !
– Note écrite à 40 ans
VÉCU – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Avant 16 h, le téléphone a sonné. Je me suis douté que c’était pour la danse de Zelda.
J’ai branché le répondeur (mais elle n’a pas parlé)
Ainsi, Mathilde a laissé les choses se faire… ! Elle me quitte, soi-disant, mais laisse toujours Zelda compter sur moi pour la danse… !
écriture – ROMAN « LES MATHS À MORT »
Pour « Les trois garçons » :
« Si t’as quequ’chose la trouille, tu peux toujours barre-toi »
(si un mec t’emmerde) ! Tu peux toujours cogne-le !
Tu peux + verbe (le faire)
tu peux + impératif (fais-le)
mais si complément :
Tu peux faire la chose
Tu peux chose fais-la
Tu peux lire ce livre
Tu peux ce livre le lire
Qu’est-ce que tu veux dire ?
Tu plires ce livre… (contraction de « peux le lire »)
Ce livre, tu le plires…!
15/11/1987
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – ANGOISSE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Réveil : impression qu’un nuage de radiations d’angoisse occupe l’atmosphère.
Réveil dans cette pensée :
G. : « Votre projet : montrer que votre inconscient est d’une telle qualité qu’il résiste à l’analyse. »
Culpabilité en moi (!) face à cette pensée et sentiment que je « suis bête » (je ne profite pas).
Même complexe de sentiments vis-à-vis du « débat » entre Mathilde et moi : savoir si le monde, la vie, sont beaux ou pas. Je m’en veux de ne pas trouver la vie belle ! Idée dominante : je suis con.
AGNÈS
(18h10)
Sommes allées déjeuner, Agnès et moi, chez Aline (il y avait là une copine à elle, comptable, trentaine d’années, avec qui le rapport de forces, alors là… ! Conversation polie, presque agréable. Justement : restés en surface, bien sûr. C’est ça, les relations sociales.
Me suis donc retrouvé dans le lieu où j’avais connu Mathilde.
Je me suis efforcé de ne pas penser à ça. Y suis presque complètement parvenu.
Jour effroyablement gris, noyé de pluie, d’une blafardise totale !
– Note écrite à 40 ans
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – ANGOISSE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Suis rentré. Pas un appel au répondeur. Personne ne m’appelle jamais, pratiquement.
Est-ce moi qui fais fuir les gens ?
Non : je prends conscience que je ne les appelle pas.
Je me claquemure dans ma fierté.
Ça fait contraste avec la prolixité humide qui emmerdait tant ces bons amis, à l’époque de Colette.
Je repense (ça me poursuit) aux mots de G. : que je provoquais les ruptures pour dire : « Voilà : on ne m’aime pas ! »
Autrement dit, je tourne en rond, comme une mouche dans un bocal :
1/ La baise : pas de demande (pas assez), pas de lingerie (pas assez souvent), pas de pipe, pas de cul montré, pas d’excitation.
2/ Les soirées où elle n’était jamais là. Pas de repas ensemble. Rentrée tard et pas de coup de fil.
3/ Les enfants là et nous ici (au début : on vivait un peu plus ensemble. Après : enfants chez mère et elle là-bas tous les soirs).
4/ Les week-ends : écornés perpétuellement et sans me prévenir.
5/ Les voyages. N’en parlons pas. Surtout : pas de manque ! Le problème majeur, autour de quoi tout tourne. Pas de valorisation de moi (d’où conflits avec sa famille : rendus plus aigres (belle-mère – père).
Mais cette fois-ci, je ne céderai pas.
Pas de manque : pas d’amour.
Moi, j’ai montré mon manque, en diverses occasions. Son thème : « Tu ne me désires pas » est complètement périmé.
Que faire avec ce mot de G. ? Toujours moi qui provoque pour constater que je ne suis pas aimé, paraît-il ?
Non, je n’invente pas mes problèmes, mes malaises, mes insatisfactions, mes nostalgies.
Non, je n’ai pas rompu « comme ça ». J’ai prévenu avant. J’ai demandé avant.
Oui, j’ai demandé !
Demandé plus de baises, plus de lingerie, plus d’excitation.
Demandé sa présence, celle des enfants.
Alors quoi → aurait-il fallu justement que je ne demande pas ?
Faut-il accepter qu’on s’éloigne l’un de l’autre, insidieusement, quotidiennement (jusqu’à rester 3 ? ? semaines sans baiser !)
Si les choses ne bougent pas, ne faut-il pas rompre ?
Toujours rongé par le doute sur moi-même, n’est-ce pas ?
Que j’envie ceux qui sont sûrs d’eux-mêmes.
Ceux qui prenne une décision et s’y tiennent
G. : « Si vous n’êtes pas de votre parti, qui le sera ? »
Mais c’est ce que je vais faire !
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – ANGOISSE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – MADONNA (!)
Interview de Madonna :
« C’est toujours la même histoire : l’un court après l’autre, l’autre fait le difficile ! »
TÉLÉVISION – LITTÉRATURE – STRINDBERG
Quatrième épisode d’un très beau téléfilm sur la vie de Strindberg…
16/11/1987
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – SENTIMENT D’INFÉRIORITÉ – AMIS – MICHEL B.
Hier : appelé d’abord Michel B. pour lui demander s’il pouvait me prêter de l’argent. Il est prêt à contracter un emprunt pour m’aider !
Il m’a dit et redit qu’il considérait que c’était grâce à moi entièrement qu’il était à A2.
L’ai repris sur cet adverbe, et insisté pour qu’il ne dise pas cela.
Sa sincérité m’a conduit à lui parler – alors que je ne le voulais pas – de mes difficultés affectives. Il m’a dit alors cette phrase stupéfiante : « Psychologiquement, je ne fais pas le poids en face de toi ! »
C’est dingue de dire ça !
Je lui ai dit qu’il me surestimait, que j’étais une fausse valeur (je crois que j’ai dit ça au moment où il me parlait de donner des cours à l’INA et que je lui ai répondu que je ne savais pas assez de choses pour enseigner des gens) Ça l’a mis en colère.
J’ai ensuite appelé Marc B., toujours pour la question d’argent. Lui ne peut pas (déjà prêté 15 briques à une société qui va peut-être faire faillite).
Mais il me parle d’une éventualité de monter des images pour émission en Mondovision.
Et ce matin : coup de fil de TF1. Alain I.-C. me dit que j’ai pour trois ou quatre semaines de boulot !
Enfin !
Je dois passer à TF1 cet après-midi.
VÉCU – TÉLÉVISION – ÉROTISME
(14h40)
Je vais à un rendez-vous « Charme » aux Films du Sabre.
Je note idée pour eux :
– Strip serrure
– Strip cadre voitures passant X
– Mec collé affiche. Foot X
– Mec/fille (nue) maison Sologne X
– Baiser couple orchestre cœur
– Mec suit film « avec son corps »
– Femme : partout des belles femmes
– Copies femmes hommes d’affaires
– Couple devant miroir
– Couple femme mange en baisant
Traits barrant certaines idées : traces de mon rendez-vous (intéressant) avec Patrick Drugeon et Jean-Paul Boucheny.
Let’s see…
Ai eu chiffres de mon contrat TF1 : 20 000 Fr. bruts (sur 4 semaines). Agathe Fournier va essayer de mettre ce que je dois faire en catégorie 3 (droits d’auteur).
VÉCU – CHOSES ENTENDUES – LANGAGE – HUMOUR – IDÉE POUR CINÉMA OU ÉCRITURE
(22 h)
Repas restaurant chinois, seul.
À côté : autres dîneurs (un mec + 2 filles). Le mec dit « des trucs » :
– « Faudra que je te le présente… (un temps) De loin, derrière une vitrine (rires)
Une des filles parle d’un mec qui a eu un accident de moto et chaque année, à l’époque de l’accident, devient méchant.
« Il s’assombre là-dedans et… »
Le serveur arrive, tendant un plat, interrogatif. Le mec dit en désignant une des filles : « C’est au monsieur… ! » Rires.
Et moi, j’invente : marivaudage. Le mec envoie un baiser à la fille du bout des doigts. Rires. Lui : « Signe-moi un reçu… ! »
LECTURE – SCIENCES – PHILOSOPHIE – RÉFLEXION
Je lis « Gödel Escher et Bach » en notant en marge.
Je ne résiste pas au plaisir de transcrire ici une de ces notes : Hofstadter parle de l’attitude « zen » face un tableau d’Escher consistant à faire de ses lignes les « symboles vides de sens d’un système formel ». J’écris donc : « Fastoche, zen ! C’est assez « zenbécile » comme attitude ! »
18/11/1987
IDÉE DE DESSIN OU DE PHOTOMONTAGE
« Clef-verge »
VÉCU – TÉLÉVISION – ÉCRITURE – CINÉMA – PROJET « L’HOMME AUX DOIGTS D’OR »
(19h15. Je sors du montage)
Marie-Claude Guilbert m’a rappelé (je l’avais appelée dans la journée. Elle avait promis de rappeler. Elle l’a fait !)
Elle aime bien. Elle a d’abord parlé de l’intégrer à la série « Sentiments ». J’ai laissé dire (elle a reconnu après que mon scénario était meilleur que celui de « La tricheuse »… !)
Elle a noté – avec intérêt – l’idée de Jarre.
Elle attend maintenant que Nicole Ricard le lise.
19/11/1987
VÉCU – AMIS – MICHEL B.
Cette nuit : endormi à 5 h !
Je parlais à voix haute à Michel B. → lui ai écrit tout le bien que je pense de lui.
VÉCU – CINÉMA – « SIBYLLE »
Parlé incidemment à mon monteur aujourd’hui de mon « court-métrage » (ne l’ai pas nommé). Il l’a « reconnu » : « Ah, c’est toi qui as fait ce court-métrage comme ci (il décrit la « femme », les « escaliers », etc.) qui sert de référence à plein de gens ! »
Ça alors ! Vraiment, ce « Sibylle » !
(Je regrette la perte (maudit chinois développeur rue de Belleville !) des photos de Grèce ou j’étais photographié, à Delphes, sur le rocher de la Sibylle et il faudra que j’en fasse une devant plaque du village « Sibylle » près de Prades… !
VÉCU – TÉLÉVISION – AMIS – MARC B.
B. m’a remercié de mon message (lui avait laissé : « Deux mots qui en contiennent de nombreux autres : merci beaucoup ! ») « C’est rare, des gens qui manifestent spontanément… ! » (N’ai pas noté la suite. Trop heureux, n’ai pas écouté. Me suis plongé, moi, dans remerciements envers lui (gens comme lui rares).
VÉCU – TÉLÉVISION – TRAVAIL – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(1 h du matin)
Depuis que je retravaille, je m’aperçois comme on peut être pris par l’activité.
Ainsi sûrement en a-t-il été et en va-t-il pour Mathilde.
Mais le soir ? Lorsque ça s’arrête, qu’on se retrouve face à soi-même ?
Moi, elle me revient alors.
Je souffre, mais aussi, je ne peux accepter qu’elle se soit ainsi éloignée de moi à cause de ce travail et tant de mots aussi « définitifs » me reviennent (« J’ai choisi »).
À elle, sûrement, rien « ne revient ».
« Amnésie ».
VÉCU- 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE
Reçu Alex (frère de Colette). On a parlé de Colette.
Maison de campagne. Il me parle de son enfant qu’il a fallu opérer, je crois. Mais je n’ai pas bien écouté et je le regrette.
Il me dit qu’il lui a demandé : « Ça va ? »
Elle (il paraît qu’elle a maigri beaucoup : « Ça va ! Je suis un peu fatiguée. »
Moi qui croyais qu’elle grossirait !
Décidément, je me tromperai toujours !
(Rectification. Je l’avais vu grosse plus âgée… !)
18/11/1987
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – EXCRÉMENTS – DIARRHÉE
(14h05 – Tabac « Le Malar »)
Ai encore chié dans mon froc !
Incroyable… !
Je quittais Cognacq-Jay pour aller à la banque pour ensuite payer factures (EDF – PTT) (C’est ça qui m’a « fait chier » !)
Je tourne le coin de la rue Cognacq-Jay, je pète et je sens une giclée de liquide chaud jaillir entre mes fesses… !
(Pourquoi suis-je ainsi diarrhéeux ?)
Je dis « Oh, non… ! »
Et pourtant si…
Ça a transpercé jusqu’au pantalon !
Demi-tour → toilettes de Cognacq-Jay. Je déchire mon slip, l’enlève, met du papier entre cul et pantalon (tache marron !) (Heureusement, j’avais le parka qui cache le fond de culotte !) → Rue Saint Dominique, magasins de fringues : j’achète un pantalon à 179 Fr., je retrousse le bas de pantalon pour faire un revers grossier (je vole un slip) et voilà ! (à la caisse : mec veut prendre mon pantalon merdeux : je le reprends vivement !)
Qu’est-ce que cela signifie ? (Si ça signifie quelque chose, Sigmund)
VÉCU – MAISON – ÉLECTRICITÉ – ARGENT – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(21 h – métro)
Tout à l’heure, j’appelle à la maison pour interroger le répondeur : ça sonne dans le vide… !
Panique : je me dis qu’on m’a cambriolé, comme c’est déjà arrivé.
J’appelle la concierge pour demander si pas de panne de courant dans l’immeuble et elle me dit : « Non. On ne vous a pas coupé l’électricité ? » (Elle voit juste, comme pour la clé : connerie de ma part).
C’était ça, en effet !
J’avais jusqu’à hier pour payer !
Ils sont secs. Ils coupent, tac !
Monique Cara me demande de tourner pour elle après ce que je fais là… !
Je disais hier, au téléphone, à Guillaume S. : « Je revis ! »
J’oublie d’ailleurs de noter que C. m’a appelé de Dijon (à part que ces cons avaient contacté 2 réals en même temps ! Nul !)
Mais, très vite, la pensée d’elle me revient… Et je ne suis pas bien !
Ce qui me fait honte c’est de ne pas être comme elle : de ne pas pouvoir dire (calmement) : « Non, moi je ne vois pas ça comme toi… » et de laisser les gens être comme ils sont, ne pas essayer (vainement) de les changer.
Moi, je deviens agressif parce que j’essaye d’amener les gens sur mes positions et que ça ne marche pas (quand quelque chose de vital pour eux est en jeu).
En fait, je voudrais qu’elle soit, comme moi, mécontente que je ne sois pas comme elle et agressive à cause de ça.
Manque de pot : elle n’a jamais été (ou très peu, infiniment moins que moi) agressive et désireuse de me changer, ni emplie de ressentiment.
C’est ça que je n’avale pas…
Je pense assez souvent, en ces heures-ci, à l’avenir et à la solitude (car il est avéré désormais que je ne sais pas aimer, que je suis trop possessif, exigeant, intolérant, égoïste et laid. Donc que je resterai seul !)
(23 h 05)
Toute l’après-midi, la merde m’a brûlé – et me brûle encore – le cul.
Obligé de mettre pommade.
J’écris ça à la lueur de la bougie !
Écoute au walkman (piles) : Meredith Ambrosio accompagnée par Patrice Caratini (basse). Beau.
Des signes ? Parsemés sur notre route ?
→ Meredith Ambrosio :
« Qu’y a-t-il à espérer d’un rêve fait jadis ?
Mais le temps est un ami (malin ?)
Il nous dit qu’on sera préparé (à nouveau ?) à tomber amoureux. »
19/11/1987
Vécu – argent
(7h20 ! <– Suis réveillé trop tôt (devait aller à l’EDF payer, mais au lieu de 7h30, mis 6h30 !)
Bistrot Pixerécourt (de quartier et très crade).
Mecs jouent baby-foot. Un spectateur encourage : « Vas-y, Fifi, t’as de la dynamite dans les pieds ! Mais il joue avec ses mains ! » (Rires)
ÉCRITURE
Et mon cul, tu l’as vu ? Avec une fente au milieu… ? !
VÉCU – CINÉMA
(22 h)
Extrait de « La griffe du passé » (de Jacques Tourneur) :
– (Après un baiser des héros, il la tient dans ses bras) :
– Que tu es petite !
– Plus grande que Napoléon !
– Plus jolie aussi ! (il l’embrasse).
VÉCU- DÉSŒUVREMENT
Rentré maison. Trouvé bulletin participation « Sélection du Reader’s Digest »
Pour la première fois, ai répondu !
VÉCU – ARGENT – RÉFLEXION
TV : Fabius cite Dumas : « L’argent est un bon serviteur et un mauvais maître… »
(1h30 du matin)
Je rallume, pour écrire, car une pensée me vient, claire et nette :
« Ne plus chercher à convaincre. Et ne plus vouloir qu’on cherche à me convaincre. »
20/11/1987
LITTÉRATURE – THÉÂTRE – DOSTOÏEVSKI
(2 h du matin)
Invité par Camille à voir un spectacle d’après Dostoïevski.
Ai retrouvé (comme la lecture de quelques pages des « Possédés » à la Claverie) la même envie de m’immerger dans l’océan dostoïevskien… !
21/11/1987
VÉCU – ÉCRITURE – CARNETS
(Samedi matin)
Je décide de subdiviser désormais les notes de ces carnets dans les catégories suivantes :
1/ Idées (= œuvres possibles en matière littéraire ou autre).
2/ Dialogues : un morceau utilisable plus tard pour un personnage.
3/ Pensées : aphorismes – sentences, maximes…
4/ Narration. Utilisable plus tard pour une narration
5/ Humour (comme son nom l’indique)
ÉCRITURE
La sirène assassine de sa sérénité (pour parler d’une femme qui vient foutre la merde dans sa vie !)
écriture – ROMAN « LES MATHS À MORT »
Pour « les 3 G » :
« Je v’regarder la télé… »
VÉCU – ANGOISSE – SOUFFRANCE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(11h45)
C’est un mauvais matin. J’ai le ventre noué. Je souffre beaucoup. J’ai la gorge serrée. Je pense beaucoup à elle. Je suis triste.
Je ne cesse de me demander si j’ai tort, en quoi j’ai tort.
Elle a dit : « On ne peut pas parler avec toi » (au téléphone, quand je l’ai appelée, la veille de son départ).
Est-ce vrai ?
C’est vrai que je suis emporté, coléreux, agressif.
Je souffre d’être ainsi, victime de moi-même, soumis à mes pulsions.
Ça m’humilie, ça me fait peur et ça me rend malheureux.
Ça me désespère, car je n’en vois pas la fin !
Pourtant, si j’ai explosé et si je l’ai mise à la porte, il y a bien une cause à ça : une situation qui dure, qui s’éternise, une situation qui n’est pas normale, pas bonne.
J’ai raison de réagir et si je le fais de manière violente, c’est que je sens qu’il n’y en a pas d’autre et j’ai fini par me dire qu’il fallait rompre car c’est sans espoir d’évolution et aussi de rattrapage d’humiliations importantes chez moi (tous ses mots, si lourds, si « définitifs » !)
Je ne cesse de me demander si elle souffre ou pas, de son côté.
Me reviennent ses mots : « J’en ai marre des histoires… »
Je pense qu’elle est soulagée d’échapper à moi et qu’elle ne souffre pas car elle ne manque pas (cf. son « calme » au téléphone).
Une fois de plus, c’est moi qui en prends plein la tête… !
Don’t trust anybody !
C’est chaque fois la même chose :
Je crée une séparation pour que l’Autre souffre du manque de moi et m’exprime son désir et c’est moi qui souffre tandis que l’autre se détache !
ÉCRITURE
Narration : « L’Idiot, le prince « miskin » comme l’appelait Mohamed… » (miskin signifiant « le pauvre », en arabe.)
ÉCRITURE
Dialogue : (Maman) :
« Tu te rends compte : j’étais aussi sûre que la mort que j’avais pris le Noctran… ! »
ÉCRITURE
Dialogue : (moi à Maman, à propos de son dentier, posé sur la table) :
« C’est les dents de la mère… ! »
LITTÉRATURE – CITATION
Poirot-Delpech :
« Quelqu’un qui se passionne pour la vie des mots ne peut pas être tout à fait désolé ni ennuyeux. »
Réconfortant !
ÉCRITURE
Narration :
Travestissement de la vérité :
Sondage : « Dans quel camp, selon vous, les hommes politiques sont-ils le plus honnêtes : à gauche ou à droite ? »
À gauche : 19
À droite : 11
Pas de différence : 63
Sans opinion : 7
→ Une « autre » façon de le dire :
« Il y a davantage de gens qui pensent que les hommes politiques de gauche sont honnêtes que de gens qui pensent cela des hommes politiques de droite ! »
VÉCU – MA MÈRE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – COLÈRE
(22 h)
Alors qu’elle regarde TV et moi découpe documents, Maman me reproche de crier (d’après cris dans pièce boulevard « Treize à table »)
Je rappelle qu’il y a des raisons (ce midi : « Vous avez eu la vie facile, ceux qui ont été à la mine à 12 ans se débrouillent mieux » + « Tu es un faiseur d’histoires ».
Je lui dis à propos de ça qu’en fait, il faudrait sentir coupable de ne pas avoir été malheureux !
Elle éclate de rire : « Drôle de raisonnement ! »
Bref : encore une fois : ai crié, me suis mis en colère.
Je ne peux pas m’en empêcher ! Avec qui ? Pas avec tout le monde (mais avec beaucoup de gens quand même !) (même dans le boulot !)
Je suis piégé par moi-même (Mathilde : « On ne peut pas parler avec toi ! »)
Je trimbale ce problème depuis quand ? Je me rappelle en avoir parlé avec de L.-H. (psychiatre). J’avais 18 ans !
Depuis : j’en suis à la troisième femme avec qui ça rompt, chaque fois, dans la violence) !
VÉCU – ANGOISSE – SOUFFRANCE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Elle m’aimait. C’était son illusion. Je le savais. Je savais que cela tenait à elle, pas à moi, que je n’y étais – presque – pour rien.
Puis j’ai voulu croire que j’y étais pour quelque chose, que j’avais du pouvoir.
VÉCU – RÉFLEXION – ÉCRITURE
La réalité d’aujourd’hui me rappelle que les êtres n’aiment que parce qu’ils ont envie d’aimer… ← (capital !) (2014 : from Internet : pas fait)
(Suite) et qu’ils peuvent changer d’avis même si vous n’avez pas changé de vie…
VÉCU – TÉLÉVISION – CHOSES ENTENDUES
Lio dit qu’elle a toujours fait du business, mais qu’avant elle n’était pas douée, mais « on apprend… avec le temps… »
Et moi je pense à Mathilde « apprenant » – très vite – son « métier » (« Je n’avais pas trouvé ma voie… ») → pincement au cœur…
ÉCRITURE
Humour :
C’est à cet art que tu t’éveilles ?
ou
C’est à cet art-ci que tu t’éveilles ?
ou
C’est à cet art-là que tu t’éveilles ?
ou bien, au terme d’un trajet :
C’est à cet art-là que t’arrives ?
22/11/1987
VÉCU – ANGOISSE – SOUFFRANCE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – ma mère
Couché à 3h. Réveillé à 8h30.
Chaque fois, mes premières pensées sont pour le sujet, vu de son point de vue, et j’ai tort. Je suis cause de tout.
Et puis colère après ma mère parce qu’hier elle m’a dit – elle aussi – que j’étais un « faiseur d’histoires » !
Évidemment → colère !
Et ce matin, je me suis acharné à lui expliquer que j’étais malheureux et que je n’étais pas entièrement mauvais
– « Qui c’est qui te dit ça ? »
– « Toi ! »
Commentaire du 12 décembre 2018 :
Numérisant le carnet 44, je suis tombé sur une série de notes relatives à mes contacts avec ma mère juste après ma rupture avec Mathilde, alors que j’étais très malheureux. Parmi celles-ci, le 22/11/1987, j’ai écrit (concernant ma mère) : « Ce matin, me suis acharné à lui expliquer que j’étais malheureux et que je n’étais pas entièrement mauvais.
– « Qui est-ce qui te dit ça »
– « Toi ! »
Cette note que je rédige aujourd’hui, le 12 décembre 2018, fera office de commentaire à cette note de novembre 1987 et je l’insèrerai en tant que telle dans le blog où je numérise mes carnets.
Cette note du 22 novembre 1987 s’avère capitale dans la mesure où elle sert de support, de point de départ à une prise de conscience que j’effectue aujourd’hui (pas aujourd’hui au sens littéral : j’y pense depuis 10 ou 15 jours, mais c’était si important que je remettais d’écrire à ce sujet, afin d’attendre le moment où je me sentirais « dans un bon état », « le » bon état, pour le faire. Ce moment est-il arrivé ? Je l’espère.)
En fait, c’est assez simple (ce qui ne signifie pas que ce ne soit pas délicat à exprimer) : j’ai toujours cru jusqu’ici que je souffrais, dans l’épisode de la « perte » de mon chien Bobby, car je trouvais l’attitude de mes parents inacceptable, leur en voulais et n’arrivais pas leur pardonner.
Mais la note du 22/11/1987 éclaire cet épisode d’un jour nouveau : jusque-là je croyais mes parents seuls impliqués dans la perte du chien qui se trouvait, dans mon inconscient, être ma perte puisque le chien portait mon nom. Ma lutte, ce 22 novembre 1987, pour démontrer à ma mère que je n’étais pas « entièrement mauvais » révèle ce que mon inconscient s’est construit lors de cet épisode : si mes parents m’ont perdu, c’est parce que j’étais mauvais !
Qu’ils m’aient « perdu » par caprice, par bêtise, par erreur, par inconscience du mal qu’ils me faisaient ou par cruauté, par sadisme entièrement ou en partie inconscients, ça n’aurait concerné qu’eux seuls, mais je m’étais forgé la conviction (inconsciente) qu’ils l’avaient fait car j’étais mauvais et « méritais » d’être perdu et qu’ils se débarrassent de moi.
C’est très simple, comme je le disais, mais c’est d’une extrême importance et cela m’a poursuivi toute ma vie.
À partir de cette crainte, devenue une conviction, j’ai développé toute la gamme des réponses possibles : justifier que j’étais mauvais, démontrer que je ne l’étais pas, être agressif et demandeur, violent et faible, bourreau et victime, réussir et échouer, etc. : toute cette double nature qui a été la mienne.
Aujourd’hui, dans le sillage de cette prise de conscience, sans chercher à excuser mes parents, il est également venu à ma conscience une autre manière de voir leur acte, une manière réaliste, concrète, qui serre au plus près possible la réalité de ce qui a pu se passer : n’ai-je pas eu des jeux sexuels avec ce chien ? (plus tard, en tout cas, à l’âge de l’observation et de la curiosité, un chien prenant ma jambe pour une chienne avait vivement excité ma curiosité et mes pulsions). En ce cas, mes parents, cadenassés dans leur pudeur et leur introversion (jamais comme par ces notes du carnet 44 je n’ai mesuré autant combien ma mère était muselée (sic !) par ses conventions), n’auraient pas osé m’expliquer pourquoi ils voulaient me séparer de ce chien, me considérant certainement trop jeune pour m’expliquer cela (s’y refusant peut-être même indépendamment de mon âge mais compte tenu de la nature de mon comportement).
Et, après tout, cette interprétation de ma part « tient la route » : de leur point de vue, dans leur contexte, à cette époque, qu’auraient-il pu dire ? Et peut-être même ont-ils pensé que dire ne servirait à rien, que cela ne changerait pas mon faire. À l’appui de cette hypothèse, il faut noter combien la maison nous vivions été petite et combien cela induisait une promiscuité possibilisant mes jeux sexuels avec le chien…
Je dois continuer d’être intransigeant avec ma vérité : ce n’est pas sans un petit pincement de regret que je me confronte à cette nouvelle hypothèse qui est quasiment une reconstruction de mon vécu !
En effet, c’était bien commode de m’être construit un « mythe personnel » où mes parents portaient entièrement le poids de mon ressentiment, de ma colère, de mon agressivité (*)
Déconstruire sa propre violence est la chose que je crois être la plus difficile du monde.
Est-ce pour cela que j’ai attendu d’avoir 72 ans (presque jour pour jour) pour esquisser cette déconstruction ? Pour pouvoir vivre la partie précédente de ma vie dans ce ressentiment, cette colère et cette agressivité ?
Oui, je le crois.
Mais enfin, comme dit l’Autre : mieux vaut tard que jamais.
Je ne partirai pas sans avoir effectué cette prise de conscience (prolégomènes à ladite déconstruction) et sans l’avoir formulé en toutes lettres, ici même, par ce texte qui peut légitimement être considéré comme la CLÉ DE MA VIE, DE MON ÊTRE : mon être aura été de ne pas être assez « bon » pour ne pas être abandonné.
On peut ainsi parfaitement comprendre mon « mauvais caractère », mes perpétuelles fâcheries, mes rupture à répétition, mes échecs professionnels : toutes attitudes de révolte devant cette condamnation initiale et, en même temps, de conformation à cette condamnation.
(*: Ce poids, je le partage peut-être avec eux et aussi avec Bobby, qui aimait sans doute jouer à ces jeux sexuels s’ils ont existé. C’est alors peut-être ainsi faut comprendre G. me disant que je haïssais Bobby !)
– Commentaire écrit à 72 ans
Complément à ce commentaire :
Complément au commentaire sur la note du 22/11/1987 à propos de la « perte » de mon chien Bobby :
Ce qui me frappe dans cet épisode, c’est le non-dit : ils ne m’ont pas dit qu’ils avaient abandonné le chien, préférant dire qu’il l’avait « perdu », mensonge évident, que je n’ai pas cru, mais qui m’a terriblement fait souffrir par l’hypocrisie qu’il révélait et qui m’a cruellement blessé. Non-dit aussi sur leurs intentions : ils ne m’ont pas dit pourquoi il voulait se débarrasser de ce chien. Ils se sont contentés de dire qu’il « mettait des poils partout », ce qui m’a paru une raison insuffisante, pour tout dire : pas une raison du tout.
Je me rends compte aujourd’hui qu’autant que ma séparation d’avec mon chien bien-aimé, j’ai souffert de ce non-dit, de ce silence.
Le silence est pathogène. Je le savais, mais je le mesure de façon encore plus aiguë aujourd’hui, en le repérant dans mon propre cas.
Ce qui explique pourquoi j’ai été un « bavard » invétéré pourquoi ma mère, logique en cela avec elle-même, me disait : « Tu parles trop… ! »
De même, alors que j’eusse pu devenir un être foncièrement méfiant devant les « sales coups » que pouvait me faire les hypocrites et les dissimulateurs, j’ai, au contraire, développé une confiance excessive, me confrontant à de nombreuses reprises, à des erreurs de jugement (on en revient aux « erreurs » qui donnent son nom à ce blog : « Journal de mes erreurs ».)
En vérité, j’ai toujours su que les gens qui me croyaient naïf, faible et/ou maladroit se trompaient. Je savais, au fond de moi, que je « le faisais exprès », je savais que je saccageais ma vie, que je ratais les occasions, me fermais des portes (ce qui n’empêchait pas aussi qu’on me les ferme au nez…)
Ce blog pourrait s’appeler : « Journal de mon sabordage »… !
– Commentaire écrit à 72 ans
Elle m’a dit qu’elle avait eu une partie d’une jambe paralysée, cette nuit.
Elle a eu peur.
« Juste ce que je ne veux pas ! Une paralysie… »
Commentaire du 13 décembre 2018 :
Le 22/11/1987, j’ai écrit : « Elle (ma mère) m’a dit qu’elle avait eu une partie d’une jambe paralysée, cette nuit.
Elle a eu peur. «
« Juste ce que je ne veux pas ! Une paralysie… »
La présente note constitue un commentaire à celle-ci :
Cet accès de paralysie était probablement un signe avant-coureur de la paralysie consécutive à un AVC qui allait la frapper un an plus tard et qui devait entraîner sa mort à l’été 89, donc à peu près deux ans après.
Ce qui me frappe, en relisant cette note du 22/11/1987, c’est que j’ai juste « enregistré » ça, « comme ça », sans commentaire, sans réaction.
Attitude qui reflétait mon immense colère contre elle, mon immense ressentiment.
J’aurais pu au moins m’inquiéter un tant sois peu de cette paralysie, lui demander des nouvelles, en parler à mon frère. Je crois me souvenir que je n’ai rien fait de tout cela.
Je refuse de me condamner moi-même, ni de m’absoudre : cet épisode révèle l’immensité d’une détresse conduisant à l’immensité d’une colère, à l’inacceptabilité de l’une et de l’autre.
Cela n’a pas empêché que je traverse la pire dépression que j’ai jamais connue à partir de son AVC et de son hospitalisation. Puis après sa mort.
– Commentaire écrit à 72 ans
VÉCU – TÉLÉVISION – JUDAÏSME
Émission juive.
Les échecs (fêtés ?) « Nous avons échoué (?) parce que notre entreprise est grandiose. Ou bien l’humanité réussit – en nous – ou personne… ! »
Quel orgueil !
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME -RÉFLEXION
Les mots de Patrick C. me sont revenus : « Tu n’es pas de devenu dur ? Avec le métier que tu fais… Tu n’es pas assez dur ! »
Une pensée que j’ai aussi, parfois…
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÉFLEXION – SOUFFRANCE – DÉPRESSION – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Quelle violence aussi, d’une certaine façon, à me laisser ainsi dans la solitude et le chômage car, lorsqu’elle est partie, je n’avais pas travail… !
Partir, aller travailler, oublier, comme elle l’a dit, dans l’action, alors qu’elle m’avait laissé dans l’inaction… !
Ils s’engouffrent dans l’action : l’activité perpétuelle pour oublier, pour se divertir, au sens pascalien. Surtout elle, car lui, son frère, a l’esprit trop obscurci pour être sensible à l’angoisse et au doute.
Je sens qu’elle n’est plus la Mathilde des débuts, amoureuse, passionnée, bonne et douce. Elle est morte.
J’ouvre les yeux et découvre une femme absorbée par une action où je n’ai pas de part, devenue dure et capable d’une certaine forme de violence, d’une véritable dureté… !
Je sais que tôt ou tard je ferai de ma souffrance un sujet de fiction, que j’en tirerai profit au sein d’une œuvre, mais, pour l’instant… !
ÉCRITURE
Ce matin, la bête qui me mort le ventre est remontée à la gorge : la vie sans aimer, la vie sans amour… (inclus dans Manuscrit « Les deux femmes du mort »)
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME- RÉFLEXION – DURETÉ – ÉGOÏSME – MÉCHANCETÉ
Le pire, peut-être, c’est que lorsque je pense à l’avenir et imagine un autre amour, lorsque je me visualise spontané, généreux, tendre… alors me revient la terrible certitude de mon repli, de mon égoïsme et de ma méchanceté…
Je me dis : « Changer, être généreux, tolérant, laisser l’autre être ce qu’il est, comme il est… » et la pensée me vient : « Pourquoi ne l’avoir pas fait avant, alors ? C’est par exigence que nous avons rompu. Cette exigence restera.
« Question à 1000 Fr. » : cette exigence est-elle incompatible avec l’amour ?
Ça, c’est ma question. Elle peut se dire aussi de cette façon : « Suis-je capable d’aimer ? Et suis-je aimable ? »
LECTURE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
« Nil » de Claude Tardat : la « tristerie » : plus grave que la déprime.
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME- RÉFLEXION – DURETÉ
Le thème de la dureté continue à serpenter : souvenir de Mathilde parlant de Cavanna (que je vois à la télé) : « Il est trop gentil… »
VÉCU – MA MÈRE-PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – CHAGRIN – ENFANCE
Télé : je fais écouter à Maman qui s’habille dans la petite chambre « Mazzolin di fiori » par une chorale.
Ça me fait pleurer. Maman sort et vient me dire que Rita, à Hammam-Lif, le chantait ! Je ne me souvenais pas.
Maman n’a pas vu que j’avais pleuré.
Je repleure, fort.
J’ai du chagrin.
ÉCRITURE
Narration (ou Pensée ?) : « On pleure d’abord parce qu’un amour est mort, puis parce que l’amour meurt » (2014 : from Internet : pas fait)
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – CHAGRIN – ENFANCE – AGNÈS – HONTE – CULPABILITÉ
Tout me blesse : télé : une présentatrice parle du film Disney qui sort pour les fêtes : « Bernard et Bianca ». Ça me rappelle Agnès petite et j’ai la boule dans la gorge et le souffle gêné…
VÉCU – MA MÈRE – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – SON FRÈRE VICTOR – ARGENT
Maman m’a rappelé un mot de Victor U. : « Moi, j’aime les riches… ! »
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – AMIS – GENTILLESSE
Être gentil avec les amis : ça calme un peu d’être bon.
VÉCU – MA MÈRE – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – CHAGRIN – ENFANCE
Ce midi : très forte crise de larmes devant Maman.
C’était sur le canapé de l’entrée. Elle ne voulait pas qu’on m’entende à travers la porte. Je suis allé pleurer sur le lit.
Les mots de Maman :
« Tu as l’affection de ton frère, la mienne. Il ne faut pas pleurer pour des étrangers, ce sont des pièces rapportées… »
Elle ne sait pas, ne sait plus, prendre dans ses bras, caresser le front, donner de la tendresse. (Le lui ai dit. Elle : « Je ne l’ai même pas fait quand Nini est mort. On est comme ça, trop réservés… »)
Nous sommes tous amidonnés, raidis, paralysée, la tête haute, emprisonnés dans l’incapacité d’être tendres !
(16h35)
Je viens de re-craquer. La première crise c’était devant une toute petite Chinoise que Chantal Goya tient dans ses bras pour une chanson : « Poupée de Chine ». Elle l’avait chantée au début, l’a rechantée à la fin de l’émission de Martin et j’ai repleuré devant cet adorable, minuscule petit bout, visage sérieux, qui symbolise pour moi l’innocence, la vulnérabilité, la pureté, le besoin d’amour. Autant de rappels de mon indignité qui ravivent la brûlure de ma souffrance et me cuisent les joues)
Maman m’a dit : « Ne t’avilis pas… »
J’ai dit que ce n’était pas s’avilir que lui montrer mes sentiments authentiques.
Je pleure. Je vais dans la chambre, reviens, pose ma main sur la sienne. Elle reprend : « Ne t’avilis pas. »
Je sanglote qu’elle ne comprend pas, que je ne pleure pas que sur Mathilde, mais parce que je ne pèse rien, ne compte pour personne.
« Ne t’avilis pas ! » → Colère. Je vais pour partir, mais, furieux, comme avec Mathilde, d’avoir à partir de chez moi, je reviens et lui dis que si c’est ainsi, je vais la mettre à la porte, couper les ponts avec elle, comme avec mon psychanalyste, Colette, Mathilde…
Je lui dis que j’essaye de lui expliquer mon chagrin, mais qu’elle ne comprend rien, qu’elle est bornée.
Décidément : comment puis-je me donner tort de me mettre en colère ? Rien n’y fait, ni les paroles, ni les cris, ni les larmes. Elle reste ce qu’elle est et nous ne nous rencontrerons jamais.
Ce serait moi qui devrais changer ? Ne pas pleurer ? Ne pas lui montrer mes sentiments réels ? Mais en quoi est-ce mal ?
Tant de mères y verraient la marque de confiance de leur fils !
Je lui ai dit qu’elle, elle ne montrait pas ses sentiments réels (elle m’a dit : « Moi, je fais face. Je fais face à vous, c’est déjà beaucoup… (sic !), qu’elle était ou bien hypocrite ou alors insensible, ce qui est pire !
(17h05)
Je repense : quand Maman me dit « Ne t’avilis pas… » même si je ne suis pas d’accord avec elle sur cette notion d’avilissement, je pourrais ne pas réagir par les cris et la colère… Mais ce serait être un autre, car je crois que pour moi, vis-à-vis de mes parents, les cris et la colère ont été les seules manières de leur manifester mon amour, mon besoin d’eux (ce qui s’est ensuite décalé sur les femmes de ma vie, bien sûr) à cause de l’épisode du chien perdu : peur, peur intense → besoin d’eux : de qui d’autre ? Et en même temps : colère, bien sûr = contradiction : conflit. Névrose. Et me voilà aujourd’hui, à 41 ans !
Et je crois bien que c’est le seul épisode où je les ai perçus comme unis tous les deux (dimension sexuelle. Unis pour perpétrer un forfait qui m’a épouvanté, en me privant de ma jouissance avec le chien. Qui sait s’il n’y a pas eu des jeux sexuels qui ont motivé la « perte » du chien ?
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – CHAGRIN – ENFANCE – MALTRAITANCE
Cet après-midi, sur la Cinq, émission où des journalistes viennent attirer l’attention sur un problème qui leur paraît essentiel. Une fille est venue parler des enfants martyrs.
Vu photos qui m’ont aussi fait sangloter.
Elle a parlé de Laetitia morte à 5 kg ! ! J’avais découpé la coupure de presse ce matin même…
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
(19 h – bistrot)
Suis sorti.
Je l’imagine me disant (ou pensant) : « J’ai donné quantité de preuves d’amour (comme de me taire sur mes problèmes au travail, pour ne pas gêner, ne pas en rajouter) mais tu n’as pas su les voir. Tu me maltraites, me rudoies, ne me respectes pas. Tu ne me renvoies pas une bonne image de moi. Tu ne me fais que des reproches. Tu demandes de l’amour, je t’en ai donné. Ce dont tu m’accuses, c’est quelque chose que je suis contrainte de faire (travailler) pour vivre. »
Bien sûr, de son point de vue, elle ne voit pas ce qui est pour moi le plus important : l’impression que j’ai eue de la sentir s’éloigner de plus en plus, de sentir qu’elle pouvait de plus en plus facilement se passer de moi (pas de sollicitation sexuelle, du moins pas aussi passionnée que je voudrais, pas de manque) et cela cause du travail, de l’argent (d’où mes haines contre son travail et sa famille, que je lui demandais de partager !)
Mais en fait si elle peut se passer de moi, si elle s’est détachée de moi, c’est à cause de mon agressivité. Éternelle question sur l’œuf et la poule.
Cette tentative que je fais de créer du manque, en elle, risque fort de se retourner contre moi.
Tant pis : je l’ai aimée parce qu’elle manqué de moi. Si ce n’est plus le cas, je ne l’aimerai plus.
Je dois m’accrocher fermement à cette position. Ça doit être quitte ou double.
Dans le fond (!), la question centrale, pour moi, c’est :
Comment ne pas en vouloir à quelqu’un autrement qu’en le quittant ?
(21 h)
Je repense à l’épisode Buttes-Chaumont, quand on s’était caché des enfants, à son initiative (et que Michael avait pleuré).
Coup de folie sadique chez elle.
23/11/1987
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – MORT
(9h20 – tabac Le Malar)
Je vais au boulot.
Bilan de ce week-end : j’ai craqué. Mais, en un sens, cela m’a fait du bien. Et ça m’a, d’une certaine façon, « endurci ».
J’ai, une fois de plus, senti la mort. Mais il faudra bien s’y faire : elle va venir, alors ?
Vivre, certes, mais en sachant que la mort fait partie du paysage (et que c’est un horizon qui, contrairement à l’autre, ne recule pas au fur et à mesure qu’on avance).
Je repense à l’épisode « chie dans le froc ». Une référence impose, évidente : quand je l’avais fait, à Saint-Germain, au sortir de l’école.
ÉCRITURE
Pensée : Ainsi va la vie
Les meilleurs sont les moins bien servis… !
24/11/1987
ÉCRITURE – roman « les maths à mort »
Humour (?) : « Avec sa chronique dans Libé, il a du succès, Daney… ! » → Utiliser ça pour « Les 3 G »
ÉCRITURE
Narration : Si les montres étaient carrées, le temps accélérerait dans les lignes droites…
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – MORT
(22h15)
Après travail : difficile.
J’en parle mal ici. C’est plus que ça. La mort a plané sur moi aujourd’hui : images de mort au travail – Philippe, le monteur a raconté qu’à 8 ans, il a vu un type se suicider en se jetant de la tour Eiffel. Tombé devant lui.
Dans le métro : trafic interrompu. Suicide au métro Temple !
Sorti du métro à Opéra : marché : Grands Boulevards → rue Montmartre. Là, je pleurais et riais à moitié en me disant : « De toute façon, ça finira mal ! »
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Constamment, je reviens à l’espoir qu’elle reviendra, que c’est un rapport de forces. Qu’elle n’est pas vraiment décidée à partir.
Et puis je passe à l’idée que non, qu’elle se révolte contre moi, contre mes rudoiements, mes reproches, mon désir de l’entraver dans son travail.
Autre pensée qui revient : j’ai poursuivi l’impossible (contrôler l’autre). Je ne sais pas vivre. Ce qui m’arrive est de ma responsabilité.
Autre pensée : 8 jours en Israël. Télex au boulot et pas un coup de fil pour moi !
Tous les « mots » (Victor – son père – les comparaisons – le dénigrement).
Autre pensée : je suis « différent », plus vulnérable que la moyenne.
Plus sujet au manque, qui me tord les boyaux, me fait pleurer, me réveille, m’obsède (je m’arrête parfois de travailler, me perd les yeux dans le vide, fixe, à mes pensées !
(Philippe : « Pour une femme il paraît que les deux choses les plus importantes : mariage et déménagement… » Quel sens, pour moi !)
Et la baise ? Quand je pense que je lui disais que je ne croyais pas qu’une femme soit attachée à un homme par la baise et elle : « Mais si ! » Tu parles !
Je m’en veux de souffrir autant.
Finalement, c’est moi qui l’aurai le plus aimé… !
C’est fou ce que je peux avoir un tempérament passionné !
VÉCU – TÉLÉVISION – TRAVAIL
Autres propositions de travail :
Lundi : l’ADRI (suite contact Bertho)… ! Je n’y aurais jamais cru !
Aujourd’hui : message de C. !
Je suis furieux : rien pendant des mois et tout à la fois !
VÉCU – TÉLÉVISION – RÉFLEXION
Je repense aux images que nous montons et je revois plusieurs regards, expressions sublimes des êtres, muettes et profondes, instants fragiles arrachés à la mort, résumant la vie, en ce qu’elle a d’éphémère, de promis au trépas… Que faire d’autre que se raccrocher à ces regards ? Que de les scruter avec passion, comme la seule possibilité qui nous est offerte.
Yeux fermés par la mort : impossible de rien faire.
Impossible : impuissance. Castration. Que leurs yeux se ferment, ou les miens, et plus rien ne (se) passera… !
Regard de l’enfant avec son masque à oxygène. Celui de la petite Colombienne brûlée par le volcan. Celui de l’homme couvert de boue buvant de l’eau dans une bouteille en plastique.
Ces regards expriment peut-être la peur, l’angoisse, le chagrin, mais le regard, c’est la vie !
Tant que l’œil, mobile et vif, zigzague au milieu du réel, il reste de l’espoir !
Philippe a monté aujourd’hui un sujet sur l’aide aux victimes de la faim et je lis dans le Monde que 50 millions d’Éthiopiens sont menacés de famine (pour la 3ème fois en 15 ans) !
25/11/1987
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – RÊVES
Réveillé à 6 h du matin.
Après les rêves parfois bienheureux (cette nuit, quelqu’un (?) avait parlé de « L’homme aux doigts d’or » au producteur Alain Terzian (cf. conversation avec Renaud B. sur ce sujet), ce sont les réveils qui sont difficiles.
C’est toujours le même sentiment, au réveil :
Je suis coupable. C’est moi qui ai provoqué cela.
Ça induit, bien sûr, une terrible impression de gâchis.
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – TRAVAIL – TÉLÉVISION
Comme je l’ai fait hier, je note ici des « pensées cycliques », qui reviennent, périodiquement (Et de tout ça, je ne parviens pas à faire la synthèse) (*)
[Je ne veux pas oublier de noter :
Maman : « Quand une femme a dit « J’ai pas envie… » !
Michel B. (parlant de sa fille) : « Je ne comprends pas ! »]
(*: Voyage en Asie. Travail. Contacts. Boîtes. Visites = tourbillon somme toute agréable : facilite les choses # solitude et silence d’une maison vide et d’une ville archiconnue (idée tempérée par son contraire : seule à l’étranger, à l’hôtel, esclave du travail, n’est-ce pas plus dur, encore, d’affronter l’idée d’une rupture ?)
→ – Idée liée à la précédente par opposition :
– Pas dur de l’affronter car elle ne l’affronte pas, ce n’est pas dur pour elle, elle n’y pense pas (« amnésique »)
– Souvenir de quantité de « mini-ruptures » où je ne ne me butais pas (comme là en la foutant dehors), mais elle, en tout cas, ne paniquait pas ! Et ce sont mes retours conciliants vers elle, aussi, qui ont permis notre union.
– « Ce qu’il a fait, tu ne le ferais pas… ! »
Non, vraiment, elle n’aurait pas dû dire ça. Elle a touché au cœur de la rivalité profonde entre l’argent et moi, le travail et moi, la puissance et moi.
– Retour des mots de Rachida : « Tu égoïste, susceptible et faible… ! » Est-ce vrai ?
(D’où cette gosse pouvait-elle tirer cette opinion ?
De mon attitude envers elle, à la fin ? Mais c’était à la suite d’un grand amour déçu, pauvre petite idiote !
Tes dons de voyance ne te parlent pas de l’amour ?
– Pensée de colère envers G. me disant : « Vous poussez les gens à vous quitter exprès, pour pouvoir dire « On ne m’aime pas ! »
Je sais qu’elle m’a aimé et je vivais sur cet amour, sur le manque de moi que je savais en elle, si elle me perdait.
Aujourd’hui, elle peut me perdre en toute tranquillité !
Je n’ai pas créé ça !
Je me réponds à moi-même, au moi qui s’éveille, angoissé et malheureux…
Peu à peu, au fil du temps, je suis devenu tel qu’elle le voulait j’aurais pu aller jusqu’au mariage et un enfant, même.
Ce n’est pas moi, par une carence quelconque, qui l’ai poussée à cette frénésie de travail, à cette immersion amnésique dans l’activité…
Mais j’en ai fait les frais : je n’invente pas l’éloignement que j’ai ressenti en elle, l’extinction (pas totale, certes mais importante) de la sexualité et un refus obstiné de satisfaire mes désirs.
Résultat d’un choix (qu’elle a d’ailleurs formulé : « J’ai choisi ! » – « Je n’avais pas trouvé ma voie. »)
Sa voie, c’est elle, ce n’est plus moi.
C’est en cela que je suis trahi, car ma passion pour les images n’éteint pas ma passion pour elle.
– J’ai beaucoup repensé à moi, à mon attitude, y cherchant si vraiment, avec moi, la vie est impossible (cf… (interrompu)
(5 minutes plus tard) : j’allais écrire cf. conversation avec Jean-Pierre B. où il avait dit à Mathilde « Ça ne doit pas être facile de vivre avec lui » et je l’ai appelé pour lui demander pourquoi il avait dit cela et n’avait pas dit que je savais aimer.
Il me dit qu’il l’a dit aussi. Je dis non. Il revient sur sa phrase et dit que : boutade.
Moi : « La boutade me monte au nez ! »
Il rit. Moi : « Je suis quelqu’un de bien, puissance intellectuelle et qualités de cœur. »
– « Qui en doute ? »
– « Moi et les autres. »
– « C’est toi le pire »
– « Parole d’analyse : qu’on est responsable de sa vie sinon à 100 % du moins à plus de 50 %… »
– Paradoxalement : Analyse = culpabilisation du patient.
– « Normalement, non. »
– « Effets pervers… »
– « Oui système bétonné (j’approuve fortement ce mot)
Lui : (il explique « C’est toi le pire ») : « L’opinion qu’on se fait de soi est plus importante que celle que les autres ont de vous…. » (C’est moi qui l’ai formulé ainsi)
Lui : « C’est quand les autres ont mis à mal cette idée de vous… On doute. »
Il partait à son travail. Lui ai dit : « Je te laisse aller travailler. Au revoir. »
(9 h)
Après cette conversation
Tentation de « sommer » Jean-Pierre B. : « Excuse toi d’avoir montré le « morceau brûlé de la tarte » ou bien je romps avec toi… »
Mais je vois le « coup de folie » que c’est. Jean-Pierre B. n’est pas lié à moi, il n’y a rien à rompre.
Elle, c’est différent.
Retour du sentiment du rapport de forces, provoqué par moi, par mes coups de boutoir destructeurs incessants. Selon elle, ce n’est pas elle qui a commencé. C’est moi qui « fais des histoires », qui lui fais des reproches.
(13h40. Bistro rue Cambronne, en face de l’ADRI)
Je ressors du rendez-vous pour émission immigrés. 30 minutes à faire, sur radios « libres » région Dunkerque (à partir du 14 ?)
16 jours de travail, en principe (dois contacter leur « producteur »).
Rencontré Bertho : d’une manière imprévue et surprenante, il se met à parler de « départs vers la lumière » (2 fois dans sa vie).
J’ai quand même du mal à imaginer qu’elle n’éprouve aucun manque ! Ça cadre si mal avec ce qu’elle était… !
Mais désormais, qu’est-ce qu’elle est ? Et qu’est-ce que je suis, pour elle… ?
Par moment l’ambition d’avoir le pouvoir de lui faire renoncer à son métier me paraît exorbitant. Inatteignable. Et pourtant : dans un couple, est-ce qu’on ne tient pas compte de l’autre avant de décider quelque chose d’important ?
Si je comprends bien, être « chef d’entreprise », avoir « son affaire » à elle, c’est plus important que moi ?
Ce n’est pas la notion de « gagner sa vie » puisqu’elle pourrait faire autre chose. Mais quand je lui ai demandé si elle renoncerait à ce métier, elle m’a dit qu’elle ne pouvait plus, qu’elle ne pouvait pas revendre avant deux ans, je crois…
Bonne raison : je suis sûr que c’est un prétexte qui sert son projet personnel.
ÉCRITURE – ROMAN « LES MATHS À MORT »
Je me suis mis à penser à faire un roman de la nouvelle « Les trois garçons ». Mais je ne sais pas s’il y a la matière… ?
En tout cas, j’ai réfléchi à ce thème :
Cette histoire d’inadaptation et de talent situé dans un milieu scolaire, est d’abord profondément autobiographique, ensuite c’est une métaphore de la condition de l’artiste, plus précisément de l’écrivain, tel que je l’incarne : inadapté, en proie à l’échec, mais talentueux, animé d’un talent non reconnu, pire encore : pratiquant un art qui n’est même pas perçu comme tel, qui ne bénéficie d’aucun statut (*).
À ce titre, dans l’optique romanesque, je pense à 1/ construire mes personnages, donner l’illusion de la réalité 2/ avoir mon regard sur eux, prendre parti pour eux, contre le monde, sans pouvoir intervenir, bien sûr…
(*: Dans la mesure où je ne me suis jamais cru « autorisé » à être écrivain…)
VÉCU – MISÈRE – SOUFFRANCE – RÉFLEXION -PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
(1h30 du matin)
Monté tard. Images dures, terribles, de crise, de drogue, de Sida, de terrorisme, de guerre.
Ces images m’obsèdent.
Devant toutes ces souffrances je devrais considérer la mienne bien petite. Elle est, en effet, et en même temps – même si ce n’est que symbolique – j’éprouve la mort ! Je ne sais ce qu’il en est pour elle.
J’y pense beaucoup. S’il en était de même, elle s’apercevrait qu’elle a besoin de moi comme j’ai besoin d’elle. Si ce n’est pas de telle personne, en particulier, on a besoin d’amour. C’est cette mort de l’amour qui me catastrophe, me révolte, me déprime.
Pourquoi défaire ce lien ?
Oui, c’est moi qui l’ai mise à la porte, mais je ne poursuis qu’une chose – pas le pouvoir – mais son manque car je veux exister pour quelqu’un, faire quelque chose à quelqu’un.
Elle n’a pas compris à quel point j’ai manqué de cela, à quel point je me suis senti « sans effet » sur personne… !
26/11/1987
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Je dors mal. Réveillé plusieurs fois cette nuit.
Ce matin : courant d’angoisse au réveil, grésillant comme courant électrique.
Mais si le premier sentiment était celui de la tristesse, la première pensée a été non pour ma culpabilité, comme jour précédent, mais pour son absence de manque, qui justifie la rupture.
C’est – un peu – mieux.
On éprouve la mort, mais on ne meurt pas.
Assez souvent, les mots de la copine de Nicole R. me reviennent : « Je ne suis pas morte ! »
C’est la – faible – consolation que procure une rupture : elle fait entrevoir la mort, mais elle rappelle qu’on est vivant !
Ce qu’elle pense :
« C’est pour ça, l’union ? Pour en arriver là ? Un mec qui n’invente rien pour moi, qui me laisse m’ennuyer, qui n’aime pas la vie comme moi, qui n’aime pas bouger et qui, non content de ne pas m’apporter le côté positif de l’amour, m’impose son côté négatif : possessivité – volonté de contrôle assortie de reproches, d’aigreurs, de ressentiments… Un mec qui me fait du chantage alors que j’essaye de me construire une vie décente, que je bosse – bien obligée de le faire puisqu’il n’a pas d’argent – et que c’est dur, que je suis obligée à certains sacrifices (les enfants)… !
(14h10) (5 heures plus tard…)
Oui, c’est ça qui me vient maintenant avec netteté : elle me quitte parce que je suis trop coléreux
Mais bon sang, après ça (les sacrifices) et ça (trop coléreux), il y a aussi les raisons de ma colère : mais de son point de vue, elles sont mauvaises…
Et il y a aussi la contrepartie : ma tendresse, mon attention, mon désir, ma disponibilité… Ça, ça s’oublie si vite !
J’ai pleuré ce matin, caché sous la cagoule de mon parka, appuyé à la rambarde du Pont de l’Alma…
Je suis reparti sur le pont, sous la pluie en me parlant moi-même, en me disant : « N’attend plus rien d’elle… N’attend plus ! »
→ Assume, mon pote. Arrête de décrire complaisamment tes états d’âme !
Avant d’en arriver à la jeter dehors, il s’en est passé du temps où j’ai demandé (le sexe – sa présence – celle des enfants…)
Mais elle m’a dit qu’elle aussi avait demandé, longtemps et en vain (que je « propose » des choses à faire…)
VÉCU – MA MÈRE – FEMMES – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Maman m’a dit (en gros) : « Tu cherches une mère. Moi, je supporte ce que tu me dis (« Si tu t’en vas, je coupe les ponts avec toi… ») mais les femmes, elles ne le supportent pas. »
→ J’aimais Mathilde parce qu’elle supportait ma violence comme une mère supporte celle de son petit garçon. Ça ne l’empêchait pas de me trouver de grandes qualités : ce qui me gratifiait et me faisait rester avec elle.
IL EST TROP TARD !
C’est très dur pour moi. Je n’arrive plus à vivre normalement. Je joue une comédie permanente (!) (beaucoup mieux qu’il y a quatre ou cinq ans, certes…) mais, à l’intérieur, je n’ai plus le goût du monde…
Oh s’il pouvait en être de même pour toi !
Mais je m’accroche à un vain espoir… !
Je veux à tout prix que la personne après qui je suis en colère reconnaisse que j’ai raison de l’être !
Tant pis pour moi, maintenant j’irai jusqu’au bout… !
Je ne veux pas me renier moi-même.
À l’avenir : soit plus circonspect, réfléchis avant de te fabriquer des ressentiments ! !
Mais bordel ! J’y ai des raisons !
(17h10)
Les pensées arrivent, se glissent, insidieuses, sournoises. Ainsi celle que je n’ai que ma vie à vivre et que si l’amour avec Mathilde est mort, il faudra vivre et aimer à nouveau, ailleurs… !
Mais le même sentiment de révolte que j’ai déjà connu revient en même temps, à l’idée qu’on peut accepter la mort d’un amour…
Dans un amour, c’est l’amour tout entier qui se tient…
Quand je pense qu’elle m’a dit qu’elle avait quitté son mari parce qu’il la négligeait à cause de son travail… !
Plusieurs années après, la même situation se répète, mais là, c’est elle qui s’est engouffrée dans le travail… !
Et moi, j’en fais les frais, comme elle l’a fait et je me révolte, comme elle s’est révoltée ! J’ai le droit pour moi !
(20h40 – quai métro Alma-Marceau.)
Une jeune femme pleure, assise.
Et j’ai pleuré, ce matin, juste à côté !
Quelle souffrance, dans le monde !
Je suis allé m’asseoir près d’elle et lui ai juste dit : « Excusez-moi, je ne veux pas vous déranger… (elle cachait son visage), mais je voulais juste vous dire que j’ai pleuré moi aussi, ce matin, sur le pont… Et je vous souhaite de vous en sortir… ! »
Elle a souri, en hochant la tête, à travers ses larmes. Je suis parti.
AGNÈS
Au téléphone, tout à l’heure, Agnès aussi a pleuré : la mère de sa copine Nolwenn lui reproche d’avoir ramené des garçons, dont le boy-friend de Nolwenn…
Agnès ne savait pas, elle a dit oui aux garçons qui voulaient venir. Lui ai dit d’appeler cette femme pour s’excuser d’avoir agi sans lui demander son accord… (ou sans dire à sa copine de le demander…)
– Note écrite à 40 ans
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – MA MÈRE
(21h35)
Viens d’appeler Maman.
On parle de travail puis je dis : « C’est dur pour moi… »
Elle me dit : « Quoi, qu’est-ce qu’il y a ? »
– « Enfin, ne fais pas celle qui atterrit… ! »
– « Ah, je croyais que tu avais autre chose… ! »
Elle ne me comprend pas. Elle m’a vu pleurer, pourtant, sangloter ! Elle ne veut pas voir cette souffrance, qui en concerne « une autre »…
J’aurais voulu lui parler, pourtant, me confier à elle, qu’elle me console, bref, comme quand j’étais petit… !
Mais elle se prête mal à ce genre d’effusions (voir plus haut) et puis il y avait René chez elle…
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME
Me rappeler ce mot : que les grands combats sont gagnés par celui qui arrive à tenir une minute de plus que l’autre… !
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – CARNETS
Je trimbale ce carnet à peu près partout, comme une amulette ? Un talisman ? Il y a indéniablement quelque chose de l’ordre de la magie, de la protection magique dans mon attitude.
Non certes, il ne me protège pas, ce carnet, mais il me servira, plus tard, c’est certain.
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – TRAVAIL – TÉLÉVISION
J’ai du travail, en ce moment, et je sens que je pourrais revenir à un état d’esprit insouciant que j’ai connu, mais ce n’est pas vraiment le cas… ! (En dehors même de ma dépression « post-rupturelle ») je perçois bien clairement l’inaboutissement de ma vie professionnelle (plutôt : artistique)
Ni à la télé, ni au cinéma, ni dans l’écriture, je n’ai l’impression d’être un artiste qui a de l’originalité (cf. Mathilde ne le disant : « Non, tu n’es pas original… ! »)
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE
Il y a des moments où je comprends la tolérance et la simple évidence de sa nécessité (chacun est soit et nous sommes différents et séparés… La fusion est impossible, il n’y a qu’à laisser chacun être et ne pas tenter de le contrôler).
Et puis – chaque jour m’en apporte témoignage – il y a le rapport de forces, la lutte pour le pouvoir.
Ce n’est pas la peine de me raconter des histoires : mon ressentiment envers elle (par humiliation d’avoir été placé dans un rapport de forces défavorable pour moi) est plus fort que ma tendresse (pourtant assez forte pour que le manque actuel me flanque une souffrance de chien (sic !)
27/11/1987
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – TRAVAIL – TÉLÉVISION
(16h20)
Très mal dormi cette nuit. Plusieurs réveils et réveillé ce matin tôt → mal dans la journée.
Ai un petit peu « craqué » ce midi : ai parlé à Serge G. – documentaliste – de « mon problème ». Il a dit « Peut-être pas la femme qu’il te faut » et a parlé de son « orgueil » : « Si vous êtes aussi orgueilleux l’un que l’autre… ! »
Moi, à l’instant présent, je suis sûr qu’elle ne reviendra pas avec moi. Elle connaît mon hostilité à sa famille, à son travail, or la « situation » qu’elle se construit passe par l’un et l’autre (Mathilde Victor bijoux).
Elle ne ressent pas les choses comme moi : je ne suis pas pour elle une protection contre la mort. Elle est dans la vie, elle ignore cette mort que j’ai éprouvée ces jours derniers. Elle est décidée à réussir, ne lâchera pas le morceau de son boulot et n’est pas prête – même pas – à changer tant soit peu notre vie car cela la distrairait de son effort.
J’ai envie d’arrêter d’écrire là-dessus et d’essayer d’oublier (alors que je rumine perpétuellement). Je suis sûr qu’elle m’oublie sans problème. Elle me l’a dit ! Alors… !
(Il est loin le temps où, en larmes, elle m’appelait pour venir auprès d’elle… C’est une grande fille, Mathilde, maintenant ! Avec son frère, ils font une bonne équipe de réalistes !)
(20h40)
Je rentre à l’instant, en taxi (86 Fr. ! Embouteillages et trajet de Tigre Productions à ici (rencontré technicien pour post-production clips 1er janvier).
En chemin, le taxi passe carrefour rue Réaumur et boulevard Sébastopol et là, au coin du Prisunic, il me semble bien avoir vu Colette parlant en marchant avec une petite blonde… !
Je ne suis pas sûr à 100 % que c’est elle, mais presque… !
Cheveux en hauteur, front et tempes dégagés… Il me semble bien !
Ça m’a paru étrangement symbolique que nos chemins se croisent ainsi précisément en ce moment où je suis en train de revivre le calvaire déjà vécu lors de mes ruptures avec elle…
Chargé d’un sens pour moi, mais lequel ?
Le rappel d’une culpabilité ? Un sentiment de fatalité, de répétition de l’échec, d’une conduite d’échec (en ce que voulu par moi et là est bien la racine de ma tristesse, de mon désespoir : me dire qu’avec Mathilde – si différente de Colette – je n’ai pas été, moi, différent et qu’un autre, meilleur que moi, ou plutôt plus « évolué » que moi (cf. G. : « Vous avez fait ce que vous avez pu… » mais je peux si peu… !) aurait pu être heureux avec elle et la rendre heureuse… !
Je suis épuisé. Mal dormi cette nuit. Je ne vais pas manger (pas tellement faim et puis j’essaye de faire du régime… !) mais je crains de ne pas parvenir à me reposer vraiment.
L’angoisse fatigue !
« Tu es ma poésie ! » me disait-elle.
Et moi je lui écrivais des poèmes – en effet – au tableau de la cuisine. Mais elle n’en notait aucun (je l’ai fait, pour l’un d’eux… !)
On se prive plus facilement de poésie que de pouvoir !
Il me revient cette terrible gueulante qu’elle avait poussée contre l’imprimeur humilié et s’étouffant à force de tousser… Pour un travail en définitive inexploité !
En parlant à Serge ce midi, je me sentais presque coupable.
De quoi ? De me montrer faible, ayant besoin de quelqu’un d’autre… Cette fois-ci (# Colette) je mets un point d’honneur (<– me rappelle intervention de G.) à ne pas « me répandre »… À rester digne !
Je viens de ressortir du dossier « Mathilde-Roberto » toutes nos lettres, à l’un et à l’autre, sur avril – mai – juin : trois lettres écrites d’Asie par elle et d’autres mots ici, par moi (surtout) et elle.
Nous nous aimions. Certes, on sent des problèmes, des manques, des malaises, mais toujours ces pattes de mouche sur le papier cognent comme des massues ! Car nous nous aimions et ça fait mal de le revoir ! Elle m’a écrit en juin : « J’ai aimé me rappeler notre amour passé (même si elle ajoute « et j’aime l’amour que nous vivons et que nous viverons « (sic !)… »
C’est quand même une drôle de phrase !
Je reviens sur ma conversation avec Serge : ce qui a dominé surtout pour moi – outre la gentillesse de ce mec – c’est l’inutilité de mes mots, leur incapacité à rendre compte d’une situation et de toutes ses racines innombrables !
J’appelle B., pour lui demander nouvelles visionnage Dassier… Je lui dis que j’espère que mes « petits films » vont fonctionner… Il me dit : « On espère bien, on espère que ça va provoquer des débats, si on a fait appel à toi, ce n’est pas seulement parce que je savais que tu étais sans travail, c’est aussi parce qu’on cherchait quelqu’un qui nous fasse quelque chose de bien ficelé et de sensible… »
– « C’est ce que j’avais besoin et envie d’entendre. Je traverse en ce moment une crise intérieure… »
– « Je le sens bien ! » (comment ? C’est vrai que je lui ai lu à peu près la même chose déjà écrite dans ce carnet : que je pensais qu’il m’avait pris (pour les après-midi de la 3) par amitié et non pour ma valeur…
Je ressens les choses d’une manière étrange. Au fond, c’est l’essentiel et ces lignes n’en rendent pas vraiment compte : je me sens près de la mort, sans barrière entre elle et moi. L’amour faisait barrière, me permettant d’échapper à l’absurde. Je rencontre l’absurde et j’en frémis, je ne suis pas fort, moi ! Ma gorge se serre, mon ventre se noue. Tout me paraît si vain ! L’amour en quoi l’on avait confiance s’est éteint ! Non, ce n’est pas possible ! Non, je ne peux pas ne plus compter pour elle ! Non : ne me dites pas que je l’ai déçue à ce point ! Au point qu’elle ne m’aime plus ! Non, me dites pas que je vais mourir !
Vivre sans toi, c’est mourir, certaine façon ! Oh, ton sourire… !
Je pleure encore, je pleure, je m’épuise à pleurer ! Mais que valent mes larmes ? Quelle terre stérile arrose cette pluie morne et vaine ?
C’est étrange : j’ai tiré la télé jusqu’à la chambre au pied du lit et ainsi, dérisoirement, je retrouve un peu de ce sentiment noté le 13 novembre à minuit : « Je suis presque bien ! »
28/11/1987
VÉCU – PSYCHOLOGIE/PSYCHANALYSE/MON PSYCHISME – 3ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : MATHILDE – TRAVAIL – TÉLÉVISION
(6h37)
Réveillé plusieurs fois pour de courts instants et là : plus durablement.
Il faut absolument que j’arrive à dormir et à me reposer correctement, pour mon travail, surtout pour le tournage dans le Nord… (pour « Ensemble »).
L’idée douloureuse (disons : la plus douloureuse) est, en gros, que j’ai tort de rompre, que je vais contre mon « intérêt » (au sens large)… Et que je suis aussi bête que quelqu’un qui se frapperait lui-même…
(A la radio : Michael Jackson : « I just can’t stop lovin’ you » ! Chanson que 1/ elle aimait 2/ qui prend du sens en l’heure présente).
Mais autre idée, contraire : si on remonte à l’origine : pourquoi, ponctuellement, ai-je rompu ? Parce qu’elle a télexé à son boulot et ne m’a pas appelé, moi… ! (Mais pas uniquement pour cette fois-ci, parce que ça s’est déjà produit et que de mauvaises habitudes se sont installées. Ce terme est d’ailleurs dérisoire, c’est bien plus que ça… Je sais – profondément, viscéralement – qu’elle aurait bien voulu continuer la vie ensemble, mais à condition que je ne « fasse pas d’histoire » : que je la laisse avoir comme préoccupation principale son travail et que je ne constitue pas pour elle une préoccupation, au sens gênant du terme…
Or c’est cela que je n’accepte pas : sentir qu’elle vivait avec moi plutôt par habitude et non parce qu’elle avait besoin de moi… Sentir la disparition du manque…
Alors je me dis que si ce manque a disparu (a été comblé), c’est ma faute : mes criailleries, mes reproches, mon mal-amour…
Mais j’ai relu, revu, repensé : j’aime, j’aime fort, tellement plus fort que tant de gens !
Il y en a marre de me dévaloriser, de m’auto-attaquer, sans relâche.
Je suis ultrasensible (cf. B., hier soir encore, et Bouhin, à FR3 : « Il faut quelqu’un de sensible, prenons Cappa ! »)
J’aime, j’ai des gestes, des mots d’amour, des larmes d’amour ! Des pensées d’amour… Il y en a des traces, je conserve les traces modestes, je thésaurise l’amour, moi ! Laquelle l’a fait, de « mes » femmes ?
Certes, ma capacité d’exprimer mon amour et d’entourer l’être aimé d’attentions a été éclipsée, ces temps derniers, par le ressentiment.
Mais d’où vient celui-ci ?
Là est la question.
Il ne vient pas du néant ! Pourquoi étais-je tranquille, avant ?
Parce qu’elle bougeait, me parlait, me souriait, m’embrassait, me caressait.
Sans doute trouve-t-elle qu’elle m’a gavé de toutes ses caresses (elle m’a dit : « Je ne veux pas te quitter, si je le faisais ce serait pour que tu vois ce que c’est d’être sans moi… » et je me dis exactement la même chose ! Mais j’estime (évidemment en croit toujours avoir raison) que c’est justifié pour ce qui me concerne car elle s’est éloignée de moi et pas moi d’elle… ! (au contraire !) C’est à elle de revenir à moi, de manquer à nouveau de moi… C’est pourquoi, puisque j’ai choisi cette voie, je dois m’y tenir jusqu’au bout, quoi qu’il m’en coûte…
Il fallait qu’il se passe « quelque chose », dans un sens ou dans un autre.
Maman m’a dit : « Tu es trop idéaliste », ce en quoi son bon sens rejoint la théorisation analytique (cf. G.).
J’ai essayé, pourtant, de vivre au quotidien, de laisser faire, d’accepter le rythme lent des jours, les soirées où nous nous retrouvions tardivement, les nuits sans faire l’amour, les absences physiques ou mentales…
Ai-je raison de ne pas accepter la disparition de la passion ? Ai-je raison de vouloir mieux aimer, mieux être aimé, plus fort, plus passionnément ? La vraie question est plutôt : est-ce possible ?
Je suis mal tombé : elle avait la trentaine, venait de défaire une construction précédente (sa famille) et ne s’était pas accordée de penser à elle, à travers un travail, qui restait à construire.
C’est ce à quoi elle s’est attelée et moi j’ai voulu qu’elle me dise : « Dans cela tu as part, je te dois quelque chose (les 19 millions d’indemnités d’un travail que je lui ai apporté en parlant d’elle à G.…) « Elle voulait précisément se gratifier en se donnant une bonne image d’elle-même, en se forgeant une réussite qu’elle se devrait à elle-même ! Autre contradiction : « Nous n’avons pas les mêmes valeurs ! » J’ai beau être « sa poésie », la poésie, c’est bien moins important que le concret, n’est-ce pas ? que l’argent… ! Elle est consciente d’imposer des sacrifices aux enfants, mais se dit qu’il le faut, que c’est transitoire (et puis la famille, c’est pas si mal ! Montreuil, c’est pas si mal ! C’est un chaleureux bordel… !)
Je m’arrête parce que MERDE : je ne l’ai pas empêchée de travailler ! (l’ai même tendrement soutenue (tant d’exemples… MVB, coups de fil Italie, carte de visite (tout un dimanche !), etc.…)
Je veux qu’elle manque de moi quand elle est séparée de moi et qu’elle ait à cœur, d’elle-même, de réduire la séparation (soirée – week-ends- voyage).
C’est tout !
Faut pas en rajouter dans l’auto-accusation !
Je veux aussi que mes valeurs soient pour elle les plus importantes : la poésie plus importante que l’argent, même s’il faut en gagner et même si c’est dur !
Dans ces « je veux », suis-je responsable ? (d’avoir créé une situation qui les provoque ?)
Il est vrai que je ne l’ai pas épousée, qu’elle a avorté → travail = vraie raison de vivre # amour.
Et là se situe des pensées que l’analyse a commencé d’accoucher (dans les fers… !) : et si je voulais cela ? Et si G. avait entièrement raison ? De dire que je romps pour pouvoir me dire « On ne m’aime pas ! »
Me rappeler, moi qui veux qu’elle agisse et dise son manque de moi, combien de fois elle a demandé, avec insistance, le mariage !
Mais merde : encore il y a peu de temps, il en était question ! Je ne disais plus non !
La vraie question (ça fait 20 fois que je dis « la » vraie question »… ! Drôle ! Non : une des vraies questions, c’est : est-ce que je veux l’épouser ? Est-ce que je l’aime ? Pas une flambée où je me fabrique des rêves dans ma tête, où je m’excite l’imaginaire, non : est-ce que j’aime qui elle est… ?
Est-ce que je ne l’aimais pas parce qu’elle me passait mes caprices, me permettait de demeurer infantile, à croire que l’autre peut coller à nos désirs, peut fusionner avec nous, peut nous protéger de la mort (enfant-mère) ? Et parce que je la faisais rêver… ! !
D’où mon discours : « J’aimais la Mathilde du début (qui était à mes pieds, me poursuivait, m’adulait, clamait mes louanges…) Je n’aime plus celle d’aujourd’hui : (elle n’est plus comme ça) : elle s’est éloignée de moi. Non, surtout : elle est elle-même (avec moi, elle répétait l’oubli de soi, déjà effectué avec son mari et ses enfants)
Si je pleure, si j’ai la gorge nouée, le ventre brûlé, c’est que je pleure sur l’état des choses. Sur la contradiction flagrante qu’il y a entre le monde et mes désirs, et l’analyse m’a impitoyablement obligé à constater que je n’acceptais pas le monde et que, s’il est vrai que notre condition est dure, je jouais avec elle pour revêtir ma névrose. J’en rajoute, en somme, au lieu de vivre, tout simplement, ce en quoi je sens que la famille U., si peu cultivée, détient pourtant une vérité dont j’étais loin : vivre, c’est la seule chose à faire !
Alors, après ce moment de lucidité, quand ma pensée revient au moment présent, à la situation présente, je me mets à penser à mes colères : elle a sûrement bien senti ce qu’elles avaient d’infantile, ce en quoi elles étaient un poids, une gêne pour avancer, pour évoluer… Et puisqu’elles n’ont pas cessé durant notre relation, alors, en effet, autant les faire cesser en mettant du champ entre nous… (*)
(Repris dans le métro, allant au boulot)
Je berce ma douleur en moi, comme un enfant…
Peut-être est-ce « la » construction de mon inconscient, en effet : compenser ce qui a été vécu comme une souffrance, dans la relation mère-enfant, en me débrouillant en circuit fermé, par incorporation de cette « boule de souffrance » (l’enfant) en moi (la mère).
(*: Plusieurs pensées, plus ou moins reliées :
– Stratégie de l’agressivité : dresser l’autre contre moi. Je fais si bien que j’y parviens toujours : même avec G. ! La névrose est un jeu si bien joué par l’autre qu’il me fait plaisir, sentant à quel point je veux qu’il se mette en colère, alors il le fait… ! (et il se barre…)
– Je vis un moment capital pour moi (capital ? Comme la peine ?) Oui, en effet, il s’agit de la mort. L’enjeu est bel et bien vital pour moi : protection contre la mort.
Mais l’Autre, dans l’amour, ne me menace ni ne me protège !
C’est d’être bien ensemble qu’il s’agit, c’est de vie, non de mort ! Mathilde l’a bien compris. Quand elle dit : « On n’a pas les mêmes valeurs : moi je trouve la vie belle… ! » c’est clair, non ? D’ailleurs, j’ai dû ressentir l’importance de ce point puisque, dans le peu de paroles que nous avons échangées pendant son bref séjour, c’est une des choses que j’ai dites : « Mais moi aussi, j’aime la vie… ! » Et c’est vrai, c’est si vrai que j’en développe une peur intense de la mort, un immense regret d’avoir à quitter tout cela… et, par une de ces voltes dont l’inconscient a (est) le secret, je suis fasciné par la mort. Ah la voilà, l’intrication d’Éros et Thanatos ! Ce n’est pas un mythe : tout à l’heure, en traversant la rue, je regardais une camionnette arriver et j’ai fait deux pas en arrière mais…
– Autre chose, ponctuelle : le chômage (*). J’en suis responsable, pour une part (ne me bouge pas assez pour aller au devant du travail…) et j’en accuse les autres, le monde entier, Mathilde incluse…
Elle : « Je ne peux pas avoir envie de faire l’amour quand ça va mal… » (id est : « Quand tu introduis la mort dans notre maison » (car c’est bien cela qui se passe et qui lui fait si peur… !)
Moi : « Demande-moi à jouir avec moi et je jouirais de la vie… !
Elle : « Jouis de la vie et je te demanderai à jouir avec moi… ! »
(*: Avoir du travail est assurément une des choses qui m’évitent de basculer dans la dépression…
C’est un « facteur de réconciliation » avec le monde (d’où mon ultra-sensibilité aux compliments des uns et des autres sur mon travail. Mais Dominique, l’assistante de B., a senti ma tristesse).
Là, j’en arrive à deux questions centrales :
1/ Est-ce qu’au fond je n’ai pas envie que ce soit fini entre nous, pour « de bon »…) est-ce que mon angoisse, ma tristesse, mes lamentations (si sincères soient-elle) ne sont pas un masque un désir de vivre, de découvrir autre chose qu’elle, « quelques-unes d’autres » qu’elle… ?
Est-ce qu’au fond je n’attends pas – ayant tout fait pour ça – qu’elle rompe vraiment, qu’elle se détache complètement de moi ?
« Je me croyais fidèle et j’étais inconstant… » Je me suis composé ce bel alexandrin, sur le Pont de l’allemand, un peu près au même endroit où je me suis dit : « N’attend plus ! » Et il y a assurément un lien entre les deux, du genre : « N’attend plus et va te taper des filles… ! »
(Note adjacente à celle-ci : la notion de chantage, c’est ça… ! ! Oui : je veux que l’autre justifie mon désir d’autre, d’ailleurs… Trop lâche pour décider, irrésolu, immature, mort de peur devant une vie où il faudrait être adulte et faire des choix, je ne les fais pas, ou plutôt je les fais, par personne interposée…)
2/ La création : Mathilde m’a dit : « C’est vrai qu’il y a un domaine, ta création, où je n’arrive pas à te comprendre… »
Il est vrai qu’elle pense plus à jouir de l’instant qu’à patienter comme moi dans le projet d’un futur imaginaire.
Ses modèles de bijoux, c’est perpétuellement qu’elle les crée, c’est constamment renouvelé… Elle m’a dit : « Vraiment, j’admire ta patience… ! »
Et, de patience en patience, d’espoir en espoir, de silence immobile en chômage glacé, ma vie se liquéfie et cela la sidère et l’épouvante…
Peut-être, depuis fort longtemps, la création (dès 7 ans, avec mon premier roman) a-t-elle été pour moi plus importante que la vie ?
Mais j’aime si fort, aussi, j’ai aimé si fort les trois femmes de ma vie j’ai et toujours hésité à faire le choix dont parlait Truffaut entre l’art et la vie.
J’ai pensé – je l’ai dit à Mathilde – qu’on pouvait concilier les deux, ça me paraissait absurde d’opposer ainsi art et vie, autant que d’opposer le corps et l’esprit, le sexe et les sentiments, l’argent et la pureté (cf. citation de Fabius : « L’argent est un bon serviteur, mais c’est un mauvais maître »)
Sans doute suis-je là, maintenant que je prends conscience de cette alternative, à la croisée des chemins…
Pourtant, je prendrais bien, moi, une troisième voie !
Ce qui me revient, là, imprévisiblement (moi qui me mets en cause dans toutes ces pages), c’est le mot de Mathilde me disant qu’elle ne pensait pas, en définitive, que c’est possible de concilier vie professionnelle et vie privée… <– Cette note est très importante car, autant je suis parfois de mauvaise (bonne) foi en lui attribuant l’initiative de situations où je suis largement parti prenante, autant là c’est quelque chose qui me vient dans la gueule et qui n’est – vraiment – pas voulu par moi, je le sais.
Ce matin, cette calme lucidité qui s’est déposée en moi me permet de voir clair.
La possibilité de la fusion, la séparation des êtres, l’inéluctabilité de la mort, c’est ça aussi : l’autre nous échappe, Mathilde n’échappe et au cœur des manipulations les plus secrètes, alors que nous croyons (sans même le savoir) le pousser à telle ou telle conduite, l’autre nous échappe et sa conduite, censément téléguidée, devient autonome, devient sienne, comme celle d’un robot qu’on téléguiderait pour l’éloigner de nous et qui, sortant du rayon d’action de notre émetteur de contrôle, s’éloignerait pour son compte et pour toujours !
Mon image me plaît et m’arrache un sourire, mais la réalité qu’elle évoque me terrifie et me renvoie à mon indécision d’aujourd’hui car le réel pèse d’un poids immodifiable (cf. Claudine C., la monteuse : « Il y a des moments, dans la vie, où il est trop tard ! »
Je ne peux revenir aux années où elle voulait le mariage, un enfant et ne pas travailler…
Je n’ai pas eu l’argent pour ça. Il ne faut pas l’oublier. C’est non négligeable (je veux dire qu’il y a cela, en plus des problèmes d’acceptation ou de refus de ma part…)
Peut-être est-ce mieux ainsi ? Peut-être qu’en effet, comme elle l’a dit clairement, Mathilde n’est pas une femme du foyer et qu’elle eût joué ce rôle, avec conscience certes, mais sans talent, sans joie, surtout… !
Je pense que ce que je couche là sur le papier, elle l’a compris, elle aussi, elle se l’est dit aussi, mais sans mots, car elle ne verbalise pas comme moi. (verbalisation = établissement d’un « procès » verbal ?)
Mathilde, elle, ne pratique pas le chantage. Si elle est partie, cette fois-ci et a confirmé calmement son départ au téléphone le 12 au soir, c’est qu’elle veut vraiment désormais suivre son propre chemin.
Pour elle, l’activité à laquelle elle s’est consacrée n’est certes pas plus importante que tout autre (comme l’est pour moi la création), mais elle a sa place, sa fonction. Elle répond à un besoin, modeste peut-être (celui des femmes d’être jolies), mais Mathilde aime les gens.
Je pensais à cela en voyant mon libraire de la rue Orfila replier un journal autour d’un paquet de fournitures qu’il avait préparées pour un client et que celui-ci venait chercher… Je me disais que ce mec jouait un rôle, si modeste soit-il, dans la société des hommes et que c’était indispensable et respectable.
Ce moment de respect, chez moi, tranche sur un mépris permanent, bien caché peut-être, mais bien réel.
Sous mon auto-dévalorisation permanente et ma surestimation de certaines personnes, se cache une mégalomanie terrifiante, l’idée que ma vie seule compte vraiment car elle est destinée à la création, que celle des autres est vaine et stagne aux étages inférieurs du palais dont j’occupe le haut !
La vie, à elle seule, ne vaut pas, pour moi, d’être vécue.
Être « simplement » cordonnier, commerçant (ou dessinateur en bâtiment ?), cela équivaut à rien, à ne pas vivre.
Ne pas faire un métier où l’on signe son travail, ne pas atteindre à l’admiration générale, ce n’est, pour moi, même pas un échec, pire encore : ce n’est rien du tout !
Dans le fond, j’ai toujours eu davantage l’impression de travailler pour moi, pour ma propre gloire, que pour remplir une fonction !!! ce qui est tout de même ce que les hommes se demandent les uns aux autres, ce dont ils ont (autrefois,) convenu et que nous continuons – bien obligés – à respecter… !
D’autre part, je n’ai jamais pu comprendre que, obligés de travailler, les êtres humains avaient envie d’y trouver du plaisir, un plaisir autre que le mien, autre que celui de la gloire, du renom (re-nom), de la signature…
Je crois, moi, que seuls ceux qui signent créent vraiment… !
En réalité, personne ne veut faire un travail mécanique et anonyme, tout le monde veut créer !
Non, pas tout le monde : beaucoup de gens ! Chacun est à la recherche du plaisir narcissique : exister, être reconnu, être apprécié pour soi-même, pour ce qui vous fait singulier, unique et précieux (même si le travail n’est qu’une lointaine approche de cela…)
Plaisir narcissique : s’aimer soi-même, être content de soi, autrement qu’en ayant son nom sur les affiches, le journal où les programmes de télé…
Mathilde s’aime elle-même, elle peut donc aimer les autres. Moi, je suis morose et fielleux car, selon moi, je ne serais vraiment aimé qu’à travers mon œuvre ! Tout ce qui est avant ce moment, ici et maintenant, est sans valeur, n’est pas signé par moi.
Dans le fond, je cherche à contrôler les autres, à les « mettre en scène » car je veux signer ma vie comme on signe une œuvre… Si j’étais un grand metteur en scène, admiré et recherché, aurais-je autant besoin de manipuler ? (Cf. Aline : « Tu fais des films dans ta vie parce que tu ne peux pas les faire sur pellicule »)
Je ne m’aime pas. Pourquoi ? Quelle fonction ce non-amour remplit-t-il ?
(Cf. Mathilde : « Tu manques de tonus… » (à propos des voyages : « C’est vrai, c’était bien, tes ruines (= mort), mais enfin, moi, les USA… »
Ce « manque de tonus », de goût pour l’action, intervient certainement au moins autant que les colères dans la rupture… (« Pas les mêmes valeurs » = pas le même goût pour l’action (moi # Victor l’actif, le suractif… !)
Je suis inactif, comme paralysé.
Par quoi ?
Pourquoi ?
Par le manque d’argent, chômage qui m’empêche de bouger, de voyager…
(À noter que les voyages de Mathilde dans le cadre de son boulot sont d’autant mieux vécus par elle qu’elle ne peut en faire autrement… Pas sûr, ça, mais bien possible… !)
Entre art, métier, argent, action, mort, amour, il y a une intrication profonde mais je patine, là… C’est assez inextricable.
(Je songe à demander un entretien à G.…)
Break.
Interrogé le répondeur : message de Maman. Il m’a suffi d’entendre sa voix pour être de nouveau en colère !
Contre quoi ? Je ne sais pas… Contre elle, oui, mais pourquoi ? Alors qu’elle me demande de mes nouvelles et dit qu’elle veut venir demain chez moi… !
(Voir suite sur prochain carnet…)