Gros accès dépressif. Failli pleuré (morceau jazz « Let’s the children play » → idée des enfants. Gros chagrin. Ce qu’ils subissent. Ce qu’ils supportent. Ce qui les marque. Innocence fugitive. Ils deviennent si vite des adultes désabusés. Surtout ceux qui ont été abusés. Et les plus fragiles, les plus sensibles, les plus purs sont les plus abusés.
Une pensée que je n’ai jamais notée. Difficile à noter.
La mort d’Agnès. Mon plus grand, mon plus immense chagrin.
Tête baissée devant cet arrêt du destin : rien à y faire.
Mon enfant, si tu lis cela, c’est que tu es vivante.
Vis. Vis pour moi. Vie de toutes tes forces. Jusqu’au dernier moment.
Quand j’ai écrit :
« Les enfants, on les aime de toutes nos forces, de toute notre âme, mais rien n’empêche ce crime : quand on les a mis au monde, on les a mis à mort. » je ne me rendais pas compte à quel point c’était mon mal que je disais. Ma torture sans répit et sans fin.
Autre chose que je ne crois jamais avoir noté (cependant j’en suis conscient depuis longtemps, depuis l’origine, depuis le moment où j’ai pris la décision. Mais pas noté, je crois. Je n’ai pas voulu d’autre enfant qu’Agnès (lui faisant, une fois de plus, payer, à elle, un prix très lourd), c’était pour ne pas créer un être qui allait se retrouver exposé, sans fuite possible, à l’obligation de mourir.
– Note écrite à 67 ans