AGNÈS – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE

Elle n’a jamais accepté Agnès, l’hostilité d’Agnès elle n’a non seulement jamais, pas une fois, cherché à la faire disparaître (impossible pour elle, hors de question de se faire aimer) mais même ça l’a bloquée dans sa susceptibilité (non seulement il faut que j’encaisse cette enfant du passé, mais en plus, elle ne m’aime pas !)(ou n’aime pas ma fille ce qui est pareil).

Et quand, plus tard, Agnès a fait des efforts, pour moi, elle n’en a pas vraiment tenu compte. C’est vrai que ce ne sont que des efforts, et qu’au fond Agnès n’a jamais aimé Krystelle (ce qui se comprend malheureusement trop bien.)
Colette toute seule, Agnès aurait peut-être pu l’aimer (elle l’a appelée  » Maman  » ce qu’elle a relevé sans émotion.)(D’ailleurs elle l’a dit elle même :  » Il aurait fallu qu’il n’y ait qu’un des 2 enfants… « )
Cette situation était impossible. J’ai cédé, lâchement, en gommant Agnès autant que possible, pauvre fou…
Mais au delà d’un certain point, ce n’était plus possible. Combien de fois ai-je donné tort à Agnès par rapport à l’autre ?
Et quand j’ai crié après Krystelle pour le couvercle de la boite à fromage (dérisoire détail), elle l’a appelée à elle dans la salle de bains. Reconstruction de la barrière que je m’efforçais de détruire en criant pareil après l’une qu’après l’autre. D’où : une nouvelle fois : démarche pour la récupérer . Colère. Violence et les larmes d’Agnès qu’elles n’a pas voulu voir.
Je lui en veux de cela.


On ne peut pas supporter une dépersonnalisation. On ne peut pas nier ses propres valeurs

– Note écrite à 33 ans

AGNÈS – 2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE

Agnès accepte Marc, pas une autre femme pour son père : rivale de sa mère ou sa propre rivale…
Savoir maintenant que le rêve que j’avais : qu’elles s’aiment (toutes les trois) était impossible.


Qu’est-ce qui s’est joué, là ?
Le soir où Agnès a eu sa crise de larmes en nous entendant nous battre.
Toute ma culpabilité est remontée. Revu les affrontements avec sa mère.
Eu l’impression que, dans ça, ni Agnès ni moi n’étions compris.
Pas compris ce lien du malheur entre Agnès et moi.
Ce lien tissé par ma culpabilité : coupable vis a vis d’Agnès, je ne suis pas libre vis a vis d’elle.
Comme si je m’étais condamné moi même.
J’ai essayé de m’en libérer, étant avec toi. Je me suis aperçu ce soir-là que ma culpabilité était entière.
Tu m’as poussé à m’en libérer.
Elle est restée là.
Et toi, ne te sens-tu pas coupable, toi aussi ?
Je ne l’ai jamais vraiment su.
On ne comprend pas une culpabilité qu’on ne vit pas. On croit toujours que les personnes s’accusent sans fondement.
Tu n’as pas compris, pas accepté ma culpabilité vis à vis d’Agnès.
Toi aussi, je crois que tu te sens coupable mais tu ne réagis pas à cette culpabilité de la même façon que moi.
Coupable et victime.
Moi, je ne me sens victime de personne.
Je sais que la parole de mon père m’a manqué mais je sais qu’il n’a pas voulu cela.

– Note écrite à 33 ans

2ÈME DES 4 FEMMES DE MA VIE : COLETTE – KRYSTELLE – AGNÈS – MA 1ÈRE PSYCHANALYSE (1980-1987)

Je veux reprendre ma psychanalyse.

Commentaire du 11 août 2015 :

Suite à une crise d’angoisse pendant mon service militaire, en 1970, j’avais fait un bref séjour au service psychiatrique de l’hôpital du Val-de-Grâce où les médecins militaires m’avaient dirigé vers un psychanalyste, le Dr G. avec qui j’avais ensuite entamé une analyse, interrompue sans résultats notables, au bout de moins d’un an.

– Commentaire écrit à 69 ans

Je ne peux pas vivre avec une vieille inquiétude, une telle angoisse, un tel besoin d’être rassuré.
Notre échec est donc ma faute.
Pourtant, tu sais bien, au fond de toi, qu’il faut toi aussi, te remettre en question.
Tu sens bien en toi qu’il y a aussi des difficultés qui sont à l’origine de notre échec.
Et tu en souffres.
Je n’ai pas assez compris combien tu souffrais, combien toi aussi, à ta façon, tu étais mal dans ta peau.
Chacun de nous deux comptait sur l’autre pour régler ses problèmes.
Mais on n’aide que qui veut bien être aidé. Pour cela, il faut d’abord affronter ses propres problèmes.
Je me sentais, par inquiétude propre, mais aussi par ton histoire à toi, avoir si peu de possibilités de te débloquer, que j’ai préféré plutôt que de renoncer et de te perdre, ne pas te poser les vrais problèmes, ne pas t’obliger au vrai choix : ta mère ou moi.
Nous l’avons seulement évoqué vers la fin il y a très peu de temps et la question était tranchée dans le temps même où elle était posée.
Le problème des enfants ne doit pas nous servir d’alibis, nous avions nos difficultés avant même qu’il se pose, c’est à dire avant même de vivre ensemble mais il renvoie aux autres :
Je veux être clair : partons de l’origine :
– si tu n’avais pas eu l’enfance que tu as eu, la relation avec ta mère que tu as eue – tes rapports avec moi auraient été différents, moins romanesques, moins  » dramatiques « , moins enfantins donc moins  » enivrants « , moins féériques
mais
plus solides ; étant moins étouffée tu serais plus venue à moi, par la parole, par les gestes, tu aurais pris plus d’initiatives, donc j’aurais été plus rassuré.
(Ce raisonnement suppose que de mon côté j’aie pu vaincre mes blocages, mon inquiétude. Autre affaire, que je n’oublie pas mais que je mets momentanément de côté pour faire l’hypothèse d’une autre Colette.)
Cette autre Colette prenant des initiatives, aurait pu prendre celle de
soustraire Krystelle à sa mère.
Tu aurais ainsi résolu ton problème et le mien.
La réalité est différente :
tu attendais beaucoup de moi. Tu me demandais d’être père sans que j’en aie les moyens.
Père d’opérette, je te l’ai dit.
Le père c’est celui qui fait l’enfant.
Comment s’étonner que je n’aime pas Krystelle, que je n’aime pas ce qu’on (ta mère) avait fait d’elle puisque faute de l’avoir faite avec mon corps, je ne pouvais même pas la faire avec mon coeur, mon esprit, mon temps, c’est à dire par l’éducation.
Sans doute est ce pour cela que tu n’acceptais pas, au fond, mon rapport avec Agnès :
tu sentais bien que, bien que n’étant plus avec elle, j’étais quand même le père d’Agnès alors qu’avec Krystelle je ne pouvais pas le devenir, on m’en refusait le droit.)
Là, oui : j’accuse violemment. Et je te reproche d’avoir accepté cela
 » Si tu fais ça, tu tues ma mère…  » C’est sur le plan symbolique qu’il faut comprendre cette phrase : ça aurait été nier ta mère, la tuer, commettre un sacrilège.
Et pourtant, tu l’as dit après avoir lu ce carnet, après avoir lu mes lignes sur Krystelle : tu as repris mes mots :  » Elle le restera  » et tu as ajouté :  » Et c’est grave…  »
Tu sais, au fond de toi, que ni à toi ni à Krystelle tu n’as fait du bien, il n’y a qu’une seule personne à qui tu as fait du bien : ta mère !

(Repris le lendemain à 11h 30) :

Tu lui a fait un enfant.

– Note écrite à 33 ans