VÉCU – 1ÈRE DES 4 FEMMES DE MA VIE : JOCELYNE – POLITIQUE

Aujourd’hui : journée importante :
Discussion avec Jocelyne. Prise de conscience.
Compris que les problèmes personnels dépendent des problèmes politiques.
Primauté de la politique.
Nécessité d’un engagement constant et à tous les niveaux.
Nécessité d’une ascèse constante à tous les niveaux.
Nécessité du courage révolutionnaire.
Nécessité d’un style de vie sans concession (pour commencer : à soi-même : réflexion – refus)
Je sens que je ne suis pas encore un révolutionnaire digne de ce nom, mais la direction de départ est nette.

– Note écrite à 19 ans

IDÉE SCÉNARISTIQUE

Pour une conférence sur l’action d’un mouvement ou d’un homme :
projection d’abord de prises de vues montrant directement cette activité puis un membre du mouvement ou bien l’homme en question apparaît et précise les prises de vues
(il ne les commente pas mais expose la théorie alors que les prises de vues montrent la pratique.)

– Note écrite à 19 ans

IDÉE SCÉNARISTIQUE

Reprise de notes anciennes : par des rencontres successives avec des dangers imprévus sur une autre planète, montrer les différents attributs d’un homme qui lui permette de résister. Dévoiler ainsi petit à petit les mutations qu’il a subies au cours des temps (spécialement pour affronter cette nouvelle planète (?). Homme qu’on découvre être un monstre (: remise en question sémantique).

– Note écrite à 19 ans

VÉCU – CINÉMA – CINÉMATHÈQUE – LOUIS LUMIÈRE

Commentaires des films réalisés par Louis Lumière au début du cinéma  :

– Événements extraordinaires (aristocratiques – princiers) + exotisme : ceci après une première période où l’on contemple les choses habituelles (Paris) en longs plans-séquences.
– Mouvement de caméra : fascination du mouvement : ce n’est pas la caméra qui bouge, mais le paysage.
– La salle rit : sur un bateau, des officiels (en melon) dégueulent.
– Travellings : uniformes (latéraux ou avant ou arrière).
– Je vois : des maisons qui se déplacent de gauche à droite (travelling) = merveilleux.
– Travelling avant sur rails : des wagons qui grandissent.
– Tout de suite : noirs–jaunes (racisme ?) = Thèmes sociaux.
– Trains – bateaux – chevaux.
– Remarque = arrivée d’un train exactement comme la Ciotat.
– Inventions (ballon dirigeable) → historicité
– Dresseur de chat = comique de mouvement (rires de la salle).
– Par moment : pure contemplation.

– Note écrite à 19 ans

VÉCU – THÉÂTRE – VIAN – « LE GOÛTER DES GÉNÉRAUX »

Notes sur « Le goûter des généraux » (Vian)

– Festival de mots d’auteur (l’ambition de Vian est-elle d’être le Michel Audiard des anarchistes ?)
– Style satirique. Mais on veut nous faire croire à la réalité des personnages (militaires – un ecclésiastique – un diplomate) Est-ce la mise en scène ou le texte lui-même ? (→ relire la pièce).
– Pauvreté scénique (rattrapée par les acteurs, qui sont d’ailleurs amenés à jouer deux ou trois tons trop haut).

Jocelyne : pièce bonne, mais mal jouée. Exagération qui tourne à la farce, mais on sent que c’est voulu, que les acteurs jouent à la farce.
– Chaussettes pendues à un fil : décor (réaliste), pittoresque. Amusant un moment, mais après…
– Acteurs lisant le journal face au public = très scénique, très bon.
– Personnage qui lit au premier acte un texte (« Il est tombé dans un trou ») et au deuxième : il relie le même texte (= rétrécissement du temps).
– À force de voir chaque soir le même spectacle ou de le jouer : on en a marre. Société communiste = on ne jouerait pas le même spectacle = pas de professionnels.
– Inventer un moyen que les acteurs aient, au fur et à mesure du spectacle qu’ils jouent, le point de vue détaché que le metteur en scène a du spectacle lorsqu’il le monte, mais avec, en plus, l’ambiance du moment (jeu personnel + détachement → trouver le geste juste)
– Quand délire sur la scène (personnages faisant leur affaire tout seuls) → plus intéressant.
Montrer l’erreur :
Les personnages en délire, indépendant sur une scène, n’est-ce pas montrer l’individualité. C’est-à-dire l’erreur humaine (dans la conscience de chacun) et en même temps la vérité, puisqu’on rétablit la collectivité par le regard qui embrasse tout…

– Note écrite à 19 ans

SOCIÉTÉ – ARGENT – RÉFLEXION

Je viens d’entendre la chanson de « Goldfinger ». Terrible parce que fascinante. D’autant plus effrayante que tout un capitalisme très puissant emploie, pour se propager dans une clientèle circonvenue, des moyens extrêmement séduisants et parés des artifices d’un fantastique qui peut être créé grâce à des moyens très étendus. Force de l’argent. Miroitement de l’or, désir dégradé des femmes montrées nues ou à peu près. Dérréalisation extraordinaire. Identification. Notes de trompette fantastiques : création d’un espace large et coloré où l’on se sent prêt à se lancer et à se perdre. Annihilation de soi. Charme.

– Note écrite à 19 ans

CINÉMA – PEINTURE

Se demander si, lorsqu’on filme une peinture où la matière (la pâte) est en relief, excentrique, on ne renverse pas le sens du tableau et si on n’aplatit pas la pâte, si on ne crée pas un espace, si mince soit-il, entre le tableau, la matière et la surface de l’écran, c’est-à-dire si on ne donne pas, en la filmant d’assez loin, la réalité des choses représentées.

1966.09.07

Tableau vu en galerie

Est-ce qu’on filmant on n’aplatit pas la pâte et on ne donne pas à la peinture non pas la réalité du tableau (matière) mais celle de la chose représentée (même pour l’art abstrait) par la création d’un espace supplémentaire entre le tableau et nous ?

Est-ce vrai dans tous les cas ?

Peinture-illusion : l’espace entre tableau et nous = ce qu’il faut faire.

Peinture-matière : n’est-ce pas l’exception pour certains tableaux, au moins ?

Conséquence : est-il possible de faire de la peinture au cinéma autrement que dans les formes et les dimensions ?

CINÉMA

Cournot ou la performance


Mozart ou une charpente de porcelaine de Chine


À propos de la « Chevauchée fantastique » : pour relier l’intérieur de la diligence (monde clos) et l’extérieur (environnement), on aurait pu montrer des gros plans de scorpions, de bêtes, de cailloux. Mise en relation de dimensions différentes sur le même plan.

CINÉMA – COURT MÉTRAGE « L’AVEUGLE »

1/ Paris. Le matin. Un pont, vue en perspective. Au fond, assis contre la balustrade : un aveugle avec ses lunettes noires. Une fille débouche dans le champ par le côté et s’engage sur le pont.

2/ L’aveugle. PM.

3/ La fille. P. américain. Elle s’arrête en le voyant.

– Note écrite à 19 ans

CINÉMA – COURT MÉTRAGE « L’AVEUGLE »

1/ La Seine vue du Pont des arts (profondeur de champ). Une fille entre dans le champ soudainement et s’arrête (P. Italien), ayant aperçu quelque chose, de profil.

2/ Le pont. La fille, regardant, debout, immobile, un aveugle, assis contre le parapet (plan moyen). Immobilité totale. Plan assez bref.

3/ Plan italien. La fille, de face. Elle se mord les lèvres. Vêtue d’un manteau + sac en bandoulière.

4/ plan moyen. Pantalons, cheveux défaits. La fille de trois quarts, adossée au parapet du pont, regarde de côté.

5/ plan rapproché. Assis contre le parapet, lunettes noires, canne blanche : l’aveugle.

6/ Gros plan. (Vu par la fille) son chapeau, un billet de 500 Fr. à l’intérieur + quelques pièces de monnaie.

7/ plan moyen. Boulevard longeant la Seine, avec bouquinistes. Au premier plan (en plan américain) : la fille (pantalons, cheveux défaits) l’attend. Un type traverse la rue et lui montre un bouquin policier, en regardant vers les bouquinistes.

8/ Gros plan sur le bouquin, dont on feuillette les pages.

9/ idem fin du 7 : les deux en plan américain. Il la défie de voler… elle ne dit rien.

10/ idem 4. La fille se met à marcher (on la suit en panoramique). Elle arrive devant l’aveugle. Elle se baisse, essaye de faucher le chapeau avec le fric qui est dedans. Il l’attrape d’une main par le bras et de l’autre récupère son chapeau, ramasse le fric qu’il met dans une poche et met son chapeau sur la tête. Il se lève et entraîne la fille, en gueulant.

11/ plan moyen. Les deux, de face, arrive sur la caméra. À l’arrière-plan, un « Monsieur » ramasse la canne que l’aveugle a laissée et, le rattrapant, l’arrête et la lui rend. Il lui propose de l’aider et de témoigner.… L’Aveugle remercie.… Le « Monsieur » s’en va, repartant vers le fond.

12/ plan moyen. Les mêmes, de profil. L’aveugle demande à la fille ce qu’elle fait dans la vie. Elle est étudiante. Qu’elle âge elle a ? 20 ans.

13/ plan italien (en amorce : la fille) l’aveugle enlève ses lunettes.

14/ idem, mais contre champ : la fille :

– « Vous n’êtes pas aveugle ? Ah, j’aurais dû m’en douter… »

15/ idem 13. Il lui demande : « Travaillez avec moi… » on reste sur lui… (Il sourit)

1966.09.18_11966.09.18_21966.09.18_41966.09.18_5Face à la pointe du Vert Galant. Quai de Conti.

– Note écrite à 19 ans

CINÉMA – COURT MÉTRAGE « L’AVEUGLE »

1/ Elle hausse souvent les épaules (« Tu n’oserais pas voler) Lorsqu’elle se rend compte qu’il n’est pas aveugle.

2/ Lorsqu’elle guide : elle joue à le pousser et à le rudoyer…

3/ Elle prend ça à la rigolade (notion de pari).

– Note écrite à 19 ans